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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

moyen-age

Laurent Guyénot: La malédiction papale

21 Novembre 2024 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Europe, #Papauté, #Christianisme, #Catholicisme, #Byzance, #Croisades, #Frédéric II de Hohenstaufen, #Histoire, #Laurent Guyénot, #Moyen-Âge

« Je suis en effet le Roi des rois; C’est à moi qu’appartient la terre et le temps et les destinées des hommes ».

Dostoïevski, à propos du Pape.

Laurent Guyénot: La malédiction papale

Le caractère particulier de l’Occident collectif, qui est entré dans une phase pathologique, s’est formé durant l’enfance de la civilisation européenne, c’est-à-dire le Moyen Âge. Et aucune institution n’a davantage influencé ce caractère que la papauté, pour le meilleur et pour le pire. Cinq thèses sont développées :

I – L’Empire raté : La fragmentation de l’Europe en États nationaux, et son incapacité à se doter d’un corps politique unifié et légitime — et donc d’une identité, d’une volonté et d’un destin propres —, sont un héritage de la compétition implacable entre la papauté et l’empire continental germanique.

II – La Croisade des fous : Les croisades au Levant ont détourné l’Europe de son destin naturel, en mettant Jérusalem au cœur de l’identité européenne. L’esprit de croisade détermine encore la façon dont l’Occident se comporte à l’égard du reste du monde. L’Occident est la civilisation de la Croisade.

III – La Revanche de Byzance : L’Occident souffre du refoulement de sa culpabilité dans le meurtre et le pillage de Constantinople à partir de la Quatrième Croisade (1204). Ayant effacé de notre mémoire la civilisation byzantine et notre immense dette culturelle envers elle, nous avons développé une vision occidentalo-centrique qui nous rend incapable de comprendre l’Asie et la Russie.

IV – Sauve qui peut ! : Le poison de l’individualisme a été injecté en Occident par une doctrine du salut et une ingénierie sociale hostiles aux liens organiques du sang et à la vénération des ancêtres. Le développement particulier de l’Église romaine à partir de la Réforme grégorienne*, véritable coup d’État monastique, a exacerbé l’individualisme métaphysique inhérent à toute religion de salut.

V – Les Mensonges de l’Ouest : La fausse Donation de Constantin est la matrice d’une gigantesque entreprise de falsification historique dans les chancelleries et les scriptoriums pontificaux. Cette falsification, dont la motivation principale était la rivalité avec Constantinople, a engendré de profondes distorsions dans l’auto-historiographie de l’Occident, et une fâcheuse habitude au mensonge.

Laurent Guyénot est docteur en Études médiévales (Paris IV-Sorbonne, 2008). Ses ouvrages sur le Moyen Âge incluent La Mort féerique (Éditions Gallimard) et La Lance qui saigne (Éditions Honoré Champion).

Source: https://kontrekulture.com/produit/la-malediction-papale/

*  NDLR: Le nom vient du pape Grégoire VII, pape entre 1073 et 1085, qui s'y est distingué.
La réforme grégorienne est une politique menée durant le Moyen Âge sous l'impulsion de la papauté. Si les historiens admettent que le pape Léon IX (1049–1054) a commencé le redressement de l'Église, c'est néanmoins le pape Grégoire VII (1073–1085) qui a laissé son nom à la réforme. De plus, les efforts pour sortir l'Église catholique d'une crise généralisée depuis le Xe siècle se poursuivent bien après le pontificat de Grégoire VII. Ainsi, l'expression « réforme grégorienne » peut paraître impropre puisqu'elle ne s'est pas limitée à quelques années mais concerne au total près de trois siècles.
Elle comporte quatre projets principaux. Tout d'abord l'affirmation de l'indépendance du clergé : les laïcs ne peuvent plus intervenir dans les nominations. Ce point ne va pas sans conflits, notamment entre le pape et les empereurs germaniques qui se considèrent comme les représentants de Dieu sur terre (querelle des Investitures).
Le second point est la réforme du clergé, pour que celui-ci suscite le respect. Le clergé est mieux instruit et l'Église impose le célibat des prêtres ainsi que le mariage chrétien pour les laïcs.
La réforme grégorienne voit également l'affirmation du rôle du pape : à partir du XIe siècle, le pape met en place une structure centralisée autour de la papauté. En 1059, le pape Nicolas II crée le collège des cardinaux qui élit le nouveau pape. De plus, on voit se développer la curie pontificale qui contrôle ce qui se fait dans l'Église. Enfin, le pape multiplie les interventions pontificales. L'une des plus connues est matérialisée par le décret de 1059 (In nomine Domini) réformant l'élection pontificale et interdisant le nicolaïsme et la simonie.
Enfin, le dernier point de la réforme met en œuvre la garantie du travail des moines tout en contrôlant les comptes de l’Église, qui est un sujet très polémique à l'époque.

