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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Le bouquet oublié

6 Mai 2016 , Rédigé par POC

Un bouquet de pâquerettes oublié par un enfant sur la table d'un jardin public après une belle après-midi de printemps (photo: Pierre-Olivier Combelles)

Un bouquet de pâquerettes oublié par un enfant sur la table d'un jardin public après une belle après-midi de printemps (photo: Pierre-Olivier Combelles)

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V.-amiral Michel Debray: pour la sortie de la France de l'OTAN

4 Mai 2016 , Rédigé par POC

À l’initiative du président Hollande, un projet de loi prépare le retour de l’OTAN avec le stationnement sur notre sol de forces militaires étrangères membres, 50 ans après en avoir été exclues par le général de Gaulle !

Le président de la République, bafouant les principes établis au nom de la France, de 1958 à 1966 pour sa sortie de du commandement intégré de l’OTAN, a soumis au conseil des ministres du 4 janvier 2016 un projet de loi qui autoriserait le retour sur notre sol de forces militaires étrangères sur décision des Etats-Unis, véritable maître de l’OTAN.

Le général de Gaulle dès son accession à la présidence de la République en janvier 1959 a multiplié les démarches et pris les décisions afin que la France rétablisse sa souveraineté et son indépendance, ce qui fut réalisé en mars 1966.

Le texte prévoit, s’il est adopté par le parlement, l’adhésion de la France à un protocole datant de 1952 qui définissait « le cadre juridique du stationnement des quartiers généraux de l’OTAN et de leurs personnels au sein des pays de l’alliance ».

Ce protocole de 1952 induisait la présence de 28000 militaires américains qui paradaient sur notre sol 21 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ils occupaient principalement des bases aériennes, comme à Déols près de Châteauroux, tout en narguant les autorités et la population.

Dans cette période où l’impérialisme américain avait déjà fait de l’OTAN son arme de guerre, le président de Gaulle développa sa politique étrangère selon les principes de souveraineté et d’indépendance qu’il avait mis en œuvre.

Nous avons évoqué en commémorant en 2013 le 70ème anniversaire de la victoire de l’armée soviétique à Stalingrad, qui fut le tournant décisif de la Seconde Guerre Mondiale, la visite du général de Gaulle à Moscou du 20 au 30 juin 1966. Ce dernier, se souvenant de 1944 où il avait vu la grande Russie « … tendue dans l’esprit guerrier qui allait assurer sa victoire et, pour une très large part, celle de la France et de ses alliés », clôtura sa visite par la signature d’une déclaration bilatérale qui donna une impulsion considérable à une coopération multiforme, le domaine spatial en témoigne encore.

Le 1er septembre 1966, le président de Gaulle prononça un discours à Phnom Penh au Cambodge en présence de 100 000 personnes. L’impérialisme américain installé au Vietnam du sud se distinguait par l’utilisation massive du napalm et les bombardements aériens, c’est ce que mettait en cause le président français en ces termes : l’escalade américaine « de plus en plus étendue en Asie, de plus en plus proche de la Chine, de plus en plus provocante à l’égard de l’Union Soviétique, de plus en plus réprouvée par nombre de peuples d’Europe, d’Afrique, d’Amérique latine, et, en fin de compte menaçante pour la paix du monde ».

La réintégration en décembre 1995 de la France au comité militaire et au conseil des ministres de l’OTAN fut qualifiée par l’historien Paul-Marie de la Gorce de « retour honteux de la France dans l’OTAN ». La réintégration fut complétée en 2009 sous la présidence de Sarkozy, ramenant la France à la situation antérieure à 1966.

La décision de Hollande de démolir l’œuvre de De Gaulle en ce domaine, tout comme la mission impérative qu’il a donnée à son gouvernement Valls-Macron de déclencher une guerre totale contre ce qu’il reste des conquêtes sociales et démocratiques émanant du Front populaire et des fondamentaux du programme du Conseil National de la Résistance, illustre le caractère ultra réactionnaire d’une politique sociale-impérialiste.

La 4ème conférence nationale du PRCF des 14 et 15 mars 2015 a constaté avec raison que le parti socialiste est bien « irréversiblement enchaîné à la « construction » européenne, à l’OTAN et à la gouvernance capitaliste mondiale (FMI, UE, OMC) ».

