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Palestine : poursuite et répétition de la trahison des Amérindiens, par Jean-Claude Manifacier
La quasi destruction en quelques siècles d’une présence amérindienne, vieille de près de 20.000 ans, est rarement abordée. Une culture a été détruite, un Peuple écrasé*. Pourquoi parler de ce passé si peu glorieux?
Il existe un livre qui aborde ce sujet. Ce n’est pas l’histoire d’une révolution ni d’une simple conquête, c’est celle d’un peuple qui ne connaissait que les flèches pour se défendre contre les envahisseurs armés de fusils, d’armes bactériologiques et d’une incroyable arrogance. Ce livre donne, ce qui est extrêmement rare, la parole aux vaincus.
Traduction de l’américain par Nathalie Cunnington.
Les citations tirées de ce livre sont référencées : (D. B. p.xxx). Il existe aussi de très nombreux documents accessibles sur Internet. Ils présentent l’histoire des USA, de l’évolution de la population issue de l’immigration et de celle des tribus indiennes. Voir par exemple Google pour : Apaches, Comanches, Sioux, Cherokees, Kiowas, Iroquois, Navajos…
Les premiers colons arrivèrent avec Christophe Colomb, dépositaires d’une civilisation techniquement et surtout militairement plus ‘avancée’. Ils y ajoutèrent rapidement, au contact du bon sauvage, la certitude de leur supériorité morale. Comme le dit Dee Brown, p.24 : » Il fallait contraindre les habitants autochtones à travailler, semer et faire tout ce qu’il est nécessaire de faire afin d’adopter nos mœurs. Ainsi au cours de quatre siècles (1492-1890), des millions d’Européens et leurs descendants entreprirent de faire adopter leurs propres mœurs aux peuples du Nouveau Monde. »
Toutes les agressions furent ensuite justifiées au nom du concept anglo-saxon de ‘Destinée Manifeste’, la conquête d’un espace vital trouvait dans le cas des amérindiens ses lettres de noblesse. La conquête de l’Ouest, le déracinement des autochtones, les guerres contre le Mexique et l’Espagne seront par la suite justifiés ; le livre « Our Country » du père Josiah Strong, populaire à la fin du 19ème siècle, exprime le raisonnement de l’Élite secrète anglaise : “ Sa conviction que le peuple anglo-saxon est une race supérieure qui finira par dominer le monde ”. Ce n’était pas, bien sûr, l’opinion des Amérindiens. » Les Sioux , par exemple, étaient eux persuadés qu’il n’y avait pas au monde meilleurs hommes qu’eux. Cette conception mercantile de la vie et la volonté de domination culturelle des européens leur étaient étrangères. Lorsque certains blancs ont abusé des femmes indiennes et les ont déshonorées, c’était inexcusable. Pour toutes ces raisons, nombre d’Indiens se sont mis à détester les blancs » (D. B. p.64).
Si la plupart du temps les Européens méprisaient les Amérindiens, quelques uns s’unirent à des Amérindiennes. L’anglais John Rolfe épousera Pocahontas en 1613. Mais l’Indien restera longtemps au mieux un bon sauvage qu’il faut civiliser, une société évoluée ne pouvant en aucun cas le corrompre, au pire un diable à convertir puis à réduire en esclavage et, si nécessaire, à massacrer. Le commandement anglais ira jusqu’à fournir aux Indiens des vêtements et couvertures infestés par les germes de la variole.
Plus de 300 traités signés par des tribus amérindiennes et le gouvernement des États-Unis ont été numérisés par les Archives nationales. Un accès sans précédent à l’histoire du pays de la liberté et de la démocratie, qui laisse voir l’étendue de l’asservissement de ces populations.
« De toutes les choses dont nous sommes gardiens et responsables, je crois que les traités indiens sont les documents les plus précieux pour comprendre la rhétorique et les promesses du gouvernement, et réaliser comment elles n’ont jamais été honorées » écrit David S. Ferriero, archiviste américain.
In fine, plus de 200 cultures* amérindiennes seront détruites, du Massachusetts à la Californie au cours de la conquête des USA vers l’ouest. « Il faut nous souvenir de ce qui s’est passé à Sand Creek ou à Wounded Knee. » écrit Dee Brown dans son livre. Il démontre la façon systématique dont les gouvernements américains de l’époque ont utilisé les mensonges et la manipulation pour, tribu après tribu, faire main basse, sous la pression de colons avides, sur les terres indiennes. Ce livre a suscité l’admiration des uns et, des lois liberticides contraires au 1er amendement étant absentes aux USA, des accusations révisionnistes pour les autres. À la fin des années 50, il était encore fréquent d’offrir, pour les fêtes, des costumes d’indiens ou de cow-boys. La figure mythique, très médiatisée par Hollywood, des cow-boys protecteurs de la veuve et de l’orphelin prévalait alors sur celle de l’indien, régulièrement mauvais et sanguinaire. Aujourd’hui on appellerait les Indiens des terroristes.
Dee Brown remet un peu d’ordre et de vérité dans tout cela. Ce livre est » largement fondé sur des documents inédits, archives militaires et gouvernementales, procès verbaux de traités (jamais respectés) des récits de première main. Il retrace sur trente ans, de 1860 à 1890, les étapes de la conquête de l’Ouest, depuis la longue marche de Navajos, Cherokees… jusqu’au dernier massacre de Wounded Knee « .
Ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’Histoire officielle, mais ici l’histoire des Indiens, la colonisation systématique de leurs terres et la perte de leur liberté sont rappelées. Ce livre, pour la première fois, donne la parole aux vaincus, à Cochise, Crazy Horse, Sitting Bull, Geronimo et Big Foot. Il a été vendu dans le monde entier à plus de six millions d’exemplaires.
Pour l’année 1519, les premiers recensements donnent pour l’Amérique du Nord une population évaluée entre 22 et 28 millions d’habitants. Elle décroît à un peu plus de 15 millions d’habitants en 1530, puis un peu plus de 6 millions en 1550, jusqu’en 1605 où elle est de l’ordre de 1 million d’habitants. En cent ans la population amérindienne a été réduite d’un facteur 25.
Le continent américain entier (de l’Alaska au cap Horn) abritait environ 50 à 60 millions d’habitants en 1492, soit 10% de la population mondiale au 15ème siècle (pour comparaison, il y avait de 18 à 20 millions de Français à la fin du 16ème siècle). C’est une véritable hécatombe qui a frappé ces peuples après l’arrivée des colonisateurs. Ils ont amené avec eux des maladies dont la rougeole, la variole, la grippe ou encore la peste bubonique qui ont contribué à décimer des populations indigènes particulièrement vulnérables. » Une estimation à partir des données suggère un bilan de 56 millions de morts cumulés au début des années 1600 « , En un siècle, la colonisation aurait ainsi provoqué la disparition de 95% de la population amérindienne.
La conquête terminée, la population amérindienne augmentera. Elle passera, États-Unis et Canada confondus, d’un peu moins de 500.000 individus en 1930 à plus de 3.000.000 en 2000. On comptait alors quelque trois cents réserves indiennes aux États-Unis et environ deux mille cinq cents au Canada.
Pour les seuls États-Unis, la population amérindienne atteindra son minimum en 1870 avec moins de 30.000 personnes.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Am%C3%A9rindiens_aux_%C3%89tats-Unis
pour remonter à 240.000 en 1900.
Le coût en vies humaines de l’expansion territoriale vers l’Ouest ne peut être estimé avec précision, le sort des autochtones laissant, déjà, la plupart des responsables européens indifférents. Les souffrances, elles, sont purement et simplement incommensurable écrira l’historien Howard Zinn.
La notion de propriété privée des terres et des habitations était parfaitement étrangère aux Amérindiens. Sur son lit de mort Geronimo, qui n’avait jamais compris ni accepté que la terre puisse se vendre, délivrera un véritable message d’écologie politique :
» Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été péché, alors, on saura que l’argent ne se mange pas. » Geronimo
L’invention de l’écriture à Sumer et les contrats mercantiles prévalaient en Europe depuis cinq millénaires. Napoléon Bonaparte, conscient de l’impossibilité pour la France de conserver une province aussi peu peuplée, vendra en 1803, sous la présidence US de Thomas Jefferson et après la guerre d’Indépendance, la « Louisiane », qui s’étendait sur un immense territoire, difficile à défendre, allant du golfe du Mexique à la frontière canadienne jusqu’au Nord-Ouest des USA actuels (Montana et Dakota). La population européenne y était de 45.000 habitants, très inférieure à celle des Indiens qui ne furent pas consultés et ne participèrent en aucune façon à cette transaction.
Andrew Jackson, qui deviendra président de 1829 à 1837, écrasera les Creeks en Floride et déclarera en 1816, dans une envolée relevant plus de la sophistique orwellienne que de la logique :
» Vous ne pouvez pas rester là où vous êtes maintenant, vous devez partir vers l’Ouest…Il est impossible que vous puissiez vous épanouir au milieu d’une communauté civilisée…La moindre résistance entraînera la mort immédiate des opposants… » Terminant par : » Je suis votre ami et votre frère ! «
En 1830, après la découverte d’or sur les territoires des Cherokees, Jackson signera une loi sur le déplacement des Indiens de tous les États de la côte est, vers l’Ouest (Indian Removal Act) afin d’exploiter les terres indiennes. L’armée déportera les Cherokees à l’Ouest du Mississippi, au cours d’une marche forcée où ils y laissèrent la vie par milliers ; Cette piste est connue sous le nom de : « Trail of Tears », (la piste des larmes). Les Creeks, Choctaws, les Cherokees… disparurent ainsi jusqu’à leur quasi-extinction.
Jackson était un Président modèle pour Donald Trump. Il faut préciser que cette loi n’était pas un « ordre exécutif présidentiel » mais avait été votée par le Sénat et la Chambre des Représentants. Elle sera maintenue par son successeur le président Martin Van Buren. Jackson a mauvaise presse aux USA car après avoir « tué » la Banque Centrale, il s’opposera à la création d’une banque privée que désirait ardemment un cartel de banquiers européens mené par la banque Rothschild. La FED, (Federal Reserve) ne verra finalement le jour qu’en 1913.
Le secrétaire à la guerre de Jackson avait fait une promesse solennelle, évidemment non tenue :
» Si vous allez vers le soleil couchant, alors vous serez heureux…Nous vous garantissons que ce pays sera le vôtre et qu’aucun blanc ne sera autorisé à venir s’installer près de vous. »
Dans un article publié dans la North American Review de 1830, on peut aussi lire :
» Un peuple barbare, dépendant pour sa subsistance des produits aussi chiches que précaires de la chasse, ne peut survivre au contact d’une communauté civilisée « .
Lorsque Martin van Buren remplacera Jackson en 1837, cette politique génocidaire, impérialiste et colonialiste continuera. Il déclarera :
» Pas un État ne peut atteindre une culture, une civilisation et un progrès digne de ce nom, tant que l’on permettra aux Indiens d’y demeurer. »
Le gouvernement US encouragea la colonisation et ces nouvelles terres furent vendues à un prix très bas. Ce vaste mouvement migratoire sera favorisé par le développement des routes et chemins de fer (voir la ruée vers l’or en 1849 pour la Californie).
Lorsque l’économie ne dépendit plus de l’agriculture, les terres attribuées, peu cultivables, devenaient intéressantes. Tous les traités déclarés : « permanents, à jamais, pour toujours…aussi longtemps que le soleil brillera… », furent alors rompus par les colons blancs qui estimaient que la présence d’Indiens ralentissaient leur développement. Les pionniers se livrèrent à de véritables génocides contre des populations déjà déplacées de Cheyennes, Sioux, Nez Percés…
Le général Philip Henry Sheridan écrira :
» Plus nous en tuons cette année, et moins nous devrons en tuer l’année prochaine. Car plus je vois des Indiens, et plus je me persuade qu’il faut les tuer tous ou ne les maintenir en vie que comme des spécimens de pauvreté. «
Le général Carleton, qui s’était fait pourtant de nombreux amis indiens à l’époque où il commerçait avec eux, déclarait en 1862 lors de la colonisation de la vallée du Rio Grande :
« Aucun conseil, aucune discussion ne sera engagée avec les Indiens. Les hommes seront tués, quel que soit le moment ou l’endroit où ils auront été découverts. Les femmes et les enfants pourront être capturés, mais bien entendu il n’est pas question de les tuer. » (D.B. p. 43)
En 1864, à la fin de la guerre de Sécession, le colonel Chivington déclarera pendant sa guerre contre les Cheyennes :
» qu’il avait l’intention de collectionner les scalps et de patauger dans des marres de sang. »
Certains gradés, rappelant qu’attaquer le paisible campement de Black Kettle reviendrait à rompre un engagement pris de garantir la sécurité des Indiens, il se mit alors dans une rage folle et hurla :
"Qu’ils aillent au diable, ceux qui font ami-ami avec les Indiens ! Je suis venu pour en tuer, et je suis convaincu qu’avoir recours pour cela à tous les moyens mis à notre disposition par Dieu est une action honorable et juste. »
« Dans ce massacre de Sand Creek le drapeau des USA flottait sur le campement. On avait promis à Black Kettle qu’aussi longtemps qu’il ferait flotter le drapeau américain, lui et son peuple ne seraient pas inquiétés par les soldats. »
Le colonel Chivington qui était pourtant un prédicateur méthodiste et un opposant à l’esclavage (!) avait en quelques heures détruit la vie et le pouvoir de tous les chefs Cheyennes qui avaient travaillé pour la paix avec les blancs. Lorsque Chivington rédigera son témoignage qui sera plus tard produit devant un comité du Congrès des États-Unis, il estimera que le nombre d’Amérindiens tués se situait plutôt entre 500 et 600, et que la grande majorité d’entre eux étaient des hommes.
