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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste
Articles récents

Baiser la joie qui vole

14 Mars 2015 , Rédigé par POC

Allegr'eau. Photographie par Evelyne Landau

Allegr'eau. Photographie par Evelyne Landau

Celui qui s'attache une joie

Détruit l'aile de la vie;

Mais celui qui baise la joie qui vole

Vit dans l'aurore éternelle.

 

William Blake (1757-1827)

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The use of the usefulness

14 Mars 2015 , Rédigé par POC

Epilobes (Epilobium angustifolium) dans une friche au bord de la route. Photo: LCHT/POC 2014.

Epilobes (Epilobium angustifolium) dans une friche au bord de la route. Photo: LCHT/POC 2014.

When Confucius visited Ch'u, Chieh Yu, the madman of Ch'u, wandered by his gate crying, "Phoenix, phoenix, how his virtue failed! The future you cannot wait for; the past you cannot pursue. When the world has the Way, the sage succeeds; when the world is without the Way, the sage survives. In times like the present, we do well to escape penalty. Good fortune is light as a feather, but nobody knows how to hold it up. Misfortune is heavy as the earth, but nobody knows how to stay out of its way. Leave off, leave off - this teaching men virtue! Dangerous, dangerous - to mark off the ground and run! Fool, fool - don't spoil my walking! I walk a crooked way - don't step on my feet. The mountain trees do themselves harm; the grease in the torch burns itself up. The cinnamon can be eaten and so it gets cut down; the lacquer tree can be used and so it gets hacked apart. All men know the use of the useful, but nobody knows the use of the useless!"

The Complete Works Of Chuang Tzu
Translated by Burton Watson

Section FOUR - IN THE WORLD OF MEN

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L'agriculture moderne en guerre contre la planète

11 Mars 2015 , Rédigé par POC

Pointes de flèches en obsidienne (sauf les deux en bas à gauche) trouvées dans le domaine de Pitunilla, dans la vallée du Tastamayo (Chumpi, Ayacucho, Andes méridionales du Pérou). Elles ont continué à être utilisées pendant tout le Néolithique, sans doute même encore à l'époque des Incas, pour chasser des animaux de grande taille comme les cervidés et les camélidés andins (guanacos, vigognes). Mais les chasseurs préhistoriques ont exterminé les grands animaux sauvages des Andes qui n'avaient pas peur de l'homme. Beaucoup d'espèces ont disparu, comme le Glyptodon, le Mégathérium ou les chevaux sauvages, ainsi que les grands super-prédateurs comme le tigre à dents de sabre. Les autres ont été domestiquées (lama, alpaga). Ces pointes de flèches antiques nous rappellent que si la femme était le pilier des sociétés agricoles traditionnelles, comme nous le signale une intervenante dans le film de Coline Serreau, c'est l'homme qui était le pilier des peuples chasseurs, pêcheurs et cueilleurs pendant tout le Paléolithique qui s'étend sur une durée beaucoup plus longue, depuis que les lointains ancêtres de l'homme, des Primates, quittèrent les arbres des forêts tropicales et sub-tropicales où ils vivaient de fruits, de feuilles et d'insectes, pour descendre à terre et chasser des animaux en groupe. Les Eskimos, descendants des Paléolithiques èmigrés à travers tout le nord de la Sibérie jusqu'à l'Amérique, pratiquaient encore l'infanticide des filles au début du XXe siècle, par nécessité. Mais les chasseurs nomades primitifs et les agriculteurs traditionnels vénéraient tous la Terre-Mère, la Pachamama des peuples andins...ou la Máttaráhkká des Sami (Lapons) de notre Eurasie. Photo: Pierre-Olivier Combelles, 2012.

Pointes de flèches en obsidienne (sauf les deux en bas à gauche) trouvées dans le domaine de Pitunilla, dans la vallée du Tastamayo (Chumpi, Ayacucho, Andes méridionales du Pérou). Elles ont continué à être utilisées pendant tout le Néolithique, sans doute même encore à l'époque des Incas, pour chasser des animaux de grande taille comme les cervidés et les camélidés andins (guanacos, vigognes). Mais les chasseurs préhistoriques ont exterminé les grands animaux sauvages des Andes qui n'avaient pas peur de l'homme. Beaucoup d'espèces ont disparu, comme le Glyptodon, le Mégathérium ou les chevaux sauvages, ainsi que les grands super-prédateurs comme le tigre à dents de sabre. Les autres ont été domestiquées (lama, alpaga). Ces pointes de flèches antiques nous rappellent que si la femme était le pilier des sociétés agricoles traditionnelles, comme nous le signale une intervenante dans le film de Coline Serreau, c'est l'homme qui était le pilier des peuples chasseurs, pêcheurs et cueilleurs pendant tout le Paléolithique qui s'étend sur une durée beaucoup plus longue, depuis que les lointains ancêtres de l'homme, des Primates, quittèrent les arbres des forêts tropicales et sub-tropicales où ils vivaient de fruits, de feuilles et d'insectes, pour descendre à terre et chasser des animaux en groupe. Les Eskimos, descendants des Paléolithiques èmigrés à travers tout le nord de la Sibérie jusqu'à l'Amérique, pratiquaient encore l'infanticide des filles au début du XXe siècle, par nécessité. Mais les chasseurs nomades primitifs et les agriculteurs traditionnels vénéraient tous la Terre-Mère, la Pachamama des peuples andins...ou la Máttaráhkká des Sami (Lapons) de notre Eurasie. Photo: Pierre-Olivier Combelles, 2012.

Chasseurs préhistoriques d'Amérique du sud à l'affût devant un Glyptodon, une espèce disparue.

Chasseurs préhistoriques d'Amérique du sud à l'affût devant un Glyptodon, une espèce disparue.

