Nobles Tchétchènes
VIII
Il faisait tout à fait sombre quand le vieux Jérochka et les trois Cosaques de service, enveloppés dans leurs bourkas[1] et leurs fusils sur l’épaule, longèrent le Térek pour se rendre au « secret ». Nazarka essaya de refuser de les suivre, mais Lucas l’apostropha si violemment qu’il n’osa pas regimber. Ils firent quelques pas en silence, entrèrent dans un sentier à peine visible parmi les roseaux et s’approchèrent du Térek. Une grosse poutre noire, rejetée par l’eau, était sur le rivage, et les roseaux étaient fraîchement froissés tout autour.
« Est-ce ici ? demanda Nazarka.
— Et où donc, si ce n’est ici ? répondit Lucas. Assieds-toi là, je reviens à l’instant.
— C’est le meilleur point possible, dit Ergouchow ; on ne peut nous voir, et nous voyons tout : restons ici. »
Il se blottit derrière la poutre avec Nazarka ; Lucas et Jérochka allèrent plus loin.
« C’est près d’ici, disait Lucas, marchant légèrement et sans bruit devant le vieux homme ; je t’indiquerai où les bêtes ont passé, moi seul le sais.
— Tu es un brave ourvane, répondit le vieux à voix basse, montre-moi l’endroit. »
Après avoir fait quelques pas, Lucas s’arrêta devant une mare et siffla.
« Vois-tu, dit-il à voix basse, c’est ici qu’ils viennent s’abreuver. » Et il montrait les traces récentes du sanglier.
« Que le Christ te sauve, dit le vieux ; ils viendront ici ; je reste ; et toi, va-t’en. »
Lucas serra sa bourka autour de son corps, et revint sur ses pas, le long de la rive, jetant de rapides regards tantôt vers les roseaux, tantôt vers le Térek, qui grondait sourdement dans ses bords. « Ils nous guettent aussi, se dit-il en pensant aux Abreks ; l’un d’eux se glisse peut-être ici pour nous surprendre. »
Un craquement subit dans les roseaux et un clapotement de l’eau le firent tressaillir ; il saisit sa carabine. La forme noire d’un sanglier, se détachant de la surface miroitante du fleuve, disparaissait dans les roseaux. Lucas visa, mais la bête s’enfuit avant qu’il eût eu le temps de lâcher la détente. Lucas fit un geste de dépit et continua son chemin. En approchant du secret, il siffla ; un sifflet pareil lui répondit, il avança vers ses camarades.
Nazarka dormait enveloppé dans sa bourka ; Ergouchow était assis sur ses pieds repliés ; il fit place à Lucas.
« Il fait bon veiller ici, dit Ergouchow, l’endroit est excellent. As-tu reconduit le vieux ?
— Je l’ai reconduit, répondit Lucas, étendant à terre sa bourka. Quel beau sanglier j’ai fait lever, près de l’eau ! L’as-tu entendu ?
— Oui, dit Ergouchow, j’ai entendu le craquement des joncs et je me suis dit que tu faisais lever une bête. »
Ergouchow s’enveloppa de sa bourka.
« Je m’en vais faire un petit somme, réveille-moi au second chant du coq ; le service l’exige ; puis tu dormiras et je veillerai.
— Merci, je n’ai nullement sommeil », répondit Lucas. La nuit était calme, tiède et sombre. De rares étoiles brillaient d’un côté de l’horizon ; la plus grande partie du ciel était couverte d’un gros nuage noir, qui, se fondant au loin avec les montagnes, avançait lentement et envahissait la partie étoilée du ciel. Le Cosaque avait en face de lui le Térek, par derrière et de côté, un rempart de joncs. De temps en temps, et sans cause apparente, les roseaux commençaient à s*agiter et à se frôler. Vus d’en bas, ces roseaux se détachaient comme une masse d’arbres sur le fond clair du ciel. En face, le fleuve grondait. La masse brune et luisante de l’eau se ridait uniformément autour des bancs de sable et du rivage. Plus loin, l’eau, les rives et le nuage noir se confondaient en d’opaques ténèbres. Des ombres flottantes couraient sur l’eau, et l’œil exercé du Cosaque y reconnaissait des branches sèches arrachées au rivage. De rares éclairs, se reflétant dans l’eau comme dans une glace sombre, dessinaient momentanément la rive opposée.
