La tyrannie des riches dans les républiques (Thomas More, L'Utopie)
"Ce n'est pas tout. Les riches diminuent, chaque jour, de quelque chose le salaire des pauvres, non seulement par des menées frauduleuses, mais encore en publiant des lois à cet effet. Récompenser si mal ceux qui méritent le mieux de la république semble d'abord une injustice évidente ; mais les riches ont fait une justice de cette monstruosité en la sanctionnant par des lois.
C'est pourquoi, lorsque j'envisage et j'observe les républiques aujourd'hui les plus florissantes, je n'y vois, Dieu me pardonne ! qu'une certaine conspiration des riches faisant au mieux leurs affaires sous le nom et le titre fastueux de république. Les conjurés cherchent par toutes les ruses et par tous les moyens possibles à atteindre ce double but: Premièrement, s'assurer la possession certaine et indéfinie d'une fortune plus ou moins mal acquise ; secondement, abuser de la misère des pauvres, abuser de leurs personnes, et acheter au plus bas prix possible leur industrie et leurs labeurs. Et ces machinations décrétées par les riches au nom de l'État, et par conséquent au nom même des pauvres, sont devenues des lois."
Thomas More, l'Utopie (1516)
Michel Serres : " La société préfère son argent à ses enfants "
Pour vous qui affirmez n'être ni économiste ni financier et qui trouvez le discours économique trop envahissant, est-ce que cette crise a changé votre point de vue ?
Cette crise financière n'est qu'un des multiples feux rouges qui s'est allumé. Mais si on pense que c'est le seul, on se trompe. Citez-moi aujourd'hui, je vous prie, ce qui n'est pas en crise. Je suis universitaire ; j'enseigne dans de nombreuses universités dans le monde. L'université est en crise mondiale depuis vingt-cinq ans. La planète est en crise écologique ; tout le monde le sait. La santé, les hôpitaux sont en crise. Je ne vois pas de lieu de notre habitat qui ne soit pas dans une crise aussi considérable que celle que vous notez pour la finance et l'économie.
Est-ce que l'ampleur de la tempête de l'automne a modifié un peu votre vision ?
Si nous nous étions vus n'importe quand au cours des vingt-cinq dernières années j'aurais pu vous décrire l'ampleur de la tempête que subissent les instituteurs, les professeurs du secondaire et du supérieur. La génération a changé, le savoir a changé, la transmission a changé... Ce que nous avons subi dans l'enseignement est un tsunami de la même importance que ce que vous avez vécu dans la finance. La vôtre de crise a fait plus de bruit, mais la société n'a pas prêté au tsunami vécu par ses enfants une attention à la mesure de l'événement. Elle préfère son argent à ses enfants. Je me dis souvent que les gens ne se rendent pas compte de ce que vont être les prochaines générations adultes. Je vois l'importance de votre crise, les milliards en jeu, l'effondrement de certaines fortunes. Mais avez-vous conscience de l'effondrement des savoirs ? Il n'y a plus de latin, il n'y a plus de grec, il n'y a plus de poésie, il n'y a plus d'enseignement littéraire. L'enseignement des sciences est en train de s'effondrer partout.
Ce n'est pas une crise française celle-là non plus ?
Erreur colossale. J'enseigne aux Etats-Unis. L'effondrement est beaucoup plus important aux Etats-Unis. Tous les enseignements secondaires se sont effondrés. Tout le monde croit que c'est la faute de tel ministre. Elle a commencé en 1968 cette crise, elle était mondiale, elle reste mondiale. Vous voulez que je vous en donne une autre, de crise ? Nous étions 40 % d'agriculteurs parmi les actifs en 1900 et sur les 60 % autres combien de métiers étaient en liaison avec l'agriculture ? Aujourd'hui, en France, les agriculteurs sont moins de 4 %. C'est un autre tsunami gigantesque. Quand je suis né, nous étions un milliard et demi sur la Terre. Nous sommes sept milliards bientôt. Toutes ces crises débutent après la Seconde Guerre mondiale et commencent à se voir dans la décennie 1960-1970. Tout bouge en même temps : l'agriculture, la religion... Vatican 2, c'est l'amorce d'une crise formidable du catholicisme. On assiste à la précipitation des intégrismes dans la plupart des monothéismes. Il y a une crise du militaire. Il existe dans le monde une hyperpuissance - personne ne pourrait faire la guerre aux Etats-Unis - qui dépense 1.000 milliards pour une guerre contre un des pays les plus faibles du monde - l'Irak - et qui ne la gagne pas. C'est l'" Homo sapiens " qui s'est complètement transformé depuis cinquante ans. Ce n'est pas la société qui a changé, c'est la condition humaine. Regardez l'espérance de vie qui est passée en quelques générations de 30 ans à 75 ans. Beaucoup d'hommes atteignent la soixantaine sans avoir jamais souffert. Le corps a changé, le rapport à la nature a changé, le rapport à la naissance et à la mort a changé et rien n'a changé dans nos institutions politiques et économiques. Les institutions font comme si rien n'avait changé et vous ne voudriez pas que ce soit une crise ? Les politiques mais aussi les médias et les entreprises font comme si on était en 1950.