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9forme_gr%C3%A9gorienne

Laurent Guyénot: entretien avec le Saker francophone au sujet de son livre: La malédiction papale:

https://lesakerfrancophone.fr/laurent-guyenot-la-malediction-papale

Fresque anonyme du XIIe siècle représentant la donation de Constantin (Rome, basilique des Quatre-Saints-Couronnés).

Fresque anonyme du XIIe siècle représentant la donation de Constantin (Rome, basilique des Quatre-Saints-Couronnés).

- Je tends plutôt vers la conclusion que les religions révélées enracinées dans la tradition hébraïque sont un virus civilisationnel dont l’humanité devra un jour se guérir. Bien que déchristianisée, l’Europe, et la France tout particulièrement, continue de vivre avec les séquelles de cette maladie mentale.

 

- L’influence de la fausse Donation de Constantin sur l’Europe occidentale et sur sa relation avec Constantinople est sous-estimée par la plupart des historiens, qui ont du mal à concevoir qu’un faux document puisse avoir eu autant d’influence. L’idée que l’Église catholique a assis son pouvoir politique sur un faux aussi grossier est difficile à admettre. Et pourtant, l’étude de cette influence est absolument fascinante, car la Donation a eu pendant des siècles un statut proche de la révélation divine. Et la Donation n’est que la pièce maîtresse d’une vaste industrie du mensonge qui, en effet, nous aide par comparaison à mieux comprendre comment fonctionne le pouvoir encore aujourd’hui.*

 

- Comme je l’ai dit, l’Occident est la civilisation des croisades. On peut démontrer assez clairement que le colonialisme, qui a engendré les États-Unis, découle des croisades. L’Occident paye aujourd’hui le prix de l’hubris qui l’a animé pendant si longtemps. C’est une forme de karma qui, malheureusement, engage non seulement les élites dirigeantes mais les peuples eux-mêmes. Le monde ne veut plus être mené par l’Occident, perçu comme un grand et dangereux malade, et son soutien pour Israël, le psychopathe des nations, ne fait que renforcer ce mouvement de rejet. La Russie, la Chine, l’Iran, sont des États-civilisations qui n’ont pas ce même passif et vont avoir une influence de plus en plus forte sur le monde. Je pense qu’on a toutes les raisons de s’en réjouir.

 

- Du point de vue des Orthodoxes, le catholicisme romain est une trahison satanique. Nul ne l’a mieux résumé que Fiodor Dostoïevski, lorsqu’il a écrit que le catholicisme romain « a proclamé un Christ nouveau bien différent de l’ancien, un Christ qui se laisse séduire par la troisième tentation du démon : les royaumes de la terre ! ». Les croisades sont le prolongement de ce tournant politique de la papauté. La quatrième croisade contre Constantinople lui a porté une blessure dont elle ne s’est jamais relevé et l’a empêché de résister à la conquête des Ottomans. Il est impossible de dire ce qui se serait passé si Constantinople était resté chrétienne et européenne. Il me semble probable que, pour commencer, la Réforme protestante aurait été principalement un retour à l’esprit de l’Orthodoxie, car les critiques protestantes contre Rome étaient les mêmes que les critiques orthodoxes. La chrétienté occidentale aurait donc évolué différemment, mais elle se serait probablement sclérosée de toute manière car, à mon avis, le christianisme contient les germes de sa propre destruction. La Russie, qui s’est construite sur sa vocation à recueillir l’héritage de Byzance, n’aurait sans doute pas eu le même destin.

