Lettre ouverte à nos gouvernants, par un collectif de militaires (14 avril 2021, blog Place d'Armes)
14 avril 2021
Lettre ouverte à nos gouvernants
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs du Gouvernement,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
L'heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays.
Nos drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d'étoffe, ils symbolisent la tradition, à travers les âges, de ceux qui, quelles que soient leurs couleurs de peau ou leurs confessions, ont servi la France et ont donné leur vie pour elle. Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d'or les mots "Honneur et Patrie". Or notre honneur aujourd'hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre patrie.
– Délitement qui, à travers un certain antiracisme, s'affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés. Aujourd'hui certains parlent de racialisme, d'indigénisme et de théories décoloniales, mais, à travers ces termes, c'est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. Ainsi s'en prennent-ils, par le biais de statues, à d'anciennes gloires militaires et civiles en analysant des propos vieux de plusieurs siècles.
– Délitement qui, avec l'islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution. Or chaque Français, quelle que soit sa croyance ou sa non-croyance, est partout chez lui dans l'Hexagone ; il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la République ne s'appliquent pas.
– Délitement car la haine prend le pas sur la fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les forces de l'ordre comme agent supplétif et bouc émissaire face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs. Ceci alors que des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l'ordre. Pourtant ces dernières ne font qu'appliquer les directives, parfois contradictoires, données par vous, gouvernants.
Les périls montent, la violence s'accroît de jour en jour. Qui aurait prédit il y a dix ans qu'un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? Or nous, serviteurs de la Nation, qui avons toujours été prêts à mettre notre peau au bout de notre engagement – comme l'exigeait notre état militaire, ne pouvons être devant de tels agissements, des spectateurs passifs.
Aussi ceux qui dirigent notre pays doivent impérativement trouver le courage nécessaire à l'éradication de ces dangers. Pour cela, il suffit souvent d'appliquer sans faiblesse des lois qui existent déjà. N'oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos silences coupables.
Comme le disait le cardinal Mercier, primat de Belgique : « Quand la prudence est partout, le courage n'est nulle part. » Alors, Mesdames, Messieurs, assez d'atermoiements, l'heure est grave, le travail est colossal ; ne perdez pas de temps et sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation.
Par contre, si rien n'est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant, au final une explosion et l'intervention de nos camarades d'active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national.
On le voit, il n'est plus temps de tergiverser sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers.
Source originale:
https://www.place-armes.fr/post/lettre-ouverte-a-nos-gouvernants
Entrevue avec Jean-Pierre Fabre-Bernadac, rédacteur et signataire de la tribune, sur France-Soir:
"Chaque homme dans le rang monte la garde de la patrie".
Maréchal Mannerheim
L'ancien aumônier des parachutistes Richard Kalka s'en prend au général François Lecointre, le chef d'état-major des armées qui a annoncé le passage devant un conseil militaire de 18 signataires de la tribune encore en activité.
Paramicalement. Mon Général,
Nous nous sommes croisés la dernière fois en juin 2019, au colloque consacré au 25ème anniversaire de l’opération Turquoise. Je ne suis pas très connu dans l’armée française, mais l’armée de terre me connaît, surtout les parachutistes. La plupart des soldats savent qui je suis : celui qui, depuis 1985, les a accompagnés sur tous les théâtres d’opération. Je dis bien « tous », jusqu’à l’Afghanistan, la dernière mission de mon parcours. J’ai toujours répondu « présent » pour être en tant que prêtre, ami et frère d’armes dans n’importe quelles conditions à côté de ceux qui avaient besoin de moi. Dans « la boue, la sueur et la bagarre », comme ils disaient. Et ils étaient nombreux, très nombreux. Il suffit de leur poser la question ; encore faut-il pouvoir le faire, car pour les questionner il faut être près d’eux, à leur côté. Ce qui n’est plus ton cas depuis fort longtemps, même si tu peux t’encenser d’un fait d’armes à Sarajevo, grâce au courage des soldats-marsouins de ta section.