Ce projet de loi Hollande, honteux et antinational, nouvelle soumission aux Etats-Unis, mérite la poubelle de l’histoire, il doit être rejeté par les députés et les sénateurs qui en seront bientôt saisis.

Il éclaire l’urgence pour la sécurité de notre pays de sortir de l’OTAN qui réalisa avec le concours de la CIA le coup d’Etat des néo-nazis-fascistes de la place Maïdan à Kiev dont un des leaders fut reçu à l’Elysée. La soi-disant « Europe de la paix » a été transformée par l’OTAN en « Union Européenne militariste » pouvant conduire à une troisième guerre mondiale.

La sortie de l’OTAN devra s’accompagner du retrait de la France de l’Euro, de l’Union Européenne et des organismes déjà cités, FMI et OMC, qui assurent la dictature internationale des marchés financiers et menacent la paix et la démocratie.

 

 

Michel DEBRAY

Vice-amiral

Ancien commandant de l'Aviation embarquée

et du groupe des porte-avions

Ancien président de l'Institut Charles de Gaulle

 

Source: http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/otan-projet-de-retour-de-forces-179644

Biographie du V.-Amiral Michel Debray sur le site de l'École Navale:

http://ecole.nav.traditions.free.fr/officiers_debray_michel.htm

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"Miracle d'amour est votre servante" (Saint-Évremond)

4 Mai 2016 , Rédigé par POC

Hortense Mancini, duchesse de Mazarin, par sir Godfrey Kneller (1671)

Hortense Mancini, duchesse de Mazarin, par sir Godfrey Kneller (1671)

LETTRE AU COMTE D'OLONNE.

(1677.)

Je ne sais pas pourquoi vous admireriez mes vers, puisque je ne les admire pas moi-même ; car vous devez savoir qu’au sentiment d’un grand maître de l’art poétique1, le poëte est toujours le plus touché de son ouvrage. Pour moi, je reconnois beaucoup de fautes dans le mien, que je pourrois corriger, si l’exactitude ne faisoit trop de peine à mon humeur, et ne consumoit trop de temps à une personne de mon âge. D’ailleurs, j’ai une excuse que vous recevrez, si je ne me trompe : les coups d’essais ne sont pas souvent des chefs-d’œuvre, et les louanges que je donne au roi, étant les premières véritables et sincères que j’ai données, il ne faut pas s’étonner que je n’y aïe pas trop bien réussi. Les vôtres, pour moi, ont une ironie ingénieuse, dans laquelle je me suis vu si grand maître autrefois, que le maréchal de Clérambaut ne trouvoit que moi capable de vous disputer le mérite de cette figure-là. Vous ne deviez pas vous en servir contre un homme qui en a perdu l’usage, et qui est autant votre serviteur que je le suis. Vous me voyez assez en garde contre le ridicule ; et, malgré toutes mes précautions, je ne laisse pas de me laisser aller agréablement aux louanges que vous me donnez sur mon goût. Vous avez intérêt qu’il soit bon, juste et délicat ; car l’idée du vôtre, que je conserve toujours, règle le mien.

Le miracle d’amour2, que je vis à Bourbon, est le miracle de beauté que je vois à Londres. Quelques années qui lui sont venues, lui ont donné plus d’esprit, et ne lui ont rien ôté de ses charmes.

Beaux yeux, de qui l’éclat feroit cacher sous l’onde
Ceux qu’on en vit sortir pour animer le monde,
Je ne m’étonne pas que les plus grands malheurs
Ne vous coûtent jamais de pleurs :
Ce n’est pas au malheur à vous causer des larmes ;
On ne les connoît point où règnent tant de charmes.
Si vous avez, beaux yeux, des larmes à jeter,
C’est l’amour seulement qui vous les doit coûter.

Pour les attentats que vous me conseillez, je suis peu en état de les faire, et elle est en état de les souffrir. S’il faut veiller les nuits entières, on ne me donne pas quarante ans ; s’il faut faire un long voyage avec le vent et la pluie : quelle santé que celle de M. de Saint-Évremond ! Veux-je approcher ma tête de la sienne, sentir des cheveux et baiser le bout de l’oreille, on me demande si j’ai connu Mme Gabrielle3, et si j’ai fait ma cour à Marie de Médicis. Le papier me manque : je vous prie de me mettre au rang des amis solides, immédiatement après M. de Canaples4. Miracle d’amour est votre servante5.

