Encore et toujours Nicolas Gómez Dávila
Un moraliste colombien : Nicolas Gomez Davila (1913-1994)
par Pierre-Olivier Combelles et avec le concours d'un internaute inconnu: article Wikipedia
Nicolás Gómez Dávila (Cajicá, Colombie, le 18 mai 1913 - Bogotá, le 17 mai 1994) était un moraliste colombien.
Biographie
Né dans une famille des élites colombiennes, il passe une partie de sa jeunesse à Paris. Pendant son enfance, en raison d'une grave pneumonie, il doit rester alité pendant deux ans, période pendant laquelle il suit les cours de précepteurs et se prend de passion pour la littérature classique. Plus tard, un accident de polo lui brise les hanches.
De retour en Colombie dans les années 1930, il ne retourne jamais en Europe par la suite, à l'exception d'un séjour de six mois en 1948, en compagnie de son épouse. N'ayant jamais fréquenté l'université, il passe dès lors la plupart de son temps chez lui, où il accumule plus de 30 000 livres dans une impressionnante bibliothèque.
En 1954, un premier ouvrage est publié par son frère : Notas I, une compilation de remarques et d'aphorismes qui resta très largement ignorée dans la mesure où cent exemplaires seulement en avaient été tirés - ils étaient destinés à être offerts à des proches.
Gómez Dávila rédige un petit recueil d'essais, Textos I, qui est publié en 1959 (comme pour Notas I, le deuxième volume n'est jamais paru). Il y développe les concepts de base de son anthropologie philosophique et de sa philosophie de l'histoire, dans un registre de langue très recherché, où abondent les métaphores. C'est dans cet ouvrage qu'il exprime pour la première fois son intention de créer un " mélange réactionnaire ", un système philosophique ne pouvant selon lui rendre compte de la réalité. En 1958, il se voit offrir le poste de premier conseiller du président colombien, mais refuse ; quand on lui propose en 1974 de devenir ambassadeur à Londres, il refuse également. Même s'il appuie le président Alberto Lleras pour avoir renversé la dictature de Rojas Pinilla, il n'exerce jamais aucune fonction politique.
De fait, il critique aussi bien la gauche que la droite politique et les conservateurs, même s'il partage en grande partie le point de vue de ces derniers en raison de ses principes réactionnaires. Il défend une anthropologie sceptique, fondée sur une étude approfondie de Thucydide et de Jacob Burckhardt, ainsi que les structures hiérarchiques qui doivent ordonner la société, l'Église et l'État. Il critique vigoureusement le concept de souveraineté du peuple, qui est pour lui une divinisation de l'homme dénuée de toute légitimité et un rejet de la souveraineté de Dieu. Dans le même ordre d'idées, Gómez Dávila voit dans le concile Vatican II une adaption très problématique de l'Église au monde. Il déplore tout particulièrement la quasi-disparition du rite de saint Pie V célébré en latin, dans la foulée du concile. Comme Juan Donoso Cortés, Gómez Dávila pense que toutes les erreurs politiques résultent en dernier lieu d'erreurs théologiques. C'est précisément pour cette raison que sa pensée peut être considérée comme une forme de théologie politique.
Le libéralisme, la démocratie et le socialisme, sont les principales cibles de la critique acerbe de Gómez Dávila ; il estime en effet que c'est en raison de l'influence de ces idéologies contemporaines que le monde est décadent et corrompu.
Gómez Dávila s'est intéressé à un grand nombre de sujets, principalement des questions d'ordre philosophique ou théologique, mais également littéraire, artistique ou historique. Son style se caractérise par l'emploi de phrases brèves, ou scolies, dans lesquelles il commente le monde qui l'entoure, en particulier dans les cinq volumes de Escolios a un texto implícito (publiés successivement en 1977, 1986, et 1992). Son style se rapproche de celui des moralistes français comme La Rochefoucauld, Pascal, La Bruyère et Rivarol. Il a d'une certaine manière créé une figure littéraire du " réactionnaire ", au travers de laquelle il pense le monde moderne. Dans ses derniers ouvrages, il tente de définir de manière positive ce " réactionnaire " auquel il s'identifie ; il le place au-delà de l'opposition entre droite et gauche politique. Se fondant sur un catholicisme traditionnel influencé, entre autres, par la probité intellectuelle de Nietzsche, Gómez Dávila critique la modernité, son œuvre demeurant pour lui une défense d'une " vérité qui ne périra jamais ".
