Mircea Eliade: la désacralisation du cosmos et la crise de l'homme moderne
Extrait de l'émission complète ci-dessous.
Évocation de la pensée de Mircea ELIADE (1905-1986) à travers son œuvre, avec des textes sur ses conceptions, dits par Pierre VANECK. - Interview de Mircea ELIADE sur le sens du sacré chez l'homme, sa découverte des cultures primitives, sa passion pour les religions, la valeur sacramentaire dans tout acte chez l'être humain, le sacré qui se trouve dans le rite, la pensée symbolique, la mythologie de l'homme. Il aborde ensuite la crise de l'homme moderne avec la désacralisation du cosmos, la pensée théologique occidentale dérivée, il dit son optimisme malgré tout car il croit en une nouvelle génération de créativité culturelle.
Une entrevue avec Claude-Henri Rocquet, qui parle de Mircea Eliade. Claude-Henri Rocquet a publié ses entretiens avec Mircea Eliade dans un livre merveilleux: "L'épreuve du labyrinthe" : L'Épreuve du labyrinthe. Entretiens avec Claude-Henri Rocquet, Paris, P. Belfond, « Entretiens », 1978 (ISBN 2-7144-1181-9) ; rééd. 1985 (ISBN 2-7144-1774-4)
Les migrants du nucléaire (Cécile Asanuma-Brice)
L’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima 1 le 11 mars 2011 a provoqué une grave contamination radioactive contraignant des dizaines de milliers de personnes à la fuite de leur domicile. Parce qu’il prouve l’impossibilité de la gestion d’un accident nucléaire, le refuge n’est souhaité ni par les autorités nationales ayant opté pour une poursuite du nucléaire, ni par les autorités internationales. Si dans un premier temps, les autorités ont simulé l’aide au refuge, cette aide a été interrompue en avril 2017 simultanément à la réouverture à l’habitat d’une partie de l’ancienne zone d’évacuation afin de contraindre les migrants au retour à la vie dans les territoires contaminés.
Par Cécile Asanuma-Brice, chercheuse en sociologie urbaine, Maison franco-japonaise Tokyo UMIFRE 19-CNRS / Laboratoire CLERSE, Université Lille 1
Publication originale sur le site Géoconflence le 18/10/2017
Suite de l'article: http://www.fukushima-blog.com/2017/1, Université 1/les-migrants-du-nucleaire.html
Le projet de loi de finances pour 2018 va surtaxer la nature (Guillaume Sainteny)
Le projet de loi de finances pour 2018 va nuire à l’ensemble des espaces naturels, estime le spécialiste Guillaume Sainteny. Le projet prévoit en effet de taxer leurs propriétaires de manière nettement supérieure à celle des détenteurs des autres capitaux. Poussant ainsi à la vente des champs et bois pour la construction immobilière. L’Assemblée nationale risque de l’adopter vendredi 15 décembre.
La chose est passée complètement inaperçue. Alors qu’elle pourrait avoir des conséquences importantes sur les espaces naturels français.
Le principal changement introduit par le projet de loi de finances (PLF) pour 2018, présenté le 27 septembre devant l’Assemblée nationale et critiqué par les ONG environnementales, consiste en la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), remplacé par un nouvel impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui concernera uniquement les biens immobiliers (bâtis et non bâtis), et un prélèvement forfaitaire unique (appelé « flat tax ») pour les biens mobiliers (placements, actions, dividendes, etc.).
Pour les seconds, la taxation consistera donc en un prélèvement unique, identique quel que soit le patrimoine total du propriétaire, de 30 % des revenus de ces biens. Tandis que les biens immobiliers, eux, seront toujours soumis à une série de taxes et impôts : sur les revenus, sur le patrimoine immobilier, sur les plus-values immobilières, etc.
Le problème, soulevé par Guillaume Sainteny, professeur à Polytechnique et qui a travaillé plusieurs années au ministère de l’Écologie, c’est qu’il y a parmi ces biens immobiliers des espaces naturels. Bois, terres agricoles, landes, friches, montagnes, littoraux… L’ensemble du foncier non bâti représente l’essentiel du territoire français (85 % selon Guillaume Sainteny). Parmi ces espaces, certains sont classés Znieff, Natura 2000, ou appartiennent à un parc naturel protégé.