La faute à qui ?
C'est la faute des philosophes. Les philosophes n'ont pas vu l'ampleur des changements du monde. Pourquoi ? Parce qu'ils étaient engagés depuis Sartre dans la politique. On est pourtant dans une des périodes les plus passionnantes qu'on ait vécues. Je vois toutes les institutions comme vraiment des dinosaures
Notre actuel président est pourtant réputé moderne. Si on le compare au général de Gaulle par exemple. Qu'en pensez-vous ?
C'est la même chose. Je dirais même que le général de Gaulle était plus moderniste. Il a fait la Caravelle, la bombe atomique, le marché commun... Ce n'est pas parce que le piétinement est énervé que ce n'est pas un piétinement. Cela dit, je ne jette la pierre à personne ; il est extrêmement difficile dans une période comme celle-ci de voir la sortie. Je vois où on est mais je n'ai pas de solution à vous donner.
Après la crise de 1929, souvent évoquée à propos de la crise actuelle, il y a eu la montée des fascismes et la guerre. Vous exprimez souvent l'angoisse de la guerre dans vos livres.
J'ai écrit " La Guerre mondiale " pour pointer que la guerre que nous faisons aujourd'hui n'est pas une guerre entre les hommes mais la guerre que les hommes font au monde. Notre rapport à la planète est un rapport de terrorisme. Nous sommes en train de gagner cette guerre contre le monde, c'est-à-dire de la perdre.
Mais la guerre entre les hommes ? Vous semblez faire une grande confiance à l'idée que l'Europe nous protège.
Je suis né en 1930 d'un père gazé à Verdun et d'une mère qui a été la seule à se marier dans son collège parce que tous les fiancés possibles étaient morts. J'ai vécu 1936, 1940, la guerre d'Algérie, Suez.. Entre ma naissance et trente ans, ça a été la guerre, la guerre, la guerre... Mais, depuis, la France est en paix. Elle est en paix depuis plus de soixante ans, ce qui n'est jamais arrivé depuis la guerre de Troie. Je me souviens, à Stanford, un jour avant la guerre en Irak, j'avais découpé une photo d'un sommet de chefs de gouvernement que je montrais à mes étudiants : Bush junior, Blair et Aznar. Ces trois jeunes gens vont faire la guerre et ils n'ont jamais connu la guerre. C'est une nouveauté très importante.
Revenons à la guerre contre la planète qui commence à inquiéter beaucoup de monde.
Je crois que cette crise-là est vraiment nouvelle et que c'est elle qui va changer le monde. Si le changement passe quelque part, il va passer par là. C'est pour cela que j'ai beaucoup écrit là-dessus. Tout le monde a la conscience vive de l'importance du problème aujourd'hui.
Même aux Etats-Unis ?
Les Etats-Unis étaient en retard. Il y avait encore aux Etats Unis il y a deux ans des gens qui pensaient que l'écologie était un complot contre l'Amérique.
Quand vous en parlez devant vos étudiants aux Etats-Unis, vous avez des réactions très différentes de ce qu'elles sont en France ?
Quand on enseigne, il n'y a plus d'auditoires nationaux. C'est la composition du cocktail de nationalités qui varie...
Quand on vous lit, on a parfois l'impression que vous êtes favorable à la décroissance pour résoudre le problème...
