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Jean Rostand: La civilisation
Jean Rostand: La civilisation
"Outre que la civilisation ne constitue point par elle-même un facteur de progrès biologique, elle peut, indirectement, devenir un facteur de régression. Nous avons dit maintes fois que les éléments héréditaires, ou gènes, des individus humains sont de qualité fort inégale, pour les caractères intellectuels comme pour les caractères physiques. Partant, le niveau moyen de l’espèce, à tout moment, dépend de la proportion existant entre les bons et les mauvais gènes. D’une part, le nombre des mauvais gènes tend à s’accroître sans cesse par le seul effet de la mutation, qui se fait beaucoup plus souvent vers le pire que vers le meilleur ; d’autre part la sélection naturelle tend à éliminer les mauvais gènes, lesquels, d’ordinaire, réduisent plus ou moins la capacité reproductrice des individus qui les portent, soit en restreignant leur fécondité, soit en diminuant leur vigueur globale ou leur faculté d’adaptation. Au début de l’histoire humaine, dans les conditions de la vie sauvage, la sélection naturelle jouait avec assez peu de rigueur pour que, malgré l’abondance des mutations délétères, l’espèce maintint son niveau, ou même peut-être marquât quelque amélioration génétique. Les individus chétifs, mal venus, n’arrivaient pas à l’âge reproducteur, et leurs mauvais gènes s’éteignaient avec eux. Henri Vallois a constaté que, parmi les squelettes préhistoriques, on n’en trouve presque pas de vieillards. Si les conditions de l’existence étaient jadis trop rudes pour la vieillesse, à plus forte raison l’étaient-elles sans doute pour la débilité. Le débile, comme le vieillard, est un produit de la civilisation.
De surcroît, la sélection s’exerçait non seulement à l’intérieur de chaque groupe humain, mais aussi de groupe à groupe ; et, dans ce cas, elle favorisait souvent le progrès des caractères intellectuels et sociaux : les tribus courageuses, animées de sentiments collectifs, commandées par des chefs héroïques et astucieux, l’emportaient sur les autres.
La situation changea du tout au tout à mesure que se formèrent les vastes collectivités organisées qui caractérisent la civilisation moderne.
D’abord, la sélection de groupe à groupe se fit inopérante, les guerres entre nations n’ayant d’autre résultat que d’évincer, de part et d’autre, les plus braves et les plus robustes. Et, surtout, la médecine, la chirurgie, l’hygiène, l’assistance, le développement des idées philanthropiques devaient concourir à gêner toujours davantage la fonction épuratrice de la sélection naturelle.
Nos sociétés actuelles donnent la possibilité de survivre et de reproduire à des milliers d’êtres qui eussent été autrefois implacablement éliminés dès le jeune âge. La diminution de la mortalité infantile, les vaccinations généralisées entraînent un affaiblissement de la résistance moyenne de l’espèce. Grâce à l’obstétrique, des femmes deviennent mères en dépit d’un bassin trop étroit, et, grâce au lait stérilisé, nourrices, en dépit de glandes mammaires insuffisantes. Il n’y a plus de sanction naturelle pour les petites tares physiologiques, comme la mauvaise denture ou la myopie.
Il n’est pas jusqu’à la sélection sexuelle, fondée sur le choix réciproque des procréateurs, qui n’ait perdu de son efficace dans nos sociétés inégalitaires. Les avantages sociaux ou financiers priment les naturels, et la situation ou les « espérances » font plus pour unir les humains que la beauté des corps ou que la finesse des esprits.
En bref, défaut général de sélection, et même, en certain cas, contre-sélection ou sélection à rebours : voilà le lot de nos sociétés actuelles. Aucun frein n’y contrariant la multiplication des mauvais gènes qui se produisent constamment par mutation, il s’ensuit un avilissement progressif de l’espèce.
