L’homophobie - un frein au développement économique de l'Inde selon la Banque Mondiale (Boris Volkhonski/La Voix de la Russie)
Le nouveau rapport de la Banque Mondiale affirme que la discrimination des minorités sexuelles en Inde provoque des pertes économiques de plusieurs milliards de dollars.
Etant donné que les conclusions des auteurs de la recherche sont assez prévisibles, la publication d’un tel rapport peut signifier qu’une seule chose : le lobby gay entame une nouvelle offensive contre les valeurs traditionnelles que l’Inde défend depuis les dernières élections.
Selon le quotidien The Wall Street Journal, la discrimination des gays et des lesbiennes aurait coûté à l’Inde 112 milliards de roupies (soit 1,9 milliard de dollars) en 2012, soit entre 0,1% et 1,7% de son PIB. Un autre effet négatif de la discrimination, c’est l’augmentation du nombre de cas de dépression et de suicide parmi les homosexuels.
« Nous aurions pu évidemment étudier en détail la méthode et les conséquences que tire du rapport l’auteur, la professeure de l’économie à l’Université de Massachusetts à Amherst Lee Badgett », explique Boris Volkhonski, expert de l'Institut russe d'études stratégiques. « Surtout que WSJ a publié une interview détaillée avec elle. Ce décalage dans les estimations « entre 1,9 milliard et 30,8 milliards de dollars » parle de lui-même : les conclusions de Badgett se basent sur un nombre trop important d’hypothèses et de données conventionnées. Ainsi, elle prend comme référence le décalage du niveau des revenus des minorités sexuelles par rapport aux hétérosexuels en Europe et en Afrique du Nord. Et cela amplifie la différence dans les pertes pour l’économie indienne compte tenu du décalage des revenus en Inde et dans les pays occidentaux. »
Enfin, compte tenu du taux de chômage en Inde et l’excès de la main d’œuvre sur le marché du travail, il est difficile de faire des conclusions concernant l’impact négatif sur l’économie en général. Si un employé homosexuel est licencié, il sera remplacé par une dizaine de personnes qui peuvent être hétérosexuelles.
Mais il n'y a pas que les chiffres et la volonté de Lee Badgett, célèbre pour son soutien de minorités sexuelles, de défendre leurs droits.
« Lors des élections qui ont eu lieu au printemps de cette année, l'Inde s’est prononcée sans équivoque en faveur d’une force politique qui défend la préservation des valeurs traditionnelles, et les minorités sexuelles n’en font pas partie. D’ailleurs, la position des autorités par rapport à l’homosexualité était déjà très claire auparavant. En décembre de l'année dernière, la Cour suprême de l'Inde a rétabli dans son code pénal une peine pour les relations homosexuelles. Et malgré l’opposition des membres des courants libéraux à cette décision, personne n’a osé la remettre en question. Car la société a toujours soutenu cette position et continue à la soutenir. »
Ces événements ont fortement préoccupé le lobby gay dans le monde. Les médias occidentaux ont développé une campagne massive critiquant cette décision de la Cour suprême de l’Inde en décembre dernier.
« Et voilà que la Banque Mondiale se met à défendre les droits des gays et des lesbiennes », analyse Boris Volkhonski. « Et il n’y a aucun doute qu’en demandant à Lee Badgett, une célèbre activiste en matière de la défense des droits des homosexuels, de faire ce rapport, les responsables de l’organisation savaient d’avance quelles conclusions elle pourrait en tirer. C’est évident que ce rapport de la Banque Mondiale – ce n’est pas une étude impartiale des problèmes socio-économiques. C’est un instrument d’influence politique sur l’Inde. Et il a pour objectif de montrer, si l’Inde poursuit ce cursus politique, que les pays occidentaux ont des moyens d’y faire face.»
Les événements en Syrie et en Ukraine ont montré quels sont les moyens que peuvent mettre en œuvre les pays occidentaux, pour n'en nommer que quelques-uns. Il reste à espérer que le nouveau gouvernement de l'Inde restera fidèle à ses promesses électorales et continuera à défendre les valeurs traditionnelles, peu importe la pression qui est exercée sur lui de l’extérieur./E
Boris Volkhonski/La Voix de la Russie
Pierre Rabhi :"Vivre sobrement, c'est une forme de libération"
Chat avec l'agroécologiste Pierre Rabhi sur LEMONDE.FR:
http://portapluma.blogspot.fr/2011/06/sobriete-heureuse.html
Détruire la Grande Barrière de corail pour du charbon ? La Société Générale fait ses comptes (Les Amis de la Terre - Prix Pinocchio)
Photo: National Geographic Magazine
Charbon en Afrique du Sud, pétrole au Kazakhstan, sables bitumineux au Canada, gaz en Australie, bauxite en Inde, etc. : pour la Société Générale, toutes les ressources valent d'être exploitées et ce, malgré les émissions de gaz à effet de serre et les impacts environnementaux et sociaux induits.
La Société Générale mène aujourd'hui les études de faisabilité et d'impacts destinées à réunir 11 milliards d'euros, la somme nécessaire pour financer Alpha Coal, énorme projet minier de charbon en Australie en face de la Grande Barrière de corail.
