Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

lettres

"Chez soi, c’est où on a laissé son cœur." (Euripide)

8 Décembre 2020 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Exploration, #Voyage, #Lettres

Mon camp sur l'île du Petit-Mécatina, sur la Basse Côte-Nord du Québec. J'y étais retourné en 1990 après être venu une première fois en voilier en 1989, dans cette même anse où Audubon avait mouillé en 1833 avec sa goélette "Ripley". Photo: Pierre-Olivier Combelles (1990)

Mon camp sur l'île du Petit-Mécatina, sur la Basse Côte-Nord du Québec. J'y étais retourné en 1990 après être venu une première fois en voilier en 1989, dans cette même anse où Audubon avait mouillé en 1833 avec sa goélette "Ripley". Photo: Pierre-Olivier Combelles (1990)

(Pierre-Olivier Combelles, journal de bord, mardi 15 novembre 1994).

 

 

« Euripide dit que chez soi, c’est où on a laissé son cœur », même la Grèce, ce tas de rochers usés par les nuages, ouvre les bras à ses enfants prodigues. Les Crétois vous rappelleront que le style ne dépend pas de la richesse; en vérité, si vous saviez sur quel maigre revenu personnel survit le vieux monsieur genre Zeus que vous avez rencontré au café et qui insiste pour payer vos consommations, vous vous sentiriez humilié par ce qu’il affirme avec véhémence, à savoir que pour les Grecs, les étrangers sont plus proches que des frères, et qu’il faut prendre la vie aristocratiquement, par les cornes. »

 

Lawrence Durrell, Les îles grecques.

La caverne du Tigre. Un abri orné du Mésolithique dans une forêt d'Île-de-France. Photo: Pierre-Olivier Combelles

La caverne du Tigre. Un abri orné du Mésolithique dans une forêt d'Île-de-France. Photo: Pierre-Olivier Combelles

Lire la suite

Nicomède, de Corneille

6 Décembre 2020 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France, #Lettres

Portrait gravé de Pierre Corneille (XVIIe s.). BNF.

Portrait gravé de Pierre Corneille (XVIIe s.). BNF.

Jean Dutourd. Préface au Théâtre de Pierre Corneille. Tome III. Éditions Gallimard- Le Livre de Poche (1966). Bibliothèque et photos de P.O. Combelles.

Jean Dutourd. Préface au Théâtre de Pierre Corneille. Tome III. Éditions Gallimard- Le Livre de Poche (1966). Bibliothèque et photos de P.O. Combelles.

Nicomède, de Corneille
Nicomède, de Corneille
Nicomède, de Corneille
Nicomède, de Corneille
Corneille: Nicomède, acte II, scène III. Théâtre de Pierre Corneille. Tome III. Éditions Gallimard- Le Livre de Poche (1966). Bibliothèque et photos de P.O. Combelles.

Corneille: Nicomède, acte II, scène III. Théâtre de Pierre Corneille. Tome III. Éditions Gallimard- Le Livre de Poche (1966). Bibliothèque et photos de P.O. Combelles.

"Le problème du héros est au centre de l'oeuvre de Corneille. Du Cid à Suréna, l'objet essentiel de son théâtre n'est-il pas de mettre à nu, à travers des personnages ou des situations historiques ou inspirées par l'histoire, les problèmes souvent difficiles des rapports du héros et du pouvoir, du peuple et des rois. Le héros cornélien étant l'expression magnifiée de ce peuple." (Pierre Barrat, metteur en scène de Nicomède):

Pierre Barrat, metteur en scène de Nicomède de Corneille à la Maison de la Culture de Caen (1964). Entretien avec Pierre Gavarry:

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320161g/f1

Lire la suite

Pierre Corneille par Jean Dutourd (et Pierre Barrat, à propos de Nicomède)

6 Décembre 2020 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France, #Lettres

Portrait gravé de Pierre Corneille (XVIIe s.). BNF.

Portrait gravé de Pierre Corneille (XVIIe s.). BNF.

"Corneille est un soldat, un maréchal des lettres couvert de blessures. Racine un politicien, un ministre couvert d'honneurs. C'est évidemment le vieux soldat, le Sertorius de la poésie, qui enflamme l'imagination des âmes vraiment sensibles."

Jean Dutourd.

Pierre Corneille par Jean Dutourd (et Pierre Barrat, à propos de Nicomède)
Pierre Corneille par Jean Dutourd (et Pierre Barrat, à propos de Nicomède)
Pierre Corneille par Jean Dutourd (et Pierre Barrat, à propos de Nicomède)
Pierre Corneille par Jean Dutourd (et Pierre Barrat, à propos de Nicomède)
Pierre Corneille par Jean Dutourd (et Pierre Barrat, à propos de Nicomède)

Jean Dutourd. Préface au Théâtre de Pierre Corneille. Tome III. Éditions Gallimard- Le Livre de Poche (1966). Bibliothèque et photos de P.O. Combelles.

"Le problème du héros est au centre de l'oeuvre de Corneille. Du Cid à Suréna, l'objet essentiel de son théâtre n'est-il pas de mettre à nu, à travers des personnages ou des situations historiques ou inspirées par l'histoire, les problèmes souvent difficiles des rapports du héros et du pouvoir, du peuple et des rois. Le héros cornélien étant l'expression magnifiée de ce peuple." (Pierre Barrat, metteur en scène de Nicomède):

Pierre Barrat, metteur en scène de Nicomède de Corneille à la Maison de la Culture de Caen (1964). Entretien avec Pierre Gavarry:

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1320161g/f1

Armes de Corneille (1637): "D'azur à la fasce d'or, chargée de trois têtes de lion de gueules, accompagnée de trois étoiles d'argent, posées deux en chef et une en pointe."

