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Le Gāyathrī mantra et le Cantique du Soleil ou des Créatures de Saint François d'Assise
Cantique du Soleil (ou Cantique des Créatures) de Saint François d'Assise
Jusqu'à la fin – car c'est presque moribond qu'il composa son plus joyeux cantique – saint François voulut mettre le monde en état de louange.
Durant l'automne 1225, épuisé par la stigmatisation et par les maladies, il s'était retiré à Saint-Damien. Presque aveugle, seul dans une cabane de roseaux, abattu par la fièvre et tourmenté par les mulots, voilà pourtant le chant d'amour qu'il fit monter vers le Père de toute la Création.
L'avant-dernière strophe, hymne au pardon et à la paix, fut composée en juillet 1226, au palais épiscopal d'Assise, pour mettre fin à une lutte acharnée entre l'évêque et le podestat de la ville. Ces quelques vers de l'apôtre de la paix suffirent à empêcher la guerre civile.
Quant à la dernière strophe, c'est pour accueillir par un chant notre soeur la Mort qu'elle fut composée au début d'octobre 1226.
Très haut, tout puissant et bon Seigneur,
à toi louange, gloire, honneur,
et toute bénédiction;
à toi seul ils conviennent, ô Très-Haut,
et nul homme n'est digne de te nommer.
Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour, la lumière:
il est beau, rayonnant d'une grande splendeur,
et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur Lune et les étoiles:
dans le ciel tu les as formées,
claires, précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l'air et pour les nuages,
pour l'azur calme et tous les temps:
grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre soeur Eau,
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu,
par qui tu éclaires la nuit:
il est beau et joyeux,
indomptable et fort.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur notre mère la Terre,
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux
qui pardonnent par amour pour toi;
qui supportent épreuves et maladies:
heureux s'ils conservent la paix,
car par toi, le Très-Haut, ils seront couronnés.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour notre soeur la Mort corporelle,
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui meurent en état de péché mortel;
heureux ceux qu'elle surprendra faisant ta volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.
Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité !
"Bill Gates continue le travail de Monsanto", dit Vandana Shiva à France 24
OGM: Semences de destruction: l'arme de la faim
Par Luc Reynaert
F. W. Engdahl examine ici un deuxième instrument (après le pétrole) extrêmement important de la tentative de contrôler le monde: l'alimentation. Il cadre cette tentative dans un plus grand projet concocté par une oligarchie mondiale: contrôler la démographie mondiale et même implémenter des politiques franchement eugéniques.
L'élite mondiale avait créé une industrie agroalimentaire transnationale afin d'ouvrir de nouveaux marchés pour les produits énergétiques (engrais pétrochimiques). A son tour, cette agro-industrie a mis au point une arme plus efficace pour contrôler l'alimentation dans le monde: des organismes génétiquement modifiés (OGM), créant ainsi avec leurs brevets un oligopole mondial constitué de 4 sociétés.
L'évaluation des risques
Les données sur le risque des OGM restent la plupart du temps cachées derrière le voile de «renseignements commerciaux confidentiels». Cependant, certaines expériences sur des rats ont montré que les OGM pourraient être responsables d'une taille inférieure du foie, du caeur, et aussi du cerveau. Un autre risque est la réduction de la diversité génétique végétale (monocultures). Un mensonge flagrant a été leur affirmation que l'utilisation d'OGM conduirait à une moindre utilisation d'herbicides ; alors qu'en fait, plus d'herbicides sont nécessaires pour combattre des mauvaises herbes plus résistantes aux herbicides utilisés.
Esclaves des semences
Certains agriculteurs sont devenus totalement dépendants de l'oligopole. Chaque année, ils doivent payer une redevance pour l'utilisation des OGM, car il est interdit de réutiliser les semences de l'année précédente. Comme il est devenu extrêmement difficile, même avec une armée importante d'inspecteurs, de contrôler cette `réutilisation', des technologies plus efficaces ont été développés: des plantes `Terminateur', qui `se suicident' après une saison de récolte ou du `maïs contraceptif' basé sur des gènes d'anticorps féminins.
Actuellement, des recherches ont ete entamées pour breveter des semences de porcs et de taureaux.
Objectif
Un des objectifs de l'élite mondiale est la réduction drastique de la population mondiale (l'auteur utilise le terme de `génocide') par le contrôle du processus reproductif humain. Les OGM font partie de cette stratégie. Comme un membre de l'armée a déclaré: à base d'OGM, les armes biologiques sont `des armes de destruction massive' pas chères et efficaces.
F. William Engdahl a écrit un livre qui donne froid dans le dos: une lecture incontournable pour tous ceux qui s'intéressent à l'avenir de l'humanité.
Editeur: Jean-Cyrille Godefroy (2008).
4e de couverture:
Ce livre montre comment une puissante élite américaine est en passe de contrôler les bases même de la survie de l'humanité : le pain quotidien." Contrôlez l'alimentation, et vous contrôlerez les peuples " déclarait Kissinger au milieu des années soixante-dix. C'est ce qui est en train d'être accompli. Au-delà des controverses scientifiques sur les bienfaits ou les dangers des OGM, William Engdahl retrace la saga du projet malthusien défendu par de puissants intérêts privés qui, dès les années trente, visaient au contrôle des populations, et qui se trouvent à l'origine de la diffusion et de la prolifération des OGM. A coups de pressions politiques, de fraudes et de mensonges, ces intérêts sont maintenant à une ou deux décennies d'atteindre une complète hégémonie sur les capacités nourricières de la planète. " Semences de destruction " mène le lecteur au cœur du pouvoir américain, dans les laboratoires où sont expérimentées les semences génétiquement modifiées et brevetées, derrière les portes soigneusement verrouillées des conseils d'administration de Monsanto et d'autres multinationales qui contrôlent le monde à l'égal des compagnies pétrolières. La crise alimentaire qui ravage le tiers-monde sera-t-elle pour ces géants aux ambitions sans limite l'occasion d'imposer partout les semences OGM brevetées? Si ce livre se lit comme un roman noir, c'est qu'il en est un.
https://www.payot.ch/Detail/ogm__semences_de_destruction-f_william_engdahl-9782865532049?cId=0
"This skillfully researched book focuses on how a small socio-political American elite seeks to establish its control over the very basis of human survival, the provision of our daily bread. Control the food and you control the people. This is no ordinary book about the perils of GMO. Engdahl takes the reader inside the corridors of power, into the backrooms of the science labs, behind closed doors in the corporate boardrooms. The author reveals a World of profit-driven political intrigue, government corruption and coercion, where genetic manipulation and the patenting of life forms are used to gain worldwide control over food production. The book is an eye-opener, a must-read for all those committed to the causes of social justice and World peace."
https://www.amazon.com/Seeds-Destruction-Hidden-Genetic-Manipulation/dp/0973714727
Robert F. Kennedy Jr. s'entretient avec Vandana Shiva : L'empire Gates "possédera tout » (8 février 2021)
Et d'ailleurs, mon nom est Shiva parce que mes parents se sont battus contre les castes. Ils ont dit : "Nous voulons prendre un nom qui ne soit pas un nom de caste." Et donc ils ont pris le nom d'une divinité et dans le christianisme, il y a une trinité, mais nous avons des millions de divinités. L'herbe est une divinité, et le sol est une divinité et les rivières sont des divinités et la mère Gange est notre mère. Et c'est magnifique. L'Inde est si belle en reconnaissant les forces divines dans toute vie, et vous devez donc les protéger. Mais nous avons aussi une Trinité et il y a Brahma, le créateur, Vishnu, le mainteneur, et Shiva, qui détruit les mauvais systèmes pour en créer de nouveaux. Joignons nos mains pour créer de nouveaux systèmes.
Vandana Shiva
02/08/21
RFK, Jr. s'entretient avec Vandana Shiva : L'empire Gates "possédera tout ».
Dans une interview avec le président de CHD, RFK Jr, Vandana Shiva avertit les auditeurs que si nous ne ripostons pas contre Gates et son empire, "ils posséderont tout. Vous ne posséderez rien... pas de biens communs, pas de bien public, pas de valeurs partagées".
par
Équipe de défense de la santé des enfants
https://childrenshealthdefense.org/defender/rfk-jr-interviews-vandana-shiva-gates-empire/
Dans un entretien avec Robert F. Kennedy Jr, Vandana Shiva explique comment Bill Gates, ainsi que Big Ag, Big Chemical, Big Food, Big Tech et Big Pharma sont en train de détruire l'écosystème de la Terre et, avec lui, notre santé.
Shiva, qui possède un doctorat en physique quantique, est la fondatrice de Navdanya International, une organisation qui se consacre à la protection des semences et de la souveraineté alimentaire, ainsi qu'aux petits agriculteurs du monde entier.
M. Kennedy, président et conseiller juridique en chef de Children's Health Defense, et Mme Shiva discutent de la manière dont l'empire Gates vise à contrôler le système alimentaire et de la volonté de la Fondation Bill et Melinda Gates de faire de cette décennie celle des vaccins.
Lisez la transcription :
RFK, Jr. : Voici mon héroïne, Vandana Shiva, que je connais depuis de très nombreuses années, qui a été un modèle pour moi, vraiment. Elle est environ 40 points de QI plus intelligente que moi. Je l'ai découvert en lisant votre biographie aujourd'hui, et je ne savais pas que vous aviez fait votre thèse de doctorat sur la physique quantique. C'est ce que vous avez étudié à l'école à un moment donné ?
Vandana Shiva : Oui, c'est toujours ce qui guide mon travail, la non-séparation et le potentiel. Ce sont les deux choses qui feront disparaître la pensée mécaniste du monde. Oui, nous sommes connectés, et nous avons tous un potentiel, y compris la désobéissance civile.
RFK, Jr : Alors Vandana Shiva : Shiva est actuellement à la tête de Navdanya, n'est-ce pas ?
Vandana Shiva : Navdanya, qui signifie neuf graines.
RFK, Jr : Mais je vous ai rencontrée pour la première fois lorsque vous dirigiez le mouvement Chipko dans les années 1980, c'est là que j'ai entendu parler de vous pour la première fois, et de ce leader extraordinaire en Inde qui organisait les femmes pour protéger les forêts et les arbres et tout ça.
Vandana Shiva : Bobby, je n'étais pas une leader. J'étais étudiante, et je faisais du bénévolat, et les leaders étaient les femmes, et c'étaient mes professeurs. Je dis toujours que je suis allée à l'Université de Western Ontario pour mon doctorat afin de mieux comprendre la théorie quantique, mais que je suis allée à l'Université Chipko pour comprendre la biodiversité. Et Bobby, l'autre jour, la mafia s'est emparée de David Attenborough pour lancer une gestion de portefeuille sur la biodiversité, comme des portefeuilles sur la propriété foncière, comme si la valeur de la biodiversité n'était pas reconnue par les femmes Chipko. Je pense que c'est le clash que nous vivons. Les milliardaires veulent tout transformer en portefeuille, et les gens ordinaires disent : "Non, nous voulons protéger nos terres." Nos agriculteurs manifestent depuis six mois maintenant pour leurs terres. C'est ce qu'ils disent.
RFK, Jr. : J'ai vu aux nouvelles internationales ces énormes, vastes rassemblements d'agriculteurs en Inde qui marchent maintenant sur les villes. Et alors dites-nous, parce que je sais que vous êtes en plein milieu de cela ... laissez-moi juste vous présenter un peu plus. Shiva est l'un des grands leaders de la base sur la planète aujourd'hui. Elle a remporté tous les prix que peuvent lui décerner les personnes qui se préoccupent des droits des femmes, de la propriété intellectuelle et des semences, en particulier des OGM, de la protection des forêts, de l'agriculture chimique par rapport à l'agriculture pour laquelle Vandana Shiva se bat, et elle nous a tous menés dans les guerres contre Monsanto. Je ne me souviens même pas de la première fois où nous nous sommes rencontrés, mais c'est une dirigeante extraordinaire, extraordinaire. Je veux donc vous parler de Bill Gates, de son achat de terres et de sa volonté de créer un nouveau féodalisme sur cette planète, de retirer les agriculteurs des terres et d'y faire entrer les milliardaires. Parlons d'abord de l'actualité et de ce qui se passe en Inde avec les marches auxquelles vous participez.
