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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

philosophie

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Colonel-général Leonid Grigorievich Ivashov: "L'esprit perdu" (2020)

19 Novembre 2024 , Rédigé par Le Fil d'Ariane Publié dans #Général Leonid Ivashov, #Russie, #Lettres, #Histoire, #Philosophie, #Sciences, #Géopolitique

Le colonel-général Leonid G. Ivashov

Le colonel-général Leonid G. Ivashov

Couverture du livre de Leonid Ivashov: "L'esprit perdu" (2020)

Couverture du livre de Leonid Ivashov: "L'esprit perdu" (2020)

Leonid Grigorievich Ivashov

L'esprit perdu

© Ivashov L., 2021 © Argumenty Nedeli Publishing House LLC, 2021

ISBN 978-5-6045376-7-1

 

Notre Cinquième civilisation est donc dans une impasse : spirituelle, économique, intellectuelle. L'homme n'a jamais pris la peine de comprendre le sens et les lois de l'univers, il n'a jamais appris à vivre en harmonie avec la nature, à aimer sa maison - la planète. Au contraire, il a tué, ruiné, volé. Il s'est rapidement dégradé, en se fiant au « progrès technique » (nanotechnologie et intelligence artificielle - un semblant pathétique des réalisations des civilisations précédentes).

Dans son nouveau livre, L. Ivashov - président de l'Académie des problèmes géopolitiques, docteur en sciences historiques, professeur - montre toutes les impasses de la voie consumériste actuelle avec ses fausses théories du « Milliard d'or », de la « Croissance zéro (organique) » et des idées de super-richesse.

En outre, l'auteur est convaincu que l'homme, la nature et l'univers ont été créés par le Créateur et que la base de toute chose est l'énergie et non la matière. L'auteur choque le lecteur en affirmant, preuves à l'appui, que l'homme fait partie du champ d'information et qu'il n'est PAS MATÉRIEL.....

Le livre fournit un grand nombre de données nouvelles, précédemment classifiées, qui réfutent toutes les idées reçues sur le cosmos et l'homme, y compris la théorie du Big Bang et la doctrine darwinienne, et révèle les raisons de l'état catastrophique de notre civilisation.

 

Table des matières

Introduction

Partie I

Chapitre 1

Le phénomène du cosmisme russe

L'héritage géopolitique de Staline

La fausse théorie du marxisme

Le nationalisme en général et le nationalisme ukrainien en particulier

Sur le capitalisme

La mort de Staline et la guerre froide

Chapitre 2

Où va le développement de la raison

Qu'est-ce qui a alarmé le Club de Rome ?

Une option de salut : un retour aux

la théorie du cosmisme russe

Chapitre 3

Une faveur aux peuples de la Terre ! Peuple de la Terre ! Terriens ! Les énergies de l'intelligence cosmique

Le développement moderne de la société conduit à la destruction de l'humanité et à la destruction de l'environnement naturel. Deux voies de développement.

La domination de l'argent

Les jeux dangereux avec les gènes

Conclusion

L'univers holographique.

L'organisation éducative du monde matériel

Qu'est-ce qu'un être humain ?

La cellule humaine, la pensée et le bioplasme

L'hologramme est le principal outil de la nature

Le concept de création d'une formation sociale post-capitaliste - le corporatisme social

Mesures précédant la  dénationalisation de la richesse nationale

Méthode de distribution de la richesse nationale

Exemple hypothétique

Aspect socio-économique

Aspect politique

Chapitre 4

Tuer consciemment la nature

Géo-armement écologique

Géo-armement biologique

Géo-armement bactérien-viral

La Géorgie est complice du biologique

Les personnes génétiquement modifiées

Qu'est-ce que l'Homo sapiens a encore inventé pour détruire sa propre espèce ?

Armes psychologiques de l'information, Armes psychotroniques

Émetteurs laser, Émetteurs de lumière

Armes somato-psychologiques

Armes géophysiques

Armes lithosphériques et tectoniques

Armes hydrosphériques

Armes de l'ozone

L'adieu au cosmisme russe

Le socialisme spatial comme salut de la vie sur Terre

La nature gémit, l'homme crie

Chapitre 5

Où en est l'humanité ?

L'essence de l'homo sapiens, une énigme de l'histoire

Les grands maîtres - la nature et l'Antiquité

Le partenariat et la coopération de l'État et du citoyen sur la Terre

Les moyens d'y parvenir


Partie II

Chapitre 1

La Nouvelle-Souabe - l'arche des SS à la veille de la guerre mondiale

Chapitre 2

A la recherche d'Agartha

La sécurité de la planète Terre : nouvelles perspectives

Réflexions sur la façon dont la Terre devrait être organisée[95]

Distribution du champ magnétique près d'une boule supraconductrice et près d'une boule à résistance nulle selon les expériences de Meissner-Oxenfeld

Cordons de plasma dans les décharges de gaz

Quelques caractéristiques de l'évolution de la Terre

Nikola Tesla. Entretien avec le grand génie cosmiste

Tout est lumière

Les habitations souterraines de la guerre froide

Arche de Noé pour les plantes

Zoo gelé

Arche des amphibiens

Disque de Rosette

Pour ceux qui détiennent le pouvoir

Échapper aux frappes nucléaires soviétiques

Le gouvernement mondial secret construit des villes souterraines pour l'élite

Carte du monde de Gérard Mercator (1538)

Épilogue

 

Introduction


Dans ce nouvel ouvrage, l'auteur a tenté de combiner la géopolitique avec le cosmisme russe et la situation actuelle de l'espace politique mondial afin d'évaluer l'état de l'humanité et ses perspectives de survie. Mais pour présenter le sujet de l'ouvrage, je propose de faire une brève excursion dans le développement de la géopolitique en tant que direction scientifique indépendante. Les principaux éléments de l'histoire et de la philosophie de la géopolitique sont détaillés par l'auteur dans « Geopolitics of Russian Civilisation », publié par « Argumenty Nedeli » en 2020.

Il est bien connu que la géopolitique, en tant que mouvement scientifique indépendant, est née à l'intersection des XIXe et XXe siècles. Son fondateur est considéré comme le chercheur allemand Friedrich Ratzel, qui a donné naissance à la géographie politique, qui n'a reçu que plus tard le nom actuel de « géopolitique ». Mais F. Ratzel n'a fait que généraliser scientifiquement l'expérience précédente, la géographie politique avec la géographie. La géopolitique classique a sa propre préhistoire : elle repose sur une longue tradition politico-culturelle qui remonte à l'Antiquité, mais qui s'est surtout manifestée à l'époque des Lumières. Depuis l'Antiquité, on peut observer certains schémas dans l'influence de la géographie et de la nature.

Les tribus et les peuples ont tendance: - à adapter leurs activités de vie aux conditions géographiques et géophysiques (s'adapter à la nature) ; - à préserver et à développer les modes de vie traditionnels, en réagissant aux changements de l'environnement naturel.

Voici quelques-uns des aspects les plus importants de la vie : - protéger leur habitat et leur mode de vie traditionnel ; - étendre leur espace de vie, en tenant compte de la croissance démographique et de l'augmentation des besoins ; - s'unir avec d'autres pour renforcer leur propre mode de vie; - élargir l'espace de vie en tenant compte de la croissance démographique et de l'augmentation des besoins ; - s'unir aux autres pour renforcer le potentiel de survie et de développement.

