colonialisme
L'Emir Abd el Kader: « prince parmi les saints, et saint parmi les princes »
Râmakrishna. In: Jean Herbert: "L'enseignement de Râmakrishna", Albin Michel, coll. Spiritualités vivantes, Paris, 1942.
Mon cœur est devenu capable de toutes les formes :
il est un pâturage pour les gazelles et un couvent pour les moines chrétiens,
et un temple pour les idoles et la Ka'bah des pèlerins
et les tables de la Torah et le livre du Coran.
Je suis la religion de l'Amour : quel que soit le chemin que prennent les chameaux de l'Amour,
c'est ma religion et ma foi
Ibn Arabi
De la docte ignorance
“Et ils n’ont pas mesuré Allah à sa juste mesure”
(Coran 6: 91)
Ce verset signifie: ils n’ont pas proclamé la Grandeur de Dieu comme il conviendrait, selon ce qu’exige Son essence et ce qui est dû à Sa majesté; et cela leur est d’ailleurs impossible: il n’est pas au pouvoir de l’être contingent d’y parvenir; sa prédisposition essentielle (isti’dad) ne le lui permet pas.
Le pronom de la troisième personne du pluriel dans “Et ils n’ont pas mesuré” englobe tous les anges, les Esprits éperdus d’amours et, en dessous d’eux, les djinns et les hommes, y compris les Envoyés, les prophètes et les saints. Plus encore: il englobe jusqu’à l’intellect premier, l’Esprit de sainteté, qui est le premier des êtres créés et le plus proche des Rapprochés.
En effet, celui qui proclame la grandeur le fait à la mesure de la connaissance qu’il a de celui dont il proclame la grandeur. Or aucun être créé – qu’il soit de ceux dont les connaissances sont le fruit de la raison ou de ceux dont les connaissances proviennent des théophanies- ne connaît véritablement Allah, c’est-à-dire ne Le connaît tel qu’Il Se connaît Lui-même. Comment l’être fini pourrait-il connaître Celui qui est exempt de toute relation ou limitation? La plus savante des créatures au sujet d’Allah (i.e. le Prophète), elle-même, ne dit-elle pas: “Gloire à Toi ! Nous ne Te connaissons pas comme il conviendrait de Te connaître. Aucune louange ne T’embrasse. Tu es tel que Tu T’es loué Toi-même et ce qui est en Toi est hors d’atteinte de moi.”
Toutes les espèces de l’univers Le glorifient, et chacune affirme Sa transcendance à l’égard de ce que les autres professent à Son sujet: ce que l’un affirme, c’est précisément ce que nie l’autre. Cela vient de ce que tous sont voilés, quel que soit le degré qu’ils aient atteint. Celui qui professe la pure transcendance est voilé, celui qui professe la pure immanence est voilé, et voilé aussi celui qui professe les deux à la fois. Celui qui professe qu’II est absolu est voilé, et de même celui qui Lui attribue des limitations, et de même encore celui qui nie et ceci et cela. Quiconque Lui assigne un statut est voilé, dans une mesure que déterminent son rang et sa place auprès de Dieu: car il y a autant de voiles différents que de voilés. Et qu’on n’objecte pas que ce que je viens de dire est aussi une manière de Lui assigner un statut, car je répondrai que ce que j’ai dit ne procède pas de moi. C’est Lui-même qui l’a affirmé en disant: “Et leur science ne L’embrasse pas” (Cor. 20: 110); “Et Allah vous met en garde contre Lui-même” (Cor. 3: 28), nous dispensant par là de chercher à atteindre ce qui est inaccessible. Ses Envoyés nous ont dit la même chose. Lorsqu’il s’agit de l’Essence d’Allah, l’univers entier est stupide. Il n’est pas jusqu’au Plérôme suprême (al-mala’ al-a’la) qui ne soit en quête de Lui. Or on ne cherche que ce qui est absent là où on le cherche!
Cette quête n’a pas de terme; la connaissance de Dieu n’a pas de terme. Il ne peut être connu: n’est connaissable que ce qui procède de Lui, en tant qu’effet de Ses noms, non Son ipseité. C’est pourquoi l’ordre suivant fut donné à celui-là même qui, pourtant, détient la science des Premiers et des Derniers (i.e. le Prophète): “Dis: Seigneur, augmente-moi en science!” (Cor. 20: 114). Et il ne cesse de le dire, en tout état, toute station, tout degré, en ce monde, dans le monde intermédiaire et dans l’au-delà.
Cela étant, ce qui s’impose à nous, c’est de nous attacher fermement à la voie de la foi, d’accomplir les oeuvres prescrites et de suivre l’exemple de celui qui nous a apporté la Loi. Ce qu il a dit, nous le disons aussi, pour nous conformer à son exemple et comme simple interprète de sa parole- car c’est lui qui le dit, et non nous. Et ce qu’il a tu, nous le taisons- tout en appliquant la législation sacrée et les peines légales, et en attendant la mort.
Mawqif 359
OMS, vaccinations, perversion de la santé publique, néocolonialisme des transnationales... Entretien avec les Dr. Aseem Malhotra
Les grandes entreprises sont les nouveaux colonialistes.
Dr. Aseem Malhotra
Le cardiologue britannique Aseem Malhotra a patiemment tissé depuis dix ans un réseau de journalistes, politiciens et médecins. Grâce auquel il fait sortir des infos solides sur les vaccins ou les projets de l’OMS.