Vandana Shiva : Alors Bobby, ma vie a tourné autour de la physique et de la physique quantique, et bien sûr, du mouvement Chipko. J'étais, dès mon plus jeune âge, une activiste écologique. Mais c'était en 1984 …
RFK Junior : Votre père était forestier, non ?
Vandana Shiva : Mon père était un conservateur de la forêt. Oui, j'ai beaucoup appris de lui. Et ma mère était une réfugiée de la partition. Lorsque l'Inde a été divisée par une ligne tracée sur une carte, elle a dit : "J'ai tout fait. J'ai brisé tous les plafonds de verre pour les femmes, et maintenant je vais être fermière." Elle est donc devenue fermière, et mon père était dans la forêt, et nous vivions entre la ferme et la forêt. Et c'étaient des gens merveilleux. Je veux dire, leurs valeurs, leur vie m'a donné toutes les valeurs que je vis, d'intrépidité, de vérité, de ne jamais abandonner, et d'aimer très profondément la nature. Mais mon engagement dans l'agriculture commence en 1984, lorsqu'il y a eu des protestations similaires contre la révolution verte. La révolution verte a d'abord été mise en œuvre au Pendjab …
RFK, Jr : C'était un programme des Rockefeller, à l'origine, Rockefellers, non ?
Vandana Shiva : Exactement, et la Banque mondiale. Donc la Banque mondiale, l'USAID [Agence américaine pour le développement international], les Rockefeller. Ils ont eu un paquet de travail pendant un certain temps sur la façon de déplacer ces énormes quantités de produits chimiques, les engrais, les pesticides après les guerres. Ces usines auraient dû simplement fermer, et au lieu de cela, les Rockefeller, qui étaient très impliqués dans les expériences d'IG Farben et d'Hitler. Je veux dire, il y a tellement de rapports là-dessus. Le pétrole vient des Rockefeller. L'agriculture chimique est une agriculture de combustibles fossiles. Ils ont fourni le pétrole, et les Allemands ont fourni la science et les Rockefellers, également les banquiers privés, ont fourni les finances. Et donc après la guerre, ça aurait dû être la fin de la guerre chimique sur cette planète, et au lieu de ça, ils ont travaillé à dire "Comment changer l'agriculture pour la rendre plus adaptée à la chimie ?". Donc, nous avons des blés élevés, et des riz élevés et même les animaux sont à double usage.
Les bœufs tirent la charrue et les vaches vous donnent du lait. Donc nous ne pensons jamais de manière unidimensionnelle en Inde. Et si tant d'Indiens sont à la tête de tant d'institutions, c'est qu'ils vivent des restes de la pensée multidimensionnelle, pour pousser le monde vers une pensée unidimensionnelle de l'intelligence artificielle. Mais à ce moment-là, Barlow a été recruté par les laboratoires de défense DuPont pour travailler à changer les plans. Les États-Unis avaient volé du blé au Japon pendant la guerre, et du riz à l'Indonésie, et ils ont changé la plante, fait le nain... J'appelle ça la désobéissance civile de la plante. Les plantes disaient, "Je ne veux pas de vos produits chimiques. Partez", et ils ont changé la plante. Et tout cela a été fait par Norman Borlaug*, qui a obtenu un prix Nobel de la paix. En 1984, les agriculteurs sont abattus. Les agriculteurs sont tués, et je vois que c'était sur le point de ... C'est censé être sur la paix. Il obtient un prix Nobel de la paix. 20.000 personnes sont mortes au Pendjab.
Donc les protestations d'aujourd'hui sont une continuité des protestations que nous avons eues depuis 1991, qui est un tournant pour cette mondialisation néolibérale imposée par la Banque mondiale, qui nous a d'abord endettés. Je veux dire, c'est comme ça que les shylocks du monde fonctionnent, non ? On s'endette, et ensuite on s'attaque à la chair. Et les lois contre lesquelles les agriculteurs se battent sont la contrepartie de ce que la Banque mondiale avait exigé en 1991, sauf qu'elles ont été repoussées, et repoussées, et repoussées. En ce moment, les protestations sont énormes. Les agriculteurs ne sont pas stupides. Ils savent contre quoi ils se battent et ils disent : "Nous nous battons pour l'âme et le sol de l'Inde, car si nous ne sommes pas là en tant qu'agriculteurs, cette civilisation est morte. Si nous ne sommes pas là en tant qu'agriculteurs, ce sol est mort." Ils ont vu comment le sol a été dégradé par la révolution verte chimique. Ils ont été témoins de la monoculture de produits de base pour Pepsi, qui est un modèle. Donc Pepsi est arrivé en Inde après 1984 et le suicide a commencé dans les ceintures de pommes de terre. Pepsi, pour un paquet de pommes de terre de 20 roupies, l'agriculteur reçoit 0,04 paisa, ce qui est un montant insignifiant. Ainsi, avec l'agriculture chimique, les semences OGM et le commerce mondialisé de l'agrobusiness et de l'industrie agroalimentaire, les agriculteurs reçoivent en moyenne 0,5 à 4 % de ce que paie le consommateur. Mais le consommateur ne paie pas seulement le prix de cette malbouffe dans l'emballage, il paie le prix de la malbouffe dans sa santé.
Et c'est pourquoi le travail que vous faites Bobby, sur la question de la santé, en particulier la santé des enfants. Je vois l'agriculture industrielle, la transformation industrielle et la mentalité industrielle comme des invasions dans nos corps. Auparavant, cela se produisait indirectement, les cancers par le biais des produits toxiques. Vous vous êtes battu sur les cas de cancer de Monsanto. Tout cela est une invasion dans le corps. Mais maintenant, il y a un déni conscient qu'il y a une harmonie entre la santé des sols, la santé des plantes, notre santé. Notre microbiome intestinal est une forêt tropicale de diversité. Et s'il ne reçoit pas de nourriture diversifiée ni d'aliments frais, c'est comme une guerre contre notre microbiome intestinal, qui représente 90 % de nous en termes de biodiversité. Nous sommes 10% d'humains, 90% d'autres êtres qui nous maintiennent en bonne santé, qui nous font. Et la guerre contre notre corps est à son dernier stade.
Mais cela se produit à un moment où la prise de conscience de la santé augmente tellement. Où la conscience de la biodiversité augmente tellement. Et maintenant ils pensent, "Oh, ce que nous avons fait quand le colonialisme a commencé, il suffit de changer la mentalité, de les appeler barbares, de les civiliser." Je veux dire qu'ils poursuivent essentiellement le récit de la mission civilisatrice. Et c'est pourquoi j'ai écrit mon livre, "L'unicité contre le 1%". J'ai dit que Bill Gates, qui parle sans cesse d'innovation, ne fait que de la colonisation. Et j'ai essentiellement montré comment c'est de la colonisation.
RFK, Jr : C'est vrai. Et c'est de cela que je veux vous parler. Et j'ai un article pour lequel je vous ai longuement interviewé et qui paraît dans The Defender cette semaine sur le nouveau féodalisme de Bill Gates. Les journaux américains ont finalement reconnu la pointe de l'iceberg de ce qui se passe parce qu'ils ont découvert soudainement qu'il était maintenant le plus grand propriétaire de terres agricoles aux États-Unis d'Amérique. Il a fait cette campagne de santé pour s'emparer de nos terres agricoles. Personne ne savait qu'il le faisait. Il les achetait par le biais de sociétés écrans, d'investissements en cascade et d'autres moyens. Et ce que je fais dans cet article, avec votre aide, c'est de relier ce qu'il fait dans ce pays. Il investit également dans Alphabet, une société de Google, et développe des robots agricoles qui remplaceront les agriculteurs. Il développe l'intelligence artificielle et vole le savoir comme il l'a fait en Inde, au petit agriculteur. Il a placé des caméras dans leurs maisons, dans leurs champs. Il a mis des capteurs partout pour savoir comment ils utilisaient les semences.
Puis il a pris les banques de semences, il y a 15 banques de semences dans le monde qui stockent toutes les semences du patrimoine de l'humanité, 786 000 espèces de semences. Elles sont là pour l'humanité, pour les biens communs, et il a pris le contrôle de cette banque de semences, l'a consolidée et est maintenant en train de la privatiser et de changer la composition génétique de ces semences, les rendant chimiquement dépendantes afin de pouvoir breveter toute la vie qui a été développée au cours de 20 000 ans d'agriculture sur cette planète.
Je veux commencer à raconter ce qui s'est passé pendant la Révolution verte, qui a été lancée par les Rockefeller, principalement en Inde et au Mexique. Au début des années 2000, Gates l'a déplacée en Afrique. Gates et la Fondation Rockefeller. Et ils ont commencé à faire la même chose là-bas. Et c'est la même chose qu'il a fait avec les vaccins. Il y a un problème humain, qui selon lui est la faim ou la maladie, et je vais le résoudre avec ma technologie, c'est-à-dire les cultures OGM, les semences brevetées, les aliments synthétiques, l'agriculture chimique, les pesticides, les monocultures fertilisantes à base de pétrole.
Il s'est rendu dans 13 pays africains et les a forcés à pratiquer l'agriculture de base, à accepter ses intrants, à construire la chaîne d'approvisionnement et, aujourd'hui, 131 millions de personnes meurent de faim dans ces pays. Le taux de famine a augmenté de 30%. Et il essaie maintenant de faire la même chose au reste du monde. Et je sais que vous avez été actif en Afrique et que vous les avez combattus pendant de nombreuses années. Et cela a vraiment aidé à alerter le monde à ce sujet. Il ne s'agit pas d'agriculture, il ne s'agit pas de nourriture, il s'agit de s'emparer de nos terres et de nous donner une nourriture vraiment malsaine.
Vandana Shiva : Bobby, tu sais mieux que quiconque, comment nous sommes témoins à la fois des schémas de l'ancienne colonisation de 500 ans. Et je pense qu'il est très important que Black Lives Matter se réveille face à l'empire Gates, qui est un empire raciste. Ils peuvent nommer leurs dirigeants ou donner quelques emplois, mais c'est dans l'état d'esprit et les processus structurels que les systèmes se décident.
Alors qu'il utilise cet ancien état d'esprit, il utilise bien sûr de nouveaux outils, et les nouveaux outils sont essentiellement le génie génétique. Et j'avais commencé Navdanya, qui signifie neuf graines, c'est-à-dire la diversité, lorsque j'ai été convoquée à une réunion en 1987 avec le vieux cartel du poison. "Maintenant, nous possédons les semences, nous ne gagnons pas assez d'argent en vendant des produits chimiques, nous devons rendre illégal le fait que les agriculteurs aient des semences. Nous posséderons les semences en tant que propriété intellectuelle et nous disposerons d'un manteau international appelé "propriété intellectuelle liée au commerce" de l'OMC pour obliger les agriculteurs à avoir des brevets sur les OGM. J'ai dit : "Mais c'est si mal. C'est un empire sur la vie." Et j'ai pris un engagement : je vais conserver des semences. Je veux travailler avec notre gouvernement sur des lois qui disent, les plantes, les animaux, les graines ne sont pas brevetables.
RFK, Jr : Laissez-moi vous interrompre une seconde parce qu'il y a beaucoup de gens qui écoutent ceci qui ne comprendront pas pourquoi les graines OGM sont liées aux produits chimiques. Et laissez-moi vous expliquer très brièvement, ce qui s'est passé, c'est que lorsque le DDT a été interdit en 1974, et c'était le produit de Monsanto, ils ont acheté un autre produit appelé glyphosate. Quelqu'un l'avait pris, c'était un nettoyant de réservoir, quelqu'un l'avait jeté dans le jardin et avait vu que ça tuait toute l'herbe. Et Monsanto a dit : "Ce serait un bon désherbant." Il en a fait un désherbant, l'a commercialisé comme un tueur de mauvaises herbes. Les agriculteurs avaient des centaines d'ouvriers agricoles portant des pulvérisateurs à dos, pulvérisant les mauvaises herbes dans les champs de maïs avant que le maïs ne devienne trop gros.
