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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

laurent guyenot

Sénèque: "Un esprit saint habite en nous"

14 Mars 2025 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Stoïcisme, #Sénèque, #Antiquité, #Philosophie, #Laurent Guyénot

Sénèque: "Un esprit saint habite en nous"

Nous n'avons pas besoin de lever les mains vers le ciel, ni de supplier le gardien d'un temple de nous laisser approcher l'oreille de son idole, comme si nos prières avaient ainsi plus de chances d'être entendues. Dieu est près de vous, il est avec vous, il est en vous. Voilà ce que je veux dire, Lucilius : un esprit saint habite en nous, un esprit qui marque nos bonnes et nos mauvaises actions et qui est notre gardien. Nous sommes traités par cet esprit de la même manière que nous le traitons. En effet, aucun homme ne peut être bon sans l'aide de Dieu. Peut-on s'élever au-dessus de la fortune si Dieu ne l'aide pas à s'élever ? C'est lui qui donne des conseils nobles et justes.

Sénèque, Lettre à Lucilius, 41.

https://www.unz.com/article/the-renaissance-genius/

Sénèque: "Un esprit saint habite en nous"
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Laurent Guyénot: Le dieu jaloux, le peuple élu et la terre promise: on n'y croit plus, c'est terminé !

13 Février 2025 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Laurent Guyénot, #Catholicisme, #Christianisme, #Héllénisme, #Grèce, #Israël, #Islam, #Religion, #Philosophie

Chapelle de la Maison d'Éducation de la Légion d'Honneur à Saint Denis (ancienne abbaye royale de Saint-Denis). L'autel traditionnel (normalement orienté à l'Est, dans la direction du soleil levant) est surmonté du soleil christique rayonnant, symbole de la divinité, de la lumière, de la Vérité et de la Justice.

Chapelle de la Maison d'Éducation de la Légion d'Honneur à Saint Denis (ancienne abbaye royale de Saint-Denis). L'autel traditionnel (normalement orienté à l'Est, dans la direction du soleil levant) est surmonté du soleil christique rayonnant, symbole de la divinité, de la lumière, de la Vérité et de la Justice.

Car ce qui fait les philosophes, ô Cléa, ce n'est ni l'habitude d'entretenir une longue barbe, ni le manteau. Ce n'est pas non plus la robe de lin ni l'usage de se raser qui constituent les prêtres d'Isis. Le véritable Isiaque est celui qui après avoir reçu, par la voie légale de la tradition, tout ce qui s'enseigne et se pratique à l'égard de ces divinités, soumet les saintes doctrines à l'examen de sa raison et s'étudie à en approfondir la vérité.

Plutarque, Traité d'Isis et d'Osiris.

Le monde catholique souffre depuis sa naissance de schizophrénie, à un degré que n’a pas connu le monde orthodoxe : une sorte de choc des civilisations interne entre l’hellénisme et le christianisme, entre la raison gréco-romaine et la révélation judéo-chrétienne. Cela remonte à Tertullien de Carthage et ses fameuses déclarations : « Qu’y a-t-il de commun entre Athènes et Jérusalem ? » ; « Quel lien pourrait-il bien y avoir entre l’Académie [platonicienne] et l’Église ? » Ce qui signifie le rejet de l’autorité de la raison : « Je crois parce que c’est absurde ». Position absurde en elle-même, pitoyable de bêtise et d’arrogance aux yeux d’un philosophe.

 

Dans l’Orient chrétien, il y a eu tension mais non pas guerre entre l’hellénisme et le christianisme, parce que les Byzantins chérissaient autant Athènes que Jérusalem, et n’avaient pas renoncé à leur mission de préserver le miracle grec. La position orthodoxe s’est officialisée au IVe siècle avec le traité de Basile de Césarée, Sur la manière de tirer profit des lettres grecques.

Il y a une autre position idéologique qui, je crois, distingue l’Orient chrétien de l’Occident. On la doit à un autre Carthaginois, le grand saint Augustin, dont l’autorité dans le monde latin est aussi imposante qu’elle est insignifiante dans le monde grec. Il s’agit de la doctrine du « peuple témoin », qui fait de la préservation du peuple juif une mission de l’Église.

« Et ainsi, par leurs propres Écritures, ils nous rendent ce témoignage, que nous n’avons pas inventé les prophéties qui parlent de Jésus-Christ. [...] Ainsi, par cela même qu’ils n’ajoutent point foi à nos Écritures, les leurs s’accomplissent en eux, encore qu’ils soient assez aveugles pour ne le pas voir. [...] Nous nous contentons [de leurs Écritures] que nos ennemis nous fournissent malgré eux, et dont ils sont eux-mêmes les dépositaires ; d’autant mieux que nous y trouvons prédite cette dispersion même dont les Juifs nous fournissent le témoignage éclatant. [...] Dieu donc a fait voir sa miséricorde à l’Église dans les Juifs ses ennemis, parce que, comme dit l’Apôtre : "Leur crime est le salut des Gentils." [Romains 11,11] » (La Cité de Dieu, XVIII, 46)

Cette doctrine du peuple témoin est en soi un témoignage rendu par l’Église aux juifs, l’aveu qu’elle reconnaît leur élection divine – perdue, certes, mais néanmoins vraie, unique, miraculeuse, indispensable, etc. Soyons honnêtes : nous, le monde chrétien, n’avons pas aidé les juifs à sortir de leur délire narcissique et paranoïaque. Nous les y avons enfermés. Interdit à tout juif de renier sa judéité sans se faire chrétien, c’est-à-dire sans rester à demi-juif ! Nous leur avons dit que nous les croyions quand ils nous disaient que Dieu les avait choisis. Nous leur avons accordé une position privilégiée, en tant que seule religion non chrétienne autorisée. Jean Juster confirme dans Les Juifs dans l’Empire romain que, « parmi toutes les religions non officielles, la religion juive fut la mieux traitée et, en somme, la mieux tolérée » [1]. Nous les avons même laissés pratiquer leurs mutilations rituelles des parties génitales des nourrissons, ce que les Romains leur avait interdit sous Hadrien. Il est largement admis que c’est le christianisme qui a assuré la survie du judaïsme [2]. Sans l’antagonisme du christianisme, les juifs de la Torah se seraient fondus entièrement dans les civilisations qui les abritaient, ou bien seraient restés un peuple fossile marginal. L’islam ne serait jamais apparu.

