La Chine et l’Inde ouvrent la voie de la revégétalisation, par Abby Tabor (NASA/Le Saker francophone)
Par Abby Tabor – Le 12 février 2019 – Source http://earthobservatory.nasa.gov
Le monde est en fait plus vert qu’il y a vingt ans, et les données des satellites de la NASA ont révélé la raison contre-intuitive d’une grande partie de ce gain de couverture végétale. Une nouvelle étude montre que la Chine et l’Inde, les pays les plus peuplés du monde, sont à l’avant-garde de la revégétalisation des terres. L’effet provient principalement de programmes ambitieux de plantation d’arbres en Chine et de l’agriculture intensive dans les deux pays.
Ranga Myneni et ses collègues de l’Université de Boston ont d’abord détecté le phénomène de verdissement dans les données satellitaires du milieu des années 1990, mais ils ne savaient pas si l’activité humaine était une cause déterminante. Ils ont ensuite entrepris de suivre la superficie totale de la Terre couverte par la végétation et la façon dont elle évoluait au fil du temps.
L’équipe de chercheurs a constaté que la superficie végétale dans le monde a augmenté de 5% depuis le début des années 2000, une superficie équivalente à toute la forêt tropicale amazonienne. Au moins 25% de ce gain a eu lieu en Chine. Et dans l’ensemble, un tiers des terres végétalisées de la Terre sont verdissantes, tandis que 5% sont de plus en plus brunes. L’étude a été publiée le 11 février 2019 dans la revue Nature Sustainability.
Les cartes sur cette page montrent l’augmentation ou la diminution de la végétation, mesurée en superficie moyenne de couverture végétale par année, dans différentes régions du monde entre 2000 et 2017. Il faut noter que les cartes ne mesurent pas la couverture végétale globale, ce qui explique pourquoi l’Amazonie et l’est de l’Amérique du Nord ne se distinguent pas, entre autres régions boisées.
« La Chine et l’Inde représentent le tiers du verdissement, mais ne constituent que 9% de la superficie terrestre de la planète couverte de végétation », a déclaré l’auteur principal, Chi Chen, de l’Université de Boston. « C’est une constatation surprenante, compte tenu de l’idée communément admise de dégradation des terres dans les pays peuplés, en raison de leur surexploitation. »
Cette étude a été rendue possible grâce à l’enregistrement de données sur deux décennies provenant des instruments du Spectroradiomètre d’imagerie à résolution modérée (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer, MODIS) des satellites Terra et Aqua de la NASA. Un avantage des MODIS est la couverture intensive qu’ils fournissent dans l’espace et le temps : les capteurs ont capturé jusqu’à quatre clichés de presque chaque endroit sur Terre, chaque jour, depuis 20 ans.
« Ces données à long terme nous permettent d’approfondir », déclare Rama Nemani, chercheur scientifique au Centre de recherche Ames de la NASA et co-auteur de l’étude.
« Lorsque le verdissement de la Terre a été observé pour la première fois, nous pensions que c’était dû à un climat plus chaud et plus humide et à la fertilisation par l’ajout de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Maintenant, avec les données de MODIS, nous voyons que les humains y contribuent aussi. »
La contribution hors normes de la Chine à la tendance mondiale au verdissement provient en grande partie de ses programmes de conservation et d’expansion des forêts (environ 42% de la contribution au verdissement). Ces programmes ont été élaborés dans le but de réduire les effets de l’érosion des sols, de la pollution atmosphérique et du changement climatique.
De plus, 32% du verdissement en Chine, et 82% en Inde proviennent de la culture intensive de cultures vivrières. La superficie utilisée pour la culture dans les deux pays n’a pas beaucoup changé depuis le début des années 2000. Pourtant, ils ont considérablement augmenté à la fois leur superficie totale annuelle de couverture végétale et leur production alimentaire afin de nourrir leurs larges populations. La revégétalisation a été réalisée grâce à de multiples pratiques agricoles, par lesquelles un champ est replanté pour produire une autre récolte plusieurs fois par an. Ainsi la production de céréales, de légumes, de fruits et plus a augmenté de 35 à 40% depuis 2000.
La façon dont la tendance à la revégétalisation pourrait évoluer dépend de nombreux facteurs. Par exemple, l’augmentation de la production alimentaire en Inde est facilitée par l’irrigation des eaux souterraines. Si les nappes phréatiques s’épuisent, cette tendance peut changer. Les chercheurs ont également souligné que le gain de couverture végétale à l’échelle mondiale ne compense pas nécessairement la perte de végétation naturelle dans des régions tropicales comme le Brésil et l’Indonésie. Il y a des conséquences sur la durabilité et la biodiversité dans ces écosystèmes, au-delà du simple verdissement des paysages.