Comme tu sais, mais tu préfères l’ignorer, nous étions deux ou trois fois sur les mêmes théâtres d’opération. Aujourd’hui, nous sommes aussi ensemble au combat, mais ce combat est d’une autre nature. Tout chef, lorsqu’il doit prendre des décisions importantes, est seul. J’ai connu, à plusieurs reprises, cette solitude des chefs. Dans certains cas, ils m’ont demandé de prier pour eux. Comme aujourd’hui, je prie pour toi. Mais il y a deux catégories de chef et deux sortes de solitude. Le premier est pendu au câble du téléphone et attend les directives venant d’en haut. Quelles que soient ces directives, il les accepte sans broncher, car il ne pense qu’à son avancement. Le second se met devant Dieu et sa conscience, et décide. Oui, je sais, ce n’est pas évident de prendre ce genre de décision, c’est même très dur d’assumer ainsi cette volonté qui pourrait être, et en général, elle est celle du Ciel. Elle vient toujours du Ciel, d’ailleurs, dès qu’il est question de vérité, de courage et d’honneur.
En voulant aujourd’hui punir et sanctionner les soldats – je les appelle « soldats », quel que soit leur grade parce qu’ils ont eu le courage d’aller au feu – tu revêts l’uniforme du premier, celui qui ne pense qu’à lui et son avancement. Es-tu fier ? Quel avancement, puisque tu es au sommet de la carrière militaire ! Je te plains sincèrement. Tu devras un jour en répondre devant Dieu, si tu es croyant. En attendant, tu pourras t’enorgueillir d’avoir cassé tes anciens qui n’avaient pour bouclier, face au pouvoir politique indigne, que leur honneur mué en un cri d’alarme. Et surtout tu pourras te complimenter d’avoir puni sous les feux de la rampe des soldats plus jeunes parce qu’ils avaient osé s’associer à ce cri de désespoir, à la vérité qu’il traduit. Tu pourras te vanter d’avoir en même temps jeté l’opprobre sur les Anciens et sanctionné des Jeunes, à cause de leur courage.
Amitiés à tous !
Padre Richard KALKA
P.S. Je pense que certains destinataires de ce texte seront en total désaccord avec moi.
Source: Valeurs actuelles
"Le Père Kalka fut aumônier du 1er régiment de chasseurs parachutistes, mais aussi ancien curé de Mazères dans le Gers. D’origine polonaise, il est marqué dans son adolescence par le joug soviétique. À l’âge de 16 ans, saisi par la foi, il trouvera son chemin. Après son bac, ce sera le séminaire et l’ordination en 1975. En 1978, il arrive en France pour continuer ses études. Ne parlant que quelques mots de français, Richard Kalka travaille la langue de Molière pour, par la suite, intégrer la Sorbonne et ressortir quelques années plus tard avec un doctorat en philosophie. Il devient aumônier militaire en 1985 et est amené à accompagner et soutenir par sa présence pendant près de trente ans les soldats, plus particulièrement les parachutistes et les légionnaires, aux quatre coins du monde : au Tchad, au Cambodge, dans le Golfe, au Rwanda, à Sarajevo, au Kosovo, en République centrafricaine, au Burundi, au Gabon ou encore en Afghanistan. Son engagement lui a valu d’être titulaire de nombreuses décorations parmi lesquelles le grade de chevalier de la Légion d’honneur, la Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs avec une citation, la Croix de la valeur militaire avec une citation et depuis le 8 mai il est élevé au grade de commandeur de l’ordre national du Mérite, dont la médaille lui est remise par le général de division Frédéric Thuet. Ce père hors normes qui aime dire «je ne crois pas en Dieu, je vis avec» a également publié deux livres : «Dieu désarmé, journal d’un curé de campagne» et «Père Jego, un prêtre, un para, une légende».
Michel Janva
Source: https://www.lesalonbeige.fr/la-lettre-que-le-pere-kalka-aurait-pu-envoyer-au-general-lecointre/