Suite de l'article sur le site REPORTERRE: https://reporterre.net/Nouveau-et-nuisible-le-gouvernement-surtaxe-la-nature
Et sur le même blog, à propos de Guillaume Sainteny:
et ici, sur Reporterre, à propos de son livre: Le Climat qui cache la forêt:
https://reporterre.net/On-accorde-trop-d-attention-au-climat-par-rapport-aux-autres-questions
Pierre Clastres 1977-2017: 40 ans après sa mort, l’héritage d’un anthropologue politique anarchiste (Résistance 71)
"A l’occasion du 40ème anniversaire du décès prématuré dans un accident de voiture de l’anthropologue et ethnologue politique anarchiste Pierre Clastres (1934-1977), nous vous présentons un petit résumé de sa pensée et de ses conclusions de recherches, qui ne demandent qu’à être poursuivies.
Chercheur au CNRS, Clastres est venu à l’anthropologie (définition commune: recherche sur l’Homme et les groupes humains) par la voie de la philosophie. Élève de Claude Lévi-Strauss dont il sera un critique éclairé, il collabore avec un autre grand nom de l’anthropologie politique, l’américain Marshall Sahlins, dont il préfacera la traduction française de l’œuvre phare “Age de pierre, âge d’abondance” en 1975.
Clastres fait partie d’une grande lignée d’anthropologues et d’ethnologues français des années 1960-70 qui ont changé le cours de la pensée et de la vision anthropologique du monde ; des chercheurs comme Robert Jaulin et Jacques Lizot eurent également des recherches novatrices en la matière.
La grande originalité de la recherche de Pierre Clastres est que pour la toute première fois, va se développer une voie anthropologique du milieu entre les deux voies “classiques et orthodoxes” de l’approche de l’étude des groupes et sociétés humaines, celles du structutalisme évolutionniste dont Lévi-Strauss fut le fer de lance et l’anthropologie marxiste, essentiellement avec les recherches de Friedrich Engels et en France, contemporains de Clastres et des autres ethnologues cités, avec les chercheurs comme Maurice Godelier et Jacques Meillassoux, que Clastres critiquera véhémentement.
Comme tout anthropologue, Clastres fit un travail de recherche de terrain intense, qui le mena au Paraguay et au Brésil. Son étude phare fut réalisée au Paraguay en immersion totale dans la société des Indiens nomades Guayaki (Aché) en 1963-64. Les Guayaki étaient un des derniers peuples vivant toujours de la manière ancestrale qui leur avait été léguée. Ce peuple a disparu aujourd’hui. Clastres a aussi étudié les Indiens Chulupi-Ashluslay toujours au Paraguay en 1965-66 et des Indiens au Vénézuéla en 1970-71.
De cette étude de terrain approfondie, Clastres publia un compte-rendu de recherche sous la forme d’un livre: “Chronique des Indiens Guayaki”, Plon, 1972, soit près de 10 ans après son étude de terrain.
En 1974, il publie un autre ouvrage sur son étude d’un autre peuple de la forêt amazonienne les Guarani: “Le Grand Parler, mythes et chants des Indiens Guarani”, aux éditions Seuil.
Cette même année, Clastres publie aux éditions de Minuit, ce qui est sans aucun doute son œuvre maîtresse, représentant le cœur même de la “voie du milieu” anthropologique, l’essence de sa pensée issue de recherches approfondies sur les sociétés humaines et en désaccord avec les voies anthropologiques “orthodoxes” du structuralisme évolutionniste et du marxisme: “La société contre l’État”. Cet ouvrage est d’une importance capitale, car il permet de mieux comprendre pourquoi la société humaine est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, assujettie à la dictature de la division induite, contrôlée par les structures étatiques. n’encourageant que l’oppression oligarchique du plus petit nombre sur la vaste majorité.
Décédé prématurément dans un accident de voiture le 29 juillet 1977, Pierre Clastres travaillait à la résolution d’apories (apparentes impasses contradictoires) survenues au cours de ses recherches. Trois ans après sa mort, furent publiés des fragments de son travail inachevé sous la forme de deux ouvrages posthumes, faisant en fait partie de la même étude: “Recherches d’anthropologie politique” et “l’archéologie de la violence”, au Seuil, 1980. Les textes furent préalablement publiés par la revue « Libre » en 1977.
