perse
Rome vs Jérusalem : Le conflit civilisationnel expliqué par Laurent Guyénot
Visionnez ici la conférence profonde, intelligente, extrêmement intéressante et importante de Laurent Guyénot sur le conflit entre Israël ("le "droit divin") et le droit international. Rappelons qu'avant de s'intéresser à certains aspects de l'histoire moderne, en particulier étatsunienne (11 sept, assassinat de J.F. Kennedy)*, Laurent Guyénot, historien, est un spécialiste de l'histoire médiévale.
* https://www.unz.com/author/laurent-guyenot/classic/
https://www.youtube.com/watch?v=GEIEiPp-lF0
Minute 25:31, Laurent Guyénot cite l'égyptologue allemand Jan Assmann et son principal ouvrage: "Le prix du monothéisme".
https://editions.flammarion.com/le-prix-du-monotheisme/9782700723625
Minute 26: L. Guyénot fait la distinction entre le droit et la loi hébraïque (Torah).
Minute: 37:11 et suivantes: Pour Israël et les juifs, Dieu est exclusif à Israël (Deutéronome, 32). Les dieux des autres peuples ou religions sont des démons. C'est un Dieu jaloux et diviseur, au contraire des dieux grecs et romains.
Minute 45:15: (pour les Grecs), la vertu, c'est le bonheur.
Minute 46:45: incompatibilité entre Rome et Jérusalem, non seulement au niveau du droit mais aussi de l'éthique.
Minute 48:13 et suivantes: le Serpent de la connaissance du bien et du mal, dans la Genèse, c'est l’hellénisme, la pensée grecque, la Raison grecque. Car pour Jérusalem, ce que Dieu a donné à l'Homme, c'est la Loi, c'est la Torah. Dans la Bible, il n'y a pas de morale, pas d'éthique. Il faut seulement obéir aux ordres de Dieu. C'est un caractère fondamental dans la culture juive et talmudique. Analyse critique du Décalogue, dont l'Église chrétienne a donné une image falsifiée.
Minute 55:20 et suivantes. l'héritage égyptien des Grecs, qui a masqué leur véritable héritage perse, masqué parce que les Perses étaient les ennemis des Grecs. Les philosophes présocratiques venaient d'Asie mineure (Ionie). Hérodote fait l'éloge des Grecs. Les Grecs aiment à comprendre les autres peuples. Ils ont fondé l'ethnographie et l'histoire. Le Zoroastrisme. Pour le Zoroastrisme, la valeur suprême est la vérité. Hérodote vivait à l'époque d'Artaxerxès. Or, le principal rédacteur de la Bible est Esdras*, qui vivait en Perse à cette époque. Laurent Guyénot explique pourquoi c'est à ce moment-là qu'ont fusionné le Dieu d'Israël et le dieu du Ciel, et que le mensonge a été fabriqué que le dieu d'Israël, c'est Dieu, pour obtenir des Grecs le soutien et l'autorisation d'aller refonder le temple de Jérusalem. Arrive l'époque héllénistique. Les Séleucides. Antiochos IV (-167). Désir d'une partie des Juifs de s'assimiler, et refus d'une certaine élite, comme aujourd'hui. Les Grecs voulaient consacrer le temple à Zeus. Les Juifs refusent par pour eux c'est le temple de Yahvé. Révolte des Macchabées. Conquêtes de Pompée. Les Flaviens (Vespasien, Titus, Domitien). Époque des guerres juives, entre Rome et Jérusalem. Source: Flavius Josèphe (auteur juif). Destruction du temple de Jérusalem. Obligation aux Juifs de verser un impôt pour le temple de Zeus Olympien à Rome. Les Romains refusent d'accueillir le dieu Yahvé à Rome et le trésor du temple de Jérusalem est traité comme un vulgaire butin, contrairement aux usages. Comportement très sévère et exceptionnel de Rome à l'égard du judaïsme et des juifs, qu'ils considèrent comme un peuple athée qui hait les autres dieux. Époque des Antonins (IIe siècle après J.-C): Trajan, Hadrien et Marc-Aurèle. Époque de paix. Hadrien rebaptise Jérusalem Aelia Capitolinia (Aelia étant un des noms d'Hadrien), qui est resté le nom arabe de Jérusalem jusqu'à une époque récente. Hadrien interdit la circoncision. Hadrien rase Jérusalem (70) et renomme Israël: Syrie-Palestine. Ayant échoué à inviter les juifs dans la culture grecque, Hadrien cherche à détruire leur peuple, ce qu'il n'a pas réussi à faire et depuis ce temps-là les juifs vivent dans la diaspora, mais le regard tourné vers Jérusalem.