Cet avilissement doit dater de loin ; il ne fera que s’accentuer toujours davantage". (…)
Jean Rostand, L’Homme (Gallimard, 1940/1961)
Citation plus complète de Rostand ici:
https://pocombelles.over-blog.com/2016/08/l-homme-et-la-civilisation-jean-rostand.html
"Des mondialistes comme le fondateur du Forum économique mondial, Klaus Schwab, ont ouvertement admis qu'ils avaient l'intention de modifier l'humanité, tant au niveau génétique que par l'intégration de l'intelligence artificielle et des nanotechnologies dans le corps humain."
https://www.globalresearch.ca/beef-producers-panic-over-mrna-vaccine-news/5816143
https://www.globalresearch.ca/author/dr-mercola
Nicolas Berdyaeff: Culture et civilisation (1922)
L'analyse des différences et même de l'antagonisme entre "culture" et "civilisation" par Nicolas Berdiaeff nous paraît indispensable pour prendre nos distances avec ce mot, ce concept de "Civilisation" brandi et revendiqué sans cesse par toutes sortes de politiciens liés aux milieux de pouvoir occidentaux, ceux de l'argent, de l'usure, de la technocratie, de l'industrie militaire et pharmaceutique, des grands médias, etc., ennemis du divin, de l'humanité et de la nature. L'idée artificielle de "Civilisation", au singulier, implique la destruction des cultures (appelées "Barbarie"). Car il n'existe pas une culture, mais des cultures. Tout comme la conception abstraite et artificielle de l'Homme par les Lumières et la Révolution française est la négation des hommes en tant qu'individus -et surtout en tant que personnes- appartenant à des peuples et à des cultures différentes et multiples. Qui dit Civilisation dit nationalisme: comme la "Civilisation" nie toutes les autres cultures, le nationalisme nie toute existence politique aux peuples ou ethnies présents sur un même territoire afin de les fondre dans le même moule et les soumettre aux mêmes lois. Civilisation et nationalisme sont deux termes et concepts abstraits, théoriques. Deux concepts darwinistes aussi, dans le sens perverti du darwinisme culturel; car ils impliquent une supériorité inconditionnelle d'une partie de la population du territoire sur les autres (Barbarie), ce qui conduit parfois à une manipulation de l'histoire pour justifier ce pouvoir.
Bien entendu, et pour relativiser ce qu'écrit Berdyaeff, la Russie n'a pas été le seul pays dont la culture était assise sur une base religieuse, car c'est le cas de l'Inde, des pays musulmans, bouddhistes, etc. Bien au contraire, la Russie tsariste a cherché à détruire les montagnards musulmans du Caucase (voir Les Cosaques et surtout Hadji Mourad de Tolstoï) et, par l'intermédiaire des popes, des marchands de vodka* et de fourrures, à éradiquer les peuples nomades animistes de Sibérie (voir l’œuvre du linguiste finlandais Kai Donner chez les Samoyèdes).
P.-O.C.
* L'alcool étant un moyen rapide de fabriquer beaucoup d'argent avec les céréales normalement destinées à l'alimentation, mais en détruisant la santé physique et morale des gens.