D'une surface de 64 769 hectares, soit 75 508 terrains de football, cette gigantesque mine à ciel ouvert détruirait 20 618 hectares de forêt tropicale humide et de pâturages et menacerait les centaines d'espèces qui y vivent.
Pour exporter le charbon, une voie ferrée de 495 km devrait être construite jusqu'au terminal portuaire d'Abbot Point. 47 km de voies navigables devraient alors être détournées et deux sources d’eau ainsi qu'une lagune seraient asséchées. Cela s'ajouterait aux 176 milliards de litres d'eau, soit 70 400 piscines olympiques, qu'utiliserait la mine au risque de faire dramatiquement baisser les réserves d’eau souterraines dont dépendent la population et l'agriculture locales.
Le climat ne serait pas non plus épargné. Pendant 30 ans de vie, l'exploitation, le transport et la combustion du charbon émettraient 1,8 milliards de tonnes de CO2, soit plus que les émissions annuelles totales de la Finlande, la Hongrie ou Singapour.
Ce tableau noir ne s'arrête pas là. La Grande Barrière de corail et les nombreuses espèces menacées qu'elle abrite ne pourront résister ni à l'aggravation du changement climatique ni à l'expansion portuaire et l'augmentation du transport maritime. Déjà l'UNESCO sonne l'alarme et menace d'inscrire ce patrimoine mondial sur la liste des sites en danger.
La Société Générale renoncera-t-elle à ce projet ? Rien n’est moins sûr : elle raffole du charbon et des émissions ! Sa contribution dans l’industrie du charbon atteint plus de 4 milliards d’euros entre 2005 et 2011, et elle a financé par ses activités l’équivalent de 634 millions de tonnes de CO2 en 2009, soit plus que Toyota !
Source: Les Amis de la Terre - Prix Pinocchio http://www.prix-pinocchio.org/rubrique.php?id_rubrique=7
La Coupe du Monde FIFA 2014 au Brésil vue par Paulo Ito
Peinture murale par l'artiste brésilien Paulo Ito
http://Flickr/CC/Paulo Ito https://www.flickr.com/photos/pauloito/13998946669
La vérité, c'est qu'il y a tellement d'injustice au Brésil qu'il est difficile de savoir par où commencer", déclare Paulo Ito à Slate. Et l'artiste de conclure : "Je ne voulais pas dire que rien n'est fait pour combattre la pauvreté, mais nous avons besoin de montrer au monde que la situation n'est toujours pas résolue".
La Coupe du Monde vue par le sociologue James Petras:
Brazil: Workers Struggle Trumps Sports Spectacle
06.03.2014 :: Latin America
Introduction: For decades social critics have bemoaned the influence of sports and entertainment spectacles in ‘distracting’ workers from struggling for their class interests. According to these analysts, ‘class consciousness’ was replaced by ‘mass’ consciousness.
They argued that atomized individuals, manipulated by the mass media, were converted into passive consumers who identified with millionaire sports heroes, soap opera protagonists and film celebrities.
The culmination of this ‘mystification’ – mass distraction –were the ‘world championships’ watched by billions around the world and sponsored and financed by billionaire corporations: the World Series (baseball), the World Cup (soccer/futbol), and the Super Bowl (American football).
Today, Brazil is the living refutation of this line of cultural-political analysis. Brazilians have been described as ‘football crazy’. Its teams have won the most number of World Cups. Its players are coveted by the owners of the most important teams in Europe. Its fans are said to “live and die with football” . . . Or so we are told.
Yet it is in Brazil where the biggest protests in the history of the World Cup have taken place. As early as a year before the Games, scheduled for June 2014, there have been mass demonstrations of up to a million Brazilians. In just the last few weeks, strikes by teachers, police, construction workers and municipal employees have proliferated. The myth of the mass media spectacles mesmerizing the masses has been refuted - at least in present-day Brazil.
To understand why the mass spectacle has been a propaganda bust it is essential to understand the political and economic context in which it was launched, as well as the costs and benefits and the tactical planning of popular movements.
LA SUITE: http://petras.lahaine.org/?p=1988
Camino del indio (Atahualpa Yupanki)
http://www.youtube.com/watch?v=cKApsZ4t-5g&feature=kp
Le fameux poète, guitariste et chanteur argentin (1908-1992) a composé cette chanson lorsqu'il avait à peine 18 ans.
Les Chemins de l'Inca, toujours empruntés par les paysans, les arrieros, les mineurs artisanaux qui transportent le minerai d'or dans des sacoches de laine à dos de lama, sont le symbole des peuples indigènes des Andes.
En haut, sur les cols, veillent les apachetas (cairns), hommages aux apus, les dieux de la montagne.
Merci à Homus Limensis qui a mis cette belle chanson sur internet, en l'accompagnant de cette émouvante vidéo d'un camino inca (Qhapaq Ñan), vraisemblablement dans les Andes centrales du Pérou.
Homus Limensis (http://www.youtube.com/channel/UC2k4xRk-SH1U8QJlP1VlcfQ )qui nous parle de Victoria Santa Cruz qui chante: "Me gritaron negra".
