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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Derrière les collines de Lima

20 Octobre 2012 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

De l'autre côté de la colline

Derrière les collines des quartiers riches de Lima: les favelas (asentamientos, au Pérou) s'étendent à perte de vue dans le désert, peuplées de millions de gens chassés des Andes par l'absence de toute politique agricole pour le peuple. Photo: Pierre-Olivier Combelles, 2012.

 

 

Tandis que se dynamisent les relations entre les USA et le Pérou, faisant suite aux récents sommets de l'APEC et d'ASPA 3 (America de Sur - Paises Arabes) pour attirer de nouveaux investissements principalement dans les mines, le pétrole et l'agriculture d'exportation, le gouvernement répète à toute occasion que le Pérou est un pays "émergent" qui pratique l'"inclusion sociale".

Que signifient les formules "émergent"  et "inclusion sociale" pour un pays qui n'a aucune industrie de transformation, qui prostitue ses ressources naturelles: pétrole, gaz naturel, mines, forêts de l'Amazonie, pêche, etc. aux compagnies étrangères et qui continue à être gouverné par une ploutocratie corrompue et cynique (la même que dénonçait Humboldt au XIXe siècle) alors que les Andes se dépeuplent, que les populations et la forêt amazoniennes sont en proie à une politique de destruction, que le Pérou est devenu le premier producteur mondial de cocaïne devant la Colombie et la Bolivie, que toutes ses réserves sont en dollars et que la capitale, Lima, en plein désert côtier, mégapole d'une monstrueuse hideur, compte aujourd'hui 10 millions d'habitants, le tiers de la population totale du pays, la plupart vivant dans des conditions misérables ?

La société péruvienne, fondamentalement coloniale, évolue selon le schéma de la ploutocratie occidentale actuelle: les transnationales et les riches d'un côté, défendus par l'Etat, et les misérables de l'autre, les plus nombreux et qui augmentent sans cesse. Je dis bien les misérables, et non les pauvres, parce qu'un pauvre a le nécessaire mais pas le superflu, tandis qu'un misérable manque du nécessaire. Y compris, et surtout de la beauté. Quant un peuple vit dans la laideur génerale: celle de l'habitat, celle de l'habillement, celle des manières, des médias et de la politique, n'est-il pas arrivé à la pire forme de la misère ?

Les 3/4 des chauffeurs de taxi à Lima ont un autre métier dont ils n'arrivent pas à vivre. Les enseignants font la même chose à cause de leurs salaires misérables. Les hôpitaux sont en grève. Les paysans des Andes abandonnent la culture de leurs terres pour travailler dans les mines. Des employés travaillent 12 h par jour auxquelles s'ajoutent 4H de transport dans le vacarme et la pollution pour gagner 25 soles, ou plutôt 17 soles (moins de 7 dollars), ce qui reste quand ils ont payé leurs transports. Les minibus et les cars urbains sont pleins de gens qui mendient. Le soir, dans la rue, des enfants de 10 ans font des exercices d'acrobatie devant les 4x4 des riches arrêtées aux feux rouges, pour manger et rapporter un peu d'argent à la maison. Les jeunes se prostituent et se droguent.

POC


tintin picaros

Tintin et les Picaros (Hergé)

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