NOTES DE L’ÉDITEUR

1. Aristote.

2. Mme Mazarin.

3. Gabrielle d’Estrées, maîtresse de Henri IV.

4. Alphonse de Créqui, marquis de Canaples, qui a été ensuite duc de Lesdiguières.

5. Indépendamment de ces lettres au comte d’Olonne, il en est une autre, de date plus ancienne, qui eut une certaine publicité ; dont les copies furent répandues dans le monde, et ne parvinrent à l’impression, dans les recueils de Barbin, qu’avec des altérations qui la rendoient méconnoissable. Lorsque Des Maizeaux la remit sous les yeux de Saint-Évremond, le vieillard écrivit en marge : Tout est changé : point de moi, comme elle est. Nous nous sommes donc abstenus de la reproduire ici, avec d’autant moins de regret qu’elle se rapporte à des événements de société dont nous ignorons l’histoire et les détails. Il y est question, probablement, d’un projet de mariage du comte d’Olonne avec Mademoiselle de Leuville, et d’une singularité de voyage, par le coche d’Orléans, qui ne fut point approuvée du commandeur de Souvré, ni du commandeur de Jars. Saint-Évremond ne voulut pas refaire cette lettre. Telle qu’elle est imprimée, elle est dépourvue d’intérêt.

Source: https://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_de_Saint-%C3%89vremond_au_comte_d%E2%80%99Olonne_%28%C2%AB_Je_ne_sais_pas_pourquoi_vous_admireriez_mes_vers%E2%80%A6_%C2%BB%29

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Saint-Évremond: lettre au comte d'Olonne (1675 ? )

4 Mai 2016 , Rédigé par POC

Lettres écrites après son exil.

 

LETTRE AU COMTE D’OLONNE.

Aussitôt que je sus votre disgrâce1, je me donnai l’honneur de vous écrire pour vous témoigner mon déplaisir ; et je vous écris présentement, pour vous dire qu’il faut éviter au moins le chagrin, dans le temps où il n’est pas en notre pouvoir de goûter la joie. S’il y a d’honnêtes gens, au lieu où vous êtes, leur conversation pourra vous consoler des commerces que vous avez perdus ; et si vous n’y en trouvez pas, les livres et la bonne chère vous peuvent être d’un grand secours et d’une assez douce consolation. Je vous parle en maître qui peut donner des lecons ; non pas que je présume beaucoup de la force de mon esprit : mais je pense avoir quelque droit à prendre de l’autorité sur les nouveaux disgraciés, par une longue expérience des méchantes affaires et des malheurs.

Parmi les livres que vous choisirez pour votre entretien, à la campagne, attachez-vous à ceux qui font leurs effets sur votre humeur par leur agrément, plutôt qu’à ceux qui prétendent fortifier votre esprit par leurs raisons. Les derniers combattent le mal : ce qui se fait toujours aux dépens de la personne en qui le combat se passe ; les premiers le font oublier, et à une douleur oubliée, il n’est pas difficile de faire succéder le sentiment de la joie.

La Morale n’est propre qu’à former méthodiquement une bonne conscience ; et j’ai vu sortir de son école des gens graves et composés qui donnoient un tour fort ridicule à la prud’hommie. Les vrais honnêtes gens n’ont que faire de ses lecons ; ils connoissent le bien par la seule justesse de leur goût, et s’y portent de leur propre mouvement. Ce n’est pas qu’il y ait de certaines occasions où son aide n’est pas à rejeter ; mais, où l’on peut avoir besoin de son aide, on se passeroit bien de ces occasions.

Si vous étiez réduit à la nécessité de vous faire couper les veines, je vous permettrois de lire Sénèque et de l’imiter : encore aimerois-je mieux me laisser aller à la nonchalance de Pétrone, que d’étudier une fermeté que l’on n’acquiert pas sans beaucoup d’efforts.

