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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste
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Bernard de La Tour: Les Lois fondamentales du Royaume de France (De la légitimité et de l'orléanisme)

9 Mars 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #France, #Monarchie

Bernard de La Tour: Les Lois fondamentales du Royaume de France (De la légitimité et de l'orléanisme)
Dans le numéro d’avril-mai-juin 2007 de La Gazette Royale (Château de Bonnezeaux 49380 Thouarcé) a paru un article très important, signé de Bernard  La Tour: "De la Légitimité, de l'Orléanisme".
Formulant les principes de base de la nation et de l’État français, nous en donnons ici de larges extraits.
Ces principes sont, par essence, indépendants des contingences politiques et matérielles.
Les traités de Rome, Maastricht, Nice, Lisbonne et la ratification de ce dernier par l’Assemblée française afin d’adopter la Constitution européenne rejetée par les Français lors du référendum du 29 mai 2005, pour donner les exemples les plus récents, sont donc sans valeur.

Rouge et Blanc

(…)
 
" Les Lois Fondamentales du Royaume de France se divisent en principes. Leur nombre varie selon l’énumération qu’en font les auteurs qui se sont penchés sur le sujet. Nous pensons respecter la totalité de ces principes et leur spécificité en en retenant, pour notre part, quatre :
  1.  

  • Principe de Droit d’aînesse et de Primogéniture par les mâles.
  •  

  • Principe d’Indisponibilité et d’Inaliénabilité des droits de la Couronne.
  •  

  • Principe de Souveraineté statutaire de droit divin et de Dignité-Majesté de la Couronne.
  •  

  • Principe de Catholicité de la Couronne de France.

(…)
 
Le Principe d’Indisponibilité et d’Inaliénabilité des droits de la Couronne.
 
De même que l’éventualité de la descendance d’un roi sans un enfant mâle n’avait pas été envisagée avant la succession de Philippe IV le Bel, jamais n’avait été envisagée une situation comme celle résultant du Traité de Troyes (20-21 mai 1420).
Charles VI, pris de démence, accepte ce que son épouse Isabeau de Bavière a manigancé : le mariage (qui aura effectivement lieu) de leur fille Catherine avec le roi d’Angleterre Henri V, l’adoption par le Roi de France de son gendre, le roi d’Angleterre comme " vrai fils " et successeur immédiat. Cela, bien entendu, au détriment de son véritable fils, le dauphin Charles (futur Charles VII). Ce qui avait pu être évité en 1328 allait se réaliser : un roi d’Angleterre occupant le trône de France !
C’est alors qu’apparaît le juriste Jean de Terremerveille, originaire de Nîmes. Il défend la cause royale par un ouvrage imprimé sous le titre Joannes de Terra rubea contra rebelles suorum regnum. Il démontre, en partant du principe intangible de succession par les mâles qu’une succession royale ne relève pas du droit des particuliers, mais du droit public. Elle ne dépend pas d’une convenance personnelle du titulaire du trône, de son vivant, ni d’une disposition testamentaire. Le titulaire du trône ne peut déshériter son successeur mâle. Il s’agit d’un statut propre, spécifique, qui existe par lui-même et contre lequel personne ne peut rien, pas même l’héritier qui n’a aucun pouvoir ni pour refuser la couronne, ni pour démissionner ultérieurement de ses fonctions royales. Le Roi n’est pas propriétaire, la succession n’est pas patrimoniale.
C’est au nom du principe d’Indisponibilité et d’Inaliénabilité que la renonciation de Philippe d’Anjou (Philippe V d’Espagne) à la couronne de France, faite le 17 juin 1712 à Madrid, en présence des Ambassadeurs d’Angleterre et de Hollande, est sans valeur. Il ne pouvait se dépouiller d’un droit-devoir inhérent à sa naissance et son grand-père, Louis XIV, n’avait aucun pouvoir pour l’en défaire.
C’est au nom de ce même principe que l’abdication de Charles X, en 1830, était sans valeur et qu’alors l’accession au trône de Louis-Philippe d’Orléans (qui ne devait assumer que la Régence) était une violation des Lois Fondamentales du Royaume.
 
Le Principe de Souveraineté statutaire de droit divin et la Dignité-Majesté de la Couronne.
 
Pour le grand juriste Jean Bodin, dans son œuvre magistrale de 1576, Les Six Livres de la République, il y a État s’il existe un gouvernement (un ordre juridique) lié à une autorité exprimée par la Souveraineté, d’où il découle que la Souveraineté, en laquelle est la puissance, est aussi la définition même et la substance de l’État. La Souveraineté est perpétuelle puisqu’elle est indépendante du type de gouvernement en place. Elle est absolue, mais le prince est soumis aux lois de la Nature et aux Lois Divines. Le Roi gouverne à l’image de Dieu. Il est l’image de Dieu sur terre. Le Roi peut donc faire ce qu’il veut " pourveu qu’il ne fasse rien contre la Loy de Dieu. Car si la justice est la fin de la Loy, la Loy œuvre du Prince, le Prince est image de Dieu, il faut par mesme suite de raison que la Loy du Prince soit faite au modelle de la Loy de Dieu ". Ses lois sont donc justes. "   (…) 
 
 
 
"LE ROI NE MEURT PAS EN FRANCE"
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Flavien Bertran de Balanda: Louis de Bonald et la question du divorce, de la rédaction du Code civil à la loi du 8 mai 1816

9 Mars 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #France, #Bonald, #Philosophie, #Révolution française, #Société

Louis-Gabriel-Ambroise, vicomte de Bonald (1754-1840). Portrait par Julien Léopold Boilly.

Louis-Gabriel-Ambroise, vicomte de Bonald (1754-1840). Portrait par Julien Léopold Boilly.

Flavien Bertran de Balanda: Louis de Bonald et la question du divorce, de la rédaction du Code civil à la loi du 8 mai 1816
La décapitation de Louis XVI a été le symbole de la décapitation de la société traditionnelle française dominée par Dieu, par son représentant politique: le roi et par son représentant social: le père de famille. Or le père, l'homme ("vir", en latin, qui a donné l'adjectif "viril"), c'est le guerrier, le défenseur, le protecteur.

La décapitation de Louis XVI a été le symbole de la décapitation de la société traditionnelle française dominée par Dieu, par son représentant politique: le roi et par son représentant social: le père de famille. Or le père, l'homme ("vir", en latin, qui a donné l'adjectif "viril"), c'est le guerrier, le défenseur, le protecteur.

