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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

En souvenir du Pr. Siegwart-Horst Günther (24 février 1925 - 16 janvier 2015)-

12 Février 2015 , Rédigé par POC

http://www.nuclear-free-future.com/en/award-presentation/laureates/siegwart-horst-guenther/

Source de ce dossier: Horizons et Débats (Suisse), 12 février 2015 : http://www.horizons-et-debats.ch/

Aktion gegen NATO-Uranmunition

Aktion gegen NATO-Uranmunition

http://rotefahne.eu/2012/02/siegwart-horst-guenther-arzt-antifaschist-jude-und-mutiger-mahner/

 

Hommage rendu par Frieder Wagner, production cinématographique Ochoa-Wagner

C’est le 18 octobre 2007 à la résidence de Salzbourg, lors de la cérémonie de la dixième remise des prix «Nuclear-Free Future Award», que le prix dans la catégorie «information» a été accordé au professeur Siegwart-Horst Günther. Voici un extrait du discours de remerciement qu’il a tenu:
«Lorsque j’ai découvert après la première guerre du Golfe en 1991 que les alliés avaient employé dans ce conflit de la munition à l’uranium, avec toutes les conséquences ef­fro­yables qui en résultent, j’ai été profon­dément indigné de cette monstruosité. Une guerre est en elle-même déjà une chose terrible, de surcroît l’emploi de cette munition et de bombes à l’uranium appauvri est un crime de guerre méprisant genre humain et environnement.»
Déjà en mars 2002, après avoir rencontré le professeur Günther pour la première fois, je savais ce que le professeur Günther avait accompli en ce qui concerne l’information sur la munition à l’uranium et sur les conséquences terribles qui en résultent. Il m’avait montré des photos de nouveau-nés avec des déformations horribles et m’avait expliqué que les pères de ces enfants avaient tous participé en 1991 aux durs combats de chars dans le sud de Bassora durant lequel les alliés avaient utilisé des tonnes de projectiles à l’uranium.
La monstruosité découverte par le professeur Günther lui a apporté maintes contrariétés, particulièrement en Allemagne où il a été dans les années 90 franchement discrédité et poursuivi. Par contre, j’ai pu m’apercevoir de la popularité dont il jouissait à l’étranger, en particulier au Proche-Orient, pendant notre tournage en 2003. Déjà à l’aéroport d’Amman, alors que tous les passagers doivent attendre pour obtenir le visa nécessaire, on lui a fait signe de sortir de la queue, on l’a accompagné à une petite table, on lui a offert une chaise et on lui a apporté du thé et des biscuits, tandis que nous, les communs des mortels, nous devions faire la queue pendant presqu’une heure avant d’obtenir notre visa. Pendant ce temps, un douanier prévenant avait rapidement pourvu le passeport du professeur Günther du visa nécessaire. Plus tard, en Irak, à l’hôpital pour enfants de Bagdad, le directeur a accueilli le professeur Günther en l’enlaçant comme un vieil ami. Il pouvait à peine retenir ses larmes de joie et d’émotion à la surprise de le revoir.
Au cours d’un long trajet en voiture pour notre tournage dans le pays, j’ai demandé au professeur Günther pourquoi à son âge avancé (il avait déjà 79 ans) il acceptait de refaire un voyage si pénible et non pas sans risques car lorsque nous sommes arrivés en automne 2003 en Irak, l’ONU et presque tous les membres des ambassades occidentales avaient depuis longtemps quitté le pays à cause de sa situation instable.
Alors, le professeur Günther m’a répondu placidement et presque sereinement: «Vous savez, mon jeune ami, je suis médecin et suis lié par mon serment d’Hippocrate, et ce serment d’aider ne connaît pas d’âge!»
Professeur Günther, né le 24 février 1925 à Halle sur Saale, refusa même en tant que jeune soldat d’être impliqué dans les crimes de la Wehrmacht sur le front de l’Est. Il fit partie plus tard de la résistance allemande, et de ce fait fut dans les environs de l’attentat contre Hitler le 20 juillet 1944. Peu avant la fin de la guerre il a été déporté dans le camp de concentration de Buchenwald.
Son nom ainsi que ses découvertes concernant le «syndrome de la guerre du Golf» resteront à jamais gravé dans la mémoire notamment grâce au film «Der Arzt und die verstrahlten Kinder von Basra» [le médecin et les enfants irradiés de Bassora] et «Todes­staub» [poussière mortelle] (2004 et 2007). D’avoir fait passer clandestinement des restes de munitions à l’uranium appauvri de la zone de la guerre irakienne à Berlin reste spectaculaire et inoubliable, de même que les poursuites judiciaires qu’il a subies par la suite pour «diffusion de matières radioactives» – voilà ce qui en est de l’innocuité présumée de cette munition.
Le professeur Günther est décédé dans la nuit du 16 janvier à Husum. Nous tous, qui le connaissions, nous nous inclinons avec respect devant ce médecin et scientifique sincère et inlassablement à la recherche de la vérité et continuerons à travailler dans son esprit en honorant sa mémoire.    •
(Traduction Horizons et débats)