Armes de Corneille (1637): "D'azur à la fasce d'or, chargée de trois têtes de lion de gueules, accompagnée de trois étoiles d'argent, posées deux en chef et une en pointe."

Lire la suite

Ernst Jünger: Heidegger

4 Décembre 2020 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Lettres, #France, #Europe

Martin Heidegger

Martin Heidegger

Témoignage de Ernst Jünger sur Heidegger

Pendant la seconde guerre mondiale, alors qu'il occupait un poste militaire à Paris, Ernst Jünger a rencontré de jeunes français qui se penchaient sur Heidegger. «J'y ai vu, dit-il, un bon signe de la force d'attraction d'un penseur. En dépit des granves bouleversements et conflits qui nous divisaient, subsistaient quand même des ponts spirituels, qui tenaient bon.»

Jünger devait prolonger sa réflexion sur la force d'attraction de Heidegger dans le cadre du texte qu'il écrivit à l'occasion du 80e anniversaire du philosophe.


«Comment se fait-il que le magnétisme de ce penseur puisse triompher d'aussi fortes résistances ? Au cours de ces rencontres, j'ai pris conscience que ce n'est pas la langue seulement qui pouvait avoir produit un tel effet. Peut-être vaudrait-il d'ailleurs mieux parler d'influence que d'effet - parler du passage à un niveau supérieur, fort mais anonyme. Ainsi, dans les écluses, les bateaux s'élèvent insensiblement selon l'étiage. On entre dans le champ de force d'un esprit et l'on s'en trouve modifié. Ici, il fallait présupposer encore autre chose que la persuasion au moyen des vocables, des idées, voire peut-être de l'originalité de la pensée même. Des éléments informulés devaient, en outre, entrer en jeu, une force d'attraction sous-jacente aux mots et aux pen­sées.
Cette supposition se trouva confirmée dès ma première rencontre personnelle avec le philo­sophe, là-haut dans la Forêt-Noire, à Todtnauberg. Dès l'abord, il y eut là quelque chose - non seulement de plus fort que le mot et la pensée, mais plus fort que la personne même. Simple comme un paysan, mais un paysan de conte qui peut à son gré se métamorphoser en e gardien du trésor, dans la profonde forêt de sapins », il avait aussi quelque chose d'un trappeur.
C'était celui qui sait, celui que le savoir ne se borne pas à enrichir, mais égaye comme Nietzsche l'exigeait de la science. Il était, dans sa richesse, inattaquable - voire insaisissable, et l'eût été même si les huissiers étaient venus saisir ses vête­ments - un regard madré, en coulisse, le révélait. Il aurait plu à un Aristophane.
Il ne m'a été donné de ressentir une impres­sion de force aussi directe qu'une seule fois en­core, bien que j'aie rencontré de nombreux con­temporains qui portaient, à bon droit ou non, un nom illustre. Dans ce second cas, je pense à Picasso. En ce qui concerne sa création aussi, je suis moins connaisseur qu'amateur. Dans les deux cas, j'ai senti la force spirituelle indéterminée qui produit l'objet particulier, que ce soit dans les pensées, les actes ou les images - bref, l'oeuvre.
Un mot simple comme l' être » (le Sein) a des profondeurs plus grandes qu'on ne saurait l'expri­mer, ni même le penser. Par un mot comme e sésame », l'un entend une poignée de graines oléagineuses, alors que l'autre, en le prononçant, ouvre d'un coup la porte d'une caverne aux tré­sors. Celui-là possède la clef. Il a dérobé au pivert le secret de faire s'ouvrir la balsamine.
La patrie de Martin Heidegger est l'Allemagne avec sa langue. Le pays familier de Heidegger est la forêt. Il y est chez lui, là où on n'est jamais passé et sur les chemins sylvestres. L'arbre est son frère.
Lorsque Heidegger approfondit le langage, se plonge clans l'enchevêtrement de ses racines, il fait plus que ce qui, selon l'expression de Nietzsche, est « exigé de nous autres philologues u.
L'exégèse de Heidegger est plus que philologique, plus qu'étymologique. Il saisit le mot là où, encore frais, celui-ci somnole dans le silence, en pleine force germinative, et il le sort de l'humus sylvestre.
Non pas que, dans le vocable, Heidegger découvre le sens nouveau et inconnu. Bien plutôt, à la manière d'un mineur, il projette sur lui une intention nouvelle. Le mot, tout proche de l'informulé, devient ductile, il commence à répondre, du fond de la matière silencieuse. Et pas seulement le mot, les pensées, les idées, les images aussi. La surprise sur le plan philologique n'est qu'une de nos nombreuses surprises. Elle confirme qu'il a saisi le mot au bon endroit, qu'il a eu la main heureuse.»

Ernst Jünger, Rivarol et autres essais, Grasset, Paris 1974 p.129-131

Source: http://penser.over-blog.org/article-23568695.html

Ernst Jünger (à gauche) et Carl Schmitt (droite) en barque sur le lac devant le château de Rambouillet (1941).

Ernst Jünger (à gauche) et Carl Schmitt (droite) en barque sur le lac devant le château de Rambouillet (1941).

SUR LE BLOG "LE ROUGE ET LE BLANC":

Entre forêts et sentiers, quelques pensées d'Ernst Jünger:

http://pocombelles.over-blog.com/2018/05/entre-forets-et-sentiers-quelques-pensees-d-ernst-junger.html

Lire la suite

Rivarol par Ernst Jünger: "Sans la bonté, l'élitisme ne vaut rien"

4 Décembre 2020 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Lettres, #France, #Europe

Antoine de Rivarol (26 juin 1753, Bagnols-sur-Cèze - 11 avril 1801, Berlin)

Antoine de Rivarol (26 juin 1753, Bagnols-sur-Cèze - 11 avril 1801, Berlin)

Ernst Jünger (à gauche) et Carl Schmitt (droite) en barque sur le lac devant le château de Rambouillet (France), 1941.

