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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Les fées de la prairie

31 Mars 2015 , Rédigé par POC

Orchis pourpre (Orchis purpurea), une Orchidée sauvage. Détail d'une photographie par Gérard La Ferté prise dans une prairie naturelle d'Auffargis (Yvelines, Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse) menacée par un projet immobilier.

Orchis pourpre (Orchis purpurea), une Orchidée sauvage. Détail d'une photographie par Gérard La Ferté prise dans une prairie naturelle d'Auffargis (Yvelines, Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse) menacée par un projet immobilier.

Le biologiste, moraliste et académicien Jean Rostand (1894-1977) a écrit un jour : « Je n'ai jamais eu besoin de voyager. J'ai toujours trouvé assez d'exotisme dans mon petit jardin pour me dépayser». Pour découvrir la faune et la flore sauvages, pour admirer les étoiles, nul n'est besoin de quitter Auffargis. Dans les forêts, les prairies et les jardins qui nous entourent, mille espèces sont là pour nous rappeler que nous ne sommes pas seuls au monde. Même si les animaux paient un tribut toujours plus lourd à la circulation automobile. Même si les populations d'oiseaux diminuent sans cesse à cause des pesticides répandus dans les champs et de la pollution chimique, sonore, lumineuse et électro-magnétique*.

C'est pourquoi nous ne parlerons pas des tristes champs des environs, ou presque pas, dans cette nouvelle chronique, mais plutôt des prairies, comme celles qui bordent notre village entre la rue Creuse, la rue de Saint Benoît et la forêt. Prairies où courent les enfants, où volent les papillons, où chantent les grillons, où fleurissent les belles orchidées, où paissent les chevreuils le soir et où brament les cerfs en automne. Prairies menacées par des projets immobiliers...

Cette année, fin septembre, un jeune et vigoureux six-cors y avait établi ses quartiers avec son petit troupeau de biches. On l'entendait bramer le soir à coups brefs et entrecoupés, répondant à d'autres cerfs invisibles dans la forêt environnante, du côté des Vindrins et du ru des Vaux de Cernay.

Caché dans la haie de chênes de la rue Creuse, mes jumelles nocturnes à la main, j'ai regardé les cerfs sortir de la forêt, se faufiler prudemment, tête basse, le long de la lisière, émerger du brouillard pour s'avancer dans la prairie au fur et à mesure que la nuit s'épaississait.

Les biches broutaient tranquillement l'herbe. Le six-cors bramait à côté d'elles puis disparaissait. Dans les bois on entendait alors les bruits furieux des branches brisées et des chocs sourds : les cerfs qui se battent, se poursuivent ou qui attaquent violemment les arbustes avec leurs bois, déchiquetant les branches.

La nuit était maintenant là, les étoiles brillaient dans le ciel, voilées par endroits par le brouillard. Les Pléiades prenaient leur envol à l'est comme un cerf-volant scintillant, comme une broche de diamants agrafée sur le manteau de la nuit. L'automne, les Pléiades et Cernunnos étaient de retour dans notre forêt de Rambouillet, vestige de l'antique forêt des Carnutes...

Pierre-Olivier Combelles (Octobre 2014)

Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. TAM TAM N°20 (décembre 2014). Bulletin de l'association Auffargis-Environnement.

* Voir par exemple les rapports de la Société d'Études ornithologiques de France (SEOF) à ce sujet : http://seofalauda.wix.com/seof.

Cernunnos était peut-être aussi Dis Pater, le dieu-père des Gaulois dont parle César dans la Guerre des Gaules. Détail du chaudron de Gundestrup (récipient cultuel), Ier siècle av. J.-C.

 

Les Pléiades (Matariki en maori, Qollqa en quechua). Photographie: Gilles Chapdelaine (Québec).

Les Pléiades (Matariki en maori, Qollqa en quechua). Photographie: Gilles Chapdelaine (Québec).

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