Une source cheyenne rapporte de son coté qu’environ 53 hommes et 110 femmes et enfants avaient été tués. Bon nombre des cadavres sont mutilés, et pour la plupart ce sont des femmes, des enfants et des vieillards. Chivington et ses hommes coifferont leurs chapeaux et leur équipement de scalps et de différents morceaux humains, y compris des organes génitaux, avant d’aller afficher publiquement ces trophées de bataille à Denver.
Entre les effets de la boisson et le chaos résultant de l’assaut, la plupart des pertes américaines sont imputables à des tirs amis. Suite à une enquête conduite par l’armée américaine, Chivington sera condamné pour sa participation à ce massacre, mais l’amnistie générale succédant à la guerre de Sécession, aucune accusation criminelle ne sera déposée contre lui. Toutefois, un juge de l’armée déclarera publiquement que Sand Creek est » une lâche boucherie exécutée avec sang-froid, suffisamment pour couvrir ses auteurs de l’indélébile infamie, de honte et d’indignation, le visage de chaque Américain. » L’indignation publique sera intense face à la brutalité des massacres et la mutilation des cadavres.
De telles déclarations d’officiers sont des cas extrêmes. Alcool, maladies, faim : primes données aux blancs pour les massacres de bisons (source essentielle de l’alimentation des indiens), agressions, déplacements forcés, spoliation de leurs terres par le non-respect des accords signés, privation de leur liberté de culte ainsi que du droit de parler leurs langues, telles furent les causes principales de la disparition des Amérindiens.
Lors de l’invasion de la vallée de la Powder River en 1865, le chef Sioux Oglala Red Cloud déclarera :
» Quelle voix a retenti en premier sur cette terre ? La voix du peuple rouge, qui n’était armé que d’arcs et de flèches… Ce qui a été fait dans mon pays je ne le voulais pas, je ne l’ai pas provoqué. L’homme blanc qui vient dans mon pays laisse derrière lui une piste de sang…j’ai deux chaînes de montagnes chez moi, les terres sacrées des Blacks Hills et les Big Horn. Je ne veux pas que le Grand Père y fasse construire des routes. Ces choses je les ai dites trois fois, et maintenant, je viens ici les dire une quatrième fois. »
Le terme Grand Père était un terme de respect désignant des responsables âgés comme le Président des États Unis, les Indiens du Canada appelaient la Reine Victoria Grand Mère.
Le chef Sitting Bull déclarera : « Les Blacks Hills m’appartiennent. Si les Blancs essaient de les prendre je me battrai » et Crazy Horse :
« On ne vend pas la terre sur laquelle marchent les hommes. »
Le traité signé en 1868 précisait : Aucun Blanc ou groupe de Blancs ne sera autorisé à s’installer ou à occuper une seule portion du territoire, ou à traverser ledit territoire sans le consentement des Indiens. Il ne fût pas respecté. Quatre ans plus tard, des chercheurs d’or blancs l’envahirent, fouillant les ruisseaux et creusant les collines sacrées à la recherche du métal jaune qui rendait fou.
La bataille de Little Bighorn opposa, en juin 1876, les hommes du colonel George A. Custer à une coalition de Cheyennes et Sioux. La mort de Custer rendit les Blancs fous de rage et le 22 juillet le général William Sherman prit le contrôle militaire de toutes les réserves du territoire Sioux avec l’ordre de traiter les indiens qui y vivaient comme des prisonniers de guerre. Les Blacks Hills, ses esprits, ses mystères, ses immenses forêts et ses milliards de $ en or passèrent entre les mains du gouvernement US. (D.B. p.322)
Une tribu pacifique de l’Oklahoma-Nebraska, les Poncas, subirent aussi après des décennies de traités non respectés un déplacement forcé en 1877 connu lui aussi sous le nom de Trail of Tears, vallée ou piste des larmes.
Un chef Ponca, Standing Bear est célèbre pour avoir obtenu lors d’un procès en avril 1879 la première reconnaissance par la Justice américaine que l’Indien était une personne à part entière et était donc sous la protection de l’habeas corpus qui le protège de toute arrestation arbitraire.
Les Poncas possédaient un sens de la morale très développé. Peter Le Claire, un historien métis rédigera leurs règles :
N’avoir qu’un seul Dieu ; ne pas tuer ; ne pas voler ; être aimable avec son prochain ; ne pas calomnier ; ne pas être avare ; respecter la pipe sacrée (Chanunpa en lakota, les blancs l’appelaient le calumet de la paix. Voir aussi sur Google le récit de « la femme bison blanc » d’« Archie Fire Lame Deer »)
Standing Bear fera cette déclaration très shakespearienne :
» Cette main n’est peut-être pas de la même couleur que la vôtre mais si je la perce je vais ressentir la douleur. Si vous percez votre main, vous sentirez aussi la douleur. Le sang qui coulera de la mienne sera de la même couleur que celui qui coulera de la vôtre. Je suis un homme. Le même Dieu nous a créé. »
En 1890, La population américaine dépasse 62 millions d’habitants. La colonisation se termine, l’Idaho et le Wyoming deviennent les 43ème et 44ème États de l’Union.
En février 1890, le gouvernement des États-Unis rompt un traité passé avec les Lakotas en divisant la Réserve des Sioux de l’État de Dakota du Sud en cinq petites réserves. C’est la politique clairement affichée du gouvernement « de rompre les relations tribales » et d’obliger « les Indiens à se conformer au mode de vie de l’homme blanc, pacifiquement si possible ou sinon par la force ».
Le massacre de Wounded Knee est une opération militaire qui s’est déroulée le29 décembre 1890 dans le Dakota du Sud. Entre 150 et 300 Amérindiens de la tribu miniconjou (dont plusieurs dizaines de femmes et des enfants) ont été tués par l’armée des États-Unis. Il existe différentes versions du massacre, mais les historiens s’accordent sur le fait que les tirs ont commencé pendant le désarmement des Amérindiens. Un coup de fusil a retenti et les Amérindiens, désarmés et encerclés, ont été mitraillés. Officiellement, ont été tués 26 soldats de cavalerie, par des tirs fratricides, et 153 Sioux, dont 62 femmes et enfants. L’armée américaine a admis par la suite que le nombre de victimes parmi les Amérindiens se situait plutôt entre 300 et 350. Les cadavres des Amérindiens furent enterrés dans une fosse commune sur le lieu du massacre. D’autres Sioux, ainsi qu’un lieutenant de la cavalerie, sont morts ultérieurement de leurs blessures. Le chef miniconjou Big Foot, abattu par un soldat, gisait dans la neige. Les soldats tirant de tous les côtés, on pense que certains d’entre eux ont été tués par leur propre régiment, mais aucune enquête n’a permis de connaître la vérité.
Les chariots découverts transportant les Sioux blessés, une centaine d’hommes, femmes et enfants, durent attendre par un froid glacial qu’on leur trouve un abri dans une mission épiscopalienne. Nous étions au 4ème jour après Noël en l’an de grâce 1890. Les premiers Indiens aux corps déchiquetés et sanglants furent transportés dans l’église éclairée à la bougie. Peut-être virent-ils, s’ils étaient suffisamment conscients, les décorations de Noël accrochées aux poutres. Au niveau du cœur, une banderole étalait en lettres grossières le mots suivants :
PAIX SUR TERRE ET AUX HOMMES DE BONNE VOLONTÉ. (D. B. p.452)
« A présent que je regarde en arrière du haut de la colline de ma vieillesse, je vois encore les femmes et les enfants massacrés, leurs corps entassés le long du ruisseau, aussi clairement que je les voyais quand mes yeux étaient encore jeunes. Et je vois bien que quelque chose d’autre est mort dans la boue rougie par le sang, quelque chose que l’on a enterré dans la neige. Là-bas est mort le rêve d’un peuple. C’était un beau rêve… le cercle de la nation est brisé, ses morceaux éparpillés. Il n’y a plus de centre, et l’arbre sacré est mort. (Black Elk, chef de la tribu des Indiens Lakotas, petit cousin du chef indien Crazy Horse.) »
Ce massacre est commémoré par la chanson engagée « Bury My Heart at Wounded Knee » (« Enterre mon cœur à Wounded Knee »), écrite par Buffy Sainte-Marie. Elle disparaîtra des médias durant le mandat de Lyndon Johnson, président des États-Unis de 1963 à 1969. Dans la grande démocratie US elle fait alors partie, à son insu, de la liste noire des artistes engagés politiquement et son nom était alors épinglé à la Maison-Blanche comme tant d’autres dont la musique « mérite de ne pas être diffusée ». Ses titres étaient interdits sur les ondes hertziennes. Invitée sur les plateaux de télévision grâce au succès de Until It’s Time for You to Go, on lui indiqua que les problématiques liées aux Amérindiens et le mouvement pour la paix n’étaient pas d’actualité, afin de limiter ses commentaires. (cf Buffy Sainte-Marie, Wikipédia)
Wounded Knee est généralement considéré comme l’évènement qui met fin à 400 ans de guerres indiennes. À strictement parler pourtant, le massacre ne sera pas le dernier conflit entre les deux peuples et ces tragédies ne sont toujours pas enseignées aux écoliers américains.
Le 13ème Amendement de la Constitution, l’abolition de l’esclavage, est proclamé le 18 décembre 1865. Le 28 juillet 1868, le 14ème Amendement accordant la citoyenneté et l’égalité des droits civils à tous, à l’exception des Indiens, sera inscrit dans la Constitution américaine.
Au milieu du 19ème siècle les USA finiront par s’étendre jusqu’au Pacifique. En 1853 la frontière sud sera fixée par des guerres avec le Mexique. L’Alaska sera acheté à la Russie en 1867 et en 1959, Hawaï deviendra le 50ème État des USA.
En 1924 les Amérindiens deviendront enfin citoyens à part entière. En ce début de 21ème siècle leurs habitants demeurent parmi les plus pauvres des États-Unis, les réserves ne représentent qu’une portion minuscule que ce qu’elles avaient été à l’origine et le taux de suicide est le plus élevé dans la population totale.
Pour le territoire des États-Unis (332 millions d’habitants en 2020) le recensement de 2005 donne une population d’Amérindiens de 2.820.000 habitants répartis sur les 50 États, l’Arizona venant en tête avec 300.000 Amérindiens. En 1600, environ 500.000 Amérindiens peuplaient la côte Est de cet espace. Ils ne sont plus que 100.000 au début du 18ème siècle. Dans l’Empire espagnol, la mortalité des Amérindiens provoquait de tels ravages qu’ils durent aller chercher des esclaves en Floride pour pallier le manque de main d’œuvre en Amérique du Sud.
Quelques exemples parmi d’autres des ravages causés par les épidémies : Les Timicuas, en Floride, qui étaient 13.000 en 1650, répartis sur 40 villages, ne furent après une épidémie de variole que 35 en 1728, regroupés dans un seul hameau. Les Wampanoags qui occupaient le territoire de l’actuel Massachusetts furent emportés jusqu’au dernier en 1617, ceci trois ans avant l’arrivée des premiers colons débarqués du Mayflower qui fonderont Plymouth.
Les Amérindiens sont rarement l’objet d’attention dans la presse occidentale. Le B.I.A. (Bureau fédéral des affaires indiennes), crée en 1824 et souvent complice des colons n’a pas toujours eu bonne presse. Aujourd’hui il veille plutôt bien que mal sur l’intégrité des territoires indiens, toujours en proie à la convoitise. Le New York Times aborde les problèmes rencontrés par la nation amérindienne dans quelques articles annuels.
La communauté amérindienne connaît, depuis les années 1970, un certain renouveau : leur population augmente, la pauvreté recule lentement, les traditions revivent. Si les Amérindiens sont désormais des citoyens à part entière, ils restent malgré tout en marge du développement américain. Le taux de chômage dans les réserves reste en général très élevé. Les résidents de ces enclaves font figure de membres du quart monde si l’on compare leurs revenus, leur espérance de vie, leur niveau d’éducation aux moyennes nationales. Les réserves sont fréquemment touchées par des fléaux sociaux tels que l’abus d’alcool et de drogues. En ville, les Indiens peuvent avoir recours à des organisations structurées qui créent des réseaux d’entraide. En dehors des membres de l’élite indienne, qui occupent des postes à responsabilité, les travailleurs indiens ont souvent de bas salaires, à cause de leur manque de formation et de la discrimination dont ils font l’objet. Si le développement économique des réserves est devenu une priorité, il fait l’objet de débats. Des entrepreneurs, indiens et non indiens, y ont implanté des sociétés, créant des emplois et investissant des capitaux. Aux États-Unis, les secteurs d’activité sujets à discussion sont les casinos, le tourisme et l’extraction des ressources minérales. Après le vote par le Congrès de l’Indian Gaming Regulatory Act, en 1988, qui autorisa l’ouverture de casinos en territoire indien, près de deux cent quatre-vingts casinos se sont implantés dans les réserves. Ceux-ci ont sans doute sauvé des communautés défavorisées, mais il en résultera une multiplication des radiations d’Indiens des registres tribaux, menées par les conseils tribaux eux-mêmes, aux seules fins de les écarter de cette nouvelle richesse.
Dans son article très détaillé du 15 octobre 2006, l’auteur Stéphanie M. Schwartz précise que c’est un sujet que la plupart des grands organes d’information américains n’aborderont pas, elle donne l’exemple de la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud, où chez les Sioux (Oglala Lakota) le problème de l’alcoolisme touche 8 familles sur 10. Il en résulte un taux de mortalité 3 fois supérieur au reste de la population US. La Nation Oglala Lakota a prohibé la détention et la vente d’alcool depuis les années 1970. Mais à quelques centaines de mètres, dans le Nebraska, la ville artificielle de Whiteclay n’existe que pour ce commerce. Il n’y a dans cette ville fantôme qu’environ 14 habitants, ni école, ni église, ni services d’organisation civile, mais il y a 4 débit de boissons ! Ils vendent plus de 4 millions de cannette de bière tous les ans correspondant à des échanges commerciaux de 3 millions de $. Les responsables tribaux demandent la fermeture de ces commerces, sans succès pour l’instant.
http://silvrdrach.homestead.com/schwartz_2006_oct_15.html
Six ans plus tard, Timothy Williams dans son article du 6 mars 2012, NYT aborde lui aussi ce problème.
Il présente ainsi cette ville du Nebraska, Whiteclay : Quatre cabanes métalliques branlantes qui bordent la route principale où une dizaine de personnes vendent en moyenne 13 000 canettes de bière et de liqueur de malt par jour. Presque tout l’alcool acheté à Whiteclay se retrouve sur Pine Ridge ou est consommé par ses habitants, selon les responsables de la tribu. Pine Ridge est l’un des endroits les plus pauvres du pays, selon les données du recensement de 2010.
En février, les Sioux Oglala ont intenté un procès fédéral contre les magasins, Anheuser-Busch et plusieurs autres grandes sociétés de brasserie américaines, les accusant d’encourager l’achat, la possession, le transport et la consommation illégale d’alcool dans la réserve. Le syndrome d’alcoolisme fœtal, les accidents mortels de conduite en état d’ivresse et les meurtres alimentés par la bière créent un malaise dans Pine Ridge depuis des décennies.
Thomas M. White, l’avocat d’Omaha qui a déposé, au nom de la tribu, pendant le procès parle d’une ambiance d’anarchie comme dans « Sodome et Gomorrhe ».
On notera également que Timothy Williams est le seul journaliste d’investigation du New York Times ayant, indirectement, annoncé un nombre de morts, victimes des guerres américaines en Irak, supérieur à 700.000. A ma connaissance, la lecture journalière du NYT n’aborde le problème des victimes irakiennes conséquence des deux guerres du Golfe qu’en le minorant considérablement. Il en est de même pour les victimes palestiniennes. T. Williams, tout comme Stéphanie M. Schwartz précisent que dans les familles irakiennes et indiennes on ne rejette jamais des proches aussi éloignés soient-ils dans dans l’ordre de la parenté. Il peut y avoir ainsi plus de 20 personnes logeant dans un appartement de deux ou trois pièces.
https://www.nytimes.com/2009/02/23/world/middleeast/23widows.html
Un article d’un activiste de la tribu Winnebago du Nebraska, Frank LaMere, sera publié dans le NYT du 16 mai 2012, quelques mois plus tard et reproduit dans l’International Herald Tribune.
» Des enfants Lakota, orphelins, luttent tout au long de leur vie contre les effets du syndrome d’alcoolisme fœtal. Leurs pères, leurs mères et leur nation se vident lentement de leur sang pendant que les fonctionnaires se tordent les mains, proclament qu’il n’y a pas de réponses faciles et murmurent quelque chose à propos d’entreprises légales et de capitalisme. Ce charabia sur la libre entreprise lancé par les fonctionnaires n’a d’autre but que de rassurer les braves gars et l’industrie de l’alcool en leur disant que tout va bien tant que les victimes de meurtres, de viols et d’exploitation à Whiteclay ne sont pas blanches. Le Nebraska a du sang sur les mains. »
Les responsables préfèrent affirmer leur moralité plutôt que d’aborder le fait que, sous leur surveillance, les gens meurent de froid dans les rues, que la violence contre les femmes est endémique, que des abus sexuels continuent et que des meurtres ne sont jamais résolus.
Le suicide chez les jeunes, conséquence de l’alcoolisme, est abordé par Julie Bosman dans un article du 2 mai 2015 http://www.nytimes.com/2015/05/02/us/pine-ridge-indian-reservation-struggles-with-suicides-among-young-people.html
» Quelques jours avant Noël, Santana Janis, une Indienne Lakota de 12 ans, a décidé qu’elle ne voulait plus vivre. Une fille brillante et extravertie, avec un sourire timide et une passion pour l’équitation, les humeurs de Santana étaient devenues sombres. Elle vivait dans une caravane abandonnée de deux chambres à coucher avec un grand-père, Earl Tall, et pas moins d’une douzaine de frères et sœurs et de cousins. Sa mère, une alcoolique, était une présence intermittente dans sa vie. Leur ville, Manderson, était déchirée par l’alcool, les combats et la violence. M. Tall a entendu sa petite-fille parler de suicide et a appelé son autre grand-père, Keith Janis, qui a immédiatement conduit 40 miles pour la voir. Je me suis assis avec elle et lui ai dit : » S’il te plaît, promets à grand-père que tu ne feras jamais ça « , s’est rappelé M. Janis. Elle m’a fait son grand et beau sourire et m’a dit : » OK, grand-père, OK « . Six semaines plus tard, Santana se pendait dans un petit bâtiment à côté de la caravane. »
Dans un article écrit par Joe HEIM, le 28 février 2020 : « Pour les Amérindiens, une histoire de souffrance et quelques raisons d’espérer ». Il parle de Byron Dorgan, sénateur pour le Dakota du Nord
Ce sénateur sera un jour frappé par la photo, dans un journal local, le Bismarck Tribune, d’une jeune fille en première page avec une larme qui coulait sur son visage. Son livre : « La fille sur la photo », The Girl in the Photograph raconte les abus dont étaient victimes les enfants amérindiens dans le système de placement familial de l’État. À l’âge de deux ans, elle avait été si sévèrement battue qu’elle avait été retirée de la charge de ses parents alcooliques et placée dans un système de placement en famille d’accueil qui la laisserait à jamais marquée. (Entre 1958 et 1978, des milliers d’enfants séparés de leur famille ont été adoptés par des Blancs. Aujourd’hui, ils cherchent à retrouver leurs racines.)
La vie de Tamara, a-t-il appris, n’était qu’une vie de misère et de désespoir. Elle s’est battue à l’école, s’est souvent enfuie de chez elle, a vécu dans la rue, a lutté contre le syndrome de stress post-traumatique (PTSD). Dans le livre de B. Dorgan, il est difficile de ne pas voir un parallèle entre les maux subis par Tamara au cours des trois dernières décennies et la litanie des maux subis par les Amérindiens : génocide, vol, discrimination, abandon. C’était la continuation d’un cycle séculaire qui a commencé lorsque les Amérindiens ont été chassés de leurs maisons ancestrales. Tant de promesses n’ont pas été tenues en cours de route. Le capitalisme et le vol ont pris le pas sur les droits de l’homme et la moralité.
L’étudiant américain typique apprend peu sur l’histoire des Amérindiens, en particulier sur la succession des torts infligés aux tribus au fil des ans. Dorgan comble ces lacunes par de brefs paragraphes sur la Piste des larmes, les traités qui ont été établis puis rompus à maintes reprises, le vol des ressources des terres indiennes et les efforts détestables des pensionnats qui ont forcé les enfants amérindiens à abandonner leurs langues et leurs coutumes.
Timothy Williams, dans son article du 23 mai 2012 : « Pour les femmes amérindiennes, le fléau des viols, une justice rare »
http://www.nytimes.com/2012/05/23/us/native-americans-struggle-with-high-rate-of-rape.html
Le journaliste d’investigation raconte l’histoire d’une jeune femme de 19 ans, autochtone de l’Alaska. Dans ce village de pêche dans le delta du fleuve Yukon, un intrus s’est introduit chez elle et l’a violée. L’homme est reparti. Secouée, la femme a appelé la police tribale, une force de trois personnes. C’était tard dans la nuit. Personne n’a répondu. Elle a laissé un message sur la messagerie vocale du ministère. Son appel n’a jamais été retourné. Elle a dû se débrouiller seule.
« J’ai beaucoup bu », a-t-elle dit. Une Amérindienne sur trois a été violée ou a subi une tentative de viol, selon le ministère de la Justice. Leur taux d’agression sexuelle est plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale. Aucun endroit, selon les défenseurs des femmes, ne sont plus dangereux que les villages isolés de l’Alaska où les services téléphoniques, électriques et Internet sont peu fiables.
Ce problème est endémique dans les réserves indiennes. Dans la nation Navajo, qui englobe certaines régions de l’Arizona, du Nouveau-Mexique et de l’Utah, 329 cas de viols ont été signalés en 2007 sur une population d’environ 180 000 personnes. Cinq ans plus tard, il n’y a eu que 17 arrestations. Les défenseurs des femmes de la réserve affirment que seulement 10 % environ des agressions sexuelles sont signalées.
Dans un autre article : « L’épidémie d’abus sexuels sur enfants d’une tribu, minimisée depuis des années », Timothy Williams, le 20 septembre 2012, décrit la situation invraisemblable qui existe dans la réserve indienne Spirit Lake, N.D.. L’homme qui joue le père Noël ici est un délinquant sexuel d’enfants enregistré et un violeur condamné. Un des frères du président de la tribu a violé un enfant, et un deuxième frère a abusé sexuellement d’une fille de 12 ans. Ils font partie d’un certain nombre d’hommes reconnus coupables de crimes sexuels sur des enfants dans cette maison isolée de la tribu des Spirit Lake Sioux, qui compte parmi les plus grands nombres de délinquants sexuels du pays (…) » Les auteurs savent qu’ils peuvent s’en tirer parce que les autorités ne font rien « , a déclaré Joanne Streifel, une aînée de la tribu. L’homme, 59 ans, qui joue le père Noël pour la tribu, a été condamné pour viol en 1983, et en 1986, il a été reconnu coupable d’avoir commis des actes obscènes avec un enfant de moins de 14 ans à quatre reprises. Il a purgé un an de prison pour ce crime et 18 mois pour le viol.
Robert K. Elder, dans son article du 13 décembre 2010, raconte : « Une exécution de masse il y a 150 ans incite à demander le pardon »
http://www.nytimes.com/2010/12/14/us/14dakota.html?pagewanted=all
Nous sommes le 26 décembre 1862. A Mankato, dans le Minnesota, trente-huit Indiens Dakota condamnés à être pendus, dansent en gémissant, sur une potence qui se balance sous leur poids, construite pour accueillir la plus grande exécution de masse de l’histoire des États-Unis. « Il semblait que le but de ces chants et des danses était seulement de se soutenir mutuellement dans leur dernière épreuve », a observé un témoin. Alors que le dernier moment approchait rapidement, ils ont tous crié leur nom et ont hurlé dans leur langue maternelle : « Je suis là ! Je suis là !
La tension entre les Dakota, historiquement appelé les Sioux, et l’afflux de colons s’était accrue pendant des années avant la guerre civile, ce qui avait encore réduit les ressources, perturbant la nourriture et les fournitures promises aux Dakota dans une série de traités de paix rompus.
Enragée et affamée, la tribu a attaqué et pillé les colonies du nouvel État. Sur les plus de 400 Dakotas et « métis » détenus par le général de brigade Henry Hastings Sibley, 303 ont été condamnés à mort par un tribunal militaire. Mais Lincoln a constaté un manque de preuves dans la plupart des tribunaux, et il a réduit le nombre de condamnés à 38. Lors de ces raids, l’indien Chaska a fait prisonnier une femme blanche, Sarah Wakefield et ses enfants. Ce qui sera rare, par la suite, ce fut la défense par Sarah Wakefield de son ravisseur devant un tribunal militaire : « Chaska m’a défendue, moi et mes enfants. Sans lui j’aurais été tuée ».
Sarah Wakefield savait que Chaska avait été exécuté, en représailles pour son témoignage et en réaction aux rumeurs selon lesquelles elle et Chaska étaient amants. Elle a nié toute relation sexuelle dans le livret qu’elle a publié l’année suivant son exécution, intitulé » Six semaines dans les tipis des Sioux « . Elle écrira : « Je n’aimais pas cet homme, mais ses actes de bonté. »
Dans ce récit nous avons un exemple de manipulation courante. Elle consiste à justifier une situation (les pendaisons) comme étant la conséquence d’une précédente activité (assassinats de colons blancs) en oubliant la multitude des souffrances infligées précédemment aux Amérindiens. C’est l’abandon d’un principe fondamental de logique : le principe de causalité.
Steve Chawkins, dans le Los Angeles Times du 15 mars 2009, raconte l’histoire d’un élève d’origine Chumash (Les Chumashs disparaîtront suite aux chasses à l’Indien organisées par les colons américains qui s’installent en Californie au 19ème siècle) qui avait demandé à la commission scolaire de supprimer les images guerrières concernant les Amérindiens. C’est une pratique courante dans l’armée US d’utiliser des noms indiens pour leur matériel militaire. Une façon de reconnaître leur bravoure au combat car dans d’autres pays colonisés on effacera jusqu’aux noms de villages autochtones détruits. Par exemple, le CH-47 Chinook est un hélicoptère d’assaut (Les Chinook étaient des Amérindiens vivant sur la côte pacifique nord-ouest de l’Amérique du Nord) et l’AH-64 Apache est un hélicoptère d’attaque. Geronimo, chef de tribu Apache, dont les restes mortels n’ont toujours pas été ramenés sur sa terre natale, les sources de la rivière Gila au Nouveau-Mexique, sera le nom choisi, sous la présidence Obama, pour l’opération d’assassinat de Ben Laden. Bien d’autres noms auraient été préférables.
http://www.latimes.com/news/local/la-me-carpinteria-warriors15-2009mar15,0,5716759.story
Il y a aussi des articles abordant le problème de la vente des terres sacrées apaches. Le 29 mai 2015, Lydia Millet dans le NYT appellera même à participer à une manifestation de soutien aux Amérindiens :
http://www.nytimes.com/2015/05/29/opinion/selling-off-apache-holy-land.html
« Le gouvernement américain s’apprête à laisser une compagnie minière internationale saccager, au sein d’une forêt nationale, un splendide site naturel sacré depuis des siècles pour le peuple apache. Mais en soutenant les chefs apaches pendant leur rassemblement à Washington cette semaine, nous pouvons bloquer ce projet scandaleux. »
La vente d’objet religieux, réglementée aux USA, est courante en France. Tom Mashberg, le 30 juin 2014, écrira : « Malgré les contestations devant un tribunal, la vente d’objets religieux Hopi se poursuit en France »
L’ambassade des États-Unis à Paris a passé plusieurs jours la semaine dernière à sensibiliser les responsables français aux fortes émotions qui ont conduit des tribus amérindiennes comme les Hopis et les Navajos à poursuivre les maisons de vente aux enchères parisiennes – sans succès, à maintes reprises – à propos de la vente d’objets sacrés.
Encouragés par une autre grande vente vendredi d’objets religieux amérindiens – la quatrième de ce type en 18 mois – les responsables de l’ambassade ont invité un juge américain, lui-même membre de la tribu Hopi, à expliquer aux responsables gouvernementaux, aux marchands d’art, aux universitaires et aux avocats pourquoi il est insultant et sacrilège de traiter les objets spirituels comme des marchandises.
Deux contestations judiciaires de la vente aux enchères, qui comprenait 29 coiffes spirituelles Hopi et des objets ressemblant à des masques, connus sous le nom de Katsinam, qui sont traités comme des entités vivantes par la tribu (…) Le tribunal français a décidé – comme il l’avait fait en décembre 2012, avril 2013 et décembre 2013 – qu’il n’y avait pas de raison d’arrêter la vente car les objets avaient été acquis légalement par un collectionneur français pendant ses 30 ans de résidence aux États-Unis.
Un responsable culturel Hopi, Thomas Banyacya Jr, a qualifié la décision du tribunal de » triste mais prévisible « . Ce ne sont que des Amérindiens après tout. Il s’est dit encouragé par le large soutien que la cause des Hopis a suscité ces derniers mois. En décembre, par exemple, la Fondation Annenberg à Los Angeles a surpris les Hopis – et les commissaires-priseurs – en achetant secrètement 24 Katsinam pour environ 530 000 dollars et en les renvoyant à la tribu….
Gaïa Mugler et Pascale Solana, le 17 janvier 2020, abordent la défense de l’enracinement.
https://reporterre.net/Une-mere-sioux-et-sa-fille-racontent-une-vie-de-combat-aux-Etats-Unis
Née dans une réserve sioux du Dakota Sud, Madonna Thunder Hawk et sa fille Marcy ont consacré leurs vies à défendre la Terre Mère et les Amérindiens. À 80 ans, Madonna témoigne de la résilience et de la résistance des peuples autochtones :
Pourquoi votre peuple accorde-t-il autant d’importance à la Terre, jusque dans sa spiritualité ?
» Marcy – La seule manière de bien l’expliquer, c’est de dire que notre religion est la Terre. Notre histoire de la Création établit clairement nos liens étroits avec les autres « nations » que sont les animaux, l’eau, la terre… Nos prières sont en lien avec la nature. Nos cérémonies intègrent tout ce qui est vivant, y compris notre nourriture. Et nous appartenons à un territoire dont nous sommes une partie constitutive. Il conditionne notre vie…Nos bisons ont été tués et nous avons été expulsés de nos terres. On ne peut plus vivre comme nos ancêtres !
Beaucoup d’entre nous ne mangent plus de nourriture traditionnelle, ils ne la connaissent pas. Ils s’alimentent mal, sont malades, souffrent de diabète, de maladies du cœur. Les deux tiers vivent sous le seuil de pauvreté. En tant que tribu sous traité, nous recevons notre subsistance du département de l’Agriculture des États-Unis… [Le traité de Fort Laramie en 1868 contraint les tribus signataires à vivre dans des réserves tandis que gouvernement s’engage à ne pas y installer de colons et à fournir nourriture, vêtements…] Les Indiens du Nord vivent une économie de ranch. Pour payer les factures, beaucoup louent leur terre à des éleveurs étrangers qui amènent leurs troupeaux pour une saison avant de les abattre. Cela modifie le paysage car ils viennent par exemple avec leurs graines pour engraisser plus vite les vaches. Les plantes sauvages tels que les buissons d’aronia, toxiques pour le bétail, sont détruites…
Madonna – Nous mangeons de la nourriture de mauvaise qualité, très transformée. Nous n’étions pas des cultivateurs, nos terres n’étaient pas adaptées aux cultures, elles sont désormais dominées par l’élevage. Les produits bio ne sont pas locaux, sauf dans des petits jardins. Leurs prix sont hors de notre portée (…) C’est une énorme menace pour notre eau. C’est une violation de nos traités et par conséquent de la terre, de l’eau, de notre mode de vie (…) Avec l’arrivée de Trump, le projet DAPL (Dakota Access Pipeline) et l’oléoduc Keystone ont été réautorisés. Et maintenant, la construction d’un oléoduc supplémentaire afin de transporter encore plus de cette saleté de pétrole est en cours. Les compagnies d’extraction reviennent toujours (…) Mais à présent, nous attendons l’issue des procédures juridiques.
Emeline Férard, dans son article publié le 1er février 2019 aborde le problème climatique : « La colonisation des Amériques aurait causé une telle hécatombe qu’elle aurait affecté le climat ».
Récemment, Jennifer Szalai, le 24 mars 2020, reviendra sur l’expulsion des Indiens dans les années 1830.
https://www.nytimes.com/2020/03/24/books/review-unworthy-republic-claudio-saunt.html
The Associated Press titre le 20 décembre 2015 : « Les tribus amérindiennes approuvent le plan de culture et de vente de marijuana en Oregon ». http://www.nytimes.com/2015/12/20/us/native-american-tribes-approve-plan-to-grow-and-sell-marijuana-in-oregon.html
Les tribus déclarent qu’elles concluront un accord avec les agences de l’État pour s’assurer que les tests et autres réglementations sont conformes à la législation de l’État. Les ventes devraient commencer à l’hiver 2016.
» Notre principal objectif est de créer des emplois dans la réserve et de générer des revenus pour les tribus « , a déclaré Don Sampson, de la société de développement économique des tribus. Nous pensons avoir un modèle que les autres tribus suivront dans leurs recherches sur ce commerce et cette industrie. » La proposition ne modifie pas la loi tribale qui interdit la possession de marijuana dans la réserve, qui se trouve à environ 90 miles au sud-est de Portland. En novembre 2014, les électeurs de l’Oregon ont approuvé la mesure 91, qui légalise la marijuana à usage récréatif. Mais les ventes légales ne devraient pas commencer avant 2016. De nombreuses tribus se sont opposées à la légalisation et à la vente de marijuana en raison du risque d’aggravation des problèmes d’alcool et de drogue dans les réserves. Certaines tribus ont carrément interdit la marijuana. Mais cette année, au moins une demi-douzaine de tribus ont légalisé la marijuana dans leurs réserves ou ont poursuivi des projets liés à la marijuana.
Michael Astor, le 27 novembre 2020 https://www.nytimes.com/2020/11/27/us/debra-white-dead.html
Dans un des dernier article publié dans le NYT concernant les Amérindiens, Michael Astor le 27 novembre 2020, fait l’éloge de Debra White Plume :
Éminente activiste amérindienne, elle est morte à 66 ans. Elle a affronté les balles de la police, les compagnies d’extraction d’uranium et les projets d’oléoducs en essayant de protéger le mode de vie traditionnel des Oglala Lakota dans le Dakota du Sud. Elle a été l’un des principaux acteurs des manifestations de protestation à Wounded Knee et sur les sites des oléoducs. Peu de choses ont changé. Aujourd’hui, quelque 20 000 Oglala Lakota mènent une existence difficile dans la réserve. Le taux de chômage avoisine les 85 %, l’alcoolisme est endémique, l’espérance de vie est inférieure de 30 ans à la moyenne nationale et les droits des traités sont régulièrement ignorés.
Dans un article détaillé du Monde du 3 Novembre 2006, « Corruption à Washington : le scandale Abramoff ».
Eric Leser écrit :
« Jack Abramoff personnifie le système de corruption qui s’est développé depuis des années à Washington. En échange de crédits, d’amendements aux lois, de contacts, des élus obtenaient des lobbyistes, pour eux et leurs proches, des avantages de toute nature : voyages, emplois et surtout de généreuses contributions à leurs campagnes électorales. »
Mélangeant tous les genres, utilisant une rhétorique très sophistique, il travaillera aussi bien avec des élus démocrates que républicains. Lors de la « révolution reaganienne », il fondera la Fondation internationale pour la liberté, une organisation anticommuniste, qui s’illustrera en soutenant le régime d’apartheid en Afrique du Sud.
Il commencera en 1995 à représenter de riches tribus amérindiennes inquiètes pour leurs bénéfices dans les jeux de hasard. Il s’est impliqué dans la réserve des Choctaw du Mississippi, une tribu reconnue au niveau fédéral. Il interviendra par la suite pour les Saginaw Chippewa, puis pour une dizaine de tribu. Il fera ainsi échouer un projet de loi du Congrès visant à taxer les casinos amérindiens.
« Celles-ci auraient versé plus de 85 millions de dollars à Abramoff et ses associés qui, non seulement surfacturaient leurs services, mais organisaient parfois des lobbyings contre leurs propres clients pour se rendre encore plus indispensables ! »
Sur cette somme, 4,5 millions de dollars se sont retrouvés dans les poches de près de 200 parlementaires, essentiellement républicains.
Ses interventions n’étaient pas motivées par un sentiment altruiste ni comme réparation de torts subis pendant près de 400 ans. Dans des courriels publiés par la commission sénatoriale des affaires indiennes, Abramoff qualifiera à plusieurs reprises les Amérindiens de « singes », de « troglodytes » et de « crétins ». Jack Abramoff s’activait aussi pour des entreprises cherchant à influencer des parlementaires, pour des gouvernements étrangers voulant obtenir des contacts avec des membres de la Maison Blanche voire même le président.
En janvier 2003, deux sénateurs du Michigan tentent d’obtenir de l’argent fédéral pour la construction d’une école pour la tribu Saginaw Chippewa du Michigan, cliente d’Abramoff et l’une des réserves les plus prospères du pays. Chaque membre de la tribu perçoit 70 000 dollars par an comme part des profits réalisés dans les casinos. Le bureau des affaires indiennes refusera cette aide, considérant que la tribu n’en a pas besoin. Abramoff réussira en passant par un sénateur républicain particulièrement corrompu du Montana qui supervise… le bureau des affaires indiennes. Ce sénateur membre de l’organisation « Citoyens pour la responsabilité et l’éthique » étendra ainsi les principes de contradiction de Big Brother : La liberté, c’est l’esclavage, La guerre, c’est la paix; et jusqu’à : La corruption, c’est l’éthique. Condamné à six ans de prison, Abramoff, qui a accepté de collaborer avec les enquêtes sur les corruptions de parlementaires, commencera sa peine de prison le 15 novembre 2006. Il n’en fera finalement qu’un peu plus de quatre.
Philippe Gelie, dans un article du Figaro du 22 avril 2006, « La politique gangrenée par les lobbies à Washington »
précisera que Jack Abramoff, est accusé d’escroquerie, de conspiration et de transferts frauduleux de capitaux. Il reconnaissait avoir « plumé » six tribus indiennes de la somme faramineuse de 82 millions de dollars, sous prétexte d’influencer le Congrès en faveur des casinos ouverts dans les réserves. D’autres tremblent depuis qu’il a décidé de coopérer à l’enquête. Bob Ney, membre de la Chambre de Représentants élu de l’Ohio qui s’était fait remarquer en 2003 en rebaptisant les « french fries » (frites) « liberty fries » à la cantine du Congrès, apparaît dans le dossier Abramoff comme « l’élu n° 1 », menacé d’inculpation pour pots-de-vin.
Dans le Courrier International, du 12 janvier 2006, « Abramoff, l’étoffe des zéros »
https://www.courrierinternational.com/node/1664014
» Le lobbyiste américain Jack Abramoff est au centre d’un scandale, un de plus, qui éclabousse la majorité républicaine. Pendant des années, Abramoff a arrosé des élus avec les dizaines de millions de dollars versés par diverses tribus indiennes qui le rétribuaient généreusement en échange de services mal rendus. »
Ce journal résumera, voir ci-dessous, les contributions américaines à l’histoire des Amérindiens :
1600 : La variole, 1700 : Le mousquet, 1800 : L’exil dans les réserves, 1900 : Les promesses et traités non tenus, 2000 : jusqu’à l’arrivée d’Abramoff.
Adriana Evangelizt, dans un article du 23 août 2005, aborde un aspect de Jack Abramoff ignoré par la presse politiquement correcte :
» Un bandit qui a escroqué des indiens pour financer des colons en Palestine. Jack Abramoff, parent avec les Abramoff et producteurs cinématographiques de Golan Globus. Imaginez un peu la connexion… Abramoff est ami de Tom Delay, proche de Sharansky et Netanyahu… ou comment trouver de l’argent et coloniser encore et toujours… nous nous trouvons là en plein cœur d’un nœud inextricable qui ramène toujours au financement des colonies. Et ça va très haut… jusqu’au gouvernement Bush dont on peut se demander s’il est au courant ?
….Le magazine Newsweek a rapporté, que les investigateurs chargés des impôts de charité dont Abramoff est responsable, avaient constaté que de grandes sommes d’argent avaient été dirigées à une colonie israélienne en Cisjordanie sous forme d’équipements paramilitaires pour snipers, des jumelles de vision à nuit, une encre en poudre thermique et d’autres matériels décrits en tant qu’équipement de « sécurité. »
Neil A. Lewis donnera le 4 septembre 2008, dans le i, quelques détails supplémentaires concernant les escroqueries en liaison avec les casinos amérindiens : https://www.nytimes.com/2008/09/05/washington/05abramoff.html
« (…) Les familles et les enfants ont beaucoup souffert à cause de cet homme », a déclaré M. Sprague, en désignant M. Abramoff, déclarant ensuite que M. Abramoff avait laissé une « tache sombre » à travers toute la nation indienne. David Sickey de la tribu Coushatta de Louisiane a déclaré à la cour que M. Abramoff avait exploité le manque de sophistication de la tribu. »(…) « Veuillez donner à Jack Abramoff une peine qui reflète l’énormité de son crime et qui tient compte de son incapacité à rendre l’argent qu’il a volé à notre peuple « , a déclaré M. Sickey.
Mark Leibovich parlera lui du comportement exemplaire de M. Abramoff dans le NYT du 23 juin 2010, « Abramoff de la prison à un travail dans une pizzeria » https://www.nytimes.com/2010/06/24/us/24abramoff.html
» M. Abramoff aurait régulièrement donné des conférences sur la Torah, selon un rapport publié cette semaine dans le Baltimore Jewish Times, citant un ancien détenu. M. Abramoff s’est concentré sur la loi juive et a également donné un cours d’introduction à la prière, selon cette publication. »
Abramoff était sorti de prison en 2010 et avait ensuite été condamné à trois ans de probation.
Il reprendra le lobbying fin 2016 en tentant vainement d’organiser une réunion et un appel téléphonique entre le président de la République du Congo Denis Sassou Nguesso et le président élu de l’époque Donald Trump.
Le gouvernement américain a déclaré jeudi que le lobbyiste et ancien condamné Jack Abramoff avait accepté de plaider coupable d’avoir violé une loi fédérale sur la divulgation de lobbying dans le cadre d’une présumée offre frauduleuse de la crypto-monnaie AML Bitcoin.
Promesses, promesses…« Le lobbyiste disgracié Jack Abramoff retourne en prison. » titre récemment Nathaniel Popper dans un article du NYT du 25 juin 2020. https://www.nytimes.com/2020/06/25/us/politics/jack-abramoff-marijuana-cryptocurrency.html
La reconnaissance de sa culpabilité, sa collaboration avec la justice, ses accords avec les procureurs fédéraux et ses multiples actes de contrition, tout cela n’aura pas empêché la récidive de Jack Abramoff dans la même catégorie : Escroquerie.
Les procureurs l’accusent cette fois de conspiration en vue de commettre une fraude électronique liée à la vente frauduleuses et non enregistrée du jeton numérique appelé AML Bitcoin (Anti-Money Laundering Regulation of Cryptocurrency: US). Une lutte contre le blanchiment d’argent, qui prétendait résoudre les problèmes d’anonymat et de blanchiment d’argent dont souffrait le Bitcoin.
Lors d’une conférence de presse à San Francisco, le procureur américain David Anderson a déclaré que M. Abramoff avait accepté de plaider coupable, selon des documents judiciaires, de violation de la loi sur la divulgation des activités de lobbying et de conspiration criminelle concernant le travail secret et hypocrite qu’il a effectué au nom de projets de crypto-crédit et de marijuana. Il risque jusqu’à cinq ans de prison.
Le lobbyiste condamné pour fraude, dont la corruption est devenue un symbole des excès du trafic d’influence de Washington, va en effet retourner en prison pour avoir violé la loi qui a été modifiée en réponse à ses crimes antérieurs, ont déclaré jeudi les responsables de l’application des lois. Les procureurs ont déclaré que M. Abramoff, 62 ans, est la première personne accusée d’avoir bafoué la loi sur la divulgation des activités de lobbying. Cette loi avait été modifiée en 2007 après la révélation des détails concernant ses anciennes activités avec les Amérindiens, l’un des plus grands scandales de corruption des temps modernes.
Les procureurs de San Francisco ont déclaré qu’en 2017, M. Abramoff avait rencontré des membres du Congrès – au nom de l’industrie de la marijuana sans s’enregistrer comme lobbyiste.
« Abramoff était conscient de l’obligation de s’enregistrer en tant que lobbyiste en partie parce que le Congrès a modifié les dispositions du « Lobbying Disclosure Act » en 2007 en réaction à la conduite passée de M. Abramoff en tant que lobbyiste », selon les documents du tribunal.
Les accusations portées contre M. Abramoff sont passibles d’une peine maximale de cinq ans.
M. Abramoff a également été inculpé pour son implication dans le projet AML BitCoin, (Anti-Money Laundering). »
Les documents juridiques indiquent que M. Abramoff a travaillé en coulisses avec M. Andrade pour commercialiser les pièces AML BitCoin auprès d’investisseurs potentiels avec une série de fausses déclarations (…) Les procureurs ont déclaré que M. Abramoff avait fait la promotion de ces affirmations, qu’il savait fausses, lors de réunions avec des investisseurs et dans des articles qu’il avait écrits et fait publier.
Le projet a finalement recueilli 5,6 millions de dollars auprès des investisseurs, dont une partie a été réorientée pour un usage personnel, ont déclaré les fonctionnaires. (…) Les accusations criminelles annoncées par les procureurs fédéraux de San Francisco marquent un tournant malheureux pour M. Abramoff.
M. Abramoff avait déclaré publiquement qu’il s’était réhabilité lors de sa sortie de prison en 2010 après avoir purgé près de quatre ans pour diverses accusations liées à un lobbying corrompu au sein d’un conglomérat qui a escroqué des millions de dollars aux tribus indiennes et a utilisé une grande partie de cet argent pour tenter de gagner la faveur des législateurs.
Mais en 2017, il a attiré l’attention lorsqu’il a annoncé qu’il participerait à une émission de télévision, « Capital Makeover : Bitcoin Brigade », dans laquelle il servirait de tuteur et de guide pour le projet BitCoin de l’AML.
» Quand on m’a approché, je ne savais pas distinguer un bitcoin d’un filet de bœuf, a-t-il pourtant déclaré à l’époque. » Je me suis engagé à faire tout ce que je pouvais pour aider – à part faire pression moi-même sur le Congrès. »
On pourra lire sur le même sujet : « Le lobbyiste Jack Abramoff plaidera coupable dans une affaire de fraude par crypto-monnaie. »
https://www.citizenside.fr/lobbyiste-jack-abramoff-plaidera-coupable-affaire-fraude-crypto-monnaie/
Ainsi que l’article de Joel Rosenblatt du 25 juillet 2020:
Montpellier, J.C. Manifacier, le 17 janvier 2021
* NDLR: Non: des peuples ou des cultures, mais des civilisations. Il n''y a pas une "Civilisation" unique, modèle pour toute l'humanité, qui serait l'occidentale et le reste qui serait des "cultures", mais des civilisations, au pluriel.
"Ce massacre est commémoré par la chanson engagée « Bury My Heart at Wounded Knee » (« Enterre mon cœur à Wounded Knee »), écrite par Buffy Sainte-Marie. Elle disparaîtra des médias durant le mandat de Lyndon Johnson, président des États-Unis de 1963 à 1969. Dans la grande démocratie US elle fait alors partie, à son insu, de la liste noire des artistes engagés politiquement et son nom était alors épinglé à la Maison-Blanche comme tant d’autres dont la musique « mérite de ne pas être diffusée ». Ses titres étaient interdits sur les ondes hertziennes. Invitée sur les plateaux de télévision grâce au succès de Until It’s Time for You to Go, on lui indiqua que les problématiques liées aux Amérindiens et le mouvement pour la paix n’étaient pas d’actualité, afin de limiter ses commentaires."
(...)
Le maître américain de l’univers sans nom que j’ai rencontré à Mostar au printemps 1996 était un émissaire de « la nation rédemptrice » et de « la république visionnaire », et la Serbie était la cible de la version satanique de la rédemption, qui est un autre mot pour génocide, si vous ne suivez pas, et ingénierie sociale si vous le faites.
En Amérique, l’essence rencontra l’existence, comme le souligna Frederick Jackson Turner, dans une ligne de fuite vers l’ouest connue sous le nom de frontière, qui devint le creuset qui définit l’identité américaine. Partant de Boston ou de Jamestown, le protestant anglais prit une arme à feu, qui lui permit de tirer sur des cerfs et de se défendre contre les Indiens, et il devint un Américain en cours de route. Les Américains ont toujours été des prédicateurs armés.
L’effet de l’inversion de la relation entre l’existence et l’essence que les Européens avaient héritée des Grecs fut si profond qu’il résista à l’effet traumatisant de la Réforme et se propagea jusqu’au Nouveau Monde. La compréhension révolutionnaire des deux aspects de l’être par Thomas d’Aquin a eu des conséquences à la fois positives et négatives, allant de l’effet positif qu’elle a eu sur le développement de l’architecture américaine sous les frères Greene à l’effet négatif de la « clause du mystère » dans l’affaire Planned Parenthood contre Casey, lorsque le juge Kennedy a émis l’opinion que Milton aurait pu mettre dans la bouche de Satan : « Au cœur de la liberté se trouve le droit de définir son propre concept de l’existence, du sens, de l’univers et du mystère de la vie humaine. »
Pendant la majeure partie de l’histoire américaine, les échecs ont été plus nombreux que les succès, obligeant les Américains en quête d’identité à choisir entre deux paradigmes tout aussi répugnants, incarnés au mieux par Pap, l’homme naturel auquel Huck Finn s’identifie, et qui était « tout en boue », et la veuve Douglas, qui représente la « civilisation » en guerre contre la nature. Parce que l’Amérique était, comme nous le dit Huntington, une nation protestante, elle n’a jamais appris que la grâce perfectionne la nature, car c’était une notion catholique qui pouvait être rejetée d’emblée. Le dilemme de Huckleberry Finn est toujours d’actualité. C’est précisément ce dilemme qui a incité George Bernard Shaw à affirmer que l’Amérique était un pays qui était passé de la barbarie à la décadence sans jamais rencontrer la civilisation sur son chemin.
La quête de civilisation des États-Unis se poursuit. Les chances de succès de cette quête en la reliant à l’identité américaine sont considérablement plus faibles aujourd’hui que lorsque Samuel Huntington les formulait il y a près d’un quart de siècle. Fournir une base métaphysique claire à cette quête constitue cependant un pas, aussi modeste soit-il, dans la bonne direction.
Faisant preuve d’aveuglement, Todd identifie le groupe d’aveugles responsable de l’éclipse de l’élite WASP comme « les néoconservateurs », ou simplement « les néocons ». Comme le savent ceux qui écoutent Tucker Carlson et Douglas MacGregor, « néocon » est un mot codé pour désigner les juifs.
Saint Paul décrivait les Juifs comme « le peuple qui a tué le Christ » et « les ennemis de toute la race humaine » (I Thess 2:14-5). Le génocide israélien à Gaza a rendu cela évident pour le monde entier, y compris pour de nombreux jeunes Américains qui manifestent maintenant contre le génocide israélien dans les universités à travers le pays. Les Américains n’ont plus d’identité collective. Le pays est divisé entre la majorité, qui est en désaccord avec notre politique étrangère, et la minorité qui en profite. Le problème politique fondamental auquel le peuple américain est confronté en ce moment est le contrôle juif sur tous les aspects de notre culture, y compris le contrôle total de notre processus politique.
Les policiers qui ont été appelés pour réprimer les manifestations contre le génocide à Gaza avec une brutalité aussi évidente qu’ injustifiée ont été formés en Israël pour traiter les citoyens américains qu’ils étaient censés protéger comme des Palestiniens. Pendant la guerre contre la Serbie, de nombreux Américains et moi-même nous sommes rassemblés sur les ponts, comme les Serbes l’avaient fait, pour montrer notre solidarité avec la Serbie et notre mécontentement face à une guerre inutile menée en notre nom. Nous étions tous des Serbes à l’époque. Nous sommes tous des Palestiniens aujourd’hui. Ce sont les Israéliens eux-mêmes qui ont provoqué cette nouvelle prise de conscience mondiale, qui a émergé à travers les fissures de l’empire américain en train de s’effondrer.
Dans l’introduction de sa Philosophie du droit, Hegel décrit ce qui se passe lorsque les empires s’effondrent :
Wenn die Philosophie ihr Grau in Grau malt, dann ist eine Gestalt des Lebens alt geworden, und mit Grau in Grau läßt sie sich nicht verjüngen, sondern nur erkennen; die Eule der Minerva beginnt erst mit der einbrechenden Dämmerung ihren Flug. (« Quand la philosophie peint son gris dans le gris, c’est qu’une figure de la vie a vieilli, et avec sa grisaille dans la grisaille, elle ne peut pas rajeunir, tout au plus se rendre reconnaissable ; la chouette de Minerve ne s’envole qu’à la tombée de la nuit. »)
La chouette de Minerve prend son vol au crépuscule. La seule consolation que nous puissions tirer de l’effondrement de la « Gestalt des Lebens » (forme de vie) connue sous le nom d’empire américain est la reconnaissance du satanisme qui a été sa grammaire cachée depuis sa création. Comme la chouette, symbole traditionnel de la sagesse, nous voyons mieux lorsque la lumière est faible. La lumière qui s’éteint ne doit cependant pas conduire au désespoir, car la perspicacité est un élément essentiel de la conscience, et la conscience est la condition nécessaire mais non suffisante du changement politique. Comme à l’époque d’Alexandre le Grand, qui fit du grec la lingua franca du monde civilisé, l’empire mondial a donné naissance à une conscience mondiale malgré sa méchanceté, car Dieu tire toujours le bien du mal. Hegel a appelé cet attribut divin « die List der Vernunft », la ruse de la raison. Le Logos se lève maintenant dans l’obscurité grandissante car, comme l’a dit saint Jean dans le prologue de son évangile, « le Logos est Dieu ». Και ο Λόγος είναι Θεός. Die Vernunft ist Gott. A reč je Bog. Логос је Бог.
Michael Jones
https://plumenclume.com/2025/04/04/reportage-dans-les-balkans-par-e-michael-jones/
Après le génocide des Amérindiens par les États-Uniens et avant celui des Palestiniens, le génocide du peuple allemand. Camp all!é de prisionniers de guerre allemands en Allemagne. Eisenhower les a transformés en camps de détenus d'"armées illégales" pour les exterminer massivement en contrevenant à toutes les lois morales, humaines et de la guerre.
MAGA or MPLGA ? That is the question
Fillette Jicarilla Apache en costume de fête. Photo: Edward S. Curtis - Library of Congress - USA. "Jicarilla Apache Nation currently living in New Mexico and speaking a Southern Athabaskan language. The term jicarilla comes from Mexican Spanish meaning "little basket"."
Entre le sort des Palestiniens aujourd'hui et celui des Indiens d'Amérique du nord autrefois, il n'y a pas de différence. C'est la même USURPATION et le même GÉNOCIDE, par les mêmes gens et par la même religion, au nom d'une "TERRE PROMISE" par le même dieu exclusif et sociopathe (Yahweh) et reposant sur la même IMPOSTURE.
Exemple d'inversion accusatoire à l'encontre des Palestiniens:
The deputy speaker for the Israeli Knesset recently said during a radio interview that all adult men in Gaza should be exterminated and called Palestinians “subhumans”, saying “Who is innocent in Gaza?”
https://caitlinjohnstone.com.au/2025/02/26/all-these-israeli-agendas-were-planned-long-in-advance/
Voir également:
La collection des photographies d'Edward S. Curtis sur le site internet de la Bibliothèque du Congrès:
https://www.loc.gov/collections/edward-s-curtis/
Tempête infernale: le martyre du peuple allemand par les Alliés après la fin de la 2e Guerre mondiale:
https://jeune-nation.com/kultur/histoire/25377-tempete-infernale-le-documentaire
Paul Craig Roberts: L'esclavage et la fiscalité
"Ce n'est pas le Sud qui n'a pas été confronté à ces problèmes. C'est le Nord bien-pensant, essentiellement un peuple barbare dont la culture était la recherche de la richesse aux dépens du Sud et des Indiens d'Amérique, les habitants natifs, qui ont tous deux été détruits par la violence dans le cadre de la recherche de la richesse."
Paul Craig Roberts
16 février 2025
L'esclavage et la fiscalité
Paul Craig Roberts
Le Sud est accusé d'être responsable de l'esclavage. Cette fausse association, fruit de décennies de diabolisation du Sud, se retrouve partout, même dans les livres consacrés à l'assassinat du président McKinley en 1901 à Buffalo, dans l'État de New York, par un Américain d'origine polonaise, Leon Czolgosz, né à Détroit.
Rien dans la présidence de McKinley ni dans la vie de Czolgosz n'a de rapport avec le Sud ou l'esclavage. Pourtant, l'auteur du livre, Eric Rauchway, parvient à utiliser le fait que les Blancs du Nord voulaient lyncher Czolgosz, un homme blanc, pour intégrer le Sud dans l'histoire. « Les hommes blancs du Sud pratiquaient le lynchage pour terrifier les hommes noirs et les forcer à se soumettre, et les Noirs fuyaient le Sud en raison du nombre croissant de Noirs lynchés dans le cadre de la guerre raciale qui faisait rage dans le Sud à la fin du dix-neuvième siècle. Il s'agit là d'affirmations générales et non étayées.
En fait, le lynchage était une forme de justice communautaire. Il existe des cas de lynchage de Noirs par des Noirs et des cas de lynchage en dehors du Sud. Sur la frontière de l'Ouest, le lynchage était la punition infligée aux voleurs de chevaux. Comme l'auteur est décrit comme un enseignant de l'université de Californie, Davis, et que le livre a été publié en 2003, l'explication est peut-être que l'auteur se protège contre le pouvoir croissant de la gauche universitaire et la doctrine du « racisme aversif ».
Je n'ai pas l'intention de mettre en avant ce livre en particulier. Il se trouve simplement qu'il est à portée de main. Le fait est que, même si le sujet d'un livre est éloigné du Sud, comme l'assassinat du président McKinley, les écrivains établissent leurs références morales en s'en prenant au Sud.
La diabolisation du Sud est devenue un moyen pour les Nordistes et les professeurs d'université de prouver leur valeur morale, mais cela ne les empêche pas d'immigrer dans le Sud et de détruire les communautés sudistes par leur manque de courtoisie,
Le Sud n'est pas responsable de l'esclavage. Les Noirs n'étaient pas non plus les seuls à être réduits en esclavage. Ce ne sont pas les Blancs qui ont réduit les Noirs en esclavage. Les Noirs ont été réduits en esclavage par les rois noirs du Dahomey au cours de leurs guerres d'esclavage. Le Dahomey a vendu les Noirs qu'il avait réduits en esclavage aux Arabes et aux Britanniques, Espagnols et Portugais qui les ont expédiés vers le Nouveau Monde qui offrait des ressources à exploiter mais ne disposait pas de main-d'œuvre. Les Noirs réduits en esclavage par le roi du Dahomey sont devenus la main-d'œuvre des plantations coloniales de riz, de sucre, de coton et de tabac. Je ne connais aucun cas de Noir réduit en esclavage par un Blanc. Les colons blancs achetaient des Noirs déjà réduits en esclavage. Aux États-Unis, les Noirs libres possédaient également des esclaves noirs.
Les Noirs constituaient la main-d'œuvre agricole du Nouveau Monde bien avant l'existence des États-Unis. Pour le Sud, l'esclavage était une institution héritée, et non pas créée par le Sud. Il n'existait pas de marché du travail permettant d'embaucher de la main-d'œuvre agricole. Les immigrants dans les colonies britanniques se sont simplement déplacés vers l'ouest, s'appropriant les terres indiennes.
Lorsque les États-Unis sont devenus un pays, c'était un pays pauvre dans lequel le gouvernement avait peu de sources de revenus et dans lequel l'esclavage était une institution établie. L'un des moyens de libérer les esclaves aurait été de les confisquer à ceux qui les avaient achetés. Cette mesure aurait entraîné l'effondrement du secteur agricole de l'économie et éliminé les quelques recettes d'exportation dont disposait le pays. Une autre solution, si des revenus avaient été disponibles, aurait été que le gouvernement fédéral achète et libère les esclaves. Mais jetés dans la nature, où étaient leurs emplois ? Et où était la main-d'œuvre agricole ?
Les Noirs non esclaves auraient dû aller travailler dans les plantations où ils étaient auparavant esclaves. Mais à présent, ils sont responsables de leur logement, de leurs vêtements, de leurs soins médicaux, de leur nourriture, et que se passe-t-il si le salarié boit son salaire ?
Ce n'est pas le Sud qui n'a pas été confronté à ces problèmes. C'est le Nord bien-pensant, essentiellement un peuple barbare dont la culture était la recherche de la richesse aux dépens du Sud et des Indiens d'Amérique, les habitants natifs, qui ont tous deux été détruits par la violence dans le cadre de la recherche de la richesse.
Des études indépendantes, sans arrière-pensée, ont établi sans conteste qu'il y avait plus d'esclaves blancs que d'esclaves noirs. Les Arabes faisaient des razzias dans les villes côtières de l'Europe méditerranéenne pour y trouver des esclaves. Les Arabes ont enlevé des citoyens américains des navires interceptés et les ont vendus comme esclaves, ce qui a incité le président Thomas Jefferson à envoyer la marine et les troupes américaines sur « les côtes de Tripoli », comme le reflète l'hymne du US Marine Corps, afin de mettre un terme à la pratique de l'esclavage des citoyens américains blancs.
Nous avons devant nous l'échec total et abject des universités et des intellectuels américains, qui ne méritent pas ce nom et devraient être connus comme des propagandistes, à donner à leur histoire un semblant de faits réels.
Depuis les années 1930, lorsque les marxistes culturels juifs allemands sont arrivés à l'université de Columbia, les États-Unis et l'ensemble de leur histoire, de leurs valeurs et de leurs institutions ont été attaqués. Les marxistes culturels appellent cela « la marche à travers les institutions ».
Donald Trump, semble-t-il, a réveillé la population américaine, longtemps docile et insouciante, trop occupée à se divertir pour remarquer l'effacement de sa nation, pour s'occuper de la pourriture que l'insouciance a produite. Trump se heurte au fait que la longue négligence du peuple américain à l'égard de son pays l'a laissé en guerre contre un ennemi américain qui est institutionnalisé dans toutes les institutions américaines, publiques et privées.
L'Amérique, suite à une longue négligence, a acquis un caractère anti-américain plein de pourriture qui doit être nettoyé. Trump, Musk, Bondi et les autres personnes nommées avec intégrité ne doivent pas flancher. Ils doivent détruire ceux qui ont œuvré pour nous détruire et nous laisser dans la tyrannie.
Nous savons tous qui ils sont.
Malgré l'accent mis par la gauche sur l'esclavage américain, par exemple le projet 1619 du journal juif NY Times, le ré-esclavage de l'ensemble du peuple américain est passé inaperçu. Depuis des décennies, j'essaie d'attirer l'attention sur le fait que toute personne qui paie un impôt sur le revenu n'est pas libre.
Historiquement, la définition d'un « homme libre » est celle d'un homme qui possède son propre travail. Les serfs féodaux ne possédaient pas leur propre travail. Les seigneurs féodaux avaient des droits d'usage sur le travail des serfs. Il y a des années, lorsque j'ai étudié le système féodal, le consensus était que l'utilisation maximale du travail des serfs par les seigneurs féodaux était d'un tiers. Tout dépassement entraînait une rébellion.
Les esclaves ne sont pas propriétaires de leur travail. Le taux d'imposition maximal sur le travail d'un esclave de plantation du 19e siècle était de 50 %, puisque la moitié de son travail était consacrée à sa nourriture, à son logement et à ses soins de santé. En fait, comme la personne qui achetait un esclave avait fait un investissement en capital, elle ne pouvait bénéficier que de la moitié de sa production.
Les Américains, les Européens, les Russes, en fait tous les peuples, ne savent pas qu'ils sont aussi efficacement asservis que les esclaves du XIXe siècle travaillant dans les plantations de coton. Aucune personne soumise à l'impôt sur le revenu n'est libre, car elle n'est pas propriétaire de son propre travail. Plus vous êtes riche, plus votre taux d'imposition est élevé et moins vous êtes propriétaire de vous-même. Nous sommes tous des esclaves.
Il est extraordinaire qu'à l'heure actuelle, chacun accepte son propre esclavage.
Il est extraordinaire que les économistes libertaires et du marché libre s'insurgent contre les droits de douane, mais se sentent à l'aise avec un impôt sur le revenu qui les asservit à l'État.
Les droits de douane sont une taxe sur la consommation, et c'est là que les économistes classiques voulaient placer l'impôt. L'impôt sur le revenu est un impôt sur les facteurs de production - le travail et le capital. C'est l'impôt sur le revenu, et non les droits de douane, qui supprime la croissance de l'économie en réduisant l'offre de travail et de capital.
J'insiste sur ce point depuis des décennies, et ce sont les libertariens, ceux qui sont attachés à la liberté, qui y ont prêté le moins d'attention. Jusqu'au rétablissement de l'esclavage en 1913, les droits de douane constituaient la principale source de financement de l'État. Les États-Unis se sont développés en tant que puissante économie industrielle et manufacturière sous la protection des droits de douane, et non en tant que pays de libre-échange. En effet, le Nord a envahi la Confédération et détruit un pays afin de forcer le Sud à supporter les conséquences d'un tarif douanier nécessaire au développement industriel du Nord.
Que devons-nous en penser ? Avons-nous subi un tel lavage de cerveau et un tel endoctrinement dans notre propre esclavage que nous ne pouvons pas le reconnaître, préférant projeter notre esclavage actuel sur le Sud du XIXe siècle ?
Lorsque Trump parle d'abolir l'impôt sur le revenu et de le remplacer par des droits de douane, il parle de la restauration de la liberté américaine qui a été abolie en 1913.
Traduit de l'américain par Le Fil d'Ariane
Source: https://www.paulcraigroberts.org/2025/02/16/on-slavery-and-taxation/
Paul Craig Roberts: Thanksgiving
Le Parlement européen à Strabourg, en forme de Tour de Babel. L'UE est le laboratoire du Gouvernement mondial.
28 novembre 2024
Thanksgiving
par Paul Craig Roberts
N'oubliez pas que Thanksgiving est une célébration des immigrants-envahisseurs qui ont envahi, détruit ou écarté du pouvoir les habitants natifs de l'Amérique du Nord.
La même chose est en train de se produire en Amérique du Nord, en Europe occidentale et au Royaume-Uni. L'immigration de masse est la meilleure arme du mondialisme. Elle détruit les nations à base ethnique et la conscience nationale. Une Tour de Babel n'est ni une nation ni un pays. La voie est donc ouverte à la domination mondiale par le seul pouvoir.
Nous sommes à mi-chemin. Déjà, les gouvernements occidentaux ne représentent plus les intérêts de leurs citoyens. Le dernier exemple en date est l'annulation par le Premier ministre britannique, pour des raisons budgétaires, de l'allocation de chauffage pour l'hiver destinée aux retraités britanniques, tout en redoublant de soutien à la guerre contre la Russie.
Traduit de l'américain par Le Fil d'Ariane
Source: https://www.paulcraigroberts.org/2024/11/28/thanksgiving/
La trouble anthropologie de Jacques Lizot chez les Yanomami
L'anthropologie officielle est presque toujours le moyen de faire une carrière rémunératrice et d'acquérir une réputation flatteuse dans sa patrie et dans le monde, loin de son mystérieux terrain de recherche. Cela peut être aussi une couverture pratique pour servir certains intérêts de son pays, faire de l'espionnage dans des contrées et des peuples lointains, servir d'intermédiaire entre les indigènes et les étrangers qui ont des intérêts dans leurs territoires: hydrocarbures, or ou cocaïne comme en Amazonie par exemple, faire de l'expérimentation médicale, etc. Mais certains "anthropologues" ou "ethnologues" sont aussi parfois des individus pervers qui ont trouvé des lieux exotiques pour assouvir discrètement et en toute impunité leurs déviances. Cela semble être le cas du Français Jacques Lizot, un ancien élève de Claude Levi-Strauss, connu pour avoir séjourné 25 ans parmi les Yanomami d'Amazonie.
http://www.lemondecommeilva.com/spip.php?article607
Je ne sais pas ce qu'en pense Alain Rastoin, qui tutoyait familièrement Lizot, qu'il avait visité en Amazonie, au cours d'une rencontre filmée au 3e Festival Etonnants voyageurs à Saint-Malo en 1992.
Outre les manières un peu inquiétantes de Lizot, on remarquera sa réponse surprenante et peu convaincante à la question du présentateur lorsque celui-ci demande pourquoi il est revenu vivre en France après 25 ans passés chez les Yanomami alors qu'il se plaisait tant parmi eux. Les Yanomami avaient sûrement la réponse.
J'avais entendu parler de Lizot, mais je ne l'ai jamais lu (contrairement à Pierre Clastres) et je n'étais pas au courant de cette histoire; c'est en visionnant cette vidéo que j'ai remarqué le commentaire de Martin Riedler y faisant allusion et que j'ai découvert le documentaire "Storyville Secrets of the Tribe" ci-dessous, qu'il mettait en lien.
Une des personnes interviewées dit que Jacques Lizot est celui qui a introduit la prostitution chez les Yanomami.
P.O.C.
La légende de la Constellation de la Martre (Grande Ourse) des Anishibabes du centre de l'Amérique du Nord
La constellation de la Grande Ourse ressemble beaucoup plus à la silhouette d'une martre bondissante (sans la tête) avec sa longue queue et ses pattes, quà celle d'un ours.
Avec l'automne, les Pléiades font leur réapparition dans le ciel, au sud, et la Grande Ourse monte au nord-nord-ouest. Les deux légendes rapportées ici nous viennent de l'Amérique du nord. Ici, en Europe, les hommes ont oublié les racines cosmiques de la Préhistoire et ne connaissent, dans le meilleur des cas, que les légendes astronomiques des Grecs, toujours citées ad libitum.
P.O.C.
La légende de la constellation de la Martre est l’une des préférées des Anishinabes et est souvent racontée par les grand-pères qui vivent de la chasse et de la trappe.
Cette légende explique l’origine des saisons et met en évidence l’importance de la collaboration, de la détermination, du don de soi et du partage pour la survie.
Elle nous enseigne aussi que chaque élément de la création possède des talents propres pour le bien de tous.
La légende de la Martre est assez inhabituelle car la plupart des légendes qui se rapportent à cette constellation la présentent comme un Grand Ours.
La martre est en fait un petit animal de la taille d’un renard et parent de la belette.
La Martre était une grande chasseresse. Elle vivait dans le monde de l’hiver avec les humains, les oiseaux et d’autres animaux. L’hiver était souvent si rigoureux que tous manquaient de nourriture.
De nombreux animaux mouraient de froid et de faim pendant l’hiver. Un jour, la Martre décida que leur seul espoir était d’aller dans le monde de l’été et d’en rapporter le temps chaud.
Mais les villageois et les animaux du monde de l’été ne voulaient pas partager leur bien.
La Martre convoqua donc tous les animaux et les oiseaux de l’hiver pour discuter de ce qu’il fallait faire.
Le Rat musqué, qui vivait entre les deux saisons, était le seul à savoir que l’été était caché dans une île lointaine.
Au centre de cette île, il y avait une cabane, et sur un mur de cette cabane était accroché le sac de l’été.
Personne ne pouvait s’en approcher car il était jalousement gardé par la Grue et la Grenouille.
Même lorsque toutes les créatures de l’été partaient à la chasse, ces deux gardes restaient toujours derrière pour surveiller le sac.
Dès que quelque chose s’approchait de l’île, tous les chasseurs sautaient dans leurs canots pour aller voir ce que c’était.
Il serait extrêmement difficile pour les animaux de l’hiver de prendre possession du sac de l’été.
Un plan fut élaboré, et vint le temps où la Martre et ses amis devaient passer à l’action.
Cette nuit-là, le Hibou vola vers la cabane où la Grue et la Grenouille gardaient leur précieux trésor. Il se posa à terre et regarda à l’intérieur pour voir où le sac était accroché.
Ensuite, le Rat musqué fut envoyé pour gruger les pagaies des chasseurs jusqu’au point de rupture. Le meilleur nageur de tous les animaux à longues pattes était le Caribou.
Il commença à nager vers l’île. Dès que les chasseurs l’aperçurent, ils sautèrent dans leurs canots et pagayèrent vers lui.
Le Caribou nagea le plus vite possible en s’éloignant de l’île jusqu’à ce que les pagaies se brisent et que les chasseurs soient en rade sur l’eau.
Le Caribou revint alors par derrière dans la cabane et prit la Grenouille et la Grue par surprise.
Il s’empara rapidement du sac et courut jusqu’à ce qu’il retrouve les animaux de l’hiver. Ils se relayèrent pour porter le sac secret de l’été dans leur monde.