Les anciens Égyptiens, Grecs et Romains ne prenaient pas au sérieux la prétention des juifs d’avoir été choisis par Dieu. Ils attribuaient le comportement antisocial des juifs à la méchanceté de leur dieu, et Plutarque (v. 45-125 ap. J.-C.) rapporte dans Isis et Osiris* la rumeur égyptienne selon laquelle le dieu d’Israël était Seth, le méchant dieu à tête d’âne, meurtrier d’Osiris, banni par la communauté des dieux et réfugié dans le désert de Judée.

Lorsqu’ils sont devenus chrétiens, les Romains ont reçu l’ordre de croire que les juifs avaient été les premiers à adorer le vrai Dieu. La méchanceté des juifs ne pouvait donc plus être attribuée à la méchanceté de leur dieu. Au contraire, elle était expliquée comme une conséquence du fait que les juifs s’étaient détournés du vrai Dieu. Alors que les anciens pensaient que les juifs étaient un peuple maudit parce qu’ils haïssaient tous les dieux sauf Yahvé, les chrétiens croient que les juifs étaient un peuple saint aussi longtemps qu’ils haïssaient tous les dieux sauf Yahvé. Nous avons religieusement préservé leur livre, alors que l’immense majorité des livres grecs et romains ont été perdus, et cela inclut la totalité de ceux qui critiquaient les juifs : on ne connaît Apion, Celse ou Marcion que par leurs réfutations juives ou chrétienne.

Voilà pourquoi, deux millénaires après la destruction du Temple par Titus (70 ap. J.-C.) et l’effacement des noms de Jérusalem et d’Israël par Hadrien (135 ap. J.-C.), les nations chrétiennes ont rendu la Palestine aux juifs, qui l’ont renommé Israël et prévoient maintenant de reconstruire leur Temple et de (re)créer l’empire imaginaire de Salomon, dès qu’ils auront exterminé une nouvelle fois Amalek.

Voilà à quoi a mené la doctrine du « peuple témoin », surenchère dans l’anti-marcionisme : non seulement nous préservons et révérons les livres dans lesquels les juifs ont déclaré que Dieu avait choisi les juifs, mais en plus nous préservons, dans une position humiliante, l’auteur collectif de ce livre, comme témoin de la vérité de leur livre. Verrouillage à double tour. Nous avons allumé nous-mêmes le feu pour nous cuire.

C’était il y a longtemps. L’eau de l’histoire a coulé sous les ponts. Nous vivons, à nouveau, des temps historiques. Non pas des temps eschatologiques : arrêtons avec ce concept magico-biblique ! L’histoire a un sens, Hegel n’a pas eu besoin de la Bible pour le penser. Il y a des époques charnières où se présentent l’opportunité ou la nécessité d’un saut de conscience collectif. Des rendez-vous à ne pas manquer. Je crois que nous vivons une telle époque. L’histoire nous demande de trancher une fois pour toute la racine pourrie qui nous rattache à Israël et son dieu psychopathe, et puiser de nouvelles forces dans notre racine hellénique gréco-romaine. Celle-ci est saine : aussi saine et vigoureuse que l’est la tradition confucéenne pour les Chinois.

Nous devons reconnaître la responsabilité collective de la chrétienté dans la préservation et finalement le triomphe d’un Israël plus monstrueux encore qu’il y a trois mille ans. Il n’y a plus d’excuse pour ne pas dénoncer le dieu jaloux, le peuple élu et la terre promise comme les mensonges les plus toxiques de l’histoire de l’humanité. Bas les masques, Israël ! Ton nom signifie « menteur », puisque c’est en mentant trois fois (à ton frère, à ton père et à ton oncle) que tu as pris ce nom. Ta fausse histoire sainte est un tissu d’horreurs. Ton dieu est une abomination. Arrière, Satan !

Mais – je le répéterai toujours – nous garderons le Jésus historique, figure héroïque du combat contre Israël : Jésus est le Palestinien. Et nous garderons aussi l’enfant Jésus, personnification mythique du « nouveau soleil » (noio hel), une tradition européenne qui, comme le culte de la Vierge Marie, ne doit strictement rien à l’héritage hébraïque.

Laurent Guyénot
 
 
et
Laurent Guyénot: Le dieu jaloux, le peuple élu et la terre promise: on n'y croit plus, c'est terminé !