Je ne sais pas, je ne suis pas sûr, mais j'ai envie de vous parler de la disparition des dinosaures. On adore discuter des raisons pour lesquelles les dinosaures sont morts. Mais c'est tout simple : ils ont disparu parce qu'ils croissaient. C'est leur taille qui les a tués. La vie ne peut pas excéder une certaine taille. On meurt de croissance. Montesquieu se demande quelles sont les causes de la décadence des Romains. Mais c'est tout simple. Les Romains ont été victimes de leur grandeur. La taille de l'Empire romain est devenue telle qu'il ne pouvait que s'effondrer. Dans l'économie, je ne sais pas, mais, dans la vie, croissez, croissez, vous périrez. C'est " Le Lion et le Moucheron " de La Fontaine. Le lion ne peut rien contre le moucheron. Une autre intuition sur notre rapport à la nature. Dans l'histoire des sciences, on voit bien qu'il y a des disciplines qui forment le centre de gravité du savoir à un moment donné. Avant, c'était la mécanique ; maintenant, ce sont les sciences du vivant. Demain, l'économie sera centrée sur les sciences du vivant et pas sur la mécanique. Cela, je peux le dire. Dépêchez-vous de changer vos investissements.
Vous accordez beaucoup d'importance au droit. Notre monde a beaucoup de problèmes de régulation : finance, droits d'auteur sur Internet...
Dans une société, il y a des zones de droit et des zones de non-droit. La forêt était jadis une zone de non-droit infestée de malandrins et de voleurs. Un jour, pourtant, un voyageur traversant la forêt de Sherwood constata que tous les voleurs portaient une sorte d'uniforme ; ils portaient tous un chapeau vert et ils étaient sous le commandement de Robin Hood. Robin, qu'est-ce que ça veut dire ? Celui qui porte la robe du juge. Robin incarne le droit qui est en train de naître dans un lieu où il n'y avait pas de droit. Toutes les lois qu'on veut faire sur les droits d'auteur et la propriété sur Internet, c'est de la rigolade. Internet est un lieu de non-droit comme la forêt dont nous parlions. Or un droit qui existe dans un lieu de droit n'est jamais valable dans un lieu de non-droit. Il faut que dans ce lieu de non-droit émerge un nouveau droit. Dans le monde de demain doit émerger un nouveau droit. Si vous voulez réguler le monde d'aujourd'hui avec le vieux droit, vous allez échouer, exactement comme on a fait sur Internet. Il faut attendre que dans la forêt d'Internet on puisse inventer un droit nouveau sur ce lieu de non-droit. Plus généralement, dans cette crise qui fait entrevoir un nouveau monde, ce n'est pas le droit ancien qui va prévaloir.
Vous avez écrit qu'il nous manque un droit de la Terre.
Oui, c'est cela que j'ai voulu dire en écrivant " Le Contrat naturel ". Pour avoir avec la planète non des relations de parasite mais des relations de symbiose, il faut passer contrat.
Vous n'imaginez pas une organisation internationale édictant ce nouveau droit ?
Je me souviens d'un dialogue avec l'ancien secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali. Chaque fois que je parle de l'eau, me disait-il, mes interlocuteurs me répondent qu'ils ne sont pas là pour parler de l'eau mais pour défendre les intérêts du pays qu'ils représentent. Tant qu'il y aura des institutions intergouvernementales, la Terre ne sera pas représentée. Regardez ce qui se passe pour les poissons. Nous discutons des quotas de pêche avec les autres pays européens pour en avoir le plus possible. Pendant ce temps les poissons disparaissent. Les poissons n'ont pas la parole. Eh bien, moi, je suis pour cette utopie, que les poissons aient la parole. Je voudrais une institution mondiale qui représente l'eau, la terre, le feu... le vivant. Il faudrait des savants qui aient fait le serment de ne pas représenter un pays, une idéologie, une entreprise... et qui représentent les poissons et l'air et l'eau. Les institutions internationales aussi sont peuplées de dinosaures. On a envoyé un politique pour représenter la France pour les pôles ! Vous rendez-vous compte ? J'aime beaucoup Michel Rocard mais il connaît les pôles comme moi le coréen.
Finalement, vous nous avez peu cité La Fontaine que vous aimez tant le faire. La situation économique ne s'y prête pas ?
