france
La loi, la tyrannie, la Terreur (Bonald, Bernanos)
"Dans une société en révolution, le défaut, ou, pour parler plus exactement, l'absence de pouvoir légitime, constitue tout homme qui en reconnaît l'autorité Ministre du pouvoir pour combattre l'erreur par ses écrits, et même la tyrannie par ses armes, dès qu'il peut le faire avec probabilité de succès. C'était à tous de conserver la société, c'est à chacun à la rétablir. D'ailleurs, l'homme qui combat pour la vérité est défendu par elle, et il a pour lui ce qu'il y a de plus fort au monde. les partisans des bonnes et vieilles maximes remplissent donc le plus saint des devoirs en restant en insurrection permanente, au moins de pensées et d'actions privées, contre ce que les tyrans et leurs esclaves appellent la loi, et qui n'est autre chose que des opinions absurdes, ou atroces, qu'un petit nombre d'hommes pervers a imposées à un grand nombre d'hommes faibles."
Louis-Gabriel-Ambroise, vicomte de Bonald (1754-1840), Du pouvoir et du devoir dans la société.
Régine Pernoud: ce que l'on pensait des marchands au Moyen-Âge
Ci-dessous, une anecdote à propos de Jacques Cœur, dans laquelle Régine Pernoud rappelle que tout Chrétien se trouvait affranchi en touchant le sol de France. La France est une terre de liberté.
Un commentaire que m'adresse aimablement Alain Sennepin (https://europe-tigre.over-blog.com/) à propos de Jacques Cœur:
*A mes yeux, il ne fait guère de doute que la première révolution bourgeoise en France commence en 1357 avec Etienne Marcel (qui prône l'exemption totale des impôts pour les bourgeois et leur multiplication par 4 pour le peuple, et l'égorgement des conseillers du dauphin devant celui ci forcé de porter la cocarde rouge et bleue en 1358), avec de nouveaux soubresauts, les massacres de la "réforme cabochienne" en 1413 (et la prise de la Bastille le 27 avril de la même année), l'épisode lui aussi haut en couleurs de Capuche en 1418, pour aboutir à la fusion des deux couronnes en 1420... Avant la Résurrection...*
Rencontre avec Régine Pernoud (2 novembre 1982) à propos du Moyen-Âge et de la place de la femme et de la famille dans la société française
Régine Pernoud (1909-1998), École des Chartes, était une archiviste-paléographe et historienne, spécialiste du Moyen-Âge.
Visionnez l'entretien sur la chaîne Youtube de Radio-Canada Archives:
https://www.youtube.com/watch?v=ynfQxqifaa0
Pour Régine Pernoud, l'ascension de la bourgeoisie dans le monde urbain à partir du XIe siècle correspond au déclin de la femme et aussi à celui de la famille, très stable à l'époque féodale. Au Moyen-Âge les garçons étaient majeurs à 14 ans et les filles à 12 ans. Cette stabilité familiale explique pourquoi le Moyen-Âge a été aussi une époque de pionniers, de voyageurs. Les gens du Moyen-Âge étaient des "gyrovagues" (pèlerinages). Le christianisme a joué un rôle majeur dans l'émancipation de la femme.
Entretien avec Régine Pernoud sur Christine de Pizan (France-Culture, 1982)
https://www.youtube.com/watch?v=lETJYQf4D90
Et pour une "mise à jour" sur la corruption de l'enseignement en France depuis, écoutez cet entretien franc et percutant avec Claire Colombi, une femme qui mérite parfaitement son beau prénom. Elle aussi a lu Régine Pernoud.
https://www.youtube.com/watch?v=cIrNgBsguGw&list=TLGGJ_cDHu0xupgzMDA5MjAyNA
" C'est dans une charte de 1007 qu'apparaît pour la première fois le mot bourgeois promis à une si étonnante fortune. " Fortune, en effet, et au sens propre du mot. Né du bourg et du commerce, le bourgeois entreprend au XIème siècle une irrésistible ascension qui le conduira du colportage à la grande banque. Dans ce premier tome, Régine Pernoud retrace avec érudition mais vivacité les premières étapes de cette histoire de la bourgeoisie qui commence comme une grande aventure avec la prodigieuse émergence des villes, la conquête des routes lointaines, l'assaut donné au pouvoir politique, les défis lancés à l’Église.
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016 . Suite
Sous la rubrique Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis, j'ai écrit ces articles et les ai publiés sur le site de l'association Auffargis-Environnement dont j'ai fait partie de 2014 à 2016. Ils ont disparu avec la suppression brutale du site par son ancienne présidente et fondatrice Madame Sophie Noël, sans avertissement préalable ni excuses. Les rescapés, retrouvés dans mes archives, sont incomplets pour certains. L'association commençait à gêner beaucoup d'intérêts privés ou pseudo-publics: projets immobiliers abusifs, pollution par l'agriculture industrielle, pollution par les ondes électro-magnétiques, coupes à blanc de l'ONF, destruction de sites naturels et d'espèces protégées, mettant en cause la responsabilité de la Mairie, du PNR, tout cela dans l'indifférence et l'individualisme quasi-absolus des habitants de ce petit village bourgeois des Yvelines dans la forêt de Rambouillet et du parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, PNR dont la bureaucratie n'a jamais rien fait pour améliorer la situation et nous aider. Depuis mes articles, par exemple, la belle prairie située entre la rue Creuse et le bois des Vindrins a été lotie, une aberration à tous les points de vue (la partie basse étant en plus une zone humide). Un projet signé... Nexity.
Pierre-Olivier Combelles
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Mercredi 21 janvier 2015
Danger traversée d'animaux !
