La leçon de Lesson
René Primevère Lesson
(Rochefort sur mer, 21 mars 1794-Rochefort sur mer, 28 avril 1849)
A suivre...
Guerriers maori d'Aotearoa (Nouvelle-Zélande) dansant le haka, danse de guerre. Les haches et les fusils sont de traite ou enlevés aux ennemis, mais l'un d'entre eux brandit le casse-tête de jade traditionnel, le célèbre patou-patou.
"Nous n'avons jamais compris le mot sauvage, tel qu'il est usité en Europe, pour désigner des peuples stationnaires dans leur civilisation. Tous ces sauvages ont un culte, quelque grossier qu'il soit, reconnaissent des autorités supérieures, ont des idées sociales depuis longtemps arrêtées, cultivent les beaux-arts, notamment toutes les productions de leur sol et en savent les propriétés. Or, comparons ces prétendus sauvages avec les gens de nos campagnes! Les Nouveaux-Zélandais ont donc aussi leurs beaux-arts, non ceux qui consistent à élever des pyramides, bâtir des palais et faire revivre sur la toile les plus beaux traits de l'histoire, mais ceux qu'il leur est possible de cultiver par tradition au milieu du petit nombre de ressources qu'ils possèdent.
René-Primevère Lesson, Voyage autour du monde, exécuté par ordre du Roi, sur la Corvette de Sa Majesté La Coquille, pendant les années 1822, 1823, 1824 et 1825 sous le ministère de S.E.M. le Marquis de Clermont-Tonnerre, et publié sous les auspices de son excellence M. le Cte de Chabrol, Ministre de la Marine et des Colonies, par L. I. Duperrey, Chevalier de St Louis et de la Légion d'Honneur, Capitaine de Frégate, Commandant de l'Expédition. Tome IV.
Gouverner un pays, gagner l'Empire (Tao Tö King)
III
En n’exaltant pas les hommes de talent, on obtient que le peuple ne lutte pas.
En ne prisant pas les biens d’acquisition difficile, on obtient que le peuple ne soit pas voleur.
En ne lui montrant pas ce qu’il pourrait convoiter, on obtient que le coeur du peuple ne soit pas troublé.
Voilà pourquoi le Saint, dans son gouvernement, vide le coeur (des hommes) et remplit leur ventre, affaiblit leur volonté et fortifie leurs os, de manière à obtenir constamment que le peuple soit sans savoir et sans désirs, et que ceux qui savent n’osent pas agir. Il pratique le Non-agir, et alors il n’y a rien qui ne soit bien gouverné.
LVII
On gouverne un pays par la rectification, on conduit la guerre par des stratagèmes, — mais on gagne l’Empire par l’inaction.
On gagne l’Empire en restant constamment dans l’inaction. Dès qu’on devient actif, on n’est pas à même de gagner l’Empire.
Comment sais-je qu’il en est ainsi ? Par ceci : Plus il y a de défenses et de prohibitions dans l’Empire, plus le peuple s’appauvrit. Plus le peuple possède d’instruments utiles, plus le pays et la dynastie se troublent.
Plus il y a d’ouvriers ingénieux, plus il se produit d’objets bizarres. Plus on publie de lois et d’ordonnances, plus les voleurs et les brigands se multiplient.
C’est pourquoi un Saint a dit : « Si je pratique le Non-agir, le peuple se transforme de lui-même.
Si j’aime la quiétude, le peuple se rectifie de lui-même. Si je m’abstiens d’activité, le peuple s’enrichit de lui-même. Si je suis sans désirs, le peuple reviendra de lui-même à la simplicité. »
TAO TÖ KING, LE LIVRE DE LA VOIE ET DE LA VERTU
Texte chinois établi et traduit avec des notes critiques et une introduction par J. J.-L. DUYVENDAK (1889-1954). Librairie d’Amérique et d’Orient Adrien Maisonneuve, Paris, 1987.
Václav Klaus warns that the destruction of Europe's democracy may be in its final phase
'Two-faced' politicians have opened the door to an EU superstate by giving up on democracy, Václav Klaus, the veteran Czech statesman, tells Bruno Waterfield.