L’œuvre de Clastres a ouvert de nouvelles voies de réflexion pour trouver une solution au marasme sociétal contemporain, des voies déjà effleurées par certains penseurs anarchistes. Elle demeure incomplète et surtout jusqu’à aujhourd’hui, particulièrement dérangeante pour la pensée dogmatique du formatage des esprits dans le moule de la société du spectacle et de la marchandise reine. Pierre Clastres a eu une pensée novatrice, ancrée dans le réel des sociétés primitives (lire: premières, ancestrales en terme anthropologique, aucune consonance péjorative…), de nos sociétés par effet miroir, qui mérite non seulement d’être plus connue, mais aussi mérite d’être continuée afin de résoudre les contradictions sur lesquelles ils travaillaient. Où est aujourd’hui le nouveau Pierre Clastres ? Notre société en a besoin. Il a été dit que l’anthropologue anarchiste américain David Graeber était son héritier, il convient de constater que ce n’est pas le cas dans la durée, malgré tout le respect qu’il mérite ainsi que son travail.
En hommage à ce grand penseur français dérangeant, encore par trop méconnu et sans aucun doute sciemment maintenu au placard, nous avons sélectionné ci-dessous quelques extraits de son œuvre, que nous pensons essentiels à une bonne compréhension de ce qu’est primordialement la société humaine, ce qui fait partie de notre nature profonde au-delà du temps et de l’espace et comment et pourquoi la spoliation sociétale s’est opérée et surtout d’entrevoir comment sortir du cercle vicieux induit par la société étatico-capitaliste et son illusion démocratique de contrôle.
Ceci est très important à comprendre, parce que cela nous montre que nous vivons dans une société de l’illusion, de la tromperie et de la supercherie, faite et gérée pour que se perpétue à l’infini le malheur de la division politique, source de tous les maux de nos sociétés depuis 10 ou 11 000 ans. N’oublions pas que l’Homme, selon les recherches archéologiques courantes, seraient vieux de quelques 1,6 millions d’années, la Terre vieille de 4 milliards d’années et que nous sommes engagés dans la division politique puis économique de nos sociétés depuis environ la période néolithique (9000 ans avant notre ère). 10 000 ans contre 1,6 millions d’années… Beaucoup de destruction à tous les niveaux en bien peu de temps. La bonne nouvelle est que ceci n’est pas inéluctable, et c’est en comprenant le développement de la société humaine depuis son origine, au-delà des dogmes factices et arrangeant pour l’establishment de la division organisée, que nous pourrons entrevoir la voie à défricher pour une société du futur enfin émancipée du carcan de la division et de la coercition étatico-économique. A cet égard, la pensée de Pierre Clastres n’a pas fini d’éclairer le chemin."
Résistance 71
Lisez ici la première partie puis le dossier complet sur le site de Résistance 71:
Le rapt des enfants guayaki par les Paraguayens. Extrait du livre de Pierre Clastres: Chronique des Indiens Guayaki. Collection Terre Humaine, Plon, 1972.
Alain Aurenche: Le Delta du fleuve
Nous partirons tous deux
À la fin de l’automne
Rien ne peut ni personne
Différer nos adieux
Il nous faut désarmer
La folie de ce monde
Et sortir de la ronde
Pour apprendre à s’aimer
Il est temps {x3}
Que l’on s’aime
Il est temps…
Nous descendrons alors
Vers le delta du fleuve
Laissant les cités veuves
Pleurer leurs amants morts
Là-bas des chevaux blancs
Volent près des rivages
Les ailes des nuages
Accrochées à leurs flancs
Il est temps {x3}
Que l’on s’aime
Il est temps… de tout réinventer
Là-bas le vent changeant
Fait danser les oiseaux
Qui habillent les eaux
De leur traîne d’argent
Les chagrins de la pluie
Oublieront nos réveils
Nous aurons des soleils
Jusqu’au bout de nos nuits
Il est temps {x3}
Que l’on s’aime
Il est temps…
Tout sera différent
Près du fleuve tranquille
Qui porte au front des îles
La mémoire du torrent
Je te vois en rêvant
Apprendre les étoiles
Pour hisser la grand-voile
De ma rose des vents
Il est temps {x3}
Que l’on s’aime
Il est temps… de nous réinventer… nous-même
Paroles et musique d’Alain Aurenche
L'enfance atemporelle en Camargue, selon Lamorisse, par Cédric Lépine:
"Reviens, petit, reviens !" Folco, accroché à la crinière de son ami Crin-Blanc, se sont jetés à la mer pour échapper aux guardians qui les poursuivent ... fuyant le monde injuste des hommes, ils partent vers le large, vers le "pays où les enfants et les chevaux (et tous ceux qui s'aiment) sont toujours heureux"... vers la mort. Capture d'écran d'une image de la fin du film d'Albert Lamorisse: Crin-Blanc
"L'âge de la chevalerie est passé" (Edmund Burke)
Portrait par Martin van Meytens, vers 1767. Marie-Antoinette Josèphe Jeanne de Habsbourg-Lorraine (en allemand, Maria Antonia Josepha Johanna von Habsburg-Lothringen), archiduchesse d’Autriche, princesse impériale, princesse royale de Hongrie et de Bohême, (née le 2 novembre 1755 à Vienne – morte le 16 octobre 1793 à Paris), fut la dernière reine de France et de Navarre (1774–1792), épouse de Louis XVI, roi de France et de Navarre. Fille de l'empereur François Ier du Saint-Empire, et de Marie-Thérèse d'Autriche, reine de Hongrie et de Bohême, était par son père, arrière-petite-fille de Philippe, duc d’Orléans, frère de Louis XIV, donc une lointaine descendante des rois de France Henri IV et Louis XIII.