Le murmure des roseaux, le ronflement des Cosaques, le bourdonnement des insectes, le courant du fleuve, tous les bruits monotones de la nuit étaient troublés de temps à autre par une détonation lointaine, la chute d’un morceau de gravier détaché du rivage, le clapotement d’un grand poisson se jouant dans l’eau ou le craquement d’une bête fauve dans les taillis. Un oiseau de nuit, frappant en cadence ses ailes, volait le long du rivage ; arrivé au-dessus des Cosaques, il tourna vers la forêt, où l’on entendit encore longtemps le froissement de ses plumes dans les branches de la vieille tchinara. À chaque bruit inattendu, le jeune Cosaque prêtait avidement l’oreille, clignait des yeux, et tâtait lentement la détente de son fusil.
La nuit avançait. Le nuage noir courait vers l’Occident ; les déchirures de ses flancs laissaient apercevoir le ciel étoilé et le croissant doré de la lune, éclairant les montagnes de sa pâle lueur. L’air fraîchissait vivement. Nazarka se réveilla, causa un moment et se rendormit. Lucas s’ennuyait de son inaction ; il se leva, tira son couteau et se mit à ratisser la baguette de son fusil. Ses pensées se portèrent vers les Tchétchènes, qui vivent dans les montagnes et, bravant les Cosaques, passent le fleuve. Et s’ils allaient le traverser à un autre endroit ? Lucas tendait le cou, scrutait du regard le fleuve, mais n’apercevait rien, excepté la rive opposée faiblement éclairée par le croissant. Il cessa de songer aux Tchétchènes et attendait impatiemment le moment de réveiller ses camarades et de retourner à la stanitsa.
Dounka, sa douchinka[2], comme les Cosaques appellent leur maîtresse, lui, revint à la mémoire ; il songeait à elle avec dépit. L’approche de l’aube se faisait sentir : un brouillard argenté s’élevait du fond de l’eau ; des aiglons commençaient à siffler d’une voix stridente et à battre des ailes. Le premier chant du coq se fit entendre au loin dans la stanitsa, un second plus prolongé lui répondit, puis d’autres encore.
Il est temps de les réveiller, pensa Lucas, qui sentait ses yeux s’appesantir. Il se tourna vers ses compagnons, tâchant de deviner quelles jambes appartenaient à tel individu, lorsque le léger clapotement d’une vague le frappa ; il jeta les yeux vers les montagnes, qui s’estompaient à l’horizon sous le croissant renversé de la lune, vers le bord opposé du Térek et les branches flottantes… Il lui parut que le rivage se mouvait et que le fleuve était immobile ; mais ce ne fut qu’une illusion d’un instant. Il regarda fixement l’eau, et un tronc noir, surmonté d’une longue branche, le frappa particulièrement. Ce tronc flottait d’une manière étrange, sans tournoyer au milieu du fleuve ; il lui parut même qu’il allait contre le courant et coupait le Térek dans ses bas-fonds. Lucas, le cou tendu, les yeux fixés, le suivait ardemment du regard. Le tronc aborda à l’un des bancs de sable ; cela parut suspect à Lucas ; il lui sembla même qu’une main paraissait derrière le tronc. « Ha ! fit-il en saisissant son fusil Je tuerai à moi seul un Abrek ! »
Il plaça rapidement le support, y appuya le fusil, l’arma en retenant sa respiration et, ne perdant pas de vue l’ennemi, il le visa. « Je l’aurai ! » pensait-il. Cependant son cœur battait si violemment qu*il attendit un instant et prêta l’oreille. Le tronc fit un bruyant plongeon, puis recommença à flotter lentement, fendant l’eau dans la direction de notre rive.
Si j’allais le manquer ? pensait le Cosaque. La lueur incertaine de la lune éclaira faiblement un Tatare près du tronc. Lucas visa la tête : elle paraissait tout près, au bout du canon du fusil ; il leva un peu les yeux. « C’est un Abrek ! » se dit-il avec joie, et, se jetant brusquement à genoux, il mit en joue, visa de nouveau, et, cédant machinalement à une habitude d’enfance, il murmura : « Au nom du Père, du Fils… » et lâcha la détente. Le coup de feu éclaira momentanément l’eau, les roseaux, se répercuta sur le fleuve et alla se perdre au loin en un sourd grondement. Le tronc et la branche ne fendaient plus le fleuve, mais tournoyaient emportés par le courant.
(...)