THE TELEGRAPH (UK) Monday 24th September, 2012 : link
Pachacuti
Pachacuti est un mot quechua (langue indigène des Andes du Pérou, de Bolivie, d’Equateur et d’une partie de la Colombie, l'ancien Tawantinsuyu des Incas) qui veut dire : retournement, désordre, chaos. Il est formé de pacha : terre, espace et cuti : action de retourner, par exemple la terre avec la chakitaqlla, la bêche andine.
Pris dans un sens plus général, symbolique, il désigne le désordre, le chaos. L’Inca Pachacutec, père de Inca Tupac Yupanki, reçut ce nom pour régner dans la période de désordre qui suivit la révolte des Chancas et l’invasion de la capitale, Cuzco (le Nombril).
Dans l'Amérique préhispanique et dans la mentalité indigène, l'espace-temps, l'histoire ne sont pas linéaires mais cycliques. A une période d'ordre suit une période de chaos, liées elles-même à l'alternance du hanan (haut) et du hurin (bas), adaptation andine au dualisme des cultures du Pacifique (Asie, Océanie, Amérique) symbolisé par le yin-yang.
Dans l’ornementation andine, pachacuti est un motif stylistique traditionnel : un S couché. On le trouve par exemple tissé sur les mantas, carrés de toile ornés de bandes de couleur parallèles, servant aux femmes à porter les enfants ou des objets sur le dos.
Motif stylistique pachacuti, en forme de S couché, sur une manta bolivienne. Photo: P.O.C.
Après le désordre du Tawantinsuyu causé par la rivalité d’Atahuallpa et de Huascar, du supplice et de l'exécution d’Atahuallpa par les Espagnols (1533), de la défaite des Incas et de la déception de ces peuples qui avaient cru que leurs vainqueurs à la peau blanche et barbus arrivés par la mer étaient les messagers du dieu Viracocha (« écume de la mer »), chargés de restaurer avec lui l'ordre du Monde, le Pérou est toujours dans le chaos, le désordre, le pachacuti.
Le règne de l’Argent, de l'Usure et du soit-disant Progrès ont mené le monde au chaos, à une forme extrême de pachacuti. Ce que Joseph Schumpeter a nommé "la destruction créatrice" pour justifier le Capitalisme. Des voix s’élèvent un peu partout pour dénoncer le viol des peuples et de notre Mère la Terre (Pachamama en quechua et aymara; whenua en maori, qui signifie également terre et placenta) et pour rétablir les coutumes ancestrales.
Dans la pensée des peuples indigènes de l'Amérique et du Pacifique, le passé est "ce qui est devant nos yeux et qui nous relie à la Création par les Traditions" et que le Futur est "ce qui est invisible, inconnu parce que situé derrière nous". Pays corrompu, faible et asservi, pourvu d'énormes richesses naturelles, le Pérou tourne le dos aux leçons de son passé, à ses peuples indigènes (Ñaupa machu, les ancêtres), à la raison et à ses devoirs.
Pachacuti, c’est le retournement. Ce qui est en haut se retrouve en bas et ce qui est en bas se retrouve en haut.
Le Pérou n'est pas Lima, monstrueuse mégapole de 10 millions d'habitants, siège du gouvernement et de l'oligarchie la plus vile du monde (Humboldt l'a dit avant moi). C'est un vieux pays et ses peuples indigènes venus du Pacifique et de la lointaine Asie sont les héritiers d’une longue histoire et d'une grande sagesse. Tout a une fin et un commencement. Les Pléiades et le Soleil ne se couchent jamais sans une espérance.
Pierre-Olivier Combelles
Qoyllur Rit'i, la Fête préhispanique du retour des Pléiades et du Nouvel An (Cuzco, Pérou). Elle est commune à tous les peuples du Pacifique (Matariki chez les Maori de Nouvelle-Zélande/Aotearoa). Source: internet.
Principes de cosmologie maorie (M.J. Parsons)
Papatuanuku et Ranginu
(Les mots-clefs sont soulignés par nous)
Whereas mechanistic western science has divided the world in two parts : Astronomy, Geology, Botany or Forestry, Chemistry and Agriculture etc, usually forgetting their interconnectedness, Maori express the relationships of the world as a whole family through whakapapa (genealogy) : Papatuanuku Mother Earth), Ranginui (Sky Father) and their children Tane-mahuta, Rongomai-Tane and the other members of the family. In time these divisions recognized by Maori have become personified, as also has the whole of existence, they are now looked upon as people. For Maori the sense of whanau or family indicated the close relationship of all parts of the environment, and human beings, as descendants of Tane-Mahuta, were therefore an integral part of that environment.