Source et texte de l'article (téléchargeable):

https://www.cairn.info/revue-histoire-economie-et-societe-2017-3-page-72.htm

Flavien Bertran de Balanda: Louis de Bonald et la question du divorce, de la rédaction du Code civil à la loi du 8 mai 1816
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Akira Miyawaki ("The Healing Power of Forests"): Societal Values x Competition-Oriented Values

8 Mars 2024 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Akira Miyawaki, #Forêt, #Société, #Philosophie, #Japon, #Botanique, #Écologie, #Bois sacrés, #Shintoïsme

P. 192, Epilogue.

P. 192, Epilogue.

Akira Miyawaki est un botaniste japonais spécialisé dans la reforestation à partir d'espèces indigènes. Il a fait son doctorat après la 2e guerre mondiale, en Allemagne, sur la végétation des friches, des espèces pionnières, première étape dans l'apparition ou la réapparition des forêts. De retour au Japon, il s'est consacré, avec une nombreuse équipe, à l'inventaire de la flore de son pays. Son "matériel" pour le reboisement vient principalement des bois sacrés, primitifs, qui entourent les sanctuaires shintoïstes (Chinju-no-mori) au Japon*. Son livre lumineux The Healing Power of Forests, The Philosophy behind Restoring Earth's Balance with Native Trees, co-écrit** avec Elgene O. Box, publié en 2006 à Tokyo par Kosei Publishing Co, est l'un des plus intéressants de botanique et d'écologie*** appliquées que je connaisse. D'une grande rigueur scientifique et technique, il a aussi une dimension sociale, philosophique et spirituelle remarquable, absente généralement des travaux scientifiques occidentaux. Le shintoïsme étant religion d'État au Japon, religion extrêmement ancienne, ceci explique cette dimension. Je crois avoir été le premier en France à parler de ce livre et de son auteur sur mon blog, dès 2017. J'étais alors en relation directe avec le Pr. Miyawaki pour traduire son livre en français, mais étant seul, de retour en France après de longues années à l'étranger (Labrador et Amérique du sud), le projet n'a pas abouti.

Pierre-Olivier Combelles

(Naturaliste et ethno-biologiste, ancien membre du Laboratoire d'Ethnobiologie-Biogéographie du Muséum national d'Histoire naturelle, Paris)

* Les bois sacrés (nemeton) des Gaulois et des Celtes ont été détruits par la colonisation romaine puis par le christianisme et les forêts primaires n'existent plus en Europe sauf celle de Bialowieza, en Pologne, menacée aujourd'hui par les coupes et les aménagements de l'OTAN.

** En anglais, à partir des publications en japonais du Pr Miyawaki.

*** Écologie (Eco= demeure, habitat + logos) au vrai sens du terme: science des habitats et des relations entre les espèces, pas "écologisme", qui en est la perversion politique et financière.

Akira Miyawaki ("The Healing Power of Forests"): Societal Values x Competition-Oriented Values
Akira Miyawaki ("The Healing Power of Forests"): Societal Values x Competition-Oriented Values
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Paul Craig Roberts: L'université de Harvard, autrefois grande institution d'enseignement, aujourd'hui corrompue par l'argent

8 Mars 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Harvard, #Opération Coronavirus, #Paul Craig Roberts, #USA

Paul Craig Roberts: L'université de Harvard, autrefois grande institution d'enseignement, aujourd'hui corrompue par l'argent

8 mars 2024

L'université de Harvard, autrefois grande institution d'enseignement, aujourd'hui corrompue par l'argent

Paul Craig Roberts

L'université de Harvard vient d'annoncer qu'elle renonçait au "vaccin" Covid qu'elle avait contraint les étudiants à accepter. Il serait intéressant de savoir combien d'étudiants de Harvard ont été assassinés par ce mandat et combien ont vu leur santé ruinée par le mandat stupide et irresponsable des administrateurs de Harvard. On peut également se demander si les étudiants de Harvard sont vraiment intelligents au point de prendre le risque d'un "vaccin" non testé.

Harvard déclare néanmoins : "Nous recommandons vivement à tous les membres de la communauté de Harvard de rester à jour en ce qui concerne les vaccins COVID-19, y compris les rappels. En outre, nous continuons d'insister sur les avantages du port d'un masque facial de haute qualité dans les lieux intérieurs très fréquentés". L'université déclare qu'elle exige toujours que tous les étudiants fournissent la preuve qu'ils ont reçu le premier vaccin.

https://www.thecrimson.com/article/2023/5/10/covid-emergency-ends/

Dans sa réponse à COVID-19, l'université ajoute : "Nous continuerons à surveiller les données de santé publique et à revoir périodiquement les exigences".

Harvard est prétendument une institution intelligente dotée d'une école de médecine, d'une faculté et d'administrateurs capables d'évaluer les faits et de prendre des décisions intelligentes. Pourtant, nous ne voyons aucun signe d'intelligence dans l'abandon bien tardif par l'université de l'obligation de vaccination.

Nous savons depuis longtemps que les "vaccins" à ARNm n'empêchent pas une personne vaccinée contre le Covid d'être infectée par le Covid et ne préviennent pas la transmission du virus. Les fabricants de vaccins Covid de Big Pharma eux-mêmes l'admettent aujourd'hui, tout comme les autorités médicales. En effet, les preuves s'accumulent pour montrer que le vaccin augmente la probabilité d'attraper le Covid.

Nous savons également, et cela a été admis - voir par exemple https://www.paulcraigroberts.org/2024/03/07/big-pharma-and-its-shills-are-having-to-adjust-their-covid-fiction-to-the-facts/ - que les "vaccins" à ARNm ont tous les effets mortels et préjudiciables à la santé que les scientifiques médicaux indépendants leur ont attribués. Ces scientifiques qui ont dit la vérité ont été persécutés par l'establishment médical américain corrompu.

Les preuves sont là. Il ne fait plus aucun doute que le "vaccin", qui n'en est pas vraiment un, est non seulement totalement inefficace mais aussi très dangereux. Les preuves s'accumulent pour montrer que le "vaccin" est bien plus meurtrier que le virus créé en laboratoire lui-même.

Alors pourquoi Harvard continue-t-elle à "recommander fortement" d'autres vaccins inefficaces et dangereux ? S'agit-il d'une conclusion tirée d'une preuve qui montre des signes d'intelligence?