IX
Il commençait à faire jour. On voyait distinctement le cadavre du Tchétchène ballotté sur les bas-fonds. Des pas se firent tout à coup entendre non loin du Cosaque, — les têtes des roseaux s’inclinèrent. Lucas arma et murmura : « Au nom du Père, du Fils… » Au cliquetis du fusil, les pas s’arrêtèrent
« Holà ! les Cosaques ! n’allez pas tuer le diadia ! dit d’une voix calme et basse Jérochka, écartant les roseaux et approchant de Lucas.
— Vrai Dieu ! j’ai failli tirer » s’écria Lucas.
— Et qu’as-tu tué ? demanda le vieux. Sa voix puissante résonna sur le fleuve et dans le bois et dissipa subitement le silence mystérieux de la nuit qui entourait le jeune Cosaque. Le jour parut plus clair.
— Tu n’as rien vu, toi, dit Lucas en désarmant son fusil avec calme ; et moi, j’ai tué une bête fauve. »
Le vieux avait déjà porté ses regards vers les bas-fonds, et ne quittait pas des yeux la forme humaine qui faisait rider la surface de l’eau.
« Il nageait avec la branche attachée à son dos ; je l’ai aperçu de loin… Vois ! pantalon bleu… — fusil, à ce qu’il paraît… Le vois-tu ?
— Comment ne pas le voir ? dit le vieux d*un ton irrité, et son visage prit une expression solennelle et sévère. C’était un djighite ! ajouta-t-il avec compassion.
— J’étais accroupi là, continua Lucas, lorsque je vois flotter quelque chose de noir sur l’autre bord. Chose étrange ! une branche, une énorme branche, flottait sur l’eau, mais le courant ne la portait pas, elle coupait le fleuve dans sa largeur. Voilà qu’une tête paraît par-dessus la branche ; je ne la distingue pas bien de derrière les roseaux, je me soulève… le coquin l’entend, aborde à un bas-fond et se glisse sur le sable. Attrape ! pensais-je, tu ne m’échapperas pas !… Il reparut en rampant… (quelque chose me gêne dans le gosier…). J’arme et je reste immobile… Il recommence à nager,… la lune donne en plein sur lui et je vois clairement son dos… « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ! » Le coup part… je le vois se débattre à travers la fumée… Il pousse un gémissement — ou bien, ai-je cru entendre… Dieu soit loué ! pensai-je, je l’ai tué ! Il essaye de se soulever, les forces lui manquent, il tressaille et tombe raide… J’ai tout vu distinctement ; il doit être mort. Les Cosaques ont couru au cordon ; pourvu que les autres ne nous échappent pas !
— C’est ainsi que tu l’as surpris,… il est loin maintenant… » Et le vieux branlait tristement la tête.
Les cris bruyants des Cosaques se firent entendre ; ils accouraient, les uns à cheval, les autres à pied.
« Apportez-vous la nacelle ? leur cria Lucas.
— Bravo, Loukachka ! s’écria un des Cosaques, amène-le vers le rivage ! »
Loukachka, sans attendre davantage, se déshabilla sans quitter des yeux sa proie.
« Attends donc, Nazarka, avec la nacelle ! criait Touriadnik.
— Imbécile ! prends ton poignard ! il respire peut-être encore ! criait un autre Cosaque.
— Bêtise ! » répondait Lucas, ôtant son haut-de-chausses. Il se signa et s’élança dans l’eau, la faisant rejaillir de tons côtés ; il plongea, reparut à la surface et nagea vers les bas-fonds, fendant le Térek de ses bras blancs et vigoureux. Les Cosaques restés sur la rive parlaient à haute voix. Trois hommes à cheval étaient allés faire la ronde. Nazarka traînant la nacelle parut au détour du chemin. Lucas se dressa sur le banc de sable et secoua le cadavre. « Il est bien mort ! » cria-t-il d’une voix perçante.
La balle avait frappé à la tête le Tchétchène. Il était vêtu d’un haut-de-chausses bleu foncé, d’une chemise et d’un caftan ; il portait un fusil et un poignard attachés sur son dos, et, par-dessus, cette énorme branche qui avait commencé par induire en erreur Lucas.
« Voilà comme on pêche les carpes ! dit un des Cosaques groupés autour du cadavre, qu’on avait tiré de l’eau et étendu sur l’herbe.
— Qu’il est jaune ! disait quelqu’un.
— Où les nôtres sont-ils allés chercher les Abreks ? dirait un autre ; ils sont probablement de l’autre côté de l’eau ; si celui-ci n’était pas l’éclaireur, pourquoi se serait-il hasardé seul ?