Tigre à dents de sabre attaquant un Mégathérium

Tigre à dents de sabre attaquant un Mégathérium

Semailles à la ferme Pitunilla dans les Andes méridionales du Pérou, à 3000 m d'altitude. Avec l'arrivée des Espagnols au XVIe siècle, les taureaux et l'araire, puis maintenant le tracteur là où c'est possible, ont progressivement remplacé la chaquitacclla (bêche andine) héritée des anciens colons océaniens et de leurs ancêtres asiatiques. Le bétail introduit d'Europe (bovins, chevaux, ânes, cochons, moutons, chèvres: animaux aux pieds durs qui usent le sol des pentes -contrairement aux pieds mous des lamas et des alpagas-et qui tondent toute la végétation) est en très grande partie responsable, avec la déforestation, de l'érosion généralisée des Andes jusqu'à 5000 m d'altitude. Engrais: fumier ("guano") de cuyes (cochons d'Inde) et de poules (élevées en liberté) de la ferme et "guano" de molle (terreau très meuble de fruits et feuilles desséchés tombées de l'arbre Schinus molle); pas de pesticides. Irrigation: rivière et pluie. Cultures: plusieurs variétés de maïs, de pommes de terre, quinoa, kiwicha, blé, orge. La production est seulement pour la consommation personnelle et locale. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Semailles à la ferme Pitunilla dans les Andes méridionales du Pérou, à 3000 m d'altitude. Avec l'arrivée des Espagnols au XVIe siècle, les taureaux et l'araire, puis maintenant le tracteur là où c'est possible, ont progressivement remplacé la chaquitacclla (bêche andine) héritée des anciens colons océaniens et de leurs ancêtres asiatiques. Le bétail introduit d'Europe (bovins, chevaux, ânes, cochons, moutons, chèvres: animaux aux pieds durs qui usent le sol des pentes -contrairement aux pieds mous des lamas et des alpagas-et qui tondent toute la végétation) est en très grande partie responsable, avec la déforestation, de l'érosion généralisée des Andes jusqu'à 5000 m d'altitude. Engrais: fumier ("guano") de cuyes (cochons d'Inde) et de poules (élevées en liberté) de la ferme et "guano" de molle (terreau très meuble de fruits et feuilles desséchés tombées de l'arbre Schinus molle); pas de pesticides. Irrigation: rivière et pluie. Cultures: plusieurs variétés de maïs, de pommes de terre, quinoa, kiwicha, blé, orge. La production est seulement pour la consommation personnelle et locale. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Chaquitaclla, la bêche andine, héritage des anciens colons océaniens arrivés en radeaux et en pirogues. Chemin de l'Inca de Huachon à Oxapampa, vers 3800 m d'altitude. Département de Pasco (Pérou). 2012. Photo: Pierre-Olivier Combelles

Chaquitaclla, la bêche andine, héritage des anciens colons océaniens arrivés en radeaux et en pirogues. Chemin de l'Inca de Huachon à Oxapampa, vers 3800 m d'altitude. Département de Pasco (Pérou). 2012. Photo: Pierre-Olivier Combelles

Travail collectif de retournement ("pachacuti" en quechua et en aymara) de la terre à la barre à mine (un outil de mineurs qui a remplacé l'antique chaquitacclla, la bêche andine) avec la communauté aymara de Laripata, pour semer ensuite des pommes de terre. A l'arrière-plan, l'Illampu (6421m), un des sommets de la cordillère des Andes boliviennes, côté amazonien. Plateau d'Apilpani, partie supérieure de Purani Churiquimbaya, au-dessus de Sorata (Dept. de La Paz) où Pierre-Olivier Combelles et Katia Humala Tasso avaient entrepris la réalisation d'un jardin botanique andin. Photo: Pierre-Olivier Combelles, 2001.

Travail collectif de retournement ("pachacuti" en quechua et en aymara) de la terre à la barre à mine (un outil de mineurs qui a remplacé l'antique chaquitacclla, la bêche andine) avec la communauté aymara de Laripata, pour semer ensuite des pommes de terre. A l'arrière-plan, l'Illampu (6421m), un des sommets de la cordillère des Andes boliviennes, côté amazonien. Plateau d'Apilpani, partie supérieure de Purani Churiquimbaya, au-dessus de Sorata (Dept. de La Paz) où Pierre-Olivier Combelles et Katia Humala Tasso avaient entrepris la réalisation d'un jardin botanique andin. Photo: Pierre-Olivier Combelles, 2001.

"Les pesticides sont issus de la guerre, les fertilisants sont issus de la guerre, la conception de l'agriculture comme une guerre contre la planète, est issue de la guerre. Tout cela doit être rejeté comme une aberration du siècle dernier. Nous devons commencer ce siècle en  retrouvant la sagesse ancienne qui nous apprenait comment vivre avec la terre."

Vandana Shiva, Physicienne (Inde)
Prix Nobel alternatif 1993
Association de défense des petits paysans indiens

Visionnez sur Youtube le film de Coline Serreau

Solutions locales pour un désordre global

https://www.youtube.com/watch?v=9MVKE3HbC98

Un film que tout le monde devrait avoir vu.

Les "pueblos jovenes" (favellas) s'étendent à perte de vue dans le désert autour de Lima, la capitale mégapole du Pérou: 10 millions d'habitants, le tiers de la population du pays (1 285 220 km2), la plupart sont des paysans descendus des Andes. Photo: Pierre-Olivier Combelles, 2012.

 

Faune et flore d’une vallée de la cordillère des Andes méridionales du Pérou par Pierre-Olivier Combelles et Katia Kusiqoyllur Humala-Tasso. Le Courrier de la Nature, numéro 226, mai-juin 2006) : 24-31.

Nouvelles du Pérou et de Pitunilla (2006-2014) par Pierre-Olivier Combelles (botaniste, écrivain, président de l’Institut andin d’études ethnobiologiques). Le Courrier de la nature (Société nationale de protection de la nature), N°283, mai-juin 2014 : http://www.snpn.com/spip.php?article2064

Le Jardin botanique Purani-Churiquimbaya par Pierre-Olivier Combelles. Le Courrier de la Nature, N°188 (Novembre-Décembre 2000) : 34-39.

La maca, une culture d’altitude millénaire, par Katia Kusiqoyllur Humala-Tasso et Pierre-Olivier Combelles.  Pour la Science N° 311 (septembre 2003) : 25-29.

 

Bandeau A moi Bethune

Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France

et les véritables mines et trésors du Pérou.

Maximilien de Béthune, duc de Sully, ministre du roi de France Henri IV.