Le patron d'une très grande banque française qui est mon ami m'a invité à déjeuner il y a quelque temps. Il était très ennuyé par cette crise. " Ecoute, lui dis-je, que les Américains aient fait tous ces prêts aventureux, je le comprends ; ils n'ont jamais appris à l'école "La Laitière et le pot au lait". Mais, toi, tu le sais que le pot va tomber de la tête à un certain moment. Pourquoi ta banque a-t-elle pris des risques pareils alors que tu le sais par coeur ? " Toutes les bulles crèvent. " La Laitière et le pot au lait ", c'est un raisonnement financier parfait. Elle raisonne exactement comme un golden boy."
Et merci à Anne Kling qui a mis cette entrevue sur son site: http://france-licratisee.hautetfort.com/entretiens/
Paul Léautaud: un aristocrate de l'esprit
"Méfiez-vous d'un écrivain qui a fait sa carrière sans rien demander à personne, et qui, à cinquante ans passés, n'est pas décoré. Ce ne peut être qu'un mauvais esprit, et dangereux." (Propos d'un jour, Mercure de France, Paris, 1947).
"Sainte-Beuve disait: " Un membre de l'Académie écrit comme on doit écrire. Un homme d'esprit écrit comme on écrit (1). Tout l'art d'écrire est dans ces mots."
(1) C'est à peu près le mot de Montesquieu: " Un homme qui écrit bien n'écrit pas comme on écrit, mais comme il écrit, et c'est souvent en parlant mal qu'il parle bien." (Propos d'un jour, Marly-le-Roy, Mercure de France, Paris, 1947).
"Je place Chamfort encore plus haut aujourd'hui que lorsque j'étais jeune. A côté de La Rochefoucauld. En fermant les yeux sur sa dégringolade démagogique de la fin, - qu'il a payée cher (1)."
(1) Le mot de Chateaubriand: "Je me suis toujous étonné qu'un homme qui avait tant de connaissance des hommes eût pu épouser si chaudement une cause quelconque."
Propos d'un jour, Marly-le-Roy, Mercure de France, Paris, 1947.
« Pourquoi faire part de nos opinions ? Demain, nous en aurons changé. » (juillet 95)
« Je suis toujours resté dans mon coin. Je n'ai fréquenté ni les cafés littéraires ni les salons. Je suis critique dramatique et quand je vais au théâtre je ne connais personne et bien peu de gens me connaissent. Je ne vais jamais déjeuner ni dîner en ville, au milieu de gens qui recherchent la société des gens de lettres. (...) Cela m'a sauvé des compliments et de la vanité. Cela m'a sauvé aussi de la gravité et du danger de me prendre au sérieux, convaincu de mes mérites. De même que ma sauvagerie et mon isolement m'ont conservé ma liberté d'esprit, elles m'ont aussi préservé de la sottise de l'esprit. » (30.01.23)
« Cela m'a rappelé ce que m'a dit une fois Vallette, un jour que nous parlions politique (pour employer un mot commode). « Au fond, vous êtes un aristocrate. Tous vos faits et gestes, vos façons d'agir, le prouvent. » C'est vrai tout au moins dans le domaine des choses de l'esprit. » (01.03.24)
« Je ne sais plus comment je suis venu à parler ensuite de la Russie, où voilà maintenant qu'on apprend au peuple la notion de la Patrie et la nécessité de mourir pour elle, ce que j'ai dit en éclatant de rire, rappelant combien j'ai dit, dès le premier jour, que la Révolution russe, c'est la Révolution française, la première voulant bolcheviser l'univers, tout comme la seconde voulait porter la liberté à tous les peuples. » (02.09.27
« Comme j'ignorais que Albin Michel habite Bourg-la-Reine, je dis à Vallette : « Ah ! il habite Bourg-la-Reine ? - Oui. Pour le bon air. Et le dimanche, il chasse le sanglier. Il en a même tué trois dimanche dernier. - Curieux tout de même, ces gens placides, ces petits bourgeois comme vous et moi, qui trouvent ainsi du plaisir à aller tuer. » Pas de réponse de Vallette. Moi je le dis carrément d'Albin Michel et ses pareils : Imbéciles ! » (21.01.30)
« Il n'y a rien à espérer. La bassesse humaine est sans bornes. La cruauté, la bêtise également. Voici ce que je lis dans Le Soir d'avant-hier samedi. Un film sur la guerre Japon-Chine. Des avions laissent tomber des bombes qui éventrent des gens, incendient des quartiers entiers et des gens applaudissent. Pas même le réflexe qui fait qu’on pense à soi en pareille circonstance. Encore moins alors la pitié des victimes. » (29.02.32)