Puis, en 1994, quelqu'un a mis un peu de ce glyphosate sur le sol, et il y avait une mauvaise herbe qui ne mourait pas. Monsanto a pris le gène de cette mauvaise herbe qui la rendait résistante au glyphosate et l'a mis dans le maïs. Et maintenant ils avaient du maïs, qui ne mourrait pas si on le pulvérisait avec du glyphosate. Eh bien, maintenant vous pouvez licencier tous ces ouvriers agricoles et vous engagez un avion qui sature tout le paysage avec du glyphosate, et la seule chose qui vit est ce maïs OGM.
Et c'est maintenant le plus gros pesticide du monde. Je pense que 80% des pesticides dans le monde sont des OGM et ils ont maintenant élevé toutes sortes de nos céréales. Et toutes nos denrées alimentaires et tous nos fruits sont maintenant génétiquement modifiés pour qu'ils soient résistants au Roundup, afin que vous puissiez déverser ce produit partout dans le paysage. Ce que nous avons découvert, c'est que la façon dont il tue les plantes, c'est qu'il aspire tous les minéraux et détruit les éléments constitutifs de la vie. La nourriture que vous recevez ne contient pas les minéraux dont vous avez besoin, vous pouvez avoir le ventre plein, mais vous pouvez mourir de malnutrition. Et c'est l'une des choses que vous avez vraiment exprimées mieux que quiconque.
Vandana Shiva : Vous avez tout à fait raison. Que ce soit la Révolution verte en Inde, où Borlaug a marié les engrais chimiques à des variétés de plantes naines, ou les vols de Monsanto, qui avait déjà fabriqué le glyphosate Roundup, qui en a fait le Roundup. Et ensuite ils ont poursuivi toutes les entreprises qui faisaient du génie génétique pour pouvoir les racheter. Ils n'ont jamais fait aucun travail. Monsanto, aucune de ces entreprises n'a fait de travail. Ils ont juste poursuivi, et poursuivi, et poursuivi. Et le génie génétique, les brevets et les produits chimiques vont de pair.
Et maintenant les mêmes Rockefeller qui ont lancé l'industrie chimique avec IG Farben, et qui ont aussi lancé toute l'industrie pharmaceutique irresponsable. Vous savez, nous avons la médecine depuis toujours. Et Hippocrate a dit, "Que la nourriture soit ta médecine." L'Ayurveda dit "que la bonne nourriture est le seul médicament, et que la mauvaise nourriture n'a aucun médicament pour guérir les maladies qu'elle provoque". C'est bien connu. Cent ans de mauvaise ... comment ça s'appelle ? Il y a un joli mot pour ça, huile de serpent ? Vendre de l'huile de serpent.
Et maintenant Big Pharma, Big Tech, Big IT, et big... ils appellent ça FinTech, technologie financière. Il s'agit essentiellement d'utiliser des mesures spéculatives numériques et des portefeuilles, de transformer la terre en portefeuille, la biodiversité en portefeuille, et de penser que c'est de l'économie intelligente. Et malheureusement, le pauvre Attenborough a dit : "Les écologistes ne connaissent pas la biodiversité. Les économistes, si." parce que faire de l'argent... Et Aristote avait dit, "L'économie est l'art de vivre." La chrématistique est l'art de faire de l'argent.
Donc maintenant, dans l'art de faire de l'argent, il y a Big Ag, Big Food, Big Tech, Big Everyone qui veulent devenir plus gros comme une cellule cancéreuse. Et le nouveau Gates Ag One est cette convergence. Elle a un an. L'année dernière, en janvier, il l'a annoncé. Et comme il le dit, le temps est l'ennemi. Alors que seuls les gens stupides pensent que le temps est l'ennemi. Les gens sages savent que le temps est votre ami qui teste le meilleur de vous. Après tout, M. Gates nous a tous enfermés pendant un an, et le temps nous a appris ce que sont les merveilleuses amitiés et l'amour. Il nous a appris ce qu'est la suffisance, la simplicité, ce dont on peut se passer. Ils ne réalisent pas qu'il y a un monde vivant dehors. Et je pense que M. Gates, en plus d'avoir la maladie de la cellule cancéreuse, ne sait pas quand arrêter de croître ... Les cellules saines savent comment arrêter de croître. Je pense qu'il est atteint d'une maladie du pouvoir et d'une maladie de la peur parce que... Je me suis demandé pourquoi cet homme a si peur du plus petit microbe, et si peur du plus petit petit agriculteur qui proteste aujourd'hui dans les rues indiennes ? Pourquoi a-t-il si peur d'une plante qui se reproduit gratuitement ? Et pourquoi a-t-il si peur de la démocratie que si l'Inde dit non au riz OGM, au riz doré, une fausse solution à la cécité dorée, ou à l'aubergine Bt, que nous avons rejetée en 2001 par l'intermédiaire de notre ministère, après sept audiences publiques, où le gouvernement a écouté les agriculteurs, et a écouté les citoyens et a écouté les scientifiques.
RFK, Jr : Et ce sont des cultures OGM qu'il a essayé d'imposer à l'Inde, et l'Inde les a rejetées. Mais il est passé au Bangladesh et au Pakistan avec son coton OGM. Il ne veut rien d'autre que les OGM.
Vandana Shiva : Mais il a aussi déplacé le riz doré aux Philippines, pour lequel il y a un énorme mouvement, pas de riz doré. Et on en revient à la question des semences. Quand la Révolution verte a commencé et que les Rockefeller et la Banque mondiale ont pris toutes les semences des agriculteurs pour les forcer à utiliser les semences de la Révolution verte avec des produits chimiques, ces 15 banques de semences ont été créées, et toutes nos semences s'y trouvent. Maintenant, Gates a pris le contrôle de ce système public de semences. Et la banque de semences de riz aux Philippines, où le travail sur le riz doré a été fait, le riz doré OGM, la raison pour laquelle il est important de suivre cela est que toutes les semences de riz sont là. Nous avons les 200 000 variétés de riz. Et nos meilleurs semenciers ont refusé de se séparer de ces semences. Ils ont dit : "C'est notre héritage. C'était notre civilisation. Nous ne pouvons pas laisser la Banque mondiale s'en emparer." La Banque mondiale a fait en sorte qu'il soit démis de sa position de meilleur scientifique de son temps, le Dr Richharia. C'est mon professeur. Et donc quand Gates met la main sur la banque de semences des Philippines, et qu'il fait du riz doré, il se prépare maintenant. Et c'est là qu'on a besoin de la désobéissance civile, Bobby. Nous devons tous nous donner la main. Cette année, la Journée mondiale de l'alimentation, le 16 octobre, ou avant le Sommet de l'alimentation, qu'il a détourné, faisons de la désobéissance civile contre le gavage de la mauvaise nourriture. Qu'il s'agisse d'aliments de laboratoire, comme Impossible Burger, ou de riz doré, car il se prépare à rendre la biofortification obligatoire. Et nous avons vu comment il peut rendre les choses obligatoires.
RFK, Jr : Laissez-moi vous expliquer ce que Vandana Shiva dit à propos du Sommet de l'alimentation. La plupart des gens qui regardent cette émission savent qu'en 2010, 2009, Bill Gates s'est présenté devant les Nations Unies, a promis 10 milliards de dollars à l'Organisation mondiale de la santé, et la plupart de ces fonds ont fini par venir du gouvernement, pas de lui, mais il a mis quelques milliards. Et il a déclaré une décennie de vaccins. Personne n'a fait attention à lui. Mais il a été le premier fonctionnaire non élu, sans portefeuille diplomatique, à se présenter devant les Nations unies et à faire cette déclaration.
Immédiatement, il a commencé à mettre toutes ces roues en mouvement. Il a créé tous ces groupes qui luttent contre l'anti-vaccination, et il a commencé à promouvoir les vaccins dans le monde entier ... et il a créé toutes ces organisations quasi-gouvernementales, CEPI [la Coalition pour la préparation aux épidémies] et PATH et GAVI, [l'Alliance pour les vaccins] que tout le monde pense être des gouvernements, mais qui ne sont que des Bill Gates. Il a pris le contrôle de l'Organisation mondiale de la santé au cours de cette décennie. Même le Financial Times a déclaré qu'aucune décision n'est prise à l'Organisation mondiale de la santé qui ne passe pas d'abord par la Fondation Gates. Et en 2019, l'Organisation mondiale de la santé sort en janvier, et dit que l'hésitation à se faire vacciner est l'une des 10 plus grandes menaces pour la santé mondiale. Ont-ils proposé une étude scientifique pour le prouver ? Non. Ils l'ont juste déclaré. Immédiatement, le monde s'est mis en ordre. Dans 150 pays, les législatures, les politiciens qui sont à la solde des grandes entreprises pharmaceutiques et qui poussent à rendre les vaccins obligatoires et à abolir les exemptions.
Aux États-Unis, en l'espace de trois mois, 100 projets de loi dans 50 États étaient entrés dans le processus législatif pour rendre les vaccins obligatoires, et pour interdire les exemptions... Adam Schiff, qui avait reçu de l'argent de Gates, le chef du Comité du renseignement, se présente et dit aux PDG des médias sociaux, Pinterest, Facebook, Google, tous, Instagram, YouTube, "Vous devez commencer à censurer la désinformation sur les vaccins."
Et puis nous avons eu le roulement jusqu'à 2020, et 2020 en janvier, juste à temps pour sa décennie de vaccins, nous obtenons COVID. Et Fauci, qui est son associé, investit 48 milliards de dollars dans la promotion des vaccins. Gates passe à la télé tous les jours pour dire : "Tant que tout le monde n'est pas vacciné, nous devons rester enfermés. Nous allons planter l'économie mondiale jusqu'à ce que vous fassiez tous ce qu'on vous dit et que vous vous fassiez vacciner."
Il a payé des études pour tuer l'ivermectine, pour tuer l'hydroxychloroquine, pour les discréditer. Nous avons dépensé dans notre pays 0 $ sur les antiviraux, sur les antiviraux de série, en faisant des recherches sur eux, sur la vitamine D, sur toutes les choses que nous savons qui réduisent les décès pour le COVID. Rien de tout cela n'a été étudié. Rien de tout cela n'a été recommandé. Au lieu de cela, tout l'argent, 48 milliards de dollars, est allé aux vaccins.
Maintenant, il reproduit cela. Avec sa Décennie des vaccins, il a réussi au-delà des rêves les plus fous. Et maintenant, il est passé à la deuxième partie, qu'il a déclarée la Décennie de la nourriture, et il fait la même chose. Ce ne sont que des aliments chimiques. C'est de la nourriture synthétique. Il possède les Impossible Burgers, Beyond Beef, toutes ces choses, qui sont bourrées de pesticides, et il essaie de faire partir les agriculteurs des fermes, il prend le contrôle des fermes avec ses robots et son intelligence artificielle en Inde, en Afrique, et maintenant aux États-Unis, et nous donne de la nourriture malsaine, et cela contribue aux maladies chroniques qui vont nous rendre dépendants de ses médicaments. Oh, vous connaissez le reste de cette histoire, Vandana Shiva, et vous la racontez mieux que quiconque.