Ecoutez-la: http://www.youtube.com/watch?v=754QnDUWamk
Biographie d'Atahualpa Yupanki: http://fr.wikipedia.org/wiki/Atahualpa_Yupanqui
L'auto-détermination comme anti-extractivisme: comment la résistance indigène défie les relations internationales (Manuela Lavinas Picq, E-IR, 21 mai 2014)
This article is an excerpt from E-IR’s free-to-download Edited Collection,
Restoring Indigenous Self Determination. View all of E-IR’s Publications here.
Indigeneity is an unusual way to think about International Relations (IR). Most studies of world politics ignore Indigenous perspectives, which are rarely treated as relevant to thinking about the international (Shaw 2008; Beier 2009). Yet Indigenous peoples are engaging in world politics with a dynamism and creativity that defies the silences of our discipline (Morgan 2011). In Latin America, Indigenous politics has gained international legitimacy, influencing policy for over two decades (Cott 2008; Madrid 2012). Now, Indigenous political movements are focused on resisting extractive projects on autonomous territory from the Arctic to the Amazon (Banerjee 2012; Sawyer and Gómez 2012). Resistance has led to large mobilized protests, invoked international law, and enabled alternative mechanisms of authority. In response, governments have been busy criminalizing Indigenous claims to consultation that challenge extractive models of development. Indigenous opposition to extractivism ultimately promotes self-determination rights, questioning the states’ authority over land by placing its sovereignty into historical context. In that sense, Indigeneity is a valuable approach to understanding world politics as much as it is a critical concept to move beyond state-centrism in the study of IR.
The Consolidation of Indigenous Resistance against Extractivism
Indigenous peoples are contesting extractive projects in various, complementary ways. Collective marches have multiplied as an immediate means of resistance throughout the Americas. In 2012, the Confederation of Indigenous Nationalities of Ecuador led thousands of people on a 15-day, 400-mile March for Life, Water, and the Dignity of Peoples, demanding a new water law, the end of open-pit mining, and a stop to the expansion of oil concessions. Within days, a similar mobilization took over Guatemala City. The Indigenous, Peasant, and Popular March in Defense of Mother Earth covered 212 kilometers to enter the capital with nearly 15,000 people protesting mining concessions, hydroelectric plants, and evictions. In Bolivia, various marches demanded consultation as the government prepared to build a highway within the Indigenous Territory and National Park Isidoro Sécure (TIPNIS). From Canada’s Idle No More movement to the protests against damming the Xingú River Basin in Brazil, Indigenous movements are rising and demanding they be allowed to participate in decisions affecting their territories.
Protests are at the core of global Indigenous agendas. In 2013, the Fifth Continental Summit of Indigenous Peoples of the Abya Yala encouraged communities to step-up resistance in light of the threat posed by state-sponsored extractivism. This is what Indigenous women were doing when they walked from Amazon territories to Quito, Ecuador, denouncing government plans to drill without consultation in the Yasuní reserve. Local protests are not trivial or irrelevant in world politics. Rather, they are part of a larger effort to transform local concerns into international politics.
Indigenous peoples have remarkable expertise in international law and are savvily leveraging their rights to consultation and self-determination guaranteed in the ILO Convention 169 (1989) and the United Nations Declaration on the Rights of Indigenous Peoples (UNDRIP) (UN General Assembly 2008). They have won emblematic legal battles at the Inter-American Court of Human Rights (IACHR), at times obliging states to recognize Indigenous territorial authority. In the decade-long case of Sarayaku v. Ecuador, the IACHR upheld the right of free, prior, and informed consent with a binding sentence against the Ecuadoran State for allowing a foreign oil company to encroach on ancestral lands without consultation during the 1990s. A 2011 petition by communities of the Xingú River basin led the IACHR to order Brazil’s government to halt the construction of the Belo Monte Dam. The Mayan Q’eqchi’ expanded jurisdiction by taking Hudbay Minerals to Court in Canada for crimes committed at an open-pit nickel mine in Guatemala. In Canada, two Manitoba First Nations used their own legal systems in 2013 to serve eviction notices to mining companies operating illegally on their land.[1]
International pressure is significant, yet states frequently eschew what they perceive to be uncomfortable mechanisms of accountability. Courts may validate Indigenous resistance, and UN reports warn against the catastrophic impact of extractive industries, but Brazil continued to build the Belo Monte Dam and Peru’s government did not consider suspending the Camisea gas project of drilling 18 wells on protected territories that have been home to Amazonian peoples in voluntary isolation (Feather 2014). Nevertheless, states that evade prior consultation obligations only foster Indigenous inventiveness. In the absence of official mechanisms of consultation, people establish autonomous ones. Local communities of the Kimsacocha area took matters in their own hands after years of being ignored, demanding Ecuador’s government consult them on a mining project in the highlands. In 2011, they organized a community-based consultation without the authorization of the state that was nevertheless legitimized by the presence of international observers (Guartambel 2012). The community voted 93% in favour of defending water rights and against mining in the area. Autonomous forms of prior consultation are increasingly common in Latin America. In Guatemala alone, there have been over sixty community-based consultations since 2005 (MacLeod and Pérez 2013).
