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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Alexis Saint Léger Léger (Saint John Perse), de Gaulle et la France

23 Mai 2012 , Rédigé par Béthune Publié dans #France, #USA, #St-John Perse, #Charles de Gaulle, #Poésie, #Politique, #Histoire

- Quel était, parmi les Français des Etats-Unis, celui qu’il considérait comme son ennemi numéro 1 ?

- Sans conteste, Alexis Saint-Léger Léger, dit Saint-John Perse. En 1940, éminence grise au propre et au figuré des Affaires Etrangères dont il était le secrétaire général depuis sept ans, il s’est vu éliminé par Paul Reynaud un peu après l’avènement de ce dernier à la tête du gouvernement. En dépit de ce que l’on a pu prétendre assez souvent, mon père situait l’origine de la haine que ce diplomate nourrissait contre lui à ce limogeage auquel il n’était lui-même pour rien, contrairement à ce que croyait l’intéressé. Car Léger haïssait autant tous ceux qui avaient fait partie du gouvernement de Reynaud, y compris Pétain. Mon père le rendait en grande partie responsable avec l’avocat René de Chambrun, gendre de Laval, reçu également très souvent à la Maison-Blanche, de l’opinion détestable que Roosevelt se faisait de lui. Il savait aussi qu’il avait espéré se voir confier par Roosevelt et Churchill un rôle politique dans le cas où de Gaulle aurait été éliminé de la tête de la France Libre et qu’il avait été l’inspirateur du projet avorté d’administration militaire de la France par les Américains à la Libération. En 1960, quand il apprit qu’il allait recevoir le Prix Nobel de Littérature pour son œuvre poétique, il était assez irrité que certains journaux aient cru bon d’ajouter à cette occasion qu’il s’était attaché pendant son exil aux Etats-Unis à servir la cause de la Résistance française à l’étranger (ce que les dictionnaires Robert ont retenu !). L’année même de sa disparition, en 1970, mon père nous a dit : « Jusqu’à la fin de la guerre, il s’est efforcé de m’avilir en me faisant passer pour un adepte du totalitarisme et un suppôt du communisme, et en caricaturant notre combat. Au total, il a nui à la France. Il aurait dû se contenter de poursuivre son œuvre littéraire. »

Philippe de Gaulle. De Gaulle, mon père. Entretiens avec Michel Tauriac. Plon, 2003.

 

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