Il ne s'est jamais montré particulièrement intéressé par la renommée que pouvait acquérir son œuvre. De fait, sa réputation n'a commencé à croître véritablement qu'au début des années 1980, par le biais de traductions en allemand, puis en français et en italien ; les premiers à reconnaître l'intérêt de son œuvre ont été, entre autres, Robert Spaemann, Martin Mosebach, Botho Strauß, Reinhart Maurer, Ernst Jünger, Erik von Kuehnelt-Leddihn, Rolf Schilling, Heiner Müller, Franco Volpi, Asfa-Wossen Asserate, Jean Raspail et Richard Dubreuil.
Note importante: L'ennemie politique de Nicolas Gomez Davila était la démocratie. Le lecteur lui substituera sans dommage le terme "démagogie" ou encore mieux "ploutocratie". Car réellement, en ce XXIe siècle, nous vivons la tyrranie du Veau d'Or dans toute son horreur.
Choix de « scolies » par P.O. Combelles
Les statistiques sont l’instrument de celui qui renonce à comprendre pour manipuler.
L’intelligence est une race à laquelle n’appartiennent pas toutes les intelligences.
L’intelligence ne consiste pas à manier des idées intelligentes, mais à manier intelligemment n’importe quelle idée.
La ferveur du culte que le démocrate rend à l’humanité n’a d’égale que la froideur par laquelle il manifeste son manque de respect pour l’individu. Le réactionnaire, lui, dédaigne l’homme, sans trouver aucun individu méprisable.
L’absence de vie contemplative fait de la vie active d’une société un grouillement de rats pestilentiels.
Plus seront complexes les fonctions assumées par l’Etat, plus le sort du citoyen dépendra de fonctionnaires chaque fois plus subalternes
L’unique régime politique qui n’incline pas spontanément au despotisme, c’est la féodalité.
Rien n’attendrit plus le bourgeois que le révolutionnaire d’un pays étranger.
Le christianisme dépasse toute éthique, parce qu’il ne demande pas d’être sans péchés, mais avides de pardon.
L’indépendance intellectuelle est aujourd’hui inaccessible à qui choisit une profession libérale. La société moderne déprave l’intelligence qui se donne à elle, fût-ce en location.
L’historien authentique est un érudit qui écoute la rumeur de l’histoire avec l’imagination d’un enfant.
La phrase doit émerger de son habillement verbal, pulpeuse, limpide et fraîche, comme une adolescente qui se met nue.
La ferveur d'une âme noble peut se tromper d'objet sans se tromper de direction.
Sans latin ni grec, il est possible d'éduquer les mouvements de l'intelligence, mais pas l'intelligence elle-même.
Comment maintenir une tradition ? - En n'en parlant pas.
Il n'est pas de vérité que nous n'ayons le droit d'étouffer si elle doit blesser quelqu'un que nous aimons.
Il n'est jamais trop tard pour rien de vraiment important.
Le degré de civilisation d'une société se mesure au nombre de gestes usuels de politesse dans la vie quotidienne.
On est venu à bout des analphabètes, pour multiplier les illettrés.
Les conservateurs actuels ne sont que des libéraux malmenés par la démocratie
"La société libre n'est pas celle qui a le droit d'élire ceux qui la gouvernent, mais celle qui élit ceux qui ont le droit de la gouverner."
"Être aristocrate, c'est se refuser à croire que tout dépend de la volonté."
Sympathie et antipathie sont les antennes de l'intelligence. L'intelligence étudie les raisons de ce qui la repousse ou l'attire.
Les pronostics de Marx se sont révélés erronés, ceux de Burke véridique. C'est pourquoi fort peu de gens lisent Burke, et que la plupart des gens vénèrent Marx.
Prier est le seul acte dont l'efficacité m'inspire une totale confiance.
La prose de César est la voix même du patriciat: dure, simple, lucide. L'aristocratie n'est pas un ramassis de titres clinquants, mais une voix coupante.
L'ordre paralyse. Le désordre convulsionne. Inclure un désordre institué dans un ordre qui l'englobe, voilà ce que fut le miracle de la féodalité.
La modernité tente d'élaborer avec la luxure, la violence et l'infamie l'innocence d'un paradis infernal.
Le gauchiste ne vilipende que des simulacres de pouvoir.
Le gauchiste évite avec un tact méticuleux de marcher sur les pieds des véritables puissants.
Le gauchisme est la bannière sous laquelle la mentalité bourgeoise du XIXe maintient son pouvoir au XXe.
L'anarchie menaçant une société qui s'avilit n'est pas un châtiment, mais un remède.
La gauche et la droite ont signé, contre le réactionnaire, un pacte secret d'agression perpétuelle.