Visionnez l'excellent entretien ici:
https://essentiel.news/penetrer-forteresse-mediatique-possible/
Thierry Meyssan (Réseau Voltaire):Le « Parti colonial » français n’a toujours pas digéré la perte de son Empire
Le président François Hollande place son quinquennat sous les auspices de Jules Ferry, le chantre du colonialisme français. Il choisit simultanément le général Benoît Puga comme chef de son état-major particulier. Ce dernier n’est pas un militaire comme les autres, mais un grognard du colonialisme ayant sauté sur Kolwezi (sur ordre du président Giscard d’Estaing), supervisé les travaux du Mur de séparation en Palestine, et déjà servi comme chef d’état-major particulier (pour le président Nicolas Sarkozy).
Contrairement à une idée répandue, les Français n’ont jamais été partisans de la colonisation, mais un groupe de pression, auto-proclamé « Parti colonial », est parvenu à utiliser leur armée pour se lancer à la conquête de débouchés économiques. Ce groupe de pression, réanimé par les présidents Valéry Giscard d’Estaing, François Hollande, Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron, a posé les éléments de la crise actuelle à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie. Si la politique qu’ils ont imposée continue, les populations de ces territoires seront contraintes à la guerre pour retrouver leur dignité, comme ce fut le cas en Indochine et en Algérie.
Les deux France et la colonisation
Pour comprendre ce qui se passe, il faut garder en tête que la colonisation française n’a aucun rapport avec les formes de colonisation du Royaume-Uni, du Portugal, de l’Espagne ou des Pays-Bas. L’idéal républicain*, qui est celui de la France depuis le XVII°siècle (Henri IV est le premier monarque à s’être déclaré républicain), lui interdisait de coloniser exclusivement pour s’enrichir. Les chantres français du colonialisme prétendaient tous « faire œuvre de civilisation ». Par république, j’entends le fait de gouverner dans l’intérêt général et non dans celui d’une caste ou d’une classe sociale.
Du XVI° au XIX° siècle, la plupart des peuples colonisés ne disposaient ni de l’éducation des Européens, ni de leurs techniques. Certains souhaitaient combler ce fossé, d’autres, au contraire pensaient à l’exploiter. Tout au long de l’épopée coloniale, deux courant se combattaient en France, l’un pour l’émancipation, l’autre pour la colonisation. Cette bataille interne trouva son expression dans le débat parlementaire opposant le socialiste Jules Ferry au radical républicain Georges Clemenceau, le 31 juillet 1885 à l’Assemblée nationale.
Écoutons un instant le discours de Georges Clemenceau : « Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu’elles exercent, et ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation ». Voilà les propres termes de la thèse de Monsieur Jules Ferry et l’on voit le gouvernement français exercer son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures, c’est bientôt dit ! Pour ma part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrant scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande [1870] parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. Depuis ce temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et une civilisation, et de prononcer : homme ou civilisations inférieurs (…) Race inférieure, les Chinois ! avec cette civilisation dont les origines sont inconnues et qui paraît avoir été poussée tout d’abord jusqu’à ses extrêmes limites. Inférieur Confucius ! En vérité[...] on y peut voir des documents qui prouvent assurément que la race jaune [...]n’est en rien inférieure [à celle des Européens].
D’un point de vue économique, la colonisation française visait à trouver des débouchés pour exporter la production industrielle, tandis que la colonisation britannique visait, au contraire, à trouver des matières premières et à les mettre au service de l’industrie du Royaume-Uni.
D’un point de vue philosophique, la colonisation française a été justifiée par la théorie des races et de leur hiérarchie. Mais il était clair dès le début, qu’aucun Français ne pouvait y croire. Cet argument ressortait exclusivement de la communication politique. Au demeurant, à la différence des autres peuples coloniaux, les Français ont toujours tenté de comprendre la civilisation des pays où ils s’implantaient, et de se mélanger aux autres peuples. Au contraire, les Britanniques créaient des clubs exclusifs pour eux dans leurs colonies, tandis que les Allemands interdisaient les « mariages inter-raciaux » (1905).
Après la guerre franco-allemande de 1870, les nationalistes rêvaient de libérer l’Alsace-Moselle, dont, durant 48 ans, ils avaient recouvert de crêpe noire la statue qui orne la place de la Concorde. Au contraire, les partisans de la colonisation entendaient détourner les armées de leur mission de défense de la nation et en faire des « forces de projection », capables de conquérir de lointains horizons.
C’est pourquoi il est injuste aujourd’hui de juger la colonisation française comme un ensemble, qui serait bon ou mauvais en soi, car partout, les deux courants ont laissé leurs empreintes. Je me souviens avec émotion du président de l’Assemblée du Peuple syrien qui me fit visiter les bâtiments de son institution. Il m’expliqua d’abord qu’ils avaient été bombardés deux fois par le « Parti colonial » français. La première, en 1920, pour imposer le mandat de la SDN, la seconde en 1945, alors que la Syrie était indépendante depuis quatre ans et participait à la création des Nations unies. Après nous être inclinés devant le monument aux morts du parlement, le président me raconta l’histoire du jugement d’un leader révolutionnaire qui appelait à chasser l’occupant français. Devant le tribunal militaire, son avocat plaida que ce Syrien n’avait rien fait d’autre que son devoir patriotique, en pleine conformité avec l’idéal de la République française. Les jurés, désignés au hasard parmi les soldats français, décidèrent à l’unanimité de le libérer. Ce à quoi les généraux répondirent en les mutant dans d’autres colonies et en les plaçant en première ligne, dans l’espoir qu’ils tombent au champ d’honneur. Le président de l’Assemblée me fit alors part de ses réflexions : en définitive, beaucoup d’entre nous sont morts, victimes du « Parti colonial », mais vous aussi en France, vous avez payé le prix du même idéal qui nous anime tous deux. Par bien des égards, la colonisation française est une horreur, mais ce n’était pas la volonté de la France, puisque non pas un, mais la totalité des jurés qu’il avait cités, avaient fait cause commune avec les révolutionnaires syriens, et que le bombardement de 1945 fut une initiative du général Oliva-Roget à l’insu du gouvernement provisoire de Charles De Gaulle qui le limogera immédiatement.