Si vous étiez d’humeur à vous dévouer pour la patrie, je vous conseillerois de ne lire autre chose que la vie de ces vieux Romains qui cherchoient à mourir pour le bien de leur pays ; mais, en l’état où vous êtes, il vous convient de vivre pour vous, et de passer le plus agréablement que vous pourrez le reste de votre vie. Or, cela étant comme il est, laissez là toute étude de sagesse qui ne va pas à diminuer vos chagrins, ou à vous redonner des plaisirs. Vous chercherez de la confiance dans Sénèque, et vous n’y trouverez que de l’austérité. Plutarque sera moins gênant, cependant il vous rendra grave et sérieux, plus que tranquille. Montagne vous fera mieux connoître l’homme qu’aucun autre, mais c’est l’homme avec toutes ses foiblesses : connoissance utile dans la bonne fortune pour la modération, triste et affligeante dans la mauvaise.

Que les malheureux donc ne cherchent pas dans les livres à s’attrister de nos misères, mais à se réjouir de nos folies ; et par cette raison vous préférerez à la lecture de Sénèque, de Plutarque et de Montagne, celle de Lucien, de Pétrone, de Don Quichotte. Je vous recommande surtout Don Quichotte : quelque affliction que vous ayez, la finesse de son ridicule vous conduira imperceptiblement à la joie.

Vous me direz peut-être que je n’ai pas été d’une humeur si enjouée dans mes malheurs que je le parois dans les vôtres, et qu’il est malhonnête de donner toutes ses douleurs à ses maux, lorsqu’on garde son indifférence et sa gaieté même pour ceux de ses amis. J’en demeurerois d’accord avec vous, si j’en usois de la sorte ; mais je puis dire avec vérité, que je ne suis guères moins sensible à votre exil que vous-même : et la joie que je vous conseille est à dessein de m’en attirer, quand je vous aurai vu capable d’en recevoir.

Pour ce qui regarde mes malheurs, si je vous y ai paru plus triste que je ne vous parois aujourd’hui, ce n’est pas que je le fusse en effet. Je croyais que les disgrâces exigeoient de nous la bienséance d’un air douloureux, et que cette mortification apparente étoit un respect dû à la volonté des supérieurs, qui songent rarement à nous punir sans dessein de nous affliger : mais sachez que sous de tristes dehors et une contenance mortifiée, je me suis donné toute la satisfaction que j’ai su trouver en moi-même, et tout le plaisir que j’ai pu prendre dans le commerce de mes amis.

Après avoir trouvé ridicule la gravité de la Morale, je serois ridicule moi-même si je continuois un discours si sérieux ; ce qui me fait passer à des conseils moins gênants que les instructions.

Accommodez, autant qu’il vous sera possible, votre goût à votre santé ; c’est un grand secret de pouvoir concilier l’agréable et le nécessaire, en deux choses qui ont été presque toujours opposées. Pour ce grand secret, néanmoins, il ne faut qu’être sobre et délicat. Et que ne doit-on pas faire pour apprendre à manger délicieusement, aux heures du repas, ce qui tient l’esprit et le corps dans une bonne disposition pour toutes les autres ? On peut être sobre sans être délicat, mais on ne peut jamais être délicat sans être sobre. Heureux qui a les deux qualités ensemble ! il ne sépare point son régime d’avec son plaisir.

N’épargnez aucune dépense pour avoir des vins de Champagne, fussiez-vous à deux cents lieues de Paris ; ceux de Bourgogne ont perdu leur crédit avec les gens de bon goût, et à peine conservent-ils un reste de vieille réputation, chez les Marchands. Il n’y a point de Province qui fournisse d’excellents vins pour toutes les saisons que la Champagne : elle nous fournit le vin d’Ay, d’Avenay, de Haut-Villiers, jusqu’au printemps ; Tessy, Sillery, Versenay, pour le reste de l’année.

Si vous me demandez lequel je préfère de tous les vins, sans me laisser aller à des modes de goûts qu’introduisent de faux délicats, je vous dirai que le vin d’Ay est le plus naturel de tous les vins, le plus sain, le plus épuré de toute senteur de terroir, d’un agrément le plus exquis par son goût de pêche qui lui est particulier, et le premier, à mon avis, de tous les goûts. Léon X, Charles-Quint, François premier, Henri VIII, avoient tous leur propre maison, dans Ay ou proche d’Ay, pour y faire plus curieusement leurs provisions. Parmi les plus grandes affaires du monde qu’eurent ces grands Princes à démêler, avoir du vin d’Ay ne fut pas un des moindres de leurs soins.