Ernst Jünger (à gauche) et Carl Schmitt (droite) en barque sur le lac devant le château de Rambouillet (France), 1941.

Rivarol par Ernst Jünger: "Sans la bonté, l'élitisme ne vaut rien"

1989 (Cotta´s Bibliothek der Moderne), gebunden
127 Seiten, 
ISBN: 978-3-608-95695-5

 

 

 

Jedenfalls hat Rivarol nicht, wie so mancher andere, auf Kosten seines Namens gelebt, sondern er hat seinen Namen zu Ehren gebracht. Das ist weit seltener.

 

(En tout cas, Rivarol n'a pas vécu aux dépens de son nom, comme beaucoup d'autres, mais il a porté son nom pour l'honorer. C'est beaucoup plus rare.)

 

Ernst Jünger: Rivarol et autres essais.

 

 

2

Antoine Comte de Rivarol, wie er sich nannte, wurde am 26. Juni 1753 zu Bagnols im Languedoc als ältestes Kind von sechzehn Geschwistern geboren; die Familie lebte in beschränkten Verhältnissen. Der Vater, Jean-Baptiste Rivarol, übte verschiedene Berufe aus, darunter den eines Schulmeisters, eines Steuereinnehmers und eines Gastwirtes.

Schon Sainte-Beuve bezeichnete die Ursprunge Rivarols als »inextricable« und meinte damit wohl vor allem den Anspruch auf den Adels- und Grafentitel, der durch das Taufregister nicht gerechtfertigt wird. Es mag sein, daß Rivarol sich diese Qualitäten auf die gleiche Weise zuschrieb wie der Chevalier de Seingalt, der, als er nach der Berechtigung gefragt wurde, sich darauf berief, daß er Herr über die vierundzwanzig Buchstaben des Alphabetes sei. Es mag aber auch sein, daß die Familie, wie Rivarol behauptet, ihre Herkunft dem ausgewanderten Zweige eines alten Genueser Geschlechtes verdankt. Jedenfalls hat Rivarol nicht, wie so mancher andere, auf Kosten seines Namens gelebt, sondern er hat seinen Namen zu Ehren gebracht. Das ist weit seltener. Gegen Ende des 18. Jahrhunderts, in dem der Adel eine so große Rolle spielte, war man solchen Korrekturen der Visitenkarte gegenüber liberaler als bald danach und als selbst heute noch. Das gab der Gesellschaft jene Flüssigkeit und leichte Eleganz, die seitdem nie wieder erreicht werden sollten und die man einerseits als eines der Vorzeichen ihres Unterganges, andererseits als eine Lockerung der ständischen Fesseln betrachten kann, die nicht nur den persönlichen Umgang vergeistigte, sondern aus der auch die Kunst bedeutenden Nutzen zog.

In dieser Gesellschaft gab der Ruf eines feinen Kopfes oder einer glänzenden Begabung nicht nur unfehlbar Zutritt, sondern auch einen guten Platz in den Salons. Man hat sogar den Eindruck, daß oft der Ruf genügte; und auf solche Beobachtungen mag sich der Ausspruch Rivarols beziehen, daß nichts geleistet zu haben ein gewaltiger Vorteil ist, doch daß man ihn nicht mißbrauchen soll.

Neben Tagesgrößen, Glücksrittern und Abenteurern, die zum Teil glänzend auftraten, begegnete man in dieser vorrevolutionären Gesellschaft auch Trägern von Namen, die noch heute ihren Klang halten. Zu ihnen gehört Rivarol. Innerhalb seiner Zeit gesehen, ist er kein Einzelfall, sondern eine ihrer typischen Erscheinungen.

Nicht minder typisch ist seine Vorgeschichte bis zum ersten Auftreten in Paris, wo er sogleich Beachtung fand. Wie vieler begabter Söhne aus mittellosen Familien nahm sich die Kirche seiner an. Nachdem er verschiedene geistliche Schulen durchlaufen hatte, überall als glänzender Schüler angesehen, beende te er unter der Protektion des Bischofs von Uzès seine Studien im Priesterseminar Sainte-Garde zu Avignon, das er als Abbé verließ. Er bewegte sich damit, wie gesagt, auf einer der üblichen Laufbahnen: auf der des mittellosen Schülers, der früh durch seine Begabung hervorleuchtet. Das ist ein Schlag, aus dem der Klerus sich zu relautieren sucht, selbst wenn er in Kauf nehmen muß, daß mancher seiner Stipendiaten, wie es auch Rivarol tat und wohl tun mußte, in das Weltleben überspringt. Auf gleiche Weise debutierte, um ein Beispiel zu nennen, Chamfort, der häufig mit Rivarol genannt und auch verglichen wird. Stendhal hat daraus ein romantisches Muster gebildet; seine Helden leiden und reifen in der Askese und den Intrigen der geistlichen Vorschule, ehe sie sich dem Heere, der Politik oder der Literatur zuwenden. Die strenge Zucht, verbunden mit Elementarkraft, bringt explosive Wirkungen hervor.

Von Rivarol kann man wenigstens nicht sagen, daß er, wie so mancher andere, die Förderung mit Undank vergolten hat, weshalb man auch Zynismen in dieser Hinsicht, wie man sie bei Chamfort findet, bei ihm vergeblich suchen wird. Hinter seinen Gedanken, wie frei und leicht sie auch geführt werden, verbirgt sich eine solide Ausbildung, sowohl was die Sprache, als auch, was allgemeine Kenntnisse betrifft. Ihr verdankt er seine Vertrautheit mit der antiken Literatur, Geschichte und Mythologie, seine grammatikalischen und etymologischen Neigungen, seine Vorliebe für Geister wie Dante, Pascal und Augustin.