Qui est Yahvé ? D’où vient-il ? Comment ce dieu jaloux, vengeur et exclusif a-t-il imprimé le destin de son peuple ? Quel est tout au long de l’histoire le fil rouge qui relie le culte de Yahvé au sionisme contemporain ?
Tout commence dans l’Ancien Testament et c’est là qu’il faut aller puiser notre compréhension de la question juive. Car l’Ancien Testament, ou plus précisément la Torah, ne fait pas que retracer l’histoire d’un peuple : elle donne aux enfants d’Israël les clefs pour accomplir ce qu’ils se sont donné comme fatum ; là est la justification et là est le chemin à suivre. C’est Jacob, fils d’Isaac, qui lors de son retour d’exil prend ce nom d’Israël, nom dont le peuple juif tout entier hérite avant de devenir celui d’un État : ainsi se trouvent mêlés sous un même vocable le patriarche, le peuple et la terre promise.
L’histoire du peuple juif traverse l’histoire de toute l’humanité. Quel rôle a-t-il joué dans la chute de Byzance ? Quelle a été son influence au sein même de l’Église chrétienne ? Quel poids a été le sien dans la terrible « guerre civile européenne » de la première partie du XXe siècle ? Nation parmi les nations, il a été traversé de vents contraires qui l’ont pourtant poussé toujours dans la même direction : entre tentatives d’assimilation et volonté de séparation, conversions sincères ou de façade, entre exclusions et infiltrations, persécutions et privilèges, le peuple de Yahvé s’est toujours vécu comme distinct du reste de l’humanité, reproduisant sans cesse un même schéma biblique : celui de la captivité à Babylone, de la fuite d’Égypte, du Livre d’Esther. Forgeant l’ossature psychologique des fils d’Abraham, il est le ciment qui les unit, seuls contre tous, de la fête de Pourim à la mémoire de la Shoah, sans que la création de l’État d’Israël y mette un terme, devenu l’un des « murs invisibles » de la « prison juive ».
C’est pourquoi ce livre est aussi un appel à nos frères juifs à se libérer de l’emprise d’une mythologie qui les enferme dans un rapport schizophrénique au monde, tour à tour peuple élu et peuple maudit, peuple messager et peuple déicide, guide de l’humanité et victime éternelle des hommes. Et une clef pour comprendre que naître juif, c’est naître avec un poids lourd de 2500 ans.
 
Après des études d’ingénieur (ENSTA, 1982), Laurent Guyénot s’est intéressé à l’histoire et l’anthropologie religieuses, puis a soutenu une thèse de doctorat en Études médiévales (Paris IV-Sorbonne, 2008). Ses recherches actuelles portent principalement sur la géostratégie sioniste, dans une perspective religieuse et civilisationnelle. Ses livres incluent Jésus et Jean Baptiste, Enquête historique sur une rencontre légendaire (Imago), La Mort féerique, Anthropologie du merveilleux (Gallimard), et JFK-11 Septembre. 50 ans de manipulations (Blanche/Kontre Kulture), traduit en anglais.

Source: https://kontrekulture.com/produit/du-yahvisme-au-sionisme/

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Laurent Guyénot: La malédiction papale

21 Novembre 2024 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Europe, #Papauté, #Christianisme, #Catholicisme, #Byzance, #Croisades, #Frédéric II de Hohenstaufen, #Histoire, #Laurent Guyénot, #Moyen-Âge

« Je suis en effet le Roi des rois; C’est à moi qu’appartient la terre et le temps et les destinées des hommes ».

Dostoïevski, à propos du Pape.

Laurent Guyénot: La malédiction papale

Le caractère particulier de l’Occident collectif, qui est entré dans une phase pathologique, s’est formé durant l’enfance de la civilisation européenne, c’est-à-dire le Moyen Âge. Et aucune institution n’a davantage influencé ce caractère que la papauté, pour le meilleur et pour le pire. Cinq thèses sont développées :

I – L’Empire raté : La fragmentation de l’Europe en États nationaux, et son incapacité à se doter d’un corps politique unifié et légitime — et donc d’une identité, d’une volonté et d’un destin propres —, sont un héritage de la compétition implacable entre la papauté et l’empire continental germanique.

II – La Croisade des fous : Les croisades au Levant ont détourné l’Europe de son destin naturel, en mettant Jérusalem au cœur de l’identité européenne. L’esprit de croisade détermine encore la façon dont l’Occident se comporte à l’égard du reste du monde. L’Occident est la civilisation de la Croisade.

III – La Revanche de Byzance : L’Occident souffre du refoulement de sa culpabilité dans le meurtre et le pillage de Constantinople à partir de la Quatrième Croisade (1204). Ayant effacé de notre mémoire la civilisation byzantine et notre immense dette culturelle envers elle, nous avons développé une vision occidentalo-centrique qui nous rend incapable de comprendre l’Asie et la Russie.

IV – Sauve qui peut ! : Le poison de l’individualisme a été injecté en Occident par une doctrine du salut et une ingénierie sociale hostiles aux liens organiques du sang et à la vénération des ancêtres. Le développement particulier de l’Église romaine à partir de la Réforme grégorienne*, véritable coup d’État monastique, a exacerbé l’individualisme métaphysique inhérent à toute religion de salut.

V – Les Mensonges de l’Ouest : La fausse Donation de Constantin est la matrice d’une gigantesque entreprise de falsification historique dans les chancelleries et les scriptoriums pontificaux. Cette falsification, dont la motivation principale était la rivalité avec Constantinople, a engendré de profondes distorsions dans l’auto-historiographie de l’Occident, et une fâcheuse habitude au mensonge.

Laurent Guyénot est docteur en Études médiévales (Paris IV-Sorbonne, 2008). Ses ouvrages sur le Moyen Âge incluent La Mort féerique (Éditions Gallimard) et La Lance qui saigne (Éditions Honoré Champion).