1h:12: Le christianisme. Marc-Aurèle et la philosophie stoïcienne. Le christianisme se développe à partir du IIe siècle. Syncrétisme du christianisme: mélange entre Rome et Jérusalem, entre la culture grecque (les Évangiles sont écrits en grec), il incorpore d'Ancien Testament, Dieu est Yahvé. Mais un mélange qui essaie de mélanger deux choses non miscibles, créant des contradictions internes, insurmontables. La première des contradictions, c'est que Jésus est le Messie d'Israël, annoncé par les Prophètes, et d'un autre côté Jésus est façonné sur un modèle grec, des héros grecs (conception surnaturelle, Fils de Dieu, en particulier de Zeus; les demi-dieux, immortalité). Cet archétype grec est insupportable pour les juifs. Dans l’Évangile, notion de prédestination, mais si Jésus était le Messie, il était aussi prédestiné à mourir. Autre contradiction interne entre l'anthropologie hébraïque ou sémitique et l'anthropologie grecque, hellénique. Dualisme de l'anthropologie hellénique: l'homme a un corps et une âme et son âme est immortelle. Dans la culture juive, cette immortalité de l'âme n'existe pas, mais il y a la résurrection des corps. Dans le christianisme il y a les deux. Les théologiens protestants ont choisi la résurrection des corps contre l'immortalité de l'âme. Deux tendances dans le christianisme, l'une qui va vers la culture hellénique, l'autre vers la culture biblique. Les deux ne se mélangent jamais. La lutte entre Rome et Jérusalem s'est continuée à l'intérieur même de la Chrétienté. Énigme: pourquoi Rome a fait du christianisme sa religion et l'une des plus grandes du monde ? Orientalisation de la pensée romaine. La Chrétienté, c'est deux Rome: Rome en Italie, la Rome papale**, une Rome qui a été colonisée par Jérusalem, profondément israélite, profondément hébraïque; et de l'autre côté la Rome idéale, celle du Saint Empire Romain "germanique" (Charlemagne, Othon, les Saliens, Frédéric II de Hohenstaufen au XIIIe siècle, dernière tentative presque réussie de recréer l'empire romain contre la volonté du Pape d'unifier l'Europe. Les papes ont excommunié Frédéric II trois fois (1h 23). Il a été le seul à faire une croisade à Jérusalem pacifique. Il y est allé avec des bibliothèques et a réussi à récupérer Jérusalem. L'histoire de Frédéric II de Hohenstaufen est sans doute la plus éblouissante de tout le Moyen-Âge. C'est la lutte finale entre le Pape et Rome. Le Pape, c'est Jérusalem. Rome, c'est l'Empereur. Frédéric II était en guerre contre le fanatisme religieux. Il parlait 6 langues, il a créé des universités en langue locale, a écrit les premiers traités de droit en s'inspirant du droit romain et en évacuant le droit canon. Redécouverte du droit romain en Europe grâce à lui. La guerre a été gagnée par les papes et "Rome" entre dans le maquis de la Chrétienté qui devient très autoritaire. Dante, partisan de l'Empire contre le Pape. Le facteur prédominant, la dynamique centrale dans toute l'histoire de l'Europe, c'est la lutte entre les Papes et les Empereurs. Dante, dans son éloge de l'Empire (1310), dit que "l'homme est fait à l'image de Dieu et comme Dieu est un, l'homme est fait à l'image de Dieu en tant qu'Humanité." Donc ce n'est pas l'homme en tant qu'individu qui est à l'image de Dieu, c'est l'Humanité. C'est une idée qui vient directement du stoïcisme. René Guénon: "L'ésotérisme de Dante"***. À l'époque de Dante, la pensée "romaine" ne peut plus s'exprimer librement, à cause de l'Inquisition. Opinion de Julius Evola, mais Guénon a raison. Racine des sociétés de philosophes, ce ce qui a donné la franc-maçonnerie. Dante