Pourtant lorsque la décolonisation arriva, des militaires français qui venaient de libérer leur pays de l’occupation nazie, décidèrent de prolonger le rêve impérial. Le bombardement de Damas annonce les massacres de Haïphong (Indochine) et de Sétif (Algérie). Aussi livrèrent-ils des guerres atroces pour la grandeur de l’Empire. Ces hommes étaient convaincus qu’ils ne devaient pas abandonner les peuples conquis et partiellement intégrés dans la République. Leur engagement n’avait aucun rapport avec des partis politiques, certains étaient de droite, d’autres de gauche. Ils étaient juste incapables de penser du point de vue des peuples colonisés.
Ce blocage intellectuel se manifeste aujourd’hui encore à propos de la Nouvelle-Calédonie et de Mayotte. De nombreux Français sont incapables de penser le bien-fondé des indépendances. Le « Parti colonial » —qui n’a jamais été un parti politique, mais un lobby transpartisan— est toujours à l’œuvre. Pour convaincre les indécis, il lui suffit de cacher certaines pièces du puzzle. Mais, généralement, lorsqu’ils en sont informés, les Français prennent position pour les indépendances et s’excusent de ne pas les avoir soutenues jusque-là.
Les Français ont un vague souvenir du référendum national de 1988, approuvant les accords de Matignon. Ils savent qu’un processus de décolonisation avait été amorcé en Nouvelle-Calédonie et que, sous trente ans, les Kanaks décolonisés pourraient décider soit de rester au sein de la République, soit de devenir indépendants. L’idée qu’une fois éduqués, les peuples colonisés pourraient s’intégrer en pleine égalité au sein de la République figurait encore dans le texte de la Constitution jusqu’en 1995, sous le nom de « Communauté française » (Titre XII).
Les Français ne comprennent pas pourquoi une subite flambée de violence a coûté la vie à une dizaine de personnes et provoqué un milliard d’euros de dégâts.
La presse joue ici encore un rôle de propagandiste en masquant de nombreuses informations. Certes, par trois référendum locaux successifs, les Néo-Calédoniens ont rejeté leur indépendance. Le dernier (2021) l’a même rejeté à la majorité écrasante de 96,5 %. Certes, les indépendantistes ont massivement boycotté cette consultation, mais c’est, nous dit-on, parce qu’ils étaient sûrs de perdre. Pas du tout ! Ils ont demandé le report du scrutin d’abord d’un an, puis par esprit de compromis, de deux mois seulement. L’archipel était traversé par la pandémie de Covid-19. De nombreuses personnes âgées étaient mortes. Dans la culture kanak, un deuil d’un an est requis après chaque décès. Il était donc impossible aux indépendantistes de mener une campagne électorale dans cette période, de même qu’il était impossible pour leur peuple, durant ce deuil, de décider de son indépendance au sein ou à l’extérieur de la République. En définitive, ils proposèrent de réduire le report du scrutin de deux mois afin de pouvoir accomplir leurs rites funéraires. Le refus par le président Emmanuel Macron de tout arrangement a été perçu comme un refus de leur culture. Non seulement les indépendantistes ont donc boycotté ce référendum, mais avec eux presque tous les Kanaks. Ce n’était pas une question politicienne, mais culturelle. Le respect et la confiance qui avaient été forgés en trente ans ont été balayés en trois ans.
Comme si cela ne suffisait pas, le processus de l’Accord de Matignon prévoyait un transfert irréversible de certaines compétences de Paris à Nouméa. En outre, à l’issue du processus de décolonisation et des trois référendum locaux, le corps électoral néo-calédonien serait élargi aux personnes s’étant installées sur le territoire après 1988. Les partisans du rattachement à la République, ou pour être plus clair, les partisans de la colonisation, firent un forcing pour effectuer au plus vite ce réajustement. Démographiquement, les Kanaks sont en effet devenus minoritaires chez eux. Les « loyalistes » (sic) ont organisé diverses manifestations auxquelles les Kanaks ont répondu par des contre-manifestations réunisant deux fois plus de monde. Le président Emmanuel Macron a alors inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale et du Sénat la convocation des deux assemblées en Congrès pour inscrire dans la Constitution le nouveau corps électoral néo-calédonien. C’est ce qui a mis le feu aux poudres.
Les « loyalistes » et le président Emmanuel Macron sont donc les seuls responsables de l’arrêt du processus de décolonisation et des émeutes qui ont suivies. Le voyage éclair du président Macron en Nouvelle-Calédonie n’a pas apporté quoi que ce soit de nouveau. Au contraire, il a confirmé, par son absence de propositions, qu’il continuerait à ne pas écouter les Kanaks et à mépriser leur culture. Il est donc certain que la situation ne pourra que s’aggraver dans les trois prochaines années. Il est peu probable que le successeur d’Emmanuel Macron sera en mesure de réparer ses dégâts. Les États riverains considèrent tous que la Nouvelle-Calédonie gagnera son indépendance par la force. Aussi, pour protéger leurs ressortissants de la violence de la révolution qui vient de commencer, les ont-ils rapatriés.