Sur le même sujet:
https://pocombelles.over-blog.com/2023/04/shamil-sultanov-la-civilisation-moderne.html
Gandhi a dit, après la Première Guerre mondiale: "L'Occident est satanique." (in: Romain Rolland: "Mahatma Gandhi")
Jean Rostand: La civilisation
"Outre que la civilisation ne constitue point par elle-même un facteur de progrès biologique, elle peut, indirectement, devenir un facteur de régression. Nous avons dit maintes fois que les éléments héréditaires, ou gènes, des individus humains sont de qualité fort inégale, pour les caractères intellectuels comme pour les caractères physiques. Partant, le niveau moyen de l’espèce, à tout moment, dépend de la proportion existant entre les bons et les mauvais gènes. D’une part, le nombre des mauvais gènes tend à s’accroître sans cesse par le seul effet de la mutation, qui se fait beaucoup plus souvent vers le pire que vers le meilleur ; d’autre part la sélection naturelle tend à éliminer les mauvais gènes, lesquels, d’ordinaire, réduisent plus ou moins la capacité reproductrice des individus qui les portent, soit en restreignant leur fécondité, soit en diminuant leur vigueur globale ou leur faculté d’adaptation. Au début de l’histoire humaine, dans les conditions de la vie sauvage, la sélection naturelle jouait avec assez peu de rigueur pour que, malgré l’abondance des mutations délétères, l’espèce maintint son niveau, ou même peut-être marquât quelque amélioration génétique. Les individus chétifs, mal venus, n’arrivaient pas à l’âge reproducteur, et leurs mauvais gènes s’éteignaient avec eux. Henri Vallois a constaté que, parmi les squelettes préhistoriques, on n’en trouve presque pas de vieillards. Si les conditions de l’existence étaient jadis trop rudes pour la vieillesse, à plus forte raison l’étaient-elles sans doute pour la débilité. Le débile, comme le vieillard, est un produit de la civilisation.
De surcroît, la sélection s’exerçait non seulement à l’intérieur de chaque groupe humain, mais aussi de groupe à groupe ; et, dans ce cas, elle favorisait souvent le progrès des caractères intellectuels et sociaux : les tribus courageuses, animées de sentiments collectifs, commandées par des chefs héroïques et astucieux, l’emportaient sur les autres.
La situation changea du tout au tout à mesure que se formèrent les vastes collectivités organisées qui caractérisent la civilisation moderne.
D’abord, la sélection de groupe à groupe se fit inopérante, les guerres entre nations n’ayant d’autre résultat que d’évincer, de part et d’autre, les plus braves et les plus robustes. Et, surtout, la médecine, la chirurgie, l’hygiène, l’assistance, le développement des idées philanthropiques devaient concourir à gêner toujours davantage la fonction épuratrice de la sélection naturelle.
Nos sociétés actuelles donnent la possibilité de survivre et de reproduire à des milliers d’êtres qui eussent été autrefois implacablement éliminés dès le jeune âge. La diminution de la mortalité infantile, les vaccinations généralisées entraînent un affaiblissement de la résistance moyenne de l’espèce. Grâce à l’obstétrique, des femmes deviennent mères en dépit d’un bassin trop étroit, et, grâce au lait stérilisé, nourrices, en dépit de glandes mammaires insuffisantes. Il n’y a plus de sanction naturelle pour les petites tares physiologiques, comme la mauvaise denture ou la myopie.
Il n’est pas jusqu’à la sélection sexuelle, fondée sur le choix réciproque des procréateurs, qui n’ait perdu de son efficace dans nos sociétés inégalitaires. Les avantages sociaux ou financiers priment les naturels, et la situation ou les « espérances » font plus pour unir les humains que la beauté des corps ou que la finesse des esprits.
En bref, défaut général de sélection, et même, en certain cas, contre-sélection ou sélection à rebours : voilà le lot de nos sociétés actuelles. Aucun frein n’y contrariant la multiplication des mauvais gènes qui se produisent constamment par mutation, il s’ensuit un avilissement progressif de l’espèce.
Cet avilissement doit dater de loin ; il ne fera que s’accentuer toujours davantage". (…)
Jean Rostand, L’Homme (Gallimard, 1940/1961)
https://pocombelles.over-blog.com/2016/08/l-homme-et-la-civilisation-jean-rostand.html
Civilisation et obésité: les problèmes de l'armée US
L'armée américaine aurait annulé les limites de poids pour ses troupes, permettant aux soldats obèses de rester dans le service et de continuer à être éligibles pour des promotions s'ils obtiennent d'assez bons résultats à leurs tests d'aptitude physique. Ce changement de règle a été révélé mercredi par le plus haut gradé de l'armée, le sergent-major Michael Grinston, selon Military.com.