Pitunilla et la vallée du Tastamayo vus de Huallywa, vers 3000 m d'altitude (Ayacucho, Andes du sud du Pérou). Au premier plan: maguey (Agave americana). Au second plan et au loin, les arbres sont des molle (Schinus molle, Anacardiaceae). Protégés à Pitunilla, ils devraient recouvrir toute la région à cette altitude. L'érosion par le surpâturage est visible sur les montagnes alentour. Photo: Pierre-Olivier Combelles, décembre 2012.

Pitunilla et la vallée du Tastamayo vus de Huallywa, vers 3000 m d'altitude (Ayacucho, Andes du sud du Pérou). Au premier plan: maguey (Agave americana). Au second plan et au loin, les arbres sont des molle (Schinus molle, Anacardiaceae). Protégés à Pitunilla, ils devraient recouvrir toute la région à cette altitude. L'érosion par le surpâturage est visible sur les montagnes alentour. Photo: Pierre-Olivier Combelles, décembre 2012.

Le Tastamayo (en quechua: tasta: une sorte d'arbre, Escallonia sp., une Verbenacée, et  mayo: rivière, torrent) à Pitunilla, pendant la saison des pluies (avril 2012). Au premier plan, avec des houppes blanches: Cortaderia riuduscula, une Poacée sauvage que l'on retrouve cultivée pour l'ornement dans les jardins d'Occident. La mine Breapampa a prévu d'exploiter le versant "Pocagallo" d'où naît le Tastamayo. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Le Tastamayo (en quechua: tasta: une sorte d'arbre, Escallonia sp., une Verbenacée, et mayo: rivière, torrent) à Pitunilla, pendant la saison des pluies (avril 2012). Au premier plan, avec des houppes blanches: Cortaderia riuduscula, une Poacée sauvage que l'on retrouve cultivée pour l'ornement dans les jardins d'Occident. La mine Breapampa a prévu d'exploiter le versant "Pocagallo" d'où naît le Tastamayo. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

A quelques kilomètres de Pitunilla, au sommet de la montagne de Chumpi qui est le "château d'eau" de toute la région, la mine d'or Breapampa (Newmont-Buenaventura) exploitée depuis 2012, avec traitement du minerai par lixiviation, au cyanure. L'économie agricole de la région est détruite, et les sols, les cours d'eau et les nappes phréatiques contaminés. C'est la monstruosité de l'extractivisme, en plein boom au Pérou. Avant l'arrivée des Espagnols, les montagnes étaient sacrées.

A quelques kilomètres de Pitunilla, au sommet de la montagne de Chumpi qui est le "château d'eau" de toute la région, la mine d'or Breapampa (Newmont-Buenaventura) exploitée depuis 2012, avec traitement du minerai par lixiviation, au cyanure. L'économie agricole de la région est détruite, et les sols, les cours d'eau et les nappes phréatiques contaminés. C'est la monstruosité de l'extractivisme, en plein boom au Pérou. Avant l'arrivée des Espagnols, les montagnes étaient sacrées.

"Ce que la communauté demande, c'est qu'on respecte au moins la tête de bassin versant". " Le problème, c'est que où diable était la tête de bassin versant ?"

"Ce que la communauté demande, c'est qu'on respecte au moins la tête de bassin versant". " Le problème, c'est que où diable était la tête de bassin versant ?"

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La dignité des humbles

10 Mars 2015 , Rédigé par Béthune

La plus grande faute du monde moderne n'est pas d'avoir incendié les châteaux, mais d'avoir rasé les chaumières. Ce qu'on voit s'effacer, au fil du XIXe siècle, c'est la dignité des humbles.

Nicolás Gómez Dávila

 

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"The need to be open to the world"

4 Mars 2015 , Rédigé par POC

Ivan Illich. Entretien télévisé (en francais, sous-titrage en anglais) avec Jean-Marie Domenach (1972). Capture d'écran (https://vimeo.com/6694847) "Curieux du monde, inquiet du monde, amoureux des hommes et des dieux, Ivan Illich naît à Vienne en 1926 sur la terre d'Europe, fragile et instable. Il lui faut être un peu partout, là où le permet son origine juive. Il apprend huit langues, s'adresse aussi à Dieu et devient prêtre, évêque, puis renonce à la hiérarchie pour être toujours le voyageur en quête de justice et de vie. Comme les cristaux qu'il a aussi étudiés, sa parole est faite de paillettes anguleuses, géométriques où l'histoire, la philosophie et la science éclosent en un apparent désordre avant de prendre forme : des étoiles de pensées.On peut certes croire à d'autres soleils ou révérer des astres morts et les lumières d'Illich peuvent ne paraître que de lointaines nébuleuses. Un certain regard est, ce soir, celui d'un astronome de l'humain."6

Ivan Illich. Entretien télévisé (en francais, sous-titrage en anglais) avec Jean-Marie Domenach (1972). Capture d'écran (https://vimeo.com/6694847) "Curieux du monde, inquiet du monde, amoureux des hommes et des dieux, Ivan Illich naît à Vienne en 1926 sur la terre d'Europe, fragile et instable. Il lui faut être un peu partout, là où le permet son origine juive. Il apprend huit langues, s'adresse aussi à Dieu et devient prêtre, évêque, puis renonce à la hiérarchie pour être toujours le voyageur en quête de justice et de vie. Comme les cristaux qu'il a aussi étudiés, sa parole est faite de paillettes anguleuses, géométriques où l'histoire, la philosophie et la science éclosent en un apparent désordre avant de prendre forme : des étoiles de pensées.On peut certes croire à d'autres soleils ou révérer des astres morts et les lumières d'Illich peuvent ne paraître que de lointaines nébuleuses. Un certain regard est, ce soir, celui d'un astronome de l'humain."6

Autoportrait à la manière des miniatures persanes. Aquarelle. Pierre-Olivier Combelles, vers 1975.

Autoportrait à la manière des miniatures persanes. Aquarelle. Pierre-Olivier Combelles, vers 1975.