Mais M. Nemani voit un message positif dans les nouvelles conclusions : « Une fois que les gens comprennent qu’il y a un problème, ils ont tendance à le régler », dit-il. « Dans les années 1970 et 1980, en Inde et en Chine, la situation, concernant la perte de végétation, n’était pas bonne. Dans les années 1990, les gens en ont pris conscience et aujourd’hui, les choses se sont améliorées. Les humains sont incroyablement résilients. C’est ce que nous voyons dans ces données satellite. »
Abby Tabor
Images du NASA Earth Observatory par Joshua Stevens, avec l’aimable autorisation de Chen et al., (2019). Article d’Abby Tabor, NASA Ames Research Center, avec Mike Carlowicz, Earth Observatory.
Traduit par Stünzi, relu par Hervé pour le Saker francophone
Source: https://lesakerfrancophone.fr/la-chine-et-linde-ouvrent-la-voie-de-la-revegetalisation
Note
"Revégétalisation" est un terme général et vague. Il semble faire référence principalement aux monocultures de plantes alimentaires ou d'arbres. Cela ne doit pas faire oublier l'importance essentielle des forêts primaires ou naturelles diversifiées et celle des friches (voir les travaux du botaniste français feu Jean-Claude Rameau et du botaniste japonais Akira Miyawaki, auteur du livre "The Healing Power of Forests, The Philosophy behind Restoring Earth's Balance with Native Trees"
ni, bien sûr, la tragique disparition des forêts tropicales primaires, spécialement en Amérique du sud et en Indonésie.
La destruction systématique de la nature par l'extractivisme, l'industrie et la déforestation ne sont pas seulement le fait du capitalisme, mais aussi du communisme révolutionnaire, notamment chinois sous Mao Tse Toung, comme l'analyse Judith Shapiro dans son ouvrage "Mao's War against Nature" (voir infra)
https://www.cambridge.org/core/books/maos-war-against-nature/B2B796F91692D9D6E99675511C3D5FF4
Pierre-Olivier Combelles
Perú perdió dos millones de hectáreas de bosques primarios en dos décadas (Yvette Sierra Praeli, Mongabay Latam, 12 noviembre 2018)
- Proyecto de Monitoreo de la Amazonía Andina analizó deforestación en tres zonas críticas de la selva peruana.
- Minería ilegal, cultivos de cacao y palma y expansión de carreteras figuran entre las causas de la deforestación.
"En la Amazonía peruana todavía existen zonas que no han sido intervenidas por ninguna actividad humana. Sin embargo, estos espacios prístinos, los llamados bosques primarios, se están reduciendo por efecto de la deforestación.
La extensión original de estos bosques en la selva peruana fue de 73.1 millones de hectáreas —antes de la colonización europea alrededor de 1750— pero ahora solo quedan 67 millones. Es decir que se perdieron 6.1 millones de hectáreas.
Sin embargo, la mayor deforestación ocurrió en las últimas dos décadas. Un total de 2 000 000 de hectáreas de bosques primarios desaparecieron en el Perú desde el año 2000, según un reciente informe del Proyecto de Monitoreo de la Amazonía Andina (MAAP por sus siglas en inglés). Las causas principales: minería ilegal, monocultivos, tala ilegal y construcción de carreteras.
El análisis ofrece un panorama de la desaparición de los bosques en tres zonas de la Amazonía peruana: la región Loreto en la selva norte, Ucayali y San Martín en la zona central, y Madre de Dios en el sur de Perú. “Se trata de los lugares más representativos de deforestación de los bosques primarios”, explica Matt Finer, investigador principal de MAAP y responsable del estudio."
(...)
Lire ici la suite de l'article: https://es.mongabay.com/2018/11/peru-bosques-primarios-deforestacion/
Article paru récemment dans la revue Nature sur la déforestation de l'Amazonie:
Pervasive Rise of Small-scale Deforestation in Amazonia: https://www.nature.com/articles/s41598-018-19358-2
Le paradis perdu des îles Trobriand, par Jacques et Betty Villeminot
"Aux Trobriand, on retrouve comme partout en Océanie l'histoire de la Terre-mère en fait. La Terre-mère agit comme un humain et le premier shaman est sorti de terre. Il est sorti de terre avec la connaissance de la magie. Donc c'est l'homme du monde invisible, c'est l'intermédiaire entre les vivants et les morts. Les chefs sont plus tard dans la société trobriandaise qui a été formée par des migrations successives (....). Mais en fait le magicien a toujours été l'homme fort." (NDLR: voir annexe infra).
"Tous les Trobriandais sont connus pour leur talent dans les poésies, qu'elles soient amoureuses ou au contraire des grandes histoires d'aventures maritimes et on les appelle "Les bardes des Mers du sud".