Vandana Shiva : Eh bien, je pense que ce à quoi les gens qui aiment la vie et la liberté devraient se préparer maintenant, c'est, A, le fait que oui, avec ce Gates Ag One, il veut une seule agriculture sur une planète avec tant de diversité. Nos zones humides avec du riz sont très différentes de nos terres sèches avec des millets. Nos systèmes de grange du Bengale sont très différents des systèmes de désert du Rajasthan. Et l'agriculture qu'il veut est ce système piloté de l'extérieur, où deux des produits chimiques après les guerres sont ajoutés, les OGM, qui sont devenus après les années 1990 avec l'OMC et ils ont été répandus et avec le brevetage. Et maintenant, il veut ajouter l'agriculture numérique sans les agriculteurs. Et bien sûr, l'histoire aujourd'hui, tout comme à l'époque, c'était, nous cultivons bien à partir de l'air parce que nous fixons l'azote en brûlant des combustibles fossiles. Eh bien, c'était un mythe. Ils ont ruiné la terre. Ils ont détruit les océans. Ils ont ruiné le climat, 300 fois plus mortel que le dioxyde de carbone est l'oxyde nitreux qui est émis par les engrais azotés.
Donc ils ont dit que le sol est vide. J'appelle ça terra nullius. C'était la jurisprudence légale de l'époque coloniale. Puis ils ont breveté la semence et ont fait croire que la vie était vide. Je l'ai appelé bio nullius. Et M. Gates créait son nouvel empire. J'appelle ça mente nullius, des esprits vides. Nous allons vider les esprits en extrayant des données et en les brevetant et en transformant tout le monde en zombies et en les évaluant et en leur attribuant une valeur. Et comme le dit la recherche, vous ne posséderez rien. Ils posséderont tout. Vous ne posséderez rien. Et tout sera à eux. Donc pas de biens communs, pas de bien public, pas de valeurs partagées, juste de l'argent, de l'argent, de l'argent dans leurs mains, et ils seront une machine à extraire.
Donc, parce que depuis 1991, tout a été essayé dans l'ère qui a créé Gates. Il n'était pas aussi riche qu'il l'était avant la déréglementation de la finance et la déréglementation de l'informatique. Lors de la première réunion de l'OMC, il a réussi à obtenir l'exemption de droits et de taxes pour le commerce de l'information. C'est ainsi que tous ces géants de la technologie sont devenus si riches.
Et maintenant, à cette époque, l'OMC a dit que les graines seront brevetées avant cela. Et la plupart des semences ne le sont pas. La deuxième chose, c'est que Cargills fera du commerce dans l'agriculture et il n'y aura pas de système de souveraineté nationale pour protéger les droits à l'alimentation. C'est contre cela que les agriculteurs indiens se battent en ce moment. Et la troisième est ce qu'ils appellent les mesures sanitaires et phytosanitaires, qui consistent à interdire les bons aliments et à faire de la malbouffe la seule option. C'est pourquoi nous avons des maladies chroniques.
Maintenant, Gates fait passer tout cela à l'étape suivante. Oh, il y a eu des lois créées pour m'empêcher de voler. Je vais faire de la cartographie génomique numérique et contourner toutes les lois internationales. Et sur le commerce international de la nourriture, si les mouvements se développent pour une vraie nourriture et la souveraineté alimentaire, laissez-moi créer de la fausse nourriture dans les laboratoires et créer la famine et la faim par le verrouillage. Pour qu'il n'y ait pas de nourriture, détruisez les agriculteurs et faites de l'agriculture sans agriculteurs. Et pourquoi s'inquiéter uniquement de Pepsi, de la malbouffe et de Coca-Cola ? Nous sommes aussi les plus gros pollueurs du monde en plastique. Non, non, non. Ce que nous faisons maintenant, c'est de la nourriture totalement fausse et nous allons faire du droit à une bonne nourriture un crime, tout comme le droit de connaître sa santé, le droit d'avoir les bons médicaments, le droit pour des sociétés entières d'avoir des connaissances médicales approfondies, que tout cela soit transformé en crime. Nous avons vu cela se produire.
RFK, Jr : Laissez-moi donner aux gens un exemple de ce dont vous parlez. Gates possède une grosse participation dans Philip Morris, qui possède Kraft Foods et aussi General Foods. Et ils font des aliments transformés et ils font des singles de fromage américain et Cheez Whiz. Ces produits sont tellement dénués de valeur nutritive que le gouvernement oblige ces entreprises à y ajouter des vitamines, de la vitamine A, de la vitamine C, etc. Il y a des vitamines dans ces produits. Ce que Gates fait maintenant dans toute l'Afrique, dans le monde entier, c'est qu'il fait passer des lois, il achète des politiciens et impose des mandats pour des aliments enrichis, de sorte que vous ne pourrez pas vendre d'aliments sur les marchés en Afrique, à moins qu'ils ne soient enrichis. Eh bien, les aliments, le fromage de chèvre que l'agriculteur fabrique à Masai Mara au Kenya, n'ont pas besoin d'être enrichis. Il contient déjà tous les nutriments que nous souhaitons, mais l'agriculteur ne pourra pas vendre ce fromage de chèvre sur son marché local. Au lieu de cela, Cheez Whiz aura le monopole. Et c'est l'une des façons dont il utilise ce que Vandana Shiva dit à propos de l'illégalisation de la santé ou de la mise hors la loi de la nourriture saine pour ouvrir ces marchés et nous obliger à manger sa nourriture sale et empoisonnée.
Vandana Shiva : Deux petites choses, Bobby. Phillip Morris était aussi responsable du sirop de maïs à haute teneur en fructose, qui commence comme un sucre synthétique. Il a provoqué des cirrhoses du foie chez les bébés et est ajouté à tous les aliments parce qu'il crée une dépendance. Deuxièmement, l'Inde est une terre de diversité et de richesse. Nous avons toujours dit, Hindustan, la diversité est notre voie. Nous avons tellement de snacks et d'aliments que vous ne pouvez pas goûter la même chose à trois endroits. Tout est unique. Ils ont interdit tout cela. Je l'ai vu disparaître. Ils ont interdit nos usines d'huile vierge pressée à froid. Cinq millions ont été fermées en 98 quand Cargill et Monsanto ont voulu écouler du Musoya GM. Nous avons vu cela se produire. Il est donc important de tirer les leçons de la Révolution verte de la mondialisation. Et nous voyons maintenant comment la concentration de tout cela dans les mains d'un Bill Gates accélère ce qui a été mis en place et nous devrions faire tout ce que nous pouvons pour empêcher une prise de contrôle totale de nos semences, de notre nourriture, de notre liberté.
RFK, Jr : Vandana Shiva, nous n'avons plus de temps. Merci beaucoup. Dites aux gens comment ils peuvent vous soutenir dans votre travail.
Vandana Shiva : Eh bien, pour tous ceux qui écoutent, la première chose est que, plus tôt à la ferme, nous avons eu des expériences d'apprentissage sur la façon d'apprendre de la terre et de faire pousser de la bonne nourriture. Mais en ce moment, nous organisons des cours de zoom. Et vous pouvez aller sur le site de navdanya N-A-V-D-A-N-Y-A.org.
https://www.navdanya.org/site/
Vous pouvez devenir un guerrier des semences, un guerrier de la nourriture. Écrivez-moi à Vandana Shiva : shiva@gmail.com. Nous avons également un programme international appelé Navdanya International, dans le cadre duquel nous venons de publier un rapport intitulé Gates to a Global Empire. Si vous voulez en savoir plus sur ce que fait Gates, lisez ce rapport. Il est disponible en téléchargement gratuit. Et faisons de cette année l'année de la transition loin de l'empire Gates, vers la liberté de toute vie sur cette planète et de tous les peuples de cette planète dans toutes leurs libertés et dans toute leur diversité.
Et d'ailleurs, mon nom est Shiva parce que mes parents se sont battus contre les castes. Ils ont dit : "Nous voulons prendre un nom qui ne soit pas un nom de caste." Et donc ils ont pris le nom d'une divinité et dans le christianisme, il y a une trinité, mais nous avons des millions de divinités. L'herbe est une divinité, et le sol est une divinité et les rivières sont des divinités et la mère Gange est notre mère. Et c'est magnifique. L'Inde est si belle en reconnaissant les forces divines dans toute vie, et vous devez donc les protéger. Mais nous avons aussi une trinité et il y a Brahma, le créateur, Vishnu, le mainteneur, et Shiva, qui détruit les mauvais systèmes pour en créer de nouveaux. Joignons nos mains pour créer de nouveaux systèmes.
RFK, Jr : Un nom parfait pour vous, Vandana Shiva. Merci de vous joindre à moi. Suivez Vandana Shiva et vous pouvez lire mon article dans The Defender cette semaine sur notre collaboration avec Vandana Shiva. Merci beaucoup de vous joindre à nous.
Équipe de défense de la santé des enfants
https://childrenshealthdefense.org/defender/rfk-jr-interviews-vandana-shiva-gates-empire/
* NdT: https://en.wikipedia.org/wiki/Norman_Borlaug
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Traduit de l'américain par Le Rouge et le Blanc.
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Yaa Devi Sarva-Bhutessu Bhraanti-Ruupenna Samsthitaa |
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To that Devi Who in All Beings is Abiding in the Form of Delusion,
Salutations to Her, Salutations to Her, Salutations to Her, Salutations again and again.
Indriyaannaam-Adhisstthaatrii Bhutaanaam Ca-Akhilessu |
Yaa Bhuutessu Satatam Tasyai Vyaapti-Devyai Namo Namah ||
(Salutations) To that Devi Who Governs the Faculty of Senses of Beings in All the Worlds,
Salutations to Her Who is the Devi Who Always Pervades all Beings.
Citi-Ruupenna Yaa Krtsnam-Etad-Vyaapya Sthitaa Jagat |
Namas-Tasyai Namas-Tasyai Namas-Tasyai Namo Namah ||
(Salutations to Her) Who in the Form of Consciousness Pervades This Universe and Abides in It,
Salutations to Her, Salutations to Her, Salutations to Her, Salutations again and again.
Ella Maillart et l'"unité du monde".
"On n'arrive pas à exprimer les choses les plus importantes et qui demeurent insaisissables."
"1940-1945. Ella Maillart passe les années de guerre en Inde, vivant chichement de ses droits d'auteur. En 1942, elle publie à Londres deux livres écrits en anglais: Gypsy Afloat (La vagabonde des mers) et Cruises and Caravans (Croisières et caravanes). Elle s'installe dans le sud de l'Inde et suit à Tiruvannamalai l'enseignement de Râmana Maharshi, un sage "libéré du vivant" qui lui fera comprendre l'"unité du monde". Elle résume bien cette expérience en disant qu'elle voyageait pour se réjouir des différences et, désormais, pour se féliciter des ressemblances.
"Faute de parler, elle se retire au Liban pour écrire Oasis interdites. Je tiens pour un chef-d'oeuvre ce livre dont les protagonistes sont l'espace, le silence et une forme de bonheur dont on ne guérit jamais."
Ella Maillart - La vie immédiate. Photographies. Textes de Nicolas Bouvier. Voyageurs Payot, 1991.
Photographies de passages du livre:
Ella Maillart - La vie immédiate. Photographies. Textes de Nicolas Bouvier. Voyageurs Payot, 1991.
La beauté est fugitive...
"Tout autour de nous dans la nature, la beauté est fugitive. Elle ne dure pas. Les gouttes de rosée sur une feuille, la forme changeante des nuages, le vol gracieux d'un oiseau, les yeux doux d'un veau, le sourire d'un petit enfant - rien de tout cela ne dure. Alors pourquoi nos oeuvres d'art devraient-elles rester figées dans le temps ? Elles sont belles sur le moment. L'artiste le sait, les dieux sûrement le savent aussi. Oui, la terre n'est jamais plus belle qu'en cet instant même. Que demander de plus ? Elle change avec nous, avec le jour qui passe, jusqu'à ce que nous créions à nouveau de la beauté."
Paroles de la danseuse indienne Rukmini Devi.
Courrier de l'Unesco - dec. 1996.
