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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

La mort chez les Eskimos d'Ammassalik, par Robert Gessain

6 Février 2012 , Rédigé par Béthune

 

"Si les Ammassalimiut craignent les morts et le danger mortel, toujours possible et imprévu, que peuvent faire planer sur eux ceux qui pratiquent la magie, ils ne craignent pas les dangers quotidiens; ils ont dans l'adversité des capacités exceptionnelles d'endurance et de courage. ils savent faire face à la mort avec calme et sérénité: l'acceptation de la mort, comme événement de la vie, leur paraît si naturelle qu'ils la devancent souvent quand ils sont âgés ou plus rerement sous l'emprise d'une grande peine affective. Le suicide est une démarche fréquente qui apparaît à tous comme un acte de liberté individuelle à respecter.

Un chasseur âgé, estimant avoir fait ce qu'il avait à faire dans la vie, un jour dans la maison ou sous la tente parmi les siens, se met à parler: "La vie n'a t-elle pas été longue ? Les fils ne rapportent-ils pas de phoques en suffisance?"

Tout le monde a compris qu'il désire partir... Il parlera parfois longtemps, lentement de sa vie, de ce qu'il a fait de bien, de ce qu'il a fait de mal, puis il monte dans son kayak, parfois avec l'aide d'un de ses fils, s'éloigne de la rive et volontairement se retourne et ne se redresse pas. Une femme, elle, se jettera dans la mer du haut d'un rocher.

La mer, source de tous biens pour les Ammassalimiut, les accueille favorablement dans la mort; c'est le chemin le plus court pour le meilleur séjour dans l'au-delà."

Robert Gessain, Ammassalik ou la civilisation obligatoire.

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