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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Cicéron (Pro Flaccus): Les Grecs, Athènes et Lacédémone

31 Mars 2011 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

Achille2

 

IV. "Et quels témoins? Je dis d'abord ce qui est commun à tous; des Grecs. Ce n'est pas que je cherche à décrier cette nation; car s'il en est parmi nos Romains qui aient de l'estime et de l'inclination pour les Grecs, je suis sans doute de ce nombre, et je l'étais plus encore lorsque j'avais plus de loisir. Beaucoup d'entre eux ont de la probité, de la science et de l'honneur; ceux-là n'ont pas été produits à ce tribunal: beaucoup d'autres, qui sont sans pudeur, sans instruction, sans principes, ont été amenés ici pour différents motifs. Voici d'ailleurs ce que je pense des Grecs en général: je leur accorde la gloire des lettres; je leur reconnais des connaissances étendues et variées; je ne leur refuse pas l'agrément du langage, la pénétration de l'esprit, la richesse de l'éloquence; enfin, s'ils s'attribuent encore d'autres qualités, je ne m'y oppose pas. Quant à la bonne foi et au scrupule dans les témoignages, ils ne s'en piquèrent jamais; et ils ignorent de quelle force, de quel poids, de quelle conséquence est une déposition juridique. Cette parole, prête-moi ton témoignage, à charge de revanche, vient-elle de l'Espagne ou de la Gaule? Non, c'est aux Grecs seuls qu'elle appartient; et ceux mêmes qui n'entendent pas la langue, savent comment cela se dit en grec. Aussi voyez avec quel air, avec quelle assurance ils déposent: vous jugerez alors de leur scrupule. Ils ne répondent jamais précisément à ce que nous leur demandons; ils répondent toujours à l'accusateur plus qu'il ne leur demande. Ce qui les embarrasse, ce n'est pas de ne rien dire qui ne soit reconnu vrai; c'est la manière de le dire (...)

 

XXV (...) "Voici les députés d'Athènes, de cette ville où l'on croit que les sciences, les lettres, les arts, l'agriculture, les cérémonies de la religion, les formes de la justice et les lois ont pris naissance, et de là se sont répandus sur toute la terre; cette ville, dont les dieux mêmes, dit-on, se sont disputé la possession pour sa beauté; dont l'antiquité a fait dire qu'elle a engendré elle-même ses citoyens, en sorte qu'elle est appelée à la fois leur mère, leur nourrice, leur patrie; cette ville qui jouit d'une telle célébrité, que le nom de la Grèce, déchu et tombé presque entièrement, ne se soutient plus que par la gloire d'Athènes. Voici les députés de Lacédémone, de ce peuple connu et fameux par ses exploits, où les citoyens apportent en naissant une bravoure que l'éducation fortifie; de ce peuple qui, seul dans l'univers, depuis plus de sept cents ans, conserve fidèlement ses lois et ses moeurs" (...)

Cicéron, Pro Flaccus

 

Oeuvres complètes de Cicéron, publiées et traduites en français sous la direction de M. Nisard, Paris, 1848: link

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