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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Nature et finalité de l'État (Aristote, "Politique")

22 Octobre 2020 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Philosophie, #Politique

« Tous les États qui, au contraire, se préoccupent d’une bonne législation, portent une attention sérieuse à ce qui touche la vertu et le vice chez leurs citoyens. Par où l’on voit aussi que la vertu doit être l’objet du soin vigilant de l’État véritablement digne de ce nom et qui ne soit pas un État purement nominal, sans quoi la communauté devient une simple alliance, qui ne diffère des autres alliances conclues entre États vivant à part les uns des autres que par la position géographique; et la loi n’est alors qu’une convention, elle est, suivant l’expression du sophiste Lycophron, une simple caution garantissant les rapports de justice entre les hommes, mais elle est impuissante à rendre les citoyens bons et justes. »

 

(…)

 

« Mais l’État, c’est la communauté du bien-vivre et pour les familles et pour les groupements de familles, en vue d’une vie parfaite et qui se suffise à elle-même. Pourtant pareille communauté ne se réalisera que parmi ceux qui habitent un seul et même territoire et contractent mariage entre eux. De là sont nés dans les cités à la fois relations de parenté, phratries, sacrifices en commun et délassements de société.

Or ces diverses formes de sociabilité sont l’œuvre de l’amitié, car le choix délibéré de vivre ensemble n’est autre chose que de l’amitié. Aussi, tandis que la fin de l’État est la vie de bonheur, ces diverses associations existent en vue de la fin. Et un État est la communauté des familles et des villages dans une vie parfaite et indépendante, c’est-à-dire, selon nous, dans le fait de vivre conformément au bonheur et à la vertu. Nous devons donc poser en principe que la communauté politique existe en vue de l’accomplissement du bien, et non pas seulement en vue de la vie en société. C’est précisément pourquoi ceux qui apportent la contribution la plus importante à une société fondée sur ces bases ont dans l’État une part plus grande que ceux qui, tout en étant égaux ou même supérieurs en liberté et en naissance, leurs sont inégaux en vertu civique, ou que ceux qui, tout en les dépassant en richesses, leurs sont inférieurs en vertu. »

 

Aristote, Politique, III, 9.

 

Traduction par J. Tricot. Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 1995.

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