« Je le dis souvent, je le disais encore ce matin à René Dumesnil : on ne vivrait plus si on ne s'arrêtait pas de penser à tout ce qui se passe de cruautés, bêtes et hommes, sur la surface du globe. » (23.11.36)
« Arrêtée là, une sorte de fourgon d'où j'entends, en m'approchant, des aboiements de chiens. Je devine aussitôt ce que c'est. Le trottoir obstrué. Je descends sur la chaussée, et je remonte sur le trottoir, à l'extrémité du camion. On en descend des chiens, tenus à la chaîne, qu'un garçon de laboratoire, reconnaissable à sa blouse blanche, prenait pour les emmener dans le bâtiment. (...) Je me suis arrêté : « Bandits. Si c'est possible de faire un pareil métier ! Bandits ! Vous êtes des bandits. Je tiens vos savants pour plus bas que des apaches. Bandits ! » J'ai repris mon chemin. Après dix pas, je suis revenu, et j'ai recommencé, plus virulent, plus indigné encore. » (12.01.37)
« (...) j'ai été conquis aux Vendéens, aux Chouans, par leur guerre de liberté, sur laquelle j'ai lu bien des ouvrages. S'il m'était possible d'aller finir ma vie quelque part dans un coin tranquille, ce serait en Bretagne ou en Vendée, alors que je ne dépenserais pas dix francs pour aller dans le Midi, bordelais ou provençal. De même qu'il n'y a qu'un pays au monde que j'aurais voulu voir : l'Angleterre. D'où cela me vient-il ? (21.03.40)
« (...) la guerre consiste uniquement à faire s’entretuer de pauvres diables qui n'en peuvent mais, et qu'on pousse à la tuerie à moitié ivres, et le gendarme derrière eux avec son revolver pour les faire avancer. Je l'amène finalement à mon point de vue : la seule attitude pour des gens comme nous : silence, méfiance et mépris.
Il paraît que Gide a écrit au gouvernement pour offrir ses services pour la propagande. Ce serait joli, la propagande de ce protestant homosexuel, entortillé et pervers. » (17.10.39)
Non seulement je ne suis pas démocrate. Non seulement je ne suis pas pour l'égalité (qui, au reste, n'existe pas), mais je suis pour les privilèges. » (18.07.41)
Extrait de l'anthologie et MERCI à Loïc Decrauze: http://paul-leautaud.blogspot.fr/2009/05/constantes-du-caractere.html
Itsumo Nando Demo [ いつも何度でも ] Aria finale du Voyage de Chihiro d'Hayao Miyazaki
Yumi Kimura chante l'aria finale du film d'Hayao Miyazaki: Le voyage de Chihiro:
http://www.youtube.com/watch?v=pOq6nWd5XFI
Paroles: Kakku Wakako
Musique: Kimura Yumi
Yondeiru mune no dokoka okude
Itsumo kokoro odoru yume wo mitai
Kanashimi wa kazoekirenai keredo
Sono mukô de kitto anata ni aeru
Kurikaesu ayamachi no sono tabi hito wa
Tada aoi sora no aosa wo shiru
Hateshinaku michi wa tsuzuite mieru keredo
Kono ryôte wa hikari wo idakeru
Sayonara no toki no shizuka na mune
Zero ni naru karada ga mimi wo sumaseru
Ikiteiru fushigi shindeyuku fushigi
Hana mo kaze mo machi mo minna onaji
Yondeiru mune no dokoka okude
Itsumo nando demo yume wo egakô
Kanashimi no kazu wo iitsukusu yori
Onaji kuchibiru de sotto utaô
Tojiteyuku omoide no sono naka ni itsumo
Wasuretakunai sasayaki wo kiku
Konagona ni kudakareta kagami no ue ni mo
Atarashii keishiki ga utsusareru
Hajimari no asa no shizuka na mado
Zero ni naru karada mitasarete yuke
Umi no kanata ni wa mô sagasanai
Kagayaku mono wa itsumo koko ni
Watashi no naka ni mitsukerareta kara
Elle m'appelle, cette voix, tout au fond de mon coeur
Je voudrais ne rêver que de rêves qui m'exaltent
J'ai traversé des océans de tristesse
Mais je sais que sur l'autre rive, je te rencontrerai sûrement
Je suis ce voyageur qui répète les mêmes erreurs
Mais qui connaît le bleu du ciel pour l'avoir exploré à chaque chute
Le chemin semble long et interminable, mais je peux, de ces deux bras, étreindre la lumière
Mon coeur cesse de battre quand je te dis adieu