et les humanistes qui viennent après lui: Pétrarque. Certains sont obligés d'utiliser de faux noms ou de se cacher derrière des auteurs classiques célèbres. C'est ainsi que beaucoup de traités de Cicéron ne sont pas de Cicéron, mais ont été fabriqués à cette époque. C'est une des manières qui a fondé la Renaissance (la redécouverte de Rome). Un penseur stoïcien très en vogue actuellement aux USA: Ralph Waldo Emerson [1803-1882, ami de Thoreau]. Plus le christianisme décline, plus renaît Rome. Il est temps de se rediriger vers Rome et d'abandonner Jérusalem, c'est la conclusion vers laquelle Laurent Guyénot se dirige de plus en plus. En effet, aujourd'hui, Jérusalem est en train de détruire le droit international, le fruit de millénaires de civilisation, car Jérusalem fonctionne par la division et par la guerre mondiale et Rome est le contraire. Raison pour laquelle il faut vraiment comprendre ce qu'est Israël et arrêter de sanctifier l'Israël antique. Le christianisme a été complice du sionisme. Les Romains ont détruit Jérusalem et nous l'avons recréée. L. Guyénot cite le mot de Jacques Attali: "le fondement de l'antisémitisme, c'est l'ingratitude". Le pouvoir juif, c'est le pouvoir de nous avoir donné Dieu, c'est ça la réalité. Conférence de Laurent Guyénot: "Droit divin de massacrer? La question biblique"**** Il faut redécouvrir la sagesse gréco-romaine. Thèse de doctorat de Laurent Guyénot: La mort féérique. La pensée médiévale laïque, essentiellement orale sauf sous forme de poésie (Chrétien de Troyes, etc.), on a une culture païenne, au sens pré-chrétien, moitié celte, moitié germanique, très vivante. Aujourd'hui, nous sommes à l'aboutissement d'une guerre eschatologique entre Rome et Jérusalem.
FIN
* https://www.youtube.com/watch?v=nm1ThBGMXUI
** Cf livre de Laurent Guyénot: "La malédiction papale": https://lesakerfrancophone.fr/laurent-guyenot-la-malediction-papale
**** Conférence de L. Guyénot: La conjuration d'Esdras https://www.youtube.com/watch?v=Vb9ZxpASOAk
Transcription résumée par Rouge et Blanc.
Frédéric II et son faucon. Extrait de son livre "De arte venandi cum avibus" (L'art de la chasse aux oiseaux). D'après un manuscrit de la Biblioteca Vaticana, Pal. lat 1071, fol. 1), fin du XIIIe siècle.
Jacques Benoist-Méchin: Frédéric de Hohenstaufen - Ou le rêve excommunié (1194-1250)
La destinée de Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250) a inspiré deux maîtres livres : l'exceptionnel ouvrage d'Ernst Kantorowicz et cette biographie, vite devenue un classique. Comme si Jacques Benoist-Méchin, grand connaisseur de l'Islam et de l'Allemagne, avait trouvé le héros qui incarnait ses rêves d'historien. Voilà un empereur couronné à Rome qui déteste le pape, s'intéresse à l'Islam et n'envisage de croisade que pacifique et diplomatique. Voilà aussi un souverain d'une immense culture, parlant plusieurs langues, réunissant à Palerme, sa résidence favorite, des savants juifs, musulmans et chrétiens, favorisant les arts et les sciences. Au fond, un homme trop grand pour son temps, deux fois excommunié par Grégoire IX, surnommé par ses contemporains l'Antéchrist et condamné à l'oubli après sa mort, tant le Saint-Siège ne cessa de vouloir effacer son œuvre et son nom.
Traité De arte venandi con avibus écrit par Frédéric II:
https://sciencepress.mnhn.fr/sites/default/files/articles/hd/anthropozoologica2024v59a4-pdfa.pdf
Illustration du "De arte venandi cum avibus". Manuscrit du XIIIe siècle, Bibliothèque apostolique vaticane.
Portrait de Dante Alighieri, détail d'une fresque de la chapelle du Bargello attribuée à Giotto di Bondone.
