¿ Na wai taua ? Conférence à Lima (Pérou) le 15 mai 2012
¿ Na wai taua ?
CONFERENCIA
Martes 15 de Mayo del 2012
Hora : 10 am. (hora exacta)
Auditorio del Museo de Historia Natural (UNMSM)
Av. Arenales 1256, Jesús Maria
a cargo del
Dr. Pierre-Olivier Combelles
Etnobiólogo (I.A.E.E., Francia)
"La tierra es redonda y el mundo es uno solo. La historia de los hombres, de las plantas y de los animales nos abre los ojos sobre America y sus relaciones inmemoriales con los otros continentes que el mar ha unido".
¿ Na wai taua ? : en māori (Nueva Zelanda, Aotearoa), pregunta ritual a los extranjeros : «¿ De dónde vienes ; cual es tu genealogía ? »
Sur le site de la Universidad nacional Mayor de San Marcos:link
Affiche de la conférence: link
Matariki, Fête des Pléiades, le Nouvel-An maori
La magnifique constellation des Pléiades, broche d'étoiles bleutées auréolées de nuages de poussières lumineux, brille à l'extrémité de l'alignement PAMS (Pléiades-Aldébaran-Mages-Sirius). Dans l'hémisphère nord, les Pléiades sont en haut et Sirius en bas, et dans l'hémisphère sud, les Pléiades sont en bas, vers l'horizon, et Sirius est en haut.
L'époque d'une étoile, d'un amas d'étoiles (Pléiades) ou d'une galaxie (Nuages de Magellan) se définit donc par son apparition et sa disparition de l'horizon. Sa hauteur maximale au-dessus d'un lieu (déclinaison) sert de repère pour la navigation.
Les Maoris nomment les Pléiades Matariki. Ils ont un nom pour chacune des sept étoiles principales. Il semblerait que Matariki soit le nom d'une d'entre elles, qui serait la mère des six autres. Une légende raconte leur formation dans le ciel:
Tāwhirimātea, l'atua (présence divine) des vents et des éléments naturels, entre en guerre contre ses frères aînés parce qu'ils ont séparé leurs parents, Ranginui (le ciel) et Papatūānuku (la terre). Dans sa colère, il arrache ses yeux et les lance dans le ciel. Matariki signifie "yeux du dieu" (mata ariki) ou "petits yeux" (mata riki).
Pour ces grands voyageurs du Pacifique, qui s'installèrent un jour à Aotearoa, l'Île du Grand Nuage Blanc (Nouvelle-Zélande) à la suite de leur héros mythique Kupé, l'apparition et la disparition des Pléiades dans le ciel austral et la montée de l'étoile Waanui (Vega) coïncident avec la période des récoltes, au moment du solstice d'hiver.
Ka puta à Matariki, ka rere à Whaanui - ko te tohu ò te tau
Les Pléiades réapparaissent, Waanui prend son vol - Ce sont les signes de l'époque du Nouvel An maori !
Te Oha, le grenier à récoltes maori
C'est pour cela qu'elles symbolisaient, avec les récoltes et la fertilité ("Matariki ahunga nui": "Matariki procure la nourriture en abondance"), la Nouvelle année et le souvenir des morts.
Cette ancienne tradition, abandonnée progressivement après la colonisation anglaise, est en train de renaître pour supplanter le 1er janvier et Halloween, et même la fête pour l'anniversaire de la Reine d'Angleterre comme fête nationale.
La Fête du Nouvel An Matariki a lieu désormais chaque année, à la fin juin.
Le grand ethnographe des Maori, Elsdon Best a remarqué que les Maori avaient une extraordinaire acuité visuelle. Ils étaient non seulement capables de distinguer plus de 7 étoiles dans les Pléiades, mais aussi les satellites de Jupiter*.