Les états peuvent être motivés par :

- le désir d'aligner leur territoire sur le terrain ;
- le désir de « regarder » au-delà de leurs frontières et d'élargir leur espace de présence ;
- renforcer leur prestige international et régional et leur sécurité en contrôlant les ressources géographiques les plus importantes (cols de montagne, voies navigables, détroits, plateaux, vallées, etc ;)
- mettre en œuvre des politiques et construire des États en fonction des conditions géographiques.

Aristote (384-322 av. J.-C.) affirmait que la Crète était destinée à dominer la Grèce parce que sa position géographique était parfaite. Charles de Montesquieu (1689-1755) et, un peu plus tôt, notre compatriote Vassily Tatishchev (1686-1750) soutenaient la même chose : la manière dont un État est gouverné, c'est-à-dire la structure de l'État et le système de gouvernement, dépend directement des « caractéristiques spatiales ». Ces sages rappellent encore aujourd'hui aux gouvernants qu'il n'existe pas de formes universelles de structures étatiques et de systèmes de gouvernement et de développement. Et l'histoire est un témoin et un maître.

Les sages, anciens et moins anciens, ont remarqué une autre loi : l'environnement géographique et géophysique influence activement la formation du caractère non seulement d'un individu, mais aussi de nations entières et même de civilisations. Cela concerne la manière d'être, le sens de la vie, la politique de l'État : externe (avant tout) et interne. Qu'ont-ils donc remarqué ?

Polybe, historien et philosophe de la Grèce antique (vers 200 av. J.-C.) : le climat influe sur les nerfs, la couleur de la peau et la profession des gens.

Ibn Khaldoun, historien et philosophe arabe (1332-1406), Le livre des exemples édifiants : « Ce n'est que dans les pays au climat tempéré que les gens peuvent se livrer à des activités culturelles, tandis que les habitants du sud n'ont pas besoin d'habitations solides ni de vêtements, et tirent leur nourriture de la nature elle-même sous une forme toute prête. Ils n'ont aucune raison de développer la culture. Les habitants des pays froids du Nord, au contraire, consacrent toute leur énergie à trouver de la nourriture, à fabriquer des vêtements et à construire des habitations, ils n'ont aucune raison de développer la culture. Ils n'ont pas de temps à consacrer à la science, à la littérature et aux arts ».

Jean Bodin, philosophe français (15301596) : les gens sont plus courageux au Nord, plus doués au Sud (J.B. voulait dire la Méditerranée. - Auth.). Les chefs de guerre viennent du nord, tandis que l'art, la philosophie et les mathématiques naissent dans le sud.

Montesquieu : dans les climats froids, les gens sont plus moraux. Dans les climats tempérés, ils sont moins moraux (la moralité est instable). Dans les climats chauds, le caractère des gens est affaibli, ce qui a conduit au développement de l'esclavage (et même du cannibalisme).

G. W. F. Hegel (1770-1831), philosophe allemand auteur de la théorie de la dialectique, a fait une remarque très originale à ce sujet : « ... les paysans des plaines sont capables d'un travail régulier et pénible, s'intéressent à la propriété foncière et au développement des relations juridiques. Les peuples maritimes ont une mission particulière. Alors que la plaine attache l'homme à la terre, le rendant dépendant dans un nombre infini de relations, la mer le sort de ces sphères limitées. La mer appelle l'homme au vol. Reconnaissons la profondeur de la pensée de Hegel et revenons-y un peu plus tard, mais pour l'instant, réfléchissons aussi à cette phrase de Hegel : « les conditions géographiques naturelles - climat chaud et climat froid - excluent une fois pour toutes ces pays du mouvement historique mondial. Seuls les pays d'Europe occidentale et les États-Unis sont porteurs du progrès historique. Hegel a inclus la Russie dans cette catégorie de pays exclus à jamais du progrès historique mondial.

Mais que Dieu les accompagne, eux qui portent le progrès historique. Mais qu'en ont dit nos penseurs « froids » ? Ils ont reconnu la grandeur de la nature avant l'homme. S. M. Solovyov (1820-1879) attribue le retard de la Russie par rapport à l'Europe occidentale à « l'inégalité naturelle et climatique ». À cela s'ajoute l'invasion tataro-mongole, qui a retardé le développement de la Russie de 250 ans supplémentaires. (Apparemment, Sergueï Mikhaïlovitch parlait de développement technique et matérialiste, et non de développement moral et spirituel, car dans ce domaine, l'Europe n'était hélas pas sur la voie du progrès, comme nous le verrons plus loin).

В. О. Kliuchevsky (1841-1911) s'exprimait ainsi à propos de la géographie et du climat : « Dans le destin de chaque nation, nous rencontrons une force qui tient dans ses mains le berceau de chaque nation - la nature de son pays ». Digne et très respectueux de notre environnement, dans l'esprit de nos ancêtres païens.

Même Napoléon Bonaparte s'est exclamé : "la politique, c'est la géographie". Apparemment, les neiges russes ont appris quelque chose au conquérant européen des peuples et des pays.

Notons donc la conclusion des génies de tous les temps et de tous les peuples : l'homme est un enfant de la géographie et de la nature, qui déterminent sa façon d'être et son comportement. Mais attribuer toutes les abominations humaines à la sphère de l'habitat humain.

Il serait erroné de se concentrer uniquement sur la sphère humaine. Si l'environnement géographique et le climat déterminent le comportement des individus, ce ne sont pas les hauts gradés nazis du Troisième Reich qui auraient dû être jugés à Nuremberg, mais la géographie et la nature européennes dans leur ensemble. L'habitat ne définit que la matrice comportementale de l'homme, tout le reste - le concept d'action, la grande et la petite politique, le bien et le mal - est l'œuvre des êtres humains eux-mêmes. Le modèle comportemental d'un individu et de nations entières est formé par l'espace de leur habitat. L'espace est la catégorie principale de la géopolitique, et il n'y a pas de désaccord dans l'environnement scientifique géopolitique. Cependant, il ne désigne que l'espace physiquement perceptible, l'espace matériel. Mais le matérialisme victorieux de la science ne prend pas en compte le rôle des espaces mentaux, spirituels-émotionnels et paysagers façonnés par la nature et par l'homo sapiens lui-même. Reprenons la thèse controversée de la pensée comme énergie sur laquelle se greffent diverses informations. Y compris celles dont nous ne sommes même pas conscients ou que nous avons oubliées depuis longtemps.

Les facteurs suivants ont joué un rôle prépondérant dans l'émergence de la géopolitique en tant que discipline scientifique sous la forme dans laquelle elle est devenue disponible pour notre étude :

- La fin de l'ère des découvertes et l'établissement effectif du contrôle européen sur les espaces nouvellement découverts ;

- victoire de l'approche matérialiste dans le système de la connaissance scientifique et de la compréhension philosophique de la vie ;

- la formation d'un système d'États (le système westphalien) en Europe avec la consolidation juridique internationale des frontières des États et la reconnaissance de l'État comme principal sujet des relations internationales (processus historiques mondiaux).

