Who killed Dersou Ouzala ?
L'explorateur russe Vladimir Arseniev et Dersou Ouzala. «Au cours de l'année 1902, lors d'une mission que j'accomplissais à la tête d'une équipe de chasseurs, je remontais la rivière Tzimou-khé qui se jette dans la baie de l'Oussouri, près du village de Chkotovo. Mon convoi se composait de six tireurs sibériens et comportait quatre chevaux chargé s de bagages. L'objet de cette mission était l'étude pour les services de l'armée de la région de Chkotovo et l'exploration des cols du massif montagneux du Da-dian-chan où prennent leurs sources quatre fleuves: le Tzimou, le Maï-khé, la Daoubi-khé et le Léfou. je devais ensuite reveler toutes les pistes avoisinant le lac de Hanka et le chemin de fer de l'Oussouri. (p. 11) […] "Comment t'appelles-tu ?" demandai-je à l'inconnu. "Dersou Uzala", répondit-il. Cet homme m'intéressait. Il avait quelquechose de particulier. parlant d'une manière simple et à voix basse, il se comportait avec modestie, mais sans la moindre bassesse... Au cours de notre longue conversation, il me raconta sa vie. J'avais devant moi un chasseur primitif qui avait passé toute son existence dans la taïga. Il gagnait par son fusil de quoi vivoter, échangeant les produits de sa chasse contre du tabac, du plomb et de la poudre que lui fournissaient les Chinois. Sa carabine était un héritage qui lui venait de son père. Il me dit qu'il avait cinquante-trois ans et que jamais il n'avait eu de domicile. Vivant toujours en plein air, ce n'est qu'en hiver qu'il s'aménageait une "yourte" provisoire, faite soit en racine, soit en écorce de bouleau. Ses souvenirs d'enfance les plus reculés, c'étaient la rivière, une hutte, un bûcher, ses parents et sa petite soeur. » (p. 21) Vladimir Arseniev. La taïga de l'Oussouri. Mes expéditions avec le chasseur gold Dersou. Traduit du russe par le prince Pierre P. Wolkonsky. Payot, Paris, 1939.
Le chasseur Gold Dersou Ouzala face au tigre qui tournait autour d'eux pendant qu'il marchait avec le capitaine Vladimir Arseniev sur un sentier de la taïga de l'Oussouri. Tableau d'une exposition d'art en Sibérie.
Qui a tué Dersou Ouzala ?
Ce n'est pas Amba le tigre
ce n'est pas l'ours
ce n'est pas la panthère
ce ne sont pas les sangliers
ni les cerfs
ni les insectes qui harcèlent sans relâche les animaux et les hommes
ni les abeilles sauvages
ni les champignons vénéneux
ni les plantes
ni la forêt
ni la montagne
ni la rivière
ni les lacs
ni le froid
ni le feu
ni le vent.
Le tigre, l'ours, la panthère, les sangliers, les cerfs, les insectes, les abeilles, les champignons, les plantes, la forêt, la montagne, la rivière, les lacs, le froid, le feu et le vent étaient ses amis, comme tout ce qui est et tout ce qui vit.
Ce ne sont pas non plus les autres homme de la forêt et des clairières; chasseurs de zibelines, cueilleurs de gin-seng, Houndhouzes, agriculteurs chinois ou coréens des fanzas, qui se chauffent sur des kangs, ni même les soldats cosaques du détachement de l'explorateur russe Vladimir Arseniev.
(...)
Pierre-Olivier Combelles
Vladimir Klavdievitch Arseniev (en russe : Владимир Клавдиевич Арсеньев, né à Saint-Pétersbourg le 10 septembre (29 août) 1872 et mort le 4 septembre 1930 à Vladivostok)
"Durant la Guerre civile (1918-1921), il fut commissaire aux minorités ethniques de l'éphémère République d'Extrême-Orient. Non seulement le régime communiste stalinien n'eut aucune reconnaissance envers ses travaux, mais Arseniev fut accusé d'intelligence avec l'ennemi, à savoir les Japonais. Il fut recherché et ses archives furent saccagées. Il n'échappa à ses poursuivants que parce qu'il se trouvait alors en expédition et parce qu'il ne revint jamais chez lui, terrassé sur le terrain par un ultime coup de froid mortel. Sa femme fut arrêtée et jugée sous le même chef d'inculpation en 1937. Elle fut exécutée et sa fille fut alors placée en centre d'internement pendant au moins quinze ans." https://fr.wikipedia.org/wiki/Vladimir_Arseniev
Destruction des forêts naturelles et peur de l'inconnu (Jacques Brosse)
La forêt francaise, morcelée, cultivée et exploitée (Massif forestier de Rambouillet). Photo: Pierre-Olivier Combelles
Pic noir. Aquarelle sur écorce de bouleau par Pierre-Olivier Combelles. Le pic noir, le plus grand des pics d'Europe, fait résonner son cri plaintif: Kieeeeeuuuuuuu ! et ses puissants tambourinements dans les vieilles forêts de chênes ou de conifères. Les anciens habitants de la Gaule vénéraient le dieu Picus, génie de la forêt.