L'église a pu évangéliser la société médiévale parce que c'était une société de pécheurs, mais son avenir n'est pas prometteur dans la société moderne où tous se croient innocents.
Le suffrage universel ne reconnaît finalement à l'individu qu'un seul droit: celui d'être alternativement oppresseur et opprimé.
L'Etat moderne réalisera son essence lorsque la police, comme Dieu, sera témoin de tous les actes des hommes.
Celui qui se respecte ne peut vivre aujourd'hui que dans les interstices de la société.
Ne pas sentir la putréfaction du monde moderne est un indice de contamination.
La société libre n'est pas celle qui a le droit d'élire ceux qui la gouvernent, mais celle qui élit ceux qui ont le droit de la gouverner.
Le bourgeois est à gauche par nature et à droite par pure lâcheté.
Éduquer les jeunes gens ne consiste pas à les familiariser avec leur époque, mais à faire en sorte qu’ils l’ignorent le plus longtemps possible.
Chez le contemplatif, et chez lui seul, l'âme ne meurt pas avant le corps.
L'authentique grandeur, au XXe siècle, est si radicalement individuelle que nous devons nous méfier de ceux qui laissent des successeurs.
La charité, pour un égalitariste, est un vice féodal.
Les deux ailes de l’intelligence sont l’érudition et l’amour.
Le triangle : bourg, château, monastère n’est pas une miniature médiévale, mais un paradigme éternel.
L’intelligence littéraire est l’intelligence du concret.
Le génie d’un La Rochefoucauld ou d’un Saint-Simon annule le caractère représentatif de leurs œuvres. Celles d’autres écrivains, en revanche, comme sir William Temple, par exemple, doivent leur intérêt à la classe sociale de leur auteur. Des textes délicieux comme seul en produit un certain style de vie, et dont la pompe discrète éveille la nostalgie d’une existence aisée, noble, silencieuse, fine et ordonnée.
La postérité n’est pas l‘ensemble des générations futures. C’est un petit groupe d’hommes de goût, bien élevés, érudits, dans chaque génération.
L’intelligence est spontanément aristocratique, car c’est la faculté de distinguer les différences et de fixer les rangs.
Les concessions sont les marches de l’échafaud.
Nous ne devons pas émigrer mais conspirer.
Le peuple n’est pas nécessairement vulgaire. Pas même dans une démocratie. Par contre, les classes supérieures d’une démocratie le sont nécessairement, parce que si ses membres ne l’étaient pas, ils ne se seraient pas élevés dans une démocratie.
Les riches ne sont inoffensifs que là où ils sont exposés au dédain d’une aristocratie.
Tout ce qui peut interrompre une tradition oblige à repartir de l’origine. Et toute origine est sanglante.
Est cultivé l’homme qui ne fait pas de la culture une profession.
Le rôle du christianisme dans le monde est la plus grande préoccupation du nouveau théologien. Singulière préoccupation, attendu que le christianisme enseigne que le chrétien n’a pas de rôle à jouer dans le monde.
Qu’est la philosophie pour le catholique sinon la manière dont son intelligence vit sa foi ?
La poésie n’a pas de place dans le monde. C’est un flamboiement qui s’infiltre par ses failles.
Respecter les gens qui nous sont supérieurs est d’abord une preuve de bon goût.
Le raciste s’exaspère, parce qu’il soupçonne en secret que les races sont égales ; l’anti-raciste aussi, parce qu’en secret, il soupçonne qu’elles ne le sont pas.
Les journalistes sont les courtisans de la plèbe.
La concussion démocratique est inexcusable parce qu'elle est hypocrite, sournoise, honteuse. J'aime mieux Vaux-le-Vicomte que les comptes bancaires en Suisse des ministres démocratiques.
Les guerres intellectuelles ne sont pas gagnées par les armées régulières mais par des francs-tireurs.
L'individu obéissant à une vocation authentique est réactionnaire. Quelles que soient les opinions qu'il nourrit. Est démocrate celui qui attend du monde la définition de ses objectifs.
Nous ne blâmons pas le capitalisme parce qu'il fomente l'inégalité, mais pour favoriser l'ascension de types humains inférieurs.
La féodalité a été fondée sur des sentiments nobles : loyauté, protection, service. Les autres systèmes politiques se fondent sur des sentiments méprisables : égoïsme, convoitise, jalousie, lâcheté.
La vérité n'est pas relative. Ce sont les opinions sur la vérité qui sont relatives.
Le pourcentage d’électeurs qui s’abstiennent de voter mesure le degré de liberté concrète dans une démocratie. Là où la liberté est fictive, là où elle est menacée, ce pourcentage tend vers zéro.