Le chef, pour Xénophon
(...) A l’Apologie de Socrate et au Banquet s’opposent l’Apologie et le Banquet de Xénophon, au communisme de la République, la vie familiale de l’Économique, à la peinture du tyran dans la République, l’opuscule d’Hiéron, et en général aux dialogues de Platon les Mémorables et beaucoup de passages disséminés dans les œuvres de Xénophon. Mais il n’y a pas d’ouvrage où cette opposition soit plus marquée que dans la Cyropédie. Xénophon et Platon, tous les deux disciples de Socrate, sont comme leur maître, des contempteurs de la démocratie athénienne, qui s’en remet à la fève du choix des magistrats ; mais leur idéal, assez semblable sur certains points, diffère considérablement sur d’autres. Xénophon, attaché à la famille, ne pouvait considérer le communisme de la République que comme une divagation puérile ou perverse, et le gouvernement des philosophes devait d’autant moins lui plaire que cette idée du Bien sur laquelle ils doivent avoir constamment les yeux, Platon ne la définissait point et que, bien qu’il la comparât au soleil, elle restait à l’état de nébuleuse pour ses auditeurs. Cet idéal lui parut certainement trop haut et trop vague, et il essaya d’en proposer un autre qu’il incarna dans la personne du conquérant le plus célèbre qu’on eût vu jusque-là. Il le prend à sa naissance et le conduit jusqu’à sa mort. Nous le voyons agir et l’entendons parler ; sa vie tout entière est un modèle et sa mort même un enseignement. Dès l’enfance il annonce ce qu’il sera plus tard. Les dieux lui ont donné de grandes qualités, la beauté du corps, la bonté de l’âme et l’amour de l’étude et de la gloire au point d’endurer toutes les fatigues et d’affronter tous les dangers pour être loué.
Que ne peut-on attendre d’un enfant ainsi doué ? Il suffit de lui donner une éducation appropriée pour en faire un héros. Xénophon, tout comme Platon, attache à l’éducation une importance capitale. C’est elle, qui, à leurs yeux, décide du destin des individus et des peuples. Or l’éducation qui a paru la meilleure aux yeux de Xénophon est l’éducation spartiate. Cyrus apprend à l’école de ses maîtres à vivre de pain et d’eau et d’une botte de cresson. Il pratique tous les jeux et tous les exercices qui peuvent développer son corps, et il s’applique à devenir, parmi ses camarades, le meilleur coureur, le meilleur cavalier, le meilleur acontiste. Quand il est en âge de commander, convaincu qu’on n’obtient une obéissance volontaire de ses subordonnés qu’en se montrant supérieur à eux, il donne l’exemple de l’endurance, du sang-froid, de la bravoure, il fait voir qu’il connaît à fond la tactique et que, sans commettre lui-même aucune faute, il sait profiter de celles des ennemis. Il est audacieux, mais à bon escient ; il est ménager de ses hommes et ne les expose que lorsqu’il est sûr d’avoir l’avantage. Enfin, et ceci est un trait tout à fait grec, il sait parler et il ne tente aucune opération qu’il n’en ait prouvé l’utilité et montré les chances de succès dans un discours à ses officiers.
La victoire gagnée, il traite les vaincus avec humanité, et, s’il a reconnu en eux des hommes de courage, il sait leur témoigner son admiration et les gagner à son parti. C’est ainsi qu’il s’attache l’armée des Égyptiens, qui seuls s’étaient bravement comportés dans la débâcle de l’armée de Crésus. Admirable dans le commandement, il l’est encore dans toutes les circonstances de la vie par sa tempérance, sa chasteté, sa modération. Il est d’une telle générosité qu’il ne garde rien pour lui ; il aime rendre service et faire plaisir, car il aime être aimé, et il ne néglige rien pour gagner l’affection de ses sujets. Enfin, et ceci prime tout le reste aux yeux de Xénophon, il est pieux, il ne fait rien sans consulter les dieux. Il n’oublie jamais de les prier et de les remercier, persuadé que sans leur aide l’homme est incapable de se conduire et de réussir dans ses entreprises.