"May- I ask what the fasting of the mind is?"
Confucius said, "Make your will one! Don't listen with your ears, listen with your mind. No, don't listen with your mind, but listen with your spirit. Listening stops with the ears, the mind stops with recognition, but spirit is empty- and waits on all things. The Way gathers in emptiness alone. Emptiness is the fasting of the mind."
Yen Hui said, "Before I heard this, I was certain that I was Hui. But now that I have heard it, there is no more Hui. Can this be called emptiness?"
"That's all there is to it," said Confucius. "Now I will tell you. You may go and play in his bird cage, but never be moved by fame. If he listens, then sing; if not, keep still. Have no gate, no opening,  but make oneness your house and live with what cannot be avoided. Then you will be close to success.
 "It is easy to keep from walking; the hard thing is to walk without touching the ground. It is easy to cheat when you work for men, but hard to cheat when you work for Heaven. You have heard of flying with wings, but you have never heard of flying without wings. You have heard of the knowledge that knows, but you have never heard of the knowledge that does not know. Look into that closed room, the empty chamber where brightness is born! Fortune and blessing gather where there is stillness. But if you do not keep still - this is what is called sitting but racing around.  Let your ears and eyes communicate with what is inside, and put mind and knowledge on the outside. Then even gods and spirits will come to dwell, not to speak of men! This is the changing of the ten thousand things, the bond of Yu and Shun, the constant practice of Fu Hsi and Chi Ch'u. How much more should it be a rule for lesser men!"

Chuang Tzu. Translated by Burton Watson. Section FOUR - IN THE WORLD OF MEN

Shaman Hamatsa. Les Hamatsa étaient une société secrète des Kwakwaka'wakw (Kwakiutl) de Colombie britannique, étudiés par Franz Boas ("The Social Organization and the Secret Societies of the Kwakiutl Indians", 1897). Photographie par Edward S. Curtis.

Shaman Hamatsa. Les Hamatsa étaient une société secrète des Kwakwaka'wakw (Kwakiutl) de Colombie britannique, étudiés par Franz Boas ("The Social Organization and the Secret Societies of the Kwakiutl Indians", 1897). Photographie par Edward S. Curtis.

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Davi Kopenawa: Les Yanomami et le "Peuple de la marchandise"

25 Février 2015 , Rédigé par POC

"Le monde non-Indien vit d’une manière très différente que celle des peuples indigènes, les gens de la ville en particulier. Ils pensent que le mieux c’est d’avoir la croissance, de construire de plus grandes maisons, d’avoir de plus en plus d’habitants. Ils veulent que les autres voient ce qu’ils créent et le regardent avec admiration. Mais à quoi sert de construire des immeubles de plus en plus grands si on ne prête pas attention à la Terre ? Les gens de la ville utilisent la terre, les pierres, le sable, l’huile, le gaz, le pétrole, la technologie pour construire leurs villes. Ils continuent à détruire, tout cela parce que cela les maintient riches. Mais les villes ne rendent les gens ni heureux ni en bonne santé. C’est une déception et quand je rêve je vois une planète malade." Davi Kopenawa. Photo: le quartier résidentiel de Casuarinas, au sud de Lima, au Pérou (la mégapole compte aujourd'hui dix millions d'habitants). Photo: P.-O. Combelles (2012).

"Le monde non-Indien vit d’une manière très différente que celle des peuples indigènes, les gens de la ville en particulier. Ils pensent que le mieux c’est d’avoir la croissance, de construire de plus grandes maisons, d’avoir de plus en plus d’habitants. Ils veulent que les autres voient ce qu’ils créent et le regardent avec admiration. Mais à quoi sert de construire des immeubles de plus en plus grands si on ne prête pas attention à la Terre ? Les gens de la ville utilisent la terre, les pierres, le sable, l’huile, le gaz, le pétrole, la technologie pour construire leurs villes. Ils continuent à détruire, tout cela parce que cela les maintient riches. Mais les villes ne rendent les gens ni heureux ni en bonne santé. C’est une déception et quand je rêve je vois une planète malade." Davi Kopenawa. Photo: le quartier résidentiel de Casuarinas, au sud de Lima, au Pérou (la mégapole compte aujourd'hui dix millions d'habitants). Photo: P.-O. Combelles (2012).

Chasseur-guerrier Yanomami d'Equateur avec ses magnifiques parures de fête (et son disque labial), en visite dans une autre communauté. Capture d'écran du documentaire: http://www.dailymotion.com/video/xvqds1_yanomami-guerriers-de-l-amazone_travel

Chasseur-guerrier Yanomami d'Equateur avec ses magnifiques parures de fête (et son disque labial), en visite dans une autre communauté. Capture d'écran du documentaire: http://www.dailymotion.com/video/xvqds1_yanomami-guerriers-de-l-amazone_travel

"Davi Kopenawa est une voix très écoutée de la cause Yanomami. En 1992, durant le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, il obtient du gouvernement brésilien la reconnaissance légale de la Terra indigena Yanomami, un vaste territoire réservé à l'usage exclusif des siens, dans l'extrême nord-est de l'Etat d'Amazonas au Brésil. Chaman et porte-parole Yanomami, il est reconnu au Brésil et dans le monde comme un des plus grands leaders amérindiens à la pointe du combat pour la protection de la forêt amazonienne.

Son combat contre "les ressorts de la logique prédatrice du peuple de la marchandise", décrit dans le livre , La Chute du ciel (Plon, coll. Terre humaine), coécrit avec l'anthropologue français Bruce Albert, s'est forgé au fil de ses pérégrinations dans le territoire Yanomami et après le choc de la perte de nombreux membres de sa famille, décimés par les maladies infectieuses propagées par les Blancs." (Olivier Curry, LeMonde.fr)

Ecoutez ce que dit Davi Kopenawa: http://www.lemonde.fr/ameriques/video/2013/09/26/nos-fils-ne-seront-plus-yanomami_3485621_3222.html

 

A lire également sur ce blog: http://pocombelles.over-blog.com/2014/02/the-world-is-ill-shaman-davi-kopenawa-yanomami.httml

Yanomami, guerriers de l'Amazone: un remarquable documentaire filmé sur les Yanomami du Venezuela décimés par les maladies et les malheurs apportés par les chercheurs d'or et les colons: http://www.dailymotion.com/video/xvqds1_yanomami-guerriers-de-l-amazone_travel


