L'Île de Pâques-Journal d'un aspirant de La Flore, de Pierre Loti: édition revue et corrigée (2016)
- Éditeur : La Simarre
- Parution : 23 août 2016
Le 15 mars 1871, le jeune aspirant Julien Viaud embarque à Lorient sur le Vaudreuil, un aviso à hélice pour un long voyage dans les mers du sud. C'est sa première campagne. Il arrive le 11 octobre à Valparaiso qu'il quitte le 19 décembre sur la frégate à voiles La Flore. Il aborde l'Île de Pâques le 3 janvier suivant pour une escale de quatre jours. C'est là que Julien naît à la littérature, en écrivant ce Journal d'un aspirant de La Flore accompagné de dessins.
Il est au milieu du Grand Océan, dans une région où l'on ne passe jamais, une île mystérieuse et isolée ; aucune autre terre ne gît en son voisinage et, à plus de huit cents lieues de toutes parts, des immensités vides et mouvantes l'environnent. Elle est plantée de hautes statues monstrueuses, oeuvres d'on ne sait qu'elle race aujourd'hui dégénérée ou disparue, et son passé demeure une énigme. J'y ai abordé jadis, dans ma prime jeunesse, sur une frégate à voiles par des journées de grand vent et de nuages obscurs ; il m'en est resté le souvenir d'un pays à moitié fantastique, d'une terre de rêve.
Pierre Loti. Cet ouvrage, présenté lors de sa première publication dans l'émission Thalassa (France 3) et remarqué par le magazine Ushuaïa, a été entièrement revu et corrigé pour cette nouvelle édition.
Source: http://evene.lefigaro.fr/livres/livre/pierre-loti-ile-de-paques-l-4401562.php
Cet ouvrage est la deuxième réédition depuis ma première édition de 1988:
Pierre Loti, L'île de Pâques : Journal d'un aspirant de la Flore
Le plus grand lieu de biodiversité terrestre au monde, le parc national du Manu dans l'Amazonie péruvienne est menacé (David Hill/The Guardian)
L'Amazonie péruvienne vue d'avion (vol Air France Paris-Lima) en 2016. Photo: Pierre-Olivier Combelles
Saturday 11 March 2017 21.01 GMT
The top 10 threats to the most biodiverse place on earth
Manu National Park in Peru threatened by roads, oil/gas operations, narco trade, gold-mining, logging and ‘human safaris’
Just under half of UNESCO’s World Heritage sites are under threat, the WWF asserts. Sites deemed threatened include the Great Barrier Reef in Australia, the Pantanal in Brazil and the Virunga National Park in the Democratic Republic of Congo - and 111 others.
But what about the Manu National Park in Peru’s Amazon, which UNESCO calls the most biodiverse place on earth and was declared part of a biosphere reserve in the 1970s? In south-east Peru and stretching for 1.7 million hectares from the tropical Andes to the lowland forest, Manu is home to extraordinary biodiversity and Harakbut, Matsigenka, “Matsigenka-Nanti”, “Mashco-Piro”, Nahua, Quechua and Yine indigenous peoples.
The WWF told the Guardian that Manu didn’t make its threatened list because “at the time of the analysis it did not have any large-scale commercial mining, oil or gas concessions within or overlapping with the park’s borders, and was not listed by the IUCN as at “high” or “very high” threat from any non-extractive industrial activities.” However, as the Guardian has reported over the last few years, Manu and its inhabitants do face numerous threats - including from mining, oil and gas.
(...)
Suite de l'article de David Hill sur le site de sa chronique "Andes to the Amazon" dans le Guardian:
Quand les pesticides tuent : le combat de Paul François contre Monsanto (France-Inter)
Champ au sol mort dans les Yvelines, bourré chaque année d'engrais et de pesticides, compacté par les machines agricoles de 20 tonnes. Nous sommes dans le Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse... Photo: Pierre-Olivier Combelles
Depuis plus de 50 ans, nos campagnes sont dopées, shootées à ces produits chimiques.
En Europe, la France est la championne en la matière. En 2014, notre pays a consommé au moins 60 000 tonnes de pesticides, soit 9% de plus que l’année précédente. Une progression constante malgré les alertes et les études qui de plus en plus corrélèrent l’utilisation de ces produits avec l’apparition et l’augmentation de maladies au sein des groupes qui en font l’usage ou vivent à proximités de zones où ses produits sont déversés.
Chaque année dans les campagnes françaises on enterre en silence des exploitants souvent jeunes qui ont le corps meurtri, atteints de parkinson, de leucémies, de myélomes, de troubles neurologiques, de cancers de la vessie… Sont-ils malades des pesticides ? Beaucoup le pensent.