Tel est l’idéal du chef tel que le conçoit Xénophon. Cet idéal n’est point fondé, comme celui de Platon, sur les principes d’une métaphysique profonde. Il s’est formé de ses propres expériences dans la Retraite des Dix-Mille et dans la guerre d’Asie où il accompagna Agésilas. Agésilas lui- même lui a fourni beaucoup de traits ; d’autres sont empruntés à Cyrus le Jeune, et d’autres à l’enseignement de Socrate. Quand Cyrus parle et moralise, il n’est que l’interprète des idées morales que Xénophon tient de son maître. Mais les qualités qui ressortent le plus dans l’idéal du chef selon Xénophon sont les qualités du grand capitaine. Le chef de l’État est avant tout un chef d’armée. Dans les cités grecques toujours en guerre, le premier soin de l’homme d’État est d’organiser la défense contre l’ennemi et d’agrandir son propre territoire. C’est à la classe des guerriers que va aussi l’attention de Platon : il consacre à leur formation presque toute la première moitié de son ouvrage. Ce qui distingue ses vues de celles de Xénophon, c’est d’abord qu’il associe les femmes à la guerre, ce que Xénophon se gardera bien de proposer, et c’est ensuite qu’il ne laisse pas le gouvernement entre les mains des guerriers, mais le remet uniquement à ceux d’entre eux qui, véritables philosophes, sont capables d’atteindre par la dialectique jusqu’à l’idée du Bien. Xénophon, homme de guerre plutôt que philosophe, confie au contraire le gouvernement au chef de l’armée qui a la force pour se faire obéir. Le défaut capital de la cité grecque, c’est qu’elle est toujours divisée en deux partis, celui des pauvres et celui des riches. Platon cherche à y ramener l’unité par le communisme des biens, des femmes et des enfants, qui, imposé aux guerriers, doit supprimer toute jalousie à leur égard. Le moyen de Xénophon est plus simple et plus pratique, bien qu’il soit d’une application rare et difficile. C’est la volonté du chef suprême qui établira l’unité. L’État est conçu comme une armée, et tout le talent politique de Cyrus consiste à donner à l’État l’organisation en usage dans l’armée. Quand il voulait mettre ses troupes en mouvement, il faisait connaître ses ordres aux myriarques, qui les faisaient passer aux chiliarques, qui à leur tour les transmettaient aux lochages, qui les faisaient parvenir par les officiers inférieurs dans les rangs des soldats. C’est sur ce modèle que Cyrus, une fois vainqueur des peuples de l’Asie, organise son empire. Les grands de sa cour sont chargés de faire connaître ses volontés ou de gouverner les provinces en son nom. Leur cour est établie sur le modèle de la sienne, et ils se font obéir comme lui, par l’intermédiaire de leurs officiers, des peuples qu’ils ont à gouverner. Pour que ses ordres parviennent plus vite jusqu’aux extrémités de son immense empire, Cyrus institue un service des postes qui fonctionne jour et nuit, et pour s’assurer de l’obéissance exacte des gouverneurs de province, il a des espions de confiance, qu’on appelle les yeux du roi. On le voit, l’idéal de Xénophon, c’est un roi aussi absolu que possible, mais un roi intelligent et bon, supérieur en tout à ceux qu’il commande, et qui ne gouverne que pour le bien de ses sujets. Si élevé que soit cet idéal, il semble plus facile à atteindre que celui de Platon ; il sera même bientôt réalisé en partie par Alexandre, et plus tard par César et par Auguste ; mais la réalisation dure ce que dure le grand homme et périt avec lui. (...)
Pierre Chambry, Notice sur la Cyropédie ou Éducation de Cyrus de Xénophon, traduite par lui.
Fais attention au secret de la goutte de pluie
ASTROLOGUE: Écoute. Si tu voyais un monde entier brûlé jusqu'au coeur par le feu, tu n'aurais encore qu'un songe. Même si tout tombait dans le néant, depuis le poisson jusqu'à la lune, on trouverait encore au fond d'un puits la patte d'une fourmi boîteuse. Et tout pourrait recommencer. Quand même les deux mondes seraient tout-à-coup anéantis, il ne faudrait pas nier l'existence d'un seul grain de sable de la terre. S'il ne restait aucune trace, ni d'hommes, ni de génies, fais attention au secret de la goutte de pluie.