 

Extrait

Rivarol

 

(Antoine Comte de Rivarol, comme il s'appelait lui-même, est né le 26 juin 1753 à Bagnols dans le Languedoc comme l'aîné de seize frères et soeurs ; la famille vivait dans des circonstances limitées. Son père, Jean-Baptiste Rivarol, était instituteur, collecteur d'impôts et aubergiste.

Sainte-Beuve décrivait déjà les origines de Rivarol comme "inextricables" et signifiait probablement avant tout la revendication du titre de noblesse et de comte, qui n'est pas justifiée par le registre des baptêmes. Il se peut que Rivarol se soit attribué ces qualités de la même manière que le Chevalier de Seingalt qui, lorsqu'on lui demandait de se justifier, prétendait être maître des vingt-quatre lettres de l'alphabet. Mais il se peut aussi que la famille doive son origine, comme le prétend Rivarol, à la branche émigrée d'une vieille famille génoise. En tout cas, Rivarol n'a pas vécu aux dépens de son nom, comme beaucoup d'autres, mais il a apporté son nom pour l'honorer. C'est beaucoup plus rare. Vers la fin du XVIIIe siècle, lorsque la noblesse jouait un rôle si important, les corrections apportées à la carte de visite étaient plus libérales que peu de temps après et encore aujourd'hui. Cela a donné à la société cette fluidité et cette élégance légère qui n'ont plus jamais été atteintes depuis lors et qui peuvent être considérées d'une part comme l'un des signes de sa disparition, et d'autre part comme un relâchement des chaînes des domaines, qui non seulement spiritualisait les relations personnelles, mais dont l'art tirait également un bénéfice important.

Dans cette société, la réputation d'une bonne tête ou d'un talent brillant donnait non seulement un accès infaillible mais aussi une bonne place dans les salons. On a même l'impression que la réputation était souvent suffisante ; et à de telles observations, le mot de Rivarol peut faire référence, que "le fait de n'avoir rien accompli est un grand avantage, mais qu'il ne faut pas en abuser."

Dans cette société pré-révolutionnaire, outre les grands de l'époque, les chevaliers de la fortune et les aventuriers, dont certains ont fait de brillantes apparitions, nous avons également rencontré des porteurs de noms qui sonnent encore vrai aujourd'hui. L'un d'eux est Rivarol. Vu dans son temps, ce n'est pas un cas isolé, mais une de ses manifestations typiques.

Son histoire n'est pas moins typique jusqu'à sa première apparition à Paris, où il a immédiatement attiré l'attention. Comme beaucoup de fils doués issus de familles démunies, l'Eglise s'est occupée de lui. Après avoir passé par diverses écoles religieuses, partout considérées comme de brillants élèves, il termine ses études au séminaire de Sainte-Garde en Avignon sous la protection de l'évêque d'Uzès, qu'il quitte comme abbé. Il s'oriente ainsi, comme je l'ai dit, vers l'une des carrières habituelles : celle de l'élève sans le sou qui brille tôt par son talent. C'est un coup dont le clergé tente de se défaire, même s'il doit accepter que certains de ses boursiers, comme Rivarol l'a fait et a probablement dû le faire, passent à la vie mondiale. De la même manière, pour donner un exemple, Chamfort a fait ses débuts, qu'on a souvent nommé et comparé à Rivarol. Stendhal en a fait un modèle romantique ; ses héros souffrent et mûrissent dans l'ascèse et les intrigues de l'Alma Mater avant de se tourner vers l'armée, la politique ou la littérature. Une discipline rigoureuse, combinée à une force élémentaire, produit des effets explosifs.

Rivarol, du moins, comme beaucoup d'autres, n'a pas été récompensé par l'ingratitude de ses encouragements, c'est pourquoi on cherchera en vain le cynisme à cet égard, tel qu'on le trouve à Chamfort. Derrière ses pensées, même si elles sont menées librement et facilement, il y a une solide formation, tant en langue qu'en connaissances générales. C'est à elle qu'il doit sa familiarité avec la littérature ancienne, l'histoire et la mythologie, ses penchants grammaticaux et étymologiques, son goût pour les esprits comme Dante, Pascal et Augustin.)

 

Source: https://www.klett-cotta.de/buch/Juenger/Rivarol/4429#buch_leseprobe

Rivarol par Ernst Jünger: "Sans la bonté, l'élitisme ne vaut rien"
Rivarol par Ernst Jünger: "Sans la bonté, l'élitisme ne vaut rien"
Lire la suite

Pensées de Jean Rostand

23 Novembre 2020 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France, #Philosophie, #Nature, #Lettres

Pensées de Jean Rostand
Pensées de Jean Rostand
Pensées de Jean Rostand
Pensées de Jean Rostand
Pensées de Jean Rostand
Pensées de Jean Rostand
Pensées de Jean Rostand
Pensées de Jean Rostand
Pensées de Jean Rostand
Pensées de Jean Rostand
Lire la suite

L'idéal du chef pour Xénophon, par Pierre Chambry (La Cyropédie de Xénophon)

21 Novembre 2020 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Histoire, #Lettres, #Philosophie, #Politique

Xénophon dictant. Illustration extraite de : "Huchinston's History of the Nations" (1915)

Xénophon dictant. Illustration extraite de : "Huchinston's History of the Nations" (1915)

(...)

