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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Les loups du Mercantour et du Québec-Labrador

26 Mai 2015 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

Image extraite du documentaire TV "Les loups du Mercantour"

Image extraite du documentaire TV "Les loups du Mercantour"

"La crainte du loup apparaît avec la christianisation. On a été élevés dans une religion de l'agneau. Le loup et l'agneau, cela ne fait pas très bon ménage..."

"Refuser le loup, c'est refuser le diable, c'est refuser la femme, c'est refuser la nature, c'est refuser l'hérétique, c'est refuser tout ce qu'on ne veut pas, quoi !"

"Le loup est là; ça me suffit. Même si je ne le vois pas."

Cette femme très sympathique, intéressante et sensée (en plus d'être une montagnarde et une naturaliste aguerrie), qui fait des recherches sur le comportement des loups dans le Mercantour, filmée et interviewée dans le documentaire télévisé Les Loups du Mercantour, c'est Geneviève Carbone, ancienne élève de mon collègue et voisin au Bâtiment de la Baleine, le Pr. Raymond Pujol, qui occupait la chaire d'Ethnozoologie au Laboratoire d'Ethnobiologie-Biogéographie du Muséum.

http://www.dailymotion.com/video/x9fnw6_les-loups-du-mercantour_animals

"L'homme est un loup pour l'homme": on peut se demander quelle est la valeur réelle de cette célèbre formule de l'Antiquité (Plaute)* quand on sait que les loups ont une vie sociale extrêmement importante, raffinée, ritualisée, hiérarchisée, où la communication intense permet de résoudre pacifiquement les conflits.  Les loups ne détruisent pas systématiquement leurs semblables et la nature qui les entoure par la bombe atomique, l'agent orange, la pollution, l'esclavage, les camps de concentration, la torture, la misère organisée, etc. Comme tous les prédateurs et Grands prédateurs (le tigre), il exerce un rôle bénéfique sur la nature.

Si l'homme moderne était vraiment un loup pour l'homme, il serait infiniment meilleur et moins méchant et nuisible qu'il ne l'est.

Cette formule est donc fallacieuse car elle prête au loup des défauts et un caractère maléfique qui n'appartiennent en réalité qu'à l'homme, cette espèce dominée par la folie de l'orgueil: l'hybris, la démesure**.

C'est pour cette raison que l'homme a fait du loup son bouc émissaire.

Pierre-Olivier Combelles

Naturaliste, ancien membre du Laboratoire d'Ethnobiologie-Biogéographie du Muséum national d'Histoire naturelle.

* "Homo homini lupus".  Comédie Asinaria (La Comédie des Ânes, vers 195 av. J.-C).

** http://fr.wikipedia.org/wiki/Hybris

 

Sur la relation entre la langue, la culture et la vie dans la nature chez les Montagnais-Naskapi d'autrefois: "Eka takushameshkui": "Ne mets pas tes raquettes sur les miennes" (Alexis Joveneau, O.M.I., 1926-1991) http://pocombelles.over-blog.com/article-eka-takushameskui-ne-mets-pas-tes-raquettes-sur-les-miennes-alexis-joveneau-o-m-i-1926-1991-111383105.html

Geneviève Carbone

Geneviève Carbone

Empreinte de loup ("maikan eshinatakushit")  sur un sentier emprunté traditionnellement par les Montagnais de La Romaine (Innuat de Ulamen Shipit) à travers la toundra à tourbières et krummholz. Basse Côte-Nord du Québec, août 1993. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Empreinte de loup ("maikan eshinatakushit") sur un sentier emprunté traditionnellement par les Montagnais de La Romaine (Innuat de Ulamen Shipit) à travers la toundra à tourbières et krummholz. Basse Côte-Nord du Québec, août 1993. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