La principale source de richesse de la Nouvelle-Calédonie, c’est l’exploitation du Nickel. Celle-ci est répartie entre deux sociétés, la SLN et Prony Ressources. Elles disposent d’une organisation à l’anglaise qui permet de masquer l’identité de leurs actionnaires. Avant l’accord de Matignon (1988), le secteur était entièrement contrôlé par les Rothschild, anciens employeurs d’Emmanuel Macron.Le cas de Mayotte est très différent dans la mesure où il n’y a pas de mouvement indépendantiste, mais une volonté des Comores de refaire leur unité comme la France avait refait la sienne en récupérant l’Alsace et la Moselle. Ce point, je l’indiquais plus haut, les partisans de la colonisation n’en voulaient pas.
En 1973, la France avait négocié un accord avec le président du Gouvernement du territoire, Ahmed Abdallah Abderamane. Il fut signé par le ministre de l’Outre-mer, le centriste Bernard Stasi. Paris s’engageait à organiser un référendum d’indépendance dans tout l’archipel et de ne pas les diviser.
Les Comores votèrent massivement pour leur indépendance, à l’exception de l’île de Mayotte. Les partisans de la colonisation firent alors valoir que l’article 53 de la Constitution de 1958 précise que « Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans le consentement des populations intéressées ». Or, Mayotte a été achetée par la France avant le reste de l’archipel et la loi référendaire précisait que Paris appliquerait la volonté « des populations » et non pas de « la population ». Le président Valéry Giscard d’Estaing, qui avait été partisan de l’Algérie française, décida de séparer Mayotte de l’archipel. L’Union des Comores entra aux Nations unies, sans Mayotte. À l’époque presque tous les États-membres de l’Onu s’indignent du non-respect par la France de son engagement écrit de 1973.
Par la suite, le « Parti colonial », qui n’a pas plus digéré cette indépendance que les autres, tentera de récupérer le contrôle du reste de l’archipel. Les deux courants qui se sont affrontés à propos de la colonisation se combattirent à nouveau. Mais depuis la fin de l’indépendance de l’Algérie, le « Parti colonial » ne pouvait plus compter sur l’armée. Il s’appuya donc sur un ancien soldat passé au privé, le « mercenaire » Bob Denard. En définitive, le président Nicolas Sarkozy, en 2009, transforma Mayotte en département, comme cela était le cas de l’Algérie avant de son indépendance.
Aujourd’hui, l’afflux de Comoriens à Mayotte provoque des violences généralisées, alors qu’il n’y a pas de violence dans l’Union des Comores. D’un point de vue français, ces migrants sont illégaux, mais d’un point de vue comorien, ce sont les Français sur place qui sont illégaux. En 2023, le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, a déployé 1 800 policiers dans le cadre de l’opération Wuambushu (reprise en main). C’est un peu plus qu’aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie. Pendant ce temps on scandait « Non à la France », « Non à la présence française à Mayotte » dans de grandes manifestations à Moroni.
Mayotte est nécessaire à l’armée française. Elle y stationne une unité de la Légion étrangère qui contrôle les îles Glorieuses (elles-mêmes territoire de Madagascar illégalement occupé par la France). Surtout, elle y dispose d’un centre d’interception électromagnétique connecté au réseau Échelon des « Cinq yeux » (Australie, Canada, États-Unis, Nouvelle-Zélande et Royaume-Uni).
C’est pourquoi les États qui souffrent de l’espionnage occidental soutiennent d’ores et déjà le rattachement de Mayotte à l’Union des Comores. C’est notamment le cas de la Russie et de la Chine.
Conclusion
Certains des territoires et départements d’Outre-Mer n’ont pas fait l’objet de colonisation, par exemple l’île de la Réunion était déserte avant de devenir propriété de la France. D’autres, comme la Guadeloupe et la Martinique ont été colonisés, puis décolonisés. La France peut donc les conserver de plein droit tant que les populations autochtones l’acceptent. Cependant, elle doit conserver à l’esprit que tout abandon des populations locales les poussera à exiger leur indépendance. C’est ce qui s’est passé en Nouvelle-Calédonie.
Dans d’autres cas, comme à Mayotte, la France a violé sa parole en divisant les Comores. Quelle que soit la suite des évènements, elle n’est plus chez elle et devra un jour restituer cette île à l’archipel dont elle l’a privée.
Thierry Meyssan
Source: https://www.voltairenet.org/article220933.html
* NDLR Et avant de devenir républicain, chrétien et catholique.
Sur le même sujet et sur le même blog
https://pocombelles.over-blog.com/2022/02/une-tragique-meprise.html
et, d'une manière générale:
https://pocombelles.over-blog.com/tag/exploration/
A propos de l'annexion peu glorieuse de l'archipel des Marquises en 1842 par la France (Herman Melville, "Taïpi").
Si le sentiment d'amour qui me lie à cet endroit, à ce peuple, à cet homme, à cette femme, etc., est sincère, j'ai pu faire aussi de la poésie. S'il n'est pas sincère, j'ai fait simplement de la littérature.
Pier Paolo Pasolini, à propos de Médée et des Mille et une Nuits (1969).
http://pocombelles.over-blog.com/2020/11/amour-sincerite-poesie-ou-litterature-pasolini.html
Les illustrations ci-dessus sont extraites du passionnant catalogue de l'exposition "Trésors des îles Marquises" réalisée en 1995 sous la direction de Michel Panoff par le Muséum national d'Histoire naturelle, l'ORSTOM (aujourd'hui IRD) et la Réunion des Musées nationaux au Musée de l'Homme du Trocadéro, à Paris.