Ayez peu de curiosité pour les viandes rares, et beaucoup de choix pour celles qu’on peut avoir commodément. Un potage de santé bien naturel, qui ne sera ni trop peu fait, ni trop consommé, se doit préférer pour un ordinaire à tous les autres, tant par la justesse de son goût, que par l’utilité de son usage. Du mouton tendre et succulent ; du veau de bon lait, blanc et délicat ; la volaille de bon suc, moins engraissée que nourrie ; la caille grasse, prise à la campagne ; un faisan, une perdrix, un lapin, qui sentent bien chacun dans son goût ce qu’ils doivent sentir, sont les véritables viandes qui pourront faire, en différentes saisons, les délices de votre repas. La gelinotte de bois est estimable, surtout par son excellence, mais peu à conseiller où vous êtes et où je suis, par sa rareté.

Si une nécessité indispensable vous fait dîner avec quelques-uns de vos voisins, que leur argent ou leur adresse aura sauvé de l’arrière-ban, louez le lièvre, le cerf, le chevreuil, le sanglier, et n’en mangez point ; que les canards et presque les sarcelles s’attirent la même louange. De toutes les viandes noires, la seule bécassine sera sauvée, en faveur du goût, avec un léger préjudice de la santé.

Que tous mélanges et compositions de cuisine, appellés Ragoûts ou Hors-d’œuvres, passent auprès de vous pour des espèces de poisons : si vous n’en mangez qu’un peu, ils ne vous feront qu’un peu de mal ; si vous en mangez beaucoup, il n’est pas possible que leur poivre, leur vinaigre et leurs oignons ne ruinent à la fin votre goût, et n’altèrent bientôt votre santé. Les sauces toutes simples que vous ferez vous-même, ne peuvent avoir rien de malfaisant. Le sel et l’orange sont l’assaisonnement le plus général et le plus naturel : les fines herbes sont plus saines et ont quelque chose de plus exquis que les épices, mais elles ne sont pas également propres à toutes choses ; il faut les employer avec discernement aux mets où elles s’accommodent le mieux, et les dispenser avec tant de discrétion, qu’elles relèvent le propre goût de la viande, sans faire quasi sentir le leur.

Après avoir parlé de la qualité des vins et de la condition des viandes, il faut venir au conseil le plus nécessaire pour l’accommodement du goût et de la santé.

Que la nature vous incite à boire et à manger, par une disposition secrète qui se fait légèrement sentir, et ne vous y presse pas par le besoin. Où il n’y a point d’appétit, la plus saine nourriture est capable de nous nuire, et la plus agréable de nous dégoûter : où il y a de la faim, la nécessité de manger est une espèce de mal qui en cause un autre après le repas, pour avoir fait manger plus qu’il ne faut. L’appétit donne de l’exercice à notre chaleur naturelle, dans la digestion ; l’avidité lui prépare du travail et de la peine. Le moyen de nous tenir toujours dans une disposition agréable, c’est de ne souffrir ni vide ni replétion, afin que la nature n’ait jamais à se remplir avidement de ce qui lui manque, ni à se soulager avec empressement de ce qui la charge.

Voilà tous les conseils que mon expérience m’a su fournir pour la lecture et la bonne chère. Je ne veux pas finir, sans toucher un mot de ce qui regarde l’amour.

Si vous avez une mattresse à Paris, oubliez-la le plus tôt qu’il vous sera possible, car elle ne manquera pas de changer ; et il est bon de prévenir les infidèles. Une personne aimable à la cour, y veut être aimée ; et là où elle est aimée, elle aime à la fin. Celles qui conservent de la passion pour les gens qu’elles ne voient plus, en font naître bien peu en ceux qui les voient : la continuation de leur amour pour les absents est moins un honneur à leur constance qu’une honte à leur beauté. Ainsi, Monsieur, que votre maîtresse en aime un autre, ou qu’elle vous aime encore, le bon sens vous la doit faire quitter comme trompeuse, ou comme méprisée. Cependant, en cas que vous voyiez quelque jour à la fin de votre disgrâce, vous ne devez pas en mettre à votre amour. Les courtes absences animent les passions, au lieu que les longues les font mourir.

De quelque côté que se tourne votre esprit, ne lui donnez pas un nouveau poids par la gravité des choses trop sérieuses ; la disgrâce n’a que trop de sa propre pesanteur. Faites en votre exil ce que Pétrone fit à sa mort : Amove res serias quibus gravitatis et constantiæ gloria peti solet ; tibi, ut illi, levia carmina et faciles versus.