Il fallait une théorie scientifique reliant l'espace géographique aux processus politiques réels, justifiant l'expansion coloniale géographique de l'Occident et orientant les élites des pays occidentaux vers la poursuite de la lutte pour le développement des territoires mondiaux jusqu'à l'établissement d'un contrôle planétaire. Ainsi, une science du pouvoir sur l'espace est apparue comme un guide du pouvoir politique. Naturellement, il ne s'agissait pas d'un aspect moral, il fallait justifier à partir de positions matérialistes purement rationnelles la pratique politique déjà formée et fixer cette politique pour l'avenir avec des principes « scientifiques ». En d'autres termes, la géopolitique, qui agit à la fois comme un courant scientifique et théorique et comme une pratique politique, se caractérise par un pragmatisme rationnel et des acquisitions matérielles.

La lutte pour la maîtrise de l'espace physique est au cœur de la stratégie géopolitique des États, des blocs et des civilisations.

L'essence de cette lutte est formalisée sous la forme des lois fondamentales de la géopolitique, dont la principale est la « loi de maîtrise de l'espace ». Dans un souci de vérité, il convient de noter que l'espace physique n'a pas été le seul à faire l'objet d'une lutte acharnée. L'objet de la lutte était également la sphère spirituelle et religieuse. Les guerres de religion ont été les plus brutales de l'histoire de l'humanité, que ce soit entre les religions ou au sein des systèmes religieux. Au XXe siècle, et plus particulièrement dans la seconde moitié du siècle, la lutte pour le contrôle de l'espace virtuel s'est intensifiée : idéologique, informationnelle-psychologique, culturelle-civilisationnelle. Mais là encore, ces types de guerres n'ont contribué qu'à la conquête de l'espace physique.

Mais revenons à l'affirmation de Platon selon laquelle « tout ce qui existe a sa propre idée ». Quelle est, par exemple, l'idée de la planète Terre avec sa diversité de mondes inanimés, végétaux, animaux et humains ? Et elle est constamment reliée aux distances cosmiques. Imaginons-la, car les connaissances scientifiques manquent ou sont brouillées par la variété des versions, des hypothèses et des suppositions. L'idée de notre planète pourrait être l'harmonie éternelle. C'est-à-dire que chaque entité planétaire a sa propre (et seulement sa propre) raison d'être, est en corrélation harmonieuse avec d'autres entités, suit une voie de développement mutuellement coordonnée, son propre cycle de vie, et a donc sa propre idée. Réfléchissons au sens de l'existence de l'abeille, à son idée. Elle est capable de faire de grandes choses.

Aujourd'hui, au XXe siècle, nous assistons à une lutte acharnée pour et contre l'intelligence au sein de l'humanité. Les détenteurs d'une supériorité dans l'espace intellectuel ont la possibilité de faire des bonds dans le développement des technologies, de prendre de l'avance dans la compétition économique, de définir l'orientation du développement pour l'ensemble de l'humanité. Les réalisations spatiales revêtent une importance particulière pour les positions de premier plan dans le monde moderne, car, premièrement, c'est là que se concentrent la pensée scientifique la plus avancée, les technologies les plus élevées, l'aspiration vers le haut, « vers les étoiles », et deuxièmement, le cosmos modifie la conscience de l'homme et sa vision du monde terrestre.

C'est le cosmisme russe, qui est né comme un courant scientifique et philosophique au début du 19e siècle et s'est concrétisé au 20e siècle, qui a défini le vecteur de développement de l'humanité. Le vol de Yuri Alekseevich Gagarin a en effet changé la vision du monde de toute l'humanité, détaché une grande partie (sinon la totalité) des habitants de la planète des pensées terrestres et les a dirigés vers une autre dimension - l'espace. À Dieu.

Malheureusement, l'histoire de l'humanité est également marquée par l'utilisation généralisée de l'intellect et de la raison dans les intérêts peu recommandables d'entités cupides et malveillantes.

Aujourd'hui, ce phénomène prend des proportions mondiales.

Il s'agit d'une question de société. Nous en discuterons dans « L'esprit perdu», en faisant appel à des chercheurs russes et étrangers et, surtout, les cosmistes russes.

Partie I

La vision russe de la vie dans l'univers


La planète traverse une crise sans précédent. Nous devons reconnaître que le modèle actuel de développement mondial n'est pas rationnel. Nous devons trouver une nouvelle voie pour aller de l'avant.
Ban Ki-Moon, Secrétaire général des Nations unies, juin 2012.


Pourquoi l'auteur a-t-il choisi un titre aussi peu optimiste pour son dernier ouvrage et l'a-t-il accompagné d'une épigraphe peu réjouissante ? Et plus loin dans le texte, le lecteur devra faire face à ce pessimisme à de nombreuses reprises sous la forme de citations de personnes intelligentes, de conclusions, d'énoncés de faits. Dans le passé, si je l'ai eu, ce n'était pas sous une forme aussi catégorique, et de toute façon j'ai essayé de terminer mes travaux sur une note optimiste. Cette fois encore, dans la logique du développement de l'étape actuelle de l'humanité, j'essaierai de trouver un point d'optimisme pour l'avenir. Avec la foi dans l'intelligence humaine, dans le développement de l'intellect, dans le gigantesque potentiel créatif de la prochaine génération de citoyens de la planète. Parce que, suivant la logique du développement, les générations précédentes de citoyens de la planète ont  acquis de nouvelles connaissances.

En acquérant de nouvelles connaissances et expériences empiriques, y compris des erreurs, des découvertes et des percées scientifiques et technologiques, ils passent le relais à une nouvelle cohorte de leurs disciples, qui trouveront de plus en plus facile d'avancer sur l'orbite ascendante du progrès. Et ils ne prendront certainement pas les décisions et les actions malheureuses de leurs prédécesseurs qui ont conduit à deux guerres mondiales, à une confrontation mondiale au bord d'une guerre nucléaire dévastatrice, à Tchernobyl, à une catastrophe écologique, à la pauvreté et à la faim de centaines de millions de personnes. Plus la terreur sur toute la planète, les guerres civiles, les révolutions colorées en série, les coups d'État, les pandémies et autres « délices ». Et une impasse de désespoir. Je donne la raison de ce processus : la matérialisation avide de la conscience des élites au pouvoir dans le monde entier. En Russie en particulier. Où cette épidémie de super-richesse, d'omnipotence, de super-luxe et de supériorité socio-raciale est-elle entrée dans la conscience humaine ? Dans le monde animal irrationnel, ses représentants les plus prédateurs, il n'y a rien de tel. Il y a une compétition, un désir de protéger leur territoire de chasse des étrangers venus de l'extérieur, il y a un besoin de satisfaire leurs besoins nutritionnels, mais rien de plus. Et que fait l'homme ? Le Créateur, le créateur de la vie sur la planète Terre, ne pouvait pas sciemment mettre un potentiel négatif dans sa créature la plus aimée, la créature dotée par lui, le Créateur, de la raison. Je pense que dans le domaine de l'esprit suprême, dans l'espace de Dieu, il ne devrait pas y avoir de corruption comme en Russie, par définition.