Contesting States of Extraction
Indigenous resistance has been the target of severe government repression, ranging from judicial intimidation to assassinations of activists. Mobilizations against the Congo mine in Cajamarca, Peru, led President Ollanta Humala to declare a state of emergency and unleash military repression. An estimated 200 activists were killed in Peru between 2006 and 2011 for resisting extractivism (Zibechi 2013). Colombia’s government, in turn, declared protests against the mining industry illegal. In Ecuador, about 200 people have been criminalized for contesting the corporatization of natural resources, many charged with terrorism. Violent repression against TIPNIS protesters in Bolivia revealed that even Evo Morales, Latin America’s first elected Indigenous president, is willing to use force to silence demands for consultation. Various activists opposing the multinational mining giant AngloGlod Ashanti have been assassinated. Argentina’s Plurinational Indigenous Council, which calls for an end to extractivism, has recorded eleven assassinations since 2010. The Observatory of Mining Conflicts in Latin America (OCMAL) estimates there are currently 195 active conflicts due to large-scale mining. Peru and Chile lead the list with 34 and 33 conflicts respectively, followed by Mexico with 28, Argentina with 26, Brazil with 20, and Colombia with 12. Mega-mining alone affects nearly 300 communities, many of which are located on Indigenous territories.
This wave of intense criminalization indicates the expansion of the extractive frontier. In Peru, where anti-extractivist unrest toppled two cabinets under the Humala government and led to the militarization of several provinces, mineral exploration expenditures increased tenfold in a decade. In 2002, 7.5 million hectares of land had been granted to mining companies; by 2012 the figure jumped to almost 26 million hectares, or 20% of the country’s land. Nearly 60% of the province of Apurímac has been granted to mining companies. In Colombia, about 40% of land is licensed to, or being solicited by, multinational companies for mineral and crude mining projects (Peace Brigades International 2011). According to OCMAL, 25% of the Chile’s territory was under exploration or operation as of 2010. In 2013, Mexico’s government opened the state‐controlled energy sector to foreign investment, changing legislation to allow private multinationals to prospect for the country’s oil and natural gas resources for the first time since 1938.
The problem is that governments are largely licensing Indigenous land. In 2010, the UN Permanent Forum on Indigenous Issues reported that Colombian mining concessions had been awarded in 80% of the country’s legally recognized Indigenous territories. Colombia’s government has 8.8 million hectares of Indigenous reserves designated as oil areas and granted 168 mining licenses on Indigenous reserves in 2011. Extractive industries lead to evictions, toxic waste, and resource scarcity, creating conflicts over water, soil, and subsoil. Open-pit mining uses unsustainable amounts of water. The controversial Marlin mine, partly funded by the World Bank in 2004, and today fully owned by Goldcorp, uses in one hour the water that a local family uses over 22 years (Van de Sandt 2009).[2] In Chile, mining consumes 37% of the electricity produced in the country – which will reach 50% in a few years – compared to 28% for industry and 16% for the residential sector. This requires the Chilean State to continually expand energy sources, thereby accelerating displacement and the transfer of agricultural land to hydroelectric projects.
Conflicts against extractivism should not be dismissed as only concerning Indigenous peoples. They encompass larger debates about the role of extractivism in politics and contest a development model based on the corporatization of natural resources. In particular, they reveal the continuous role of resource exploitation as a strategy to finance states. Governments are prioritizing extractive industries as key engines of growth, although there is ample evidence that extractive industries create relatively few jobs. President Juan Manuel Santos promised to turn Colombia into a mining powerhouse because it attracts quick investment. Opening Ecuador to mega-mining financed much of President Correa’s third re-election. In fact, his unexpected policy shift to approve drilling within the Yasuní Reserve is explained largely by his government’s urgent need for cash. China, which holds over 35% of Ecuador’s foreign debt and financed 12% of its budget in 2013, buys about 60% of the country’s oil and is expected to pre-buy Yasuní oil (Guevara 2013).
Indigenous claims against extractive projects contest a world system based on predation and usurpation. In Guatemala, mining is managed by long-standing political elites and inscribed in the colonial genealogy of power. In many instances, the entrepreneurs promoting mining today are the scions of the same oligarchical families that have controlled Indigenous land and peoples for centuries (Casaús 2007). The political economy of extractivism encompasses global inequalities of exploitation, within and among states. About 75% of the world’s mining companies are registered in Canada, and most operate in the so-called Global South (Deneault et al. 2012). Extractive industries in the North rely on alliances with national elites to exploit natural resources of peoples and places historically marginalized from power politics.
Indigeneity as a Way to Rethink International Relations
Claims against extractivism are ultimately claims to the right of self-determination. The unilateral expropriation of land for mining today is a continuation of the Doctrine of Discovery. It conceptualized the New World as terra nullis, authorizing colonial powers to conquest and exploit land in the Americas. It also paved the way for a paradigm of domination that outlasted colonial times to evolve into a broader – and more resilient – self-arrogated right of intervention embodied by the modern state (Wallerstein 2006). Today, the idea of “empty” lands survives in extractivist practices. Large-scale mining by multinational corporations perpetuates the human abuse and resource appropriation initiated by Spanish colonizers centuries ago in the Bolivian mines of Potosi. International rights to self-determination may have replaced Papal Bulls, yet the political economy of looting natural resources on Indigenous lands continues, now in the name of development.