Source: https://kontrekulture.com/produit/la-malediction-papale/

*  NDLR: Le nom vient du pape Grégoire VII, pape entre 1073 et 1085, qui s'y est distingué.
La réforme grégorienne est une politique menée durant le Moyen Âge sous l'impulsion de la papauté. Si les historiens admettent que le pape Léon IX (1049–1054) a commencé le redressement de l'Église, c'est néanmoins le pape Grégoire VII (1073–1085) qui a laissé son nom à la réforme. De plus, les efforts pour sortir l'Église catholique d'une crise généralisée depuis le Xe siècle se poursuivent bien après le pontificat de Grégoire VII. Ainsi, l'expression « réforme grégorienne » peut paraître impropre puisqu'elle ne s'est pas limitée à quelques années mais concerne au total près de trois siècles.
Elle comporte quatre projets principaux. Tout d'abord l'affirmation de l'indépendance du clergé : les laïcs ne peuvent plus intervenir dans les nominations. Ce point ne va pas sans conflits, notamment entre le pape et les empereurs germaniques qui se considèrent comme les représentants de Dieu sur terre (querelle des Investitures).
Le second point est la réforme du clergé, pour que celui-ci suscite le respect. Le clergé est mieux instruit et l'Église impose le célibat des prêtres ainsi que le mariage chrétien pour les laïcs.
La réforme grégorienne voit également l'affirmation du rôle du pape : à partir du XIe siècle, le pape met en place une structure centralisée autour de la papauté. En 1059, le pape Nicolas II crée le collège des cardinaux qui élit le nouveau pape. De plus, on voit se développer la curie pontificale qui contrôle ce qui se fait dans l'Église. Enfin, le pape multiplie les interventions pontificales. L'une des plus connues est matérialisée par le décret de 1059 (In nomine Domini) réformant l'élection pontificale et interdisant le nicolaïsme et la simonie.
Enfin, le dernier point de la réforme met en œuvre la garantie du travail des moines tout en contrôlant les comptes de l’Église, qui est un sujet très polémique à l'époque.

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9forme_gr%C3%A9gorienne

Laurent Guyénot: entretien avec le Saker francophone au sujet de son livre: La malédiction papale:

https://lesakerfrancophone.fr/laurent-guyenot-la-malediction-papale

Fresque anonyme du XIIe siècle représentant la donation de Constantin (Rome, basilique des Quatre-Saints-Couronnés).

Fresque anonyme du XIIe siècle représentant la donation de Constantin (Rome, basilique des Quatre-Saints-Couronnés).

- Je tends plutôt vers la conclusion que les religions révélées enracinées dans la tradition hébraïque sont un virus civilisationnel dont l’humanité devra un jour se guérir. Bien que déchristianisée, l’Europe, et la France tout particulièrement, continue de vivre avec les séquelles de cette maladie mentale.

 

- L’influence de la fausse Donation de Constantin sur l’Europe occidentale et sur sa relation avec Constantinople est sous-estimée par la plupart des historiens, qui ont du mal à concevoir qu’un faux document puisse avoir eu autant d’influence. L’idée que l’Église catholique a assis son pouvoir politique sur un faux aussi grossier est difficile à admettre. Et pourtant, l’étude de cette influence est absolument fascinante, car la Donation a eu pendant des siècles un statut proche de la révélation divine. Et la Donation n’est que la pièce maîtresse d’une vaste industrie du mensonge qui, en effet, nous aide par comparaison à mieux comprendre comment fonctionne le pouvoir encore aujourd’hui.*

 

- Comme je l’ai dit, l’Occident est la civilisation des croisades. On peut démontrer assez clairement que le colonialisme, qui a engendré les États-Unis, découle des croisades. L’Occident paye aujourd’hui le prix de l’hubris qui l’a animé pendant si longtemps. C’est une forme de karma qui, malheureusement, engage non seulement les élites dirigeantes mais les peuples eux-mêmes. Le monde ne veut plus être mené par l’Occident, perçu comme un grand et dangereux malade, et son soutien pour Israël, le psychopathe des nations, ne fait que renforcer ce mouvement de rejet. La Russie, la Chine, l’Iran, sont des États-civilisations qui n’ont pas ce même passif et vont avoir une influence de plus en plus forte sur le monde. Je pense qu’on a toutes les raisons de s’en réjouir.

 

- Du point de vue des Orthodoxes, le catholicisme romain est une trahison satanique. Nul ne l’a mieux résumé que Fiodor Dostoïevski, lorsqu’il a écrit que le catholicisme romain « a proclamé un Christ nouveau bien différent de l’ancien, un Christ qui se laisse séduire par la troisième tentation du démon : les royaumes de la terre ! ». Les croisades sont le prolongement de ce tournant politique de la papauté. La quatrième croisade contre Constantinople lui a porté une blessure dont elle ne s’est jamais relevé et l’a empêché de résister à la conquête des Ottomans. Il est impossible de dire ce qui se serait passé si Constantinople était resté chrétienne et européenne. Il me semble probable que, pour commencer, la Réforme protestante aurait été principalement un retour à l’esprit de l’Orthodoxie, car les critiques protestantes contre Rome étaient les mêmes que les critiques orthodoxes. La chrétienté occidentale aurait donc évolué différemment, mais elle se serait probablement sclérosée de toute manière car, à mon avis, le christianisme contient les germes de sa propre destruction. La Russie, qui s’est construite sur sa vocation à recueillir l’héritage de Byzance, n’aurait sans doute pas eu le même destin.

Laurent Guyénot, entretien avec le Saker francophone

NDLR:

* La liste des mensonges de l'Église catholique pour légitimer son pouvoir a-t-elle des limites ? Ne citons que l'infinité des apparitions de la Sainte Vierge à des bergers ou d'humbles personnes, toujours la même histoire, à l'emplacement de temples "païens" qui ont été ensuite détruits pour y édifier ensuite des églises. Ces lieux et ces légendes sont légion en Amérique hispanique par exemple. Le cas "d'école" étant le grand temple de la déesse Tonantzin près de Mexico, détruit par les Espagnols pour y construire l'église dédiée à Notre-Dame de Guadalupe, après sa soit-disant apparition en 1531 à un vieil Aztèque auquel elle aurait manifesté son désir que soit peinte son image et en indiquant la manière. Ce qui fut fait à l'époque. Ce sont les reproductions de cette peinture coloniale que l'on voit partout aujourd'hui; le culte -ou plutôt la superstition- de Notre-Dame de Guadalupe s'étant répandu étrangement dans le monde entier.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Notre-Dame_de_Guadalupe

Le dernier en date des  mensonges de la Papauté, c'est le soutien à l'escroquerie criminelle et génocidaire du Covid et des "vaccinations". "Se faire vacciner est un acte d'amour" a déclaré publiquement le pape François, faisant même frapper une médaille au Vatican pour commémorer cet événement.

https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2021-01/note-academie-pontificale-vie-vaccins-coronavirus-acces-equite.html

Laurent Guyénot: La malédiction papale
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L'inscription en arabe coufique de la cathédrale de Palerme: "Louange à Dieu, le souverain du ciel et de la terre..."