"Il n'y a maintenant seize ou dix-sept ans que je n'ai vu la reine de France. C'était à Versailles, elle était encore la Dauphine, et certes il n'eut jamais vision plus délicieuse sur cette terre qu'elle semblait à peine toucher. Elle ne faisait alors que paraître sur l'horizon, pour orner et égayer la sphère élevée où elle commençait de se mouvoir - scintillante comme l'étoile du matin, brillante de vie, de splendeur et de joie. Ah! Quel bouleversement! Quel coeur me faudra t-il pour rester insensible à tant de grandeur suivie d'une telle chute ! Que j'étais loin d'imaginer, lorsque plus tard je la voyais mériter la vénération et non plus seulement l'hommage d'un amour distant et respectueux, qu'elle en serait un jour réduite à cacher dans son sein l'arme qui la préserverait du déshonneur; je ne pouvais croire que je verrais de mon vivant tant de désastres s'abattre sur cette princesse, au milieu d'un peuple composé d'hommes d'honneur et de chevaliers! J'aurais cru que dix mille épées bondiraient hors de leurs fourreaux pour la venger ne fût-ce que d'un regard qui aurait pu l'insulter. - Mais l'âge de la chevalerie est passé. Celui des sophistes, des économistes et des calculateurs lui a succédé; et la gloire de l'Europe est éteinte à jamais.
R.H. Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution de France. Hachette Littératures, 1989, pp. 95-96.
La famille royale en promenade en gondole sur le Grand Canal de Versailles. Tableau par Georges Roux, au Théâtre Montansier à Versailles. Devant le tableau: Pierre-Olivier Combelles. Photographie prise pour un article de P.O. Combelles sur la Flottille de Versailles dans la revue L'Année Bateaux-Magazine (1987).
La fin de l'année et le retour des Pléiades
Comme l'homme fait partie de la nature, l'esprit de l'homme fait partie de l'Esprit de la Nature.
Pierre-Olivier Combelles
Ce matin 15 décembre 2017, Sirius, Les Gémeaux, Orion, Bételgeuse et Bellatrix, Aldébaran, le V des Hyades et les Pléiades qui brillaient dans le ciel au W-SW dans la nuit se sont inclinés doucement derrière l'horizon tandis que la Lune et Jupiter resplendissaient toujours au sud lorsque j'ai pris cette photo parmi les pins., à l'orée de la forêt.
Nos amis, nos parents, nos collègues commencent déjà à nous souhaiter, au lieu du "Joyeux Noël" traditionnel, d'heureuses fin d'année, comme si Le 24 décembre n'était pas la fête de la Renaissance du Soleil et ipso facto, celle de la naissance du Christ, le Dieu de l'Amour ! Mais de quelle année s'agit-il et que signifie le 31 décembre sur le plan cosmique et dans la longue histoire des hommes sur la terre ? Rien: juste une convention moderne, banale, artificielle, internationalisée comme l'est devenue la fête chrétienne sécularisée, marchande, de Noël, avec son sapin, ses décorations, ses cadeaux, son Père Noël-Coca Cola, ou comme Thanks Giving.
Noël, étymologiquement, signifie "naissance". Le 25 décembre, c'est la date où l'allongement des jours devient visible après le solstice d'hiver du 21 décembre, et c'était donc la Fête de la Renaissance du Soleil dans la religion de Sol Invictus qui a précédé et préparé le christianisme officiel à Rome. C'est devenu plus tard le jour officiel de la naissance du Christ (voir lien plus bas).
Chaque nuit, les étoiles sont là dans le ciel pour nous rappeler que l'homme fait partie de la nature, du cosmos . Qui les regarde ? Qui les aime ? Qui les interroge ? Qui les écoute ?
C'est la raison pour laquelle je republie cet article déjà paru sur ce blog en 2013.