Prof. Dr. Siegwart-Horst Günther

http://rotefahne.eu/2012/02/siegwart-horst-guenther-arzt-antifaschist-jude-und-mutiger-mahner/

«C’est bien que tu viennes nous aider»*

«En tant qu’ancien collaborateur d’Albert Schweizer je suis actif depuis de nombreuses années dans le cadre de l’aide humanitaire dans des foyers de tension et j’y vois tous les jours l’immense détresse et les gens qui meurent, la plupart sont des enfants.
Au Kosovo comme dans la région du Golfe, ces derniers temps l’ONU entame toujours à nouveau des pourparlers, mais la faim et la mort continuent.
Le discours qu’Albert Schweizer a tenu lors de la remise du prix Nobel de la paix le 4 novembre 1952 à Oslo est plus actuel que jamais. Il y déclara: ‹Les hommes d’Etat qui avaient mené des négociations de paix suite aux deux guerres mondiales, n’avaient pas eu la main heureuse. Leur but n’était pas de créer des situations qui auraient pu être des points de départ d’un développement quelque peu prospère; ils étaient préoccupés surtout de tirer de la victoire ses conséquences et de les rendre durables.›
Malheureusement, cette attitude persiste jusqu’à nos jours.
Albert Schweizer fut convaincu qu’une nouvelle menace de guerres d’extermination ne pouvait être évitée par des accords internationaux ou quelques in­stitutions, mais uniquement par une attitude morale de tous les responsables.
De nombreux événements ces derniers temps nous montrent que l’attitude éthique et humaine n’évolue malheureusement pas de la même façon que dans le domaine des moyens de force externes.
Le surhomme se développe de plus en plus en monstre.
Albert Schweizer était absolument convaincu que ce n’est que par l’esprit, par l’attitude morale de chacun et des nations que l’effet décisif puisse se produire garantissant la paix dans le monde». (Prof. Horst-Siegwart Günther, Hunger und Not der Kinder im Irak. Préface, Editions Zeit-Fragen, Zurich, 2007)
Pour avoir participé à la Seconde Guerre mondiale, avoir assisté à de nombreux crimes et avoir été moi-même victime, j’ai enquêté avec une compassion croissante sur les crimes des nouvelles guerres et leurs conséquences. Ce qui m’a poussé à cet engagement, était notamment l’amitié avec Albert Schweizer et notre activité commune à l’hôpital à Lambaréné dans la jungle. Pour cela je ne me lasse pas de lancer un appel à tous les gens à maintenir la paix et porter secours à ceux qui en ont besoin. Dans le Golfe, en ex-Yougoslavie, en Afrique, en Amérique latine. Et même si ces réflexions ne produisent un effet durable qu’auprès des lecteurs, l’effort en valait la peine.» (Prof. Horst-Siegwart Günther, Hunger und Not der Kinder im Irak. Préface, éditeur Zeit-Fragen, Zurich, 2007)
* Albert Schweizer accueillant Siegwart-Horst Günther lors de son arrivée à Lambaréné en 1963

Une voix mettant en garde contre la guerre
par Brigitte Queck, pour l’association «Mères contre la guerre», Berlin-Brandenbourg