— C’est le plus entreprenant, un véritable djighite ! dit ironiquement Lucas, étanchant l’eau des habits du Tchétchène et frissonnant sans cesse ; sa barbe est peinte et taillée.
— Écoute, Loukachka, dit l’ouriadnik, qui tenait dans ses mains les armes du défunt, prends le caftan et le poignard et laisse-moi le fusil, je t’en donnerai trois pièces de monnaie. Le plomb y est, ajouta-t-il en soufflant dans le canon du fusil, je le garderai comme souvenir. »
Lucas ne répondit rien ; il était vexé de l’avidité du chef, mais il savait devoir lui céder. Il fronça le sourcil et jeta à terre le caftan du Tchétchène.
« Si ce diable avait du moins un habit convenable, dit-il ; mais non, une véritable guenille.
— Elle te servira pour aller couper du bois, dit un Cosaque.
— Mosé ! je m’en vais à la maison, dit Lucas à l’ouriadnik, oubliant son dépit et voulant tirer parti du cadeau qu’il lui faisait.
— C’est bon, va ! Enfants, traînez le corps vers le cordon, dit l’ouriadnik sans cesser d’examiner le fusil, et faites une hutte de branchages pour le garantir de la chaleur ; on viendra peut-être le racheter.
— Il ne fait pas si chaud, observa quelqu’un.
— Non, mais les chacals peuvent le déchirer, répliqua l’un des Cosaques.
— Nous posterons une garde ; on viendra le racheter, et il ne serait pas bon qu’on le trouvât déchiré par les chacals.
— Eh bien ! Lucas, fais comme tu l’entends, mais donne un seau d’eau-de-vie aux camarades, dit l’ouriadnik.
— Certainement ! certainement ! crièrent à l’unisson les Cosaques ; vois quelle chance Dieu te donne : pour ton premier coup tu abats un Abrek !
— Achète le poignard et le caftan, répondit Lucas ; donne-m’en bon prix, et que Dieu te bénisse ! Je vends aussi le haut-de-chausses, je n’y entrerais pas ; ce diable était maigre comme une allumette. »
Un des Cosaques acheta le caftan pour une pièce d’argent ; un autre promit deux seaux d’eau-de-vie pour le poignard.
« Buvez, mes amis, dit Lucas, je vous donne un seau d’eau-de-vie ; je l’apporterai de la stanitsa.
— Et le pantalon ? le donneras-tu aux filles pour qu’elles s’en fassent des mouchoirs ? » dit Nazarka.
Les Cosaques éclatèrent de rire.
« Assez de rires, dit l’ouriadnik, traînez plus loin le corps ; pourquoi l’avez-vous laissé si près de l’izba ?
— À quoi bayez-vous ? cria impérieusement Lucas aux Cosaques, qui hésitaient à tirer le cadavre ; traînez-le par ici ! » Tous obéirent comme si Lucas était le chef. Au bout de quelques pas ils s’arrêtèrent et lâchèrent les jambes du cadavre, qui tombèrent raides et inertes sur le gazon. Nazarka s’approcha et souleva la tête du mort pour voir ses traits et la trace sanglante qu’il avait à la tempe. « Il l’a marqué au front, dit-il, il ne se perdra pas, les siens le reconnaîtront. »
Personne ne répondit : l’ange du silence touchait de son aile tous les Cosaques.
Le soleil était levé, et ses rayons se jouaient dans la rosée ; le Térek grondait en roulant ses eaux à travers la forêt ; les faisans saluaient de leurs cris le réveil de la nature. Les Cosaques entouraient le cadavre, recouvert seulement du haut-de-chausses imbibé d’eau et serré à la taille par une ceinture. C’était un homme beau et bien fait ; ses mains musculeuses pendaient, raidies, le long des flancs ; son front hâlé tranchait vivement avec la blancheur bleuâtre de sa tête rasée ; le sang s’était figé près de la blessure ; les yeux ternes et vitreux étaient ouverts et semblaient regarder au loin ; les lèvres, minces et tendres, semblaient sourire avec bonhomie et finesse sous la moustache rousse ; les doigts crispés étaient couverts de poils aux jointures, et les ongles teints en rouge.
Lucas ne s’était pas encore habillé, son cou était très rouge, ses yeux brillaient plus que d’ordinaire, un mouvement nerveux agitait ses larges pommettes, une vapeur presque imperceptible s’élevait de son corps jeune et robuste, frissonnant à l’air froid du matin.