Mon corps vide et silencieux tend l'oreille vers le monde
Le merveilleux de la vie, le merveilleux de la mort
Les fleurs, le vent et les villes
Participent du même merveilleux
Elle m'appelle, cette voix tout au fond de mon coeur
Rêvons toujours les mêmes rêves aimés
Plutôt que d'énumérer la ritournelle des malheurs
Servons-nous des mêmes lèvres pour chanter joyeusement
Cette voix enfermée dans chaque souvenir
Continuons d'en écouter et d'en garder précieusement le chuchotement
Au-dessus du miroir brisé en mille morceaux
Des milliers de nouveaux paysages sont maintenant reflétés
A travers la fenêtre paisible du premier matin
Mon corps vide et silencieux va s'emplir d'une vie nouvelle
Plus besoin de chercher au-delà des mers
L'étincelle du bonheur est là, tout près
Je l'ai enfin trouvée,
Elle est au fond de moi
Source: http://www.nautiljon.com/paroles/kimura+yumi/itsumo+nando+demo.html
Le monde enchanté d'Evelyne Landau, par Pierre-Olivier Combelles (Le Courrier de la Nature N°285, septembre-octobre 2014)
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre sœur Eau,
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste.
Saint François d'Assise, Cantique de frère Soleil ou des Créatures
Évelyne Landau est photographe. Elle a longtemps habité la ville où elle a photographiait, en noir et blanc, les paysages citadins, l'architecture, les jeux de la lumière sur les surfaces, les volumes et les décors urbains. En 1995, elle découvre l'Islande puis en 1998 les Rocheuses (Yukon). Émerveillée par les plantes et les lichens de la toundra, elle se met alors à la couleur pour photographier la nature.
De retour en France, elle s'installe à la campagne, dans un petit village des Yvelines. La curiosité et les sens en éveil, elle arpente la forêt de Rambouillet qui l'entoure, ici et maintenant. Évelyne photographie les arbres, les écorces, les insectes, les plumes délicates abandonnées par les oiseaux, posées sur le sol, parmi les plantes, comme des vêtements de prix. Mais ce qui la fascine le plus, c'est l'eau, présente partout dans cette forêt humide où les rus, les mares et les étangs abondent. (...)
Pierre-Olivier Combelles
Extrait de l'article: Le monde enchanté d'Evelyne Landau, Le Courrier de la Nature (revue de la Société Nationale de Protection de la Nature) N°285, septembre-octobre 2014: http://www.snpn.com/spip.php?article2066
Site d'Evelyne Landau: http://www.evya-photographe.com/
Mystérieuse splendeur des choses vitales (Jean Rostand)
Mystérieuse splendeur des choses vitales. Beauté inimitable, inintelligible, impossédable..
Aimer, c'est ne pas pouvoir posséder.
(Carnet d'un biologiste, p.97, Stock, 1959)
Extrait de l'utilissime choix de pensées de Jean Rostand, ce grand biologiste, écrivain et moraliste francais: http://www.gilles-jobin.org/citations/?P=r&au=304
"Voyez mes frères, le printemps est venu..." (Sitting Bull)
"Voyez Mes frères, le printemps est venu ; la terre a reçu l'étreinte du soleil, et nous verrons bientôt les fruits de cet amour! Chaque graine s'éveille et de même chaque animal prend vie. C'est à ce mystérieux pouvoir que nous devons nous aussi notre existence ; c'est pourquoi nous concédons à nos voisins, même à nos voisins animaux, le même droit qu'à nous d'habiter cette terre. Pourtant, écoutez-moi, vous tous, nous avons maintenant affaire à une autre race, petite et faible quand nos pères l'on rencontrée pour la première fois, mais aujourd'hui grande et arrogante. Assez étrangement, ils ont dans l'idée de cultiver le sol et l'amour de posséder est chez eux une maladie. Ces gens-là ont établi beaucoup de règles que les riches peuvent briser mais non les pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre mère à tous, la terre, pour leur propre usage et se barricadent contre leurs voisins ; ils la défigurent avec leurs constructions et leurs ordures. Cette nation est pareille à un torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage. Nous ne pouvons vivre côte à côte."