Qui et quoi a pu soudoyer les puissances supérieures pour saturer l'esprit et la conscience de l'homme avec le potentiel du vol, le rêve du luxe et du pouvoir incontrôlé. De plus, cette maladie de la cupidité est si forte et irrésistible que même la menace de la mort imminente de tous les êtres vivants dans l'habitat humain, y compris l'homme lui-même, n'arrête pas les actions criminelles des communautés humaines. Il ne s'agit pas de raison, mais de quelque chose de complètement différent. Oui, les dirigeants actuels du monde et des pays ne sont pas dépourvus d'intelligence. Mais ce n'est pas la raison. Nous pouvons déjà voir de nos propres yeux une nouvelle redistribution du pouvoir dans le monde - avec des guerres, du sang, de nombreuses victimes, la destruction de ce qui a été créé par le travail, la dépense et la créativité. Une folie qui se répète de cycle en cycle, d'époque en époque.

L'auteur estime que la cause de cette folie réside dans les erreurs de vision du monde des sciences sociales et de la géopolitique. Les initiateurs de la géopolitique et de la vision géopolitique du monde sont considérés comme des scientifiques occidentaux - Allemands, Britanniques, Américains. Mais ce sont eux qui ont jeté les bases purement matérielles de l'étude des processus géopolitiques, en plaçant leurs intérêts matériels au centre de l'attention, plutôt que l'homme en tant qu'entité rationnelle, système énergétique subtil. Nous en parlerons dans cette partie. Mais la géopolitique russe est très différente des approches et des méthodes de recherche occidentales. Les bases de la théorie géopolitique russe ont été jetées par des russophiles et des eurasiens, mais les fondements théoriques ont été posés par N. N. Kuznetsov.

Les bases ont été posées par N. Y. Danilevsky. Il définit une approche « humaine » de la recherche et rapproche l'homme de l'image de la nature. En 1869, le célèbre ouvrage du publiciste, sociologue et naturaliste Nikolai Yakovlevich Danilevsky (1822-1885) « La Russie et l'Europe “1 a été publié, dans lequel l'auteur a exposé pour la première fois la théorie des ”types historico-culturels locaux », qui a anticipé de nombreuses idées culturelles originales et s'est ensuite répandue en Europe occidentale au 20e siècle dans les travaux d'O. Spengler et d'A. J. Toynbee, S. Huntington et d'autres. Examinons donc brièvement la théorie de Danilevsky, d'autant plus qu'il est proche du cosmisme russe2.

Chaque « type historico-culturel » se manifeste dans quatre sphères : religieuse, culturelle, politique et socio-économique. Leur harmonie témoigne de la perfection de telle ou telle civilisation. Le cours de l'histoire s'exprime dans le changement des types historico-culturels qui se succèdent, passant de l'état « ethnographique » au niveau civilisé en passant par l'état d'État. Le cycle de vie d'un type historico-culturel se compose de quatre périodes et dure environ 1 500 ans, dont 1 000 ans représentent la période préparatoire, « ethnographique », et environ 400 ans, la formation de l'État.

Le cycle se termine par une longue période de déclin et de décadence. Le cycle se termine par une longue période de déclin et de décadence.

Niant l'existence d'une culture mondiale unique, N. Y. Danilevsky parle des sujets du développement historique en distinguant trois types de formations historiques :

1) les tribus qui sont du « matériel ethnographique » (les Finlandais) ;

2) les nations qui ne font qu'un « mouvement destructeur » dans l'histoire (Huns, Mongols, Turcs), mettant à l'épreuve d'autres nations et tribus pour leur survie, et enfin,

3) les peuples qui sont devenus des « figures positives de l'histoire », créant dix types culturels et historiques principaux qui, en se développant, ont développé l'humanité :

- égyptien, - chinois, - assyrien-babylonien-phénicien (chaldéen ou sémitique ancien), - indien, - iranien, - juif,

- grecque, - romaine, - arabe (nouvelle sémitique) et germano-romaine.

- les types historico-culturels germaniques. Aux types mentionnés ci-dessus, N. Y. Danilevsky ajoute deux autres types américains - mexicain et romain.

- deux types américains - mexicain et péruvien - qui sont morts de mort violente avant d'avoir atteint leur plein développement.

Chacun de ces types développe indépendamment sa propre spiritualité dans certaines conditions extérieures. En même temps, il existe des « civilisations complètement isolées » (Inde, Chine) et des civilisations « successives » (égyptienne, grecque, romaine, juive, germano-romaine). En outre, tous les types historico-culturels obéissent à des lois communes de mouvement et de développement. N. Y. Danilevsky en dénombre cinq :

1. toute tribu ou famille de peuples, caractérisée par une langue distincte ou un groupe de langues assez proches les unes des autres, constitue un type historico-culturel distinctif, s'il est capable de se développer historiquement et s'il est déjà sorti de l'état d'enfance.

2. Pour qu'une civilisation propre à un type historico-culturel déterminé puisse naître et se développer, il est nécessaire que les peuples appartenant à ce type jouissent d'une indépendance politique.

3. Les débuts de la civilisation d'un type historico-culturel ne sont pas transmis aux peuples d'un autre type. Chaque type la développe pour lui-même sous l'influence plus ou moins grande de civilisations étrangères, antérieures ou modernes.

4. Une civilisation propre à tout type historico-culturel. La civilisation, propre à tout type historico-culturel, n'atteint la plénitude, la diversité et la richesse que lorsque les éléments ethnographiques qui la composent sont diversifiés.

5. Le développement d'un type historico-culturel se rapproche le plus de ces plantes vivaces à fruit unique dont la période de croissance est indéfiniment longue et dont les périodes de floraison et de fructification sont relativement courtes et épuisent leur vitalité une fois pour toutes.

Selon la théorie de Danilevsky, le peuple a trois rôles à jouer :

1) l'activité positive de type culturel et historique ;

2) l'activité destructrice, en donnant la mort à des civilisations décrépites ;

3) servir à des fins étrangères en tant que « matériel ethnographique ».

Le chercheur a également identifié trois formes principales d'interaction entre les civilisations :

1) La transplantation (colonisation) - expansion politique ou religieuse des États développés. Elle suggère la propagation quotidienne d'une forme unique de civilisation par tous les moyens et toutes les méthodes.

2) Greffe (assimilation) - forme d'influence d'un peuple sur un autre, qui, sans tenir compte de la spécificité culturelle, crée les conditions d'utilisation du peuple.

3) La fécondation - l'impact fructueux d'une civilisation développée sur un peuple encore émergent.

La « transplantation » a généralement lieu lors de la colonisation, par exemple, dans le cas de la découverte de l'Amérique, des campagnes phéniciennes. Il s'agit de la diffusion totale d'une forme universelle de civilisation sur le sol de peuples incapables de résister à cette imposition. C'est ainsi que « les Phéniciens ont transmis leur civilisation à Carthage, les Grecs à l'Italie du Sud et à la Sicile, les Britanniques à l'Amérique du Nord et à l'Australie ».

« L'inoculation est une sorte de transmission culturelle qui ne tient pas compte des spécificités des peuples « civilisés ». Alexandrie en Égypte, les colonies romaines en Allemagne et en Gaule, le Saint-Pétersbourg européen chez les Ijora de Revens sont des exemples de ce type d'influence. Comme l'a dit A. V. Belov, « lors de la greffe, le pépin greffé continue à vivre sa propre vie, et le hérisson - la sienne ».

La « fécondation », au contraire, favorise le développement à la fois du type « fécondé » et du type soumis à la « fécondation ». Il s'agit de la méthode d'influence la plus fructueuse, dans laquelle un type historico-culturel développé influence un type plus jeune. Il s'agit d'une sorte de recyclage créatif des acquis accumulés par les types historico-culturels précédents.

