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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Homo "sapiens" ?

30 Décembre 2014 , Rédigé par POC

De fait, nous n'avons jamais été aussi lucides quant aux nuisances de la logique libérale (et quant au monde inhumain vers lequel elle nous emporte à une vitesse accélérée), mais jamais, cependant, notre sentiment d'impuissance collective n'a été aussi profond et pathétique.

Jean-Claude Michéa, Le Complexe d'Orphée. Champs-essais, Flammarion (2011) 2014, p. 161.

 

Juge et partie, l'homme (occidental, il faut préciser) s'est lui-même qualifié de "sage, intelligent, qui connaît", et même du superlatif "sapiens sapiens" par opposition aux "bêtes", censées être le contraire, comme leur nom l'indique: stupides et ignorantes. Ne parlons pas des végétaux, qui sombrent pour lui dans un mépris incommensurable: ils ne sont qu'un matériau. La déforestation systématique depuis le Néolithique en est un exemple. Un matricide pour ce descendant de petits mammifères arboricoles. J'aimerais savoir pour ma part comment les animaux et les plantes qualifieraient (ou qualifient, car nous ne savons pas ce qu'ils savent et disent de nous...*) notre espèce.

Un article fort intéressant de Jean-Dominique Lebreton (de l'Institut) http://www.academie-sciences.fr/academie/membre/Lebreton_JD.htm, La malédiction des espèces longévives, paru dans le numéro 284 (juillet-août 2014) de l'excellente revue naturaliste et écologiste Le Courrier de la nature http://www.snpn.com/spip.php?article2065, nous apprend que depuis la fin de la dernière glaciation, "près de 5000 espèces de vertébrés terrestres, soit près de 20%, ont disparu sous l'action de l'Homme au cours des 15.000 années. Si l'on estime la durée de vie d'une espèce à 1 million d'années, on peut en déduire que le taux d'extinction naturel a été multiplié par un ordre de grandeur voisin de 100!" (p. 31).

Jean-Dominique Lebreton ne parle pas des autres espèces: marines, invertébrées, végétales, etc. ni de toutes celles que la science ne connait pas ou n'a pas encore inventoriées (les forêts tropicales primaires, en voie de destruction complète par l'Homme sur la Terre, abritent la majorité de la biodiversité terrestre). Il faut donc revoir ce chiffre à la hausse...

Il n'y a pas de limite à la folie humaine.

Pierre-Olivier Combelles

* Ce serait l'objet d'une intéressante science, dont j'ai inventé le nom: la zooethnogie (étude du savoir des animaux et des êtres vivants, par opposition à l'ethnozoologie) et dont j'avais construit les prémisses dans de passionnantes conversations, où se croisaient nos expériences au Québec-Labrador et en Afrique, avec feu mon collègue et ami le Professeur Hubert Gillet, au Laboratoire d'Ethnobiologie-Biogéographie du Muséum national d'Histoire naturelle, dans les années 1990.

Un exemple de la déforestation au XXIe siècle (Province de Jambi, dans l'île indonésienne de Sumatra). D'après Francis Hallé, les forêts tropicales primaires abritent 70 % des espèces terrestres, principalement dans leur canopée. Cette destruction est commise par des hommes inconscients équipés de machines avec lesquelles ils abattent en quelques minutes un arbre de 70m de hautqui a mis plusieurs siècles à pousser et où vivent une multitude de plantes et d'animaux, en grande partie inconnus. Source de la photo: internet.

Un exemple de la déforestation au XXIe siècle (Province de Jambi, dans l'île indonésienne de Sumatra). D'après Francis Hallé, les forêts tropicales primaires abritent 70 % des espèces terrestres, principalement dans leur canopée. Cette destruction est commise par des hommes inconscients équipés de machines avec lesquelles ils abattent en quelques minutes un arbre de 70m de hautqui a mis plusieurs siècles à pousser et où vivent une multitude de plantes et d'animaux, en grande partie inconnus. Source de la photo: internet.

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