Discours qui aurait été prononcé par Sitting Bull (Tatanka Iyotaka) en 1875
Quand les hommes s'amusent sur la mer: l'Hydroptère
Inventé en 1976 par le grand marin Eric Tabarly à partir d'une coque de Tornado pour faire la coque centrale, le trimaran à hydrofoils a été perfectionné par Alain Thébault qui a créé l'Hydroptère, avec lequel il a battu le record du monde de vitesse à la voile (51 noeuds). Il a pu atteindre ensuite la vitesse de 61 noeuds. La particularité géniale de l'hydrofoil est de dépasser la vitesse du vent: 25 noeuds avec 20 noeuds de vent par exemple.
Alain Thébault s'est entouré d'une équipe d'ingénieurs retraités, la plupart de l'aéonautique, qui avaient travaillé par exemple sur la conception des Mirage. Quand on voit l'usage que l'on fait des chasseurs-bombardiers dans les guerres modernes d'extermination des populations civiles, on se dit que mieux vaut, en effet, s'intéresser à perfectionner les bateaux à voile. C'est d'ailleurs par là que ces "braves" gens auraient du commencer...
Site de l'Hydroptère:http://www.hydroptere.com/
Quelques vidéos:
http://www.youtube.com/watch?v=jCuP-XHefTo
http://www.youtube.com/watch?v=2boayPZ3GbE
http://www.youtube.com/watch?v=QIOBNjew3k4
http://www.youtube.com/watch?v=36PRnNBuN9I
Les dauphins qui jouent avec leurs cercles de bulles
http://www.dailymotion.com/video/x6xyzn_dauphin-joue-avec-ces-cercles-de-bu_animals#rel-page-9
Merveilleux! Bouleversant !
Cela me rappelle les sternes (arctiques ou pierregarin, je ne rappelle plus) qui jouaient inlassablement à surfer dans l'air des vagues, sur la Basse Côte-Nord du Québec, où je les ai regardées pendant plus d'une heure, assis sur un rocher, par une belle après-midi de brise (c'était à la Petite rivière Kegashka, près de chez Leslie et sa fille Laureen Foreman, en juillet 1990).
Les animaux adorent jouer.
POC
La tragédie de la pollution lumineuse (AVEX)
Aujourd'hui, la plupart des hommes sont devenus des urbains. Même s'ils apercoivent les astres et les étoiles de temps en temps, ils ne les connaissent plus et de vivent plus avec eux. Ils fuient la noirceur de la nuit naturelle. Les étoiles des villes, les étoiles "domestiques", ce sont les lampadaires des rues, les éclairages des galeries marchandes, des édifices publics et privés.
C'est une minorité: paysans (au vrai sens du terme, une espèce en voie d'extinction), pêcheurs-chasseurs-cueilleurs "primitifs", astronomes, poètes, artistes, qui les connaissent, les aiment et vivent encore en leur "compagnie", dans une vie cosmique, entière.
Dans tous les pays du monde, la pensée et le pouvoir politiques,comme les principales religions du monde, qui sont monothéistes*, sont devenus urbains et non-cosmiques.
En Amérique du sud, dans les Andes, l'antique et universelle Fête des Pléiades, fête du Nouvel An, des Morts et des récoltes (Qoyllur Rit'i en quechua, Matariki en maori) a été christianisée en fête du Corpus Christi et a perdu son sens réel.
La tragédie de notre époque est d'avoir une conscience écologique dans une vie acosmique et désacralisée.
POC
* Lire à ce sujet Mircea Eliade: Le sacré et le profane, L'épreuve du labyrinthe (entretiens avec Claude-Henri Rocquet), etc.
Site de l'AVEX (Astronomie du Vexin) qui publie des cartes et des études très intéressantes (notamment pour les élus locaux et les associations écologistes ou naturalistes) sur la pollution lumineuse:
http://www.avex-asso.org/dossiers/wordpress/?p=1657#more-1657
Photographie satellitale de l'Europe de l'ouest, la nuit.
Source de l'image: AVEX