A propos d'un texte de Nicolas Gomez Davila sur la campagne française
6 Mai 2010 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #France
(illustration tirée de l'Histoire de France, par Henri Servien)
"Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France, et les véritables trésors et mines du Pérou"
Maximilien de Béthune, duc de Sully
Le site internet Royal-Artillerie a publié un texte spirituel et saisissant du moraliste colombien Nicolas Gomez Davila sur la campagne française (en oubliant de préciser de quel ouvrage il était tiré).
Comment ne serais-je pas d'accord, au fond de moi-même, avec ces lignes, moi qui me suis évadé plusieurs fois et pour de très longues années, de mon Jardin de France, cette prison merveilleuse et dorée, cette perfection terrestre et humaine commencée bien avant le Néolithique, au Paléolithique même (Lascaux) - et qui sait avant- , pour découvrir la nature sauvage et les hommes qui vivent à son contact, d'abord en haute mer à bord de voiliers, puis au Labrador québécois et dans les Andes du Pérou et de Bolivie ?...
Car en France, même les forêts sont cultivées...
Ce que j'ai compris tout de suite, c'est que la nature sauvage n'a pas besoin de l'homme et qu'elle est brutale. On s'adapte, on la comprend, on respecte ses lois, ou on la fuit au plus vite.
Mais j'ai constaté aussi que les choses ne sont pas si simples que cela et que l'homme ne peut vivre dans la nature sauvage qu'en l'aménageant d'une certaine manière: en traçant et en entretenant des sentiers de portage de lac en lac ou de rivière en rivière à travers la taïga; en défrichant, en plantant ou en disséminant des graines dans la forêt tropicale, en chassant et en contrôlant les gibiers et les prédateurs et en modifiant imperceptiblement le milieu naturel, même apparemment "vierge".
Les Andes elles-mêmes étaient cultivées jusqu'à plus de 4000 mètres d'altitude avant l'arrivée des Espagnols, et souvent par un complexe système de terrasses qui montaient jusqu'à ces altitudes et dont il reste encore des traces.
Les hommes des forêts de Mandchourie traçaient aussi des chemins, construisaient des cabanes et y avaient leurs plantations secrètes de gin-seng, entretenues comme des jardins, comme le raconte Vladimir Arseniev dans son inoubliable récit: "La taïga de l'Oussouri - Mes expéditions avec le chasseur gold Dersou" (traduit du russe par le prince Pierre P. Volkonsky, Payot, Paris, 1939).
Mais ce dont Nicolas Gomez Davila ne parle pas, c'est du lent et silencieux "génocide" des paysans, du peuple et de la terre de France depuis cinquante ans par l'industrialisation de l'agriculture, la "citidinisation", la déchristianisation, la dénatalité, l'immigration de masse, l'abrutissement culturel et l'avilissement des moeurs par les tyrans du Nouvel Ordre Marchand dans lequel nous avons l'infortune de vivre maintenant.
Combien reste-t-il de vrais paysans en France aujourd'hui et quel est leur degré de liberté ? Et sérieusement, quelle fut leur "victoire" avec l'abolition des privilèges de la noblesse ? N'était-ce pas plutôt celle de la bourgeoisie ? Et dans ce terme de "démocratie paysanne", n'y aurait-t-il pas une certaine nuance de mépris qui fait écho aux autres expressions du texte: "pitié", "soumise et servile", "répulsion", "peuple d'insectes" ?
Ce n'est pas la première fois que je remarque dans la pensée de Nicolas Gomez Davila une certaine attitude, peut-être marrane et atavique, qui vient en contradiction avec sa sa culture, sa clairvoyance et sa "catholicité".
Pour ma part, je n'ai jamais éprouvé ces sentiments, sinon de l'amour et de la reconnaissance pour la terre où je suis né et où sont nés mes ancêtres. Et ces vastes horizons sauvages, je les ai cherchés et et je les ai trouvés loin de chez moi, comme tant d'autres voyageurs, soldats, explorateurs, navigateurs et colons. Grâce à Dieu, il n'en manque toujours pas sur la terre.
J'ajouterai qu'en cherchant des espaces vierges et sauvages, ce sont toujours des hommes que j'ai trouvés, car paradoxalement, nulle part comme dans les déserts la présence de l'homme n'est si importante et si nécessaire.
"Lors de la Première Guerre Mondiale, l'Angleterre, à cause des sous-marins allemands, tomba rapidement sous le coup de la famine. Ensuite, mais plus tard, ce fut l'Allemagne. Mais la France, pays agricole, put résister pendant la guerre."
P.-O.C.
"Cette campagne française fait pitié. Terre soumise et servile.
Nature que l’homme a asservie. Sol dompté, incapable de se révolter, plus semblable à une usine alimentaire qu’à la campagne rustique et sacrée que l’homme habitait jadis.
La richesse de la Pomone mythique se transforme en un immense entrepôt de grains et de légumes. La campagne de France n’est pas un jardin, c’est un potager.
Devant ce gigantesque déploiement d’aliments, je ne rêve que de landes stériles, de pitons glacés, de la tiède forêt de mes rivières andines.
Je ne sais d’où me vient cette répulsion. Sobriété innée, goût d’une certaine austérité janséniste, ou modération inévitable d’un ressortissant de pays pauvre? Ah! vieux terrains marécageux de
Port-Royal, friches de Castille, ah! mes âpres collines.
Ce que la campagne française met en évidence, c’est la victoire définitive du paysan.
La tâche entreprise le 4 août 1789 et qu’illuminent de leurs feux symboliques les archives féodales incendiées, est enfin accomplie.
Terre entièrement cultivée, dans ses vallées et sur ses côteaux, sur les rives de ses fleuves, dans les étroits jardins de ses maisons comme dans ses vastes plaines, terre sur laquelle veille un
immense amour paysan pour le sol qui le nourrit et le fait vivre. Ces lourdes moissons, ces feuillages lustrés, ces pampres qui préparent les grossesses de l’automne, sont l’effort implacable de
millions de vies avides et laborieuses. Des vies qui, du matin au soir, travaillent sans relâche le sol qui enfin leur appartient et que plus rien ne protège de leur convoitise séculaire.
Un immense peuple d’insectes s’est répandu sur le sol de la France. Sa sueur le féconde et l’enrichit.
Ces champs exhalent comme la vapeur de la sueur paysanne.
Sur ces terres lumineuses, sur ces horizons doux et purs, sur la lente et molle courbe de ses collines, sur ce paysage d’intelligence et de grâce, de discrétion et de lucidité, règne une
démocratie paysanne."
http://royalartillerie.blogspot.com/2008/11/g-d.html
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