Betty Villeminot
* Infra à ce sujet l'extrait de la préface de Frazer au livre de B. Malinovski: Argonauts of the Western Pacific.
Le 60e anniversaire du Club des Explorateurs en 1995. Revue Grands Reportages. Photo par Alain Rastoin. Jacques et Betty Villeminot sont au premier rang en bas, dans un cercle noir. Pour ma part, je suis au 6e rang en partant d'en bas, le 4e en partant de la gauche, en pull bleu, contre la mappemonde.
On ne peut parler des îles Trobriand sans évoquer Bronislaw Malinowski (1884-1942), le fameux anthropologue, ethnologue et sociologue polonais (1884-1942) qui y séjourna entre 1915 et 1918 et étudia les moeurs de ses habitants, qu'il décrivit dans plusieurs ouvrages, comme Les Argonautes du Pacifique occidental (1922).
Invité par Pierre Sabbagh dans son émission Le Magazine des Explorateurs le 4 novembre 1967, Jacques Villeminot commence par situer les îles Trobriand et évoque la figure de Bronislaw Malinovski: https://www.ina.fr/video/CPF86610456
ANNEXE: Extrait de la préface de F.G. Frazer au livre de Bronislaw Malinovski: Argonauts of the Western Pacific (1922)
(...) Not the least interesting and instructive feature of the Kula, as it is described for us by Dr. Malinowski, is the extremely important part which magic is seen to play in the institution. From his description it appears that in the minds of the natives the performance of magical rites and the utterance of magical words are indispensable for the success of the enterprise in all its phases, from the felling of the trees out of which the canoes are to be hollowed, down to the moment when, the expedition successfully accomplished, the argosy with its precious cargo is about to start on its homeward voyage. And incidentally we learn that magical ceremonies and spells are deemed no less necessary for the cultivation of gardens and for success in fishing, the two forms of industrial enterprise which furnish the islanders with their principal means of support; hence the garden magician, whose business it is to promote the growth of the garden produce by his hocus-pocus, is one of the most important men in the village, ranking next after the chief and the sorcerer. In short, magic is believed to be an absolutely essential adunct of every industrial undertaking, being just as requisite for its success as the mechanical operations involved in it, such as the caulking, painting and launching of a canoe, the planting of a garden, and the setting of a fish-trap. „A belief in magic”, says Dr. Malinowski, „is one of the main psychological forces which allow for organisation and systematisation of economic effort in the Trobriands”.
This valuable account of magic as a factor of fundamental economic importance for the welfare and indeed for the very existence of the community should suffice to dispel the erroneous view that magic, as opposed to religion, is in its nature essentially male- ficent and anti-social, being always used by an individual for the promotion of his own selfish ends and the injury of his enemies, quite regardless of its effect on the common weal. No doubt magic may be so employed, and has in fact probably been so employ- ed, in every part of the world; in the Trobriand Islands themselves it is believed to be similarly practised for nefarious purposes by sorcerers, who inspire the natives with the deepest dread and the most constant concern. But in itself magic is neither beneficent nor maleficent; it is simply an imaginary power of controlling the forces of nature, and this control may be exercised by the magician for good or evil, for the benefit or injury of individuals and of the community. In this respect, magic is exactly on the same footing with the sciences, of which it is the bastard sister. They, too, in themselves, are neither good nor evil, though they become the source of one or other according to their application. It would be absurd, for example, to stigmatise pharmacy as antisocial, because a knowledge of the properties of drugs is oen employed to destroy men as well as to heal them. It is equally absurd to neglect the beneficent application of magic and to single out its maleficent use as the characteristic property by which to define it. The processes of nature, over which science exercises a real and magic an imaginary control, are not affected by the moral disposition, the good or bad intention, of the individual who uses his knowledge to set them in motion. The action of drugs on the human body is precisely the same whether they are administered by a physician or by a poiso- ner. Nature and her handmaid Science are neither friendly nor hostile to morality; they are simply indifferent to it and equally ready to do the bidding of the saint and of the sinner, provided only that he gives them the proper word of command. If the guns are well loaded and well aimed, the fire of the battery will be equally destructive, whether the gunners are patriots fighting in defence of their country or invaders waging a war of unjust aggression. The fallacy of differentiating a science or an art according to its application and the moral intention of the agent is obvious enough with regard to pharmacy and artillery; it is equally real, though to many people apparently it is less obvious, with regard to magic.