Un soir de février de cette année, à la nuit tombée, je revenais en voiture à Auffargis par la route de l’Artoire lorsqu'une compagnie de cinq gros sangliers a traversé soudainement devant moi, de droite à gauche, pour passer du côté du bois du château de l’Artoire. J’ai freiné brusquement et je me suis arrêté pour les laisser passer. J’ai heureusement l’habitude de rouler doucement sur cette route qui traverse la forêt, 50km/h environ. La voiture qui roulait juste derrière moi s’est arrêtée aussi. Si j’avais roulé plus vite, j'aurais percuté les sangliers et l’autre voiture m’aurait percuté. Ce jour-là, j'ai évité un grave accident. L’autre automobiliste et les animaux aussi. Je transportais mes filles jumelles de 7 ans ½, assises sur la banquette arrière.
J'ai donc écrit à la mairie pour demander la pose de panneaux de signalisation. Ma demande a été transmise à la DDT (ex DDE) qui a donné son accord. Les deux panneaux de signalisation ont donc été installés cet été à l'entrée et à la sortie d'Auffargis, route de l'Artoire.
Triangulaires, blancs bordés de rouge, ils sont ornés d'un « cerf bondissant à senestre ». Méditant sur cette figure unique, j'ai pensé à tous nos autres voisins des bois, ce peuple discret qui paie son tribut quotidien au trafic automobile : sangliers, chevreuils, blaireaux, renards, lièvres, lapins, écureuils, martres, fouines, belettes, hérissons, crapauds, grenouilles, couleuvres, lézards, oiseaux diurnes et nocturnes, escargots, limaces, insectes, etc. Il ne se passe pas de jour ou de nuit sans que nous en trouvions écrasés sur la chaussée par ces monstres rapides, bruyants, puants et aux yeux aveuglants que sont les autos, les motos, les camions et les autocars.
Il est grand temps que nous changions nos habitudes et que nous pensions à vivre en bonne intelligence avec le monde qui nous entoure. Pas seulement avec nos semblables, nos frères humains, mais aussi avec nos frères animaux et végétaux; toutes ces créatures visibles ou invisibles qu'on appelle aujourd'hui la « biodiversité ». C'est une longue cohorte qui devrait être peinte autour de ce cerf sur les panneaux « Danger traversée d'animaux »...
Nous avons la chance d'habiter un village rural entouré de belles forêts, de campagnes et d'étangs. Levons le pied de l'accélérateur, non seulement pour respecter les enfants et les grandes personnes, mais aussi la nature dont nous ne sommes qu'une infime mais dangereuse partie.
Pierre-Olivier Combelles - Auffargis, octobre 2014
(ancien membre du laboratoire d'Ethnobiologie-Biogéographie du Muséum national d'Histoire naturelle)
Sur le même sujet: Pierre-Olivier Combelles: une belle martre est morte
https://pocombelles.over-blog.com/2014/06/une-belle-martre-est-morte.html
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Mercredi 24 juin 2015
Alisier mon ami
Si vous allez du côté de Vieille-Eglise, arrêtez-vous au carrefour de la route d'Auffargis et de celle du Perray à Saint Benoît. Passez la barrière du chemin qui part en diagonale, faites quelques mètres et là, à droite, de l'autre côté de la clôture, vous apercevrez un arbre qui ressemble de prime abord à un chêne, mais qui n'en est pas un. Son tronc de divise en deux à un mètre ou deux du sol. Regardez par terre: vous trouverez des feuilles qui ressemblent à celles de l'érable, mais moins grandes, les lobes du bas souvent écartés. En automne, elles sont d'un rouge pourpre, orangées ou jaune d'or. Cet arbre, c'est un alisier torminal (Sorbus torminalis), de la famille des Sorbiers. (...)
Pierre-Olivier Combelles
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Jeudi 25 juin 2015
La pollution à Auffargis
1) Pollution atmosphérique
Pollution d'origine extérieure (Paris) http://planete.gaia.free.fr/climat/aerologie/pollution.idf.html
Chauffage domestique
gaz d'échappement des véhicules
Fumées des avions (CO2, oxydes d'azote, métaux lourds...) : http://lesdessousdelaviation.org/
Pluies acides retombant sur la forêt et la végétation
2) Pollution sonore
Véhicules (rues et routes d'Auffargis, N10, avions)
3) Pollution électro-magnétique
Antenne-relais
Wi-Fi domestique
Téléphones portables
Lignes à haute et moyenne-tension
4) Pollution lumineuse
Lampadaires municipaux
Phares des véhicules la nuit
5) Pollution de la nappe phréatique et des cours d'eau par les produits chimiques utilisés dans les cultures autour d'Auffargis
6) Nuisances occasionnées par la circulation automobile
La question qui se pose: met-on sa santé en péril en habitant Auffargis (nous ne pensons pas seulement à nous, les hommes, mais à l'ensemble des êtres vivants) ?
La pollution coûte très cher à la société. C’est la conclusion d’un rapport tout juste rendu public de la sénatrice écologiste Leila Aïchi. Entre les dépenses de santé directement provoquées par la pollution, les coûts indirects liés aux décès prématurés et l’impact sur la baisse des rendements agricoles, la perte de biodiversité, la dégradation des bâtiments ou encore les dépenses de prévention, le coût global de la pollution de l’air en France tourne autour de 100 milliards d’euros par an selon les évaluations de la parlementaire.
Suite de l'article sur Basta:
http://www.bastamag.net/La-pollution-de-l-air-creuse-le-trou-de-la-secu-et-coute-cher-a-la-societe
(...) Enfin, ce rapport de la commission d’enquête du Sénat sur la pollution de l’air, intitulé : « le coût de l'inaction », qui affiche le chiffre astronomique de 100 milliards d’euros par an, en dépenses de santé, absentéisme dans les entreprises ou baisse des rendements agricoles… « La pollution atmosphérique n’est pas qu’une aberration sanitaire, mais une aberration économique », écrivent mes collègues sénateurs. Et je ne sache pas que nous avons affaire ici à de dangereux ultras de l’écologie ! Constat qui s’ajoute à celui de l’OMS selon lequel les particules fines provoquent 42000 morts prématurées par an, en France. (...)