The holistic attitude of Maori is emphasized by the fact that they consider they are along with the plants and animals, all the children of Tane (Ko nga Aitanga Tane tatou katoa – We are all the Children of Tane), not separate or superior or exercising a dominant, exploitive role. This wholeness and interconnectedness is also expressed in Maori tradition and teaching of the importance of Tapu-sacredness, Mauri-life force, Mana-status or prestige, wairua-spirituality, and kaitiakitanga-guardianship.
The uses of plants in the traditions of Maori agriculture and Maori medicine are part of and interrelatedness of all living things. The times for planting, growing, harvesting and storing of crops was part of the moon and stars (the cosmos). The Maori New Year and the preparation of the soil for the next season’s crops began with the appearance of the star group Matariki (the Pleiades) above the horizon in the early morning sky about 23-25 June.
Dr. M.J. Parsons (Manaaki whenua/Landcare Research, New Zealand Ltd) in Matauranga Maori and Taonga: Traditional Ecological Knowledge and Ethnobotany.
Source: link
http://www.waitangitribunal.govt.nz/doclibrary/public/wai262/matauranga_maori/Chapt03.pdf
Flora and Fauna (Wai 262 Inquiry) : link
Ko Aotearoa Tēnei: A Report into Claims Concerning New Zealand Law and Policy Affecting Māori Culture and Identity: link
Face à la crise alimentaire mondiale, faut-il exporter, importer...ou produire pour défendre sa sécurité alimentaire ?
Un article de La Republica (Lima, Pérou) du mercredi 5 septembre link annonce que13,8 millions de Péruviens seront affectés par la crise alimentaire mondiale. Il souligne que la FAO (ONU), le Programme Mondial des Aliments (PMA) et le Fonds International pour le Développement de l'Agriculture recommandent aux pays d'éviter d'imposer des restrictions à l'exportation d'aliments pour éviter une crise alimentaire mondiale.
On se demande pourquoi ils ne recommandent pas aux pays de produire pour assurer la sécurité alimentaire de leurs propres peuples.
Il est vrai que cela remettrait en question la politique économique globaliste qui consiste à privilégier systématiquement l'agriculture d'exportation sur l'agriculture vivrière grâce au libre-échange ("le renard libre dans le poulailler libre") dans un système croisé d'importations-exportations-grande distribution où toute la nourriture doit être achetée et vendue et où l'habitant, qu'il soit Péruvien, Canadien ou Français, n'est plus qu'un consommateur captif.
Au Pérou, 10 millions d'habitants sur les 30 millions que compte le pays sont concentrés dans la capitale, Lima, au milieu du désert côtier. Les campagnes des Andes sont à moitié abandonnées. 90% du blé est importé. Et pourtant, le pays dispose d'une variété infinie de plantes alimentaires et sa mer est l'une des plus riches du monde, sinon la plus riche, en produits marins. En raison du climat semi-tropical, on peut faire plusieurs récoltes par an et les Andes peuvent être cultivées jusqu'à plus de 4000 m d'altitude (4300 m pour la maca, Lepidium meyenii Walpers).
Autre chose: il y a un lien entre l'urbanisation forcenée, le dépeuplement des campagnes, la négligence de l'agriculture vivrière et la préférence donnée à agriculture d'exportation (principalement sur la Côte Pacifique) par les gouvernements de turno: c'est que l'agriculture vivrière et la présence des paysans indigènes dans les Andes sont les principaux obstacles à l'exploitation des mines d'or (le Pérou est le 5e producteur d'or au monde) par les grandes compagnies transnationales comme Newmont-Buenaventura (Conga, Breapampa). Et cela à une époque de hausse de l'or et de menaces d'effondrement de l'euro et du dollar.
Produire selon les méthodes traditionnelles, défendre la sécurité alimentaire, défendre la culture nationale, interdire les OGM, chasser les chaînes de fast-food et les fabricants internationaux de boissons gazeuses comme les pays d'Amérique du Sud commencent à le faire, refuser l'endettement des Etats ("Dette odieuse") et des particuliers, c'est la meilleure et la seule façon d'éviter la crise alimentaire mondiale. Et le chômage.