Lorsqu'il est « fertilisé », le type historico-culturel conserve sa capacité créative unique, recyclant les résultats des activités des types précédents ou parallèles sous son propre angle. Il s'agit d'un traitement créatif et significatif, tout en préservant une existence culturelle unique (religion, art, politique). Cela explique la fécondité de l'influence d'un type historico-culturel plus développé sur un type plus jeune. Ainsi, les domaines d'emprunt harmonieux devraient être limités principalement aux réalisations scientifiques et techniques, car elles se situent au-delà de l'identité culturelle.

Danilevsky conclut que la civilisation est d'autant plus diverse et riche que les nationalités qui composent la formation du type sont diverses.

La loi du type historico-culturel stipule que la période de civilisation de chaque type est courte et ne se renouvelle pas. Elle se termine lorsque les peuples qui composent le type ont épuisé leur énergie créatrice.

Notes

1 Danilevsky N. Ya. Russie et Europe. SPb., 1995. С.7478, 108.

2 Pour plus de détails sur la géopolitique russe, voir l'ouvrage de l'auteur : Ivashov L. G. Geopo- litics of Russian civilisation. М., 2020.

(...)

© Traduit du russe par Le Fil d'Ariane

NDLR: Nous ne donnons ici que la traduction (brute) du début du livre de L. Ivashov.

Colonel-général Leonid Grigorievich Ivashov:  "L'esprit perdu" (2020)
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Rome vs Jérusalem : Le conflit civilisationnel expliqué par Laurent Guyénot

11 Octobre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Jérusalem, #Laurent Guyénot, #Israël, #Rome, #Droit, #Grèce, #Politique, #USA, #Spengler, #Guerre, #Jan Assmann, #Logos, #Éthique, #Morale, #Christianisme, #Philosophie, #Religion, #René Guénon, #Judaïsme, #Frédéric II de Hohenstaufen, #Stoïcisme, #Dante Alighieri, #Pétrarque, #La Bible, #Perse, #Babylone, #Europe

Rome vs Jérusalem : Le conflit civilisationnel expliqué par Laurent Guyénot

Visionnez ici la conférence profonde, intelligente, extrêmement intéressante et importante de Laurent Guyénot  sur le conflit entre Israël ("le "droit divin") et le droit international. Rappelons qu'avant de s'intéresser à certains aspects de l'histoire moderne, en particulier étatsunienne (11 sept, assassinat de J.F. Kennedy)*, Laurent Guyénot, historien, est un spécialiste de l'histoire médiévale.

* https://www.unz.com/author/laurent-guyenot/classic/

https://www.youtube.com/watch?v=GEIEiPp-lF0

Minute 25:31, Laurent Guyénot cite l'égyptologue allemand Jan Assmann et son principal ouvrage: "Le prix du monothéisme".

https://editions.flammarion.com/le-prix-du-monotheisme/9782700723625

Minute 26: L. Guyénot fait la distinction entre le droit et la loi hébraïque (Torah).

Minute: 37:11 et suivantes: Pour Israël et les juifs, Dieu est exclusif à Israël (Deutéronome, 32). Les dieux des autres peuples ou religions sont des démons. C'est un Dieu jaloux et diviseur, au contraire des dieux grecs et romains.

Minute 45:15: (pour les Grecs), la vertu, c'est le bonheur.

Minute 46:45: incompatibilité entre Rome et Jérusalem, non seulement au niveau du droit mais aussi de l'éthique.

Minute 48:13 et suivantes: le Serpent de la connaissance du bien et du mal, dans la Genèse, c'est l’hellénisme, la pensée grecque, la Raison grecque. Car pour Jérusalem, ce que Dieu a donné à l'Homme, c'est la Loi, c'est la Torah. Dans la Bible, il n'y a pas de morale, pas d'éthique. Il faut seulement obéir aux ordres de Dieu. C'est un caractère fondamental dans la culture juive et talmudique. Analyse critique du Décalogue, dont l'Église chrétienne a donné une image falsifiée.

Minute 55:20 et suivantes. l'héritage égyptien des Grecs, qui a masqué leur véritable héritage perse, masqué parce que les Perses étaient les ennemis des Grecs. Les philosophes présocratiques venaient d'Asie mineure (Ionie). Hérodote fait l'éloge des Grecs. Les Grecs aiment à comprendre les autres peuples. Ils ont fondé l'ethnographie et l'histoire. Le Zoroastrisme. Pour le Zoroastrisme, la valeur suprême est la vérité. Hérodote vivait à l'époque d'Artaxerxès. Or, le principal rédacteur de la Bible est Esdras*, qui vivait en Perse à cette époque. Laurent Guyénot explique pourquoi c'est à ce moment-là qu'ont fusionné le Dieu d'Israël et le dieu du Ciel, et que le mensonge a été fabriqué que le dieu d'Israël, c'est Dieu, pour obtenir des Grecs le soutien et l'autorisation d'aller refonder le temple de Jérusalem. Arrive l'époque héllénistique. Les Séleucides. Antiochos IV (-167). Désir d'une partie des Juifs de s'assimiler, et refus d'une certaine élite, comme aujourd'hui. Les Grecs voulaient consacrer le temple à Zeus. Les Juifs refusent par pour eux c'est le temple de Yahvé.  Révolte des Macchabées. Conquêtes de Pompée. Les Flaviens (Vespasien, Titus, Domitien). Époque des guerres juives, entre Rome et Jérusalem. Source: Flavius Josèphe (auteur juif). Destruction du temple de Jérusalem. Obligation aux Juifs de verser un impôt pour le temple de Zeus Olympien à Rome. Les Romains refusent d'accueillir le dieu Yahvé à Rome et le trésor du temple de Jérusalem est traité comme un vulgaire butin, contrairement aux usages. Comportement très sévère et exceptionnel de Rome à l'égard du judaïsme et des juifs, qu'ils considèrent comme un peuple athée qui hait les autres dieux. Époque des Antonins (IIe siècle après J.-C): Trajan, Hadrien et Marc-Aurèle. Époque de paix. Hadrien rebaptise Jérusalem Aelia Capitolinia (Aelia étant un des noms d'Hadrien), qui est resté le nom arabe de Jérusalem jusqu'à une époque récente. Hadrien interdit la circoncision. Hadrien rase Jérusalem (70) et renomme Israël: Syrie-Palestine. Ayant échoué à inviter les juifs dans la culture grecque, Hadrien cherche à détruire leur peuple, ce qu'il n'a pas réussi à faire et depuis ce temps-là les juifs vivent dans la diaspora, mais le regard tourné vers Jérusalem.