« C’était un homme ! murmura Lucas, admirant malgré lui la beauté du cadavre.
— Oui-da ! observa un des Cosaques, s’il pouvait te saisir maintenant, il ne te lâcherait pas. »
L’ange du silence s’était envolé. Les Cosaques se remirent en mouvement, et les gais propos recommencèrent. Deux d’entre eux allèrent tailler des branches pour la hutte, d’autres retournèrent au cordon. Lucas et Nazarka coururent se préparer au départ pour la stanitsa.
Une demi-heure plus tard, tous deux traversaient en courant les épais taillis qui séparent le Térek de la stanitsa, et ils ne cessaient de parler entre eux.
« Ne lui dis pas que c’est moi qui t’envoie, disait Lucas d’un ton bref ; sache seulement si le mari est à la maison.
— Et moi, j’irai chez Jamka ; ferons-nous bombance ce soir ? demanda Nazarka, toujours prêt à obéir.
— Certainement ! aujourd’hui ou jamais ! » répondit Lucas.
Arrivés à la stanitsa, les deux Cosaques se rafraîchirent d’un verre d’eau-de-vie, et se jetèrent à terre pour dormir jusqu’au soir.
Comte Léon Tolstoï: Les Cosaques - Souvenirs de Sébastopol. Traduit du russe. Deuxième édition. Paris, Librairie Hachette et Cie, 79, boulevard Saint-Germain, 79, 1886.
https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Tolsto%C3%AF_Les_Cosaques.djvu
Léon Tolstoï: Hadji Mourat
"Hadji Mourat est un chef de clan caucasien renommé auprès de ses adversaires pour son intelligence militaire hors pair, qui a combattu l'Empire Russe au moment de la "Guerre de Pacification du Caucase" menée par le Tsar Nicolas I au XIXe siècle. Au gré des enjeux de pouvoirs, des trahisons entre différents clans et hommes de pouvoirs tchétchènes, il en vient à se retrouver l'adversaire du Cheikh Chamil, imam du clan des Avares, et principal opposant au Tsar, qui tient en otage la famille Hadji Mourat. Ce dernier fait donc le choix d'une alliance contre nature avec les Russes pour sauver les siens...
Cet ouvrage brille tout d'abord par son caractère historique. En effet, Léon Tolstoï, comme le témoignent les notes de l’édition Folio, révèle que, derrière ce récit, se cache en réalité un travail méticuleux de recherches sur le sujet pour coller au plus près à la réalité. Les personnages ainsi cités sont presque tous des personnages historiques. Les conflits de pouvoir entre différents rois (ou Khans) caucasiens, ainsi qu’avec les Russes, y sont très bien présentés. Les horreurs commises par l'armée tsariste, qui laissent penser qu'hier comme aujourd'hui, la terreur a toujours été utilisée par l'Etat russe dans cette région pour affirmer son pouvoir, sont décrites de manière fidèle. L'édition parue à Moscou en 1896 sera pour ces raisons censurée (les passages censurés ont néanmoins pu être conservés grâce à l'édition parue à Berlin). C’est pourquoi Hadji Mourat est une précieuse source d’informations sur la situation politique de la Tchétchénie du milieu du XIXe siècle, aussi bien qu’un puissant éclairage sur la triste situation d’aujourd’hui en plus d’être, bien évidemment, un passionnant roman.
On peut également se réjouir de la qualité de l’édition, qui comporte des notes explicatives très utiles pour comprendre les évènements narrés par l’auteur russe et les relier aux faits historiques, des cartes en annexe du Caucase et de la Tchétchénie et une traduction excellente, qui conserve astucieusement les mots Koumyks (un dialecte tatar très proche du turc) dans leur langue d’origine.
Enfin, on retient surtout de la lecture de cette oeuvre la fierté et l’honneur renommés des Tchétchènes dont Tolstoï fait un éloge vibrant, tout d’abord par la célèbre métaphore du chardon représentant la mort héroïque du chef de clan caucasien Hadji Mourat ainsi que par la présentation de divers aspects des codes de la vie tchétchène – notamment celui de la reconnaissance envers l’hôte ou kounak en Koumyk. Ces détails sur les us et coutumes de ce peuple courageux décuplent le charme de ce voyage oriental à l’époque de la Guerre de Pacification du Caucase."