Aidan Rankin: Careful action
"Careful action is more than merely abstaining from abusive and harmful behavior. It involves considering the consequences of—and crucially, the intention behind—all forms of action. In Jainism, the concept of action encompasses thought. Thoughts and ideas can harm or uplift the thinker as they are the starting point for all acts of himsa or injury, as well as all beautiful, creative, loving actions. Iryasamiti is closely associated with the spiritual ideal of ahimsa: non-violence or non-injury to life. This, too, is far more than simple abstinence. It is about cultivating an attitude of calm and a state of equanimity through the practice of maitri (friendship with all beings) and recognizing that worldly entanglements, including material gain, political power, or academic success are but transient trifles of no ultimate significance.
Careful action is based on recognition of the four following ideas:
- Each life—and this includes all forms of life—is individual, unique, and precious.
- All life is interconnected and interdependent.
- Human beings and their concerns are but one small part of the earth and the cosmos; therefore, we should approach the rest of existence with humility and modesty.
- Human intelligence has evolved to give men and women the capacity for spiritual development and the possibility of liberation. However, this intelligence is a double-edged sword for it confers the possibility of choosing destructive over creative power, gross materialism over spiritual insight, himsa over ahimsa.
Careful action is therefore a form of conscious choice to minimize harm and act in ways that benefit others, both human and non-human."
Aidan Rankin
http://pocombelles.over-blog.com/2014/07/aidan-rankin-green-karma.html
Jean Herbert: entretien avec Jean Biès (Vandoeuvres, 1974)
Cet entretien a eu lieu à Vandœuvres, en Suisse, le 13 mars 1974. Jean Herbert est mort le 20 août 1980.
Gandhi, Vinôbà Bhave, Shri Ramakrishna, Swami Vivekananda, Swâmi Ramdas, Shri Aurobindo, Ramana Maharshi, Ma Ananda Moyi... Les « sages de l'Inde contemporaine »... Ces noms sont désormais liés à celui de Jean Herbert, sans qui nous ne les connaîtrions que peu ou pas du tout. Des noms qui sont aussi des paroles de vie, des enseignements capitaux, où l'Occident en dérive puise les éléments de l'éternelle sagesse et les possibles d'une humanité future. À ce titre, Jean Herbert n'apparaît pas seulement comme un traducteur ou un vulgarisateur de talent, mais comme un humaniste et un précurseur, à la fois sensible au rapprochement des peuples d'Orient et d'Occident, et soucieux d'une unité mondiale par le haut.
On se trouvait avec lui en présence d'un homme qui avait passé cinquante ans de sa vie à parcourir l'Asie, à séjourner auprès de ses maîtres spirituels; et la cinquantaine de volumes qu'il a consacrés à l'Orient–dont certains sont de véritables sommes – démontre l'étendue et l'importance de l'enquête. Celle-ci n'est pas une élaboration universitaire abstraite; elle plonge dans les profondeurs mêmes d'une sagesse toujours vécue, toujours visible – il suffit d'y aller voir en ayant les bonnes adresses –, et propose des solutions éminemment pratiques.
Si les derniers survivants d'une humanité détruite, réfugiés sur une île déserte, avaient le droit de n'emporter que quelques livres à partir desquels reconstruire l'avenir, ne serait-ce pas ceux des « spiritualités vivantes », tels que les a traduits et transmis Jean Herbert ?
Le soldat
Il naît à Paris, en face de la Sorbonne, le 27 juin 1897. Son père, qui enseigna pendant soixante ans à l'École des sciences politiques, et sa mère, également professeur, souhaitaient le voir marcher sur leurs traces. À sa sortie du collège Chaptal, il obtient une bourse pour se préparer à l'École normale supérieure, mais la Première Guerre mondiale, qui le trouve en vacances à Édimbourg, vient interrompre ses études. Il reste en Écosse une année encore, enseignant le français au George Watson Collège. Ses études, poursuivies difficilement pendant et après la guerre, portent sur les lettres et le droit à la Sorbonne, le russe à l'École des langues orientales. Mais les circonstances l'avaient très tôt fait renoncer à l'enseignement; dans le secondaire tout au moins (car il devait professer plus tard, pendant dix ans, à l'université de Genève).
Mobilisé en 1915 au premier régiment de zouaves, il est, au bout de quelques mois, transféré dans l'artillerie. Il a l'exceptionnelle responsabilité de commander au chemin des Dames, à quelques centaines de mètres des lignes ennemies, la section chargée de contre-battre la
« Grosse Bertha » qui bombardait alors Paris. Ce jeune sous-lieutenant avait dans son poste de commandement une ligne directe avec le ministère de la Guerre, qui l'avisait dès qu'un obus tombait sur Paris. Il n'en tomba jamais deux dans la même journée, ce qui lui valut la croix de guerre. Après l'offensive allemande du mois d'avril, ses connaissances d'anglais le font envoyer comme officier de liaison auprès d'une division anglaise d'artillerie, puis comme conseiller technique auprès d'une division américaine d'artillerie, qui venait de débarquer, et avec laquelle il terminera la guerre.
Mobilisé de nouveau en 1939, il est, pendant un an, à Valence, chef d'état-major d'une unité chargée de former des régiments d'artillerie lourde. Lors de la grande débandade, son chef devait le charger d'emmener vite et n'importe où quelque deux mille recrues alsaciennes qui venaient d'être incorporées et qui, si elles étaient prises par les Allemands, risquaient fort d'être fusillées. Sans argent ni moyen de transport, pratiquement sans cadres, il réussit à les amener en sécurité, toutes sans exception, jusqu'aux Pyrénées. Après quoi, il se démobilise d'office et se réfugie dans une ferme isolée en pleins bois, dans le massif des Maures. Il y restera jusqu'à la fin de la guerre, sans que les troupes allemandes d'occupation ne soupçonnent sa présence. Ces années de retraite lui sont d'une extraordinaire fertilité pour le travail auquel il s'est désormais consacré.
L'interprète
En juin 1917, un épisode inattendu avait en effet, et sans qu'il s'en doutât, décidé de ce que serait sa profession. Il était à Paris en permission de quatre jours lorsqu'on lui offrit d'accompagner à Londres le ministre des Finances, M. Thierry, et le gouverneur de la Banque de France, M. Luquet, qui allaient solliciter un emprunt. Muni en quelques heures d'un passeport diplomatique signé du ministre des Affaires étrangères et d'un ordre de mission signé du ministre de la Guerre, il remplit pour la première fois les fonctions d'interprète de conférence en prenant le breakfast avec Lloyd George dans sa résidence de Park Lane. Début d'une carrière qui durera soixante ans.
Rappelé de l'armée pour servir d'interprète aux commissions d'armistice au début de 1919, il avait été tout naturellement de l'équipe d'une douzaine d'interprètes à la conférence des préliminaires de paix qui prépara le traité de Versailles. À la commission des réparations chargée de décider le montant des dommages exigés de l'Allemagne, la décision de la commission fixant cette dette porte sa seule signature.
Entre les deux guerres, il travaillera dans toutes les grandes organisations internationales : Société des Nations, Bureau international du travail, sociétés savantes, organisations professionnelles, conférences diplomatiques, Croix-Rouge, congrès de toutes sortes et à tous les niveaux. Il côtoie Clemenceau, Poincaré, Briand, Barthou, Winston Churchill, avant de devenir l'ami de Rolland et de Kazantzakis.
La Seconde Guerre mondiale n'était pas encore terminée quand, dans sa retraite provençale, il reçoit du ministère français des Affaires étrangères un télégramme lui fixant un rendez-vous là la gare Saint-Lazare. Arrivé à Paris, il apprend qu'une grande conférence va se réunir à San Francisco pour préparer une Organisation des Nations unies destinée à remplacer la Société des Nations. Il est de l'équipe de quatre interprètes qui en assure le service auprès de Georges Bidault. La langue française y est imposée à l'égal de l'anglais et du russe.
Jean Herbert devient le premier interprète en chef des Nations unies. Commençant avec trois collègues, il en forme rapidement d'autres, si bien que, au bout de deux ans, il a une équipe de quatre-vingts interprètes. Mais, président du comité du personnel, il se trouve en conflit permanent avec le secrétaire général, Trygve Lie. Tous deux seront soulagés lorsque Jean Herbert sera transféré à Genève. Il reste sept ans encore aux Nations unies, puis reprend sa liberté, et, comme interprète indépendant, continue de sillonner les cinq continents.
Auteur du Manuel de l'interprète, publié en six langues et utilisé dans toutes les universités du monde, président de l'Association internationale des interprètes de conférence, présidant pendant quinze ans les jurys d'examens des écoles d'interprètes aux universités de Paris et de Trieste, Jean Herbert se charge encore d'une autre tâche. Pour amener les écoles universitaires d'interprètes à s'entraider, il réussit, non sans peine, à les grouper en une conférence permanente, qui tient depuis lors des réunions annuelles. Non content de ce premier résultat, il obtient qu'elles créent et patronnent conjointement une collection de dictionnaires techniques multilingues, qui seront publiés sous sa direction aux éditions Elsevier (Amsterdam). C'est la première fois dans l'histoire que des universités de plusieurs pays différents, Allemagne, Italie, France, Suisse, États-Unis, s'engagent dans une telle collaboration (Cette collection, reprise par M. de Smedt, J. Mouttapa, comprend aujourd'hui plus de cent volumes, dont certains ont eu un succès suffisant pour être traduits en de nombreuses langues.)
Le chercheur de vérité
Mais ce ne sont point là les activités les plus importantes de Jean Herbert. De mère catholique et de père protestant, il avait été élevé dans le catholicisme. Après une première communion fervente, son enthousiasme était tombé. Peu d'années plus tard, il avait eu comme professeur de philosophie André Cresson, alors le représentant de l’école positiviste d'Auguste Comte, qui exerça sur lui une forte influence et lui « apprit à raisonner », ce pour quoi il lui est resté toute sa vie reconnaissant.
Cependant, les préoccupations spirituelles et religieuses n'avaient pas tardé à refaire surface. Pendant quelques années, sous la direction de Mme Guetty, il s'était plongé dans la « science chrétienne », y avait exercé comme praticien. Il y trouvait du christianisme une vision plus profonde et plus spirituelle que celle qu'il avait trouvée dans le catéchisme. Mais il y trouvait aussi le même complexe irritant de supériorité envers toutes les autres conceptions religieuses.
Un voyage en Turquie lui est, en 1925, une première révélation de l'Orient à travers l'islâm. Il se met ensuite à étudier le bouddhisme. En 1934, une conférence internationale au Mexique lui fournit l'occasion de faire une tournée dans les principaux pays bouddhistes : Japon, Chine, Indochine, Ceylan, Birmanie. Il est profondément déçu d'y découvrir la même intolérance qui l'avait choqué chez les chrétiens. Mais ce voyage est pour lui décisif. C'est qu'en cours de route il fait escale en Inde. Dès l'abord, ce pays le surprend, l'intéresse d'autant plus qu'il a lu et apprécié les ouvrages que Romain Rolland a consacrés à quelques-unes de ses personnalités spirituelles.
Sans qu'il l'ait cherché, un concours de circonstances l'amène à Pondichéry, dans l'ashram de Shri Aurobindo. Et c'est le coup de foudre. Il rencontre enfin un maître qui allie à une stricte rationalité une étonnante vision métaphysique applicable au quotidien, tout en respectant les autres conceptions. Jean Herbert a trouvé son centre de gravité. Aurobindo non seulement l'accepte comme disciple, et plus tard lui confère l'initiation, mais il le charge de traduire ses oeuvres en français et de les faire publier. Tel est le yoga personnel qui lui est donné, et que le disciple nomme, non sans humour, « le yoga de la machine à écrire ».