In this context, Indigeneity is a privileged site for the study of international relations. First and foremost, the extent and sophistication of Indigenous political praxis is relevant to any explanation of world politics. The rise of anti-extractivism as a politics of contestation against state exploitation calls for alternative sites of governance, such as the Inuit Circumpolar Council (Shadian 2013). Indigenous claims are shaping political practice, framing international legislation, and destabilizing assumptions about stateness. They seek the redistribution of rights as much as the uprooting of the concentration of power in the state. In that sense, Indigenous claims to consultation challenge the authority of states over natural resources as much as the organization of world politics does around Westphalian principles of sovereignty.
Second, Indigeneity disrupts state sovereignty (Ryser 2012). The UNDRIP became the longest and most hotly debated human rights instrument in UN history because the expansion of Indigenous rights is intrinsically related to issues of state authority over territory. Rights to self-determination entail the recognition of plural forms of territorial authority in competition with states. Indigeneity is attributed to peoples who have historically been excluded from projects of state-making. Yet it contributes much more than making visible historically excluded groups. It refers to a politics that both precedes the state and lies outside of it. It is the constitutive “other” of the modern state, marked by a co-constitutive history that explains why Indigenous politics vary depending on different processes of state-formation. Consequently, Indigeneity is vital to a discipline dedicated to studying relations among states precisely because it is intrinsically related to state-formation. Standing outside of, and prior to, state making Indigenous standpoints are valuable ways to think critically about world politics. They permit to imagine what post-national political assemblages may look like (Sassen 2008).
Finally, Indigeneity is strategic to expand scholarly debates on what constitutes IR. Indigenous experiences complement and broaden official national histories with forgotten or repressed narratives (O’Brien 2010), thus expanding methodological assumptions on how to do IR (Jackson 2010). Its precedence over the modern state encompasses alternative worldviews to think about the international beyond stateness. Indigeneity thus defies core epistemological foundations about power. In particular, it historicizes the state and sovereignty, moving away from Eurocentric conceptions of the world (Hobson 2012) and breaking with the discipline’s unreflective tendencies (Tickner 2013). The vibrancy of Indigenous struggles not only confirms the inadequacy of the state, echoing calls to provincialize Europe’s political legacies (Chakrabarty 2000), but it also provides concrete experiences of what the international can actually look like within and beyond the state (Tickner and Blaney 2013). Indigeneity is therefore doubly valuable for world politics. In addition to contributing alternative praxis of the international, it instigates critical theory to expand disciplinary borders.
Conclusion
Indigeneity is a valuable category of analysis for world politics. Indigenous experiences offer a fuller understanding of the world we live in. Further, they provide critical insights into thinking critically about the international. Integrating indigenous perspectives in the study of IR speaks to the ability to extend our political practice beyond the ivory tower. It is not a category of analysis that concerns merely Indigenous peoples, just as racism is not a matter for people of African descent only, or post-colonial studies the domain of previously colonized societies. The entire thrust of Indigeneity is that the non-state is the business of the state, and that there are alternative pathways available to decolonize the discipline.
Stripping IR of its state-centrism invites us to reflect upon the entrenched coloniality of international relations. Indigenous perspectives will hopefully inspire scholars to adventure beyond the conventional borders of the discipline. After all, opening an alternative locus of authority is nothing short of revolutionary.
Notes
[1] A delegation from the Red Sucker Lake First Nation descended on the work camp of Mega Precious Metals, Inc., a mineral exploration company, to stop them from working and vacate the land immediately. The Mathias Colomb First Nation issued a similar order to Hudbay Mining and Smelting Co., Ltd. and the Province of Manitoba.
[2] According to the company’s own social and environmental impact report, the Marlin mine consumes about 250 thousand liters of water every hour (MacLeod and Pérez 2013).
References
Banerjee, S. (2012) Arctic Voices: Resistance at the Tipping Point. New York: Seven Stories Press.
Beier, J.M. (2009) International Relations in Uncommon Places: Indigeneity, Cosmology, and the Limits of International Theory. New York: Palgrave Macmillan.
Casaús, M. E. (2007) Guatemala: Linaje y racismo. Guatemala: F&G Editores.
Chakrabarty, D. (2008) Provincializing Europe: postcolonial thought and historical difference. Princeton: Princeton University Press.
Cott, D.L.V. (2008) Radical democracy in the Andes. Cambridge: Cambridge University Press.
Deneault, A., Denis, M. and Sacher, W. (2012) Paradis sous terre: comment le Canada est devenu la plaque tournante de l’industrie minière mondiale. Montréal: Écosociété.
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Guartambel, C.P. (2012) Agua u oro: Kimsacocha, la resistencia por el água. Cuenca, Ecuador: Universidad Estatal de Cuenca.
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Sawyer, S. and Gomez, E.T. (2012) The Politics of Resource Extraction: Indigenous Peoples, Multinational Corporations and the State. New York: Palgrave Macmillan.
Shadian, J.M. (2013) The Politics of Arctic Sovereignty: Oil, Ice and Inuit Governance. New York: Routledge.