1h:12: Le christianisme. Marc-Aurèle et la philosophie stoïcienne. Le christianisme se développe à partir du IIe siècle. Syncrétisme du christianisme: mélange entre Rome et Jérusalem, entre la culture grecque (les Évangiles sont écrits en grec), il incorpore d'Ancien Testament, Dieu est Yahvé. Mais un mélange qui essaie de mélanger deux choses non miscibles, créant des contradictions internes, insurmontables. La première des contradictions, c'est que Jésus est le Messie d'Israël, annoncé par les Prophètes, et d'un autre côté Jésus est façonné sur un modèle grec, des héros grecs (conception surnaturelle, Fils de Dieu, en particulier de Zeus; les demi-dieux, immortalité). Cet archétype grec est insupportable pour les juifs. Dans l’Évangile, notion de prédestination, mais si Jésus était le Messie, il était aussi prédestiné à mourir. Autre contradiction interne entre l'anthropologie hébraïque ou sémitique et l'anthropologie grecque, hellénique. Dualisme de l'anthropologie hellénique: l'homme a un corps et une âme et son âme est immortelle. Dans la culture juive, cette immortalité de l'âme n'existe pas, mais il y a la résurrection des corps. Dans le christianisme il y a les deux. Les théologiens protestants ont choisi la résurrection des corps contre l'immortalité de l'âme. Deux tendances dans le christianisme, l'une qui va vers la culture hellénique, l'autre vers la culture biblique. Les deux ne se mélangent jamais. La lutte entre Rome et Jérusalem s'est continuée à l'intérieur même de la Chrétienté. Énigme: pourquoi Rome a fait du christianisme sa religion et l'une des plus grandes du monde ? Orientalisation de la pensée romaine. La Chrétienté, c'est deux Rome: Rome en Italie, la Rome papale**, une Rome qui a été colonisée par Jérusalem, profondément israélite, profondément hébraïque; et de l'autre côté la Rome idéale, celle du Saint Empire Romain "germanique" (Charlemagne, Othon, les Saliens, Frédéric II de Hohenstaufen au XIIIe siècle, dernière tentative presque réussie de recréer l'empire romain contre la volonté du Pape d'unifier l'Europe. Les papes ont excommunié Frédéric II trois fois (1h 23). Il a été le seul à faire une croisade à Jérusalem pacifique. Il y est allé avec des bibliothèques et a réussi à récupérer Jérusalem. L'histoire de Frédéric II de Hohenstaufen est sans doute la plus éblouissante de tout le Moyen-Âge. C'est la lutte finale entre le Pape et Rome. Le Pape, c'est Jérusalem. Rome, c'est l'Empereur. Frédéric II était en guerre contre le fanatisme religieux. Il parlait 6 langues, il a créé des universités en langue locale, a écrit les premiers traités de droit en s'inspirant du droit romain et en évacuant le droit canon. Redécouverte du droit romain en Europe grâce à lui. La guerre a été gagnée par les papes et "Rome" entre dans le maquis de la Chrétienté qui devient très autoritaire. Dante, partisan de l'Empire contre le Pape. Le facteur prédominant, la dynamique centrale  dans toute l'histoire de l'Europe, c'est la lutte entre les Papes et les Empereurs. Dante, dans son éloge de l'Empire (1310), dit que "l'homme est fait à l'image de Dieu et comme Dieu est un, l'homme est fait à l'image de Dieu en tant qu'Humanité." Donc ce n'est pas l'homme en tant qu'individu qui est à l'image de Dieu, c'est l'Humanité. C'est une idée qui vient directement du stoïcisme. René Guénon: "L'ésotérisme de Dante"***. À l'époque de Dante, la pensée "romaine" ne peut plus s'exprimer librement, à cause de l'Inquisition. Opinion de Julius Evola, mais Guénon a raison. Racine des sociétés de philosophes, ce ce qui a donné la franc-maçonnerie. Dante et les humanistes qui viennent après lui: Pétrarque. Certains sont obligés d'utiliser de faux noms ou de se cacher derrière des auteurs classiques célèbres. C'est ainsi que beaucoup de traités de Cicéron ne sont pas de Cicéron, mais ont été fabriqués à cette époque. C'est une des manières qui a fondé la Renaissance (la redécouverte de Rome). Un penseur stoïcien très en vogue actuellement aux USA: Ralph Waldo Emerson [1803-1882, ami de Thoreau]. Plus le christianisme décline, plus renaît Rome. Il est temps de se rediriger vers Rome et d'abandonner Jérusalem, c'est la conclusion vers laquelle Laurent Guyénot se dirige de plus en plus. En effet, aujourd'hui, Jérusalem est en train de détruire le droit international, le fruit de millénaires de civilisation, car Jérusalem fonctionne par la division et par la guerre mondiale et Rome est le contraire. Raison pour laquelle il faut vraiment comprendre ce qu'est Israël et arrêter de sanctifier l'Israël antique. Le christianisme a été complice du sionisme. Les Romains ont détruit Jérusalem et nous l'avons recréée. L. Guyénot cite le mot de Jacques Attali: "le fondement de l'antisémitisme, c'est l'ingratitude". Le pouvoir juif, c'est le pouvoir de nous avoir donné Dieu, c'est ça la réalité. Conférence de Laurent Guyénot: "Droit divin de massacrer? La question biblique"**** Il faut redécouvrir la sagesse gréco-romaine. Thèse de doctorat de Laurent Guyénot: La mort féérique. La pensée médiévale laïque, essentiellement orale sauf sous forme de poésie (Chrétien de Troyes, etc.), on a une culture païenne, au sens pré-chrétien, moitié celte, moitié germanique, très vivante. Aujourd'hui, nous sommes à l'aboutissement d'une guerre eschatologique  entre Rome et Jérusalem.

FIN

* https://www.youtube.com/watch?v=nm1ThBGMXUI

** Cf livre de Laurent Guyénot: "La malédiction papale": https://lesakerfrancophone.fr/laurent-guyenot-la-malediction-papale

*** https://oeuvre-de-rene-guenon.org/pdfs/oeuvre/livres/Ren%C3%A9%20Gu%C3%A9non%20-%201925%20-%20L'Esot%C3%A9risme%20de%20Dante.pdf

**** Conférence de L. Guyénot: La conjuration d'Esdras https://www.youtube.com/watch?v=Vb9ZxpASOAk

Transcription résumée par Rouge et Blanc.

Rome vs Jérusalem : Le conflit civilisationnel expliqué par Laurent Guyénot
Rome vs Jérusalem : Le conflit civilisationnel expliqué par Laurent Guyénot
Buste d'Hadrien, empereur romain de 117 à 138, conservé aux musées du Capitole à Rome.

Buste d'Hadrien, empereur romain de 117 à 138, conservé aux musées du Capitole à Rome.

Buste de Marc Aurèle, âgé, cuirassé. Musée Saint-Raymond, Toulouse (Inv. Ra 61 b).

Buste de Marc Aurèle, âgé, cuirassé. Musée Saint-Raymond, Toulouse (Inv. Ra 61 b).

Frédéric II et son faucon. Extrait de son livre "De arte venandi cum avibus" (L'art de la chasse aux oiseaux). D'après un manuscrit de la Biblioteca Vaticana, Pal. lat 1071, fol. 1), fin du XIIIe siècle.

Frédéric II et son faucon. Extrait de son livre "De arte venandi cum avibus" (L'art de la chasse aux oiseaux). D'après un manuscrit de la Biblioteca Vaticana, Pal. lat 1071, fol. 1), fin du XIIIe siècle.