30 Octobre 2024 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Histoire, #Europe, #Frédéric II de Hohenstaufen, #Moyen-Âge, #Sicile, #Islam, #Catholicisme, #Christianisme, #Jacques Benoist Méchin, #Le Coran, #Laurent Guyénot, #Saint Empire Romain Germanique

Jacques Benoist-Méchin: Frédéric II de Hohenstaufen ou le rêve excommunié

Jacques Benoist-Méchin: Frédéric II de Hohenstaufen ou le rêve excommunié

La cathédrale de Palerme

La cathédrale de Palerme

La colonne portant l'inscription en arabe coufique (le coufique est un style calligraphique arabe)

La colonne portant l'inscription en arabe coufique (le coufique est un style calligraphique arabe)

Détail de l'inscription

Détail de l'inscription

Le Saint Coran; Sourate VII, v. 52.

Le Saint Coran; Sourate VII, v. 52.

Le tombeau de Frédéric II dans la cathédrale de Palerme, parmi les Hauteville. « Le soleil du monde s'est couché, qui brillait sur les peuples, le soleil du droit, l'asile de la paix » (Lettre de son fils, le futur roi Manfred Ier de Sicile, à un autre de ses fils, le roi Conrad IV, le lendemain de sa mort). Photo:  José Luiz Bernardes Ribeiro / Wikipedia

Le tombeau de Frédéric II dans la cathédrale de Palerme, parmi les Hauteville. « Le soleil du monde s'est couché, qui brillait sur les peuples, le soleil du droit, l'asile de la paix » (Lettre de son fils, le futur roi Manfred Ier de Sicile, à un autre de ses fils, le roi Conrad IV, le lendemain de sa mort). Photo: José Luiz Bernardes Ribeiro / Wikipedia

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La FSSPX n'a pas un mot pour le génocide des Palestiniens à Gaza

28 Octobre 2024 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Catholicisme, #Christianisme, #FSSPX, #Israël, #Liban, #Palestine, #Laurent Guyénot, #Judaïsme, #Religion, #Guerre

La FSSPX n'a pas un mot pour le génocide des Palestiniens à Gaza

La Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, mouvement catholique traditionaliste fondé en 1970 par Mgr Lefebvre pour marquer la rupture avec Rome après le Concile Vatican II, n'a pas un mot de soutien ni de compassion pour les Palestiniens dont l'effroyable génocide se poursuit à Gaza, sous nos yeux.

https://fsspx.news/fr/monde

Pas un mot pour les centaines de milliers de Musulmans tués, blessés, malades, martyrisés, principalement des civils et surtout des femmes et des enfants. Et maintenant c'est au tour des Libanais. Écoutez les sermons des prêtres, cherchez sur internet les communiqués d'informations internationales des prieurés de la FSSPX, vous ne trouverez que quelques lignes sur les chrétiens d'Orient, victimes eux aussi des destructions systématiques des sionistes révisionnistes israéliens.

https://fsspx.ch/fr/news/gaza-30-chretiens-tues-depuis-le-debut-la-guerre-42451

Car il est évident que derrière la destruction des Palestiniens (dont 400.000 sont en train  de mourir emprisonnés dans la partie nord de Gaza, sans nourriture, ni eau, ni infrastructures, leurs services de santé bombardés), il y a l'éradication du christianisme de Terre Sainte.

La FSSPX fait la même désinformation que le gouvernement israélien et le gouvernement étasunien (qui arme et finance Israël) et les grands médias occidentaux prostitués.

D'abord en faisant l'amalgame entre les deux courants du Hamas. Le premier, historique, est un mouvement politique et idéologique fondé et financé par l'Occident avec les Frères musulmans, servant ses intérêts et qui s'attaque même aux Musulmans comme en Syrie. L'autre courant, patriotique, s'est formé au fil des années et fait maintenant partie de la Résistance palestinienne.

Ensuite, en faisant croire que le Hamas est seul responsable de l'attaque sur le sol israélien en octobre 2023. Le sommet de l'État israélien était au courant depuis longtemps de la préparation de  l'attaque et l'a laissée faire pour justifier ensuite la destruction et l'annexion de la Bande de Gaza, puis de la région entière selon le projet du Grand Israël "du Nil à l'Euphrate" symbolisé par les deux bandes blanches du drapeau israélien.

Il est impossible que la FSSPX ne connaisse pas la vérité.

Entre la FSSPX et les sionistes révisionnistes, il y a plusieurs points communs: d'abord l'absence totale de respect, de fraternité et de compassion pour les "païens" que sont pour eux les Palestiniens musulmans, puis l'exclusivisme et l'intolérance, fruits de l'orgueil, qui étaient déjà ceux des Pharisiens.

Mais il y a aussi le culte aveugle du dieu biblique Yahvé, un dieu tribal jaloux, diviseur et sanguinaire, l'opposé de Dieu le Père (bon, universel et qui pardonne) et du Christ (Amour, Compassion, Connaissance).