 

A l’Apologie de Socrate et au Banquet s’opposent l’Apologie et le Banquet de Xénophon, au communisme de la République, la vie familiale de l’Économique, à la peinture du tyran dans la République, l’opuscule d’Hiéron, et en général aux dialogues de Platon les Mémorables et beaucoup de passages disséminés dans les œuvres de Xénophon. Mais il n'y a pas d’ouvrage où cette opposition soit plus marquée que dans la Cyropédie. Xénophon et Platon, tous les deux disciples de Socrate, sont comme leur maître, des contempteurs de la démocratie athénienne, qui s’en remet à la fève du choix des magistrats ; mais leur idéal, assez semblable sur certains points, diffère considérablement sur d’autres. Xénophon, attaché à la famille, ne pouvait considérer le communisme de la République que comme une divagation puérile ou perverse, et le gouvernement des philosophes devait d’autant moins lui plaire que cette idée du Bien sur laquelle ils doivent avoir constamment les yeux, Platon ne la définissait point et que, bien qu’il la comparât au soleil, elle restait à l’état de nébuleuse pour ses auditeurs. Cet idéal lui parut certainement trop haut et trop vague, et il essaya d’en proposer un autre qu’il incarna dans la personne du conquérant le plus célèbre qu’on eût vu jusque-là. Il le prend à sa naissance et le conduit jusqu’à sa mort. Nous le voyons agir et l’entendons parler ; sa vie tout entière est un modèle et sa mort même un enseignement. Dès l’enfance il annonce ce qu’il sera plus tard. Les dieux lui ont donné de grandes qualités, la beauté du corps, la bonté de l’âme et l’amour de l’étude et de la gloire au point d’endurer toutes les fatigues et d’affronter tous les dangers pour être loué.

Que ne peut-on attendre d’un enfant ainsi doué ? Il suffit de lui donner une éducation appropriée pour en faire un héros. Xénophon, tout comme Platon, attache à l’éducation une importance capitale. C’est elle, qui, à leurs yeux, décide du destin des individus et des peuples. Or l’éducation qui a paru la meilleure aux yeux de Xénophon est l’éducation spartiate. Cyrus apprend à l’école de ses maîtres à vivre de pain et d’eau et d’une botte de cresson. Il pratique tous les jeux et tous les exercices qui peuvent développer son corps, et il s’applique à devenir, parmi ses camarades, le meilleur coureur, le meilleur cavalier, le meilleur acontiste. Quand il est en âge de commander, convaincu qu’on n’obtient une obéissance volontaire de ses subordonnés qu’en se montrant supérieur à eux, il donne l’exemple de l’endurance, du sang-froid, de la bravoure, il fait voir qu’il connaît à fond la tactique et que, sans commettre lui-même aucune faute, il sait profiter de celles des ennemis. Il est audacieux, mais à bon escient ; il est ménager de ses hommes et ne les expose que lorsqu’il est sûr d’avoir l’avantage. Enfin, et ceci est un trait tout à fait grec, il sait parler et il ne tente aucune opération qu’il n’en ait prouvé l’utilité et montré les chances de succès dans un discours à ses officiers. La victoire gagnée, il traite les vaincus avec humanité, et, s’il a reconnu en eux des hommes de courage, il sait leur témoigner son admiration et les gagner à son parti. C’est ainsi qu’il s’attache l’armée des Égyptiens, qui seuls s’étaient bravement comportés dans la débâcle de l’armée de Crésus. Admirable dans le commandement, il l’est encore dans toutes les circonstances de la vie par sa tempérance, sa chasteté, sa modération. Il est d’une telle générosité qu’il ne garde rien pour lui ; il aime rendre service et faire plaisir, car il aime être aimé, et il ne néglige rien pour gagner l’affection de ses sujets. Enfin, et ceci prime tout le reste aux yeux de Xénophon, il est pieux, il ne fait rien sans consulter les dieux. Il n’oublie jamais de les prier et de les remercier, persuadé que sans leur aide l’homme est incapable de se conduire et de réussir dans ses entreprises.

Tel est l’idéal du chef tel que le conçoit Xénophon. Cet idéal n’est point fondé, comme celui de Platon, sur les principes d’une métaphysique profonde. Il s’est formé de ses propres expériences dans la Retraite des Dix-Mille et dans la guerre d’Asie où il accompagna Agésilas. Agésilas lui- même lui a fourni beaucoup de traits ; d’autres sont empruntés à Cyrus le Jeune, et d’autres à l’enseignement de Socrate. Quand Cyrus parle et moralise, il n’est que l’interprète des idées morales que Xénophon tient de son maître. Mais les qualités qui ressortent le plus dans l’idéal du chef selon Xénophon sont les qualités du grand capitaine. Le chef de l’État est avant tout un chef d’armée. Dans les cités grecques toujours en guerre, le premier soin de l’homme d’État est d’organiser la défense contre l’ennemi et d’agrandir son propre territoire. C’est à la classe des guerriers que va aussi l’attention de Platon : il consacre à leur formation presque toute la première moitié de son ouvrage. Ce qui distingue ses vues de celles de Xénophon, c’est d’abord qu’il associe les femmes à la guerre, ce que Xénophon se gardera bien de proposer, et c’est ensuite qu’il ne laisse pas le gouvernement entre les mains des guerriers, mais le remet uniquement à ceux d’entre eux qui, véritables philosophes, sont capables d’atteindre par la dialectique jusqu’à l’dée du Bien. Xénophon, homme de guerre plutôt que philosophe, confie au contraire le gouvernement au chef de l’armée qui a la force pour se faire obéir. Le défaut capital de la cité grecque, c’est qu’elle est toujours divisée en deux partis, celui des pauvres et celui des riches. Platon cherche à y ramener l’unité par le communisme des biens, des femmes et des enfants, qui, imposé aux guerriers, doit supprimer toute jalousie à leur égard. Le moyen de Xénophon est plus simple et plus pratique, bien qu’il soit d’une application rare et difficile. C’est la volonté du chef suprême qui établira l’unité. L’État est conçu comme une armée, et tout le talent politique de Cyrus consiste à donner à l’État l’organisation en usage dans l’armée. Quand il voulait mettre ses troupes en mouvement, il faisait connaître ses ordres aux myriarques, qui les faisaient passer aux chiliarques, qui à leur tour les transmettaient aux lochages, qui les faisaient parvenir par les officiers inférieurs dans les rangs des soldats. C’est sur ce modèle que Cyrus, une fois vainqueur des peuples de l’Asie, organise son empire. Les grands de sa cour sont chargés de faire connaître ses volontés ou de gouverner les provinces en son nom. Leur cour est établie sur le modèle de la sienne, et ils se font obéir comme lui, par l’intermédiaire de leurs officiers, des peuples qu’ils ont à gouverner. Pour que ses ordres parviennent plus vite jusqu’aux extrémités de son immense empire, Cyrus institue un service des postes qui fonctionne jour et nuit, et pour s’assurer de l’obéissance exacte des gouverneurs de province, il a des espions de confiance, qu’on appelle les yeux du roi. On le voit, l’idéal de Xénophon, c’est un roi aussi absolu que possible, mais un roi intelligent et bon, supérieur en tout à ceux qu’il commande, et qui ne gouverne que pour le bien de ses sujets. Si élevé que soit cet idéal, il semble plus facile à atteindre que celui de Platon ; il sera même bientôt réalisé en partie par Alexandre, et plus tard par César et par Auguste ; mais la réalisation dure ce que dure le grand homme et périt avec lui.