The immense influence wielded by magic over the whole life and thought of the Trobriand Islanders is perhaps the feature of Dr. Malinowski’s book which makes the most abiding impression on the mind of the reader. He tells us that „magic, the attempt of man to govern the forces of nature directly by means of a special lore, is all-pervading and all-important in the Trobriands’’; it is „interwoven into all the many industrial and communal activities”; „all the data which have been so far mustered disclose the extreme importance of magic in the Kula. But if it were a questions of treating of any other aspect of the tribal life of these natives, it would also be found that, whenever they approach any concern of vital importance, they summon magic to their aid. It can be said without exaggeration that magic, according to their ideas, governs human destinies; that it supplies man with the power of mastering the forces of nature; and that it is his weapon and armour against the many dangers which crowd in upon him on every side”.
Thus in the view of the Trobriand Islanders, magic is a power of supreme importance either for good or evil; it can make or mar the life of man; it can sustain and protect the individual and the community, or it can injure and destroy them. Compared to this universal and deep-rooted conviction, the belief in the existence of the spirits of the dead would seem to exercise but little influence on the life of these people. Contrary to the general attitude of savages towards the souls of the departed, they are reported to be almost completely devoid of any fear of ghosts. They believe, indeed, that the ghosts return to their villages once a year to partake of the great annual feast; but „in general the spirits do not influence human beings very much, for better or worse”; „there is nothing of the mutual interaction, of the intimate collaboration between man and spirit which are the essence of religious cult. This conspicuous predominance of magic over religion, at least over the worship of the dead, is a very notable feature in the culture of a people so comparatively high in the scale of savagery as the Trobriand Islanders. It furnishes a fresh proof of the extraordinary strength and tenacity of the hold which this world-wide delusion has had, and still has, upon the human mind.
We shall doubtless learn much as to the relation of magic and religion among the Trobrianders from the full report of Dr. Malinowski’s researches in the islands. From the patient observation which he has devoted to a single institution, and from the wealth of details with which he has illustrated it, we may judge of the extent and value of the larger work which he has in preparation. It promises to be one of the completest and most scientific accounts ever given of a savage people.
J.G. Frazer
Un arbre tout neuf. Conférence de Francis Hallé (Journées de La Médicée)
Le film dont parle Francis Hallé dans sa conférence:
Un commentaire intéressant sur le site du film:
Cela me fait penser à Disney qui distribue(ait) le film de Luc Jacquet avec Francis Hallé "Il était une forêt" qui n'a pas été diffusé en Amérique du sud après sa sortie, notamment lors de la COP 20 à Lima. Cela faisait partie en effet d'une opération de "green washing" de Disney.. comme la COP elle même avec l'imposture capitaliste du "réchauffement climatique" anthropique. Finalement Francis Hallé a bien été utilisé, recyclé, notamment par son éditeur Actes Sud qui sait faire bande avec le pouvoir et avec l'argent.
http://pocombelles.over-blog.com/2014/06/francis-halle-plaidoyer-pour-la-foret-tropicale.html
Le Livre du Thé, par Okakura Kakuzô
(...) "Fidèles à cette conception exigeante de l’art, les maîtres de thé s’entourent d’oeuvres soigneusement choisies, qui les touchent et correspondent au plus près à leur sensibilité individuelle - et à celle de personne d’autre. La chambre de thé est construite dans cet esprit : son rôle est de satisfaire une exigence esthétique personnelle. Un autre nom qui lui est donné, « Maison de la Fantaisie », évoque « une structure éphémère construite à seule fin d’abriter une impulsion poétique ». Les maîtres mots de la cérémonie du thé, longuement détaillés par Sen Soshitsu dans sa postface, sont la pureté, la sérénité et le respect. « L’échec à percevoir l’humanité profonde d’autrui constitue l’une des plus grandes causes de conflits en ce monde », écrit Sen Soshitsu à propos du respect. L’abolition des distinctions sociales dans la chambre de thé nous rappelle l’essence démocratique du rituel.
« La simplicité dévolue à la chambre de thé et son absence de toute vulgarité en font un véritable sanctuaire contre les tourments du monde », résume Okakura. Ces tourments, il en prend toute la mesure : « Le ciel de l’humanité moderne s’est brisé en éclats dans la lutte cyclopéenne pour la richesse et la puissance. » Tout en appelant de ses vœux une résolution de la malédiction, il propose au lecteur de partager ce geste universel, comme un réflexe de survie, une affirmation de son humanité : « Mais en attendant... si nous savourions une tasse de thé ? » Tout est dans cet « en attendant », qui crée une respiration dans notre quotidien, aussi éprouvant soit-il, et sollicite notre capacité à nous abandonner, malgré tout, « à la folle beauté des choses »."
Mona Chollet
Okakura Kakuzô, Le Livre du thé, éditions Philippe Picquier, 167 pages.
Source: http://www.peripheries.net/article233.html