Ils sont de plus en plus nombreux, exploitants comme de simples consommateurs, à avoir décidé de combattre sur le plan judiciaire et médiatique et ainsi briser le mur du silence autour de cette question. L’un de ces combats les plus emblématiques est celui de Paul François, agriculteur de Charente qui depuis de longues années mène une bataille contre Monsanto, coupable selon lui de son intoxication. C’est cette histoire que nous allons vous raconter aujourd’hui, celle de cet homme, du pot de terre contre le pot de fer qui pourtant après de longues années à réussi à faire condamner le géant américain, mais aussi de tous ceux qui n’ont pas eu le temps d’assister à cette première victoire mais qui eux aussi ont du faire face à la maladie.
Tout au long de cette émission, vous entendrez des extraits de documentaires de réalisateurs qui ont rencontré et raconté l’histoire de ces victimes des pesticides, dont celui de Marie-Monique Robin Notre poison quotidien diffusé sur Arte, le film d’Eric Guéret La mort est dans le pré diffusé sur France 2, ainsi que le documentaire radiophonique de Pascale Pascaliero, intitulé Le procès et diffusé sur France Culture. Comme pour chaque émission, toutes les références sont accessibles sur la page de l’émission sur France Inter.
Invité: l’avocat de Paul François, Maitre François Lafforgue qui accompagne et défend cet agriculteur depuis près de 10 ans .
Paul François préside l'association Phyto-Victimes
La mission de Phyto-Victimes est d’informer, en priorité les professionnels, des dangers sanitaires liés aux pollutions notamment par les pesticides, de leur donner des conseils juridiques et les aider dans leur démarche en reconnaissance en maladie professionnelle.
Source: https://www.franceinter.fr/emissions/affaires-sensibles/affaires-sensibles-08-mars-2017
Le retour contraint et forcé des réfugiés de Fukushima (10 mars 2017 / Émilie Massemin /Reporterre)
Six ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima-Daiichi, les réfugiés de la radioactivité se voient contraints de rentrer dans leurs villages contaminés. Une aberration dénoncée par le chercheur indépendant japonais Shinzô Kimura.
(...)
Outre la radioactivité, d’autres difficultés attendent les revenants. Les hôpitaux sont vides — le magnifique établissement à 9 millions d’euros construit à Iitaté pour encourager les candidats au retour ne compte qu’un seul médecin. L’agriculture locale a particulièrement souffert. À Shidamyo, « le territoire a été façonné par la culture traditionnelle du satoyama, des rizières entourées de montagnes et de forêts. L’herbe des pâturages nourrit le bétail, qui fertilise les rizières dont la paille nourrit les animaux l’hiver. Mais tout ce cycle a été détruit par la radioactivité », se désole M. Kimura. En effet, si l’agriculture est autorisée, sauf dans les zones classées inhabitables, les paysans peinent à vendre leur production contaminée. « À Kawauchi, un jeune agriculteur ambitieux a travaillé très dur pour améliorer ses rendements, mais il n’a pu vendre son riz ni en 2013 ni en 2014, à cause de la contamination, raconte le professeur. Il a mis fin à ses jours en 2015. Il avait 35 ans. » Son cas est loin d’être isolé : depuis la catastrophe, le nombre de suicides a explosé chez les habitants et les réfugiés de Fukushima.
Pourtant, le gouvernement japonais s’entête à vouloir sauver les apparences. « Son objectif est de généraliser sa politique de retour à l’ensemble des communes, y compris celles qui sont encore très contaminées, d’ici à 2021, explique Shinzô Kimura. L’idée, c’est qu’il faut absolument éviter l’image de Tchernobyl à Fukushima. » Mais pour le scientifique, qui arpente depuis six ans les terres dévastées de Fukushima, c’est clair : « Le retour à une vie normale est illusoire. »
Lisez l'article complet sur le site de REPORTERRE: https://reporterre.net/Le-retour-contraint-et-force-des-refugies-de-Fukushima
Tendre sorbier (Botanique amoureuse)
“Au lieu d’aller voir quelque savant, je rendais mainte visite à certains arbres d’espèces rares en ce voisinage, debout tout là-bas au centre d’un herbage, au cœur d’un bois, d’un marais, au sommet d’une colline.”
Henry David Thoreau, Walden
Diane au pied léger, court-vêtue hiver comme été ...