De retour à Paris, Jean Herbert rend compte de ce premier séjour à Romain Rolland, qui lui demande d'approfondir l'œuvre amorcée par lui sur la spiritualité hindoue, c'est-à-dire de faire connaître à l'Occident non seulement Aurobindo, mais aussi Râmakrishna, Vivekananda et les autres guru traditionnels et authentiques de l'Inde moderne. Là est le point de départ de son oeuvre, facilitée par les nombreux séjours qu'il fait ensuite dans l'Inde – une douzaine, soit un total de trois années –, pendant lesquels Shri Aurobindo lui conseillera d'aller aussi s'asseoir aux pieds des autres sages. C'est ainsi qu'il séjournera à diverses reprises auprès de Ramana Maharshi, Swami Ramdas, Ma Ananda Moyi, Swami Sivananda, et connaîtra Gandhi, Rabindranath Tagore, bien d'autres dont il traduira plusieurs oeuvres.
L'orientaliste
Jean Herbert se heurte d'abord à une totale incompréhension, tant chez les éditeurs que chez les universitaires, qui revendiquaient alors une véritable exclusivité pour tout ce qui concernait l'hindouisme. Pendant près de dix ans, il doit s'endetter pour publier à ses frais des livres qu'il colporte ensuite chez les libraires. En 1944 cependant, un article qu'il publie aux Cahiers du Sud, dirigés par Jean Balard, attire l'attention d'André Sabatier, directeur littéraire des éditions Albin Michel, qui lui demande d'écrire un livre sur l'hindouisme. Jean Herbert y met comme condition que cet éditeur publiera aussi les oeuvres des grands sages hindous. André Sabatier accepte, et c'est le début de la collection « Spiritualités vivantes ». Il convient ici de rendre hommage à Paul Masson-Oursel, le premier universitaire français à comprendre l'importance de ce travail, et qui accepta d'y associer son nom.
Jean Herbert, qui s'est surtout intéressé aux enseignements qu'on peut tirer de la mythologie hindoue, jusqu'ici presque totalement inconnue (ou incomprise), fait cependant une incursion dans le shintô, sur la demande d'un ami japonais, frappé par l'influence qu'exerce sur les Occidentaux l'arrivée des enseignements spirituels hindous. Jean Herbert consacre cinq années à l'analyse du shintoïsme et publie sur ce sujet cinq volumes, la première étude sérieuse jamais faite dans ce domaine.
Le succès obtenu par les livres sur l'hindouisme et le shintô le conduit à inclure dans sa collection des ouvrages émanant des plus hautes autorités de l'ésotérisme musulman, des diverses écoles bouddhistes et du taoïsme. Il n'est pas exagéré de dire aujourd'hui que ces ouvrages ont véritablement révolutionné l'attitude de l'Occident envers la spiritualité, jusqu'alors insoupçonnée, des autres religions.
Le chêne rouvre
Stature impressionnante d'un grand intellectuel que tout amusait. Œuvre puissante, produit d'une rare capacité de travail, à laquelle trois compagnes ont apporté leur contribution successive. Il y a chez Jean Herbert l'assise, la force obstinée du chêne rouvre. C'est qu'il a sans doute l'art de ne pas se disperser dans l'instant. Ne travaillait-il pas à ses textes dans les cabines d'interprètes, durant les demi-heures de battement entre les séances de travail ?
Je le retrouve dans son chalet de Vandœuvres – il m'y recevra plusieurs jours – tapissé de livres, au milieu des sapins. Confort anglais; atmosphère d'étude. Comme tous les êtres vraiment vivants, un être contradictoire : moustaches mode 1930, longs cheveux d'artiste shivaïte fumant pipe ou cigare avec délectation, mais capable de s'arrêter de fumer dès qu'il l'a décidé. De surcroît, fin gourmet et tout aussi susceptible d'absorber les plats les moins ragoûtants. Homme d'un hier prophétique, s'intéressant aux mouvements politiques du monde à travers les cours de la Bourse; d'une générosité naturelle, mais raisonnée; ayant élu domicile dans les hautes sphères de l'Esprit; ne se départant jamais du bon sens, qu'il tient pour une expression privilégiée de la sagesse ; pouvant être attentif et tendre, ou dur en amitié, s'il sait qu'il aidera mieux ainsi; grave et sérieux, ses petits yeux pointus, propres à dénuder les textes et les êtres, riant du spectacle des hommes et des choses, avec, dans ce rire, ce grand rire, une grande indulgence. (Shri Aurobindo ne l'avait-il pas surnommé Vishvabhandou, « l'Ami de tous » ?)
On parlerait longtemps de son éclectisme – tout apparent. Ayant expliqué l'hindouisme à un sage soufi qui le lui demandait, l'autre lui dit : «Et vous croyez vraiment à tout cela? – Oui », dit-il. Le sage répliqua : « Alors, vous êtes un vrai musulman ! »
Il ne chante pas très juste, se montre insensible à la poésie et à l'art contemporain, aimerait presque les histoires paillardes. Mais il est pesant des responsabilités humaines que ceux qu'il côtoie lui font toujours porter. Sa qualité la plus marquante me semble être celle de l'adaptation à tous les lieux et circonstances : il jeûne, s'il n'y a rien à manger; s'il n'y a pas de chaise, s'assied par terre. Dans sa forêt des Maures, il ne trouvait pour toute nourriture que des lactaires, champignons d'un goût médiocre, mais qu'il juge encore « délicieux »... Enfin, un de ces êtres avec lesquels on se sent bien, parce qu'ils possèdent au plus haut point la chose la plus mal partagée, cette faculté princesse qui a nom intelligence. Esprit d'organisation et de synthèse, rapidité d'élaboration, possibilité d'aller droit au cœur d'un problème, rigueur de la pensée, souci du mot juste, ouverture, respect attentif lui faisant toujours admettre la diversité des points de vue.
Des entretiens que j'ai eus avec Jean Herbert, on lira ici des fragments qui résument sa pensée, sans qu'on ait à se perdre dans les sinuosités de l'érudition. Il y manque sa voix modulée et chaude, ses mains, dont il sait jouer. Ce ne sont point là les moindres charmes de sa personne.
J. B.
JEAN BIÈS : Vous êtes assurément l'homme qui était destiné à livrer à l'Occident le trousseau de clés qui lui manquait, ou qu'il avait perdu, pour sortir d'une prison devenue à beaucoup intolérable. L'enseignement des grands sages de l'Inde contemporaine, comme celui de l'ésotérisme soufi, du bouddhisme zen, du shintô constituent une partie appréciable de ces clés. Vous avez vécu auprès de Gandhi, de Ramana Maharshi, de Shri Aurobindo, votre guru ; vous vous êtes entretenu avec le dalaï-lama. Vous avez fait venir en France Swami Siddheswarananda, et reçu Swami Ramdas. Pourtant, votre métier d'interprète dans les grandes réunions internationales ne semblait en rien vous prédisposer à une carrière d'orientaliste...
JEAN HERBERT : C'est cependant l'interprétariat qui m'a donné la faculté de me tourner vers l'orientalisme. La discipline de l'interprète consiste à comprendre un individu et à traduire sa pensée le plus honnêtement possible; celle de l'orientaliste, à comprendre et à faire comprendre un groupe d'individus. L'interprète doit s'incarner dans l'orateur et renoncer à sa propre personnalité pour exprimer et devenir l'autre. C'est exactement la même technique que j'ai employée dans mes recherches sur l'Orient, en abdiquant ma personnalité et en rendant le plus claires possible les religions orientales.
J.B. : Quel a été votre but, en fondant la collection «Spiritualités vivantes» chez Albin Michel ?
J.H. : Ouvrir l'esprit des Occidentaux aux philosophies orientales. Au début du siècle, les élites spirituelles d'Orient et d'Occident s'ignoraient totalement, ou même se méprisaient dans la mesure où elles soupçonnaient l'existence l'une de l'autre. À peine si les chrétiens parlaient avec condescendance des « mystiques naturelles ». J'ai pensé, encouragé en cela par Romain Rolland, qu'il était utile et urgent de combler un tel vide.
J.B. : N'était-ce pas amorcer un changement de conscience chez certains Occidentaux, et répondre au vœu de René Guénon souhaitant la rencontre de ces élites ?
J.H. : Sans aucun doute. René Guénon a été un grand pionnier à qui nous devons beaucoup. Il a été le premier Occidental à se plonger véritablement dans une mystique orientale, pour en retirer les fruits dans la pratique.
J.B. : Ce travail ne se fit pas sans difficultés. Quoique vous ayez professé à l'université de Genève, en qualité de privas décent, l'enseignement officiel ne vous a jamais soutenu.
J.H. : Cela a changé depuis. Mais je me suis heurté, au début, à une opposition considérable. Les orientalistes ne concevaient pas qu'on aille se renseigner sur l'hindouisme auprès des hindous !... Ils estimaient en savoir beaucoup plus que les tenants des religions étudiées; ils ne les prenaient même pas au sérieux... Lorsque j'ai envoyé un exemplaire des Commentaires par Shrî Aurobindo de la Bhagavad Gîta, à un célèbre professeur qui enseignait l'indianisme au Collège de France, il me répondit en me remerciant : «Je ne comprends pas l'intérêt que vous portez à ce commentateur indigène... » Quant aux éditeurs de l'époque – et je les ai tous essayés les uns après les autres –, ils considéraient comme invendables des livres dont les noms d'auteurs étaient imprononçables !...
J.B. : Avant d'en venir à l'Inde, j'aimerais vous demander ce que l'Orient, en général, vous a apporté. Qu'en est-il du bouddhisme ?
J.H. : Devant tant d'anathèmes et de scissions, je ne sais vraiment plus ce qu'il est. Il existe en fait plusieurs bouddhismes, plus encore que de confessions chrétiennes : tibétain, birman, chinois, cinghalais, japonais. Ses aspects sont très intéressants, mais très différents. Leur seul point commun est de découvrir en soi, à l'aide de certaines méthodes, la nature de Bouddha. Mais je dois dire que j'ai trouvé dans les ouvrages du professeur Suzuki sur le zen une extraordinaire source d'enrichissement... Je suis, comme vous le savez, à l'origine de l'introduction du bouddhisme zen en Occident, et si je ne l'ai pas pratiqué moi-même, à la différence d'autres voies, je sais qu'il fait beaucoup de bien à ceux qui s'y sont engagés. L'immobilité, le silence, surtout dans un monde agité comme le nôtre, ne peuvent que procurer ce bien-être; à plus forte raison, s'ils sont assortis de diverses techniques.
J.B. : Et le shintô?
J.H. : Plus qu'une religion, le shintô est une conception de la vie fondée en particulier sur le culte des ancêtres et le sens de l'honneur. Il imprègne de sa noblesse tout un peuple, même si, pour beaucoup de Japonais, ses enseignements sont si évidents qu'il est inutile de les expliquer. Comme le christianisme continue d'imprégner même les agnostiques de chez nous. Mais il ne peut être pratiqué que par les Japonais, en tant que descendants des dieux primordiaux du Japon... Du shintô j'ai tiré un grand principe : «Ici et maintenant. »
J.B. : Quelle est selon vous, et d'une façon toute générale, la meilleure clé que nous a léguée l'Orient, celle qui peut le mieux nous aider à comprendre ?
J.H. : La clé de la continuité. Tandis qu'en Occident, nos recherches scientifiques nous conduisent à des fragmentations, des subdivisions, des oppositions croissantes, l'Orient nous apprend la continuité de toutes choses, l'enchaînement ininterrompu des événements; la continuité entre l'homme et la nature, entre les différents règnes, entre l'homme et Dieu, entre les différentes espèces d'hommes; la continuité entre les plans matériels et subtils; la continuité de l'espace et celle du temps; un immense ensemble où tout se coordonne et s'harmonise.
J.B. : La tradition hindoue reste celle qui vous a le plus marqué. Mais il est une double objection que l'on entend souvent de la bouche même me de ceux qui admettent la valeur de sa « spiritualité », et qui peut se résumer en ces termes : comment admettre l'immense misère de l'Inde, et comment le pays de la non-violence a-t-il pu se doter de l'arme atomique?