 Les Indiens Montagnais-Naskapi (Nutshimiu-Innuat: les hommes de l'intérieur des terres et de la forêt) nomment le loup´"maikan" ou "meikan". Ils ne le chassent pas, ne le craignent pas et ne le haïssent pas (cela va ensemble) et ils n'ont jamais cherché à l'exterminer, contrairement à l'homme blanc et aux peuples d'éleveurs. Il faut préciser que les Montagnais-Naskapi sont (ou plutôt étaient, car ils sont sédentarisés depuis 1950) un peuple de chasseurs migrateurs et qu'à l'instar des autres Amérindiens et Inuit du Subarctique et de l'Arctique d'Amérique du nord, ils n'ont jamais domestiqué le caribou, contrairement aux nomades de Sibérie et de Laponie. Les Montagnais m'ont dit que le loup connaît la langue des Indiens, depuis si longtemps qu'il vit à côté d'eux, chassant les mêmes gibiers... Dessin fait par les vieux chasseurs montagnais de La Romaine dans le dictionnaire illustré montagnais-français "Eukun eshi aiamiast ninan ute Ulamen-Shipit" réalisé et publié en mai 1978 par le Comité culturel des Montagnais de La Romaine en collaboration de toute la population de La Romaine (Québec) et sous la direction de feu le Père Alexis Joveneau, O.M.I., curé des Indiens de La Romaine. Photo et archives de Pierre-Olivier Combelles.

Les Indiens Montagnais-Naskapi (Nutshimiu-Innuat: les hommes de l'intérieur des terres et de la forêt) nomment le loup´"maikan" ou "meikan". Ils ne le chassent pas, ne le craignent pas et ne le haïssent pas (cela va ensemble) et ils n'ont jamais cherché à l'exterminer, contrairement à l'homme blanc et aux peuples d'éleveurs. Il faut préciser que les Montagnais-Naskapi sont (ou plutôt étaient, car ils sont sédentarisés depuis 1950) un peuple de chasseurs migrateurs et qu'à l'instar des autres Amérindiens et Inuit du Subarctique et de l'Arctique d'Amérique du nord, ils n'ont jamais domestiqué le caribou, contrairement aux nomades de Sibérie et de Laponie. Les Montagnais m'ont dit que le loup connaît la langue des Indiens, depuis si longtemps qu'il vit à côté d'eux, chassant les mêmes gibiers... Dessin fait par les vieux chasseurs montagnais de La Romaine dans le dictionnaire illustré montagnais-français "Eukun eshi aiamiast ninan ute Ulamen-Shipit" réalisé et publié en mai 1978 par le Comité culturel des Montagnais de La Romaine en collaboration de toute la population de La Romaine (Québec) et sous la direction de feu le Père Alexis Joveneau, O.M.I., curé des Indiens de La Romaine. Photo et archives de Pierre-Olivier Combelles.

Les immensités sauvages de la péninsule du Québec-Labrador: le lac Kahakaukamakaht ("lac étroit"), sur la chaîne des lacs Coacoachou (Basse Côte-Nord du Québec). Lacs, rivières, taïga, toundra, tourbières et monts érodés par les anciens glaciers. J'y entendais parfois le chant lointain et musical des loups. Photo: Pierre-Olivier Combelles (1992) (1993)

Les immensités sauvages de la péninsule du Québec-Labrador: le lac Kahakaukamakaht ("lac étroit"), sur la chaîne des lacs Coacoachou (Basse Côte-Nord du Québec). Lacs, rivières, taïga, toundra, tourbières et monts érodés par les anciens glaciers. J'y entendais parfois le chant lointain et musical des loups. Photo: Pierre-Olivier Combelles (1992) (1993)

Caribous du Québec-Labrador. Image tirée du film "Mouchouanipi" de Pierre Perreault. Le caribou (Rangifer tarandus) était la proie préférée des Indiens et des loups.

Caribous du Québec-Labrador. Image tirée du film "Mouchouanipi" de Pierre Perreault. Le caribou (Rangifer tarandus) était la proie préférée des Indiens et des loups.

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