Il y en a que le malheur a rendus dévots par un certain attendrissement, par une pitié secrète qu’on a pour soi, assez propre à disposer les hommes à une vie plus religieuse. Jamais disgrâce ne m’a donné cette espèce d’attendrissement : la nature ne m’a pas fait assez sensible à mes propres maux. La perte de mes amis pourroit me donner de ces douleurs tendres, et de ces tristesses délicates dont les sentiments de dévotion se forment avec le temps. Je ne conseillerois jamais à personne de résister à la dévotion qui se forme de la tendresse, ni à celle qui nous donne de la confiance. L’une touche l’âme agréablement ; l’autre assure à l’esprit un doux repos. Mais tous les hommes, et particulièrement les malheureux, doivent se défendre avec soin d’une dévotion superstitieuse qui mêleroit sa noirceur avec celle de l’infortune.
 


NOTES DE L’ÉDITEUR

1. Le comte d’Olonne, Vineuil, l’abbé d’Effiat et deux ou trois autres, ayant tenu quelques discours libres contre le roi, furent exilés de la cour, en 1674. Monsieur d’Olonne fut d’abord relégué à Orléans : mais il eut ensuite permission de se retirer dans sa terre de Montmirel, près de Villiers-Cotterets. (Des Maizeaux.)

Source: https://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_de_Saint-%C3%89vremond_au_comte_d%E2%80%99Olonne_%28%C2%AB_Aussit%C3%B4t_que_je_sus_votre_disgr%C3%A2ce%E2%80%A6_%C2%BB%29

Charles de Saint-Évremond (1614-1703), par Jacques Parmentier, vers 1701.

Charles de Saint-Évremond (1614-1703), par Jacques Parmentier, vers 1701.

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Taranis News pervertit le sens de l'antique divinité de l'éclair, de la foudre et du tonnerre chez les Gaulois

3 Mai 2016 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

Taranis News pervertit le sens de l'antique divinité de l'éclair, de la foudre et du tonnerre chez les Gaulois

Taranis News, dont le logo est une face noire de requin, a usurpé et perverti l'antique et noble nom "Taranis" qui était la divinité de la foudre, de l'éclair et du tonnerre chez les Gaulois, et qui a donné le nom "Tarn", vraisemblablement à cause du bruit de tonnerre que fait la rivière du Midi de la France dans ses gorges.
Taranis News l'a fait de la même manière que les Nazis ont perverti le sens bénéfique de l'antique Swastika des peuples indo-européens.


Pierre-Olivier Combelles.

 


« Nuit debout » et Taranis News

La promotion de « Nuit debout » est assurée par une agence de presse alternative, Taranis News. Celle-ci est liée à un réseau soutenant la politique étrangère états-unienne et Israël.
Réseau Voltaire | 25 avril 2016

http://www.voltairenet.org/article191470.htm

Taranis (Wikipedia) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Taranis_%28mythologie%29

La figure de Taranis sur le chaudron de Gundestrup. chaudron datant du IIe siècle av. J.-C. retrouvé en 1891 dans une tourbière du Jutland au Danemark. Il est conservé au Musée national du Danemark de Copenhague dont il est une des pièces les plus célèbres (Wikipedia)

La figure de Taranis sur le chaudron de Gundestrup. chaudron datant du IIe siècle av. J.-C. retrouvé en 1891 dans une tourbière du Jutland au Danemark. Il est conservé au Musée national du Danemark de Copenhague dont il est une des pièces les plus célèbres (Wikipedia)

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Saint-Évremond par lui-même

3 Mai 2016 , Rédigé par POC

Charles de Saint-Denis, seigneur de Saint-Évremond (Ier Avril 1613 - 1703, en Angleterre. Il fut enterré dans l'abbaye de Westminster)

Charles de Saint-Denis, seigneur de Saint-Évremond (Ier Avril 1613 - 1703, en Angleterre. Il fut enterré dans l'abbaye de Westminster)

