lettres
En Chine, "ermite" signifie "homme-montagne"
La montagne vide - Anthologie de la poésie chinoise IIIe-XIe siècle, traduite et présentée par P. Carré et Z. Bianu. Coll. Spiritualités vivantes, Albin Michel, 1987.
Ce qui n'est pas clair n'est pas français
Hervé Ryssen
Bashô Matsuo (1644-1694): Journaux de voyage
Partant pour un voyage de mille lieues, sans m'embarrasser de provisions de route, "sous la lune de la troisième veille dans l'inquestionable suis entré", pouvait
dire cet Ancien: sur sa canne m'appuyant, en l'ère Jôkyô, l'an de l'Aîné de l'Arbre et du Rat [1864], à la huitième lune d'automne, lorsque je quittai mon logis délabré près de la rivière, il
soufflait un vent frisquet.
Dussent blanchir mes os
jusques en mon coeur le vent
pénètre mon corps
Après dix automnes
le nom de patrie désigne
Edo désormais
Le jour que je franchis la barrière, la pluis tombait et les montagnes disparaissaient toutes dans les nuages.
Brouillard et bruine
dissimulent le Fuji
charme de ce jour
(...)
Bashô - Journaux de voyage. Présentés et traduits du japonais par René Sieffert. Publications orientalistes de France, Paris, 1988.
La cantilène de Sainte Eulalie (878)
Au coeur de la France
Je me représentais un château du temps de Henri IV avec ses toits pointus couverts d'ardoises et sa face rougeâtre aux encoignures dentelées de pierres jaunies, une grande place verte encadrée d'ormes et de tilleuls, dont le soleil couchant perçait le feuillage de ses traits enflammés. Des jeunes filles dansaient en rond sur la pelouse en chantant de vieux airs transmis par leurs mères, et d'un français si naturellement pur, que l'on se sentait bien exister dans ce vieux pays du Valois, où, pendant plus de mille ans, a battu le coeur de la France.
Gérard de Nerval, Les filles du feu, Adrienne.