Que ceux qui n'auraient pas compris le mal qui ronge le christianisme depuis 2000 ans écoutent les lumineux entretiens avec l'historien français Laurent Guyénot*.

https://pocombelles.over-blog.com/2024/10/rome-vs-jerusalem-le-conflit-civilisationnel-explique-par-laurent-guyenot.html

Sur le même sujet:

À la recherche du Christ dans un génocide télévisé et un appel au Saint Siège, par Myriam Charabaty

https://english.almayadeen.net/news/politics/looking-for-christ-in-a-televised-genocide-and-a-call-to-the

La FSSPX n'a pas un mot pour le génocide des Palestiniens à Gaza
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Laurent GUYENOT - " Le révisionnisme byzantin "

18 Octobre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Byzance, #Christianisme, #Histoire, #Grèce, #Laurent Guyénot, #Rome, #Droit, #Europe, #Asie, #Occident

Justinien Ier, mosaïque de la basilique Saint-Vital de Ravenne, datée d’avant 547.

Justinien Ier, mosaïque de la basilique Saint-Vital de Ravenne, datée d’avant 547.

Mosaïque de la basilique Sainte-Sophie représentant, de gauche à droite, Justinien, la Vierge Marie (protectrice de Constantinople) et Constantin Ier.

Mosaïque de la basilique Sainte-Sophie représentant, de gauche à droite, Justinien, la Vierge Marie (protectrice de Constantinople) et Constantin Ier.

Basile II, miniature du Psautier de Basile II, vers 1018.

Basile II, miniature du Psautier de Basile II, vers 1018.

Basile II représenté en ange et terrassant les démons. Enluminure du Ménologe de Basile II, Bibliothèque apostolique vaticane.

Basile II représenté en ange et terrassant les démons. Enluminure du Ménologe de Basile II, Bibliothèque apostolique vaticane.

Laurent GUYENOT - " Le révisionnisme byzantin "
Laurent GUYENOT - " Le révisionnisme byzantin "
Laurent GUYENOT - " Le révisionnisme byzantin "
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Rome vs Jérusalem : Le conflit civilisationnel expliqué par Laurent Guyénot

11 Octobre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Jérusalem, #Laurent Guyénot, #Israël, #Rome, #Droit, #Grèce, #Politique, #USA, #Spengler, #Guerre, #Jan Assmann, #Logos, #Éthique, #Morale, #Christianisme, #Philosophie, #Religion, #René Guénon, #Judaïsme, #Frédéric II de Hohenstaufen, #Stoïcisme, #Dante Alighieri, #Pétrarque, #La Bible, #Perse, #Babylone, #Europe

Rome vs Jérusalem : Le conflit civilisationnel expliqué par Laurent Guyénot

Visionnez ici la conférence profonde, intelligente, extrêmement intéressante et importante de Laurent Guyénot  sur le conflit entre Israël ("le "droit divin") et le droit international. Rappelons qu'avant de s'intéresser à certains aspects de l'histoire moderne, en particulier étatsunienne (11 sept, assassinat de J.F. Kennedy)*, Laurent Guyénot, historien, est un spécialiste de l'histoire médiévale.

* https://www.unz.com/author/laurent-guyenot/classic/

https://www.youtube.com/watch?v=GEIEiPp-lF0

Minute 25:31, Laurent Guyénot cite l'égyptologue allemand Jan Assmann et son principal ouvrage: "Le prix du monothéisme".

https://editions.flammarion.com/le-prix-du-monotheisme/9782700723625

Minute 26: L. Guyénot fait la distinction entre le droit et la loi hébraïque (Torah).

Minute: 37:11 et suivantes: Pour Israël et les juifs, Dieu est exclusif à Israël (Deutéronome, 32). Les dieux des autres peuples ou religions sont des démons. C'est un Dieu jaloux et diviseur, au contraire des dieux grecs et romains.

Minute 45:15: (pour les Grecs), la vertu, c'est le bonheur.

Minute 46:45: incompatibilité entre Rome et Jérusalem, non seulement au niveau du droit mais aussi de l'éthique.

Minute 48:13 et suivantes: le Serpent de la connaissance du bien et du mal, dans la Genèse, c'est l’hellénisme, la pensée grecque, la Raison grecque. Car pour Jérusalem, ce que Dieu a donné à l'Homme, c'est la Loi, c'est la Torah. Dans la Bible, il n'y a pas de morale, pas d'éthique. Il faut seulement obéir aux ordres de Dieu. C'est un caractère fondamental dans la culture juive et talmudique. Analyse critique du Décalogue, dont l'Église chrétienne a donné une image falsifiée.

Minute 55:20 et suivantes. l'héritage égyptien des Grecs, qui a masqué leur véritable héritage perse, masqué parce que les Perses étaient les ennemis des Grecs. Les philosophes présocratiques venaient d'Asie mineure (Ionie). Hérodote fait l'éloge des Grecs. Les Grecs aiment à comprendre les autres peuples. Ils ont fondé l'ethnographie et l'histoire. Le Zoroastrisme. Pour le Zoroastrisme, la valeur suprême est la vérité. Hérodote vivait à l'époque d'Artaxerxès. Or, le principal rédacteur de la Bible est Esdras*, qui vivait en Perse à cette époque. Laurent Guyénot explique pourquoi c'est à ce moment-là qu'ont fusionné le Dieu d'Israël et le dieu du Ciel, et que le mensonge a été fabriqué que le dieu d'Israël, c'est Dieu, pour obtenir des Grecs le soutien et l'autorisation d'aller refonder le temple de Jérusalem. Arrive l'époque héllénistique. Les Séleucides. Antiochos IV (-167). Désir d'une partie des Juifs de s'assimiler, et refus d'une certaine élite, comme aujourd'hui. Les Grecs voulaient consacrer le temple à Zeus. Les Juifs refusent par pour eux c'est le temple de Yahvé.  Révolte des Macchabées. Conquêtes de Pompée. Les Flaviens (Vespasien, Titus, Domitien). Époque des guerres juives, entre Rome et Jérusalem. Source: Flavius Josèphe (auteur juif). Destruction du temple de Jérusalem. Obligation aux Juifs de verser un impôt pour le temple de Zeus Olympien à Rome. Les Romains refusent d'accueillir le dieu Yahvé à Rome et le trésor du temple de Jérusalem est traité comme un vulgaire butin, contrairement aux usages. Comportement très sévère et exceptionnel de Rome à l'égard du judaïsme et des juifs, qu'ils considèrent comme un peuple athée qui hait les autres dieux. Époque des Antonins (IIe siècle après J.-C): Trajan, Hadrien et Marc-Aurèle. Époque de paix. Hadrien rebaptise Jérusalem Aelia Capitolinia (Aelia étant un des noms d'Hadrien), qui est resté le nom arabe de Jérusalem jusqu'à une époque récente. Hadrien interdit la circoncision. Hadrien rase Jérusalem (70) et renomme Israël: Syrie-Palestine. Ayant échoué à inviter les juifs dans la culture grecque, Hadrien cherche à détruire leur peuple, ce qu'il n'a pas réussi à faire et depuis ce temps-là les juifs vivent dans la diaspora, mais le regard tourné vers Jérusalem.