La courtoisie nous donne la faculté de respecter nos interlocuteurs sans avoir besoin de croire à leur importance.
La décadence d'une littérature commence quand ses lecteurs ne savent pas écrire.
Toute rébellion contre l'ordre de l'homme est noble, tant qu'elle ne masque pas une rébellion contre l'ordre du monde.
L’Introduction à la vie dévote de saint François de Sales et les Chroniques de Froissart nous ouvrent à des façons de vivre étrangères à notre époque : la vie comme " dévotion ", la vie comme " prouesse ". Deux façons de sentir la vie comme une exaltation virile et délicieuse, comme un claquement d’oriflammes dans l’aurore.
Les idéologies ont été inventées pour que celui qui ne pense pas puisse donner son opinion.
L'opinion publique n'est pas aujourd'hui une somme d'opinions personnelles. Les opinions personnelles sont au contraire l'écho de l'opinion publique.
Les activités supérieures de l’esprit paraissent toujours parasitaires aux yeux du sot. Le degré de civilisation d’une société se mesure au nombre de parasites qu’elle tolère.
Quand la patrie n’est pas le territoire des temples et des tombes, mais une simple somme d’intérêts, le patriotisme est déshonorant.
Au lieu de la noblesse héréditaire, d'abord la ploutocratie bourgeoise, puis la police socialiste. L'histoire nous sert des plats peu ragoûtants, quand nous commandons des réalités à la place des vieilles fictions.
La plus grande faute du monde moderne n'est pas d'avoir incendié les châteaux, mais d'avoir rasé les chaumières. Ce qu'on voit s'effacer, au fil du XIXe siècle, c'est la dignité des humbles.
Les musées sont l'invention d'une humanité qui n'a pas de place pour les œuvres d'art, ni dans ses maisons, ni dans sa vie.
Le Progrès se réduit finalement à voler à l’homme ce qui l’ennoblit, pour lui vendre au rabais ce qui l’avilit.
Aussi longtemps qu’on ne le prend pas au sérieux, celui qui dit la vérité peut survivre dans une démocratie.
L’égalitariste considère que la courtoisie est un aveu d’infériorité. Entre égalitaristes, c’est la grossièreté qui marque le rang.
Le communiste hait le capitalisme par complexe d’Œdipe. Le réactionnaire le considère simplement avec xénophobie.
Ce que le moderne déteste dans l’Église catholique, c’est son triple héritage : chrétien, romain et hellénique.
Celui qui réclame l’égalité des chances finit par exiger que l’on pénalise celui qui est doué.
Si l’on aspire seulement à doter d’un nombre croissant de biens un nombre croissant d’êtres, sans se soucier de la qualité des êtres ni de celle des biens, alors le capitalisme est la solution parfaite.
Dans les époques aristocratiques, ce qui a de la valeur n’a pas de prix. Dans les époques démocratiques, ce qui n’a pas de prix n’a pas de valeur.
L’homme ne communique avec son semblable que quand l’un écrit dans sa solitude, et que l’autre le lit dans la sienne. Les conversations sont divertissement, escroquerie, ou escrime.
Après avoir discrédité la vertu, ce siècle est parvenu à discréditer les vices. Les perversions sont devenues des parcs suburbains que fréquentent en famille les foules dominicales.
La paresse de l’intellect est bien souvent le seul contrepoids à la démence humaine.
Notre société tient à avoir des dirigeants élus pour que le hasard de la naissance ou le caprice du monarque ne viennent pas tout à coup livrer le pouvoir à un homme intelligent.
La démocratie n'est pas tant l'empire des mots que celui des mensonges.
Nous pouvons dépeindre la décadence d'une société, mais il est impossible de la définir. Comme la folie qui grandit dans un regard.
Devant les esprits vraiment grands, nous ne nous sentons pas humiliés, mais mystérieusement en accord.
La littérature ne périt pas parce que personne n’écrit, mais quand tout le monde écrit.
Les phrases sont des petits cailloux que jette l’écrivain dans l’âme du lecteur. Le diamètre des ondes concentriques dépend des dimensions du bassin.
La science nous trompe de trois manières : en transformant ses propositions en normes, en divulguant ses résultats plutôt que ses méthodes, en passant sous silence ses limitations épistémologiques.
Dans la société médiévale la société est l’Etat ; dans la société bourgeoise Etat et société s’affrontent ; dans la société communiste l’Etat est la société.
Il n’est pas vrai que la valeur des choses soit due à l’importance de la vie. Au contraire, la vie est importante parce que les choses ont une valeur.