Alors que des athlètes en pleine force de l'âge meurent sur les terrains de sport du monde entier, pourquoi une université prétendument intelligente continue-t-elle d'exiger des étudiants qu'ils aient reçu la "vaccination" initiale ?

Pourquoi une université prétendument intelligente, ce que je commence à penser que Harvard n'est certainement pas, exige-t-elle des étudiants qu'ils aient reçu un vaccin dont on sait qu'il est inefficace et dangereux ?

Comment une décision aussi peu intelligente et aussi peu rationnelle peut-elle être associée à l'intelligence ?

Ma conclusion est que Harvard est dépourvue d'intelligence et d'intégrité. Tout comme le Congrès et le Président doivent voter en fonction des intérêts particuliers qui financent leurs campagnes, Harvard vote avec Big Pharma.

Que penser d'un pays où l'argent est la seule valeur, où même les universités, prétendument centres d'apprentissage, préfèrent l'argent à la vérité ?

Traduit de l'américain par Rouge et Blanc avec DeepL

Source: https://www.paulcraigroberts.org/2024/03/08/harvard-university-formally-a-great-institution-of-learning-now-corrupted-by-money/

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M. K. Gandhi: HIND SWARAJ OU L’AUTONOMIE DE L’INDE (1833)

7 Mars 2024 , Rédigé par Sudarshan Publié dans #Bharat, #Inde, #Gandhi, #Hindouisme, #Politique, #Religion, #Spiritualité, #Occident, #Opération Coronavirus

La tendance de la civilisation indienne est d'élever l'être moral, celle de la civilisation occidentale est de propager l'immoralité. Cette dernière est sans Dieu, la première est fondée sur la croyance en Dieu. En comprenant et en croyant ainsi, il incombe à tout amoureux de l'Inde de s'accrocher à la vieille civilisation indienne, comme un enfant s'accroche au sein de sa mère.

Gandhi

M. K. Gandhi: HIND SWARAJ OU L’AUTONOMIE DE L’INDE (1833)

HIND SWARAJ* OU L’AUTONOMIE DE L’INDE

Par : M. K. Gandhi

1833

 

(...)


13. QU'EST-CE QUE LA VRAIE CIVILISATION ?

Lecteur : Vous avez dénoncé les chemins de fer, les avocats et les médecins. Je vois que vous allez rejeter toutes les machines. Qu'est-ce donc que la civilisation ?

Le rédacteur : La réponse à cette question n'est pas difficile. Je crois que la civilisation que l'Inde a développée n’a pas son pareil dans le monde. Rien ne peut égaler les graines semées par nos ancêtres. Rome a disparu, la Grèce a partagé le même sort ; la puissance des pharaons a été brisée ; le Japon s'est occidentalisé ; on ne peut rien dire de la Chine ; mais l'Inde est toujours, d'une manière ou d'une autre, solide à la base. Les peuples d'Europe tirent leurs leçons des écrits des hommes de la Grèce ou de Rome, qui n'existent plus dans leur gloire passée. En essayant d'apprendre d'eux, les Européens s'imaginent qu'ils éviteront les erreurs de la Grèce et de Rome. Telle est leur condition pitoyable**. Au milieu de tout cela, l'Inde reste inébranlable et c'est sa gloire. C'est une accusation contre l'Inde que son peuple soit si peu civilisé, ignorant et impassible, qu'il n'est pas possible de l'inciter à adopter un quelconque changement. C'est une accusation qui va à l'encontre de nos mérites. Ce que nous avons testé et trouvé vrai sur l'enclume de l'expérience, nous n'osons pas le changer. Beaucoup de gens donnent leurs conseils à l'Inde, et elle reste stable. C'est sa beauté : c'est l'ancre de notre espoir.
La civilisation est ce mode de conduite qui indique à l'homme le chemin du devoir. L'accomplissement du devoir et l'observation de la moralité sont des termes convertibles. Observer la moralité, c'est atteindre la maîtrise de notre esprit et de nos passions. Ce faisant, nous nous connaissons nous-mêmes. L'équivalent gujarati de civilisation signifie "bonne conduite".
Si cette définition est correcte, alors l'Inde, comme l'ont montré tant d'écrivains, n'a rien à apprendre des autres, et c'est bien ainsi. Nous remarquons que l'esprit est un oiseau agité ; plus il obtient, plus il veut, et reste toujours insatisfait. Plus nous cédons à nos passions, plus elles deviennent débridées. Nos ancêtres ont donc fixé une limite à nos indulgences. Ils ont vu que le bonheur était en grande partie une condition mentale. Un homme n'est pas nécessairement heureux parce qu'il est riche, ou malheureux parce qu'il est pauvre. Les riches sont souvent perçus comme malheureux, les pauvres comme malheureux.
Des millions de personnes resteront toujours pauvres. Constatant tout cela, nos ancêtres nous ont dissuadés du luxe et des plaisirs. Nous nous sommes débrouillés avec le même type de charrue qu'il y a des milliers d'années. Nous avons conservé le même type de maisons qu'autrefois et notre éducation indigène reste la même qu'auparavant. Nous n'avons pas eu de système de compétition qui corrode la vie. Chacun suivait sa propre occupation ou son propre métier et demandait un salaire réglementaire. Ce n'est pas que nous ne savions pas comment inventer des machines, mais nos ancêtres savaient que si nous nous attachions à de telles choses, nous deviendrions des esclaves et perdrions notre fibre morale. Ils ont donc décidé, après mûre réflexion, que nous ne devions faire que ce que nous pouvions faire avec nos mains et nos pieds. Ils ont vu que notre bonheur et notre santé réels consistaient en un usage approprié de nos mains et de nos pieds. Ils ont en outre estimé que les grandes villes étaient un piège et un encombrement inutile et que les gens n'y seraient pas heureux, qu'il y aurait des bandes de voleurs et de brigands, que la prostitution et le vice y fleuriraient et que les hommes pauvres seraient volés par les hommes riches. Ils se sont donc contentés de petits villages. Ils voyaient que les rois et leurs épées étaient inférieurs à l'épée de l'éthique, et ils tenaient donc les souverains de la terre pour inférieurs aux Rishis et aux Fakirs. Une nation avec une telle constitution est plus apte à enseigner aux autres qu'à apprendre des autres. Cette nation avait des tribunaux, des avocats et des médecins, mais ils étaient tous dans les limites. Tout le monde savait que ces professions n'étaient pas particulièrement supérieures ; de plus, ces vakils et vaids ne volaient pas les gens ; ils étaient considérés comme les dépendants des gens, pas comme leurs maîtres. La justice était relativement équitable. La règle ordinaire était d'éviter les tribunaux. Il n'y avait pas de rabatteurs pour attirer les gens dans les tribunaux. Ce mal, lui aussi, n'était perceptible que dans et autour des capitales. Les gens du peuple vivaient indépendamment et suivaient leur occupation agricole. Ils jouissaient d'une véritable indépendance.
Et là où cette maudite civilisation moderne n'a pas atteint, l'Inde reste comme elle était avant. Les habitants de cette partie de l'Inde se moqueront très justement de vos notions nouvelles. Les Anglais ne règnent pas sur eux, et vous ne régnerez jamais sur eux. Ceux au nom desquels nous parlons, nous ne les connaissons pas, et ils ne nous connaissent pas non plus…
Je vous conseillerais certainement, ainsi qu'à ceux qui, comme vous, aiment la patrie, de vous rendre dans l'intérieur des terres qui n'a pas encore été pollué par les chemins de fer et d'y vivre pendant six mois ; vous pourriez alors être patriotes et parler d’indépendance.
Vous voyez maintenant ce que je considère comme la vraie civilisation. Ceux qui veulent changer les conditions telles que je les ai décrites sont des ennemis du pays et des pécheurs.