1h:12: Le christianisme. Marc-Aurèle et la philosophie stoïcienne. Le christianisme se développe à partir du IIe siècle. Syncrétisme du christianisme: mélange entre Rome et Jérusalem, entre la culture grecque (les Évangiles sont écrits en grec), il incorpore d'Ancien Testament, Dieu est Yahvé. Mais un mélange qui essaie de mélanger deux choses non miscibles, créant des contradictions internes, insurmontables. La première des contradictions, c'est que Jésus est le Messie d'Israël, annoncé par les Prophètes, et d'un autre côté Jésus est façonné sur un modèle grec, des héros grecs (conception surnaturelle, Fils de Dieu, en particulier de Zeus; les demi-dieux, immortalité). Cet archétype grec est insupportable pour les juifs. Dans l’Évangile, notion de prédestination, mais si Jésus était le Messie, il était aussi prédestiné à mourir. Autre contradiction interne entre l'anthropologie hébraïque ou sémitique et l'anthropologie grecque, hellénique. Dualisme de l'anthropologie hellénique: l'homme a un corps et une âme et son âme est immortelle. Dans la culture juive, cette immortalité de l'âme n'existe pas, mais il y a la résurrection des corps. Dans le christianisme il y a les deux. Les théologiens protestants ont choisi la résurrection des corps contre l'immortalité de l'âme. Deux tendances dans le christianisme, l'une qui va vers la culture hellénique, l'autre vers la culture biblique. Les deux ne se mélangent jamais. La lutte entre Rome et Jérusalem s'est continuée à l'intérieur même de la Chrétienté. Énigme: pourquoi Rome a fait du christianisme sa religion et l'une des plus grandes du monde ? Orientalisation de la pensée romaine. La Chrétienté, c'est deux Rome: Rome en Italie, la Rome papale**, une Rome qui a été colonisée par Jérusalem, profondément israélite, profondément hébraïque; et de l'autre côté la Rome idéale, celle du Saint Empire Romain "germanique" (Charlemagne, Othon, les Saliens, Frédéric II de Hohenstaufen au XIIIe siècle, dernière tentative presque réussie de recréer l'empire romain contre la volonté du Pape d'unifier l'Europe. Les papes ont excommunié Frédéric II trois fois (1h 23). Il a été le seul à faire une croisade à Jérusalem pacifique. Il y est allé avec des bibliothèques et a réussi à récupérer Jérusalem. L'histoire de Frédéric II de Hohenstaufen est sans doute la plus éblouissante de tout le Moyen-Âge. C'est la lutte finale entre le Pape et Rome. Le Pape, c'est Jérusalem. Rome, c'est l'Empereur. Frédéric II était en guerre contre le fanatisme religieux. Il parlait 6 langues, il a créé des universités en langue locale, a écrit les premiers traités de droit en s'inspirant du droit romain et en évacuant le droit canon. Redécouverte du droit romain en Europe grâce à lui. La guerre a été gagnée par les papes et "Rome" entre dans le maquis de la Chrétienté qui devient très autoritaire. Dante, partisan de l'Empire contre le Pape. Le facteur prédominant, la dynamique centrale  dans toute l'histoire de l'Europe, c'est la lutte entre les Papes et les Empereurs. Dante, dans son éloge de l'Empire (1310), dit que "l'homme est fait à l'image de Dieu et comme Dieu est un, l'homme est fait à l'image de Dieu en tant qu'Humanité." Donc ce n'est pas l'homme en tant qu'individu qui est à l'image de Dieu, c'est l'Humanité. C'est une idée qui vient directement du stoïcisme. René Guénon: "L'ésotérisme de Dante"***. À l'époque de Dante, la pensée "romaine" ne peut plus s'exprimer librement, à cause de l'Inquisition. Opinion de Julius Evola, mais Guénon a raison. Racine des sociétés de philosophes, ce ce qui a donné la franc-maçonnerie. Dante et les humanistes qui viennent après lui: Pétrarque. Certains sont obligés d'utiliser de faux noms ou de se cacher derrière des auteurs classiques célèbres. C'est ainsi que beaucoup de traités de Cicéron ne sont pas de Cicéron, mais ont été fabriqués à cette époque. C'est une des manières qui a fondé la Renaissance (la redécouverte de Rome). Un penseur stoïcien très en vogue actuellement aux USA: Ralph Waldo Emerson [1803-1882, ami de Thoreau]. Plus le christianisme décline, plus renaît Rome. Il est temps de se rediriger vers Rome et d'abandonner Jérusalem, c'est la conclusion vers laquelle Laurent Guyénot se dirige de plus en plus. En effet, aujourd'hui, Jérusalem est en train de détruire le droit international, le fruit de millénaires de civilisation, car Jérusalem fonctionne par la division et par la guerre mondiale et Rome est le contraire. Raison pour laquelle il faut vraiment comprendre ce qu'est Israël et arrêter de sanctifier l'Israël antique. Le christianisme a été complice du sionisme. Les Romains ont détruit Jérusalem et nous l'avons recréée. L. Guyénot cite le mot de Jacques Attali: "le fondement de l'antisémitisme, c'est l'ingratitude". Le pouvoir juif, c'est le pouvoir de nous avoir donné Dieu, c'est ça la réalité. Conférence de Laurent Guyénot: "Droit divin de massacrer? La question biblique"**** Il faut redécouvrir la sagesse gréco-romaine. Thèse de doctorat de Laurent Guyénot: La mort féérique. La pensée médiévale laïque, essentiellement orale sauf sous forme de poésie (Chrétien de Troyes, etc.), on a une culture païenne, au sens pré-chrétien, moitié celte, moitié germanique, très vivante. Aujourd'hui, nous sommes à l'aboutissement d'une guerre eschatologique  entre Rome et Jérusalem.