Noël Mamère:Le gouvernement est pathologiquement sensible aux lobbies Reporterre, 23 juillet 2015 : http://www.reporterre.net/Le-gouvernement-est-pathologiquement-sensible-aux-lobbies
Informations AIRPARIF pour la commune d'Auffargis: http://www.airparif.asso.fr/etat-air/air-et-climat-commune/ninsee/78030
Des enfants qui naissent « prépollués »
1er octobre 2015
Les substances chimiques auxquelles les populations sont quotidiennement exposées ont des effets sur la santé de plus en plus manifestes. C’est le sens de l’alerte publiée jeudi 1er octobre dans l’International Journal of Gynecology and Obstetrics par la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique (FIGO). Elle met en avant la responsabilité de certains polluants de l’environnement dans les troubles de la fertilité et souligne l’urgence d’agir pour réduire l’exposition aux pesticides, aux polluants atmosphériques, aux plastiques alimentaires (bisphénol A, phtalates…), aux solvants, etc. C’est la première fois qu’une organisation regroupant des spécialistes de santé reproductive s’exprime sur les effets délétères de ces polluants, présents dans la chaîne alimentaire et dans l’environnement professionnel ou domestique.
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Vendredi 26 juin 2015
Le Chêne aux Loups du Bois des Vindrins
Les personnes qui auraient des informations sur le mystérieux "Chêne aux Loups" dont un carrefour (photo ci-dessous) et une route du Bois des Vindrins portent le nom sont invitées à nous écrire dans la rubrique Commentaires de cet article. Ce nom nous fait souvenir que les loups, aujourd'hui de retour en France, ont été présents dans les Yvelines depuis des temps immémoriaux.
Pierre-Olivier Combelles
Sur l'histoire des loups en Ile-de-France
D'après l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, la population de loups sur le territoire national était de 282 en 2014. Si elle s'étend toujours plus de l'est vers l'ouest de la France, elle est en baisse par rapport à 2013 (301). Le nombre de "prélèvements" augmente. Pourtant le loup est une espèce protégée en France. Nous parlons des loups à quatre pattes, car il y a aussi les loups à deux pattes, une espèce aussi protégée en France, mais infiniment plus dangereuse et nuisible pour l'homme et pour la nature. Et beaucoup plus dangereuse aussi que les dieux de la nature... P.O.C.
Serge Reggiani: Les loups
https://www.youtube.com/watch?v=8v77VIxElwM#t=169
HOMME ET LOUP - 2000 ans d'histoire:
http://www.unicaen.fr/homme_et_loup/cas_loups_paris.php
Sur l'expansion actuelle du loup en France:
http://www.networkvisio.com/n31-france/gazette-loup.html
L'observatoire du loup
http://www.observatoireduloup.fr/#
http://www.breizh-info.com/17516/actualite-environnementale/loup-moins-100-km-paris/
Sur l'histoire du loup en Beauce:
http://www.thebookedition.com/le-loup-autrefois-en-beauce-jacques-baillon-p-108902.html
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Jeudi 2 juin 2016
Inondations à Auffargis (31 mai 2016)
Sur le même sujet et sur le même blog:
Inondations: Auffargis à la pompe !
https://pocombelles.over-blog.com/2017/11/inondations-auffargis-a-la-pompe.html
et
https://pocombelles.over-blog.com/2019/03/il-n-est-jamais-trop-tard-pour-un-naturaliste.html
https://pocombelles.over-blog.com/2014/06/une-belle-martre-est-morte.html
https://pocombelles.over-blog.com/2016/06/le-peuple-de-l-herbe.html
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis. Articles de Pierre-Olivier Combelles sur la nature et l'environnement à Auffargis (Yvelines, France) 2014-2016
Sous la rubrique Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis, j'ai écrit ces articles et les ai publiés sur le site de l'association Auffargis-Environnement dont j'ai fait partie de 2014 à 2016. Ils ont disparu avec la suppression brutale du site par son ancienne présidente et fondatrice Madame Sophie Noël, sans avertissement préalable ni excuses. Les rescapés, retrouvés dans mes archives, sont incomplets pour certains. L'association commençait à gêner beaucoup d'intérêts privés ou pseudo-publics: projets immobiliers abusifs, pollution par l'agriculture industrielle, pollution par les ondes électro-magnétiques, coupes à blanc de l'ONF, destruction de sites naturels et d'espèces protégées, mettant en cause la responsabilité de la Mairie, du PNR, tout cela dans l'indifférence et l'individualisme quasi-absolus des habitants de ce petit village bourgeois des Yvelines dans la forêt de Rambouillet et du parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, PNR dont la bureaucratie n'a jamais rien fait pour améliorer la situation et nous aider. Depuis mes articles, par exemple, la belle prairie située entre la rue Creuse et le bois des Vindrins a été lotie, une aberration à tous les points de vue (la partie basse étant en plus une zone humide). Un projet signé... Nexity.
Pierre-Olivier Combelles
Dimanche 18 janvier 2015
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Le biologiste, moraliste et académicien Jean Rostand (1894-1977) a écrit un jour : « Je n'ai jamais eu besoin de voyager. J'ai toujours trouvé assez d'exotisme dans mon petit jardin pour me dépayser». Pour découvrir la faune et la flore sauvages, pour admirer les étoiles, nul n'est besoin de quitter Auffargis. Dans les forêts, les prairies et les jardins qui nous entourent, mille espèces sont là pour nous rappeler que nous ne sommes pas seuls au monde. Même si les animaux paient un tribut toujours plus lourd à la circulation automobile. Même si les populations d'oiseaux diminuent sans cesse à cause des pesticides répandus dans les champs et de la pollution chimique, sonore, lumineuse et électro-magnétique(1).