Lecteur : Ce serait bien si l'Inde était exactement comme vous l'avez décrite, mais c'est aussi l'Inde où il y a des centaines d'enfants orphelins, où des bébés de deux ans sont mariés, où des filles de douze ans sont mères et femmes au foyer, où les femmes pratiquent la polyandrie, où la pratique du Niyoga existe, où, au nom de la religion, les filles se consacrent à la prostitution, et au nom de la religion, on tue des moutons et des chèvres. Considérez-vous que ce sont également des symboles de la civilisation que vous avez décrite ?

Le rédacteur : Vous faites une erreur. Les défauts que vous avez montrés sont des défauts. Personne ne les confond avec une civilisation ancienne. Ils subsistent en dépit de celle-ci. Des tentatives ont toujours été faites et seront faites pour les éliminer. Nous pouvons utiliser le nouvel esprit qui est né en nous pour nous purger de ces maux. Mais ce que je vous ai décrit comme les emblèmes de la civilisation moderne est accepté comme tel par ses adeptes. La civilisation indienne, telle que je l'ai décrite, a été décrite ainsi par ses adeptes. Dans aucune partie du monde, et sous aucune civilisation, tous les hommes n'ont atteint la perfection. La tendance de la civilisation indienne est d'élever l'être moral, celle de la civilisation occidentale est de propager l'immoralité. Cette dernière est sans Dieu, la première est fondée sur la croyance en Dieu. En comprenant et en croyant ainsi, il incombe à tout amoureux de l'Inde de s'accrocher à la vieille civilisation indienne, comme un enfant s'accroche au sein de sa mère.

* NDLR: Hind Swaraj: L'indépendance de l'Inde.

** NDLR: Dans Yaksha Prashna (Māhabharata), il est dit:

Yaksha - Quand un homme est-il mort ? Quand un royaume est-il mort ? Quand une cérémonie funéraire est-elle morte ? Quand le sacrifice est-il mort ?
Yudhisthira - Un homme pauvre est mort. Un royaume sans roi est mort. Une cérémonie funéraire célébrée sans brahmane érudit est morte. Un sacrifice sans dakshina est mort.

https://pocombelles.over-blog.com/2024/01/yaksha-prashna.html

C'est pour cela que la sentence de Rivarol: "En coupant la tête au roi [Louis XVI], on a fait de la France un cadavre" est la première des vérités en France depuis 1793.  Un cadavre qui n'en finit plus de pourrir et d'empester, la proie des mouches. Voyez l'avortement inscrit dans la Constitution le 4 mars dernier. Mais si le corps est mortel, l'âme est immortelle. La France (son âme), comme l'a dit très justement S.A.R. Mgr Sixte-Henri de Bourbon-Parme, est devenue souterraine, j'ajouterai: comme ces rivières d'eau pure qui circulent sous la terre, de grottes en siphons et rejaillissant en fontaines cristallines dans des lieux écartés et sauvages, dans les régions calcaires du sud de la France. L'eau, c'est la grâce.

La véritable musique nationale de la France.

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Le Dieu infini prend une forme humaine finie

7 Mars 2024 , Rédigé par Sudarshan Publié dans #Bharat, #Christianisme, #Bouddhisme, #Hindouisme, #Inde, #Râmakrishna, #Religion, #Spiritualité

(...) "Une fois, une femme catholique m'a dit qu'elle assistait régulièrement à la messe depuis vingt-cinq ans mais qu'elle n'en éprouvait aucune joie. Elle a exprimé le désir d'apprendre la technique de la méditation védantique sans changer sa foi religieuse. Observant sa sincérité, je lui ai dit : "S'il vous plaît, pratiquez la méditation deux fois par jour. Il existe différentes sortes de méditation, comme la méditation sur la forme de Dieu, sur ses qualités divines, sur son message ou sur son jeu divin. Le Dieu infini prend une forme humaine finie et joue dans ce monde comme l'un d'entre nous afin que nous puissions sentir sa présence et avoir un aperçu de sa nature infinie. Ce n'est pas un mythe. C'est un fait. Les vies de Bouddha, du Christ et de Râmakrishna le prouvent. Les êtres humains voient ces hommes-dieux ou avatars avec leurs yeux, entendent leurs voix avec leurs oreilles, touchent leurs formes physiques avec leurs mains." (...)

Swami Chetanananda (Préface)

Traduit de l'anglais par Rouge et Blanc avec DeepL.com

Ramakrishna As We Saw Him, édité, traduit et avec une introduction biographique par Swami Chetanananda. Vedanta Society of St. Louis, 1990.

https://ia803409.us.archive.org/4/items/ramakrishna-as-we-saw-him-swami-chetanananda/Ramakrishna%20As%20We%20Saw%20Him%20_%20Swami%20Chetananda.pdf

Le Christ et saint Pierre marchant sur les eaux, symbole de la foi. Une reproduction de cette peinture italienne ornait la chambre se Sri Ramakrishna Paramahamsa à Dakshineshwar.