FIN

* https://www.youtube.com/watch?v=nm1ThBGMXUI

** Cf livre de Laurent Guyénot: "La malédiction papale": https://lesakerfrancophone.fr/laurent-guyenot-la-malediction-papale

*** https://oeuvre-de-rene-guenon.org/pdfs/oeuvre/livres/Ren%C3%A9%20Gu%C3%A9non%20-%201925%20-%20L'Esot%C3%A9risme%20de%20Dante.pdf

**** Conférence de L. Guyénot: La conjuration d'Esdras https://www.youtube.com/watch?v=Vb9ZxpASOAk

Transcription résumée par Rouge et Blanc.

Rome vs Jérusalem : Le conflit civilisationnel expliqué par Laurent Guyénot
Rome vs Jérusalem : Le conflit civilisationnel expliqué par Laurent Guyénot
Buste d'Hadrien, empereur romain de 117 à 138, conservé aux musées du Capitole à Rome.

Buste d'Hadrien, empereur romain de 117 à 138, conservé aux musées du Capitole à Rome.

Buste de Marc Aurèle, âgé, cuirassé. Musée Saint-Raymond, Toulouse (Inv. Ra 61 b).

Buste de Marc Aurèle, âgé, cuirassé. Musée Saint-Raymond, Toulouse (Inv. Ra 61 b).

Frédéric II et son faucon. Extrait de son livre "De arte venandi cum avibus" (L'art de la chasse aux oiseaux). D'après un manuscrit de la Biblioteca Vaticana, Pal. lat 1071, fol. 1), fin du XIIIe siècle.

Frédéric II et son faucon. Extrait de son livre "De arte venandi cum avibus" (L'art de la chasse aux oiseaux). D'après un manuscrit de la Biblioteca Vaticana, Pal. lat 1071, fol. 1), fin du XIIIe siècle.

Jacques Benoist-Méchin: Frédéric de Hohenstaufen - Ou le rêve excommunié (1194-1250)

La destinée de Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250) a inspiré deux maîtres livres : l'exceptionnel ouvrage d'Ernst Kantorowicz et cette biographie, vite devenue un classique. Comme si Jacques Benoist-Méchin, grand connaisseur de l'Islam et de l'Allemagne, avait trouvé le héros qui incarnait ses rêves d'historien. Voilà un empereur couronné à Rome qui déteste le pape, s'intéresse à l'Islam et n'envisage de croisade que pacifique et diplomatique. Voilà aussi un souverain d'une immense culture, parlant plusieurs langues, réunissant à Palerme, sa résidence favorite, des savants juifs, musulmans et chrétiens, favorisant les arts et les sciences. Au fond, un homme trop grand pour son temps, deux fois excommunié par Grégoire IX, surnommé par ses contemporains l'Antéchrist et condamné à l'oubli après sa mort, tant le Saint-Siège ne cessa de vouloir effacer son œuvre et son nom.

https://www.memoiresdeguerre.com/2020/06/frederic-de-hohenstaufen-ou-le-reve-excommunie-1194-1250.html

Traité De arte venandi con avibus écrit par Frédéric II:

https://sciencepress.mnhn.fr/sites/default/files/articles/hd/anthropozoologica2024v59a4-pdfa.pdf

Illustration du "De arte venandi cum avibus". Manuscrit du XIIIe siècle, Bibliothèque apostolique vaticane.

Illustration du "De arte venandi cum avibus". Manuscrit du XIIIe siècle, Bibliothèque apostolique vaticane.

Rétrocession de Jérusalem à l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen par le sultan Al-Kâmil.

Rétrocession de Jérusalem à l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen par le sultan Al-Kâmil.

Le Castel del Monte (Pouilles), chef-d'œuvre de l'art frédéricien. Source: Wikipedia.

Le Castel del Monte (Pouilles), chef-d'œuvre de l'art frédéricien. Source: Wikipedia.

Le tombeau de Frédéric II dans la cathédrale de Palerme, parmi les Hauteville. Source: Wikipedia.

Le tombeau de Frédéric II dans la cathédrale de Palerme, parmi les Hauteville. Source: Wikipedia.

Armes de Frédéric II de Hohenstaufen

Armes de Frédéric II de Hohenstaufen

Portrait de Dante Alighieri, détail d'une fresque de la chapelle du Bargello attribuée à Giotto di Bondone.

Portrait de Dante Alighieri, détail d'une fresque de la chapelle du Bargello attribuée à Giotto di Bondone.

Pétrarque peint par Andrea del Castagno. Galerie des Offices, Florence

Pétrarque peint par Andrea del Castagno. Galerie des Offices, Florence

Rome vs Jérusalem : Le conflit civilisationnel expliqué par Laurent Guyénot
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