 

(...)

 

Pierre Chambry. La Cyropédie de Xénophon. Notice sur la Cyropédie.

L'idéal du chef pour Xénophon, par Pierre Chambry (La Cyropédie de Xénophon)

Vie de Xénophon par Diogène Laërce

L'idéal du chef pour Xénophon, par Pierre Chambry (La Cyropédie de Xénophon)
L'idéal du chef pour Xénophon, par Pierre Chambry (La Cyropédie de Xénophon)
L'idéal du chef pour Xénophon, par Pierre Chambry (La Cyropédie de Xénophon)
L'idéal du chef pour Xénophon, par Pierre Chambry (La Cyropédie de Xénophon)
L'idéal du chef pour Xénophon, par Pierre Chambry (La Cyropédie de Xénophon)
Lire la suite

Dimitry Orlov: “Prenez garde à ça!” (Dedefensa.org)

20 Novembre 2020 , Rédigé par Le Rouge et le Blanc Publié dans #Politique, #Lettres, #Russie, #USA

Il y a des moments dans ma carrière d’observateur et de systématicien de l’effondrement où mon commentaire peut raisonnablement être réduit à deux mots : «  Regardez ça ! » L’étape actuelle de la séquence d’effondrement financier et économique initiée en 2008, qui est artificiellement masquée (sans jeu de mots) par la fausse “pandémie” de Covid-19, et à laquelle s’ajoutent maintenant des élections américaines frauduleuses et truquées, est justement une occasion de ce genre : pourquoi ne pas simplement rester assis et regarder le monde brûler ? Mais il se trouve que je suis de très bonne humeur aujourd’hui, et quand je suis de cette humeur, peu de choses peuvent m’empêcher de tenir bon et de bêler de façon prophétique.

Commençons par une petite balade mémorielle. C’est en 1995 que j’ai réalisé pour la première fois que les États-Unis allaient suivre la trajectoire générale de l’URSS. J’ai aussi immédiatement compris que l’URSS était plutôt bien préparée à l’effondrement alors que les États-Unis étaient sur le point d’être pris au dépourvu, et donc, en tant que service au public, j’ai pensé que je devais avertir les gens. “Et ça a fait quelle différence ?”, pourraient s’exclamer certains d’entre vous. Mais vous auriez tort : beaucoup de gens m’ont écrit pour me dire à quel point ils sont mieux adaptés psychologiquement maintenant qu’ils ont entendu et accepté mon message, car maintenant ils sont prêts à accepter l’effondrement avec équanimité et calme. Cela rendra certainement les choses moins fastidieuses.

C’est ainsi que j’ai eu mon moment “Eurêka !” en 1995, et dix ans plus tard, en 2005, j’ai rendu publiques mes observations. J’ai reçu une réponse étonnamment sympathique de la part de certaines personnes particulièrement éclairées – même si ce sont elles-même qui se qualifient ainsi. Aujourd’hui, un quart de siècle après ma première intuition, alors que les États-Unis sont au bord de la faillite nationale et de l’effondrement institutionnel, le monde entier assiste à un spectacle électoral spectaculaire de fin d’empire, mettant en vedette nul autre que l’homme de spectacle et impresario extraordinaire Donald Trump. Il a déjà organisé des concours de beauté, alors que celui-ci est plutôt un concours de laideur, mais la beauté est rare et s’efface toujours alors que la laideur est courante et devient généralement encore plus laide, ce qui en fait un pari beaucoup plus sûr. Acceptons-le donc comme un cadeau d’adieu au monde d’une nation en voie de disparition qui nous a offert des films d’horreur, de la téléréalité et des cirques à trois pistes avec des monstres de foire.

Dans le vaste tableau panoramique de l’élection de 2020, Trump (notre héros) apparaît baigné dans une lueur dorée de nostalgie de la grandeur américaine perdue, qu’il promet de raviver à jamais. Rassurez-vous, Trump ou pas Trump, l’Amérique ne sera plus jamais grande. Mais l’auréole magique de Trump s’étend au-delà de son plumage crânien orange resplendissant et enveloppe tous ceux qui se languissent de la Pax Americana perdue et qui craignent et détestent ce que l’Amérique est en train de rapidement devenir – qui est, pour dire les choses crûment, un réservoir de dégénérés de toutes sortes présidé par une maison des horreurs. Ils se languissent de l’époque où les hommes étaient virils et les femmes féminines, où les secrétaires étaient flattées lorsque leurs patrons prenaient le temps de se frotter à elles en dehors de leurs horaires chargés, et où tout le monde était soit un WASP [Ndlr: White Anglo-Saxon Protestant], soit travaillait dur pour essayer de ressembler et d’agir comme un WASP, soit restait à son rang dans la vie et savait qu’il ne fallait pas être trop arrogant. Ils veulent croire que le creuset ethnique peut encore produire des alliages nobles, de préférence du bronze corinthien, et certainement pas du mâchefer ou des scories.