Le professeur Siegwart-Horst Günther, né un 24 février, est décédé le 16 janvier 2015 à Husum, peu avant son 90e anniversaire, à l’âge de 89 ans.
Tout comme son idole Albert Schweizer, il a consacré toute sa vie au service d’une humanité pacifique et de la justice internationale.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a vécu comme officier, sur le front de l’Est, les cruautés et les crimes de guerre des nazies. C’est d’ailleurs une des raisons qui l’ont amené à joindre le groupe de résistance dirigé par Claus Schenk de Stauffenberg. Après l’échec de l’attentat contre Hitler, il a été arrêté et déporté au camp de concentration de Buchenwald. Après la libération du peuple allemand du fascisme, il a fait des études et obtenu son doctorat à l’Université de Jena. Ensuite, il a suivi une formation en médecine tropicale à Londres et à Liverpool. De 1963 à 1965, il a travaillé à Lambaréné avec Albert Schweizer, son idole. Ont suivit des activités en tant que médecin en Egypte, en Syrie, en Israël et en Irak. De 1990 à 1995, il a enseigné et travaillé à la clinique universitaire de Bagdad.
De 1991 à 2004, le professeur Günther a réalisé avec Freimut Seidel (ambassadeur de la RDA hors du service et expert du Moyen-Orient) de nombreuses activités d’aide humanitaire dans le cadre du Solidaritätsdienst international e.V. (SODI) pour les établissements de santé irakiens et les camps de réfugiés à Bagdad, Mossoul et Bassora.
Dans le cadre de cette activité il a examiné, après la deuxième guerre du Golfe (1991-1995), les enfants irakiens souffrant d’une maladie jusqu’alors inconnue. Ses études ont montré que ces enfants, en jouant, avaient eu un contact corporel avec des munitions à l’uranium appauvri employées par les forces américaines dans la guerre du Golf.
Ses soupçons que ces armes à l’uranium appauvri étaient hautement radioactives ont été confirmés par les analyses de trois instituts de recherche allemands renommés dont l’Institut Luise-Meitner.
Le professeur Günther fut le premier scientifique ayant reconnu le rapport entre l’emploi de munitions à l’uranium appauvri et le cancer ainsi que les maladies d’un déficit immunitaire. Il a rendu publique les conséquences dévastatrices pour la santé des civils, des soldats dans les zones de guerre et même dans le monde entier. Il fut également le premier à lancer un appel pour interdire ces armes. Il y a quelques années, des scientifiques suisses renommés les ont également classées parmi les armes nucléaires des temps modernes.
Nous avons fait la connaissance du professeur Günther à Erfurt lors d’une conférence de paix, revenant d’une action de solidarité avec 160 militants pour la paix venant de toute l’Allemagne et ce durant les bombardements de l’OTAN en Yougoslavie. Là il attira également l’attention sur les armes à l’uranium appauvri utilisées par l’OTAN en Yougoslavie y compris au Kosovo.
Quelques jours plus tard, il nous a contacté en demandant de l’aide: car il était menacé d’être placé sous surveillance policière dans un hôpital psychiatrique – apparemment pour ces «connaissances dangereuses».
En informant toutes les organisations de la paix, en Allemagne et dans le monde entier et grâce à notre engagement personnel, nous avons pu l’éviter.
L’engagement politique et humanitaire du pacifiste militant professeur Günther a été apprécié notamment à l’étranger avec de nombreux hommages et distinctions: Special Award 2000 for Peace and Humanity de l’International Association of Education for World Peace, fondée par l’ancien Secrétaire général des Nations unis M. Boutros-Ghali, la Médaille pour la Paix de l’Université de Nagasaki au Japon, le Prix du Courage civique de la fondation Solbach-Freise-Stiftung en 2006, le Nuclear-Free Future Award, dans la catégorie «information», en 2007 le Prix pour la science et l’art de l’association autrichienne Albert Schweizer et encore d’autres.
Pendant toute sa vie, le professeur Günther élevait sa voix pour prévenir de la guerre. Il fut une des rares personnalités osant se battre, si nécessaire au risque de sa vie, contre un dictateur brun comme Hitler. Tout comme pour son maître Albert Schweizer il s’agissait pour lui du «respect de la vie».
Nous poursuivrons son travail pour que notre monde devienne un lieu de paix.     •
(Traduction Horizons et débats)

Verlag am Park; Auflage: 1 (1. Mai 2006) Sprache: Deutsch ISBN-10: 3897931230 ISBN-13: 978-3897931237

Verlag am Park; Auflage: 1 (1. Mai 2006) Sprache: Deutsch ISBN-10: 3897931230 ISBN-13: 978-3897931237

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