C'est pourquoi nous ne parlerons pas des tristes champs des environs, ou presque pas, dans cette nouvelle chronique, mais plutôt des prairies, comme celles qui bordent notre village entre la rue Creuse, la rue de Saint Benoît et la forêt. Prairies où courent les enfants, où volent les papillons, où chantent les grillons, où fleurissent les belles orchidées, où paissent les chevreuils le soir et où brament les cerfs en automne. Prairies menacées par des projets immobiliers… Cette année, fin septembre, un jeune et vigoureux six-cors y avait établi ses quartiers avec son petit troupeau de biches. On l'entendait bramer le soir à coups brefs et entrecoupés, répondant à d'autres cerfs invisibles dans la forêt environnante, du côté des Vindrins et du ru des Vaux de Cernay.
Caché dans la haie de chênes de la rue Creuse, mes jumelles nocturnes à la main, j'ai regardé les cerfs sortir de la forêt, se faufiler prudemment, tête basse, le long de la lisière, émerger du brouillard pour s'avancer dans la prairie au fur et à mesure que la nuit s'épaississait.
Les biches broutaient tranquillement l'herbe. Le six-cors bramait à côté d'elles puis disparaissait. Dans les bois on entendait alors les bruits furieux des branches brisées et des chocs sourds : les cerfs qui se battent, se poursuivent ou qui attaquent violemment les arbustes avec leurs bois, déchiquetant les branches.
La nuit était maintenant là, les étoiles brillaient dans le ciel, voilées par endroits par le brouillard. Les Pléiades prenaient leur envol à l'est comme un cerf-volant scintillant, comme une broche de diamants agrafée sur le manteau de la nuit. L'automne, les Pléiades et Cernunnos(2) étaient de retour dans notre forêt de Rambouillet, vestige de l'antique forêt des Carnutes…
Pierre-Olivier Combelles (octobre 2014)
(1) Voir par exemple les rapports de la Société d'Études ornithologiques de France (SEOF) à ce sujet :
http://seofalauda.wix.com/seof
(2) Cernunnos : dieu gaulois de la prospérité et des saisons, vraisemblablement Dis Pater, le dieu Père des Gaulois évoqué par César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules.
Monoculture de colza aux alentours d'Auffargis dans un champ cultivé chaque année en blé ou en colza (donc sans jachère) et arrosé de pesticides et d'engrais chimiques (YaraBela Extran). On voit que rien ne pousse en dehors du colza. Photo: Pierre-Olivier Combelles, avril 2015
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Mercredi 21 janvier 2015
Pour une campagne propre autour d'Auffargis
Chaque année, les champs de céréales (blé, colza) qui entourent Auffargis sont couverts de montagnes d'engrais chimiques et arrosés de déluges de pesticides. C'est visible: la terre est morte, blanchie, et sent mauvais. Tous les promeneurs qui empruntent la route des Cinq Cents Arpents qui va des Essarts à l'abbaye des Vaux de Cernay ou les cyclistes qui vont à Vieille-Eglise ou au Perray en ont fait l'expérience. L'eau de pluie ruisselle et forme des mares toujours plus grandes sur le sol tassé par les énormes engins agricoles (plusieurs dizaines de tonnes). Pas besoin de l'analyse des célèbres microbiologistes des sols Claude et Lydia Bourguignon ou de l'agronome japonais Manasobu Fukuoka, pionnier de la permaculture, pour le constater. Les populations d'oiseaux sont aussi en baisse constante en Ile-de-France à cause des pesticides, tout le monde s'en rend compte et les organismes scientifiques le prouvent (SEOF, CORIF, LPO(1)). Les abeilles et les insectes pollinisateurs sont menacés.
A grand renfort d'affiches, certaines communes de la région, comme Les Essarts-le-Roi, se targuent de ne plus utiliser de pesticides sur les parterres publics. Mais quid des cultures qui nous environnent et nous polluent ? Il ne s'agit plus là de quelques ares de plates-bandes fleuries d'espèces horticoles exotiques, mais de milliers d'hectares qui, de plus, alimentent directement les nappes phréatiques et les cours d'eau. Ces cultures sont-elles OGM ? Quels sont les pesticides employés ? Le Roundup(2) ? Les habitants de la région doivent être informés.
On le sait, l'agriculture industrielle sert moins à nourrir (mal) les gens qu'à produire des profits financiers, notamment au secteur agro-chimique, aux grands semenciers, aux constructeurs de matériel agricole et aux banques. Dans ce système où le consommateur est captif, le petit agriculteur est le pot de terre : un tous les deux jours se suicide au doux pays de France.
Ce que dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est d'une agriculture de proximité et d'une sylviculture(3) écologiques, consacrées en priorité à la consommation nationale et non plus à l'exportation, responsables, démocratiques, respectueuses des terroirs et de la biodiversité et organisées sur le long-terme. Dans les communes voisines du Parc, il y a des fermes biologiques qui produisent et vendent des fruits et des légumes sains. Pourquoi n'y en a-t-il pas à Auffargis ? Pourquoi l'épicerie du village ne vend-elle pas en priorité les produits frais locaux ? Pourquoi, en dehors des forêts et des zones humides à protéger, l'espace serait-il obligatoirement consacré à l'agriculture industrielle, à l'urbanisation et aux infrastructures routières ?
Il n'y a pas la politique et la gestion de collectivités d'une part et l'environnement de l'autre. Il n'y a qu'une seule et même attitude compréhensive, responsable et « citoyenne » à l'égard des hommes et de la nature dont nous faisons humblement partie.