La vérité, c’est le bonheur de l’intelligence.
Dans une certaine prose française la sécheresse et la passion se combinent en une déflagration admirable.
La vie de l’intelligence est un dialogue entre la personnalité de l’esprit et l’impersonnalité de la raison.
Mépriser ou être méprisé, c’est l’alternative plébéienne des relations humaines.
Penser comme nos contemporains, c’est la recette de la prospérité et de la bêtise.
La culture n’occupera jamais les loisirs des travailleurs, parce qu’elle est le travail exclusif de l’homme de loisir.
Eduquer est aujourd’hui une tâche spécialisée et ardue. En revanche, une société hiérarchisée éduque spontanément.
Les vertus de pauvreté ne fleurissent guère que chez le riche qui se dépouille de ses biens.
Ecrire serait facile si la même phrase ne paraissait alternativement, selon le jour et l’heure, médiocre ou excellente.
Entre adversaires intelligents il existe une secrète sympathie, car nous devons tous notre intelligence et nos qualités aux qualités et à l’intelligence de notre ennemi.
La mort de Dieu est une nouvelle annoncée par le diable, lequel mieux que quiconque sait qu’elle est fausse.
Seules les éducations austères forment des âmes fines et délicates.
La tyrannie d’un individu est préférable au despotisme de la loi, parce que le tyran est vulnérable et la loi incorporelle.
Ce qui était populaire est devenu vulgaire quand le peuple a renoncé à copier naïvement la culture aristocratique pour acheter la culture " populaire " que lui fabrique la bourgeoisie.
Les jugements injustes d’un homme intelligent sont le plus souvent des vérités drapées dans la mauvaise humeur.
La loi est l’embryon de la terreur.
Les préjugés ont ceci de bon, qu’ils préservent des idées stupides.
Le goût littéraire de la classe dominante ne domina pas parce que la classe et dominante, mais parce que dominer permet de choisir ce qu’il y a de mieux.
Les hommes se répartissent en deux groupes : ceux qui croient au péché originel et les crétins.
Sceptique ou catholique : tout le reste se décompose avec le temps.
Seul est un catholique accompli celui qui élève la cathédrale de son âme sur des cryptes païennes.
L’historien démocratique enseigne que la démocratie ne tue que parce que ses victimes l’obligent à les tuer.
L’orgueil nous suffit pour pardonner à qui nous injurie, maila la charité elle-même n’est pas suffisante pour que nous pardonnions à qui injurie ceux que nous aimons.
Je ne connais pas de péché qui ne soit, pour une âme noble, son propre châtiment.
(Escolios a un texto implícito, traduit de l'espagnol par Michel Bibard, Anatolia-Editions du Rocher)
Quelques liens:
Nicolás Goméz Dávila sur le site de la Biblioteca Luis Ángel Arango : link
Et sur un site hispanophone, un précieux choix de citations en espagnol (l'édition colombienne des Scolies est introuvable) : link
La biblioteca de Nicolás Gómez Dávila (plus de 30.000 livres, tous classiques) : link
Sur le Fonds Nicolás Gómez Dávila légué à la Bibliotèque Luis Ángel Arango: link
Nadie me inducirá a absolver la naturaleza humana porque me conozco a mi mismo.
La humanidad solo cambia la retórica de sus estupideces.
Humano es el adjetivo que sirve para justificar cualquier vileza.
La humanidad cree remediar sus errores reiterándolos.
Reformar a los demás es ambición de que todos se mofan y que todos abrigan.
Cuando sólo se enfrentan soluciones burdas, es difícil opinar con sutileza. La grosería es el pasaporte de este siglo.
La sabiduría, en este siglo, consiste ante todo en saber soportar la vulgaridad sin irritarse.
En este siglo de muchedumbres trashumantes que profanan todo lugar ilustre, el único homenaje que un peregrino reverente puede rendir a un santuario venerable es el de no visitarlo.
El joven se enorgullece de su juventud como si no fuese privilegio que tuvo hasta el más bobo.
El crecimiento de la población inquieta al demógrafo, solamente cuando teme que estorbe el progreso económico o que dificulte la alimentación de las masas.
Pero que el hombre necesite soledad, que la proliferación humana produzca sociedades crueles, que se requiera distancia entre los hombres para que el espíritu respire, lo tiene sin cuidado.
La calidad del hombre no le importa.
El hombre moderno no ama, sino se refugia en el amor; no espera, sino se refugia en la esperanza; no cree, sino se refugia en un dogma.
El moderno llama deber su ambición.