S'adressant aux soldats lors d'une conférence de l'armée à Washington, Grinston a déclaré : "Si vous obtenez un score élevé au test d'aptitude au combat de l'armée (ACFT), vous devriez être bon."
D'autres changements aux politiques relatives au poids sont envisagés et seront finalisés d'ici juin, a déclaré Grinston. Il n'a pas été décidé quand les changements de règles entreront en vigueur. L'armée a toujours exigé des pesées au moins tous les six mois et a empêché les troupes jugées trop grosses de se réengager, d'être promues, d'être transférées ou d'être admises dans des écoles professionnelles.
Ces changements de règles interviennent alors que l'armée a manqué de 25 % son objectif de recrutement pour l'exercice 2022, qui s'est achevé le 30 septembre, et ce malgré des primes d'enrôlement pouvant atteindre 50 000 dollars. Elles interviennent également dans un contexte d'épidémie d'obésité aux États-Unis. Selon les données du Pentagone, plus de 42 % des adultes américains sont obèses et près de 71 % des Américains nés après 1997 ne sont pas admissibles au service militaire, le plus souvent parce qu'ils sont trop gros pour être admissibles.
On ne sait pas encore si les nouvelles règles s'appliqueront aux nouvelles recrues, mais l'ajustement pourrait permettre aux commandants de conserver des troupes de vétérans qui pourraient autrement être rejetées pour cause de surpoids. Les restrictions actuelles sont basées sur des normes de taille et de poids, ainsi que sur des tests de pourcentage de graisse corporelle.
Les soldats qui dépassent la limite de poids correspondant à leur taille sont soumis à un test dit "à la bande", qui consiste à mesurer leur cou et leur taille, afin de déterminer leur pourcentage de graisse corporelle. Pour les hommes, les limites de graisse vont de 20 % à 26 %, en fonction de leur catégorie d'âge. Pour les femmes, la fourchette est de 30 à 26 %.
Les soldats qui obtiennent un score d'au moins 540 sur 600 à l'ACFT, qui comprend des exercices tels que le soulevé de terre et une course de deux miles, seront exemptés des limites de poids. Au début de cette année, l'armée a assoupli les normes relatives au test d'aptitude physique pour les femmes et les hommes plus âgés.
Traduit de l'anglais par Rouge et Blanc avec www.DeepL.com
Homme d'une tribu sans contact de l'Amazonie péruvienne. Pas d'obèses chez eux, tous les hommes sont aptes à la chasse et à la guerre (PS: il n'y a pas d'obèses non plus chez les Palestiniens...) Source: https://hypescience.com/novas-fotos-revelam-estilo-de-vida-de-tribo-isolada-na-amazonia/
"Outre que la civilisation ne constitue point par elle-même un facteur de progrès biologique, elle peut, indirectement, devenir un facteur de régression. Nous avons dit maintes fois que les éléments héréditaires, ou gènes, des individus humains sont de qualité fort inégale, pour les caractères intellectuels comme pour les caractères physiques. Partant, le niveau moyen de l’espèce, à tout moment, dépend de la proportion existant entre les bons et les mauvais gènes. D’une part, le nombre des mauvais gènes tend à s’accroître sans cesse par le seul effet de la mutation, qui se fait beaucoup plus souvent vers le pire que vers le meilleur ; d’autre part la sélection naturelle tend à éliminer les mauvais gènes, lesquels, d’ordinaire, réduisent plus ou moins la capacité reproductrice des individus qui les portent, soit en restreignant leur fécondité, soit en diminuant leur vigueur globale ou leur faculté d’adaptation. Au début de l’histoire humaine, dans les conditions de la vie sauvage, la sélection naturelle jouait avec assez peu de rigueur pour que, malgré l’abondance des mutations délétères, l’espèce maintint son niveau, ou même peut-être marquât quelque amélioration génétique. Les individus chétifs, mal venus, n’arrivaient pas à l’âge reproducteur, et leurs mauvais gènes s’éteignaient avec eux. Henri Vallois a constaté que, parmi les squelettes préhistoriques, on n’en trouve presque pas de vieillards. Si les conditions de l’existence étaient jadis trop rudes pour la vieillesse, à plus forte raison l’étaient-elles sans doute pour la débilité. Le débile, comme le vieillard, est un produit de la civilisation.