"C'est un Philosophe également éloigné du superstitieux et de l'impie: un Voluptueux qui n'a pas moins d'aversion pour la débauche, que d'inclination pour les plaisirs; un homme qui n'a jamais senti la nécessité, qui n'a jamais connu l'abondance. Il vit dans une condition méprisée de ceux qui ont tout, enviée de ceux qui n'ont rien, goûtée de ceux qui font consister leur bonheur dans leur raison. Jeune, il a haï la dissipation, persuadé qu'il fallait du bien pour les commodités d'une longue vie; vieux, il a de la peine à souffrir l'économie, croyant que la nécessité est peu à craindre, quand on a peu de temps à pouvoir être misérable. Il se loue de la nature, il ne se plaint point de la fortune. Il hait le crime, il souffre les fautes, il plaint le malheur.
Il ne cherche point dans les hommes ce qu'ils ont de mauvais, pour les décrier; il trouve ce qu'ils ont de ridicule pour s'en réjouir; il se fait un plaisir secret de le connaître, il s'en ferait un plus grand de le découvrir aux autres, si la discrétion ne l'en empêchait.
La vie est trop courte, à son avis, pour lire toutes sortes de livres et charger sa mémoire d'une infinité de choses, aux dépens de son jugement: il ne s'attache point aux écrits les plus savants pour acquérir la science, mais aux plus sensés, pour fortifier sa raison. Tantôt, il cherche les plus délicats, pour donner de la délicatesse à son goût, tantôt les plus agréables, pour donner de l'agrément à son génie.
Il me reste à vous le dépeindre tel qu'il est dans l'amitié et dans la religion. En amitié, plus constant qu'un philosophe, plus sincère qu'un jeune homme de bon naturel sans expérience; à l'égard de la religion:

De justice et de charité,
Beaucoup plus que de pénitence,
Il compose sa piété:
Mettant en Dieu sa confiance,
espérant tout de sa bonté;
Dans le sein de la Providence
Il trouve son bonheur et sa félicité."

 

Portrait par lui-même de Charles de Saint-Denis, seigneur de Saint-Évremond.

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Les ravages de l'exploitation aurifère au Pérou (David Hill / The Guardian)

2 Mai 2016 , Rédigé par POC

[...]

Peru is Latin America’s biggest gold producer and one of the top producers worldwide, with the biggest importers being Switzerland, Canada, the US, India and the UK. But are those buying, selling, hoarding, working and wearing it aware of the horrors, in the Amazon alone, involved in extracting it?

They should be. Numerous reports by NGOs, academics and media over the last few years have highlighted the appalling impacts and conditions. These include the destruction of forests and river-banks, contamination of rivers by mercury and cyanide, contamination of people, fish and other foods by mercury, indications of forced labour, 10,000s of child workers, prostitution, sexual exploitation of minors, people trafficking, appalling health and safety, numerous fatalities, money laundering, the razing of indigenous peoples’ land, violence and alcoholism. According to a 2015 report by Lima-based NGO Cooperaccion, between US$15 billion worth of gold was produced illegally and/or informally in Peru between 2003 and 2014, meaning an estimated loss of between US$1.4 billion and US$4.9 billion to the Treasury.

One report published last month, by the Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GIATOC), argues that illegal gold-mining in Latin America is increasingly controlled by drugs traffickers and “organized crime” groups. In Peru specifically, the report states that 28% of all gold is illegal, citing research that an estimated 35 tons of contraband gold worth over a US$1 billion made its way to the US and Switzerland in just nine months in 2014, and other research finding that more than 30 tons of mercury are being dumped into Peru’s rivers and lakes every year.

[...]

http://www.theguardian.com/environment/andes-to-the-amazon/2016/may/01/gold-mining-in-peru-forests-razed-millions-lost-virgins-auctioned

La mine d'or à ciel ouvert Breapampa, au sommet de la montagne de Chumpi (Parinacochas, Ayacucho, Pérou). http://pocombelles.over-blog.com/2014/07/nouvelles-du-perou-et-de-pitunilla-par-pierre-olivier-combelles-le-courrier-de-la-nature-n-283-mai-juin-2014.html

La mine d'or à ciel ouvert Breapampa, au sommet de la montagne de Chumpi (Parinacochas, Ayacucho, Pérou). http://pocombelles.over-blog.com/2014/07/nouvelles-du-perou-et-de-pitunilla-par-pierre-olivier-combelles-le-courrier-de-la-nature-n-283-mai-juin-2014.html

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