En el lóbrego y sofocante edificio del mundo, el claustro es el espacio abierto al sol y al aire.
La vida común es tan mísera que el más infeliz puede ser víctima de la codicia del vecino.
La virtud que no duda de sí misma culmina en atentados contra el mundo.
El individuo busca el calor de la muchedumbre, en este siglo, para defenderse del frío que emana del cadáver del mundo.
No es tanto que la mentalidad moderna niegue la existencia de Dios como que no logra dar sentido al vocablo.
Los dioses son campesinos que no acompañan al hombre sino hasta las puertas de las grandes urbes.
No acusemos al moderno de haber matado a Dios. Ese crimen no está a su alcance. Sino de haber matado a los dioses.
Dios sigue intacto, pero el universo se marchita y se pudre porque los dioses subalternos perecieron.
Temblemos si no sentimos, en este abyecto mundo moderno, que el prójimo, cada día, es menos nuestro semejante.
Se aproxima la época en que la naturaleza, desalojada por el hombre, no sobrevivirá sino en herbarios y en museos.
El hombre actual no vive en el espacio y en el tiempo. Sino en la geometría y los cronómetros.
Con la aparición de relaciones “racionales” entre los individuos, se inicia el proceso de putrefacción de una sociedad.
Ser moderno es ver fríamente la muerte ajena y no pensar nunca en la propia.
Las almas modernas ni siquiera se corrompen, se oxidan.
Mientras el hombre no despierte de su actual borrachera de soberbia, nada vale la pena intentar.
Sólo miradas que no desenfoca el orgullo logran esa visión lúcida del mundo que confirma nuestra prédica.
El hombre moderno trata al universo como un demente a un idiota.
La historia moderna es el diálogo entre dos hombres uno que cree en Dios, otro que se cree dios.
Los hombres se reparten entre los que se complican la vida para ganarse el alma y los que se gastan el alma para facilitarse la vida.
El mundo moderno no será castigado. Es el castigo.
El hombre tiende a la superficialidad como el corcho hacia la superficie.
Nuestra alma tiene porvenir. La humanidad no tiene ninguno.
Al que pregunte con angustia qué toca hacer hoy, contestemos con probidad que hoy sólo cabe una lucidez impotente.
Entre los inventos de la soberbia humana se desliza finalmente uno que los destruye a todos.
Innúmeros problemas provienen del método con que pretendemos resolverlos.
Al mundo moderno precisamente lo condena todo aquello con que el moderno pretende justificarlo.
La fealdad del rostro moderno es fenómeno ético.
Nadar contra la corriente no es necedad si las aguas corren hacia cataratas.
Después de ver el trabajo explotar y arrasar el mundo, la pereza parece madre de las virtudes.
El moderno se imagina que basta abrir las ventanas para curar la infección del alma, que no se necesita barrer la basura.
El moderno ignora la positividad del silencio. Ignora que son muchas las cosas de las cuales no se puede hablar sin deformarlas automáticamente.
Después de resolver un problema, la humanidad se imagina hallar en soluciones análogas la clave de todos.
Toda solución auténtica arrastra un cortejo de soluciones grotescas.
“Revolucionario” significa hoy individuo para quien la vulgaridad moderna no está triunfando con suficiente rapidez.
La plena vileza del hombre no se patentiza sino en las grandes agrupaciones urbanas.
El pueblo hoy no se siente libre sino cuando se siente autorizado a no respetar nada.
El moderno perdió el alma y no es más ya que la suma de sus comportamientos.
La presión demográfica embrutece.
El mundo moderno resultó de la confluencia de tres series causales independientes: la expansión demográfica, la propaganda democrática, la revolución industrial.
El tan decantado “dominio del hombre sobre la naturaleza” resultó ser meramente una inmensa capacidad homicida.
La urbe moderna no es una ciudad, es una enfermedad.
No es meramente que la basura humana se acumula en las ciudades, es que las ciudades vuelven basura lo que en ellas se acumula.
El moderno llama “cambio” caminar más rápidamente por el mismo camino en la misma dirección.
El mundo, en los últimos trescientos años, no ha cambiado sino en ese sentido.
La simple propuesta de un verdadero cambio escandaliza y aterra al moderno.
La más ominosa de las perversiones modernas es la vergüenza de parecer ingenuos sino coqueteamos con el mal.
La civilización moderna recluta automáticamente a todo el que se mueva.
La negación radical de la religión es la más dogmática de las posiciones religiosas.
Tengo un solo tema: la soberbia. Toda mancha es su huella.
El alma es cantidad que decrece a medida que más individuos se agrupan.
La humanidad es el único dios totalmente falso.
