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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Sparte n'est plus, mais par son exemple, elle vit immortelle dans le coeur et la mémoire des sages

17 Novembre 2010 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

XIV. 1. Si quelqu'un me demandait si les lois de Lycurgue me paraissaient demeurer encore maintenant sans changement, eh bien, parbleu! je ne saurais plus le dire avec assurance. 2. Car je sais qu'auparavant les Lacédémoniens préféraient vivre ensemble chez eux avec des moyens modestes plutôt que de se laisser détruire en étant harmostes (gouverneurs) dans les cités  et en se laissant flatter. 3. Et je sais que dans le passé ils redoutaient de paraître détenir de l'or; et qu'à présent il en est qui se font gloire d'en avoir acquis. 4. Je sais aussi très bien que dans le passé on procédait à des refoulements d'étrangers et qu'il n'était pas permis de voyager à l'extérieur pour éviter que les citoyens ne se remplissent d'indolence au contact des étrangers; je sais très bien qu'à présent ceux qui passent pour être les premiers ont fait tous leurs efforts pour ne jamais cesser d'être harmostes à l'étranger. 5. Et il y eut un temps où ils s'efforçaient d'être dignes de commander; à présent ils s'occupent bien plutôt de gouverner que d'en être dignes. 6. Aussi bien, les Grecs auparavant se rendaient à Lacédémone pour lui demander de prendre la tête pour attaquer ceux qui paraissaient leur nuire; à présent, beaucoup s'encouragent les uns les autres pour les empêcher de reprendre leur empire. 7. Il ne faut pourtant nullement s'étonner de ces reproches qu'on leur adresse, puisqu'il est clair qu'ils n'obéissent ni au dieu ni aux lois de Lycurgue.

Xénophon: Constitution des Lacédémoniens. Traduit du grec par Michel Casevitz, Paris, Les Belles Lettres, 2008.

 

Hoplite_Sparte.jpg

 

 

"A supposer que Sparte soit dévastée et que seuls subsistent les sanctuaires et les fondations de ses édifices, les générations qui viendraient dans un lointain futur douteraient fort, je pense, que sa puissance réelle eût été à la hauteur de son prestigieux souvenir. Et pourtant, les deux cinquièmes du Péloponnèse sont directement soumis à son autorité et son hégémonie s'exerce sur l'ensemble de la péninsule, ainsi qu'au dehors sur un grand nombre de cités alliées. Néanmoins, parce qu'il n'y a pas d'agglomération centrale, parce que les sanctuaires et les monuments sont modestes, parce que, comme c'était autrefois le cas dans toute la Grèce, les Lacédémoniens vivent disséminés en bourgades, on pourrait croire que Sparte n'était qu'une puissance de second ordre. Qu'Athènes en revanche vienne à subir le même sort, le spectacle qu'offriraient les vestiges de cette ville ferait croire que sa puissance était double de ce qu'elle est en réalité."

 

Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, I, p. 699 (Gallimard, Pléiade)

 

 

18. "Par la suite, à Athènes et dans le reste de la Grèce, où de nombreuses cités avaient connu, avant même Athènes, le régime tyrannique, la plupart des tyrans furent renversés par les Spartiates. A l'exception des tyrans de Sicile, il n'en resta plus un seul. Sparte avait été, à la suite de l'établissement des Doriens actuels, en proie à des luttes civiles qui durèrent plus longtemps que dans aucune autre ville que nous connaissions. C'est pourtant chez elle que le règne de la loi s'instaura le plus tôt et elle ne connut jamais la tyrannie. Un peu plus de quatre siècles se sont écoulés jusqu' à la fin de la Guerre du Péloponnèse, sans que sa constitution ait été modifiée. C'est ce qui a fait sa force et ce qui lui a permis d'intervenir dans les affaires des autres cités."

Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, I, p. 704 (Gallimard, Pléiade)


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