Le Christ et saint Pierre marchant sur les eaux, symbole de la foi. Une reproduction de cette peinture italienne ornait la chambre se Sri Ramakrishna Paramahamsa à Dakshineshwar.

"Le Dieu infini prend une forme humaine finie et joue dans ce monde comme l'un d'entre nous afin que nous puissions sentir sa présence et avoir un aperçu de sa nature infinie. Ce n'est pas un mythe. C'est un fait. Les vies de Bouddha, du Christ et de Râmakrishna le prouvent. Les êtres humains voient ces hommes-dieux ou avatars avec leurs yeux, entendent leurs voix avec leurs oreilles, touchent leurs formes physiques avec leurs mains."

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Alexis de Tocqueville: Les hommes du XVIIIe siècle

6 Mars 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Alexis de Tocqueville, #France, #Philosophie, #Politique

Alexis de Tocqueville: Les hommes du XVIIIe siècle

"Les hommes du XVIIIe siècle ne connaissaient guère cette espèce de passion du bien-être qui est comme la mère de la servitude, passion molle, et pourtant tenace et inaltérable, qui se mêle volontiers et pour ainsi dire s'entrelace à plusieurs vertus privées, à l'amour de la famille, à la régularité des moeurs, au respect des croyances religieuses, et même à la pratique tiède et assidue du culte établi, qui permet l'honnêteté et défend l'héroïsme, et excelle à faire des hommes rangés et de lâches citoyens. ils étaient meilleurs et pires.

Les Français d'alors aimaient la joie et adoraient le plaisir; ils étaient peut-être plus déréglés dans leurs habitudes et plus désordonnés dans leurs passions et dans leurs idées que ceux d'aujourd'hui; mais ils ignoraient ce sensualisme tempéré et décent que nous voyons. Dans les hautes classes, on s'occupait bien plus à orner sa vie qu'à la rendre commode, à s'illustrer qu'à s'enrichir. Dans les moyennes mêmes, on ne se laissait jamais absorber tout entier dans la recherche du bien-être; souvent on en abandonnait la poursuite pour courir après des jouissances plus délicates et plus hautes; partout on plaçait en dehors de l'argent, quelque autre bien. "Je connais ma nation, écrivait en un style bizarre, mais qui ne manque pas de fierté, un contemporain: habile à fondre et à dissiper les métaux, elle n'est point faite pour les honorer d'un culte habituel, et elle se trouverait toute prête à retourner vers ses antiques idoles, la valeur, la gloire, et j'ose dire la magnanimité."

Alexis de Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution.

https://pocombelles.over-blog.com/page-1528191.html

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Igor Chafarévitch: le Petit Peuple et le Grand Peuple

5 Mars 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Augustin Cochin, #Igor Schafarevich, #Politique, #Philosophie, #Société, #Révolution française

"Chaque période de crise dans la vie d'un peuple voit apparaître un "Petit Peuple" porteur d'une idéologie* diamétralement opposée à celle de la majorité. Tous les éléments organiques de la structure sociale, les racines spirituelles d'une nation, sa tradition politique, ses principes moraux, son mode de vie original, tout cela est rejeté en bloc et traité comme un ramassis d'âneries, de préjugés grotesques et malpropres destinés à être élagués sans compromis. N'ayant plus de liens spirituels avec son peuple d'origine, cette petite "élite" considère celui-ci comme un matériau: le travail sur ce matériau n'est plus qu'une question d'ordre TECHNIQUE sans rapport avec la moindre norme morale, dénuée de toute sympathie (le verbe grec sunpathéo signifie littéralement "souffrir avec" NdT**), de toute pitié. Cochin*** fait observer que cette vision du monde trouve son expression dans le symbole fondamental du mouvement maçonnique (qui a joué un rôle important dans la préparation de la Révolution Française): la constitution du Temple, où les individus ne sont que des pierres que l'on assemble mécaniquement en suivant le plan des "architectes"".

Igor Chafarévitch, La Russophobie, Éditions Chapitre Douze SER, 1993, pp. 142-143.

 

* NDLR: L'analyste politique Jean-Maxime Corneille donne cette définition de l'idéologie, constituée de ces trois éléments: 1) construction d’idées artificielle 2) qui a prétention à remplacer la réalité 3) mais qui aboutit à la destruction de ceux qui l’endossent.

https://www.youtube.com/watch?v=Zm-6kzDtlCI

** NDLR: σύν + πάσχω. En Latin : cumpatior (cum + patior), venant du grec : patior → pasko.

*** NDLR: Augustin Cochin (1876-1916): historien français, auteur de: "Les sociétés de pensée et la démocratie moderne" et "La Révolution et la libre pensée".

Igor Chafarévitch: le Petit Peuple et le Grand Peuple
Igor Chafarévitch: le Petit Peuple et le Grand Peuple
Igor Chafarévitch: le Petit Peuple et le Grand Peuple
Igor Chafarévitch: le Petit Peuple et le Grand Peuple

Ce qu'on appelle "Démocratie" n'est donc pas le gouvernement du Grand Peuple pour le Grand Peuple mais celui du Petit Peuple pour le Petit Peuple et contre le Grand Peuple.

Spectacle de clôture des J. O. de Londres (2012): un Phénix s'élève de la Terre en flammes.

Spectacle de clôture des J. O. de Londres (2012): un Phénix s'élève de la Terre en flammes.

Notre-Dame de Paris en flammes (15-16 avril 2019)

Notre-Dame de Paris en flammes (15-16 avril 2019)

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Paul Craig Roberts / Sergueï A. Karaganov: La politique étrangère américaine en état de mort cérébrale

3 Mars 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Sergei A. Karaganov, #Paul Craig Roberts, #Politique, #Russie, #Guerre, #Europe, #Occident, #Inde, #Chine, #Ukraine, #Colonel V.V. Kvachkov, #Club d'Izborsk, #Général Leonid Ivashov

Paul Craig Roberts / Sergueï A. Karaganov: La politique étrangère américaine en état de mort cérébrale
Sergueï Karaganov en 2017. State Museum of Gulag History (2017-12-12)

Sergueï Karaganov en 2017. State Museum of Gulag History (2017-12-12)

3 mars 2024

La politique étrangère américaine en état de mort cérébrale

Paul Craig Roberts

Une source m'a récemment envoyé un article rédigé par un expert en affaires étrangères russe bien placé, accompagné d'une note : "Il pense comme vous".  Pas tout à fait, mais nous partageons certaines des mêmes préoccupations.