Alors que la coupe du monde bat son plein au Brésil, le shaman Yanomami Davi Kopenawa parle à Liam J. Shaughnessy du monde, différent, où il habite, dans les profondeurs de la forêt amazonienne ; un monde d’esprits lumineux, de savoirs ancestraux et d’harmonie avec la nature. Un monde en danger.
Les yeux tournés vers le Brésil pour une dose du « jeu magnifique », c’est aisément qu’on oublie que pour la plupart des Brésiliens, la coupe du monde n’est rien de plus qu’un décor onéreux.
Davi Kopenawa fait partie de ceux-là. Davi Kopenawa, un chaman révéré du peuple Yanomami de l’Amazonie brésilienne, ardent défenseur des droits des indigènes du monde entier – le dalaï-lama de la forêt tropicale, est un homme à cheval entre deux mondes très différents.
Pendant les qualifications pour la coupe du monde, Davi parti sur les routes afin d’alerter sur les menaces de plus en plus importantes qui pèsent sur l’Amazonie, pour ses ressources – le pétrole, les minerais, la terre, l’hydroélectricité.
Avec l’aide de Survival International, j’ai pu m’entretenir avec lui via Skype depuis son premier arrêt, à San Francisco – pour parler football, chamanisme et esprit de l’histoire.


Ma voie se trouve dans la forêt
Le football aide les gens à oublier cela, et en ce sens c’est une chose magnifique. Mais je n’aimerais jamais cela parce que ma voie se trouve dans la forêt.
Les Brésiliens rêvent de gagner, c’est cela que le gouvernement brésilien veut montrer au monde, pas les autres choses.
–          Quelles autres choses?
Ce qui se passe en Amazonie, les gens ne le voient pas parce que c’est loin de chez eux mais il y a de nombreux problèmes sur nos terres et dans nos communautés. Il y a des mineurs d’or, des éleveurs de bétails, des chasseurs – toutes sortes de gens envahissent notre terre, causant des dommages et détruisant les animaux et la forêt.
Et il y a des activités minières importantes. Des nouvelles arrivent concernant une demande importante pour cela.
Si nous voulons vivre bien, nous devons apprendre à dialoguer tous ensemble.
En effet, les ambitions du gouvernement brésilien d’ouvrir d’immenses bandes de l’Amazonie ancienne aux activités minières et hydroélectriques sont de sérieuses menaces pour la forêt et ses peuples.
Le Brésil, ainsi que le reste du monde, fait face au challenge de gestion d’avancées matérielless pour les populations urbaines florissantes tout en tenant compte des réalités du changement climatique et des dégradations environnementales. Mais existe-t-il une alternative ? Pouvons-nous apprendre des savoirs indigènes de Davi et des Yanomami ?
Je crois que les gens de la ville peuvent apprendre de nos coutumes et de notre façon de considérer la terre. Les leaders des villes et des forêts doivent se rassembler et se comprendre d’avantage afin que nous puissions montrer notre voie aux gens de la ville, parce que la nôtre est un chemin de survie pour la planète entière.
Il doit y avoir un dialogue sur la nature et l’esprit de la Terre. L’Ouest parle de progrès mais il s’agit d’un progrès basé sur la destruction, sur l’extraction des richesses de la Terre – ce qui entraine des combats et des guerres. Si nous voulons vivre bien nous devons dialoguer tous ensemble.
Les anciens gouvernements sont maintenant dépassés et oubliés, et il y a de nouveaux politiciens, donc c’est un nouveau chemin que nous empruntons. Nous, les gardiens de la forêt devons dialoguer avec les Blancs et ils doivent nous consulter en retour. »
Quand je rêve, je vois une planète malade.
Pour beaucoup, ce progrès économique et technologique représente le cœur de l’histoire humaine. Avec une population grandissante, quelle alternative y a-t-il au développement et à l’utilisation des ressources naturelles ?
Le monde non-Indien vit d’une manière très différente que celle des peuples indigènes, les gens de la ville en particulier. Ils pensent que le mieux c’est d’avoir la croissance, de construire de plus grandes maisons, d’avoir de plus en plus d’habitants.
Ils veulent que les autres voient ce qu’ils créent et le regardent avec admiration. Mais à quoi sert de construire des immeubles de plus en plus grands si on ne prête pas attention à la Terre ?
Les gens de la ville utilisent la terre, les pierres, le sable, l’huile, le gaz, le pétrole, la technologie pour construire leurs villes. Ils continuent à détruire, tout cela parce que cela les maintient riches. Mais les villes ne rendent les gens ni heureux ni en bonne santé. C’est une déception et quand je rêve je vois une planète malade.
Nous devons protéger la Terre.
Nous devons veiller sur la Terre, voilà l’objectif des peuples indigènes. Vivre en paix et vivre bien – et ce n’est pas basé sur l’exploitation et l’extraction des ressources de la Terre.
Ce n’est pas nécessaire de tout extraire de la Terre, laissez-nous œuvrer pour la santé et le bonheur plutôt. Si les Yanomami n’œuvraient pas pour la forêt et ses richesses, la ville les aurait rasées il y a longtemps.
Les nouvelles générations de politiciens sont à l’écoute de votre message?
Les grands politiciens sont tous complices, chaque région, chaque territoire, tous les gouvernements du monde sont alliés. Ce n’est pas juste au Brésil mais aussi aux Etats-Unis, en Europe, partout.
Et de cette alliance provient l’exploitation, ils veulent juste exploiter. Ils ne sont intéressés que par la marchandise. Ils veulent juste s’accaparer, extirper les richesses naturelles de la Terre.
Pour eux, nous ne sommes qu’un tout petit groupe d’individus.
Alors où est le problème? Est-ce seulement une question d’impératif économique ou est-ce un problème plus profond?
Pour les peuples indigènes il semble que les autorités de tous les pays se sont égarées, ils sont sur d’autres voies. Leur voie suit une politique de destruction de la nature et de son sous-sol et l’extraction de minerais précieux, comme l’uranium pour leurs machines de guerre.
Guidés par les Esprits
Quelles perspectives votre chamanisme vous offre-t-il dans ce combat entre la ville et la foret ?
Davi se penche vers la camera. Je vais vous parler du Shapiri Chamanique – les anciens esprits du chamanisme Yanomami.
Les Shapiri ne sont pas comme les esprits des églises et des religions des Blancs, ils sont les esprits lumineux de la forêt et de la Terre.
Mais il vous faut étudier pour connaître les Shapiri. Vous devez passer un mois en Yaqoana, à attendre que les esprits se rapprochent. Pendant cette période vous ne devez presque pas manger et boire, et vous devez garder un silence absolu – pas de bruit.
Après cela vous entrez dans une phase de rêve, et quand cela commence les Shapiri arrivent dans la lumière, et avec eux une grande maison. Et bien que les Shapiri soient petits ils ont la force de transporter cette immense maison, qui semble flotter dans l’air, comme la Lune.
C’est ainsi que nous apprenons des esprits. Et il existe beaucoup d’autres peuples avec leurs propres traditions de chamanisme. Mais vous devez souffrir pour être un chaman. C’est processus long et difficile.
Cela sonne comme un cliché…
Pour des Occidentaux, entendre parler de Yaqoana et de voyage dans le monde des esprits est devenu, au fil des ans, une sorte de cliché. Un morceau simplifié de l’histoire des « savoirs ancestraux » qui réduit les traditions en platitudes gravés sur des bibelots pour magasins touristiques.
Le véritable chamanisme est totalement interdit au Royaume-Uni – par le décret de 2005 “Drugs Act” qui criminalise la cueillette et la consommation de champignons anglais endémiques (magic mushrooms).
Davi, est-ce que le fait que le monde moderne soit profondément aliéné du genre de chamanisme que vous décrivez peut expliquer les problèmes qu’ont nos sociétés à cohabiter avec la nature?
Nos anciens nous racontent qu’à la création du monde, au début des temps, les non indien utilisaient aussi le Yaqoana. Mais par la suite ils créèrent des écoles et oublièrent leurs traditions. Les anciens disent que vos peuples, par le passé, se sont perdus en chemin, mais qu’avant vous utilisiez les mêmes médecines que nous, et qu’elles étaient importantes pour vous.
Et à mesure que vous perdiez vos traditions, vous avez commencé à développer d’autres médecines, des médecines qui n’étaient plus basées sur les forces de la Nature. Nous, les Yanomami, sommes les derniers gardiens de ces traditions, dans les profondeurs du Brésil, et nous essayons d’expliquer cela aux non-Indiens afin qu’ils comprennent mieux.
La voie de la connaissance, de la Planète Terre.
Si vous venez dans mon village, vous verriez ce que le chamanisme est vraiment. Vous comprendriez qu’il ne s’agit pas d’être drogué. Cela n’a rien à voir.
Être un chaman vous permet d’accéder à une grande lumière. A travers les esprits chamaniques vous découvrez la voie de la connaissance, et de la Planète Terre. Nous avons gardé cela et ne voulons pas le perdre. Grace à ce processus nous soignons les femmes, les enfants et les anciens dans nos communautés, lorsqu’ils tombent malade.
Et nous régulons les forces de la Nature. Quand il fait trop chaud, qu’il pleut trop, ou qu’il y a trop de vent, ou que la marée monte, nous les chamans veillons là-dessus, afin que l’équilibre de l’univers se maintienne. Vous aviez ces connaissances, dans le monde non-indien, mais vous les avez perdues.