« […] La forêt vierge, qui n'en a rêvé, au moins en sa jeunesse ? Peut-être n'est-ce qu'un jeu de l'imaginaire, un souvenir archaïque qui traînerait dans l'inconscient collectif, mais que raniment périodiquement les mythes et les contes, les romans de chevalerie et même les grands romanciers d'aventures, Jules Verne, dans Le Voyage au centre de la Terre (1864), ou Conan Doyle dans Le Monde perdu (1913) et aussi le cinéma,par exemple dans le film La Forêt d'émeraude (1985), qui exploitent, plus ou moins ingénieusement, le riche filon, la croyance en un état préhistorique de la nature qui survivrait intact dans des recoins encore inexplorés de la terre. On l'a vu encore à l'oeuvre récemment avec les témoignages controuvés au sujet du Yéti, « l'abominable homme des neiges » qui hanterait les solitudes « inviolées » de l'Himalaya.
Pourtant, cette forêt vierge existe encore, en Amazonie, en Malaisie, en Indonésie, en Papouasie, et même dans les montagnes reculées du nord-ouest canadien, où l'on dit qu'il faut « tuer l'arbre pour faire de la terre ». C'est cette forêt-là sur laquelle on s'acharne encore aujourd'hui. Depuis les grands défrichements monastiques du Moyen Âge jusqu'à ceux qui veulent percer la forêt amazonienne et dont l'inanité a été démontrée, puisque le terrain dénudé devient aussitôt stérile, la motivation demeure la même, la peur de l'inconnu, d'un inconnu qui ne peut être que menaçant.
Pour l'inconscient occidental, remarque Robert Harrison, la forêt reste « la frontière extérieure entre l'humain et le non humain ». Le non humain inquiète. Dans une forêt vierge, « le promeneur ne ferait que se perdre », note un forestier, « il y éprouverait l'angoisse de la solitude et le sentiment d'avoir irrémédiablement basculé hors du monde, de ses représentations anthropomorphiques habituelles, dans une nature cette fois authentique, mais devenue pour lui foncièrement inhospitalière ». C'est contre une telle angoisse que tentent de lutter certains forestiers qui écrivent : « Gérer la nature, c'est aussi prendre en compte les désirs des hommes, leur volonté de développement, mais aussi de domination. » Convoitise et peur vont de pair, puisque, dans les deux cas, on est conduit à attenter à l'ordre naturel, donc à la seule réalité. R. Harrison écrit encore : « La pulsion destructrice envers la nature a trop souvent des causes psychologiques qui dépassent l'envie de biens matériels ou le besoin de domestiquer l'environnement. Il y a trop souvent une rage délibérée et vengeresse à l'oeuvre dans l'agressivité contre la nature et ses espèces, comme si l'on projetait sur le monde naturel les intolérables angoisses de finitude qui rendent l'humanité otage de la mort. […]»
Jacques Brosse
"L'aventure des forêts en Occident".
Le lac Kahakaukamakaht, dans la taïga du Québec-Labrador, immense forêt primaire apparue lentement après la fonte de l'inlandsis il y a 10.000 ans et que l'homme rouge n'avait pas modifiée, en dehors des quelques sentiers de portage et emplacements de camps. Au premier et au second plan, des mélèzes (Larix laricina) multicentenaires, tordus par le froid et le vent. Photo: Pierre-Olivier Combelles
Jean-Louis Borloo a peur du noir
"L'Afrique, c'est à la fois un monde informé et un monde dans le noir."
Jean-Louis Borloo
Ancien ministre de l'Écologie (!), créateur de la fondation Énergies pour l'Afrique
Entrevue avec le JDD, 26 avril 2015 : http://www.lejdd.fr/Politique/Jean-Louis-Borloo-sur-l-immigration-L-Afrique-est-pour-l-Europe-un-relais-de-croissance-729724
"Il faut que toute l'Afrique ait accès à l'électricité"
Jean-Louis Borloo
Entrevue avec le JDD, 1er novembre 2015: http://www.lejdd.fr/Politique/Jean-Louis-Borloo-Il-faut-que-toute-l-Afrique-ait-acces-a-l-electricite-757863
A présent laissez-moi, je vais seul... (Saint-John Perse, Eloges)
Saint-John Perse tenant une mante religieuse. Photographie prise certainement dans son domaine des Vigneaux, sur la presqu'île de Giens.
XVIII
A présent laissez-moi, je vais seul.
Je sortirai, car j'ai affaire:un insecte
m'attend pour traiter. Je me fais joie
du gros oeil à facettes:anguleux,
imprévu, comme le fruit du cyprès.
Ou bien j'ai une alliance avec les pierres
veinées-bleu: et vous me laissez également,
assis, dans l'amitié de mes genoux.
Saint-John Perse, Eloges, Librairie Gallimard, 1953.
Samain
Samain était la grande fête de l'entrée dans l'hiver ( la nuit) chez les Celtes. Située à mi-chemin entre l'équinoxe d'automne et le solstice d'hiver, elle avait lieu début novembre, selon le calendrier lunaire, et durait trois jours. Après le culte aux héros puis aux morts, elle se prolongeait par des réjouissances, comme à l'accoutumée.
Beltaine, le 1er mai, marquait le retour de la lumière et le commencement de l'été
La fête de Samain a été christianisée vers 830 par le pape Grégoire IV (dédicace d'une chapelle de l'église Vaticane), devenant la Toussaint (1er novembre). L'Eglise l'a fait suivre plus tard par la fête des morts (Commémoration des fidèles défunts) le lendemain (2 novembre).
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