De l'autre côté du Pacifique, en Amérique du Sud, les Incas et les peuples andins révéraient aussi les Pléiades (comme beaucoup d'autres peuples, les Grecs par exemple), symbole de l'activité agricole, dont l'apparition en décembre et la disparition en mai marquaient également la saison des pluies et le temps des récoltes. Leur nom est Qollqa en quechua, ce qui signifie "silo à grains". Ces silos, qollqas, étaient des constructions circulaires, en pierre ou en adobe, à toit de chaume, soigneusement closes, dans lesquelles on conservait les grains et les légumes secs. On en voit encore les ruines, en rangées parallèles, dans les environs du lac Junin, dans les Andes centrales du Pérou, à 4000 m d'altitude.
Une salle était consacrée aux Pléiades dans le Temple du Soleil, au Cuzco, la capitale des Incas dans les Andes (Inca Garcilaso de la Vega: Comentarios Reales sobre los Incas del Peru).
Pour en savoir plus:
Matariki - Maori New Year par Paul Meredith, sur le site The Encyclopedia of New Zealand: link
* Eldson Best: The astronomical knowledge of the Maori, genuine and empirical. Dominion Museum, Wellington, NZ (Atearoa): link
Et pour ceux qui s'intéressent aux relations ancestrales entre l'Amérique du sud et le Pacifique et qui se trouveraient à Lima, au Pérou, le 15 mai, Pierre-Olivier Combelles donnera une conférence intitulée "Na wai taua ?" (d'où venez-vous, quelle est votre généalogie ?, en maori) à l'amphithéâtre du Muséum d'Histoire Naturelle, Avenida Arenales, de 10h à 12 h.
Site de la Universidad Nacional Mayor de San Marcos:link
Affiche: link
La révolution islandaise: un exemple pour le monde entier !
Une vidéo québécoise pour expliquer en cinq minutes la révolution réussie du peuple islandais contre le racket des banques privées: link
La tête de flèche indienne (Thoreau)
Pointe de flèche trouvée par Pierre-Olivier Combelles en 1997 dans la puna de la région du lac Chinchaycocha (ou lac Junin), dans les Andes centrales du Pérou, à 4200 m d'altitude
Mars 1859
Le temps détruit vite les œuvres des peintres et des sculpteurs fameux, mais la tête de flèche des Indiens résiste à ses efforts et il faudra que l’éternité vienne à son aide. Ce ne sont pas des os fossilisés, mais plutôt pensées fossilisées, devant lesquelles je songe à l’esprit qui les forma. Je voudrais savoir que je suis constamment sur les traces du gibier humain – que je marche sur la piste de l’esprit – et les souvenirs ne manquent jamais de me remettre sur le bon chemin. En voyant ces signes, je sais que les esprits qui les ont façonnés ne sont pas loin de nous, quelque métamorphose qu’ils aient subie. Labourez, piochez, et jurez que vous ne laisserez pas pierre sur pierre : la flèche indienne n’en sera que mieux préservée car, en retournant une couche, vous enfouissez l’autre plus profondément. La flèche rouille en paix. Son signe est fait pour survivre à tous. Les grandes massues, les haches peuvent se briser, se perdre, mais la tête de flèche peut-être ne cessera de fendre les siècles jusqu’à l’éternité. Elle ne fut conçue que pour une courte envolée : pour ma pensée, elle vole encore à travers les âges, portant le message de la main qui la lança. Des myriades de têtes de flèches dorment sous la croûte de notre planète tourbillonnante, tandis que les météores tournent dans l’espace. Empreintes des pieds, empreintes de l’esprit des plus anciens des hommes. Lorsqu’un chef vandale aura rasé le British Museum, que les taureaux ailés de Ninive auront leurs traits effacés, toutes les têtes de flèches que le musée contient reprendront leur place dans la poussière familière, se remettront à briller en de nouveaux printemps, à la surface nue du sol et, pour la millième fois, un berger, un sauvage passant par là, les ramassera, et évoquera leur histoire.
Henry David Thoreau. Journal. Extraits choisis et traduits par R. Michaud et S. David. Présentation de Kenneth White. Denoël (1930) 1986.
Note: En anglais, la pointe de flèche se dit "arrow head", littéralement "tête de flèche".