Vers la fin de l'Amazonie ?
Je vois maintenant que nous assistons à une révolution de la terre elle-même. Et ce qu'on peut voir partout, ce sont les manifestations de cette révolution; les armes atomiques, la dévastation de la flore et de la faune. Peut-être que la terre n'a plus besoin de l'homme et qu'il ne lui est peut-être plus nécessaire.
Ernst Jünger (Journal)
El hombre moderno trata a la naturaleza como un demente a una idiota.
Nicolás Gómez Dávila
Au lieu de contrôler l'environnement de la planète pour le bénéfice de la population, peut-être devrions-nous contrôler la population pour assurer la survie de notre environnement.
David Attenborough
Quand le tigre n'est plus là, les singes sont les rois de la montagne.
Proverbe chinois.
Le monde vulgaire s'éveille difficilement;
Il ne s'arrête jamais dans sa poursuite des choses matérielles.
Mais l'homme parfait regarde au loin;
Il retourne à la nature.
Xi Kang (223-262), un des Sept Sages de la Forêt de Bambous (竹林七賢)
David Hill est l'auteur de la rubrique: Environment-Andes to Amazonia dans le journal anglais THE GUARDIAN. Avec régularité, il nous informe de la situation de l'environnement en Amérique du sud, synthétisant de nombreuses informations sur cette vaste partie du monde en proie au "développement".
Cet article paru en 2014 est inspiré d'un rapport de l'anthropologue Paul E. Little: Mega-Development Projects in Amazonia: A geopolitical and socioenvironmental primer qu'on trouvera ici dans son intégralité: http://www.dar.org.pe/archivos/publicacion/145_megaproyectos_ingles_final.pdf
The unprecedented boom in the planning and construction of large-scale projects in Amazonia of infrastructure and natural resource extraction – referred to here as “mega- development projects” – is being led by the expansion of global capitalism (including China’s communist capitalism)and its search for new resources. This expansion is generating socioenvironmental impacts with grave consequences for indigenous peoples and local communities which depend upon the Amazonian forest for their sustenance.
Paul E. Little.
Pour le botaniste tropicaliste Francis Hallé, 70% de la diversité naturelle terrestre se trouve dans les forêts tropicales humides (primaires), spécialement dans la canopée. Les Tropiques sont l'origine et le laboratoire de la vie, sur la terre comme dans les mers. Ils sont dévastés aujourd'hui par le libéralisme (ou le "le capitalisme global" comme l'appelle Paul Little) et la surpopulation. Non pas des aborigènes, mais de l'extérieur.
P.-O.C.
412 hydroelectric dams will be built across the Amazon basin and its headwaters if current plans are fulfilled, it was announced on 25 April in Lima, potentially leading to the "end of free-flowing rivers", contributing to "ecosystem collapse", and causing huge social problems.
Of the 412 dams already in operation, under construction or proposed, 256 are in Brazil, 77 in Peru, 55 in Ecuador, 14 in Bolivia, six in Venezuela, two in Guyana, and one each in Colombia, French Guyana and Surinam, said anthropologist Paul Little at the launch of the English version of his report Mega-Development Projects in Amazonia: A geopolitical and socioenvironmental primer.
According to Little, 151 of the 412 dams involve five of the six main rivers that drain into the Amazon after birthing in the Andes.
"The construction of many large-scale dams in the vast headwaters region of the Amazon Basin – encompassing parts of Bolivia, Peru, Ecuador and Colombia – will produce critical changes in continental water flows, with little knowledge of the ecological consequences of this policy," the report states. "This new wave of dam building in the headwaters of the Basin is a "hydrological experiment" of continental proportions, yet little is known scientifically of pan-Amazonian hydrological dynamics, creating the risk of provoking irreversible changes in rivers."
The report, co-authored and circulated by Peruvian NGO DAR, divides "mega-development projects" into two kinds: 1) infrastructure, such as the transport and electricity sectors, which in turn includes hydroelectric dams and 2) extractive, such as oil, gas and mining. The focus is on the number of current projects, the larger global financial, regional and geopolitical contexts, and the potential social and environmental impacts. It states:
The weight of these socioenvironmental impacts is distributed in an extremely unequal manner. The majority of the benefits derived from the construction of megadevelopment projects accrue to economic and political actors external to Amazonia, such as large multinational corporations, the administrative apparatus of national governments and financial institutions. The majority of negative impacts of these same mega-development projects are borne by indigenous peoples, who suffer from the invasion of their territories, and local communities, which suffer from the proliferation of serious social and health problems. (...)
Suite de l'article de David Hill: http://www.theguardian.com/environment/andes-to-the-amazon/2014/may/06/more-400-dams-amazon-headwaters
The Tamshiyacu plantation in northern Peru where it is alleged a United Cacao subsidiary illegally cleared primary rainforest. Photograph: Environmental Investigation Agency
Amazon rainforest
Andes to the Amazon
David Hill
Saturday 18 April 2015 00.38 BST
Can Peru stop ‘ethical chocolate’ from destroying the Amazon?