Farid ud-Dîn Attar ("Attar de Nishapur"), La Conférence des Oiseaux مقامات الطیور (1177)
Paul Aram Bazirguïan et Général Georges Zarapoff : deux membres distingués de ma famille, d'origine étrangère et au service de la France
"Je n'ai pas honte d'honorer le sang des miens."
(Antigone à Créon)
Sophocle: Antigone
Général Georges Zarapoff (capture d'écran de la vidéo de la Mairie de Paris sur les militaires de Libération-Nord)
Général d'aviation Constantin Etienne Georges Zarapoff
Né le 1er janvier 1878 (Paris 17e), décédé le 7 mars 1945 à Buchenwald (Allemagne).
Né d'une très ancienne famille princière arménienne, mari de mon arrière grand-tante Marie-Paule née Merle (sa mère était la soeur de mon arrière grand-mère Lefebvre).
Chef de l'armée secrète "Libération"
Mort au camp de concentration Buchenwald (Allemagne) en mars 1945
Plaque commémorative apposée sur sa maison, au 74 rue Raynouard, Paris XVIe.
https://www.aerosteles.net/stelefr-paris-zarapoff
Vidéo: les militaires de Libération-Nord: http://www.dailymotion.com/video/xtvsd1_les-militaires_webcam
Page qui lui est consacrée (avec un portrait) sur le site du Musée de la Résistance: http://www.museedelaresistanceenligne.org/media.php?media=2387
Voir aussi: http://museedelaresistanceenligne.org/media2387-Colonel-Georges-Zarapoff
Libération-Nord: http://www.liberation-nord.org/resistance/liberation-nord_et_armee_secrete.php
Source: https://ta-patrie.monsite-orange.fr/file/c3cbefd8aa250273ba72d621edb171fa.pdf
Notice sur le général Georges Zarapoff:
Georges Zarapoff est issu d'une très ancienne famille de princes arméniens, installée en France au XIXe siècle.
Il est né à Paris le 1er janvier 1878.
Il devient officier d'artillerie et participe à la Grande Guerre dans l'aviation. Bien qu'à la retraite, il reprit du service en 1939.Ses pseudos furent "Aymon", "Allard", et, en 1940, "Arnault".
Il prend la direction de l'organisation militaire. C'est avec Christian Pineau qu'il élabore le premier plan d'organisation des groupes paramilitaires de Libération-Nord. En mars-avril 1943, Zarapoff entre en rapport avec les missions envoyées en France par de Gaulle pour mettre au point la coordination des mouvements de Résistance, tant au point de vue civil que militaire.
Dans le cadre de la mesure "Arquebuse-Brumaire", il est présenté le 12 mars 1943 par Jean Gosset, l'adjoint de Cavaillès, sous le pseudo d'"Aymon" à Passy et Brossolette. Il est alors invité à participer de manière active à l'organisation de l'Armée Secrète, à l'instar des autres chefs militaires de zone Nord.
D'après François Marcot, La Résistance et les Français : Lutte armée et maquis, colloque international de Besançon, 15-17 juin 1995.
Source: https://museedelaresistanceenligne.org/media2387-Colonel-Georges-Zarapoff
Remerciements à Madame Christine Moitié pour m'avoir communiqué ces informations.
Pierre-Olivier Combelles en compagnie de sa grand-tante Marie-Paule Zarapoff sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Versailles, au début des années 1980, lors d'un rassemblement de la famille Lefebvre.
Paul Aram Bazirguïan
31 décembre 1887 (Nancy) - 1971 (Meudon)
Epoux de ma grand-tante Yvonne Renauld (1900-1985), fille de mon arrière grand-tante Marie Lucie Renauld, née Steinmetz.
Son père, le général-ministre Charles Bazirguïan, né à Téhéran de mère française et de père arménien d'origine caucasienne, était conseiller intime du Shah de Perse au temps de la dynastie des Khadjars. Il installa le télégraphe en Perse.
Sa mère, "Tante Palmire" était champenoise. Orpheline, elle avait été envoyée à 15 ans chez un parent français résidant à Téhéran, où elle arriva au terme d'un voyage rocambolesque: en train jusqu'à Constantinople, puis à cheval jusqu'à Téhéran, une escorte militaire perse étant venue l'attendre à la frontière.