J.H. : Ce sont deux questions différentes. Puisque les hindous ont toujours consacré une grande partie de leur énergie aux disciplines spirituelles de leur religion, il leur en est resté beaucoup moins pour se consacrer à l'amélioration de leur sort matériel. Il en aurait été de même pour les chrétiens s'ils s'étaient consacrés à appliquer les enseignements de l'Évangile. Quant à la bombe atomique, Gandhi a dû se retourner dans sa tombe, si j'ose dire. Elle est le résultat naturel de la politique nationaliste et impérialiste suivie par les gouvernements du Pandit Nehru et de sa fille.
J.B. : Autre objection. En admettant que la première moitié de ce siècle ait offert une magnifique floraison de sages, en est-il de même aujourd'hui ? Et peut-on envisager s'engager sans guru dans une voie ?
J.H. : Je rappelle à ce propos la parole de Ma Ananda Moyi : « Tous les hommes, toutes les choses de ce monde sont mon guru. » Cela rejoint la notion d’uppaguru, des maîtres temporaires et secondaires, inconscients de leur rôle – humains, animaux, événements –, qui, par leur parole ou leur comportement, peuvent nous enseigner quelque chose, à tel moment du chemin.
J.B. : Mais cela exclut toute initiation... Qu'est-ce, d'abord, que l'initiation?
J.H. : L'idée que je m'en fais réside en ceci : premièrement, le maître indique au disciple la voie à suivre; deuxièmement, il lui inspire le désir de s'y engager; troisièmement, il lui donne la force et les conditions pour continuer. Le rite lui-même s'accompagne de la transmission d'une formule et d'une force spirituelle. Mais mieux vaut répéter un mantra avec ferveur et constance sans avoir été initié, qu'avoir été initié à un mantra et l'oublier.
J.B. : Je voudrais vous demander quelle est la vision du monde que l'Orient, l'Inde en particulier, vous a donnée, ainsi que l'attitude de vie qu'elle vous a inspirée.
J.H.: L'Orient m'a beaucoup apporté, m'a ouvert l'esprit, tout en me rattachant à mes propres racines, en en éliminant ce qui me choquait, à commencer parle complexe de supériorité, tout à fait injustifié, des Occidentaux. Ceux-ci s'imaginent que ce qui est vrai dans leur pays sur les plans moral, social, religieux, etc., doit l'être pour tout le reste de l'humanité. Il m'a enseigné à respecter toujours l'opinion d'autrui, à ne jamais vouloir lui imposer ma façon de voir. Tout être a quelque chose à nous apprendre... Le bon sens aussi, auquel ne cessent de se référer les Orientaux... Je crois aujourd'hui davantage à la continuité sous différentes formes qu'aux étiquetages, oppositions, exclusives. Dans le déroulement du jeu divin, il n'y a rien de vraiment et de définitivement tranché. Où se trouve la frontière entre le normal et l'anormal, l'énergie et la matière, la vie et la mort, le bien et le mal ?... Deva et asura, dieux et démons, sont simultanés. Les dieux triomphent des démons, mais perpétuellement, jamais définitivement. Sans cette lutte, rien ne pourrait exister en dehors comme au-dedans de nous. Toutes les dualités ou pluralités se résolvent en une unité supérieure où chacune se situe à sa place, sans aucune possibilité de conflit.
J.B. : On pourrait de même demander : sans Judas, que devient le christianisme ?, ou affirmer : sans Kali-yuga, point de Satya-yuga À ce propos, qu'en est-il des dates finales de l'« Age sombre » ?
J.H. : Nul n'en sait rien... Mais c'est insensiblement que l'on passe d'une mer chaude à une mer froide, et inversement.
J.B. : Il est cependant incontestable qu'il y a dans l'humanité actuelle un terrible instinct suicidaire.
J.H. : Nous sommes évidemment dans une période de l'histoire où les forces du mal prennent des proportions de plus en plus affolantes. Il est fantastique, d'autre part, de voir la quantité d'énergie que cette humanité gaspille à regretter le passé et à craindre l'avenir. Pour l'Inde, tout est voulu par Dieu. Swami Ramdas disait que si, dans un naufrage, tout le monde périt, sauf moi, c'est la volonté de la Providence, mais que si tout le monde est sauvé, sauf moi, c'est aussi la volonté de la Providence. Il faudra, ou bien que l'humanité disparaisse, ou bien que l'on fasse un rétablissement spectaculaire. Mais c'est précisément lorsqu'on touche le fond qu'on peut le mieux rebondir... Shri Aurobindo n'est pas du tout catégorique sur ce que nous, hommes, deviendrons. Dans la Vie divine, il écrit que la possibilité est offerte à l'homme d'évoluer au-delà de ce qu'il est actuellement, mais qu'il est également possible que l'homme ne soit pas l'instrument divin, qu'il y ait une limite prédéterminée à sa puissance progressive, et que, de même qu'il a détrôné les autres espèces terrestres, un autre être le remplace... A côté de l'effort auquel nous sommes conviés, les questions de datation du Kali-yuga ont peu d'importance.
J.B. : Je suppose qu'une des autres grandes leçons de l'Inde a été pour vous la tolérance.
J.H. : Cette tolérance qui exige de tolérer même l'intolérance !... Mais je préfère dire le respect. C'est le respect qui, en Orient, m'a ouvert toutes les portes. Il est regrettable que, chez nous, toute « Église » veuille convaincre de sa vérité comme étant la seule digne d'être imposée. L'autre agit différemment de moi, mais il agit selon le rôle qui lui a été confié. Vous devez le respecter autant qu'il doit vous respecter.
J.B. : Cela nous conduit à la question des darshana, des «points de vue».
J.H. : Ce sont des explications différentes, non contradictoires, d'un même phénomène, d'une même vérité... Photographiez une forêt, un arbre, une coupe histologique de l'arbre, un atome du tissu ligneux, vous photographierez toujours la même chose. Il n'y a vraiment pas de quoi se quereller – ce qu'ont oublié chrétiens, musulmans et bouddhistes !... J'ai vu, un jour, au bord du Gange, une femme vêtue de haillons, qui déchirait à longueur de temps du papier en petits morceaux. Du point de vue de la science moderne, cette femme eût passé pour folle. Mais le vieux Swami, docteur en philosophie, qui m'accompagnait, me déclara très sérieusement : « C'est une grande Incarnation !... »
J.B. : Les mythes et les rites... Ces deux notions reviennent souvent dans vos livres. Que pouvez-vous nous en dire encore ?...
J.H.: J'ai acquis la conviction que la mythologie est le fondement même me de l'hindouisme, et que les textes qui ont suivi sont déjà des exégèses, des mentalisations. Tous les mythes relatant les étapes du passage de l'Absolu à la différenciation, les modes de manifestation des guna, les divers avatara de Vishnu, les shaki symbolisant la puissance de manifestation des dieux, sont d'une importance capitale.
J.B. : Quelle définition donneriez-vous du mythe ?
J.H. : Le mythe relate une interaction entre des forces déterminées, susceptibles de se dérouler à plusieurs niveaux : métaphysique, cosmique, psychologique, yogique.
J.B. : Vous avez vous-même proposé dans Le Yoga de l'amour une très suggestive interprétation du mythe de Krishna, en étudiant successivement la lutte contre les obstacles à l'union avec le Divin, la description de l'état d'union, et le comportement, dans la vie quotidienne, de celui qui est parvenu à l'union.
J.H. : Cette étude m'a occupé une vingtaine d'années.
J.B. : Et a trouvé l'assentiment des meilleurs pandits de l'Inde... On assiste, au contraire, dans le christianisme actuel, à un effort acharné de démythification tendant à vider les mythes de l'Ancien Testament de leur valeur spirituelle, et à ravaler le Nouveau à un manuel de morale sociale.
J.H. : En effet. Alors qu'il existe dans la Bible des mythes fort intéressants – je pense en particulier au Livre de Daniel –, et que chaque mythe contient des étages de significations qu'il faudrait déchiffrer minutieusement.
J.B. : Ne doit-on pas déplorer en même temps la dégénérescence des rites en Occident ?
J.H. : Le ritualisme est, lui aussi, très important. Il constitue une aide considérable, nullement méprisable, sans rapport avec les superstitions. Pour l'hindou, il n'est pas de pensée, d'acte, d'événement, au cours de sa journée et de sa vie, qui ne s'accompagne de rites plus ou moins compliqués. Chaque ensemble de rites se rattache à une variété de yoga, est d'une efficacité éprouvée, consacrée. Pour ne prendre qu'un exemple, tous les hindous savent que le japa, la répétition du nom d'un dieu de son choix, permet d'assimiler les qualités du dieu ainsi évoqué.
J.B. : Le christianisme oriental a gardé ce sens ritualiste. Au japa correspond la « prière du cœur ». Mais, en Occident, les rites ont été de plus en plus incompris et simplifiés.
J.H. : Je dirais qu'il y a sûrement beaucoup trop de dogmes et pas assez de rites.
J.B. : Ces dogmes qui étouffent, alors qu'il « existe, disait Vivekananda, autant de religions que d'individus ».
J.H. : Certainement... Le dogme entretient la hantise de l'hérésie. Dans le christianisme occidental, dès qu'un grand mystique apparaît, on craint pour lui et pour tous qu'il verse dans l'hérésie; on le chambre, on le cache. En Orient, quand un sage apparaît, on se précipite pour recevoir son enseignement.
J.B. : Les chrétiens ont coutume de considérer le monothéisme comme supérieur au polythéisme, et d'opposer le Christ, Fils unique de Dieu, aux Avatara mythologiques de l'Inde.
J.H. : Toutes les religions sont à la fois monothéistes et polythéistes. Chacun choisit l'aspect du Dieu unique qui lui convient le mieux. Le Dieu du «Notre Père », le Sacré-Cœur de Jésus, l'Enfant dans la crèche, le Christ en croix, le Ressuscité sont cinq manifestations différentes du même Dieu. Les quatre-vingt-dix-neuf noms d'Allâh présentent au musulman plusieurs aspects de son Dieu. Il en est de même chez les hindous, où Dieu apparaît comme père, mère, enfant, ami, amant, etc.
J.B.: L'hindouisme considère de toute façon le christianisme comme une des grandes traditions de l'humanité.
J.H. : Oui, mais le Christ lui-même n'a jamais déclaré qu'il était l'unique Fils de Dieu. Ce sont les théologiens qui sont venus ensuite tout brouiller avec des mots et des concepts, ont bâti des théologies, scindé les choses, suscité des conflits.
J.B. : Une autre pierre d'achoppement est le problème de la transmigration. Dans quelle mesure cette dernière est-elle littérale, et de quelle façon, symbolique ?
J.H. : Si elle est admise sans réserve comme évidente chez tous les hindous (comme pour les chrétiens, l'existence de l'âme), elle est comprise et expliquée dans l'Inde à beaucoup de niveaux différents. D'ailleurs, le Christ, s'il n'a pas parlé de transmigration, n'a jamais dit non plus qu'elle n'existait pas. Elle est en tout cas une excellente hypothèse de travail. Ramakrishna disait : «Les vies successives existent, mais elles ne sont pas ce que vous croyez... »
J.B. : Beaucoup s'étonnent que vous ne vous soyez pas converti à l'hindouisme, sans penser qu'il faut y être né, et que l'hindouisme est moins une religion qu'une philosophie.
J.H. : L'hindouisme, à ce titre, ne fait aucun prosélytisme; il s'applique à rendre chacun meilleur dans sa propre voie. Il a pu contribuer à faire de moi un meilleur chrétien. Les hindous assurent que la voie du Christ se suffit à elle-même. Comme Gandhi, j'estime d'ailleurs dangereux, sauf exceptions, de se « convertir » à une autre religion. On ne peut faire abstraction de son atavisme psychique et culturel. Je n'ai, pour ma part, jamais cessé d'être chrétien.
J.B. : Tagore a bien rappelé aux chrétiens qu'avec les Béatitudes et la prière de saint François d'Assise ils n'avaient même rien à envier à l'Orient. Swami Siddheswarananda ajoutait saint Jean de la Croix.
