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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Le rôle de l'UE vis-à-vis des forêts tropicales d'Afrique centrale (Forests Monitor)

22 Novembre 2013 , Rédigé par Béthune

BEAUCOUP AFFIRMENT que l’Afrique Centrale est encore soumise à un système néocolonialiste, perpétué par les anciens pouvoirs coloniaux, les capitaux étrangers et quelques élites puissantes au niveau national.11 La France, la Belgique, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne ont joué un rôle significatif dans l’histoire coloniale de cette région, et tous continuent à être de puissants partenaires en terme de commerce, d’orientation des politiques macro-économiques et d’initiatives de conservation. Leurs partenaires de l’UE, l’Amérique du Nord et les banques de développement multilatérales, notamment la Banque mondiale et le FMI, appuient leurs initiatives. De nombreux exemples mettent en évidence quels pays — des pouvoirs coloniaux ou des anciennes colonies — tiennent le levier du pouvoir, en particulier au travers des politiques d’ajustement structurel et des conditionnalités de paiement imposées par les créanciers. Le président du Gabon, Omar Bongo, l’un des dirigeants africains les plus étroitement liés à l’administration française, aurait comparé la France sans l’Afrique à une voiture sans essence, et il aurait ajouté que l’Afrique sans la France serait comme une voiture sans chauffeur.12 La plupart du temps, les anciens pays coloniaux, avec les institutions multilatérales dont ils font partie et les sociétés transnationales qui ont leur siège social dans ces pays, restent fermement installés à la place du chauffeur, dictant les termes du développement et de la conservation dans la région.

Depuis leurs déclarations d’indépendance, qui remontent à plusieurs dizaines d’années, la plupart des six pays figurant dans ce rapport — le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo (Brazzaville), la République Démocratique du Congo (ancien Zaïre), la Guinée Équatoriale et le Gabon — ont connu des périodes de grand désarroi politique. Aucun n’a réussi à établir une démocratie solide, fondée sur une forte implication de la société civile. Tous ces pays sont incapables d’assurer des prestations, même de base, dans les secteurs de l’éducation et de la santé pour bon nombre de leurs citoyens. Tous ont d’énormes dettes qui sont de véritables fardeaux ; chaque année, ils doivent payer des sommes astronomiques aux créanciers multilatéraux et bilatéraux pour rembourser ces dettes. Ces remboursements écrasants, ajoutés à un manque d’espace démocratique permettant un véritable engagement de la société civile et à la corruption, entravent l’apparition et la mise en place de politiques qui faciliteraient un développement durable et juste sur le plan écologique et social.

Les politiques de gestion forestière

Dans ce contexte, les gouvernements nationaux continuent à appliquer des politiques de gestion forestière qui datent du siècle dernier ou même antérieures et qui ont été instaurées par les pouvoirs coloniaux. Ils sont encouragés en ce sens par les institutions multilatérales et bilatérales, vis-à-vis desquelles ils sont lourdement endettés, ceci faisant partie des politiques d’ajustement structurel et des programmes de libéralisation imposés par ces institutions comme des conditionnalités à la poursuite des prêts. Ainsi, le principal but des politiques forestières dans la région est la production de bois industriel pour l’exportation, en allouant la majorité de l’espace forestier à titre de concession d’exploitation. Le cadre politique ainsi mis en place a peu d’égards envers les besoins et les droits des populations locales, et ne se soucie guère de la capacité des gouvernements à mettre en place et faire respecter ces lois. Les législations forestières ne sont souvent pas claires ou sont contradictoires.

(Suite de l'article: http://www.forestsmonitor.org/fr/reports/549968/551876)

 

Parmi les entreprises qui exploitent les forêts tropicales en Afrique (et notamment au Gabon, où a été tourné le film de Luc Jacquet/Bernard Hallé: "Il était une forêt"), il y a la BECOB, une société de la famille de l'homme d'affaires et journaliste bien connu Bernard-Henri Lévy, aujourd'hui propriété du groupe Pinault: http://surmonchemin.wordpress.com/2011/06/14/bernard-henri-levy-le-fric-et-lafrique/

Selon l'ONG Forests Monitor "au sein de l’UE, la France est le plus gros importateur de bois africain, suivie par l’Espagne, l’Italie et le Portugal." (...) "D’autres groupes basés en Europe participent également de manière importante au commerce du bois de cette région. Par exemple la société multinationale française Pinault–Printemps–la Redoute et sa filiale Becob avaient encore récemment des activités d’exploitation dans la région, et le groupe continue d’être en France le plus important importateur et transformateur de bois en provenance d’Afrique, d’Asie et d’Europe du Nord".

http://www.forestsmonitor.org/uploads/2e90368e95c9fb4f82d3d562fea6ed8d/la_foret_prise_en_otage.pdf

 

 

 

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