Laurent Guyénot, entretien avec le Saker francophone

NDLR:

* La liste des mensonges de l'Église catholique pour légitimer son pouvoir a-t-elle des limites ? Ne citons que l'infinité des apparitions de la Sainte Vierge à des bergers ou d'humbles personnes, toujours la même histoire, à l'emplacement de temples "païens" qui ont été ensuite détruits pour y édifier ensuite des églises. Ces lieux et ces légendes sont légion en Amérique hispanique par exemple. Le cas "d'école" étant le grand temple de la déesse Tonantzin près de Mexico, détruit par les Espagnols pour y construire l'église dédiée à Notre-Dame de Guadalupe, après sa soit-disant apparition en 1531 à un vieil Aztèque auquel elle aurait manifesté son désir que soit peinte son image et en indiquant la manière. Ce qui fut fait à l'époque. Ce sont les reproductions de cette peinture coloniale que l'on voit partout aujourd'hui; le culte -ou plutôt la superstition- de Notre-Dame de Guadalupe s'étant répandu étrangement dans le monde entier.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Notre-Dame_de_Guadalupe

Le dernier en date des  mensonges de la Papauté, c'est le soutien à l'escroquerie criminelle et génocidaire du Covid et des "vaccinations". "Se faire vacciner est un acte d'amour" a déclaré publiquement le pape François, faisant même frapper une médaille au Vatican pour commémorer cet événement.

https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2021-01/note-academie-pontificale-vie-vaccins-coronavirus-acces-equite.html

Laurent Guyénot: La malédiction papale
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L'inscription en arabe coufique de la cathédrale de Palerme: "Louange à Dieu, le souverain du ciel et de la terre..."

30 Octobre 2024 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Histoire, #Europe, #Frédéric II de Hohenstaufen, #Moyen-Âge, #Sicile, #Islam, #Catholicisme, #Christianisme, #Jacques Benoist Méchin, #Le Coran, #Laurent Guyénot, #Saint Empire Romain Germanique

Jacques Benoist-Méchin: Frédéric II de Hohenstaufen ou le rêve excommunié

Jacques Benoist-Méchin: Frédéric II de Hohenstaufen ou le rêve excommunié

La cathédrale de Palerme

La cathédrale de Palerme

La colonne portant l'inscription en arabe coufique (le coufique est un style calligraphique arabe)

La colonne portant l'inscription en arabe coufique (le coufique est un style calligraphique arabe)

Détail de l'inscription

Détail de l'inscription

Le Saint Coran; Sourate VII, v. 52.

Le Saint Coran; Sourate VII, v. 52.

Le tombeau de Frédéric II dans la cathédrale de Palerme, parmi les Hauteville. « Le soleil du monde s'est couché, qui brillait sur les peuples, le soleil du droit, l'asile de la paix » (Lettre de son fils, le futur roi Manfred Ier de Sicile, à un autre de ses fils, le roi Conrad IV, le lendemain de sa mort). Photo:  José Luiz Bernardes Ribeiro / Wikipedia

Le tombeau de Frédéric II dans la cathédrale de Palerme, parmi les Hauteville. « Le soleil du monde s'est couché, qui brillait sur les peuples, le soleil du droit, l'asile de la paix » (Lettre de son fils, le futur roi Manfred Ier de Sicile, à un autre de ses fils, le roi Conrad IV, le lendemain de sa mort). Photo: José Luiz Bernardes Ribeiro / Wikipedia

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Une branche d'amandier en fleur

15 Octobre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #France, #Lettres, #Histoire, #Joinville, #Saint Louis, #Frédéric II de Hohenstaufen, #Jacques Benoist Méchin, #Jardins, #Nature, #Moyen-Âge

Une branche d'amandier en fleur
Jacques Benoist-Méchin: Frédéric de Hohenstaufen ou le rêve excommunié, Paris, Perrin, 1980. (ISBN 2-262-00203-7)

Jacques Benoist-Méchin: Frédéric de Hohenstaufen ou le rêve excommunié, Paris, Perrin, 1980. (ISBN 2-262-00203-7)