Source originale de l'entrevue: http://www.theecologist.org/Interviews/2441048/ours_is_a_path_of_survival_for_the_whole_planet.html#

Source de la traduction francaise: http://lesmoutonsenrages.fr/2014/08/20/entretien-avec-un-chaman-yanomami/

Les analyses de James Petras sur la politique économique et sociale et sur l'extractivisme au Brésil, et en général:

Brazil: President Rousseff Declares War on the Working Class:  http://petras.lahaine.org/?p=2017

El capitalismo extractivo de Evo, Cristina, Ollanta, Correa, Dilma y Chávez: http://servindi.org/actualidad/75080

Dis-Accumulation on a World Scale: Pillage, Plunder and Wealth: http://petras.lahaine.org/?p=2015

Yanomami, une guerre d'anthropologues. Un film documentaire du réalisateur brésilien José Padilha (2010) https://www.youtube.com/watch?v=rZ_76XcFaGY

http://fr.wikipedia.org/wiki/Yanomami_:_une_guerre_d%27anthropologues

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Jean Malaurie s'entretient avec Le Courrier de Russie (2 février 2015)

20 Février 2015 , Rédigé par POC

Jean Malaurie m’a accueillie chez lui à Dieppe, à 11h du matin et du haut de ses 91 ans, avec un verre de vodka orange, face à la mer du Nord aux couleurs de Turner. Quelques jours plus tôt, à l’ambassade de Russie en France, il recevait la plus haute distinction russe décernée aux étrangers : la médaille de l’Ordre de l’amitié, accordée par Vladimir Poutine. « Ma seconde patrie intellectuelle, c’est la Russie » : c’est par ces mots que Jean Malaurie avait choisi d’exprimer sa gratitude dans son discours ; avant de me confier, tout au long de la journée que je passais à ses côtés, ce qui l’anime (...)

Nina Fasciaux, Le Courrier de Russie, 2 février 2015

Lisez ici la suite de ce long et bel entretien:

http://www.lecourrierderussie.com/2015/02/jean-malaurie-russie-siberie/

 

Jean Malaurie, le 22 octobre, lors de la remise de l’Ordre de l’amitié par son excellence l’ambassadeur russe Alexandre Orlov à Paris.

Jean Malaurie, le 22 octobre 2014 à Paris, lors de la remise de la médaille de l’Ordre de l’Amitié par Son Excellence l’ambassadeur russe Alexandre Orlov.

(...)

J.M. : J’étais très seul, en vérité : je me disais, où sont les pouvoirs publics ? Que font le Conseil d’État ou les Académies ? 660 000 Français ont été déportés. Qu’est-ce que l’intelligence, si elle n’est pas rattachée à une morale ? L’Occident était à bout de souffle. Le nazisme, le fascisme, le franquisme, ces dictatures étaient effrayantes, sans compter le stalinisme et ses goulags qui étaient alors inconnus. L’Europe était en train de mourir. Heureusement, l’Angleterre s’est magnifiquement battue, et les Russes, avec le peuple et l’Armée rouge, ont été héroïques. J’ai décidé que si je m’en sortais, j’irais achever ma formation d’homme avec les primitifs – je partirais le plus loin possible. Et j’ai désigné Thulé, parce que j’étais à la recherche de ce qui me fonde : c’est ma primitivité et une prescience archaïque.