Pierre-Olivier Combelles
(1) Société d'Etudes Ornithologiques de France, Centre Ornithologique de la Région d'Ile de France, Ligue pour la Protection des Oiseaux. Sur le déclin des oiseaux, des papillons et des chauves-souris en Ile de France: http://www.paris.fr/pratique/paris-au-vert/nature-et-biodiversite/le-point-sur-la-biodiversite-en-ile-de-france/rub_9233_stand_92511_port_22522
(2) D'après le Pr. Gilles-Eric Seralini, le Roundup, l'herbicide le plus utilisé au monde est responsable « de graves perturbations hépatiques et rénales, ainsi que des hormones sexuelles et l'apparition de tumeurs mammaires ». (http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/06/24/toxicite-du-roundup-et-d-un-ogm-seralini-republie-son-etude-controversee_4444396_3244.html9
(3) Forêts naturelles diversifiées et non plus monocultures d'espèces, souvent étrangères, à croissance rapide (pin sylvestre, chêne d'Amérique) ANNEXE
(...) La volonté de notre Chambre (commerce-industrie, métiers de l’agriculture) c'est de représenter un corps vivant, dont les différentes composantes se vivifient l'une l'autre. On ne peut faire cohabiter des parties vivantes et des parties moribondes. La terre est faite pour nourrir les gens du pays avec les produits du pays, c'est à dire pour assurer l'autosuffisance alimentaire. Un gel généralisé serait suicidaire. Et l'insolvabilité de l'agriculture ne peut qu'ébranler toute l'économie. Si l'on ne veut plus que notre société fabrique des exclus, il faut revenir à la ferme de polyculture qui entretenait naturellement l’environnement par l'assolement et l'association culture-élevage, petite entreprise familiale qui crée plus d'emplois que la grande. C'est vraiment un comble de voir l’agriculture devenir une nuisance. Les solutions ne peuvent être que multiples et variées. Selon les régions et les latitudes, il faut encourager les productions sous contrat, les productions liées à la clientèle de proximité, l'agriculture biologique, etc.
Nos pays se prêtent bien aussi à l'alternance des tâches par un travail mi agricole, mi industriel, où nos PME et nos artisans peuvent jouer un rôle essentiel de relais sans déracinement. Si nous voulons défendre la préférence communautaire contre un mondialisme qui est une idée fausse, il faut conserver à l'Europe ses originalités, ses particularismes, ses " pays ", avec leur incomparable qualité de vie. Une civilisation est aussi la rencontre entre un peuplement et un territoire. En face d'une trop grande concentration urbaine, nous avons besoin d'une meilleure irrigation géographique. Alors, l'économie, de maîtresse, deviendra servante. Nos Capétiens n'étaient-ils pas des paysans rassembleurs de terres et faiseurs d'enfants ? " (...)
Henri Eschbach, Lettre n° 111 de la Chambre de commerce du Jura – 2e trimestre 1992 (H. Eschbach était Président de la Chambre de Commerce du Jura à cette époque). Source: http://pocombelles.over-blog.com/page-4634309.html
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Mardi 2 juin 2015
Orchidées et fleurs des prairies.
Les vastes et belles prairies qui bordent Auffargis à l'est et au sud entre le Bois des Vindrins, la rue Creuse et la rue de St. Benoît, pâturage des chevreuils, des cerfs et des sangliers de la forêt, abritent au printemps plusieurs espèces d'Orchidées et de fleurs remarquables. En voici quelques-unes, qu'il faut admirer avant qu'elles ne disparaissent, détruites par la fauche ou le broyage intempestifs ou par les projets immobiliers*.
Admirez-les, mais ne les cueillez pas. Elles sont protégées !
Pierre-Olivier Combelles
* En France, la surface d'un département est artificialisée tous les 7 ans: http://www.reporterre.net/Artificialisation-des-sols-les N.B. Toutes les photos ont été prises dans et autour des prairies d'Auffargis.
La prairie de la rue Creuse début juin, en fin d'après-midi. La Croix St-Jacques est un peu plus loin, à droite des maisons qu'on aperçoit au fond. Au crépuscule, les cerfs et les chevreuils sortiront de la forêt pour pâturer. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015)
Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha). Les fleurs exhalent, surtout la nuit, un délicieux parfum de vanille.C'est pour attirer les papillons de nuit qui aspirent avec leur trompe le nectar contenu dans les longs éperons. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015)
Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha). Détail. Photo: Pierre-Olivier Combelles (2015)
Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha). Détail. Photo: Pierre-Olivier Combelles (juin 2015).
Une autre Ophrys abeille, quelques mètres plus loin. Ces Orchidées vivent souvent en petites colonies de 5 ou 6 exemplaires, comme ici, sur les pelouses sèches et bien exposées. Comme leur nom l'indique, les Ophrys imitent certains insectes pour les attirer et assurer leur pollinisation. Mais elles peuvent aussi s'auto-féconder. Les graines minuscules privées de réserves nutritives ne peuvent germer qu'en présence d'une espèce spéciale de champignon. Photo: Pierre-Olivier Combelles, Auffargis, 14 juin 2015.
Les orchidées sont menacées en France Les quatre espèces d'orchidées (160 espèces en France, sur un total de 779 genres et 22500 espèces dans le monde) que nous avons rencontrées dans les prairies d'Auffargis et aux alentours immédiats: la Platanthère à fleurs verdâtres (Platanthera chlorantha), l'Orchis pourpre (Orchis purpurea), l'Orchis bouc (Himantoglossum hircinum) et l'Ophrys abeille (Ophrys apifera), sont inscrites sur la liste des espèces menacées sur le territoire national. Communiqué de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature):
La Liste rouge des orchidées de France métropolitaine
Selon l’état des lieux effectué, une espèce d’orchidées sur six pourrait disparaître du territoire métropolitain.