Une branche d'amandier en fleur
Une branche d'amandier en fleur

"Dans cet ouvrage, Jacques Benoist-Méchin a voulu transmettre sa passion des jardins. II y cherche moins une retraite que l'étanchement d'une soif secrète, moins un repos qu'un éveil. À l'écart des autres passions de sa vie, il y poursuit l'image du bonheur. Car l'amour des jardins, dit-il, ne doit pas être confondu avec l'amour de la nature ou des sites. C'est un amour chargé d'une vérité humaine plus profonde, où le ravissement n'est qu'un signe. La paix de ces espaces ombragés a l'intensité d'un poème, la beauté d'une oeuvre d'art. Mais, pour l'auteur, toutes les civilisations n'ont pas atteint une égale perfection en matière de jardins. Seuls les Chinois, les Japonais, les Perses, les Arabes, les Toscans et les Français, qui se sont efforcés d'exprimer leur propre génie dans ce domaine, nous paraîtront toujours, "sinon plus civilisés que les autres, du moins plus conscients de ce que leur civilisation a eu de meilleur".
À travers les siècles et même les millénaires, d'un continent à l'autre, ]acques Benoist-Méchin nous invite à une promenade heureuse au long de jardins ornés d'arbres, de fleurs, de jets d'eau et de statues. Mais cette promenade n'est pas sans but : à l'homme conscient d'être mortel, elle propose des visions, des métamorphoses et la lointaine sérénité du Paradis perdu."

https://lafureurdelire.leslibraires.fr/livre/581199-l-homme-et-ses-jardins-les-metamorphoses-du-pa--jacques-benoist-mechin-albin-michel

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Rencontre avec Régine Pernoud (2 novembre 1982) à propos du Moyen-Âge et de la place de la femme et de la famille dans la société française

30 Septembre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #France, #Histoire, #Régine Pernoud, #Bourgeoisie, #École des Chartes, #Moyen-Âge, #Christine de Pizan

Régine Pernoud (1909-1998), École des Chartes, était une archiviste-paléographe et historienne, spécialiste du Moyen-Âge.

Régine Pernoud (1909-1998), École des Chartes, était une archiviste-paléographe et historienne, spécialiste du Moyen-Âge.

Visionnez l'entretien sur la chaîne Youtube de Radio-Canada Archives:

https://www.youtube.com/watch?v=ynfQxqifaa0

Pour Régine Pernoud, l'ascension de la bourgeoisie dans le monde urbain  à partir du XIe siècle correspond au déclin de la femme et aussi à celui de la famille, très stable à l'époque féodale. Au Moyen-Âge les garçons étaient majeurs à 14 ans et les filles à 12 ans. Cette stabilité familiale explique pourquoi le Moyen-Âge a été aussi une époque de pionniers, de voyageurs. Les gens du Moyen-Âge étaient des "gyrovagues" (pèlerinages). Le christianisme a joué un rôle majeur dans l'émancipation de la femme.

Entretien avec Régine Pernoud sur Christine de Pizan (France-Culture, 1982)

https://www.youtube.com/watch?v=lETJYQf4D90

Et pour une "mise à jour" sur la corruption de l'enseignement en France depuis, écoutez cet entretien franc et percutant avec Claire Colombi, une femme qui mérite parfaitement son beau prénom. Elle aussi a lu Régine Pernoud.

https://www.youtube.com/watch?v=cIrNgBsguGw&list=TLGGJ_cDHu0xupgzMDA5MjAyNA

Rencontre avec Régine Pernoud (2 novembre 1982) à propos du Moyen-Âge et de la place de la femme et de la famille dans la société française
Rencontre avec Régine Pernoud (2 novembre 1982) à propos du Moyen-Âge et de la place de la femme et de la famille dans la société française
Rencontre avec Régine Pernoud (2 novembre 1982) à propos du Moyen-Âge et de la place de la femme et de la famille dans la société française
Rencontre avec Régine Pernoud (2 novembre 1982) à propos du Moyen-Âge et de la place de la femme et de la famille dans la société française

" C'est dans une charte de 1007 qu'apparaît pour la première fois le mot bourgeois promis à une si étonnante fortune. " Fortune, en effet, et au sens propre du mot. Né du bourg et du commerce, le bourgeois entreprend au XIème siècle une irrésistible ascension qui le conduira du colportage à la grande banque. Dans ce premier tome, Régine Pernoud retrace avec érudition mais vivacité les premières étapes de cette histoire de la bourgeoisie qui commence comme une grande aventure avec la prodigieuse émergence des villes, la conquête des routes lointaines, l'assaut donné au pouvoir politique, les défis lancés à l’Église.

Rencontre avec Régine Pernoud (2 novembre 1982) à propos du Moyen-Âge et de la place de la femme et de la famille dans la société française
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