Jacques Benoist-Méchin: Frédéric de Hohenstaufen - Ou le rêve excommunié (1194-1250)

La destinée de Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250) a inspiré deux maîtres livres : l'exceptionnel ouvrage d'Ernst Kantorowicz et cette biographie, vite devenue un classique. Comme si Jacques Benoist-Méchin, grand connaisseur de l'Islam et de l'Allemagne, avait trouvé le héros qui incarnait ses rêves d'historien. Voilà un empereur couronné à Rome qui déteste le pape, s'intéresse à l'Islam et n'envisage de croisade que pacifique et diplomatique. Voilà aussi un souverain d'une immense culture, parlant plusieurs langues, réunissant à Palerme, sa résidence favorite, des savants juifs, musulmans et chrétiens, favorisant les arts et les sciences. Au fond, un homme trop grand pour son temps, deux fois excommunié par Grégoire IX, surnommé par ses contemporains l'Antéchrist et condamné à l'oubli après sa mort, tant le Saint-Siège ne cessa de vouloir effacer son œuvre et son nom.

https://www.memoiresdeguerre.com/2020/06/frederic-de-hohenstaufen-ou-le-reve-excommunie-1194-1250.html

Traité De arte venandi con avibus écrit par Frédéric II:

https://sciencepress.mnhn.fr/sites/default/files/articles/hd/anthropozoologica2024v59a4-pdfa.pdf

Illustration du "De arte venandi cum avibus". Manuscrit du XIIIe siècle, Bibliothèque apostolique vaticane.

Illustration du "De arte venandi cum avibus". Manuscrit du XIIIe siècle, Bibliothèque apostolique vaticane.

Rétrocession de Jérusalem à l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen par le sultan Al-Kâmil.

Rétrocession de Jérusalem à l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen par le sultan Al-Kâmil.

Le Castel del Monte (Pouilles), chef-d'œuvre de l'art frédéricien. Source: Wikipedia.

Le Castel del Monte (Pouilles), chef-d'œuvre de l'art frédéricien. Source: Wikipedia.

Le tombeau de Frédéric II dans la cathédrale de Palerme, parmi les Hauteville. Source: Wikipedia.

Le tombeau de Frédéric II dans la cathédrale de Palerme, parmi les Hauteville. Source: Wikipedia.

Armes de Frédéric II de Hohenstaufen

Armes de Frédéric II de Hohenstaufen

Portrait de Dante Alighieri, détail d'une fresque de la chapelle du Bargello attribuée à Giotto di Bondone.

Portrait de Dante Alighieri, détail d'une fresque de la chapelle du Bargello attribuée à Giotto di Bondone.

Pétrarque peint par Andrea del Castagno. Galerie des Offices, Florence

Pétrarque peint par Andrea del Castagno. Galerie des Offices, Florence

Rome vs Jérusalem : Le conflit civilisationnel expliqué par Laurent Guyénot
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La libéralité (Plutarque, Éthique)

10 Octobre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Libéralité, #Philosophie, #Plutarque

"Le propre de la libéralité, c'est plutôt de donner quand il faut, que de recevoir quand il le faut et de ne pas recevoir quand il ne le faut pas.

La vertu consiste beaucoup plus à faire du bien qu'à en recevoir soi-même, beaucoup plus à faire de belles choses qu'à ne pas en faire de honteuses."

Aristote, Éthique, IV, 6.

"La libéralité est peut-être de toutes les vertus celle qui se fait le plus aimer, parce que ceux qui la possèdent sont utiles à leurs semblables, et qu'on l'est surtout en donnant."

Aristote, Éthique, IV, 11.

La libéralité (Plutarque, Éthique)
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La morale (Etienne Gilson)

10 Octobre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Étienne Gilson, #Morale, #France, #Philosophie

"S'il ne suffit pas d'enseigner la morale pour qu'on la pratique, il est impossible qu'elle se pratique si personne ne l'enseigne."

Étienne Gilson

La morale (Etienne Gilson)
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Saint Thomas d'Aquin: Gouvernement juste et gouvernement injuste (DU ROYAUME, Écrit au Roi de Chypre - De regno ad regem Cypri)

4 Octobre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Catholicisme, #Philosophie, #Saint Thomas d'Aquin, #Théologie, #Politique

Triomphe de saint Thomas d'Aquin, Doctor Communis, entre Platon et Aristote, Benozzo Gozzoli, 1471. Louvre, Paris.

Triomphe de saint Thomas d'Aquin, Doctor Communis, entre Platon et Aristote, Benozzo Gozzoli, 1471. Louvre, Paris.

DU ROYAUME
Écrit au Roi de Chypre
De regno ad regem Cypri
PAR SAINT THOMAS d’AQUIN, Docteur de l'Eglise
(1265-1266)
Fin de l'opuscule par Ptolémée de Lucques
Traduction Père Marie Martin-Cottier op, 1946
Édition numérique,
http://docteurangelique.free.fr, 2008
Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin

 

Gouvernement juste et gouvernement injuste
 
Mais il arrive qu’en certaines choses qui sont ordonnées à une fin, on procède avec rectitude ou sans rectitude. C’est pourquoi l’on trouve aussi dans le gouvernement de la multitude ce qui est droit et ce qui ne l’est pas. Un être, quel qu’il soit, est dirigé avec rectitude quand il est conduit vers la fin qui lui convient; il est dirigé sans rectitude quand il est conduit vers une fin qui ne lui convient pas.
Mais autre est la fin qui convient à une multitude d’hommes libres, autre à une multitude d’esclaves. En effet, l’homme libre est celui qui est maître de lui-même (sui causa), tandis que l’esclave est celui qui, en ce qu’il est, appartient à un autre. Si donc une multitude d’hommes libres est ordonnée, par celui qui la gouverne, au bien commun de la multitude, nous aurons un gouvernement droit et juste, tel qu’il convient à des hommes libres. Mais si un gouverne ment est ordonné, non au bien commun de la multitude, mais au bien privé de celui qui gouverne, ce gouvernement sera injuste et pervers; c’est pourquoi le Seigneur menace de tels chefs par la bouche d’Ezéchiel (XXXIV, 2), disant : "Malheur aux pasteurs qui se paissent eux-mêmes" — c’est-à-dire qui cherchent leur propre avantage. — "Est-ce que ce ne sont pas les troupeaux que les pasteurs doivent paître ?" Car les pasteurs doivent rechercher le bien du troupeau, et tout chef (rectores) le bien de la multitude qui lui est soumise.

Les gouvernements injustes

Si donc un gouvernement injuste est exercé par un seul homme, qui recherche, dans l’exercice du pouvoir, ses propres avantages et non le bien commun de la multitude qui lui est soumise, un tel chef est appelé tyran, nom dérivé de celui de force parce que le tyran opprime par la puissance, il ne gouverne pas par la justice. D’où, chez les anciens, tous ceux qui détenaient le pouvoir étaient appelés tyrans.
Mais si un gouvernement injuste est exercé, non par un seul homme, mais par plusieurs, si, du moins, ils sont en petit nombre, ce régime est appelé oligarchie, c’est-à-dire gouvernement (principatus) d’un petit nombre, comme quand un petit groupe d’hommes opprime le peuple, par la puissance de leurs richesses, différant du tyran par le seul fait qu’ils sont plusieurs.
Si un gouvernement inique est exercé par un grand nombre, il est appelé démocratie, c’est-à-dire domination du peuple, comme quand le peuple des plébéiens, s’appuyant sur la puissance de sa multitude, opprime les riches. Car ainsi le peuple entier sera comme un seul tyran.