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Van de Sandt, J. (2009) Mining Conflicts and Indigenous Peoples in Guatemala. The Hague: Cordaid.
Wallerstein, I.M. (2006) European Universalism: The Rhetoric of Power. New York: The New Press.
Zibechi, R. (2013, October 27) “Latin America Rejects the Extractive Model in the Streets.” Americas Program. Available at: http://www.cipamericas.org/archives/10983 (Accessed 29 January 2014).
Manuela Lavinas Picq is Professor of International Relations at the Universidad San Francisco de Quito, Ecuador. Her research focuses on the role of gender and Indigeneity in the practice and study of world politics. She is currently a Member at the Institute for Advanced Study, where she is finishing a book locating Indigenous women politics in international relations and starting a project about the Amazon as a cosmopolitan space.
Source: link
Government Gives Police, Military Greater Freedom With Use of Force
(Andean Air Mail and Peruvian Times, January 15, 2014)
"Peru’s government has modified an article in the Penal Code that critics say will allow police and the military to use deadly force without facing any consequences.
The modification to the law was published in Peru’s official gazette on Monday, carrying the signatures of President Ollanta Humala and Premier Cesar Villanueva.
The new regulation says that members of the Armed Forces and the National Police are “exempt from criminal responsibility” if they cause injury or death through the use of their guns or other weapons while on duty.
Suite de l'article ici: link
Jean-François Gayraud: Face à la dimension criminelle de la crise, les élites sont aveugles, incompétentes ou complices » (Basta!)
Et si la crise financière était une vaste fraude ? Dérégulé à l’excès, le capitalisme comporte des incitations au crime et à la fraude absolument inédites, explique Jean-François Gayraud, commissaire de police et criminologue. Il pose dans son ouvrage Le nouveau capitalisme criminel un diagnostic décapant : les responsables politiques sont dans le déni ou l’aveuglement, les acteurs de la fraude de 2008 sont aujourd’hui revenus dans le jeu, les lois votées pour tenter de réguler le système financier n’ont rien changé, et des techniques comme le trading haute fréquence échappent à tout contrôle. Il y a urgence à reprendre en main un système économique devenu criminogène, avec ses dérives frauduleuses et prédatrices. Entretien.
Basta ! : Vous analysez les crises financières au prisme de la criminologie. Pour vous, la crise de 2008 est-elle due à des comportements criminels ?
Jean-François Gayraud [1] : Le nouveau capitalisme qui se développe depuis les années 80 comporte des incitations et des opportunités à la fraude d’une ampleur inédite. L’alliance entre la financiarisation, la dérégulation et une mondialisation excessives forme un cocktail explosif. La criminalité est l’angle mort de la pensée économique, un impensé radical, et ce depuis le 18ème siècle. Cela avait peu de conséquences durant le capitalisme fordiste et keynésien, plus régulé. Désormais, cet impensé est mortifère. On nous explique que cette crise financière des subprimes est liée à un simple dysfonctionnement des marchés : comme si, une fois ce dysfonctionnement disparu, on reviendrait à une situation à peu près normale. Je tente de combler cette erreur de diagnostic en analysant les mutations du capitalisme à la lumière de la criminologie [2].
Il ne s’agit pas d’être « mono-causal » et de tomber dans la théorie du complot. Mais simplement de montrer qu’il y a dans ce capitalisme une dimension criminogène qui n’est ni marginale ni folklorique. « Criminogène » ne veut pas dire criminel. Cela signifie simplement que ce système a des potentialités et des vulnérabilités à la fraude, qui étaient jusqu’à présent inconnues. On voit que toutes les crises financières depuis les années 1980 ont été causées par des bulles immobilières et boursières en parties nées de fraudes systématiques. Au point que désormais, la fraude fait système.
(...)
D’où vient cette situation ?
C’est une question de rapport de force entre pouvoir politique et pouvoir financier. Il s’agit d’ailleurs moins d’une confrontation que d’un fonctionnement symbiotique : aux États-Unis, ce sont les grands lobbys, dont celui de la finance, qui permettent l’élection des candidats. Une partie de la classe politique américaine a été capturée par le lobby de la finance : ces élus votent donc des lois en faveur de Wall Street. Depuis 2013, plus de la moitié des parlementaires américains sont millionnaires en dollars ! Qu’en conclure ? Soit qu’il faut être riche pour être élu, soit que l’élection permet de devenir riche ! Exactement ce que les Grecs nommaient une « ploutocratie » : un gouvernement des riches, par les riches, pour les riches.
Ce qui me frappe, c’est la corrélation entre la financiarisation de l’économie, la montée des inégalités, et la multiplication des fraudes sur les marchés financiers. Depuis l’émergence de ce nouveau capitalisme, des élites mondialisées réunies dans une Upper class internationale vivent hors-sol, dans une sorte de séparatisme social, financier, territorial et symbolique. Au même moment, les classes moyennes et populaires en Occident se précarisent et se paupérisent. Ce vaste transfert de richesses, des classes moyennes et pauvres vers les plus riches, est le fruit d’un phénomène de prédation – qui relève d’une analyse de sciences économiques – et aussi d’un phénomène de fraude – qui relève alors plus d’une lecture criminologique.
