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Rouge et Blanc, ou le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Le Rouge et le Blanc x Le Rouge et le Noir

30 Janvier 2010 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

Lorsque j'étais adolescent, j'ai lu et relu "Le Rouge et le Noir". J'étais conquis par le charme sobre et ardent de Stendhal. Trois moments se détachent encore de ce livre : la conquête amoureuse de Madame de Rênal, la sombre et mystérieuse figure du révolutionnaire sud-américain dans les salons parisiens (Bolivar), et, surtout, l'habit bleu; ce fameux habit que le marquis de la Môle avait fait faire à Julien pour participer à ses réunions monarchistes et qui le mettait sur un pied d'égalité avec l'aristocratie. La vertu et la courtoisie de la vieille noblesse française éclatent dans cet épisode, où l'on voit bien toute l'admiration que Stendhal avait pour elle.
Cet habit bleu était pour moi le coeur et la vérité de ce livre. Il symbolisait pour moi la distinction et le service de ce qu'il y a de plus beau, de plus élevé,  de plus ancien et de meilleur au monde. Je connaissais par coeur ces pages que je relisais sans cesse. Les buts, les calculs et les méthodes de Julien me restaient totalement étrangers; je ne les aimais pas, sans toutefois comprendre encore très bien pourquoi.
Aujourd'hui, je le sais. "Le Rouge et le Noir", c'est le roman de l'ambition et de la trahison, qui sont les ressorts de la Révolution bourgeoise. Julien Sorel n'est qu'un brillant et vulgaire arriviste  comme il en existe tant. Il conquiert et détruit; son idéal humaniste n'est qu'un prétexte servant à justifier l'ascension sociale personnelle dans une société où l'ordre et la justice légitimes ont été détruits.  Quel mérite à cela ?
Auditeur au Conseil d'Etat et consul à Trieste ont été les prébendes de Stendhal/Henri Beyle/Julien Sorel.
Voici pourquoi Stendhal est devenu le modèle des écrivains-hommes d'Etat ou hauts fonctionnaires-bourgeois français qui écrivent sous un pseudonyme, et dont "Erik Orsenna" est actuellement un exemple, quoique dans un genre et avec des talents très différents.
Le Rouge et le Noir" est, paraît-il, le livre le plus répandu dans le monde aujourd'hui. Il a été traduit et tiré à des quantités incroyables dans la Russie et la Chine communistes (source, si mes souvenirs sont bons, Simon Leys*, "Les habits neufs du Président Mao", ou Etiemble).
Rouge comme le révolutionnaire bourgeois et noir comme la soutane du séminariste défroqué et comme la mort.
A ces deux couleurs j'oppose celles de la Maison de Béthune qui sont le rouge et le blanc. Rouge comme le feu, le sang de la guerre et la vie. Blanc comme la neige, la pureté, la paix et la fidélité.

Béthune

Bethune-copie-1.gif
 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Simon_Leys

" Il est normal que les imbéciles profèrent des imbécilités comme les pommiers produisent des pommes, mais moi qui ai vu chaque jour depuis ma fenêtre le fleuve Jaune charrier des cadavres, je ne peux accepter cette présentation idyllique par Madame de la Révolution culturelle. " Simon Leys (Emission Apostrophes, à Marie-Antonietta Macciocchi)

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