La première analyse jamais réalisée sur les 160 espèces d’orchidées présentes en France métropolitaine montre que 27 d’entre elles sont menacées de disparition du territoire, et que 36 autres sont proches de le devenir sans une attention particulière portée à leur situation.
Ces résultats sont le fruit d’un travail commun mené par le Comité français de l’UICN, le Muséum national d’Histoire naturelle, la Fédération des conservatoires botaniques nationaux (FCBN) et la Société française d’orchidophilie (SFO).
Communiqué de l'UICN avec le lien vers la Liste rouge des espèces menacées en France: http://www.uicn.fr/Liste-rouge-orchidees.html
Bibliographie
Orchidées d'Europe. Coll. Petits atlas N°83-84, Payot, Lausanne (Suisse). Flore forestière française (1: Plaines et collines), par Jean-Claude Rameau et al. I.D.F:, 1989.
The Illustrated Flora of Britain and Northern Europe, by Marjorie Blamey, Christopher Grey-Wilson. Hodder & Stoughton, London, 1989.
Soul of Japan - The Visible Essence. Photography by Katsuhiko Mizuna and Hidehiko Mizuno, text by Yoji Yamakuse. IBC Publishing, Tokyo, 2012.
Par les bois, les prairies et les jardins d'Auffargis
Mercredi 17 juin 2015
Adieu les orchidées et les fleurs de la prairie
Les prairies de la rue Creuse et de la rue de St Benoît ont été fauchées*, ou plutôt broyées, hier au tracteur. Les orchidées et les fleurs magnifiques que je montrais dans mon dernier article sont détruites, rasées, hachées.
Bien entendu il ne faut pas remettre en question le principe de la fauche annuelle des prairies (qui ne seraient plus des prairies sans cela, mais des forêts), mais on peut s'interroger sur l'époque la plus opportune, surtout lorsqu'il s'agit de broyage. Ce n'est certainement pas au au moment de la floraison des plantes herbacées sauvages, qui attirent et nourrissent beaucoup d'insectes et donc d'oiseaux. Les Plantanthères par exemple, dont j'ai remarqué l'abondance dans cette prairie, étaient encore en fleur et par conséquent leurs graines n'étaient pas encore formées. Les orchidées** sont menacées sur le territoire national. Les quatre espèces que l'on rencontre dans notre prairie et aux alentours immédiats (Platanthera chlorantha, Orchis purpurea, Ophrys apifera et Himantoglossum hircinum) figurent sur la Liste rouge des espèces menacées de France (communiqué de l'UICN ci-dessous). Il faut donc attendre plus tard pour faucher ou broyer, pour ne pas bouleverser l'ordre de la nature. Notons que malheureusement la législation et notamment la règlementation du Parc naturel régional ne sont pas contraignantes sur ce point. Car la prairie d'Auffargis est l'exemple type de la prairie permanente dont l'importance écologique, paysagère et pour la qualité de l'environnement est connue depuis longtemps***. C'est en tant que telle que la nôtre doit être reconnue et protégée.
Pierre-Olivier Combelles
* En principe on parle de fauche ou fauchage lorsque l'herbe est coupée et laissée à sécher (foin, fourrage) et emportée pour être donnée plus tard en nourriture aux animaux d'élevage (bovins, chevaux, chèvres, etc.).
** 160 espèces en France métropolitaine sur un total de 779 genres et 22500 espèces connues dans le monde, divisées en deux catégories: terrestres et épiphytes (vivant sur les arbres). On les rencontre depuis l'Arctique et les hautes montagnes jusque sous les Tropiques.
*** Voir l'article Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Prairie_permanente
A propos des orchidées d'Auffargis et de celles de Mantes-Rosny: http://lautreechoduquartierfluvial.over-blog.fr/article-les-orchidees-sont-de-retour-117926159.html
La Liste rouge des orchidées de France métropolitaine
Selon l’état des lieux effectué, une espèce d’orchidées sur six pourrait disparaître du territoire métropolitain.
La première analyse jamais réalisée sur les 160 espèces d’orchidées présentes en France métropolitaine montre que 27 d’entre elles sont menacées de disparition du territoire, et que 36 autres sont proches de le devenir sans une attention particulière portée à leur situation.
Ces résultats sont le fruit d’un travail commun mené par le Comité français de l’UICN, le Muséum national d’Histoire naturelle, la Fédération des conservatoires botaniques nationaux (FCBN) et la Société française d’orchidophilie (SFO). (Communiqué de l'UICN, avec le lien vers la Liste rouge des espèces menacées en France): http://www.uicn.fr/Liste-rouge-orchidees.html
"Publiée en partenariat avec Natureparif, l’agence régionale pour la nature et la biodiversité en Île-de-France, cette Liste rouge régionale de la flore vasculaire d’Île-de-France a permis d’établir que 85 espèces végétales (6 %) semblent avoir disparu de la région depuis le XVIIIe siècle et 400 autres (26 %) sont aujourd’hui menacées.
Parmi celles-ci, 128 courent un risque majeur d’extinction (8 %) dans les prochaines années.
La destruction et la dégradation des habitats naturels représentent la principale cause de régression des espèces végétales. L’urbanisation et les changements de pratiques agricoles sont responsables de la disparition progressive de nombreuses espèces (...)
http://cbnbp.mnhn.fr/cbnbp/ressources/publications.jsp#21 Orchisauvage - Société francaise d'Orchidophilie: http://www.orchisauvage.fr/ L'exemple de la Suisse:
chaque agriculteur doit réserver le 7% de sa surface cultivable à la biodiversité = faucher après le 1er juillet.
les paiements versés à l'agriculteur varient en fonction de la richesse florale de la parcelle, indicatrice de bonne ou très bonne santé.
