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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

Testament de Saint Louis

23 Novembre 2009 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles

TESTAMENT DE SAINT LOUIS

 

 

Rapporté par Joinville

 

 

 

 

A Tunis, devant le château de Carthage, 1270

 

Beau fils, la première chose que je t’enseigne, c’est de mettre ton cœur à aimer Dieu, car sans cela nul ne peut être sauvé. Garde-toi de faire rien qui déplaise à Dieu, à savoir le péché mortel. Au contraire, tu devrais souffrir toutes manières de tourments plutôt que de faire un péché mortel. Si Dieu t’envoie adversité, reçois-la en patience et rends grâces à Notre-Seigneur. Pense que tu l’as méritée et qu’Il te tournera tout à profit. S’il te donne prospérité, remercie l’en humblement afin que tu ne soies pas pire, par orgueil ou autre manière, alors que tu dois en mieux valoir, car il ne faut pas guerroyer contre Dieu avec ses dons.

Confesse-toi souvent et choisis un confesseur prudhomme qui te sache enseigner ce que tu dois faire et ce dont tu dois te garder. Tu dois te comporter de telle manière que ton confesseur et tes amis t’osent te reprendre de tes méfaits. Le service de la Sainte-Eglise, écoute-le dévotement et sans te moquer, mais prie Dieu de cœur et de bouche, spécialement à la messe, où se fait la consécration. Aie le cœur doux et compatissant aux pauvres, aux captifs, aux malheureux. Réconforte-les et aide-les selon ce que tu pourras. Maintiens les bonnes coutumes de ton royaume et supprime les mauvaises. Ne convoite pas le bien de ton peuple et ne le charge pas d’impôts ni de tailles, si ce n’est par grande nécessité. Si tu as quelque inquiétude de cœur, dis-la bientôt à ton confesseur ou à quelque prudhomme qui ne soit pas plein de vaines paroles : ainsi tu porteras ta peine plus facilement. Prends garde d’avoir en ta compagnie prudhommes et gens loyaux, religieux ou séculiers, qui ne soient pas remplis de convoitise, et parle souvent avec eux. Fuis et évite la compagnie des mauvais. Ecoute volontiers la parole de Dieu et retiens-la dans ton cœur. Recherche volontiers prières et pardons. Aime ton profit et ton bien et hais tout le mal, où qu’il soit. Que nul n’ose, devant toi, dire parole attirant et poussant le péché ou médire d’autrui par derrière. Ne souffre pas qu’aucune vilenie sur Dieu ou sur les saints soit exprimée devant toi. Rends grâces à Dieu souvent de tous ses bienfaits, afin que tu soies digne d’en recevoir plus encore.

Pour rendre justice et faire droit, sois loyal et ferme envers tes sujets, sans détours, et soutiens la querelle du pauvre jusqu’à ce que la vérité soit éclaircie. Si quelqu’un a une action contre toi, ne crois rien jusqu’à ce que tu saches la vérité, car ainsi tes conseillers jugeront plus hardiment pour toi ou contre toi. Si tu retiens quelque chose du bien d’autrui, ou de ton fait ou de celui de tes devanciers, et que ce soit certain, rends tout sans attendre. Mais, si c’est douteux, fais mener une enquête par des personnes sages, rapidement et diligemment. Tu dois mettre ton attention à ce que tes gens et tes sujets vivent, sous toi, en paix et droiture. De même, les bonne villes et les coutumes de ton royaume, garde-les en l’état et dans la franchise où tes devanciers les ont tenues. S’il y a en elles quelque chose à amender, amende et redresse. Tiens-les en faveur et en amour, car c’est à cause de la force et de la richesse des grosses villes que tes gens et les étrangers redouteront de mal agir envers toi, spécialement tes pairs et tes barons.

Honore et aime toutes les personnes de la Sainte-Eglise. Veille à ce qu’on ne leur enlève ou diminue les aumônes que tes devanciers leur ont faits. On raconte d’un roi Philippe mon aïeul (Philippe Auguste), qu’une fois, un de ses conseillers lui dit que les gens de la Sainte-Eglise lui faisaient beaucoup de torts en lui enlevant et en lui diminuant ses droits de justice, et que c’était grande merveille de voir comme il le supportait. Le bon roi répondit qu’il pensait bien ainsi, mais que, considérant les bontés et les courtoisies que Dieu lui avait faites, il préférait laisser aller de son droit que d’avoir dispute avec les gens de la Sainte-Eglise. A ton père et ta mère, porte honneur et révérence et garde leurs commandements. Les bénéfices de la Sainte-Eglise, donne-les à de bonnes personnes et de vie nette. Fais ainsi par le conseil de prudhommes et d’honnêtes gens. Garde-toi d’entreprendre, sans grande délibération, la guerre contre des princes chrétiens et, s’il te faut la faire, préserve la Sainte-Eglise et ceux qui n’ont en rien mal agi. Si des guerres et des contestations s’élèvent entre tes sujets, apaise-les au plus tôt que tu pourras. Mets diligence à avoir de bons prévôts et de bons baillis et prends souvent des informations sur eux et ceux de ton hôtel, pour savoir comment ils se comportent et s’il y a en eux quelque vice de trop grande convoitise, de fausseté, ou de tricherie. Travaille à ôter tous les vilains péchés de la terre, spécialement mets tout ton pouvoir à faire disparaître les blasphèmes et l’hérésie. Veille à ce que les dépenses de ton hôtel soient raisonnables.

Enfin, très doux fils, fais chanter des messes pour mon âme et dire des oraisons par tout le royaume. Accorde-moi une part spéciale et plénière dans tout le bien que tu feras. Beau cher fils, je te donne toutes les bénédictions qu’un bon père peut donner à son fils. Que la Trinité bénite et tous les saints te gardent et défendent de tous les maux. Que Dieu te donne la grâce de faire sa volonté toujours, de sorte qu’il soit honoré par toi et que nous puissions, après cette mortelle vie, être ensemble avec lui pour le louer sans fin. Amen

 

 

 

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