Statue de Diane dans le parc du château de Rambouillet. Photos: Pierre-Olivier Combelles, mars 2017. Appareil: Fujifilm X100T
Cette autre Diane, copie de celle d'Anet par Jean Goujon, trône, majestueuse et alanguie, aux côtés de son royal amant, à l'autre bout du lac, sur le tapis vert qui fait face au château. Elle, c'est bien sûr Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, et lui, vaincu par les flèches de l'amour de la chasseresse Henri II. Photo: Pierre-Olivier Combelles
La nature au carré
Jardin et parterres au-dessus de l'Orangerie du château de Versailles. Détail d'une gravure de Le Pautre (XVIIIe siècle). Collection et photo: P.-O. Combelles.
La nature au carré: haie de thuyas (Thuja occidentalis) dans un lotissement pavillonnaire d'Ile de France. Photo: Pierre-Olivier Combelles
Au même endroit: la haie taillée chaque année et derrière, les thuyas qui poussent en liberté au bord d'un petit parc public. Photo: Pierre-Olivier Combelles
Le "jardin à la française" n'est pas pour rien une invention française. Dans ce pays habité et domestiqué par l'homme depuis au moins 500.000 ans*, et dont l'hypocrite devise maçonnique fait rimer égalité avec liberté, il y a une singulière hostilité instinctive (sans doute depuis l'occupation romaine et encore plus la Révolution et la République qui ont unifié et uniformisé cette mosaïque de peuples qui coexistaient autrefois sur notre territoire) pour tout ce qui est différent, autre, autonome, et une volonté permanente de dominer, de contrôler, de maîtriser la nature et de "civiliser" ou détruire tout ce qui est "sauvage": hommes, peuples, animaux, plantes.
En résumé: la France est un hexagone qui pense en carré dans un triangle maçonnique...
Rien n'illustre mieux cela que la haie de thuyas traditionnelle qui clôt le pavillon entouré de son jardinet, demeure emblématique des Français. Pauvres thuyas civilisés (Thuja occidentalis**) tondus chaque année, qui souffrez des milliers de blessures faites à vos branches et à vos rameaux et qu'on empêche de grandir et de s'étendre librement vers le sol et vers la lumière! Combien vous ressemblez peu à vos frères sauvages d'Amérique du nord d'où l'on vous a rapportés au XVIe siècle, grands et beaux arbres de vingt mètres de haut et parfois plus !
Dire que c'est vous (et qu'est pour cela qu'on vous appelle aussi Arbor vitae) qui avez sauvé Cartier et ses hommes de scorbut lorsqu'ils ont hiverné au Québec: les Indiens leur ont donné à boire de la décoction de thuya (Anneda, dans leur langue), riche en vitamine C ...
Parfois, en bordure de nos villages, à la lisière de la forêt, on vous voit pousser librement et là, nous vous connaissons tels que vous êtes, dans votre bonheur et votre amplitude d'arbres libres.
Comme aurait dit de Gaulle:
Vive le thuya ... LIBRE!
Et, Français, si vous tenez absolument à entourer votre jardin d'une haie, privilégiez au moins les espèces indigènes, en mélange, comme le charme, le noisetier, l'aubépine, le houx etc, qui ne prennent pas trop de volume. Et au moins les petits animaux qui habitent les haies: insectes, oiseaux, petits mammifères, ne se sentiront pas dépaysés.
Pierre-Olivier Combelles
*E. Bonifay & B. Vandermeersch, s. dir., Les premiers Européens. Compte rendu par Sophie A. de Beaune. L'Homme Année 1994 Volume 34 Numéro 132 pp. 221-223.
Le même Thuya (Thuja occidentalis) poussant librement à la lisière de la forêt... Photo: Pierre-Olivier Combelles
R.C. Hosie: Native trees of Canada. Published by Fitzhenry & Whiteside Ltd. & the Canadian Government, 1979.
Chef Peguis par Peter Rindisbacher, vers1825. Un costume similaire à celui du chasseur néolithique d'Ôtzi découvert dans un glacier des Alpes italiennes et aussi éloigné de l'homme urbain XXIe siècle en costard noir et chemise blanche genre "Men in Black" que les thuyas des haies françaises le sont de leurs congénères sauvages.
Image tirée du film"Men in Black": vêtus de l'uniforme du businessman et du politicien urbains modernes, cheveux courts et visage rasé de près: symbole de l'"esprit carré'", binaire, matérialiste, conformiste et de l'uniformisation planétaire de l'homme au XXIe siècle. Evidemment en contraste avec l'humour du film.
La campagne française comble de joie l’économiste impénitent. Richesse de la terre, incomparable fécondité du sol, et surtout admirable et minutieuse culture du terrain, qui ne laisse pas se perdre le plus petit recoin.