Platanthera chloranta, la Platanthère à fleurs verdâtres. Détail. Chaque fleur est fixée à la hampe florale par une petite tige qui est l'ovaire. Il est torsadé pour permettre à la fleur épanouie d'être en bonne position pour la pollinisation par les papillons de nuit, qui aspirent avec leur trompe le nectar contenu dans le long éperon. L'ovaire va alors grossir, les graines se développant à l'intérieur, puis à maturité il devient une capsule déhiscente qui se déchirera pour libérer les graines minuscules (il y en a des milliers dans une seule capsule) qui se répandront alentour. Ne possédant pas de réserves nutritives, elles ont besoin pour germer d'un champignon spécial dans le sol. Photo: Pierre-Olivier Combelles (juin 2015).
Du même auteur sur Auffargis et la forêt de Rambouillet
https://pocombelles.over-blog.com/2019/03/il-n-est-jamais-trop-tard-pour-un-naturaliste.html
https://pocombelles.over-blog.com/2014/06/une-belle-martre-est-morte.html
https://pocombelles.over-blog.com/2017/11/inondations-auffargis-a-la-pompe.html
https://pocombelles.over-blog.com/2016/06/le-peuple-de-l-herbe.html
A suivre
Impact des ondes électro-magnétiques sur l'eau de la faune
"Un noble bienfaisant est le plus dangereux de tous" (Volney, 1788)
Portrait de Volney par Gilbert Stuart (Huile sur toile, 73,8 x 58,6 cm) conservée à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts, à Philadelphie (1795). Source: Malta 1798/Wilipedia
"Volney* en 1788 déclare qu’un noble bienfaisant est le plus dangereux de tous. Car la haine de classe se nourrit ainsi: la bonté et la vertu de ceux qu’on veut perdre sont des circonstances aggravantes."
Luce Quenette, Quid facere ? La contre-révolution n’est pas ce que vous pensez.
* NDLR: Constantin-François Chassebœuf de La Giraudais, dit Volney, né le 3 février 1757 à Craon et mort le 25 avril 1820 à Paris, fut un historien, philosophe, voyageur, orientaliste et homme politique français, membre de l'Académie française.
Francis Hallé nous parle de l'intelligence des arbres
Les arbres sont indispensables, les forêts sont indispensables et Francis Hallé est indispensable avec ses vastes connaissances, son expérience, son bon sens, son talent d'orateur et encore plus d'écrivain, et comme je le lui ai fait remarquer, d'écrivain qui sait parler des odeurs, des parfums, chose rare.
L'interview est acrobatique. Le "journaliste" est inculte, il tutoie l'éminent professeur comme un sans-culotte un aristocrate au temps de la Terreur, il ramène avec obstination l'échange au "réchauffement climatique", leit-motiv de son média, Francis Hallé se défile comme il peut, montre l'influence des forêts sur le climat, évoque à la sauvette le Groenland alors qu'il est un spécialiste de l'architecture des arbres et des forêts tropicales et ose même la surpopulation de la planète, la bête noire de la ploutocratie mondialiste. Malgré cela, Francis Hallé réussit à dire un certain nombre de choses importantes, c'est tout à son mérite. C'est dur d'être une vedette.
Pierre-Olivier Combelles
Le chemin de la forêt: https://www.youtube.com/watch?v=mS_qO0HZyfg
"la répartition d'une forêt est optimale." (11:05): il n'y a donc jamais de surpopulation dans une forêt.
"Les plantes n'arrêtent pas d'améliorer leur environnement: aérien, souterrain."
"Les arbres sont plus intelligents que les humains: sans cerveau, ils arrivent à manipuler des animaux avec un cerveau." (à propos de la pollinisation et de la dissémination des graines par les animaux, qui ne savent pas à quel but ils concourent).
"Une plantation, ce n'est pas une forêt."
"Les plantes n'ont que trois organes: tige, racines, feuilles. Et aucun n'est vital. Leurs fonctions sont décentralisées jusqu'aux cellules."
"La déforestation de l'Europe au Moyen-Âge par les moines a entraîné un "assainissement" (assèchement) du climat (plus humide auparavant à cause des forêts).
Francis Hallé
NDLR: Ce blog a souvent publié des textes ou des entretiens avec Francis Hallé, mais c'était avant 2019 et nous n'avions pas encore mis de hashtags à nos articles.
Shinrin Yoku: le bain de forêt
The Healing Power of Forests - The Philsophy behind Restoring Earth's Balance with Native Trees - by Akira Miyawaki & Elgene Box. Kosei Publishing, Tokyo, Japan, (2006) 2007
Reynald Sécher: Guerres de Vendée - Du génocide au mémoricide. Soljenitsyne: Discours de Vendée (25 septembre 1993)
C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité que l'on tue les gens non pas pour ce qu'ils ont fait, mais pour ce qu'ils sont.
Reynald Sécher
Discours d’Alexandre Soljenitsyne, le samedi 25 septembre 1993, aux Lucs-sur-Boulogne, pour l’inauguration de l’Historial de Vendée .
Monsieur le président du Conseil général de la Vendée, chers Vendéens,
Il y a deux tiers de siècle, l’enfant que j’étais lisait déjà avec admiration dans les livres les récits évoquant le soulèvement de la Vendée, si courageux, si désespéré. Mais jamais je n’aurais pu imaginer, fût-ce en rêve, que, sur mes vieux jours, j’aurais l’honneur d’inaugurer le monument en l’honneur des héros et des victimes de ce soulèvement.
Vingt décennies se sont écoulées depuis : des décennies diverses selon les divers pays. Et non seulement en France, mais aussi ailleurs, le soulèvement vendéen et sa répression sanglante ont reçu des éclairages constamment renouvelés. Car les événements historiques ne sont jamais compris pleinement dans l’incandescence des passions qui les accompagnent, mais à bonne distance, une fois refroidis par le temps.