Carte des régions du Caucase. La République de Tchéchénie (capitale Grozny, dévastée lors de la 1e et de 2e guerre de Tchétchénie) se trouve au centre-est du Grand Caucase. Elle est traversée par le fleuve Terek qui se jette dans la mer Caspienne. Source de l'illustration: http://www.populationdata.net/images/cartes/caucase_region.jpg Gr
08 août 2014
Ramzan Kadyrov : "En République de Tchétchénie il ne doit pas y avoir une seule personne âgée abandonnée"
Le général du ministère de l'intérieur, Chef de la République de Tchétchénie Ramzan Kadyrov, a tenu, le 6 août, une réunion sur le développement du système de protection sociale des personnes âgées, sujet à l'ordre du jour de la réunion du conseil d'Etat du 5 août, à Voronej, sous la présidence du Président de la Fédération de Russie.
Ramzan Kadyrov a exigé de garder particulièrement sous contrôle les problèmes soulevés par Vladimir Poutine (amélioration des conditions de vie des personnes agées et handicapées) et tout faire pour que les personnes âgées puissent se sentir considérées et utiles à la société. Il a souligné que "les cas où les familles se séparent des personnes âgées sont inacceptables".
"Chez les Tchétchènes on est particulièrement respectueux envers les citoyens d'un certain âge. Il en a toujours été ainsi ! Depuis des siècles on considère comme honteux d'abandonner des personnes âgées. Mais, néanmoins, il existe des cas isolés, où ils se retrouvent dans des établissements sociaux, alors que des parents - proches ou lointains sont vivants. Ceci est contraire à notre mentalité et jette une ombre sur l'ensemble du peuple tchétchène", a souligné le Ramzan Kadyrov.
Le chef de l'administration du Chef et du Gouvernement de la République de Tchétchénie Magomed Daoudov a indiqué que la seule institution de tutelle des personnes âgées est le centre républicain de gérontologie. Il y réside 92 personnes. Ce ne sont pas seulement des personnes âgées, mais aussi les personnes handicapées. Selon lui, 27 d'entre elles sont ethniquement des tchétchènes.
Selon Ramzan Kadyrov, il est nécessaire de comprendre les raisons pour lesquelles ces gens ont renoncé à leurs parents âgés, et éliminer tous les problèmes.
"Notre tâche est de résoudre le problème rapidement et efficacement. En République de Tchétchénie il ne doit pas y avoir une seule personne âgée abandonnée".
Sources : http://lemonderusse.canalblog.com/archives/2014/08/08/30377922.html
http://chechnyatoday.com/content/view/279986
LES TCHERKESS: Adyghés Kabardes Circassiens par Georges HAGONDOKOFF http://igor.hagondokoff.perso.sfr.fr/circassien.html
Première guerre de Tchétchénie (Wikipedia): https://en.wikipedia.org/wiki/First_Chechen_War
"In 1944, on the orders of NKVD chief Lavrenti Beria, more than a half million Chechens, the Ingush and several other North Caucasian people were deported to Siberia and to Central Asia."
Seconde guerre de Tchétchénie (Wikipedia): https://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_guerre_de_Tch%C3%A9tch%C3%A9nie
Menaces sur la faune et la flore du Caucase:
The Caucasus region has been inhabited and affected by human communities for tens of thousands of years, with on average nearly half of the land in the region already transformed by human activities. Nevertheless, several pristine areas remain in the hotspot, mostly in remote high-altitude areas and inaccessible gorges. About 27 percent of the area, totaling 145,000 km2, remains as natural habitat; however, only about 12 percent of the original vegetation is considered pristine. Most of the hotspot's intact ecosystems are concentrated in inaccessible high mountain sites, while the plains and the foothills have suffered the most habitat loss. (...)
http://www.eoearth.org/view/article/150637/
En cette veille de Noël, dans ce pays de France gouverné par l'argent et par l'individualisme, où les membres d'une famille sont indifférents au malheur des autres membres de leur famille, les habitants des villes et des villages au malheur des autres habitants, les dirigeants de l'État et les élus au malheur de leurs concitoyens, les Français au malheur des populations civiles des pays lointains que leurs armées écrasent ou laissent écraser sous les bombes, et les hommes aux malheurs de la Nature toute entière qui souffre sous les multiples déprédations de l'homme, saluons la noblesse, la vaillance et l'humanité des Tchétchènes, fiers montagnards du Caucase.
P.O.C.
Sur le même blog et le même sujet: Les Cosaques http://pocombelles.over-blog.com/2015/12/chants-cosaques.html