Il est entièrement disponible en ligne ici:
http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers11-10/42889.pdf
Nuku Hiva sodalane Auteurs : Hermann Ludwig von Löwenstern ou Wilhelm Gottlieb Tilesius Date : 1803/1806. Cette aquarelle montre un guerrier tatoué de Nuku Hiva. Médiathèque historique de Polynésie. https://mediatheque-polynesie.org/nuku-hiva-sodalane-guerrier-de-nuku-hiva-18031806/
"Les Polynésiens étaient essentiellement guerriers. Ils avaient comme armes des frondes, des lances, des casse-têtes, des massues d'un bois très dur, des poignards en os et des haches faites d'une pierre attachée par des cordes à un manche en bois. La fabrication de ces haches devait leur demander beaucoup d'efforts, car ils ne disposaient pour les tailler et les polir que de coquillages et de cailloux. Les indigènes connaissaient aussi l'arc et les flèches, mais sauf aux Gambier et à Pâques, ils ne s'en servaient que pour s'amuser.
Les indigènes savaient élever des fortifications : celles-ci se composaient presque toujours de fossés et de palissades.
Il y en avait d'importantes dans l'île Nuka-Hiva de l'archipel des Marquises, mais les plus formidables se trouvaient dans l'île Rapa-iti dont les sommets étaient couronnés par des forts en pierres sèches à terrasses superposées dominées elles-mêmes par des tours. On en peut voir encore les ruines aujourd'hui.
Les peuplades se faisaient des guerres terribles mais ne se livraient de batailles rangées que pour s'emparer d'une baie : elles l'attaquaient alors par terre et par mer. Les combats d'embuscade, où la ruse jouait le principal rôle, étaient bien plus fréquents. Malheur aux prisonniers! Ils étaient impitoyablement immolés en l'honneur des dieux. Aux îles Marquises ainsi qu'aux Tuamotu, on les mangeait même.
Dans les îles-du-Vent et les îles-sous-le- Vent, le cannibalisme avait disparu au moment de la venue des Européens ; toutefois les captifs étaient égorgés. Lorsque la lutte aboutissait à l'envahissement d'un village, les vainqueurs massacraient les femmes et les enfants, pillaient et brûlaient les cases, abattaient jusqu'aux arbres et ravageaient les campagnes. C'est ainsi que les populations des îles Eiao et Hatutu des Marquises furent exterminées vers 1838 par la tribu des Taï-Pii de la côte nord de Nuka-Hiva. Ces anthropophages dévastèrent tellement ces îles qu'ils n'y laissèrent que des cochons sauvages 1. Maintenant encore, elles sont inhabitées.
Aux Marquises, d'ailleurs, la sauvagerie était devenue si implacable que plusieurs tribus ne pouvaient plus y vivre : ce n'était que guerres perpétuelles, suivies d'exécutions continuelles de prisonniers. Dans certaines vallées, par crainte d'une surprise des tribus ennemies, la moitié des indigènes passait les nuits à veiller pendant que l'autre dormait. On comprend facilement que, dans ces conditions, des tribus faibles aient accueilli avec bienveillance l'arrivée des Français."
Eugène Caillot: Histoire de la Polynésie orientale. Ernest Leroux, Paris, 1910
Keatonui, un chef de Nuku Hiva. Hermann Ludwig von Löwenstern ou Wilhelm Gottlieb Tilesius. https://mediatheque-polynesie.org/langue/russe/
Marquisien de Nuku Hiva se laissant tatouer (1814). Hermann Ludwig von Löwenstern ou Wilhelm Gottlieb Tilesius. Source: https://mediatheque-polynesie.org/langue/russe/
"L'expédition des Marquises avait appareillé de Brest au printemps de 1842, et le secret de sa destination n'était connu que de son seul commandant (NDLR: le vice-amiral Abel Aubert du Petit-Thouars, dont une rue de Lima porte le nom). On ne saurait s'étonner que ceux qui complotaient une si insigne violation des droits de l'humanité aient tenté d'en voiler l'énormité aux yeux du monde. Et pourtant, en dépit de leur conduite inique en cette matière comme en de bien d'autres, les Français se sont toujours targués d'être la plus humaine et la plus civilisée de toutes les nations. D'où l'on peut déduire qu'un haut degré de raffinement ne suffit pas après tout à maîtriser nos mauvais penchants; si on jugeait de la civilisation sur certains de ses résultats, il semblerait peut-être meilleur pour ce qu'il est convenu d'appeler le monde barbare de rester inchangé."
Herman Melville, Taïpi.
Source: Herman Melville: "Taïpi". Traduit de l'anglais par Théo Varlet et Francis Ledoux, Gallimard, collection Folio (1952).
Titre original de l'édition anglaise (1846): Typee - A peep of Polynesian life during a four month's residence in a valley of the Marquesa's with notices of the french occupation of Tahiti and the provisional cession of the Sandwich Islands to Lord Paulet.
Après avoir entendu parler de ce livre pendant de très longues années, j'ai enfin lu Taïpi de Melville. J'avoue qu'il m'a mis mal à l'aise. C'est le récit autobiographique d'un marin qui déserte avec un camarade lors d'une escale de leur baleinier dans l'île de Nuku Hiva aux Marquises et qui trouvent refuge, après maintes péripéties, auprès d'une tribu d'une vallée reculée. Cette tribu a la réputation d'être cannibale. Sauvés de la mort, ils sont séduits par l'hospitalité de ce peuple qui les soigne, les nourrit, les accueille et plus encore, leur propose de faire définitivement partie des leurs par le tatouage, ce que Melville refuse avec horreur. Son camarade s'enfuit et Melville fait de même quelque temps après, rejoignant un bâtiment sur la côte.
Un séjour de trois de trois semaines seulement, mais qui semble beaucoup plus long dans le livre.