LCDR : Et plus concrètement ?

J.M. : J’ai décidé, et ce choix m’a tourné vers le chamanisme sans le savoir, de m’intéresser à la pierre et aux écosystèmes. J’étais étudiant en géographie. Par-delà les grands modèles : marxisme, existentialisme, structuralisme, je sentais qu’il y avait, dans la pensée, une dialectique de l’environnement et une lointaine parenté avec les temps préhistoriques d’hybridation. Par ailleurs, l’homme blanc occidental a construit l’humaine condition à partir de ce qu’il connaît : la France, l’Italie, l’Allemagne, la Grèce ; et cet impérialisme de la pensée a pour conséquence l’ignorance de civilisations immenses et également des minorités. Et les Chinois ? Et l’Inde ? Les cultures africaines ? Et la pensée sauvage ? Qu’est-ce que cet universel que l’on construit à partir du seul et grand Platon ?

(...)

LCDR : Le mot de la fin ?

Jean Malaurie : On ne comprend pas assez que dans l’histoire du monde, il y a une pensée autre, et qui peut nous sauver, nous. L’Occident est en grand péril, faute d’une vision spirituelle de l’esprit de la matière qu’avaient les primitifs. Avec l’Unesco, dont je suis ambassadeur pour l’Arctique, nous en sommes convaincus, et nous prenons toujours davantage conscience que les appels des peuples traditionnels, en réserve de l’histoire, dans la forêt brésilienne, dans les déserts australiens comme dans l’espace circumpolaire, ont un sens. Ils peuvent être les maîtres d’une écologie humaine à créer d’urgence.

Discours de réception de la Médaille de l'Ordre de l'Amitié prononcé par Jean Malaurie le 22 octobre 2014 à l'Ambassade de Russie à Paris (site internet de Jean Malaurie):

http://www.jean-malaurie.fr/index.php?option=com_content&task=blogsection&id=0&Itemid=128&lang=english

 

En dehors des médias russes, c'est le silence dans les médias occidentaux sur la remise de cette décoration à Jean Malaurie, annoncée début 2014. Un silence de mort que commente Alain Sennepin, spécialiste de la symbolique, de la protection et de la réintroduction du tigre et des grands prédateurs (http://europe-tigre.over-blog.com/) et un vrai "honnête homme" comme on l'entendait au XVIIe siècle.

 

Le silence de mort au coeur des ténèbres, rien d'étonnant "The Hollow Men" T.S. Eliot...
Malaurie est trop Grand pour les français actuels, il évolue dans une autre dimension. Ce qui fait de lui un supershaman (comme Miyazaki au Japon), c'est qu'il est à la fois pleinement Prométhéen dans l'acception occidentale du XIXème siècle (structuré, méthodique, déterminé) et pleinement Epimétheen, dans le sens des "peuples premiers". A un siècle de distance, le désespoir de Baïkov vis à vis du tigre fait place à l'action résolutrice de Fomenko, celui d'Arseniev vis à vis de Dersou à celle de Malaurie (son Institut est la base culturelle pour un véritable "Dragon blanc" des peuples de l'Arctique). Nous entrons dans les années décisives.
Quelque part, la puissance shamanique de Malaurie évoque chez moi celle d'un Jean Rouch, qui a tant étudié et aimé les Dogons et les autres cultures d'Afrique de l'Ouest, que ces interlocuteurs admiraient, aimaient, mais craignaient aussi, en tant que Sorcier puissant et redoutable. J'avais fait connaissance, quelques semaines après sa mort dans un accident de voiture - je m'étais intéressé de très près aux hippopotames et à leur symbolique en Afrique de l'Ouest à l'époque- à celle, Annabelle Chartiot, qui n'était qu'une jeune thésarde sur les lions à l'époque (elle est depuis devenue attachée de presse à l'ambassade de France au Niger). Elle m'avait expliqué que montant dans le véhicule, il avait simplement dit : "Nous allons sur le chemin de nulle part"...
 
Alain Sennepin, communication personnelle à Pierre-Olivier Combelles, 22 février 2015.
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"Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic" (Jean, 2:16)

18 Février 2015 , Rédigé par POC

La Terre vue de l'espace (Photo NASA)

La Terre vue de l'espace (Photo NASA)

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur notre mère la Terre,

qui nous porte et nous nourrit,

qui produit la diversité des fruits,

avec les fleurs diaprées et les herbes.

 

Saint François d'Assise, Cantique du Soleil ou des Créatures

 

"François d'Assise, Catherine de Sienne, Thérèse d'Avila et tant d'autres encore parmi les fidèles d'une foi qui n'est point la vôtre, aimèrent certainement l'humanité de l'amour le plus sincère etnous devons les compter au nombre de ceux qui vivaient pour un idéal de bonheur universel." Elisée Reclus, L'Anarchie (conférence donnée à Bruxelles en 1894)

 

Gaïa, c’est la Terre Mère. Cette Terre Mère, ne continuons pas à la bafouer ; elle peut être notre amie, mais aussi cruellement se venger.

Jean Malaurie, discours prononcé le 22 octobre 2014 pour la remise de la Médaille de l'Amitié à l'Ambassade de Russie à Paris.

 

    Voyez, mes frères, le printemps est venu; la Terre a reçu l’étreinte de Soleil et nous verrons bientôt les fruits de cet amour.

    Chaque graine s’éveille et de même chaque animal prend vie. C’est à ce mystérieux pouvoir que nous devons aussi notre existence; c’est pourquoi nous concédons à nos voisins, même à nos voisins animaux, le même droit qu’à nous d’habiter cette terre.Plus bas!

    Pourtant, écoutez-moi, vous tous, nous avons maintenant affaire à une autre race -petite et faible quand nos pères l’ont rencontré pour la première fois, mais aujourd’hui grande et arrogante. Assez étrangement, ils ont dans l’idée de cultiver le sol et l’amour de posséder est chez eux une maladie.

    Ces gens-là ont établi beaucoup de règles que les riches peuvent briser mais non les pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre mère à tous, la Terre, pour leur propre usage et se barricadent contre leurs voisins; ils la défigurent avec leurs constructions et leurs ordures. Cette nation est pareille à un torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage.