L'article de Sergueï A. Karaganov , président honoraire du présidium du Conseil de la politique étrangère et de défense, Moscou ( https://eng.globalaffairs.ru/articles/an-age-of-wars-what-is-to-be-done/ ), intitulé "What Is To Be Done", reflète les opinions que j'ai exprimées à maintes reprises, notamment que, face à l'hostilité du monde occidental, la Russie devrait éviter la poursuite du conflit en se tournant vers l'Est, vers la Chine et l'Inde, et vers l'expansion des BRICS. Comme moi, Karaganov espère éviter la mort de l'humanité dans une guerre nucléaire. Il rejette les libéraux russes atlantistes et intégrationnistes pro-occidentaux qui se sont accrochés trop longtemps à leur fantasme d'être une partie acceptée de l'Occident.  Il est probable que c'est ce groupe délirant de libéraux russes qui est responsable des erreurs de jugement que Karaganov rapporte au Kremlin, ces mêmes erreurs que j'ai signalées. La dernière chose dont la Russie a besoin, c'est d'une interdépendance avec l'Occident.  

Karaganov souligne que les racines asiatiques de la Russie, qui remontent à l'époque des seigneurs mongols, sont aussi fortes que les racines occidentales et que c'est la Chine qui s'élève, et non l'Europe et les États-Unis, qu'il considère comme essentiellement délabrés sur les plans politique, économique, moral et spirituel.

Karaganov écrit : "L'Europe - autrefois un phare de la modernisation pour nous et de nombreuses autres nations - se dirige rapidement vers le néant géopolitique et, espérons que je me trompe, vers la décadence morale et politique. Son marché encore riche mérite d'être exploité, mais notre principal effort à l'égard de l'ancien sous-continent devrait consister à nous en séparer moralement et politiquement. Après avoir perdu son âme - le christianisme - il perd maintenant le fruit des Lumières - le rationalisme. En outre, sur ordre de l'extérieur [Washington], l'eurobureaucratie isole elle-même la Russie de l'Europe. Nous lui en sommes reconnaissants.

"La rupture avec l'Europe est une épreuve pour beaucoup de Russes. Mais nous devons la traverser le plus rapidement possible. Bien sûr, la clôture ne doit pas devenir un principe ou être totale. Mais parler de recréer un système de sécurité européen est une dangereuse chimère. Les systèmes de coopération et de sécurité doivent être construits dans le cadre du continent de l'avenir - la Grande Eurasie - en invitant les pays européens qui sont intéressés et qui nous intéressent".

L'Occident, écrit-il, est l'équivalent moderne de Sodome et Gomorrhe. "Il aurait été préférable de terminer notre odyssée occidentale et européenne un siècle plus tôt. Il ne reste plus grand-chose d'utile à emprunter à l'Occident, bien que de nombreux déchets s'y infiltrent. Mais, en achevant tardivement le voyage, nous conserverons la grande culture européenne qui est aujourd'hui rejetée par la mode post-européenne".  Comme l'Occident s'est rejeté lui-même, il est un mal et la Russie doit s'en éloigner. Il a répondu à ma question récente en disant que la culture que l'Occident a créée et dont il s'est aujourd'hui éloigné sera sauvée par la Russie.

Il y a d'autres points sur lesquels nous portons le même jugement, comme la manière défaitiste dont Poutine a mené le conflit avec l'Ukraine et son acceptation des provocations qui ont intensifié la participation de l'Occident au conflit.  La façon dont Poutine tente de faire en sorte que l'Occident ne se sente pas menacé, alors même que l'Occident menace la Russie, alimente le conflit. Exprimer continuellement votre volonté de négocier avec Washington, qui a l'intention de détruire la Russie et Poutine personnellement, est un manque de jugement extraordinaire. Le manque de réalisme vous frappe de plein fouet.

Karaganov écrit que la Russie devrait revoir son approche de la politique étrangère et passer d'une attitude défensive à une attitude offensive, et cesser de chercher à plaire à l'Occident et à négocier avec lui.  Les tentatives du Kremlin "sont non seulement immorales mais aussi contre-productives" car elles sont irréalistes et multiplient les provocations.

Karaganov voit l'Occident comme moi, c'est-à-dire qu'il s'enfonce dans la débauche morale et l'anti-humanisme. Il écrit : "Il est temps de brandir ouvertement la bannière de la défense des valeurs humaines normales contre les valeurs post-humaines, voire anti-humaines, de l'Occident".

Comme je l'ai expliqué, l'Ukraine fait partie de la Russie depuis des siècles, bien avant l'existence de l'Union soviétique. L'Ukraine est un tout nouveau pays arraché à la Russie par les néoconservateurs de Washington lors de l'effondrement de l'Union soviétique. L'Ukraine a été créée par Washington comme une arme à utiliser contre la Russie.  Il est extraordinaire qu'il ait fallu tant de temps aux Russes pour s'en rendre compte.  Les Russes ont dû subir un lavage de cerveau complet par Voice of America et Radio Free Europe.  C'était certainement le cas des intégrationnistes atlantistes.

Karaganov a échappé au lavage de cerveau.  Il écrit :

"Notre seul objectif raisonnable concernant les terres de l'Ukraine me paraît évident : la libération et la réunification avec la Russie de l'ensemble du sud, de l'est et (probablement) du bassin du Dniepr. Les régions occidentales de l'Ukraine feront l'objet de futures négociations. La meilleure solution consisterait à y créer un État tampon démilitarisé doté d'un statut formel de neutralité (avec des bases russes pour garantir la neutralité) - un lieu de vie pour les résidents de l'Ukraine actuelle qui ne veulent pas être citoyens de la Russie et vivre selon les lois russes. Et pour éviter les provocations et les migrations incontrôlées, la Russie devrait construire une clôture le long de sa frontière avec l'État tampon, comme celle que Trump a commencée à la frontière avec le Mexique."  Ou celle qu'Israël a construite en Palestine.