Notre chef intrépide orangé, qui à 74 ans n’est pas, lui, une poule mouillée, est confronté à un groupe macabre de gérontocrates séniles. Il y a Joe Biden, 77 ans, dont le cerveau s’est enfui pour rejoindre un cirque il y a quelques années, mais qui s’imagine être président élu, ou sénateur, ou vice-président, ou quelque chose comme ça. Après avoir passé huit ans dans l’ombre en tant que vice-président d’Obama, Biden est aussi apte à diriger qu’un cochon est casher après s’être frotté contre un mur de la synagogue. Pour l’aider dans ses tâches, il a nommé sa nounou, Kamala Harris, une lapsus de fille qui a 56 ans.

Le balcon du mausolée américain est également hanté par Nancy Pelosi, 80 ans, qui dirige toujours la Chambre des représentants, même si un emploi convenable pour elle à ce stade serait de grimper dans un mirador pour empêcher les oiseaux de nuire à la récolte de maïs. Il y a aussi Bernie Sanders, 79 ans, un triste Pagliaccio [Ndlr: "Paillasse"] dont le rôle permanent dans la Commedia dell’Arte politique que le Parti Démocrate organise tous les quatre ans est de simuler la démocratie en acclamant des foules de jeunes imbéciles lors de l’acte I, puis feignant la mort après être tombé de son pogo stick à l’acte II, et enfin titubant, saluant et souriant pour le lever de rideau.

Enfin et surtout, il y a l’horrible harpie, Hillary Clinton, qui est relativement jeune avec ses 73 ans, mais dont l’odeur putride et le visage cadavérique et répugnant ne sont plus présentables au public, sauf dans des circonstances délicates. Caché encore plus loin dans les coulisses se trouve la momie de George Soros qui, à 90 ans, continue de tirer les ficelles et de faire des ravages aux États-Unis et dans le monde entier – ses larbins avaient récemment propagé la révolution de couleur en Arménie, provoquant à son tour l’“élection” de Pashinyan, un imbécile de choix et un traître, qui a ensuite perdu une grande partie du territoire de son pays au profit de l’Azerbaïdjan. Je pourrais citer bien d’autres cadavres financiers et oligarchiques, mais je m’abstiendrai, pour éviter de vous donner des cauchemars. Personne ne vit éternellement, pas même Henry Kissinger, 97 ans, et donc tout ce que nous avons à faire, c’est d’attendre.

Dans les sociétés saines, les dirigeants plus âgés vieillissent et laissent la place à des dirigeants plus jeunes qui les remplacent après une longue période d’études et d’apprentissage. Dans les sociétés malades, les dirigeants plus âgés s’accrochent au pouvoir sans que personne ne soit compétent pour les remplacer et, une fois qu’ils meurent, ils sont remplacés par des traîtres et des criminels. L’URSS et les États-Unis en sont deux exemples. La série de gérontocrates, Brejnev, Andropov et Tchernenko, qui ont hanté pendant un temps le balcon du mausolée de Lénine et qui, une fois envoyés dans le monde souterrain, ont été rapidement remplacés par le duo des traîtres Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine, le président pochetron, ce qui a été une tragédie pour la Russie. La vague de mortalité qui s’ensuivit fut du même ordre de grandeur que les pertes subies pendant la Seconde Guerre mondiale. Conformément au cliché usé de la répétition de l’histoire, la gérontocratie américaine actuelle est plus une farce qu’une tragédie, mais ses résultats ne seront probablement pas moins meurtriers pour la population.

Pour compléter ce tableau épouvantable, dans l’élection présidentielle américaine en cours, un candidat presque mort et sa charmante assistante ont été élus par une armée de morts-vivants : des électeurs qui ont envoyé leur bulletin de vote par la poste malgré leur décès. J’ai moi-même vérifié une partie des preuves incriminantes, et je suis presque sûr qu’il y avait plus de 11 000 électeurs dans ce cas dans un seul comté du Michigan. Mais il ne s’agit en aucun cas d’une escroquerie locale : parmi les nombreuses autres manigances de comptage des votes, il semble qu’il y ait eu un effort national pour commander des bulletins de vote par correspondance aux personnes ad patres, les remplir pour Biden et les envoyer par la poste. On pourrait dire qu’il s’agit d’une question de droits de l’homme : pourquoi priver les morts de leur droit de vote ? N’est-il pas temps de cesser de discriminer les morts ? Peut-être faudrait-il remplacer LGBTQ par LGBTQM pour “morts”. Mais pourquoi s’arrêter là ? Pourquoi ne pas aussi ajouter un “E” pour les enfants à naître et mettre fin à cette impardonnable discrimination contre les avortés ?