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Pour revenir au prisme criminologique, je dirai que les peuples sont pris en tenaille entre une criminalité de l’Upper world et une criminalité de l’Under world, par le haut et par le bas. Il suffit de relire Marx qui explique très bien cela. La seule chose qui me rend optimiste, c’est que je crois au génie national. Le peuple français est plein de ressources, il a des capacités de réaction insoupçonnée. Encore faut-il ne pas le mépriser.
Propos recueillis par Agnès Rousseaux
Lisez l'entretien complet sur Basta! http://www.bastamag.net/Face-a-la-dimension-criminelle-de
L'homme est-il la mesure de toutes choses ?
St François d'Assise parlant aux oiseaux
L'homme est-il la mesure de toutes choses ? comme le prétendait Protagoras, sophiste grec du Ve siècle avant J.-C. ? L'homme n'est qu'une espèce parmi les centaines de milliers qui habitent la planète appelée "Terre". Si l'homme est la mesure de toutes choses, alors le chêne, qui vit dix siècles, l'est aussi, comme le papillon, qui ne vit que quelques semaines, ou comme l'éphémère, qui ne vit que quelques jours. L'orchidée Platanthera chlorantha, à l'exquis parfum, qui fleurit en ce moment sur les talus forestiers d'Ile de France, le bouvreuil à la gorge pivoine parmi les chatons d'un saule en fleur un matin de printemps, le rouge-queue noir qui pousse son cri grinçant du faîte d'un toit, le chamois, la salamandre tachetée, le lichen Rhizocarpon geographica qui tapisse de jaune et noir les rochers nordiques, l'Ericacée Kalmia polifolia dont les délicates fleurs rose foncé décorent la toundra, le bélouga, l'orang-outang, le brochet, le lézard vert, la libellule, etc., chacune des espèces vivantes, animale ou végétale, est la mesure de toutes choses, comme le sont aussil'air, l'eau ou le feu. Pour ne parler que de notre planète Terre, car nous faisons partie du système solaire, qui fait-lui même partie de la Galaxie de la Voie Lactée, qui fait elle-même partie du Super-amas de la Vierge, et il n'y a aucune raison de penser que la vie n'existe pas ou n'ait pas existé ailleurs dans l'univers.
Dire que l'homme est la mesure de toutes choses est donc une affirmation irréaliste, illusoire et orgueilleuse de la part de l'homme, ou plutôt de quelques-uns de ses représentants, et qui a pour effet de le séparer de la nature et du cosmos et de légitimer son pouvoir despotique sur les autres êtres vivants et sur le délicat équilibre, comme le climat, qui unit ce qui est.
Cette pensée humaniste et moderne, typiquement occidentale, s'oppose à la pensée cosmique, sauvage et typiquement asiatique, elle-même héritière de la pensée préhistorique. Elle est d'autant plus absurde et folle que, lorsqu'un homme meurt, son corps se décompose et se (re) transforme en une chaîne infinie d'autres êtres vivants, les plus variés, tandis que son esprit se fond dans l'Esprit de la nature, qui anime toutes choses.
Car
Comme l'homme fait partie de la nature, l'esprit de l'homme fait partie de l'Esprit de la Nature.
由于人是性质的一部分,人的精神是性质之灵的一部分
Yóuyú rén shì Xìngzhì de yībùfèn, rén de jīngshén shì Xìngzhì zhī líng de yībùfèn*
La mort est une renaissance, aussi bien physique que spirituelle.
L'Humanité n'existe donc pas, sinon dans notre imagination. Chaque être humain n'est être humain que l'espace de quelques années ou dizaines d'années. De même que l'homme actuel n'est qu'une étape dans une longue évolution qui l'a fait naître dans l'océan global, devenir un petit mammifère de la canopée puis hominidé bipède. Evolution exprimée en raccourci dans celle de l'embryon et du foetus humain, Nous sommes ainsi appelés à redevenir arbre, insecte, oiseau, poisson, mammifère, plante, nématode, bactérie, dans une suite ininterrompue de métamorphoses et, à y bien réfléchir, nous devrions nous sentir plus proches de tous nos autres frères naturels que des autres hommes. Car qui est plus différent d'un homme qu'un autre homme ? Les arbres, les insectes, les oiseaux, les poissons, les mammifères sauvages, les plantes, les nématodes, les bactéries, humblement, ne se comportent pas comme si chacun d'eux était "la mesure du monde". Ils appartiennent aux écosystèmes qui forment la nature. "Le Grand Ensemblier", comme disait l'institutrice Isabelle dans Intermezzo de Giraudoux...
L'affirmation de Protagoras est donc contraire à toute vraie sagesse. La vraie sagesse consiste à aimer la nature plus que l'homme.
Pierre-Olivier Combelles
*P.O.C.
Image contre langage (Jean-Claude Paye)
À travers l’étude des lois et des « affaires terroristes », cet essai articule critique juridique, politique et concepts de la psychanalyse. Il porte sur l’annulation de la fonction du langage au profit du règne de l’image.