La description de cette des Marquises et des mœurs remarquables de ses habitants présente un certain intérêt. On a cependant du mal à faire la part entre la part personnelle et les lectures de l'auteur, qui a certainement du se documenter beaucoup. Melville critique avec perspicacité l'hypocrisie et le caractère nuisible de la civilisation européenne, mais quand il s'agit de rester vivre dans ce Paradis avec ceux qui lui ont sauvé la vie, il refuse au nom de la "liberté", non sans s'être moqué de la coutume du tatouage qu'il juge répugnante et barbare, alors qu'elle symbolise le courage de la personne et son appartenance définitive au groupe.
Melville, sans aucun regret ni aucune reconnaissance, va s'enfuir lâchement et en blessant même gravement un des guerriers qui voulait l'intercepter à la nage dans la pirogue qui le conduit vers le baleinier australien.
Bref, d'admirateur de la culture polynésienne, Melville lui tourne le dos pour retourner vivre dans ce monde occidental qu'il critiquait au départ si vivement. Et pourquoi faire ? Pour aller écrire et vendre aux États-Unis des livres écrits à partir de son expérience, plus ou moins romancée. Bref un négoce, avec la gloire littéraire (et l'argent) à la clé. Taïpi est d'ailleurs dédié "à Lemuel Shaw, président de la Cour Suprême de l'Etat du Massachussets, dont Melville épousera la fille en 1847". https://fr.wikipedia.org/wiki/Taïpi
Personnellement, je trouve cette conduite égoïste et immorale. C'est un triste exemple qu'il donne aux lecteurs.
On trouve la clé de ce surprenant comportement dans l'essai de Roger Garaudy "Les mythes fondateurs de la politique américaine - Qu'est-ce que l'antiaméricanisme", au début duquel il cite cette phrase de Melville : "Nous les Américains, sommes un peuple particulier, un peuple élu, l'Israël de notre temps: nous portons l'arche des libertés." (America as a civilization, p. 893)*.
Melville ne pouvait pas aimer vraiment ni être fidèle à un peuple qu'il méprisait par principe, au fond de lui-même, tout en lui étant très inférieur, sur tous les plans (physiquement, moralement, culturellement).
Garaudy, lui, a vécu, pensé et écrit avec des principes totalement opposés.
Finalement, Taïpi de Melville est un livre de littérateur peu utile pour ceux qui s'intéressent vraiment aux mœurs anciennes des habitants du Pacifique, et qui laisse un goût amer quand on l'a refermé. Mieux vaut se documenter aux sources des vrais marins et explorateurs. Parmi eux, le Journal peu connu du voyage autour du monde de Camille de Roquefeuil à bord de La Bordelaise de 1816 à 1819, qui consacre de nombreuses pages de son livre aux Marquises (Tome I, chapitres VI et VII, décembre 1817). Il est presque certain pour moi que Melville l'a lu, sans le citer. Dans son ouvrage, Roquefeuil consacre un paragraphe très péjoratif aux déserteurs des bateaux occidentaux (extrait ci-dessus). Cela concerne Melville qui avait déserté.
En tous cas, je comprends pourquoi j'ai attendu si longtemps pour le lire.
Melville est un romancier qui fait figure de savant "illuminé" (Moby Dick), mais j'avoue que maintenant, j'éprouve de l'aversion pour lui.
Par ailleurs, je n'idolâtre pas les œuvres artistiques au point de les mettre au-dessus des personnes et des devoirs envers Dieu et la société, et d'une manière générale, au-dessus de la vérité et de la justice. Je n'ai aucun intérêt pour ce qu'on appelle "la littérature". J'aime la vraie beauté.
Pierre-Olivier Combelles
* http://rogergaraudy.blogspot.com/2010/08/les-mythes-fondateurs-de-la-politique.html
Je dédie cet article à mon arrière-grand-père maternel le chef d'escadron de Marine Théodore Louis Emile Steinmetz, fils de François, Louis Steinmetz et de Dame Claire Hunold (Nancy 12 septembre 1859 - Versailles 1940),
Chevalier (30 décembre 1898, à Saint Louis du Sénégal)) puis Officier de la Légion d'honneur (4 mai 1916)
qui servit la France dans les colonies françaises d'Afrique et de Nouvelle-Calédonie
https://www.lhistoire.fr/la-nouvelle-calédonie-«-une-colonisation-pas-comme-les-autres-»
(l'aigle pêcheur est le balbuzard pêcheur, Pandion haliaetus melvillensis, mwämarak en kanak: https://books.openedition.org/sdo/599?lang=fr )
https://www.letemps.ch/culture/laigle-pecheur-sanglote-liliade-peuple-kanak-rendue-aux-siens
https://www.youtube.com/watch?v=RYRTw52Jgm0
https://www.youtube.com/watch?v=q7skkXwuD-8
https://www.youtube.com/watch?v=4DJRcSEkftI
(bambous de voyage gravés kanak) https://journals.openedition.org/jso/6928
catholique pratiquant,
dont l'avancement fut bloqué dans l'Affaire des Fiches en 1905,
d'humeur taciturne semble t-il, et rentré malade des colonies,
excellent officier selon son ami et voisin à Versailles le général comte Colonna de Giovellina,
arrière-grand-père que je n'ai pas connu,
mort dans la demeure familiale du 46 rue Saint-Louis à Versailles où j'ai passé mon enfance et ma jeunesse, un vaste et haut "hôtel particulier" (comme on dit) du XVIIIe siècle, avec cour, jardin, potager, écuries ... totalement opposé aux cases kanak de Nouvelle Calédonie qu'il avait vues sans doute et que j'aime tant car elles ressemblent à la maison idéale que j'ai imaginée.