Paul Aram Bazirguïan était très connu et respecté dans la communauté arménienne française. Croix de guerre 1914-18 avec étoile de bronze (pour actes de bravoure). Très cultivé, patriote, royaliste, mélomane, il possédait une belle bibliothèque. La devise qui figure sur son ex-libris est : Mihi dedit Armenia patrem matremque Gallia. Dubium montanus lucemque Socrates. Il avait commencé à apprendre le persan ancien.
Quand j'habitais ville d'Avray, j'allais souvent rendre visite à ma tante Yvonne chez elle à Meudon. Elle habitait un appartement dans un élégant immeuble moderne entouré d'arbres. L'oncle Paul, son mari, était décédé depuis déjà de nombreuses années. Quand elle dut vendre la belle bibliothèque que son mari lui avait léguée, elle me réserva un certain nombre de livres que j'ai conservés. Ils portent l'ex-libris de l'oncle Paul. Je naviguais aussi souvent en croisière, à la voile, dans la Manche avec sa fille Myriam et son mari Michel Labutte qui avaient un bateau à Deauville. D'abord un Folkboat, assez gîtard, puis un Westerly plus confortable, avec lesquels ils allaient aussi en Angleterre. Je garde un excellent souvenir de cette famille charmante, amicale, polie, pour laquelle la culture avait une grande valeur, et de la nostalgie aussi car rien ne l'a remplacée. C'est d'ailleurs grâce à elle que, la seule fois de ma vie, un libraire m'offrit un livre. C'était dans le Quartier Latin, près du Boulevard Saint Germain, je suis entré dans la librairie orientaliste Samuelian. Je parcourais les rayons et j'entrai avec la conversation avec Madame Samuelian. Quand je lui parlai de mon grand-oncle Paul Samuelian, elle m'en dit le plus grand bien, qu'il était un homme très respecté dans la communauté arménienne française et quand elle évoqua le génocide des Arméniens, que j'ignorais (j'avais une vingtaine d'années à l'époque), elle m'offrit le livre de Vidal-Naquet, que j'ai conservé.
Pierre-Olivier Combelles
https://gw.geneanet.org/bridget06?lang=fr&n=bazirguian&oc=0&p=paul+francois+aram
Lien généalogique:
https://gw.geneanet.org/bridget06?lang=en&p=marie+jeanne+eugenie&n=bazirguian
Voir aussi, sur ce blog: Les Portugais, par Paul Bazirguian
Général Charles Bazirguïan (Constantinople 1844- Nice 1929), père de Paul Aram Bazirguïan. Collection et photo: Famille Bazirguian.
- Charles Bazir, Babadjoun, Charlot BAZIRGUÏAN, Grand-croix Catherine de Russie décoration scientifique en or 1844-1929
-
militaire sur les frontières de la Russie, Membre fondateur d'une école arménienne à Téhéran, Conseiller au Ministère des Télégraphes de Perse de 1862 à 1907 auprès du roi Mozaffer-ed-Dîn-Châh
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Source: https://gw.geneanet.org/bridget06?lang=en&p=paul+francois+aram&n=bazirguian
Un libraire français:
M. Jonathan Devaux
Librairie À LA DEMI-LUNE
30660 Gallargues le Montueux
est en possession d'un ouvrage de la bibliothèque de mon arrière-grand-oncle Paul Bazirguian, sur lequel figure un texte magnifique écrit de sa main à Nancy, en 1944. Il a eu la gentillesse de prendre contact avec moi via mon blog et de m'envoyer ces photos, que voici:
En feuilletant dans ma bibliothèque un volume des Fables de La Fontaine provenant de mon arrière-grand-oncle Paul, j'ai retrouvé cette citation manuscrite au bas de la fable du Berger et la mer: un vers de Saadi en persan et sa traduction française...
Annotation manuscrite de Paul Bazirguian sur une page d'un beau livre d'André Petit, provenant de la bibliothèque de mon oncle.
HONNEUR À l'ARMÉNIE
HONNEUR À LA PERSE
HONNEUR À LA RUSSIE
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