Ce spectacle m’accable. Malgré la beauté et la diversité dont la nature a doté ces paysages, l’homme a su leur imposer une monotonie énervante.
Les rectangles implacables des différentes cultures se succèdent docilement et s’étendent jusqu’à l’horizon. Les arbres alignés se cachent les uns derrière les autres, à égale distance, et font défiler leurs rangs au passage de l’automobile, avec un geste précis et mécanique de gymnaste. Si, tout à coup, nous trouvons un petit bois, il n’est pas difficile de deviner quel rôle pratique remplit cet apparent morceau de liberté oublié sur un sol soumis. Et les vignobles, les vignobles aux mystiques sarments, qui ont fini par envahir le paysage de leur sévérité industrielle.
Bientôt nous éprouvons le désir d’une pièce de terre stérile et libre, d’une terre préservée du labeur humain.
Cette campagne française fait pitié. Terre soumise et servile.
Nature que l’homme a asservie. Sol dompté, incapable de se révolter, plus semblable à une usine alimentaire qu’à la campagne rustique et sacrée que l’homme habitait jadis.
La richesse de la Pomone mythique se transforme en un immense entrepôt de grains et de légumes. La campagne de France n’est pas un jardin, c’est un potager.
Devant ce gigantesque déploiement d’aliments, je ne rêve que de landes stériles, de pitons glacés, de la tiède forêt de mes rivières andines.
Je ne sais d’où me vient cette répulsion. Sobriété innée, goût d’une certaine austérité janséniste, ou modération inévitable d’un ressortissant de pays pauvre? Ah! vieux terrains marécageux de Port-Royal, friches de Castille, ah! mes âpres collines.
Ce que la campagne française met en évidence, c’est la victoire définitive du paysan.
La tâche entreprise le 4 août 1789 et qu’illuminent de leurs feux symboliques les archives féodales incendiées, est enfin accomplie.
Terre entièrement cultivée, dans ses vallées et sur ses coteaux, sur les rives de ses fleuves, dans les étroits jardins de ses maisons comme dans ses vastes plaines, terre sur laquelle veille un immense amour paysan pour le sol qui le nourrit et le fait vivre. Ces lourdes moissons, ces feuillages lustrés, ces pampres qui préparent les grossesses de l’automne, sont l’effort implacable de millions de vies avides et laborieuses. Des vies qui, du matin au soir, travaillent sans relâche le sol qui enfin leur appartient et que plus rien ne protège de leur convoitise séculaire.
Un immense peuple d’insectes s’est répandu sur le sol de la France. Sa sueur le féconde et l’enrichit.
Ces champs exhalent comme la vapeur de la sueur paysanne.
Sur ces terres lumineuses, sur ces horizons doux et purs, sur la lente et molle courbe de ses collines, sur ce paysage d’intelligence et de grâce, de discrétion et de lucidité, règne une démocratie paysanne.
Nicolás Gómez Dávila (Colombie, 1913-1994)
Profit, saccage: le triste visage de la forêt française
Ce n'est pas une forêt productiviste alimentée par des monocultures d'essences à croissance rapide, étrangères et destinées à l'exportation (Chine), dévastée régulièrement par les coupes et les éclaircies mécanisées, dont nous avons besoin; mais d'une VRAIE forêt de protection dans laquelle les espèces végétales et animales naturelles et diversifiées* se développent librement, pour l'harmonie entre la nature, le climat et l'homme. Tout cela semble impossible dans une la politique générale de financiarisation de l'économie et de démantèlement des services publics et de la notion même de Service Public, que nous voyons en France depuis de nombreuses années déjà.
Pierre-Olivier Combelles
* Voir en particulier les travaux de feu Jean-Claude Rameau pour la France et, au Japon, du Pr. Akira Miyawaki
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La forêt française entre privatisation et suicides. In memoriam Stéphane Rossi
http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/09/21/l-onf-en-pleine-crise_5001459_3244.html
Plantation de chênes d'Amérique dans la forêt domaniale des Vaux de Cernay. Un promeneur en colère a fait part de ses réflexions. Photo: P.O. Combelles
Plantation de pins sylvestres, à croissance rapide. Pont Grandval (Vaux de Cernay, site classé). P.O. Combelles
Des grumes de chênes alignées par centaines le long de la Route Goron, entre le Carrefour de Toulouse et la D 191. Photo; Pierre-Olivier Combelles, 26 mars 2017
Coupe au bord de la Route Goron, au même endroit: le sous-bois dévasté. Photo: Pierre-Olivier Combelles