Sitting Bull, chef Sioux Hunkpapa, 1875.

La Machine dans le film  Metropolis de Fritz Lang (1927), monstrueuse créature de l'Homme rendu fou par la démesure (Hybris), au service de l'industrie et de l'Argent, roi des "biens fertiles" (J. Attali).

La Machine dans le film Metropolis de Fritz Lang (1927), monstrueuse créature de l'Homme rendu fou par la démesure (Hybris), au service de l'industrie et de l'Argent, roi des "biens fertiles" (J. Attali).

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"Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic" (Jean, 2:16)

18 Février 2015 , Rédigé par POC

Vendue à la Révolution comme bien national, l'abbaye cistercienne des Vaux de Cernay devint sous l'Empire la propriété du Général Christophe qui s'amusait à démolir l'abbatiale à coups de canon pour distraire ses invités. Après avoir appartenu aux Rothschild, l'abbaye est aujourd'hui un hôtel de luxe. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Vendue à la Révolution comme bien national, l'abbaye cistercienne des Vaux de Cernay devint sous l'Empire la propriété du Général Christophe qui s'amusait à démolir l'abbatiale à coups de canon pour distraire ses invités. Après avoir appartenu aux Rothschild, l'abbaye est aujourd'hui un hôtel de luxe. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Mort en 1247, saint Thibault de Marly fut canonisé en 1270. "Le 8 juillet de cette année, ses reliques furent portées dans l'église et placées dans un sarcophage de pierre porté sur quatre colonnes. A la Révolution, l'abbaye fut détruite et les reliques dispersées à l'exception d'une petite partie qui est actuellement conservée dans l'église de Cernay-la-Ville. Il fut l'ami du roi Saint Louis qui vint plusieurs fois le visiter. Sa dévotion à la Sainte Vierge était intense. Il exigeait que sur les livres de chœur, son nom soit écrit en lettres rouges : « Nom suave de la bienheureuse Vierge, Nom béni, Nom vénérable, Nom ineffable, Nom aimable dans toute l'éternité. ». A ceux qui lui reprochaient cette dévotion qu'ils trouvaient envahissante, il répondait : « Sachez que je n'aime la Sainte Vierge autant que je fais, que parce qu'elle est la Mère de mon Seigneur Jésus-Christ ; que si elle ne l'était point, je ne l'aimerais pas plus que les autres saintes vierges. Ainsi, c'est Jésus-Christ même que j'aime, que j'honore et que je révère en elle." (Wikipedia: St Thibault de Marly).

Vitrail de Saint Thibault de Marly dans l'église du Perray-en-Yvelines. Offert par la Comtesse Potocka. Saint Thibault, prieur de l'abbaye cistercienne des Vaux de Cernay à , donne sa bénédiction à Saint Louis et à la reine Marguerite, venus à l'abbaye, dont on aperçoit une partie à l'arrière-plan. Photo: Pierre-Olivier Combelles, 2008.

Dalle funéraire de St Thibault de Marly, neuvième abbé des Vaux de Cernay de 1235 à 1247. Abbatiale des Vaux de Cernay. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Dalle funéraire de St Thibault de Marly, neuvième abbé des Vaux de Cernay de 1235 à 1247. Abbatiale des Vaux de Cernay. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

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La saison des pluies commence dans la Cordillère des Andes...

16 Février 2015 , Rédigé par POC

Jeroja (Delostoma roseum), une Bignoniaceae arbustive aux fleurs roses ou parfois blanches des Andes du Pérou, qui fleurit pendant la saison des pluies (janvier-mars). Photo: Pierre-Olivier Combelles, Pitunilla (Ayacucho, Pérou), vers 3000 m d'altitude.

Jeroja (Delostoma roseum), une Bignoniaceae arbustive aux fleurs roses ou parfois blanches des Andes du Pérou, qui fleurit pendant la saison des pluies (janvier-mars). Photo: Pierre-Olivier Combelles, Pitunilla (Ayacucho, Pérou), vers 3000 m d'altitude.

Sanki (Echinopsis peruviana syn. Trichocereus), un cactus colonnaire qui fleurit à partir de décembre. Ses énormes fleurs de la taille d'une assiette ont un puissant parfum de lis. Pitunilla (Chumpi, Ayacucho, Pérou), vers 3000 m d'altitude. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Sanki (Echinopsis peruviana syn. Trichocereus), un cactus colonnaire qui fleurit à partir de décembre. Ses énormes fleurs de la taille d'une assiette ont un puissant parfum de lis. Pitunilla (Chumpi, Ayacucho, Pérou), vers 3000 m d'altitude. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Kita tumbo (Passiflora pendicularis), une Passiflore sauvage qui pousse sur les arbres, en particulier les molle (Schinus molle). Pitunilla (Chumpi, Ayacucho, Pérou), vers 3000 m d'altitude. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Kita tumbo (Passiflora pendicularis), une Passiflore sauvage qui pousse sur les arbres, en particulier les molle (Schinus molle). Pitunilla (Chumpi, Ayacucho, Pérou), vers 3000 m d'altitude. Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Le rio Tastamayo à Pitunilla pendant la saison des pluies. Au loin, la montagne de Chumpi où la mine d'or à ciel ouvert Breapampa (Newmont-Buenaventura) a commencé son exploitation en 2012, détruisant l'économie et l'environnement de la région. Le minerai est traité au cyanure (lixiviation). Dans les Andes, les montagnes sont un espace sacré, domaine des Apus (esprits-dieux) et des morts. La mine en tête de bassin hydrographique est non seulement un crime, c'est un sacrilège. ""Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic" (Jean, 2:16) Photo: Pierre-Olivier Combelles.

Le rio Tastamayo à Pitunilla pendant la saison des pluies. Au loin, la montagne de Chumpi où la mine d'or à ciel ouvert Breapampa (Newmont-Buenaventura) a commencé son exploitation en 2012, détruisant l'économie et l'environnement de la région. Le minerai est traité au cyanure (lixiviation). Dans les Andes, les montagnes sont un espace sacré, domaine des Apus (esprits-dieux) et des morts. La mine en tête de bassin hydrographique est non seulement un crime, c'est un sacrilège. ""Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic" (Jean, 2:16) Photo: Pierre-Olivier Combelles.

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