La maison familiale où je suis né, dans le Quartier Saint Louis à Versailles (en bas à droite de la photo).
Arrière-grand-père dont je ne sais presque rien de la vie outremer en dehors de quelques états de service et strictement rien de ses relations sur place avec les indigènes,
qui n'était certes pas encore né lors de l'expédition de du Petit-Thouars dans le Pacifique,
qui n'avait sans doute jamais lu Herman Melville, Joseph Conrad, Eugène Caillot ou Victor Segalen (auteur des Immémoriaux), la Bhagavad Gita
ni peut-être aucun ouvrage sur l'histoire des peuples du Pacifique (je n'en ai jamais vu le moindre dans les bibliothèques de ma famille),
mais qui avait rapporté de ses voyages des flèches et des armes en bois indigènes, sûrement kanak, qui dormaient oubliées dans le grenier de la maison familiale de Versailles et auxquelles j'allais régulièrement rendre visite lorsque j'étais enfant,
et dont j'ai hérité de l'épée, soigneusement entretenue,
des cantines militaires, dont je me sers toujours,
de l'excellent Dictionnaire de Marine de l'Amiral Willaumez (1831), qui m'a toujours été d'une grande utilité,
et d'une conque marine (triton) dont je vais faire un vrai pūtātara (shanka en Inde) pour converser avec les dieux et les esprits de mes autres ancêtres de part la nature,
et qui voyagea par le monde et vécut sur des terres lointaines avant moi, mais certainement pas comme moi.
R.I.P.
Pierre-Olivier Combelles
Eléments biographiques de Théodore Louis Emile Steinmetz sur la Base Léonore:
Le triton (Charonia tritonis) rapporté du Pacifique par mon arrière-grand-père Emile Steinmetz. Coll. et photo: Pierre-Olivier Combelles.
Le 31 octobre 2019, fête de la Toussaint
Cher arrière-grand-père,
Parmi les objets qui me viennent de vous et que je conserve pieusement, il y a un grand coquillage; une conque, triton ou trompe marine, que vous aviez certainement rapporté de Nouvelle-Calédonie. Il est nu, tel que sorti de la mer et ramassé sur la plage d'une île. Je le garde précieusement avec moi. J'ai scié la pointe pour en faire cet instrument de musique sacré appelé pūtātara dans le Pacifique, pu aux Marquises et pututo dans les Andes du Pérou et de la Bolivie. En Inde, la conque, shankha, est un attribut des dieux. Le son qu'il produit: OM, est le son primordial, originel. Un même objet, un même nom ou presque pour un usage identique, et décoré de la même manière traditionnelle d'un bout à l'autre du Pacifique. Voyez-vous, il symbolise pour moi la parenté des peuples d'Austronésie-Amérique. Il me manque de fabriquer l'embouchure en bois sculpté et de le décorer de pendentifs pour le faire résonner dans les Andes et sur les eaux du Pacifique afin de lui redonner vie en communiquant avec les esprits des ancêtres d'ici et d'ailleurs, avec l'âme du monde.
Pierre-Olivier Combelles
Ecoutez ici le pūtātara: https://www.rnz.co.nz/audio/player?audio_id=2508838
Affiche de ma conférence sur les Peuples du Pacifique au Muséum d'histoire naturelle de Lima (Université nationale majeure de San Marc) en 2012
"La mer, c'est l'espace immense, l'infini, la communion et la composition avec les Eléments: l'eau, le vent, le ciel, les astres et le cosmos la nuit, les phénomènes météorologiques, les innombrables créatures marines. C'est l'aventure et l'exploration, la rencontre avec d'autres navigateurs, d'autres navires, la découverte d'autres contrées, d'autres peuples, d'autres hommes, d'autres moeurs. C'est avant tout la curiosité, la hardiesse, l'amour de la liberté: "Homme libre, toujours tu chériras la mer ! (Baudelaire). Mais la mer, c'est aussi le parfum de la terre que l'on sent au large avant même de l'apercevoir; parfum chaud, épicé, envoûtant, parfum surtout des arbres et des forêts, comme je l'ai senti en Méditerranée au large de la Corse et une nuit de pleine lune orange, devant la côte obscure, sans une lumière de ville, de village ou de phare, du Labrador... La mer, d'une forêt à l'autre... "
PO Combelles.
http://pocombelles.over-blog.com/2017/01/un-parfum-de-foret.html
Je dédie aussi cet article à Dominique Kaiha, de l'île Ua Pou, dans les Marquises, que j'avais rencontré en 1994 au chantier archéologique préhistorique de Pincevent, près de la forêt de Fontainebleau, au bord de la Seine:
http://oceanien.over-blog.fr/tag/sculpture%20aux%20marquises/3
Mais pas au sophiste francophone Alain Finkielkraut qui a déclaré récemment: "on change l'enseignement de l'histoire de la colonisation et l'histoire de l'esclavage dans les écoles. Maintenant, l'enseignement de l'histoire coloniale est exclusivement négatif. Nous n'apprenons plus que le projet colonial a aussi apporté l'éducation, a apporté la civilisation aux sauvages".
https://www.nouvelobs.com/societe/20051123.OBS6303/finkielkraut-les-noirs-et-les-arabes.html
"Sauvages" ? "La civilisation", ah la bonne blague ! comme si la culture française ou occidentale était la seule au monde ! Et d'ailleurs, de quelle civilisation française parle-t-il ? Celle du XIIIe siècle, chansons de geste et amour courtois ? Celle du XVIIe siècle ? Cela m'étonnerait. Celle des "Lumières" et de la Révolution française alors ! quelle ignorance, quel aveuglement et quelle arrogance! Comment ce monsieur a-t-il pu devenir académicien ? Il fait honte à la France, la vraie France, celle de toujours, celle des fleurs de lis et de la droite, vaillante et généreuse noblesse.
