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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

De l'autre côté des collines de Lima...

28 Août 2016 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Pérou, #Société, #Politique

Peut-on qualifier d'être humain une personne dépourvue de compassion ? C'est une véritable bête.

Sri Sarada Devi, épouse spirituelle de Sri Râmakrishna Paramahamsa.

https://pocombelles.over-blog.com/2024/04/la-sainte-mere-sri-sarada-devi.html

Au sud de Lima: à gauche, les quartiers résidentiels de Valle Hermoso de Monterrico et de Casuarinas (Surco). A droite, de l'autre côté de la crête de la colline, le "pueblo joven" de Pamplona s'étend à perte de vue dans le désert, suivi par ceux de San Juan de Lurigancho, Villa El Salvador, etc. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2016)

Au sud de Lima: à gauche, les quartiers résidentiels de Valle Hermoso de Monterrico et de Casuarinas (Surco). A droite, de l'autre côté de la crête de la colline, le "pueblo joven" de Pamplona s'étend à perte de vue dans le désert, suivi par ceux de San Juan de Lurigancho, Villa El Salvador, etc. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2016)

El envidioso es peor que el ladrón. El ladrón es el que te roba tu Toyota viejo para venderlo y luego comprar drogas, alcohol o comida para sus hijos. El envidioso es el que pasa frente a tu casa manejando su Ferrari y para un momento para tirarle un ladrillo al parabrisas de tu Toyota para que no puedas disfrutarlo.

Leo J. Trese, The Faith Explained (Manila: Sinag-Tala Publishers, 1983), p. 60. In: Fidel Castro el envidioso, by Servando Gonzalez. Octubre 30, 2014.

 

Que signifient les formules "émergent"  et "inclusion sociale" pour un pays qui n'a presque plus aucune industrie de transformation, qui prostitue ses ressources naturelles: pétrole, gaz naturel, mines, forêts de l'Amazonie, pêche, etc. aux compagnies étrangères (ou nationales), dont le gouvernement et le parlement sont aux ordres du mondialisme  et qui continue à être gouverné par la même ploutocratie corrompue et cynique que dénonçait Humboldt au XIXe siècle alors que les Andes se dépeuplent de leurs paysans, que les tribus et la forêt de l'Amazonie sont en proie à la destruction, que le Pérou est devenu le premier producteur mondial de cocaïne devant la Colombie et la Bolivie, que toutes ses réserves sont en dollars et que la capitale, Lima, en plein désert côtier, mégapole d'une hideur monstrueuse, compte aujourd'hui dix millions d'habitants, le tiers de la population totale du pays, la plupart vivant dans des conditions misérables?

La société péruvienne, fondamentalement et férocement coloniale, évolue selon le schéma de la ploutocratie actuelle: les transnationales et les riches d'un côté, défendus par l'État; et les miséreux, les plus nombreux et qui augmentent sans cesse, de l'autre. Je dis bien les miséreux, et non les pauvres, parce qu'un pauvre a le nécessaire mais pas le superflu, tandis qu'un miséreux manque du nécessaire. Y compris, et surtout de la beauté. Quant un peuple vit dans la laideur générale: celle de l'habitat, celle de l'habillement, celle des manières, des médias et du pouvoir politique, n'est-il pas arrivé, sans forcément le savoir, à la pire forme de la misère ?

Les trois-quarts des chauffeurs de taxi à Lima ont un autre métier dont ils n'arrivent pas à vivre. Les enseignants font la même chose à cause de leurs salaires de misère. Les paysans des Andes abandonnent la culture de leurs terres pour travailler dans les mines ou rejoindre leurs enfants dans les bidonvilles (pueblos jovenes, barrios). Les domestiques des maisons bourgeoises travaillent douze heures par jour auxquelles s'ajoutent quatre heures de transport quotidiennes dans le vacarme et la pollution pour gagner trois soles de l'heure (moins de un euro). Les minibus et les cars urbains sont pleins de gens qui mendient. Le soir, dans la rue, des enfants de dix ans font des exercices d'acrobatie devant les 4x4 des riches arrêtées aux feux rouges, pour manger et rapporter un peu d'argent à la maison. Les jeunes se prostituent et se droguent.

Pendant ce temps-là, en privé, dans leurs villas des quartiers résidentiels, les politiciens et idéologues de gauche  déclarent tranquillement, avec un mépris assassin: "El pueblo es estupido, los animales son bestias, la naturaleza es bruta" (le peuple est stupide, les animaux sont bêtes, bestiaux, la nature est brute), "No tenemos que ocuparnos e los pobres, si son pobres, es por su culpa" (Nous n'avons pas à nous occuper des pauvres; s'ils sont pauvres, c'est de leur faute) ou "El tonto vive de su trabajo, el inteligente vive del tonto" (l'idiot vit de son travail, l'intelligent vit de l'idiot).

Il suffit, pour les riches, de faire comme si la misère et la nature n'existaient pas. Ce n'est pas difficile, parce que, si pour eux, elles n'existent pas, c'est parce qu'ils ont fermé leurs yeux et fait mourir leur âme, depuis longtemps, pour ne pas les voir.

Pierre-Olivier Combelles

 

Sur le même sujet et sur le même blog:

Del "feminicidio" al "Pachamamacidio"

http://pocombelles.over-blog.com/2016/08/del-feminicidio-al-pachamamacidio.html

La envidia (l'envie) par Servando Gonzalez

http://pocombelles.over-blog.com/2016/01/la-envidia-l-envie-par-servando-gonzalez.html

Le "pueblo joven" Pamplona, au sud-sud-est de Lima. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2016)

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Hergé: Tintin et les Picaros

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