Si el hombre llegare a fabricar un hombre, el enigma del hombre no habrá sido descifrado sino entenebrecido.
Entre el animal y el hombre no hay más barrera que una empalizada de tabús.
Respetemos los dos polos del hombre: individuo concreto, espíritu humano.
Pero no su zona media de animal opinante.
Hoy no hay por quien luchar. Solamente contra quien.
Nada asegura al hombre que lo que inventa no lo mata.
El mundo moderno no es una calamidad definitiva. Existen depósitos clandestinos de armas.
No conviene que la humanidad limite sus poderes de destrucción mientras no limite los de construcción.
Para excusar sus atentados contra el mundo el hombre resolvió que la materia es inerte.
La resistencia es inútil cuando todo se conjura en el mundo para destruir lo que admiramos. Siempre nos queda, sin embargo, un alma insobornable para contemplar, para juzgar, y para desdeñar.
Los que ponen su esperanza en el mundo son apenas mas necios que los que el espectáculo del mundo no los divierte.
El hombre no es sino espectador de su impotencia.
Todo grito de soberbia humana acaba en grito de angustia.
Alegrarse malévolamente con los descalabros de la sociedad moderna no es gozar de las humillaciones del hombre. Es aplaudir los fracasos de la voluntad siniestra que lo mueve.
Toda rebelión contra el orden del hombre es noble, mientras no disfrace una rebeldía contra el orden del mundo. En tal caso es ridícula.
Para que valga la pena jugar más vale que algunas catástrofes cambien el juego.
Lo "racional" consiste en prolongar la vida, evitar el dolor, satisfacer el hambre y el sexo. Sólo una definición semejante esclarece el discurso de los últimos siglos.
Uno a uno tal vez los hombres sean nuestros prójimos, pero amontonados no lo son.
Un solo ser puede bastarte. Pero que jamás te baste el hombre.
La ausencia del hombre es la condición ultima de la perfección de toda cosa.
En este siglo toda empresa colectiva edifica prisiones. Solo el egoísmo nos impide colaborar en vilezas.
Cualquier experiencia compartida termina en simulacro de religión.
Nuestra ultima esperanza esta en la injusticia de Dios.
Dios es el estorbo del hombre moderno.
Mientras mas tarda la naturaleza en vengar los delitos que contra ella se cometen, más cruel es su venganza.
II
El roce social no pule, empuerca.
Pensar como nuestros contemporáneos es la receta de la prosperidad y de la estupidez.
Al tonto no lo impresiona sino lo reciente. Nada, para el hombre inteligente, depende de su fecha.
¿Qué importa que nos condenen quienes no comparten ideas similares?.
Cuando el diálogo es el último recurso, la situación ya no tiene remedio.
Los partidarios de una causa suelen ser los mejores argumentos contra ella.
Cuando oímos exclamar: “muy civilizado”, “muy humano”, no debemos vacilar, se trata de una abyecta porquería
Un pueblo libre presenta un espectáculo estéticamente lamentable.
Cuando oigo pronunciar la palabra “razón”, o sus familiares, me dispongo a escuchar una frase sinsentido.
La razón es una mano que oprime nuestro pecho para aplacar el latir de nuestro corazón desordenado.
El tonto halla desierto todo lugar noble en que se introduzca. Monótono, como la obscenidad.
Es en el rostro del que escupe algo noble donde toca limpiar el esputo.
Hay que aprender a manejar las armas del adversario, pero con el debido asco.
El gesto espontáneo y el gesto ritual pertenecen a categorías distintas, pero tiene igual rango. Nada hay en cambio más bajo que la espontaneidad reglamentada, la mueca demagógica.
Lo que permite soportar a los demás es la posibilidad de convertirlos en relato.
La misantropía acecha al que no tiene mirada de entomólogo.
Pagaría con gusto para no hacer la mayoría de las cosas que los demás pagan por hacer.
El que se precia de "haber vivido mucho" debe callar para no demostrarnos que no ha entendido nada.
La gente suele buscar el origen de lo que la asombra donde esta el eco.
Al observar quienes obtienen lo que deseamos nos importa menos obtenerlo.
Todo individuo con “ideales” es un asesino potencial.
El prestigio de la “cultura” hace comer al tonto sin hambre.
El adolescente quiere rugir, pero sólo logra rebuznar.
Los adolescentes alzan vuelo con el desdén de las águilas, y pronto, se estrellan fofamente contra el suelo como pretenciosas aves de corral.
Pocos hombres soportarían su vida si no se sintiesen víctimas de la suerte. Llamar injusticia la justicia es el más popular de los consuelos.