En tout cas, les électeurs morts pro-Biden ne sont que la partie visible de l’iceberg de la fraude électorale. Il y a aussi les plus de 1,8 million d’électeurs inexistants et pourtant enregistrés, découverts par Judicial Watch en septembre dernier. Ajoutez à cela le système de vote défectueux, bizarrement nommé Dominion, qui a mal compté les votes en faveur de Biden. Ajoutez à cela la couverture médiatique imméritée et flatteuse accordée à Biden et l’attitude extrêmement hostile des médias américains à l’égard de Trump. Ajoutez à cela les sondages frauduleux qui, tout comme avant l’élection de 2016, ont été manipulés pour rendre plausible une victoire frauduleuse de Biden. Ajoutez à cela les organisations généreusement financées comme BLM et Antifa – dans lesquelles le préfixe ”Anti” est une contrefaçon, cette organisation étant en fait très “Fa...” – qui ont reçu l’ordre de protester, de piller et d’organiser des émeutes dans de nombreuses grandes villes américaines, en déplaçant leurs mercenaires d’un endroit à l’autre, où ils recrutent ensuite des idiots utiles parmi les habitants. Le résultat est une vaste conspiration, effrontée, imprudente et auto-incriminée, visant à renverser un président en exercice par la fraude électorale.

Si vous croyez, ne serait-ce qu’un instant, que je suis scandalisé, dégoûté et indigné par ce piétinement des principes sacrés de la démocratie, alors pardonnez-moi de secouer la tête de manière sardonique tout en riant tranquillement en moi-même. Non, je ne suis pas le moins du monde scandalisé. En fait, cette évolution me remplit d’optimisme pour l’avenir. Je crois que cet échec institutionnel épouvantable est un développement merveilleux qui offre un grand espoir au reste du monde, et peut-être aux États-Unis eux-mêmes, bien que l’environnement politique y semble plutôt désespéré, indépendamment de la façon dont son système électoral ridicule peut, horriblement ou merveilleusement, fonctionner.

En tout cas, il serait vain d’essayer de donner aux États-Unis un semblant de système électoral démocratique. Ce serait comme essayer de nettoyer une plage en ne ramassant que les canettes de bière vides autour d’une baleine échouée. La présidence, après quatre années d’efforts acharnés pour renverser un président en utilisant de fausses preuves, est une institution en faillite. Le Congrès, qui aujourd’hui dépense nonchalamment trois fois plus que les recettes fédérales, est un zombie fiscal. La Réserve fédérale, qui est maintenant une pure pyramide de Ponzi, est un zombie financier. Et puis il y a le reste de l’économie américaine, ridiculement gonflée, qui attend qu’un coup de vent violent provoque l’inondation d’une richesse éphémère d’actions, d’obligations et d’espèces, une grande partie s’évaporant au passage et le reste provoquant un tsunami d’inflation des prix à la consommation.

Au cours de ce spectacle, l’image faussaire présentant les États-Unis comme une ville brillante sur la colline, un phare pour les masses groupées aspirant à respirer librement et un policier mondial bienveillant protégeant les “droits de l’homme universels”, faisant respecter les “valeurs humaines universelles” et répandant la “liberté et la démocratie” dans le monde entier, est piétinée dans la boue, recouverte d’excréments, et encore piétinée dans la boue. Alors que le rideau se baisse sur ce dernier acte de la Pax Americana, l’image de l’enfant terrible orangé et de la marionnette sénile avec sa nourrice en remorque jouant sur la balançoire des dysfonctionnements électoraux dans la cour de récréation restera à jamais gravée dans les rétines du monde entier. Le monde entier pourra alors aller de l’avant et chercher des modèles plus dignes d’intérêt et des policiers moins corrompus. Et c’est ça le progrès !

L’effondrement des États-Unis fera ressembler l’effondrement de l’URSS à une promenade dans un parc verdoyant ou à une promenade en bateau sur un étang placide. Je le dis depuis 15 ans maintenant. Mon message est toujours là, pour tous ceux qui souhaitent comprendre ce qui s’est passé et garder leur santé mentale.

Dimitri Orlov 
28 novembre 2020

Source: https://www.dedefensa.org/article/prenez-garde-a-ca

 

Lire la suite

Jean Dutourd: Rivarol a "démystifié" la Révolution française

14 Novembre 2020 , Rédigé par Le Rouge et le Blanc Publié dans #France, #Histoire, #Lettres

Portrait d'Antoine de Rivarol par Melchior Wyrsch.

Portrait d'Antoine de Rivarol par Melchior Wyrsch.

Jean Dutourd: Rivarol a "démystifié" la Révolution française
Jean Dutourd: Rivarol a "démystifié" la Révolution française
Jean Dutourd: Rivarol a "démystifié" la Révolution française
Jean Dutourd: Rivarol a "démystifié" la Révolution française
Jean Dutourd: Rivarol a "démystifié" la Révolution française

Source: Rivarol, L'universalité de la langue française. Présenté par Jean Dutourd, de l'Académie française. Arléa, Paris, 1991.

Rivarol sur Le Rouge et le Blanc

http://pocombelles.over-blog.com/antoine-de-rivarol-1753-1801.html

Lire la suite

Gilad Atzmon: Being in Time, a post-political manifesto

13 Novembre 2020 , Rédigé par Le Rouge et le Blanc Publié dans #Lettres, #Philosophie, #Politique

Gilad Atzmon: Being in Time, a post-political manifesto

The events of 2016 - Brexit and Trump - broke the mould which shaped ideas of democracy, politics and social identity. In this book Gilad Atzmon argues that Left and Right have become indistinguishable and meaningless in the post-political universe in which we now live, and much of humanity has been reduced to serving the interests of big money and oligarchies. The freedom to think openly is now just a distant memory. Our Western liberal 'utopia' has turned into an Orwellian catastrophe, and the people are left bewildered and impoverished, and out in the cold. Being in Time is a courageous attempt to grasp the intellectual developments that led towards the current dystopia. The book delves into the bankruptcy of the ideological grand narratives. It explores the colossal failure of the media, academia and politics to detect and address the events that led us towards destitution. It identifies the ideologies that have planted Identitarian politics and the tyranny of political correctness in our midst. We, the people, have been demoted into mere audience in a Greek tragedy that happens to be the story of our own destruction. The time is ripe to understand it all.

https://gilad.online/being-in-time

Lire la suite
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>