Longtemps, on a refusé d’entendre et d’accepter ce qui avait été crié par la bouche de ceux qui périssaient, de ceux que l’on brûlait vifs, des paysans d’une contrée laborieuse pour lesquels la Révolution semblait avoir été faite et que cette même révolution opprima et humilia jusqu’à la dernière extrémité.
Eh bien oui, ces paysans se révoltèrent contre la Révolution. C’est que toute révolution déchaîne chez les hommes, les instincts de la plus élémentaire barbarie, les forces opaques de l’envie, de la rapacité et de la haine, cela, les contemporains l’avaient trop bien perçu. Ils payèrent un lourd tribut à la psychose générale lorsque le fait de se comporter en homme politiquement modéré – ou même seulement de le paraître – passait déjà pour un crime.
C’est le XXème siècle qui a considérablement terni, aux yeux de l’humanité, l’auréole romantique qui entourait la révolution au XVIIIème. De demi-siècles en siècles, les hommes ont fini par se convaincre, à partir de leur propre malheur, de ce que les révolutions détruisent le caractère organique de la société, qu’elles ruinent le cours naturel de la vie, qu’elles annihilent les meilleurs éléments de la population, en donnant libre champ aux pires. Aucune révolution ne peut enrichir un pays, tout juste quelques débrouillards sans scrupules sont causes de mort innombrables, d’une paupérisation étendue et, dans les cas les plus graves, d’une dégradation durable de la population.
Le mot révolution lui-même, du latin revolvere, signifie rouler en arrière, revenir, éprouver à nouveau, rallumer. Dans le meilleur des cas, mettre sens dessus dessous. Bref, une kyrielle de significations peu enviables. De nos jours, si de par le monde on accole au mot révolution l’épithète de «grande», on ne le fait plus qu’avec circonspection et, bien souvent, avec beaucoup d’amertume. Désormais, nous comprenons toujours mieux que l’effet social que nous désirons si ardemment peut être obtenu par le biais d’un développement évolutif normal, avec infiniment moins de pertes, sans sauvagerie généralisée. II faut savoir améliorer avec patience ce que nous offre chaque aujourd’hui. II serait bien vain d’espérer que la révolution puisse régénérer la nature humaine. C’est ce que votre révolution, et plus particulièrement la nôtre, la révolution russe, avaient tellement espéré.
La Révolution française s’est déroulée au nom d’un slogan intrinsèquement contradictoire et irréalisable : liberté, égalité, fraternité. Mais dans la vie sociale, liberté et égalité tendent à s’exclure mutuellement, sont antagoniques l’une de l’autre! La liberté détruit l’égalité sociale – c’est même là un des rôles de la liberté -, tandis que l’égalité restreint la liberté, car, autrement, on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n’est pas de leur famille. Ce n’est qu’un aventureux ajout au slogan et ce ne sont pas des dispositions sociales qui peuvent faire la véritable fraternité. Elle est d’ordre spirituel.
La liberté et l’égalité s’excluent mutuellement. Et, en guise de fraternité, la Convention pratiqua le génocide !…
Au surplus, à ce slogan ternaire, on ajoutait sur le ton de la menace : « ou la mort», ce qui en détruisait toute la signification. Jamais, à aucun pays, je ne pourrais souhaiter de grande révolution. Si la révolution du XVIIIème siècle n’a pas entraîné la ruine de la France, c’est uniquement parce qu’eut lieu Thermidor. La révolution russe, elle, n’a pas connu de Thermidor qui ait su l’arrêter. Elle a entraîné notre peuple jusqu’au bout, jusqu’au gouffre, jusqu’à l’abîme de la perdition. Je regrette qu’il n’y ait pas ici d’orateurs qui puissent ajouter ce que l’expérience leur a appris, au fin fond de la Chine, du Cambodge, du Vietnam, nous dire quel prix ils ont payé, eux, pour la révolution. L’expérience de la Révolution française aurait dû suffire pour que nos organisateurs rationalistes du bonheur du peuple en tirent les leçons. Mais non ! En Russie, tout s’est déroulé d’une façon pire encore et à une échelle incomparable.
De nombreux procédés cruels de la Révolution française ont été docilement appliqués sur le corps de la Russie par les communistes léniniens et par les socialistes internationalistes. Seul leur degré d’organisation et leur caractère systématique ont largement dépassé ceux des jacobins. Nous n’avons pas eu de Thermidor, mais – et nous pouvons en être fiers, en notre âme et conscience – nous avons eu notre Vendée. Et même plus d’une. Ce sont les grands soulèvements paysans, en 1920-21. J’évoquerai seulement un épisode bien connu : ces foules de paysans, armés de bâtons et de fourches, qui ont marché sur Tanbow, au son des cloches des églises avoisinantes, pour être fauchés par des mitrailleuses. Le soulèvement de Tanbow s’est maintenu pendant onze mois, bien que les communistes, en le réprimant, aient employé des chars d’assaut, des trains blindés, des avions, aient pris en otages les familles des révoltés et aient été à deux doigts d’utiliser des gaz toxiques. Nous avons connu aussi une résistance farouche au bolchévisme chez les Cosaques de l’Oural, du Don, étouffés dans les torrents de sang. Un véritable génocide.
En inaugurant aujourd’hui le mémorial de votre héroïque Vendée, ma vue se dédouble. Je vois en pensée les monuments qui vont être érigés un jour en Russie, témoins de notre résistance russe aux déferlements de la horde communiste. Nous avons traversé ensemble avec vous le XXème siècle. De part en part un siècle de terreur, effroyable couronnement de ce progrès auquel on avait tant rêvé au XVIIIème siècle. Aujourd’hui, je le pense, les Français seront de plus en plus nombreux à mieux comprendre, à mieux estimer, à garder avec fierté dans leur mémoire la résistance et le sacrifice de la Vendée.
Alexandre SOLJÉNITSYNE