Cada individuo llama “cultura” la suma de las cosas que mira con aburrición respetuosa.
Cupo a este siglo el privilegio de inventar el pedantismo de la obscenidad.
En ninguna época anterior tuvieron las letras y las artes mayor popularidad que en la nuestra. Artes y letras han invadido la escuela, la prensa y los almanaques.
Ninguna otra, sin embargo, fabricó objetos tan feos, ni soñó sueños tan ramplones, ni adoptó tan sórdidas ideas.
Se dice que el público está mejor educado. Pero no se le nota.
La sociedad moderna está aboliendo la prostitución mediante la promiscuidad.
Los medios actuales de comunicación le permiten al ciudadano moderno enterarse de todo sin entender nada.
Los museos son el invento de una humanidad que no tiene puesto para las obras de arte, ni en su casa, ni en su vida.
Creemos en muchas cosas en que no creemos creer.
Mientras las diversiones sean suficientemente vulgares nadie protesta.
El envilecimiento es el precio actual de la fraternidad.
Hoy se llama “tener sentido común” no protestar contra lo abyecto.
Ya no existen ancianos sino jóvenes decrépitos.
El moderno se asorda de música, para no oírse.
Para lo que se necesita atrevimiento hoy es para no contribuir a ensuciar.
La vulgaridad colonizó la tierra.
El hombre moderno no defiende enérgicamente sino su derecho a la crápula.
El hombre ya no sabe inventar nada que no sirva para matar mejor o para vulgarizar el mundo un poco más.
Más que la inmoralidad del mundo actual, es su fealdad creciente lo que incita a soñar en un claustro.
Crece en el mundo moderno el número de teorías que sólo vale la pena refutar alzando los hombros.
La sociedad moderna trabaja afanosamente para poner la vulgaridad al alcance de todos.
Llaman “fomentar la cultura” coronar a mediocres.
Hay momentos en que el peor defecto, peor delito, peor pecado, parece ser la mala educación.
Escribir es la única manera de distanciarse del siglo en el que le cupo a uno nacer.
El alma de los jóvenes aburriría menos, sino la exhibieran tanto.
El suicidio más acostumbrado en nuestro tiempo consiste en pegarse un balazo en el alma.
Las extravagancias del arte moderno están enseñándonos a apreciar debidamente las insipideces del arte clásico.
El universo no se venga de quienes lo tratan como mecanismo inánime, haciéndolos morir humillados, sino prósperos y embrutecidos.
No demos a nadie la ocasión de ser vil. La aprovecha.
El hombre se esfuerza en demostrar para eludir el riesgo finalmente ineludible de asumir.
Al repudiar los ritos, el hombre se reduce a animal que copula y come.
Las personas sin imaginación nos congelan el alma.
Los gestos públicos deberían estar regulados por el más estricto formalismo para impedir esa espontaneidad fingida que tanto place al tonto.
Hoy pretenden que perdonar sea negar que hubo delito.
El pecado deja de parecer ficción, cuando hemos recibido en plena cara el impacto de su vulgaridad estética.
La pasividad de las cosas nos engaña: nada manipulamos con descaro sin herir a un dios.
“Encontrarse”, para el moderno, quiere decir disolverse en una colectividad cualquiera.
Los que niegan la existencia de rangos no se imaginan con cuánta claridad los demás les ven el suyo.
No todo nos traiciona pero no hay nada que no pueda traicionarnos.
La inopia estética de una sociedad crece proporcionalmente al número de caballos de fuerza que instale.
La franqueza de quien no se respeta a sí mismo se convierte en simple falta de vergüenza.
Quien nos traiciona nunca nos perdona su traición.
No es para admirar para lo que se necesita hoy intrepidez, es para reprobar.
No debemos asustarnos: lo que admiramos no muere. Ni regocijarnos: lo que detestamos tampoco.
El ruido es invento moderno.
Quien no gusta de lo obsoleto no puede saber si tiene gustos auténticos.
Despoblar y reforestar. Primera pauta civilizadora.
Las grandes explicaciones imbéciles del comportamiento humano explican adecuadamente al que las adopta.
Los libros del incrédulo constituyen la verdadera apologética de la fe.
El terror y la ética son hermanos.
El destino del mundo siempre esta en manos de un transeúnte desconocido.
El hombre no crea sus Dioses a su imagen y semejanza, sino que se concibe a la imagen y semejanza de los Dioses en que cree.
La hipocresía no es la herramienta del hipócrita sino su prisión.
No trato de envenenar las fuentes. Sino de mostrar que están envenenadas.
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