De surcroît, la sélection s’exerçait non seulement à l’intérieur de chaque groupe humain, mais aussi de groupe à groupe ; et, dans ce cas, elle favorisait souvent le progrès des caractères intellectuels et sociaux : les tribus courageuses, animées de sentiments collectifs, commandées par des chefs héroïques et astucieux, l’emportaient sur les autres.
La situation changea du tout au tout à mesure que se formèrent les vastes collectivités organisées qui caractérisent la civilisation moderne.
D’abord, la sélection de groupe à groupe se fit inopérante, les guerres entre nations n’ayant d’autre résultat que d’évincer, de part et d’autre, les plus braves et les plus robustes. Et, surtout, la médecine, la chirurgie, l’hygiène, l’assistance, le développement des idées philanthropiques devaient concourir à gêner toujours davantage la fonction épuratrice de la sélection naturelle.
Nos sociétés actuelles donnent la possibilité de survivre et de reproduire à des milliers d’êtres qui eussent été autrefois implacablement éliminés dès le jeune âge. La diminution de la mortalité infantile, les vaccinations généralisées entraînent un affaiblissement de la résistance moyenne de l’espèce. Grâce à l’obstétrique, des femmes deviennent mères en dépit d’un bassin trop étroit, et, grâce au lait stérilisé, nourrices, en dépit de glandes mammaires insuffisantes. Il n’y a plus de sanction naturelle pour les petites tares physiologiques, comme la mauvaise denture ou la myopie.
Il n’est pas jusqu’à la sélection sexuelle, fondée sur le choix réciproque des procréateurs, qui n’ait perdu de son efficace dans nos sociétés inégalitaires. Les avantages sociaux ou financiers priment les naturels, et la situation ou les « espérances » font plus pour unir les humains que la beauté des corps ou que la finesse des esprits.
En bref, défaut général de sélection, et même, en certain cas, contre-sélection ou sélection à rebours : voilà le lot de nos sociétés actuelles. Aucun frein n’y contrariant la multiplication des mauvais gènes qui se produisent constamment par mutation, il s’ensuit un avilissement progressif de l’espèce.
Cet avilissement doit dater de loin ; il ne fera que s’accentuer toujours davantage". (…)
Jean Rostand, L’Homme (Gallimard, 1940/1961)
https://pocombelles.over-blog.com/2021/06/jean-rostand-la-civilisation.html
Jean Rostand: La civilisation
"Outre que la civilisation ne constitue point par elle-même un facteur de progrès biologique, elle peut, indirectement, devenir un facteur de régression. Nous avons dit maintes fois que les éléments héréditaires, ou gènes, des individus humains sont de qualité fort inégale, pour les caractères intellectuels comme pour les caractères physiques. Partant, le niveau moyen de l’espèce, à tout moment, dépend de la proportion existant entre les bons et les mauvais gènes. D’une part, le nombre des mauvais gènes tend à s’accroître sans cesse par le seul effet de la mutation, qui se fait beaucoup plus souvent vers le pire que vers le meilleur ; d’autre part la sélection naturelle tend à éliminer les mauvais gènes, lesquels, d’ordinaire, réduisent plus ou moins la capacité reproductrice des individus qui les portent, soit en restreignant leur fécondité, soit en diminuant leur vigueur globale ou leur faculté d’adaptation. Au début de l’histoire humaine, dans les conditions de la vie sauvage, la sélection naturelle jouait avec assez peu de rigueur pour que, malgré l’abondance des mutations délétères, l’espèce maintint son niveau, ou même peut-être marquât quelque amélioration génétique. Les individus chétifs, mal venus, n’arrivaient pas à l’âge reproducteur, et leurs mauvais gènes s’éteignaient avec eux. Henri Vallois a constaté que, parmi les squelettes préhistoriques, on n’en trouve presque pas de vieillards. Si les conditions de l’existence étaient jadis trop rudes pour la vieillesse, à plus forte raison l’étaient-elles sans doute pour la débilité. Le débile, comme le vieillard, est un produit de la civilisation.