ANNEXE
Un correspondant, M. René Doudard, qui a voyagé aux Marquises, m'envoie aimablement ses notes à propos de Taïpi de Melville:
En 1842, le futur auteur de Moby Dick, alors jeune marin en quête d’expériences, débarque aux îles Marquises. Sa rencontre avec une tribu indigène lui inspire son premier succès littéraire, Taïpi.
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Note critique :
Tant que le mythe durera…
A la même période 1844, en Angleterre, Wilkie Collins âgé de 20 ans écrit le manuscrit de « Iolani ou les maléfices de Tahiti » sans avoir jamais mis les pieds en Océanie.
Tant de journaux de bord américains, tant de descriptions et de récits parus aux Etats-Unis bien avant 1840, et longtemps après, tous ces textes ou extraits très probablement publiés dans les journaux du pays car ces récits offraient aux lecteurs une vision quasi de l’au-delà et possiblement ou nécessairement tronquée sur les continents lointains dits exotiques. Il y avait ainsi une source documentaire suffisante pour ceux ou celles qui avaient la faculté ou le talent d’écrire des romans exotiques, ou d’aventure ou de voyage selon la demande des éditeurs.
Toutefois, une bloggeuse passionnée de littérature écrit à propos de « Oomo » un autre livre de Melville :
« Ne se contentant pas de relater les faits dont il se souvient (n’ayant pas pris de notes) et de commenter ses observations, l’auteur remanie et réimagine en effet son expérience dans un récit très documenté mêlant la réalité à la fiction. Il n’hésite pas ainsi à inventer – avec un talent manifeste – des détails, des événements ou des personnages pour corser son récit, et il ne se prive pas, surtout, d’emprunter aux auteurs contemporains de récits de voyages – et dans une moindre mesure aux auteurs de romans d’aventures – pour étoffer son récit et le nourrir de nombreuses digressions informatives lui conférant plus de véracité. Avec aplomb, il présente même souvent ces informations comme résultant de sa propre observation ou provenant de proches sources indigènes ! Mais Herman Melville s’approprie tous ces emprunts avec génie, les transformant de manière très personnelle en une littérature de qualité. La littérature n’est-elle pas en partie l’art du plagiat, un art auquel on reconnaît les grands ? »
Cf. http://l-or-des-livres-
On peut penser que Melville a procédé de la même manière… pour écrire Typee.
Peut-être existe-t-il quelque part une analyse critique de Typee qui ferait l’inventaire de ses emprunts.
Car en effet, Typee n’est « en fait, ni une autobiographie littérale ni une pure fiction ». Melville « s’est inspiré de ses expériences, de son imagination et de nombreux livres de voyage pour faire valoir son savoir-faire lorsque le souvenir de ses expériences était insuffisant ». Il s’est écarté de ce qui s’est réellement passé de plusieurs manières, parfois en prolongeant des incidents factuels, parfois en les fabriquant, et parfois par ce qu’on peut appeler «des mensonges purs».
Le séjour réel d’un mois sur lequel Typee est basé est présenté comme étant quatre mois dans le récit ; Il n’y a pas de lac sur l’île sur laquelle Melville aurait pu faire du canoë avec la belle Fayaway, et la crête que Melville décrit grimper après avoir quitté le navire qu’il a peut-être vu sur une gravure. Il s’est largement inspiré des récits contemporains des explorateurs du Pacifique pour ajouter à ce qui aurait autrement été une simple histoire d’évasion, de capture et de ré-évasion. La plupart des critiques américains ont accepté l’histoire comme authentique, bien qu’elle ait provoqué l’incrédulité chez certains lecteurs britanniques.
En 1939, le professeur d’anglais de l’Université Columbia, Charles Robert Anderson, publia Melville dans les mers du Sud, dans lequel il expliqua que Melville n’avait passé qu’un mois (au lieu des quatre mois déclarés par Melville) et qu’il avait commis de nombreux emprunts à de nombreux récits de voyage.
Si le sentiment d'amour qui me lie à cet endroit, à ce peuple, à cet homme, à cette femme, etc., est sincère, j'ai pu faire aussi de la poésie. S'il n'est pas sincère, j'ai fait simplement de la littérature.Pier Paolo Pasolini, à propos de Médée et des Mille et une Nuits (1969).
Menteur, affabulateur, littérateur immoral en quête de renommée imméritée et d'argent, voilà ce qu'est Hermann Melville.
P.O.C.
Et avant l'annexion peu glorieuse des Marquises par la France, voici l'origine de sa découverte par les Espagnols, plus précisément par un vice-roi du Pérou, dont elles portent le titre. Ceci est raconté par le grand marin français méconnu Eric de Bisschop, dont la valeur est trop grande pour être comprise par mes contemporains et célébrée par la France. C'est la fameuse parabole asiatique de la grenouille de puits et la grenouille de mer.
Parti de Tahiti le 8 novembre 1956 à bord de son radeau Tahiti Nui pour rejoindre les côtes d'Amérique du sud, Bisschop gagna le Chili, puis à bord de Tahiti Nui II, navigua jusqu'au Pérou et au port du Callao, d'où était parti Mendana cinq siècles plus tôt, il prit le cap le 13 avril 1958 vers la Polynésie où il arriva sur les récifs de Rakahanga dans les îles Cook et mourut le 30 août 1958.