Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

La femme mère est l’histoire, l’homme guerrier et politique fait l’histoire (Spengler)

27 Septembre 2011 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

 

nd_de_la_belle_verri_re.jpg

 Notre-Dame de la Belle Verrière (Chartres)

 

« C’est le sentiment primaire du souci qui domine la physionomie de l’histoire d’Occident, aussi  bien que  celle d’Egypte et de la Chine, et qui donne aussi sa forme à la symbolique de l’Eros, dans lequel est représenté le flux éternel de la vie apparaissant sans cesse dans la suite des générations d’individus. L’être ponctiforme euclidien de l’antiquité ne sentait là encore que le présent et le tangent des actes décisifs : de la génération et de la naissance. Il plaçait en en conséquence au centre des cultes de Déméter et les souffrances de la femme qui enfante ; dans l’univers antique en général, le symbole dyonisien du phallus, qui est l’emblème d’une sexualité absolument vouée au moment présent où elle oublie le passé et l’avenir. Il correspond à son tour, dans l’univers indou, à l’emblème du lingam et au culte de la déesse Parvati. Dans les deux cultures, l’homme se sent identifié à la nature, à la plante et sacrifié au sens du devenir sans volonté et sans souci. Le culte domestique du Romain concernait le genius, c’est-à-dire la force génératrice du père de famille. Le souci profond et réfléchi de l’âme occidentale y répond par le symbole de l’amour maternel, qui apparaît à peine à l’horizon du mythe antique, comme dans la plainte de Perséphone ou la statue assise, déjà hellénistique, de la Déméter de Cnide. La mère portant l’enfant – l’avenir- dans son sein : le culte de Marie en ce sens nouveau, faustien, n’a commencé de croître qu’aux siècles gothiques. Raphaël lui a donné son expression suprême dans la Madone sixtinienne. Elle n’est pas chrétienne en général car le christianisme magique avait déjà élevé Marie Theotokos, mère de Dieu, à un symbole tout à fait différent de sentiment. La mère apaisante est aussi étrangère à l’art christiano-byzantin qu’à l’hellénique, bien que pour des raisons différentes ; il est certain que Gretchen du Faust est, par la magie profonde de son inconsciente maternité, plus proche des madones gothiques que toutes les Maries des mosaïques de Byzance et de Ravenne. Pour l’intériorité de ces rapports, on est ému de la concordance absolue entre la madone portant l’enfant Jésus et Isis portant l’enfant Horus – toutes deux sont des mères soucieuses – ainsi que de la disparition de ce dernier symbole durant des millénaires et pendant toute la durée des cultures antique et arabe, qui n’y pouvaient trouver aucun sens, pour être réveillé enfin dans l’âme faustienne.

Du souci maternel, la route mène au souci des pères et par là au symbole temporel suprême manifesté dans les grandes cultures : l’Etat. Ce que la mère voit dans son enfant, avenir et continuité de sa propre vie, de telle sorte que l’amour maternel exclut pour ainsi dire la séparation des individus, les hommes le trouvent dans la communauté armée par laquelle ils assurent la maison et le foyer, la femme et l’enfant et avec eux le peuple entier, son avenir, son activité, l’Etat est la forme intérieure, l’  « être en forme », d’une nation, et l’histoire, au sens sublime, est la pensée que cet être n’est pas mobilité, mais mouvement. La femme mère est l’histoire, l’homme guerrier et politique fait l’histoire. »

Oswald Spengler, Le déclin de l'Occident. Esquisse d'une morphologie de l'histoire universelle. Volume I: Forme et réalité, chapitre II: Le problème de l'histoire universelle. NRF-Gallimard, Paris, (1923) 1948/1976.

 

Achille2 

Achille (vase grec)

 

En s'attaquant à la femme-mère, à l'homme-guerrier, à l'Etat national et à l'histoire, la ploutocratie mondialiste, ses intellectuels et ses collabos cherchent à régner sur une humanité d'esclaves et sur une Nature violée et souillée.

Béthune

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :