catholicisme
(Mgr. Guérard des Lauriers): Bref examen critique de la nouvelle messe, par les cardinaux Ottaviani et Bacci
Bref examen critique de la nouvelle messe
Ce texte a été écrit par le Révérend Père GUERARD DES LAURIERS, dominicain, docteur en théologie, professeur à l'université du Latran et signé par deux Cardinaux de "premier plan" le Cardinal OTTAVIANI (préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, la personnalité la plus importante après le Pape) et le Cardinal BACCI, éminent spécialiste de liturgie.
Le Bref examen critique a été écrit en 1969.
Lisez et téléchargez-le ici:
https://catholicapedia.net/Documents/pere_michel-louis_guerard_des_lauriers/Bref-examen-critique.pdf
Pour dire la vérité, il est nécessaire de vivre dans la vérité. On ne peut sentir comment la vérité mesure les choses et les vies, que si l'on vit soit-même dans la vérité.
P. Guérard des Lauriers, La charité de la vérité.
Mémento du Père Guérard des Lauriers o.p.
L'hommage de Sodalitium au grand théologien dominicain.
Père Guérard des Lauriers "Jésus est jugé, condamné, maltraité, crucifié, mis au tombeau. "Tout est consommé" (Jean XIX, 30). Ses amis les plus fidèles l'ont suivi jusqu'au bout. Mais c'est à contrecœur qu'ils quittent le tombeau. Marie aussi retourne à sa demeure. Ses compagnons reviendront : ils ne partent qu'avec la pensée d'un retour qui est comme une promesse de joie... Marie ne reviendra pas. Elle le sait. Elle quitte le tombeau de Jésus sans cet espoir incertain dans lequel les cœurs faibles aiment à se bercer. Marie aime plus que les autres, elle souffre plus que les autres, elle sait qu'elle ne retrouvera jamais Jésus comme " avant ". Marie croit et cela lui suffit. Quitte ton pays, la maison de ton père, et viens dans le pays que je te montrerai. "Et je ferai de toi une grande nation" (Gn XII, 1). Pars, ô Marie, pars de ce tombeau, qui serait le lieu de ton cœur de chair, et tu deviendras, dans la foi, la mère de tous les croyants... C'est toi, ô Marie, qui nous as appris à entreprendre le chemin de croix, et c'est toi qui nous as appris à le conclure."
Extrait de "La Voie Royale" de Mgr Guérard des Lauriers
Biographie du Père Guérard des Lauriers
Né en 1898 près de Paris, Michel Guérard des Lauriers fréquente les établissements laïcs d'enseignement. Il entre à l'Ecole Normale Supérieure [fondée en même temps que la Scuola Normale di Pisa] en 1921, et passe le concours de mathématiques en 1924.
Il étudie pendant deux ans à Rome, avec le professeur T. Levi-Civita, et prépare une thèse qu'il doit soutenir à la Sorbonne sous la présidence du professeur Elie Cartan.
Entré dans l'Ordre des Prêcheurs en 1925, il y fait sa profession en 1930, et est ordonné prêtre en 1931. Professeur à l'Université dominicaine du Saulchoir depuis 1933, il enseigne également à l'Université pontificale du Latran depuis 1961.
Ce séjour romain est l'occasion pour le père Guérard des Lauriers d'élaborer la partie doctrinale et de collaborer à la rédaction originale [due à Cristina Guerrini] de la lettre intitulée : " Bref examen critique du Novus ordo missae ", lettre adressée à Paul VI le 5 juin 1969 [fête de la Fête-Dieu], par les cardinaux Ottaviani et Bacci. Cette démarche vaut au Père Gérard des Lauriers d'être renvoyé du Latran en juin 1970, en même temps que le recteur Mgr Piolanti et une quinzaine de professeurs, tous jugés indésirables. Depuis lors, le Père Guérard des Lauriers vit "extra conventum, cum permissu superiorum".
Le Père Guérard des Lauriers est l'auteur de plusieurs ouvrages de théologie et de nombreux articles sur la philosophie des sciences, la critique de la connaissance et la théologie spirituelle. Il a été membre de l'Académie pontificale Saint-Thomas d'Aquin.
https://www.sodalitiumpianum.it/vida-mons-guerard-des-lauriers/
Folie, charité et philanthropie
Illustration extraite de: Quelques observations sur les Oyampi de l'Oyapock (Guyane française) par E. Aubert de la Rüe. Journal de la Société des Américanistes. Nouvelle série. Tome XXXIX (1950)
A Ouyapoc, ce 20 septembre 1736
(…) Les Palikours ont des coutumes assez singulières, mais dont nous ne pouvons être instruits que quand nous demeurons avec eux. Il y en a deux principalement qui me frappèrent : la première est que les enfants mâles vont tout nus jusqu’à l’âge de puberté : alors on leur donne la camisa : c’est une aune et demie de toile, qu’ils se passent entre les cuisses et qu’ils laissent pendre devant et derrière, par le moyen d’une corde qu’ils ont à la ceinture. Avant que de recevoir la camisa, ils doivent passer par des épreuves un peu dures : on les fait jeûner plusieurs jours, on les retient dans un hamac comme s’ils étaient malades et on les fouette fréquemment ; cela, disent-ils, sert à leur inspirer de la bravoure. Ces cérémonies achevées, ils deviennent des hommes faits.
L’autre coutume, qui me surprit bien davantage, c’est que les personnes du sexe y sont entièrement découvertes : elles ne portent que jusqu’au temps de leur mariage une espèce de tablier d’environ un pied en carré, fait d’un tissu de petits grains de verre, qu’on nomme rassade. Je ne sache point que dans tout ce continent il y ait aucune autre nation où règne une pareille indécence. J’espère qu’on aura peu de peine à leur faire quitter un usage si contraire à la raison et à la pudeur naturelle. Nous donnerons d’abord des jupes à toutes les femmes, et il y a lieu de croire qu’elles s’y accoutumeront, car j’en ai déjà vu quelques-unes en porter ; elles seront bien plus honnêtement couvertes qu’avec leur tablier. Nous avons aux environs de ce fort une petite nation qui se nomme Tocoyenes, où les femmes sont beaucoup plus modestes. Peu à peu, nous amènerons nos Chrétiens à s’habiller totalement. Outre la plus grande décence, nous leur procurerons un autre avantage, c’est qu’en leur faisant naître des besoins, ils en deviendront plus laborieux et seront par là moins exposés aux tristes suites de l’oisiveté. (…)
Lettre du P. Fauque, missionnaire de la Compagnie de Jésus, au P. de la Neuville, de la même Compagnie, Procureur des missions de l’Amérique.
Il fallait être bien fou pour écrire ces mots : « indécence », « usages si contraires à la raison et à la pudeur naturelle », « honnêtement couvertes », « modestes » « plus laborieux » « tristes suites de l’oisiveté », folie qui va de pair avec une incompréhension et une intolérance totales de la culture des indigènes. Culture qui leur avait précisément permis de survivre pendant des milliers, des centaines de milliers d’années, des millions d’années ; depuis l’origine du monde.
Ces sauvages étaient décents, raisonnables, honnêtes, modestes, laborieux quand ils n’étaient pas occupés à se reposer ou à se réjouir, ou à faire la guerre, selon les circonstances ; et cela à leur manière, qui n’était certes pas celle de France.
Vouloir réformer les mœurs et les croyances d’un peuple dans lequel on arrive en étranger, peut-il y avoir de plus grand crime et de plus grande folie ? Et c’est au nom de Dieu et de la charité que ce crime a été inconsciemment commis !
Mais n'est-ce pas encore au nom de Jésus-Christ et de la Vierge Marie -dieux si doux- et de l’amour chrétien, que les missionnaires ont défendu leurs ouailles contre les abus des colons qui eux, ne venaient pas pour convertir, mais pour spolier, mettre en esclavage ou détruire les indigènes ! Las Cases, défenseur des Indiens en Amérique du Sud.
Humboldt a bien résumé cela: "C'est le privilège de la religion de consoler l'humanité de certains des maux commis en son nom."
Au Canada français, les coureurs de bois couraient après leur liberté, et bien d’entre eux l’ont trouvée en vivant avec les indigènes et à leur manière, ce que des édits royaux n’ont pas tardé à interdire et à réprimer.
Ce qu’un étranger a de mieux à faire, c’est adopter les coutumes du peuple parmi lequel il s’installe, et à prendre les armes avec lui en cas d’agression de l’ennemi.
Pierre-Olivier Combelles
« Il y a une vingtaine d’années, les Indiens Chavantes, tribu insoumise du Rio Das Mortes au Centre du Brésil, massacraient deux missionnaires salésiens. L’année suivante, les confrères des victimes élevèrent à l’endroit du meurtre une croix et en signe de paix déposèrent à son pied les objets les plus propres à tenter les Indiens : verroteries, miroirs, haches, couteaux. Ils revinrent plusieurs années de suite et à chaque voyage renouvelaient leurs présents ; les Chavantes n’y touchaient pas. Un jour, ils trouvèrent la croix brisée ; les Indiens avaient enlevé le bras transversal, recueilli les cadeaux et mis à leur place des objets de leur fabrication : colliers, plumes, flèches. L’explication était simple, mais il fallait y penser : La croix, symbole de paix pour nous, est un symbole de guerre pour les Chavantes et pour beaucoup d’autres Indiens : deux bâtons, deux flèches entrecroisés indiquent des dispositions hostiles et lorsque les Chavantes, d’abord effrayés par la croix, voulurent démontrer leurs intentions pacifiques, ils la brisèrent et firent un échange de présents, tout en restant invisibles ».
Jehan Vellard, Dieux et parias des Andes – Les Ourous, ceux qui ne veulent pas être des hommes. Emile-Paul, Paris, 1954. Chapitre XIV : Caractère et évolution des Ourous, p. 236.
Carte du département de Junin, au Pérou (1855). Détail de la partie amazonienne: Indiens Ashanincas, appelés autrefois Campas.
« Des philanthropes plus ou moins éclairés ont longuement disserté sur les moyens de détruire l’anthropophagie ; la plupart ont nié cette abominable coutume, et ; regardant cette aberration comme une fiction inventée par les voyageurs, ont cru qu’on avait calomnié l’espèce humaine ; nous ne chercherons pas à réfuter ces idées spéculatives, résultat des rêves d’hommes paisibles et heureux au sein de leurs foyers qu’ils n’ont jamais perdus de vue. On rapporte qu’un gentilhomme écossais, que le désir de civiliser les Nouveaux-Zélandais enflammait, s’embarqua, en 1782, avec soixante paysans et tous les objets indispensables pour cultiver la terre ; son projet était de s’établir sur les bords de la rivière Tamise, ou dans la baie Mercure, et d’y apprendre aux naturels à défricher leur sol ; mais on n’en a jamais eu de nouvelles depuis. »
Voyage autour du monde entrepris par ordre du gouvernement sur la corvette La Coquille ; par P. Lesson, ancien correspondant de l’Institut. Tome IV. Bruxelles, 1839.
"Dieu attend là où sont les racines": lettre du P. Eloi Leclerc à Pierre-Olivier Combelles (8 décembre 1987)
J'ai retrouvé dans mon exemplaire de "Sagesse d'un pauvre" une très belle lettre que le Père Eloi Leclerc m'avait écrite en 1987, en réponse à celle que je lui avais adressée au sujet de la phrase "Dieu attend là où sont les racines" mise en exergue au début de son livre.
Je la partage avec les amis d'Eloi Leclerc et de Saint François d'Assise et avec tous ceux qui cherchent Dieu "là où sont les racines".
P.O.C.
Rennes le 8/12/87
Cher Monsieur,
Veuillez m'excuser du retard apporté à vous répondre. Votre aimable lettre m'a rejoint à Rennes où je suis depuis un peu plus d'un an.
La phrase: "Dieu attend là où sont les racines", n'est pas de moi. Je l'ai trouvée sous la plume d'un auteur qui l'attribuait au poète Rainer Maria Rilke.
Le sens de cette phrase, appliquée à St François, vous l'avez très bien défini dans votre lettre: "... la souffrance, les épreuves, le doute, tels que François les a connus, doivent nous dépouiller de tout le superflu afin que, par sa seule grâce, Dieu puisse faire croître la foi dans notre coeur."
Un décapage est nécessaire pour nous retrouver d'abord dans notre vérité. "Tel est l'homme devant Dieu, dit François, tel il est en réalité, sans plus." (Adm. 20)
Dans la foulée de ce sens, j'ajouterai ceci qui me semble important: La spiritualité n'est pas la nature reniée, mais la nature transfigurée. La vie spirituelle authentique ne s'édifie pas au-dessus ou à côté des forces premières de notre être, mais avec. Elle suppose une évangélisation des profondeurs et donc une réconciliation de tout l'être. Sur ce sens aussi, "Dieu attend où sont les racines."
Il attend dans ces forces de vie qu'il a mises en nous et qui aspirent à la liberté des enfants de Dieu. Sans cette évangélisation des nos forces premières, notre vie spirituelle ne peut être qu'une superstructure, une façade trompeuse.
François a compris qu'il fallait "apprivoiser" le "loup" qui était en lui, comme il est en chacun de nous. Le "loup", je veux dire l'agressivité, l'impatience, la volonté de réussir une oeuvre, de la marquer de son empreinte... bref ces forces vivantes et obscures qui ne peuvent voir le jour que dans la lumière de l'Esprit, mais dont la lumière de l'Esprit a besoin pour faire un homme de Dieu.
Je vous remercie de m'avoir écrit et de m'avoir témoigné par là de votre confiance.
Permettez-moi, en terminant, de vous souhaiter, dès à présent, une sainte et joyeuse fête de Noël. Quel mystère que l'Incarnation ! Quelle source de joie et d'espérance!
Bien amicalement vôtre
Père Eloi Leclerc
Œuvres du P. Eloi Leclerc:
Exil et tendresse. Editions Franciscaines, 1962.
Le Cantique des créatures ou le symbole de l'union. Fayard, 1970.
Le chant des sources. Editions Franciscaines, 1976.
Le peuple de Dieu dans la nuit. Editions Franciscaines, 1976.
François d'Assise ou le retour à l'Evangile. Desclée de Brouwer, 1981
Anilertunga !
"On dit que devenus vieux, se sentant un poids pour les leurs, les loups, les lions, les éléphants et d'autres - tous ceux qui vivent en bande et comptent les uns sur les autres - un beau soir, furtivement, sans mot dire, au détour d'une vallée, se glissent dans l'ombre, s'y enfoncent seuls, jusqu'à ce qu'ils aient trouvé la nuit... et la mort... En fin d'une journée, à la suite d'une chasse échevelée au cours de laquelle ils avaient été incapables de prendre le relais, ils avaient réalisé que leur présence était devenue un danger à la survie de la bande... et ils s'en étaient allés. Les Esquimaux, je l'ai déjà fait remarquer, font de même. Ils n'attarderont jamais les autres en s'attardant trop longtemps, tels cette vieille Komartak, que le P. Fallaize avait bien un peu prolongée en aidant les siens en cachette. Mais elle s'était aperçue du manège, bien sûr. Et un matin de sauvage tempête de neige, elle quitta l'igloo, et sans hâte aucune, tout naturellement, elle se faufila dehors, non sans sans dire "Anilertunga !" (Je sors un moment). En vérité elle sortait pour un bien long moment, pour toujours. On retrouva sa longue robe de peau accrochée à un rocher autour duquel le vent l'avait enroulée. Elle l'avait enlevée, suivant la coutume, pour que le froid gèle plus vite son sang, arrêtant la vie. Elle aussi s'était rendu compte qu'elle gênait à la communauté.. et "Anilertunga", je m'en vais."
Roger Buliard OMI, Inunuak - Mgr Pierre Fallaize, premier missionnaire et évêque des Esquimaux du cuivre. OPERA, Paris, 1972.
Lire à ce sujet l'admirable récit de Gabrielle Roy: "La rivière sans repos", que m'avait offert l'écrivain et poète québécois Pierre Morency, qui raconte l'histoire d'une vieille Esquimaude du Grand Nord canadien qui, soignée dans un hôpital de Montréal, retourne dans son pays et meurt en se jetant dans la mer, seule.
Sur Gabrielle Roy: http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabrielle_Roy