Pierre-Olivier Combelles
Sur le même sujet et sur le même blog:
Sol invictus, Sol Christi, Sol sempiternus
http://pocombelles.over-blog.com/2015/12/sol-invictus-sol-christi-sol-sempiternus.html
25 décembre: Dies Natalis Solis Invicti
http://pocombelles.over-blog.com/2014/12/25-decembre-dies-natalis-solis-invicti.html
Samain (31 octobre)
http://pocombelles.over-blog.com/2017/10/samain-31-octobre.html
Les Pléiades (dans l'hémisphère sud)
Les Pléiades qui avaient disparu à l'ouest, le soir, depuis le 24 avril, sont réapparues à l'est, juste avant le lever du soleil, le 9 juin après 37 jours de chaos (pachacuti*, en quechua et en aymara).
Dans les Andes, le 9 juin est la fête du retour des Pléiades, de l'agriculture, du Nouvel-An et des morts. C'est la fameuse fête de Qoyllur Rit'i (Oncoymita), célébrée chaque année sur un névé à l'est du Cuzco, entre la cordillère orientale des Andes et l'Amazonie. Les Andes sont hanan ( le haut) et l'Amazonie qui est hurin (le bas), est en même temps la contrée des ancêtres (ñaupa machu), les peuples chasseurs-cueilleurs primitifs. Dans la culture et la cosmologie duale et cyclique des peuples indigènes du Pérou, hanan et hurin sont les équivalents géographiques et verticaux du yin et du yangasiatiques.
Après la conquête espagnole, l'Eglise catholique a converti Qoyllur R'iti (Oncoymita), comme toutes les autres fêtes et cérémonies préhispaniques, en fête chrétienne, en l'assimilant à celle de Corpus Christi, dont la date est mobile.
La même fête du retour des Pléiades, à des dates proches, existe encore de nos jours dans les îles du Pacifique, où elle est appelée Matariki en maori. Nous savons, notamment par les pierres à cupules du Néolithique**, que les Pléiades jouaient un rôle central dans la cosmologie des peuples européens et il est probable qu'elles avaient la même signification symbolique qu'en Amérique du sud et en Océanie.
Pour que l'homme renoue avec le passé, qui est l'espace-temps connu, avec le cosmos et avec lui-même, car il n'est qu'une partie de la nature, il faudrait que le retour des Pléiades redevienne la grande fête universelle qu'elle était autrefois.
Mais est-ce encore possible ? Aujourd'hui, en 2013, la plupart des hommes naissent, vivent et meurent dans les villes. Ils ne connaissent pas ou presque pas les étoiles parce qu'elles sont cachées par la pollution lumineuse et qu'elles ne jouent plus aucun rôle dans leur activités quotidienne ou annuelles, comme c'était le cas dans les sociétés agraires et auparavant, de chasseurs-cueilleurs. link
Encore plus que dans les Andes, c'est au cours de mes séjours prolongés sur la Basse Côte-Nord du Québec, sur la côte, où les villages sont distants de 60 km en moyenne et dans l'intérieur des terres (nutshîmit, en montagnais) où il n'y en a plus aucun sur des milliers et des milliers de kilomètres, que j'ai vu les nuits les plus noires de ma vie, plongé dans la forêt de conifères, la taïga; où je campais. Des nuits où l'obscurité était si épaisse qu'on oubliait presque l'existence même de la lumière. Obscurité que les aurores boréales illuminaient parfois de leur féérie verte, rouge, jaune ou orange. Il fallait sortir de la forêt pour découvrir, au bord du lac (voyageant en canot avec les Montagnais, nous campions toujours au bord des lacs), la splendeur du ciel étoilé où brillaient Sirius, Orion, Aldébaran, les Pléiades, Cassiopée et la Grande Ourse.
Pierre-Olivier Combelles
*Pachacuti dédigne l'action de retourner la terre avec la chaquitaccla (bêche indigène) pour mettre en haut ce qui était en bas et en bas ce qui était en haut. représenté par une sorte de 8 à l'horizontale, il symbolise le chaos et la conception cyclique du temps, alternance de périodes d'ordre et de chaos. C'est l'équivalent du yin-yang, dont le symbole est pratiquement le même. Oncoymita est le vrai nom de la fête des Pléiades;il signifie la période de maladie (oncoy:maladie, mita: règne, période en quechua).
** Marcel Baudoin, La préhistoire des étoiles: les Pléiades au Néolithique. In Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, VIe Série, Tome 7, fascicule 1, 1916. pp. 25-103. Disponible sur internet sur le site Persée.
Motif "pachacuti" sur une manta bolivienne moderne