J.H. : Il est légitime de comparer sans honte la richesse de nos traditions à celle de l'Orient. Renoncer à ces trésors serait une perte indéniable. L'Orient n'est pas là pour les détruire mais pour les raviver. Ce que les spiritualités orientales nous permettent, c'est d'approfondir la religion dans laquelle nous sommes nés. Elles offrent en outre des techniques qui, à ma connaissance, n'existent pas dans le christianisme, et qu'il est tout à fait possible de leur emprunter; ce que fait d'ailleurs l'Église catholique.
J.B. : Puisque les yogas ne sont liés à aucune confession particulière, quelle sorte de yoga préconiseriez-vous aux Occidentaux ?
J.H. : Pour répondre à cette question, il convient d'abord de savoir la nature des Occidentaux. Parce qu'ils sont « physiques » et « vitaux », le hatha-yoga peut grandement les aider, à condition d'être dirigés par un maître parfaitement compétent, et de procéder à des ajustements. Les attitudes du hatha-yoga facilitent la circulation et la respiration, dégagent les courants nerveux, décongestionnent les centres psychiques, transforment profondément l'être anatomique, physiologique et psychologique. Mais parce que les Occidentaux sont aussi hypermentalisés, je leur conseillerais parallèlement de satisfaire leur curiosité intellectuelle en se plongeant dans l'étude du jnana-yoga, qui leur offrira un système métaphysique cohérent et répondra à leurs questions. Ce sera une bonne opération de nettoyage mental... Et enfin, parce que les Occidentaux sont aussi des actifs et des affectifs, j'ajouterais un mélange de karma et de bhakti-yoga : l'un pour satisfaire à leur besoin de faire du bien à autrui, mais en restant détachés des «fruits de l'action », l'autre, à leurs aspirations religieuses. La nature de chacun détermine évidemment les choix et les dosages. Mais le karma-yoga concerne plus particulièrement les Occidentaux en leur rappelant que l'homme a droit à l'action, mais pas à ses conséquences, bonnes ou mauvaises.
J.B. : Christianisme et yogas, inspirés de maîtres authentiques... Mais n'y a-t-il pas, aujourd'hui, avec le déferlement des sectes de tout genre, un grave danger pour les gens non avertis, non formés, les jeunes en particulier; et cette pseudo-spiritualité n'est-elle pas en fait l'arme la plus subtile de la subversion, ce que d'aucuns appellent la « contre-initiation »?
J.H. : Il faut reconnaître que quelques sectes font du bien à certains de ceux qui s'y sont rattachés. Penser à autre chose qu'à la matière, observer des moments de silence, avoir un idéal spirituel est toujours bénéfique. Mais beaucoup de ces sectes font aussi du mal en engageant des gens sur des voies extrêmement dangereuses. Il ne faut pas s'y rallier en renonçant au bon sens et à la discrimination.
J.B. : Comment distinguer un maître authentique d'un faux maître?
J.H. : La lecture des vrais maîtres y aide déjà beaucoup. Il faut ensuite observer, apprécier à sa valeur le maître rencontré. Le vrai maître ne cherche jamais d'argent, n'exerce aucun « pouvoir », ne cherche pas à attirer les disciples.
J.B. : L'Inde se heurte à d'énormes problèmes socio-économiques, le Japon a opté pour le matérialisme producteur et consommateur, la Chine est toujours à l'heure du communisme. De son côté, l'Occident se débat dans une crise financière, morale, intellectuelle et spirituelle qui paraît à certains le signe de sa fin. Peut-on croire, après cela, à une Sainte Alliance de l'Orient et de l'Occident?
J.H. : Je crois que l'Occident peut recouvrer un peu de l'équilibre qu'il a perdu en s'inspirant de l'Orient. Et que l'Orient, sans pour autant renoncer à ses richesses spirituelles, peut améliorer son sort en adoptant certaines des découvertes et des inventions de la science et de la technique occidentales... L'Inde a encore sûrement beaucoup de ressources cachées. On n'imagine pas combien elle reste un pays secret... Ce n'est qu'au terme de mon quatrième séjour chez des amis de Bénarès qu'on me fit visiter un temple souterrain dans cette ville, dont on ne m'avait jamais parlé jusque-là !
J.B. : Et il s'y passe encore d'étranges choses... Je ne sais quel crédit vous accordez à l'anecdote suivant laquelle Ma Ananda Moyi alluma le feu sur les autels brahmaniques en prononçant le nom d'Agni 2... Puis-je vous demander si vous avez été vous-même témoin de faits de ce genre ?
J.H. : Personnellement, je n'ai jamais cherché à voir de tels phénomènes, même lorsque se présentaient des occasions valables. Ce qui est sûr, c'est qu'en Inde la limite entre le possible et l'impossible n'est pas la même que chez nous. Il s'y passe quantité de choses que la science occidentale, à son stade actuel d'évolution, n'est pas à même d'expliquer. Je suppose qu'un jour elle le fera, et que nous ne qualifierons plus de miracles ce qu'aujourd'hui nous ne comprenons pas. Il y a moins d'un siècle, la télévision aurait été pour la science occidentale un miracle.
J.B. : Cela m'amène aux maîtres spirituels dont vous avez traduit les enseignements... Gandhi, qui reste le plus connu, en Occident, des grands hindous modernes, en fait-il partie ?
J.H. : Gandhi a toujours refusé d'être considéré comme un maître spirituel. Je l'ai personnellement connu, et je l'admire, naturellement; mais il est, avant tout, un moraliste rigoureux. Il mêlait la morale et la politique; il agissait, mais en abandonnant les conséquences à Dieu, C'est-à-dire qu'il pratiquait le karma-yoga. Ce qui ne pouvait qu'entraîner un dialogue de sourds avec les Anglais.
J.B. : D'un genre tout différent était Râmakrishna, puisqu'il est considéré comme un Avatara. En quels termes pourrait-on définir cette figure et son rôle ?
J.H. : De son enseignement, on a surtout retenu : « Toutes les religions mènent à Dieu », ce qui est une affirmation classique dans les textes sacrés hindous. Mais il en a apporté une confirmation pratique par son expérience personnelle.
J.B. : J'aimerais vous demander encore ce qui vous a le plus frappé chez les sages hindous.
J.H. : Essentiellement trois choses. D'abord, leur regard, tout différent de celui des autres hommes. On a établi la même différence entre le regard humain et le regard bovin. Certains de ces regards vous transfigurent... Ensuite, la connaissance directe qu'ils ont de l'ensemble de ce qui existe. Ils ne sont pas omniscients, ni érudits; ils peuvent même ignorer beaucoup de choses. Mais expliquez-leur une chose qu'ils ignorent, ils la situeront dans la totalité, vous expliqueront son origine, son développement, ses aboutissants. Cela est très impressionnant... Et enfin, leur joie de vivre. Non pas une joie bruyante, mais intérieure. D'où le rayonnement extraordinaire de ces êtres, même immobiles et semblant ne rien faire, ne pas s'occuper de ceux qui sont autour d'eux. Ainsi Ramana Maharshi, qui résolvait les questions avant qu'on les lui pose.
J.B. : Cette joie n'était-elle pas aussi celle de Swami Ramdas'?
J.H. : Swami Ramdas était le « petit enfant» de l'Évangile, par son rire, sa gentillesse, sa simplicité. Mais quand on lui posait une question ardue de métaphysique, il y répondait, comme un petit enfant, et d'une façon définitive !
J.B. : De tous les messages de l'Inde contemporaine, celui de Shri Aurobindo est de beaucoup le plus important pour vous.
J.H. : J'ai découvert l'âshram de Shri Aurobindo en 1934. Je n'avais jusqu'alors même pas entendu son nom. Or, j'ai découvert en lui un homme qui m'a passionné et dont les oeuvres m'ont aussitôt paru d'une importance capitale.
J.B. : N'avez-vous pas été tenté de demeurer près de lui, à Pondichéry ?
J.H. : Si !... Mais Shri Aurobindo me dit que ma place était en Europe. Il voulait que je fasse connaître au public francophone son message et celui des maîtres orientaux. Et aujourd'hui, son nom se répand énormément parmi les jeunes, les éducateurs, les psychologues, dans toutes sortes de milieux.
J.B. : N'a-t-on pas reproché aux traductions de ses textes de comporter des inexactitudes ? Correspondent-elles parfaitement à ce qu'a écrit Shri Aurobindo ?
J.H. : Toutes les traductions françaises faites du vivant de Shri Aurobindo lui ont été soumises et ont été approuvées par lui personnellement. Celles faites plus tard ont été soumises à ses disciples les plus proches et approuvées par eux. Dans un cas comme dans l'autre, les rares corrections proposées ont toutes été incorporées, sous réserve, parfois, de corrections grammaticales.
J.B. : On a comparé, sans exagération, Shri Aurobindo à Platon. Qu'est-ce qui vous a le plus frappé dans sa pensée ?
J.H. : Il avait une vaste culture occidentale, savait le latin et le grec, l'anglais, le français, l'allemand; il lisait de nombreuses revues scientifiques, mais il savait aussi le sanskrit et connaissait parfaitement les Écritures de l'Inde. Cela donna lieu non à un œcuménisme quelconque, mais à une puissante synthèse de tout ce qui l'avait précédé aux niveaux scientifique, religieux et métaphysique. Shri Aurobindo est arrivé à la conclusion qu'à partir de la base actuelle il était possible et même inévitable que la vie sur la terre continue d'évoluer. Il n'y a pour lui aucune raison de penser que l'évolution, à partir de la matière, de la vie et du mental, soit terminée; l'homme n'en est pas le point final. Aurobindo annonce la descente sur terre d'un plan « supramental,», dont il estime que le moment est proche.
J.B. : La fin du cycle actuel est marquée par l'apparition du Kalkinavatâra, représenté sous la forme d'un cheval blanc. (C'est aussi sur un cheval blanc que doit venir le Christ du second Avènement.) Ne peut-on pas penser qu'il correspondrait à l'apparition d'un nouveau plan de conscience, celui-là même qu'Aurobindo nomme le supramental?
J.H.: On peut le penser, en effet.
J.B. : Auroville vous apparaît-elle comme un tremplin d'où s'élancera une nouvelle humanité ?
J.H. : Je n'ai personnellement jamais vu en quoi cela pouvait avoir un rapport quelconque avec l'enseignement de Shri Aurobindo. Il n'en est nulle part question dans son euvre.
J.B. : Quelle est la véritable raison qui vous a fait rester fidèle à' Aurobindo ?
J.H. : C'est que, lorsque je lui ai demandé : « Vous estimez-vous le révélateur de la Vérité ultime? », Aurobindo s'est mis à rire et m'a répondu : « D'autres viendront après moi, qui iront plus loin que moi!..»
J.B. : Une dernière question, toute personnelle. Avez-vous un secret, Jean Herbert – yogique ou autre –, ou du moins des habitudes de vie vous permettant, né en 1897, d'avoir les allures, l'esprit et les capacités de travail d'un homme de soixante ans ? Est-ce seulement question de nature, de destin ?
J.H. : Aucun secret. Mais j'ai l'impression que Shri Aurobindo, en me donnant l'initiation, m'a donné toute la force dont j'aurai besoin, et aussi longtemps que nécessaire, pour m'acquitter du travail dont il m'avait chargé.
Source de cette transcription: http://sriaurobindodisciples.blogspot.fr/2009/12/qui-etait-jean-herbert.html
Jean Varenne : Questions à Jean Herbert l’introducteur en France de l’hindouisme http://www.revue3emillenaire.com/blog/questions-a-jean-herbert-lintroducteur-en-france-de-lhindouisme-par-jean-varenne/
Raymond Zeller: En mémoire de Josette Herbert-Perelli : http://www.lextension.com/index.php?page=theme&idActu=18676&theme=Pr%E9sentation