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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Les Inuit du Nunavik et les Montagnais contaminés par les polluants

27 Mars 2015 , Rédigé par POC

Enfants montagnais de la Basse Côte-Nord du Québec. Rassemblement de protestation des Montagnais contre le projet de harnachement du Lac Robertson (Basse Côte-Nord), octobre 1992. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Enfants montagnais de la Basse Côte-Nord du Québec. Rassemblement de protestation des Montagnais contre le projet de harnachement du Lac Robertson (Basse Côte-Nord), octobre 1992. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Les enfants inuits du Nunavik, tout comme les enfants montagnais de la Basse et Moyenne-Côte-Nord, ont des taux de BPC quatre fois plus élevés que les enfants blancs du Sud du Québec.

 

La nouvelle guerre froide

Des polluants émis à des milliers de kilomètres de l'Arctique menacent la vie traditionnelle et la santé des Inuits.

par Jean Hamann

 

"Dans les années 1950, au plus fort de la Guerre froide, les Inuits ont vu surgir sur leur territoire un étrange réseau de 58 radars pointés vers le ciel du Nord. Connu sous le nom de ligne DEW (Distant Early Warning), ce système de défense militaire servait d'avant-poste pour détecter toute invasion aérienne venant du pôle et menaçant la sécurité de l'Amérique. On imagine sans peine l'étonnement et le malaise des Inuits devant ces radars, symboles d'un conflit auquel ils étaient étrangers mais dont ils auraient pu devenir les premières victimes.

Aujourd'hui, la Guerre froide et la ligne DEW appartiennent au passé mais une nouvelle menace plane sur le peuple inuit. Cette fois, l'ennemi vient du Sud, par ciel et par mer, et il frappe au coeur même de leur culture: l'alimentation traditionnelle. Ses attaques silencieuses aux BPC* et autres contaminants ont une efficacité telle que les Inuits du Québec et du Groenland peuvent revendiquer le triste titre de populations les plus contaminées au monde, révèlent les travaux de l'Unité de recherche en santé publique du Centre de recherche du CHUL (URSP).

(...)

D'abord estomaqué, Éric Dewailly a rapidement trouvé une explication à ces surprenants résultats. «J'ai mis la main sur des études montrant que plusieurs animaux de l'Arctique accumulent des polluants dans leurs graisses et leurs viscères. Ces polluants se concentrent à chaque maillon de la chaîne alimentaire. Au sommet de celle-ci se retrouvent des carnivores à longévité élevée tels que l'ours blanc, le béluga, le morse, le narval et le phoque, tous des animaux qui figurent encore aujourd'hui au menu des Inuits. Les contaminants accumulés dans l'organisme des femmes qui consomment ces gibiers sont libérés lors de l'allaitement.» L'ampleur du problème que le chercheur venait de soulever lui sauta instantanément aux yeux: toutes les populations qui pratiquaient la chasse de subsistance risquaient d'être exposées à de dangereuses doses de polluants industriels. La distance n'avait plus d'importance."

Suite de l'article sur Contact (Hiver 1999), le magazine des diplômés et des partenaires de l'Université Laval (Québec): http://www.scom.ulaval.ca/contact/hiver99/art_06.html

 

* (NDLR) Les polychlorobiphényles (PCB), aussi appelés biphényles polychlorés (BPC), ou encore parfois improprement dits « pyralènes » (du nom commercial d'un produit de Monsanto à base de PCB autrefois très utilisé en Europe dans les transformateurs) forment une famille de 209 composés aromatiques organochlorés dérivés du biphényle.
Ils sont industriellement synthétisés, et chimiquement proches des polychloroterphényles, polychlorodibenzo-furanes et des dioxines.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Polychlorobiph%C3%A9nyle

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