La langue de la lutte « antiterroriste » opère un renversement de l’ordre juridique et politique. La mise en scène de l’abandon des droits de la défense ou de la fin de la séparation des pouvoirs en atteste. Cette monstration nous engage dans une transformation plus profonde, celle d’une mutation de l’ordre symbolique de la société, de ce qui fait de nous des « parlêtres ».
Un individu devient terroriste, non pas pour avoir commis un acte déterminé, mais parce qu’il est montré comme tel. L’image du terrorisme est englobante. Elle dissout le caractère séparateur du langage. L’acte et l’organisation terroristes n’acquièrent une matérialité que comme objets du regard du pouvoir
Le fait que l’annulation de nos libertés prenne la forme de la loi nous indique qu’il s’agit avant tout d’obtenir notre consentement, de promouvoir la participation des citoyens à leur abandon. La loi est renversée en son contraire. Elle devient suppression de toute limite à la volonté de puissance du pouvoir.
Extrait de l'avant-propos
L'objectif de ce livre ne se limite pas à mettre en lumière le bouleversement de l'ordre de droit. Le travail a déjà été effectué en grande partie dans un ouvrage précédent. De telles analyses, basées sur l'étude objective des textes, sont actuellement difficilement recevables car il n'y a plus de séparation entre l'observation et le regard. Nous vivons dans une époque où la référence aux faits relève de la «théorie du grand complot». Tout ce qui donne un point de vue ou dévoile des événements qui pourraient ébranler le rapport d'amour, de fusion entre l'individu et la Mère symbolique, l'État maternel, doit être expulsé du champ de la vision. Le problème n'est donc pas seulement de réaffirmer la primauté des faits, mais de leur construire un espace, afin de les rendre inscriptibles, c'est-à-dire, saisissables, non pas par la conscience, par la faculté de juger, mais recevables par l'inconscient, par ce qui permet à la conscience d'émerger.
Pour ce faire, il faut rétablir la fonction du langage qui consiste à représenter le réel. Ainsi, les concepts de la psychanalyse s'avèrent indispensables. Au moment où l'on nous intime de nous taire et de nous abandonner à la machine jouissante, la psychanalyse nous montre qu'il n'y a d'homme que parlant. Promouvoir le principe de réalité, construire un discours qui rétablit la primauté de l'objectivité sur le sentiment et l'émotion, ne suffit plus. En même temps que de construire une analyse du réel, il est nécessaire de rétablir les conditions pour que la parole émerge et puisse être entendue.
La décomposition du rapport social est telle que l'installation d'une structure politique démocratique passe par le rétablissement d'un ordre symbolique, de ce qui fait de nous des êtres humains. Ce ne sont pas uniquement nos libertés qui sont attaquées, mais ce qui nous constitue en tant que sujets, des êtres de désir susceptibles de s'inscrire dans le devenir... Le niveau imaginaire, ce qui organise le lien social, est détruit. Il n'y a plus de cran d'arrêt au circuit pulsionnel. Nous sommes installés dans une matrice psychotique et non plus dans une structure névrotique, où l'individu n'est plus un être parlant, mais est parlé, procréé par l'autre et où le virtuel se confond avec le réel. Nous sommes également insérés dans des rapports interindividuels relevant de la perversité, qui nous intiment de jouir de cette psychose, qui font de nous des machines jouissantes.
Dans un tel contexte, fournir les armes de la critique et assurer la critique de ces armes ne suffit plus, car nous ne sommes plus dans le langage. Nous n'avons plus les mots pour dire, pour opposer une critique et ainsi, dans un même mouvement, déterminer qui est l'ennemi, tout en nous construisant comme sujet social.
(...)
L'auteur : Jean-Claude Paye
Jean-Claude Paye est sociologue. Il est connu grâce à un grand nombre d'articles, dans des revues internationales ou des quotidiens francophones (dont Le Monde Diplomatique, Libération, L'Humanité, Mediapart, etc.) portant sur le bouleversement du droit pénal, induit par la "lutte antiterroriste". Il s'est d'abord intéressé aux réformes de la police et de la justice en Belgique. Il en est sorti un premier livre : Vers un Etat policier en Belgique (EPO, 1999). Le côté international de ses travaux sur la mutation du juridique a été confirmé par le livre La Fin de l'Etat de droit (La Dispute, 2004), et par Global War on Liberty (TELOS Press, USA, 2007). Ces ouvrages ont été traduits dans les principales langues européennes. Il vit à HUY, en Belgique, et contribue régulièrement au Réseau Voltaire.
Source: Réseau Voltaire: http://www.librairie-voltairenet.org/index.php?id_product=78&controller=product
Article: Le droit états-unien s'impose sur le territoire européen, par Jean-Claude Paye (Réseau Voltaire): http://www.voltairenet.org/article184067.html
Humilité et noblesse (Peirol d'Auvergne)
Quand noblesse devient humble, humilité s'ennoblit.
Peirol d'Auvergne, troubadour (mort dans les années 1220)
http://en.wikipedia.org/wiki/Peirol
Quant Amors Bonhoure (Peirol d'Auvergne) : http://www.dailymotion.com/video/xac673_troubadour-peirol-d-auvergne-quant_music