Karaganov écrit que dans la politique de défense de la Russie, le Kremlin attendait trop de l'Occident, s'attendant à une coopération et à de la bonne volonté. Le Kremlin ne devait pas être informé de la doctrine néoconservatrice de l'hégémonie américaine, qui déclare que la Russie est un obstacle à l'hégémonie de Washington et qu'elle doit être éliminée. Pour faire face à l'Occident, écrit Karaganov, la Russie devrait utiliser sa capacité nucléaire largement supérieure pour intimider l'Occident.

"En lançant à titre préventif (bien que tardivement) une opération militaire contre l'Occident [intervention militaire limitée en Ukraine], nous nous sommes fondés sur de vieilles hypothèses et ne nous attendions pas à ce que l'ennemi déclenche une guerre totale. Nous n'avons donc pas utilisé les tactiques d'intimidation de la dissuasion nucléaire active dès le début. Et nous continuons à traîner les pieds. Ce faisant, non seulement nous condamnons à la mort des centaines de milliers de personnes en Ukraine (y compris les pertes liées à la dégradation de la qualité de vie) et des dizaines de milliers de nos hommes, mais nous rendons également un mauvais service au monde entier. L'agresseur, qui est de facto l'Occident, reste impuni. Cela ouvre la voie à de nouvelles agressions".

Je suis heureux de voir que je soutiens que la non-réponse de Poutine à l'agression condamne le monde à la mort, non pas parce que je souhaite ces morts, mais parce que cela confirme ma conviction que tolérer les provocations ne mène pas à la paix, mais à davantage de provocations qui déboucheront sur une guerre nucléaire.  Je reste convaincu que l'absence de volonté d'agir de Poutine entraîne l'Armageddon nucléaire.

M. Karaganov souligne que M. Poutine s'écarte de la pratique militaire russe :

"La tradition russe veut que l'on inflige une défaite cuisante aux envahisseurs européens et que l'on se mette ensuite d'accord sur un nouvel ordre" conçu par les Russes.

Quant à la guerre menée par erreur en Ukraine, "l'opération militaire spéciale doit être poursuivie jusqu'à la victoire. Nos ennemis doivent savoir que s'ils ne battent pas en retraite, la légendaire patience russe s'épuisera et la mort de chaque soldat russe sera payée par des milliers de vies dans l'autre camp".

Là où Karaganov et moi divergeons, c'est sur sa conviction que la contrainte sur les guerres réside dans le fait que la plupart des pays disposent de moyens de dissuasion nucléaire. Son argument est rationnel.  Il écrit que si un agresseur s'expose à des représailles nucléaires, il est peu probable qu'il agresse. Le problème avec son argument est qu'il y a des psychopathes qui dirigent des pays, et que les psychopathes ne se soucient pas des populations*.  Il l'admet lui-même.  

Karaganov et moi-même sommes d'accord sur le fait qu'une attitude plus agressive de la part de la Russie amènerait l'Occident à repenser son agression et réduirait ainsi la probabilité d'une guerre nucléaire. Karaganov écrit :

"En intensifiant la dissuasion nucléaire, nous ne dégriserons pas seulement les agresseurs, mais nous rendrons également un service inestimable à l'humanité tout entière. Il n'existe actuellement aucune autre protection contre une série de guerres et un conflit thermonucléaire majeur. La dissuasion nucléaire doit être activée.

Karaganov décrit ici le sort probable de l'Europe et des États-Unis, peuples impuissants dépourvus de toute influence sur "leurs" gouvernements :

"La politique de la Russie devrait se fonder sur l'hypothèse que l'OTAN est un bloc hostile qui a prouvé son agressivité par sa politique antérieure et qui mène de facto une guerre contre la Russie. Par conséquent, toute frappe nucléaire sur l'OTAN, y compris les frappes préventives, est moralement et politiquement justifiée. Cela s'applique principalement aux pays qui apportent le soutien le plus actif à la junte de Kiev. Les anciens et surtout les nouveaux membres de l'alliance doivent comprendre que leur sécurité s'est cardinalement affaiblie depuis qu'ils ont rejoint le bloc, et que leurs élites compradores au pouvoir les ont mis au bord de la vie et de la mort. J'ai écrit à plusieurs reprises que si la Russie lance une attaque préventive de représailles sur un pays de l'OTAN, les États-Unis ne réagiront pas, à moins que la Maison Blanche et le Pentagone ne soient peuplés de fous qui haïssent leur pays et sont prêts à détruire Washington, Houston, Chicago ou Los Angeles au nom de Poznan, Francfort, Bucarest ou Helsinki".

"De mon point de vue, la politique nucléaire russe et la menace de représailles devraient également dissuader l'Occident d'utiliser massivement des armes biologiques ou cybernétiques contre la Russie ou ses alliés. La course aux armements dans ce domaine, menée par les États-Unis et certains de leurs alliés, doit être stoppée".

Les cibles à rayer de la surface de la terre ne se limitent pas à l'Europe.

"Il apparaît également nécessaire de modifier (dans une certaine mesure, publiquement) la liste des cibles des frappes nucléaires de représailles. Nous devons réfléchir sérieusement à qui, exactement, nous avons l'intention de dissuader.

"Les Américains [Washington] ont tué des millions de personnes au Vietnam, au Cambodge, au Laos et en Irak, ils ont commis des actes d'agression monstrueux contre la Yougoslavie et la Libye et, contre toute attente, ils ont délibérément jeté des centaines de milliers, voire des millions, d'Ukrainiens dans le feu de la guerre. En d'autres termes, ils ne se soucient même pas de leurs propres citoyens et ne seront pas effrayés par les pertes en vies humaines parmi eux".

Étant donné que les élites occidentales au pouvoir ne se préoccupent pas du tout de leur peuple, les attaques contre l'Amérique devraient être dirigées contre les élites au pouvoir totalement corrompues, "l'oligarchie mondialiste" :

"Il serait peut-être utile de désigner les lieux de rassemblement de cette oligarchie comme cibles de la première vague, voire de frappes de représailles préventives.

"Dieu a frappé d'une pluie de feu Sodome et Gomorrhe, plongées dans l'abomination et la débauche. Pourquoi la Russie ne donnerait-elle pas un coup de main à Dieu et ne frapperait-elle pas l'Occident de la même pluie de feu ?  C'est la question que pose Karaganov. "L'équivalent moderne : une frappe nucléaire limitée sur l'Europe. Une autre allusion à l'Ancien Testament : pour purifier le monde, Dieu a déclenché le Grand Déluge. Nos torpilles nucléaires Poséidon peuvent déclencher des inondations similaires sous forme de tsunamis. Aujourd'hui, les États les plus effrontément agressifs sont des États côtiers. L'oligarchie mondialiste et l'État profond ne doivent pas espérer s'échapper comme l'ont fait Noé et sa pieuse famille".