De surcroît, la sélection s’exerçait non seulement à l’intérieur de chaque groupe humain, mais aussi de groupe à groupe ; et, dans ce cas, elle favorisait souvent le progrès des caractères intellectuels et sociaux : les tribus courageuses, animées de sentiments collectifs, commandées par des chefs héroïques et astucieux, l’emportaient sur les autres.
La situation changea du tout au tout à mesure que se formèrent les vastes collectivités organisées qui caractérisent la civilisation moderne.
D’abord, la sélection de groupe à groupe se fit inopérante, les guerres entre nations n’ayant d’autre résultat que d’évincer, de part et d’autre, les plus braves et les plus robustes*. Et, surtout, la médecine, la chirurgie, l’hygiène, l’assistance, le développement des idées philanthropiques devaient concourir à gêner toujours davantage la fonction épuratrice de la sélection naturelle.
Nos sociétés actuelles donnent la possibilité de survivre et de reproduire à des milliers d’êtres qui eussent été autrefois implacablement éliminés dès le jeune âge. La diminution de la mortalité infantile, les vaccinations généralisées entraînent un affaiblissement de la résistance moyenne de l’espèce. Grâce à l’obstétrique, des femmes deviennent mères en dépit d’un bassin trop étroit, et, grâce au lait stérilisé, nourrices, en dépit de glandes mammaires insuffisantes. Il n’y a plus de sanction naturelle pour les petites tares physiologiques, comme la mauvaise denture ou la myopie.
Il n’est pas jusqu’à la sélection sexuelle, fondée sur le choix réciproque des procréateurs, qui n’ait perdu de son efficace dans nos sociétés inégalitaires. Les avantages sociaux ou financiers priment les naturels, et la situation ou les « espérances » font plus pour unir les humains que la beauté des corps ou que la finesse des esprits.
En bref, défaut général de sélection, et même, en certain cas, contre-sélection ou sélection à rebours : voilà le lot de nos sociétés actuelles. Aucun frein n’y contrariant la multiplication des mauvais gènes qui se produisent constamment par mutation, il s’ensuit un avilissement progressif de l’espèce.
Cet avilissement doit dater de loin ; il ne fera que s’accentuer toujours davantage". (…)
Jean Rostand, L’Homme (Gallimard, 1940/1961)
*NDLR: En 1914-18, ce sont les plus braves qui sont allés combattre au front et qui sont morts, en masse. Les lâches, les malins qui faisaient des affaires sont restés à l'arrière, en sécurité. Ce sont eux qui se sont reproduits, répandant leur vilenie à travers leur descendance et dans les institutions. Comme Jean Rostand en explique très bien les raisons, nous sommes aujourd'hui dans une inversion totale de la sélection naturelle puisque le pouvoir n'appartient plus aux meilleurs, comme dans la nature et comme dans l'Âge d'Or, mais aux pires. On le constate bien aujourd'hui dans cette nouvelle guerre mondiale CONTRE L'HUMANITĖ qu'est la psycho-pandémie du COVID-19, lancée par la part la plus vile, la plus corrompue et la plus malfaisante de l'espèce humaine.
Une troupe de bandits menace un village de paysans. Incapables de se défendre, les paysans font appel aux samouraï. Ils leur inspirent la pitié, mais en les trompant sur l'état de leurs réserves. Les samouraï sauvent le village et meurent presque tous au combat, répandant leur sang comme le cerisier répand ses fleurs à terre, dans le vent. Les paysans oublient les samouraï et font la fête.