NGOs allege illegal deforestation of primary rainforest to plant cacao and oil palm
Cattle-ranching, logging, mining, highways, hydroelectric dam projects, oil and gas, soy, oil palm. . . These are what first come to mind to many people when thinking about how the Amazon is being destroyed, but what about chocolate too?
NGO Environmental Investigation Agency (EIA) released a report on 7 April mainly about monoculture oil palm plantations, which it describes as a “major new threat to Peruvian forests.” The report, Deforestation by Definition, focuses on the Romero Group, Peru’s “largest economic actor”, and what it calls the “Melka Group”, a network of 25 companies recently established in Peru and controlled by businessman Dennis Melka, a major player in the destructive oil palm industry in Malaysia.
According to EIA, two “Melka Group” companies have illegally deforested an estimated “nearly 7,000 hectares” of mainly primary rainforest in Peru over the last three years, and others have acquired at least 456 “rural properties” and requested the government set aside another 96,192 hectares.
(...)
Suite de l'article: http://www.theguardian.com/environment/andes-to-the-amazon/2015/apr/17/can-peru-stop-ethical-chocolate-destroying-amazon
Thanks, David !
P.-O.C.
"Changeons le système, pas le climat !" Manifestation à Lima lors de la COP20 (décembre 2013). Source: http://www.bastamag.net/Changeons-le-systeme-pas-le-climat
"Les grandes forêts primaires des tropiques – celles qui n’ont jamais été modifiées par l’homme – ont pratiquement disparu, il n’en reste que des lambeaux. Leur dégradation constitue une perte irréparable, car elles sont le sommet de la diversité biologique de notre planète.
Voici près de cinquante ans que le botaniste Francis Hallé les arpente et les étudie, et presque autant de temps qu’il appelle à les sauver. Dans cet ouvrage, il nous propose de les découvrir en sa compagnie. Paradoxalement, les descriptions scientifiques classiques ne suffisant pas à rendre compte de ces formations végétales grandioses, il préfère s’appuyer sur le témoignage des sens et nous convier à une promenade, dans un sous-bois d’abord, puis sur la canopée. Les arbres et les lianes occupent, comme il se doit, une place majeure dans ce livre, mais l’on y croise aussi animaux et herbes, mousses et champignons, algues et bactéries… qui tous témoignent des passionnantes stratégies du vivant sous ces latitudes, que Francis Hallé sait rendre accessibles à tous, même aux non-spécialistes.
Cependant, la découverte des forêts primaires serait incomplète sans l’exploration du versant sombre et tragique de leur histoire : l’exploitation effrénée du bois, les cultures de rente, l’appropriation des ressources naturelles locales par de grandes multinationales issues de pays riches et souvent aidées par ceux-ci, dans une démarche typiquement coloniale.
Les ravages sont aujourd’hui si avancés qu’aucun gouvernement ne pourrait arrêter ni même ralentir la déforestation. Seul un large mouvement de l’opinion publique pourrait, peut-être, y parvenir. Tel est donc le but de cet ardent plaidoyer : non seulement rendre leur vrai visage aux forêts tropicales, suggérer des pistes d’étude et de mise en valeur de leurs ressources, mais surtout susciter l’engagement de tous ceux qui souhaitent voir respectés les derniers fragments de ces somptueuses forêts." http://www.actes-sud.fr/catalogue/botanique/plaidoyer-pour-la-foret-tropicale
Visionnez la conférence de Francis Hallé sur les forêts primaires tropicales à l'Université Inter-âges de Versailles le 23 janvier 2015: http://www.yvesbonis.fr/2015/02/decouvrez-les-forets-primaires-conference-de-francis-halle-2015/
Une passionnante conférence, très pédagogique, très vivante comme toujours, dans laquelle Francis Hallé résume ce que sont les forêts primaires de la zone équatoriale, zone de majeure biodiversité, et norme réelle en matière de biodiversité terrestre ou marine. 100 espèces d'arbres à l'hectare...
Et pour en savoir plus sur les forêts tropicales humides:
A Place Out of Tropical: Tropical Rainforests and the Perils They Face - information on tropical forests, deforestation, and biodiversity
By Rhett Butler
Francis Francis Hallé montrant une coupe de la forêt primaire tropicale. La majorité des espèces se trouve à l'étage de la canopée, au sommet (en noir sur le dessin). Quand ils déboisent les forêts tropicales, les hommes qui coupent à la tronconneuse les arbres de 70 m de haut ne réalisent pas ce qu'ils font. Capture d'écran de la vidéo prise par Yves Bonis lors de la conférence à Versailles le 23 janvier 2015.
Pour que la forêt secondaire (en bas) devienne la forêt primaire (en haut), il faut 700 ans. Ce qui a "secondarisé" la forêt, c'est l'exploitation des espèces commerciales (bois précieux). Conférence de Francis Hallé à Versailles (2015)