Karaganov écrit que "la Russie a finalement cessé de se traîner après l'Occident" et s'est réveillée face à son ennemi occidental.

Une plus grande confiance dans la dissuasion nucléaire est nécessaire pour refroidir les "dirigeants" européens qui ont perdu la tête, parlent d'un affrontement inévitable entre la Russie et l'OTAN et exhortent leurs forces armées à s'y préparer. Il faut rappeler à ces bavards et à leurs auditeurs qu'en cas de guerre entre la Russie et l'OTAN en Europe, il ne restera plus grand-chose de nombreux membres de l'alliance européenne, même après les premiers jours du conflit".

L'Occident, écrit Karaganov, est une menace morale et spirituelle aussi bien que militaire :

"La diffusion continue des technologies numériques ne se contente pas de promouvoir, mais impose des idéologies, des valeurs et des modes de comportement anti-humains ou post-humains qui rejettent les fondements naturels de la moralité humaine et presque toutes les valeurs humaines fondamentales.

"Nous pouvons déjà constater que les élites européennes ont perdu presque complètement la capacité de penser stratégiquement, et qu'il n'en reste pratiquement plus aucune au sens méritocratique traditionnel. Nous assistons à un déclin intellectuel de l'élite dirigeante aux États-Unis, un pays doté d'énormes capacités militaires, y compris nucléaires".

La question que nous pose Karaganov est la suivante :  Le nouveau monde en pleine ascension peut-il contenir l'ancien monde en déclin, caractérisé par la débauche, le péché et toutes les formes de mal, avant que le mal qui règne en Occident ne détruise le monde ?  Poutine et Xi peuvent-ils voir la réalité avant qu'il ne soit trop tard ?

Il est clair que les penseurs stratégiques russes ont été radicalisés par ce qu'ils ont vécu comme une trahison de la part de l'Occident.  La poursuite de l'hégémonie américaine à tout prix par les néoconservateurs a créé un ennemi dont la confiance en l'Occident est épuisée.  Comme je l'ai répété à maintes reprises, cette situation est bien plus dangereuse que celle qui prévalait pendant la guerre froide du XXe siècle.  La prise de conscience de ce danger continue d'échapper aux décideurs occidentaux.

Traduit de l'américain par Rouge et Blanc avec DeepL.com

Source: https://www.paulcraigroberts.org/2024/03/03/the-braindead-american-foreign-policy-establishment/

* Voir: https://pocombelles.over-blog.com/2024/03/jean-dominique-michel-autopsie-d-un-desastre-et-apres-covidhub.ch/cara.news.html

 

NDLR: SLAVOPHOBIE ? CHRISTIANOPHOBIE ?

Les soldats ukrainiens, Slaves et chrétiens dans leur immense majorité, morts dans la guerre contre la Russie, se chiffrent par centaines de milliers. On cite le chiffre de 600.000. Les images des cimetières militaires ukrainiens montrent d'immenses étendues de tombes pavoisées qui s'étendent jusqu'à l'horizon:

https://www.youtube.com/watch?v=jblS71GeDx0

Côté russe, ce sont des dizaines de milliers de soldats morts. C'est une guerre fratricide. Qui, en Russie, souhaite ces morts de part et d'autre, en prolongeant la guerre ? Le nettoyage ethnique de l'Ukraine et ensuite de la Russie est-il l'un des objectifs de ceux qui ont organisé et qui contrôlent cette guerre, tant en Occident qu'en Russie et en Ukraine ? Qui profite de la corruption en Ukraine, du détournement des énormes fonds et de l'armement en provenance des pays alliés, de la prostitution des veuves et des filles des familles des soldats morts, du trafic des enfants orphelins ? Qui, en Russie, profite de la guerre ? Qui, par principe,  ne va pas se battre et mourir au front ? Qui (re) colonisera l'Ukraine quand tous ses habitants indigènes auront disparu ? Cui bono ? Pourquoi les patriotes russes chrétiens ou musulmans qui dénoncent les injustices du pouvoir dans leur pays sont-ils censurés ou persécutés, comme le colonel Vladimir V. Kvachkov par exemple ? Et pour finir, la Chine actuelle, capitaliste et communiste, championne du  contrôle social, de la censure et de la répression, serait-elle un meilleur modèle civilisationnel pour les peuples que l'Occident (dont la Russie) décadent et même "satanique", dixit Gandhi ? En tous les cas cette Chine capcom*, ennemie de celle du Falun Gong**, semble être la référence ultime de Klaus Schwab ... le WEF et tout ce qu'il représente est-il le trait d'union du pouvoir entre l'Occident, la Russie et la Chine ?

* Alliance entre deux pouvoirs: le Pouvoir de l'argent (capitalisme) et le Pouvoir de l'idéologie (communisme).

** https://fr.faluninfo.net/caracteristique-falun-gong/

Pour un regard critique sur la Russie poutinienne, théâtre d'une habile propagande "souverainiste", lire l'article d'Hannibal: "Le rôle de Poutine dans le cinéma arc-en-ciel" dans RIVAROL N°3604 du 6 mars 2024. On peut aussi consulter, sur ce blog, des articles du Club Izborsk traduits du russe en français et choisis en fonction de leur esprit critique (hashtag "Club d'Izborsk"), ainsi que ce qui concerne le colonel russe Vladimir V. Kvachkov et aussi le général russe Leonid Ivashov.

Manifestement, Paul Craig Roberts manque d'informations directes sur la Russie et fait trop confiance aux médias russes comme RT. Présenter l'Occident comme le camp du Mal et la Russie comme le camp du Bien, c'est de la propagande.

Rouge et Blanc

Voir aussi:

https://pocombelles.over-blog.com/2023/06/pierre-hillard-la-russie-fait-partie-integrale-du-mondialisme.entretien-avec-radio-lorraine-engagee.html

Un phénix (chinois!) s'élève de la Terre en flammes. Spectacle de clôture des JO de Londres en 2012.

Un phénix (chinois!) s'élève de la Terre en flammes. Spectacle de clôture des JO de Londres en 2012.

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