Lorsque les animaux de l’été eurent enfin dérivé vers la rive, ils se mirent à suivre la trace des animaux de l’hiver afin de récupérer le sac secret de l’été.
Ils finirent par voir la Martre qui portait le sac.
La Martre alla vers les arbres pour échapper aux animaux de l’été mais elle ne put pas grimper assez haut pour éviter les flèches des chasseurs, et l’une d’elles finit par l’atteindre.
La flèche emporta la Martre dans le ciel sombre du nord, et avec elle le sac secret de l’été.
Depuis lors, les animaux de l’été et ceux de l’hiver se sont entendus pour partager les saisons.
Le partage se fit de manière à ce que chacun ait six mois d’hiver et six mois d’été.
Le Créateur savait que la Martre voulait protéger ses amis contre la famine et la mort. Il empêcha donc la Martre de retomber sur la Terre et la plaça parmi les étoiles.
Chaque année, la Martre traverse le ciel. Lorsque la flèche la touche, elle roule sur le dos dans le ciel d’hiver.
Lorsque l’hiver est presque terminé, elle se remet sur ses pieds et recommence à donner du temps chaud sur la Terre.
Source: Le Réseau canadien d'information sur le patrimoine, 2003
Déjà, sur le même blog...: http://pocombelles.over-blog.com/2014/06/une-belle-martre-est-morte.html
Une jeune martre femelle née au printemps, tuée par une auto (et laissée sur la chaussée) sur une petite route de la forêt de Rambouillet, dans les Yvelines. La martre est reconnaissable à son pelage brun cholocolat, à la tache orangée sous la gorge et à la truffe noire. Photo: Pierre-Olivier Combelles (septembre 2016).
Pieds nus sur la terre sacrée
Porcupine (Cheyenne). Photographie par Edward Curtis. Source: http://curtis.library.northwestern.edu/curtis/toc.cgi
Le Lakota était rempli de compassion et d'amour pour la nature. Il aimait la terre et toutes les choses de la terre, et son attachement grandissait avec l'âge. Les vieillards étaient littéralement épris du sol et ne s'asseyaient ni ne se reposaient à même la terre sans le sentiment de s'approcher des forces maternelles. La terre était douce sous la peau et ils aimaient à ôter leurs mocassins et à marcher pieds nus sur la terre sacrée. Leurs tipis s'élevaient sur cette terre dont leurs autels étaient faits. L'oiseau qui volait dans les airs venait s'y reposer et la terre portait, sans défaillance, tout ce qui vivait et poussait. Le sol apaisait, fortifiait, lavait et guérissait.
C'est pourquoi les vieux Indiens se tenaient à même le sol plutôt que de rester séparés des forces de vie. S'asseoir ou s'allonger ainsi leur permettait de penser plus profondément, de sentir plus vivement ; ils contemplaient alors avec une plus grande clarté les mystères de la vie et ils se sentaient plus proches de toutes les forces vivantes qui les entouraient...
Ces relations qu'ils entretenaient avec tous les êtres de la terre, dans le ciel ou au fond des rivières étaient un des traits de leur existence. Ils avaient le sentiment de fraternité envers le monde des oiseaux et des animaux qui leur gardaient leur confiance. La familiarité était si étroite entre certains Lakotas et leurs amis à plume et à fourrure, que, tels des frères, ils parlaient le même langage.
Le vieux Lakota était un sage. Il savait que le cœur de l'homme éloigné de la nature devient dur ; il savait que l'oubli du respect dû à ce qui pousse et à ce qui vit amène également à ne plus respecter l'homme. Aussi maintenait-il les jeunes gens sous la douce influence de la nature.
Chef Luther Standing Bear.
Pieds nus sur la terre sacrée.Textes rassemblés par Teri McLuhan. Photos de Edward S. Curtis. Denoël, Paris, 1974.
Edward S. Curtis: The North American Indian: http://curtis.library.northwestern.edu/curtis/toc.cgi
Pieds nus sur la terre sacrée.Textes rassemblés par Teri McLuhan. Photos de Edward S. Curtis. Denoël, Paris, 1974.
Tente de la famille de Mathieu Mark de La Romaine (Unamen Shipu) et de Pierre-Olivier Combelles au lac Monger (Québec-Labrador) en octobre 1992 lors du rassemblement de protestation des Indiens Montagnais (Innuat) de la Côte-Nord du Québec contre le projet de harnachement du lac Robertson par Hydro-Québec. Photo: Pierre-Olivier Combelles.
Camp de Pierre-Olivier Combelles au havre du Petit Mécatina, dans l'île du Petit-Mécatina, lors d'une expédition de 3 mois en bateau le long de la Basse Côte-Nord du Québec.
"La vie dans un tipi est bien meilleure. Il est toujours propre, chaud en hiver, frais en été, facile à déplacer. L'homme blanc construit une grande maison, qui coûte beaucoup d'argent, ressemble à une grande cage, ne laisse pas entrer le soleil et ne peut être déplacée; elle est toujours malsaine. Les Indiens et les animaux savent mieux vivre que l'homme blanc, personne ne peut être en bonne santé sans avoir en permanence de l'air frais, du soleil, de la bonne eau. Si le Grand Esprit avait voulu que les hommes restassent dans un endroit, il aurait fait le monde immobile; mais il a fait qu'il change toujours, afin que les oiseaux et les animaux puissent se déplacer et trouver toujours de l'herbe verte et des baies mûres; la lumière du soleil permet de travailler et de jouer,la nuit de dormir; l'été, les fleurs s'épanouissent et l'hiver elles dorment; tout est changement; chaque chose amène un bien; il n'est rien qui n'apporte rien.
L'homme blanc n'obéit pas au Grand Esprit. C'est pourquoi les Indiens ne peuvent être d'accord avec lui."
Flying Hawk, chef Sioux du clan des Oglalas
Folie, charité et philanthropie
Illustration extraite de: Quelques observations sur les Oyampi de l'Oyapock (Guyane française) par E. Aubert de la Rüe. Journal de la Société des Américanistes. Nouvelle série. Tome XXXIX (1950)
A Ouyapoc, ce 20 septembre 1736
(…) Les Palikours ont des coutumes assez singulières, mais dont nous ne pouvons être instruits que quand nous demeurons avec eux. Il y en a deux principalement qui me frappèrent : la première est que les enfants mâles vont tout nus jusqu’à l’âge de puberté : alors on leur donne la camisa : c’est une aune et demie de toile, qu’ils se passent entre les cuisses et qu’ils laissent pendre devant et derrière, par le moyen d’une corde qu’ils ont à la ceinture. Avant que de recevoir la camisa, ils doivent passer par des épreuves un peu dures : on les fait jeûner plusieurs jours, on les retient dans un hamac comme s’ils étaient malades et on les fouette fréquemment ; cela, disent-ils, sert à leur inspirer de la bravoure. Ces cérémonies achevées, ils deviennent des hommes faits.
L’autre coutume, qui me surprit bien davantage, c’est que les personnes du sexe y sont entièrement découvertes : elles ne portent que jusqu’au temps de leur mariage une espèce de tablier d’environ un pied en carré, fait d’un tissu de petits grains de verre, qu’on nomme rassade. Je ne sache point que dans tout ce continent il y ait aucune autre nation où règne une pareille indécence. J’espère qu’on aura peu de peine à leur faire quitter un usage si contraire à la raison et à la pudeur naturelle. Nous donnerons d’abord des jupes à toutes les femmes, et il y a lieu de croire qu’elles s’y accoutumeront, car j’en ai déjà vu quelques-unes en porter ; elles seront bien plus honnêtement couvertes qu’avec leur tablier. Nous avons aux environs de ce fort une petite nation qui se nomme Tocoyenes, où les femmes sont beaucoup plus modestes. Peu à peu, nous amènerons nos Chrétiens à s’habiller totalement. Outre la plus grande décence, nous leur procurerons un autre avantage, c’est qu’en leur faisant naître des besoins, ils en deviendront plus laborieux et seront par là moins exposés aux tristes suites de l’oisiveté. (…)
Lettre du P. Fauque, missionnaire de la Compagnie de Jésus, au P. de la Neuville, de la même Compagnie, Procureur des missions de l’Amérique.
Il fallait être bien fou pour écrire ces mots : « indécence », « usages si contraires à la raison et à la pudeur naturelle », « honnêtement couvertes », « modestes » « plus laborieux » « tristes suites de l’oisiveté », folie qui va de pair avec une incompréhension et une intolérance totales de la culture des indigènes. Culture qui leur avait précisément permis de survivre pendant des milliers, des centaines de milliers d’années, des millions d’années ; depuis l’origine du monde.
Ces sauvages étaient décents, raisonnables, honnêtes, modestes, laborieux quand ils n’étaient pas occupés à se reposer ou à se réjouir, ou à faire la guerre, selon les circonstances ; et cela à leur manière, qui n’était certes pas celle de France.
Vouloir réformer les mœurs et les croyances d’un peuple dans lequel on arrive en étranger, peut-il y avoir de plus grand crime et de plus grande folie ? Et c’est au nom de Dieu et de la charité que ce crime a été inconsciemment commis !
Mais n'est-ce pas encore au nom de Jésus-Christ et de la Vierge Marie -dieux si doux- et de l’amour chrétien, que les missionnaires ont défendu leurs ouailles contre les abus des colons qui eux, ne venaient pas pour convertir, mais pour spolier, mettre en esclavage ou détruire les indigènes ! Las Cases, défenseur des Indiens en Amérique du Sud.
Humboldt a bien résumé cela: "C'est le privilège de la religion de consoler l'humanité de certains des maux commis en son nom."
Au Canada français, les coureurs de bois couraient après leur liberté, et bien d’entre eux l’ont trouvée en vivant avec les indigènes et à leur manière, ce que des édits royaux n’ont pas tardé à interdire et à réprimer.
Ce qu’un étranger a de mieux à faire, c’est adopter les coutumes du peuple parmi lequel il s’installe, et à prendre les armes avec lui en cas d’agression de l’ennemi.
Pierre-Olivier Combelles
« Il y a une vingtaine d’années, les Indiens Chavantes, tribu insoumise du Rio Das Mortes au Centre du Brésil, massacraient deux missionnaires salésiens. L’année suivante, les confrères des victimes élevèrent à l’endroit du meurtre une croix et en signe de paix déposèrent à son pied les objets les plus propres à tenter les Indiens : verroteries, miroirs, haches, couteaux. Ils revinrent plusieurs années de suite et à chaque voyage renouvelaient leurs présents ; les Chavantes n’y touchaient pas. Un jour, ils trouvèrent la croix brisée ; les Indiens avaient enlevé le bras transversal, recueilli les cadeaux et mis à leur place des objets de leur fabrication : colliers, plumes, flèches. L’explication était simple, mais il fallait y penser : La croix, symbole de paix pour nous, est un symbole de guerre pour les Chavantes et pour beaucoup d’autres Indiens : deux bâtons, deux flèches entrecroisés indiquent des dispositions hostiles et lorsque les Chavantes, d’abord effrayés par la croix, voulurent démontrer leurs intentions pacifiques, ils la brisèrent et firent un échange de présents, tout en restant invisibles ».
Jehan Vellard, Dieux et parias des Andes – Les Ourous, ceux qui ne veulent pas être des hommes. Emile-Paul, Paris, 1954. Chapitre XIV : Caractère et évolution des Ourous, p. 236.
Carte du département de Junin, au Pérou (1855). Détail de la partie amazonienne: Indiens Ashanincas, appelés autrefois Campas.
« Des philanthropes plus ou moins éclairés ont longuement disserté sur les moyens de détruire l’anthropophagie ; la plupart ont nié cette abominable coutume, et ; regardant cette aberration comme une fiction inventée par les voyageurs, ont cru qu’on avait calomnié l’espèce humaine ; nous ne chercherons pas à réfuter ces idées spéculatives, résultat des rêves d’hommes paisibles et heureux au sein de leurs foyers qu’ils n’ont jamais perdus de vue. On rapporte qu’un gentilhomme écossais, que le désir de civiliser les Nouveaux-Zélandais enflammait, s’embarqua, en 1782, avec soixante paysans et tous les objets indispensables pour cultiver la terre ; son projet était de s’établir sur les bords de la rivière Tamise, ou dans la baie Mercure, et d’y apprendre aux naturels à défricher leur sol ; mais on n’en a jamais eu de nouvelles depuis. »
Voyage autour du monde entrepris par ordre du gouvernement sur la corvette La Coquille ; par P. Lesson, ancien correspondant de l’Institut. Tome IV. Bruxelles, 1839.