Les gouvernements justes

Il faut établir des distinctions semblables entre les formes de gouvernements justes.
En effet si le gouvernement est exercé par quelque multitude, il est généralement appelé république (politia), comme quand la multitude des combattants exerce le pouvoir dans une cité ou une province.
S’il est exercé par un petit nombre d’hommes, mais qui soient vertueux, le gouvernement de ce genre s’appelle aristocratie, c’est-à-dire pouvoir le meilleur ou des meilleurs, qui pour cette raison se nomment optimates.
Mais si le gouvernement juste appartient à un seul homme, celui-ci est appelé roi; c’est pourquoi le Seigneur dit par Ezéchiel (XXXVII, 24) : "Mon serviteur David sera roi au-dessus de tous et il y aura un seul pasteur pour eux tous."

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Intellligence et sagesse de Marguerite Yourcenar (1975)

2 Octobre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Marguerite Yourcenar, #Lettres, #Philosophie, #Environnement, #Nature, #Jésuites

On ne détruit pas la beauté du monde sans détruire aussi la santé du monde... Oui, et même l'équilibre du monde.

Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux et entretien (1975) avec Françoise Faucher.

Les hommes tueront l'homme.

Zénon, cité par Marguerite Yourcenar.

On est autant de fois homme qu'on parle de langues.

Charles-Quint, cité par Marguerite Yourcenar.

 

Intellligence et sagesse de Marguerite Yourcenar (1975)

Marguerite Yourcenar se promenait en 1975 dans le Jardin Thuya (Maine, USA) en compagnie de Françoise Faucher.

Visionnez leur entretien sur Radio-Canada Archives:

https://www.youtube.com/watch?v=4aFJxmsG4DY

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1941121/marguerite-yourcenar-ecrivaine-autrice-acadie-francaise-archives

(Capture d'écran)

(Capture d'écran)

Vous pouvez visionner cet entretien avec Marguerite Yourcenar dans son île du Maine Mount Desert ici:

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1941121/marguerite-yourcenar-ecrivaine-autrice-acadie-francaise-archives

Elle y raconte la passionnante histoire des Jésuites qui y débarquèrent un jour, y vécurent avec les Indiens et s'échappèrent avec eux en canot après les canonnades d'un corsaire anglais.

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La loi, la tyrannie, la Terreur (Bonald, Bernanos)

2 Octobre 2024 , Rédigé par Ropuge et Blanc Publié dans #Bonald, #Bernanos, #France, #Philosophie, #Politique

"Dans une société en révolution, le défaut, ou, pour parler plus exactement, l'absence de pouvoir légitime, constitue tout homme qui en reconnaît l'autorité Ministre du pouvoir pour combattre l'erreur par ses écrits, et même la tyrannie par ses armes, dès qu'il peut le faire avec probabilité de succès. C'était à tous de conserver la société, c'est à chacun à la rétablir. D'ailleurs, l'homme qui combat pour la vérité est défendu par elle, et il a pour lui ce qu'il y a de plus fort au monde. les partisans des bonnes et vieilles maximes remplissent donc le plus saint des devoirs en restant en insurrection permanente, au moins de pensées et d'actions privées, contre ce que les tyrans et leurs esclaves appellent la loi, et qui n'est autre chose que des opinions absurdes, ou atroces, qu'un petit nombre d'hommes pervers a imposées à un grand nombre d'hommes faibles."

Louis-Gabriel-Ambroise, vicomte de Bonald (1754-1840), Du pouvoir et du devoir dans la société.

La loi, la tyrannie, la Terreur (Bonald, Bernanos)
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Etymologie et réalité vivante [de l'ascèse et de l'autarcie], par Julius Evola

27 Septembre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Julius Evola, #Philosophie, #Jésuites, #Saint Ignace de Loyola, #Italie, #Antiquité

Saint Ignace de Loyola représenté par Rubens

Saint Ignace de Loyola représenté par Rubens

Etymologie et réalité vivante par Julius Evola

extrait de « La Stampa », 1943

Source : rigenerazionevola.it / Traduction : Pierre-Antoine Plaquevent pour Strategika

https://strategika.fr/2022/02/05/pour-un-style-de-vie-ascetique-et-autarcique-julius-evola/

Voici un article important de l’écrivain Julius Evola (Giulio Cesare Andrea Evola 1898-1974) publié en Italie dans le journal La Stampa en 1943. De nos jours La Stampa est un organe subventionné du type Le Monde ou Le Figaro d’orientation libérale-centriste-globaliste, organe de référence de la bourgeoisie vaccinale italienne. Dans cet article, paru avec le titre original d’Étymologie et réalité vivante, Julius Evola, dans une période extrêmement particulière, au cœur de la seconde guerre mondiale, rappelle l’étymologie du terme « ascèse » et, corrélativement, du terme « autarcie ». Ici dans son sens classique et non plus strictement économique comme celui qui, dans ces années-là, s’était imposé aussi bien en Italie qu’en Allemagne. Evola propose dans ce texte écrit pour la grande presse de l’époque, une orientation fondamentale de vie et de comportement : discipline intérieure, fortification de la personnalité, calme et clarté d’esprit, contrôle de soi et de ses instincts, de son côté irrationnel et passionnel, refus de s’abandonner à l’impatience, à l’agitation, aux réactions déséquilibrées. Les événements de la vie ne sont pas importants en eux-mêmes, car « ce qui est essentiel, c’est l’attitude qu’on adopte à leur égard, le sens, donc, qu’on leur attribue ». L’approche de la vie et de ses événements doit être active, et pas seulement passive : c’est la conduite de celui qui ne se laisse pas dominer par les événements, mais sait se dresser face à eux comme un homme vraiment « libre », ayant « son propre principe en lui-même, et non dans les autres ou dans l’autre ».
On voit dans ce texte, comment Julius Evola part d’un exemple banal et très concret pour essayer d’élever le grand public à une conception plus haute d’une citoyenneté basée sur la personnalité et l’intériorité. Il a ainsi existé une séquence de temps dans la modernité où de telles considérations purent être portées à la connaissance du grand public, des masses.
A méditer et faire sien en cette période de confusion globale entretenue et de « tout à l’ego » généralisé. Julius Evola nous rappelle qu’il faut toujours chercher à se hisser au-dessus de soi-même et ne pas se laisser aller à subir passivement le cours et le courant des choses. Y compris et surtout en période de guerre. De guerre déclarée comme en 1943 ou de guerre occulte comme aujourd’hui.

P.-A. P.

 

Le mot « ascétisme » vient du verbe grec askeo, qui signifie « pratiquer », « s’exercer ». Un « ascète », dans son sens étymologique originel, est donc simplement celui qui s’exerce, qui se soumet à une certaine discipline. Sur cette base, on peut concevoir un ascétisme qui n’a pas nécessairement un but religieux ou mystique et qui implique encore moins un renoncement ou un détachement de la vie (NDT : J.Evola était stoïcien et platonicien pas chrétien). L’ascèse peut être toute discipline visant à renforcer la force intérieure de la personnalité, à créer en soi le calme et la clarté, à élaguer autant que possible notre existence de la végétation parasite des réactions erronées, des agitations inutiles, des mouvements irrationnels, de ce qu’Ignace de Loyola appelait inordinatae affectiones. Et la désignation du but du livre principal du créateur de l’Ordre des Jésuites peut aussi se référer à l’ascétisme dans le sens générique maintenant mentionné : « des exercices, afin que l’homme apprenne à se conquérir et à ordonner sa vie, sans se laisser dominer par aucun penchant indiscipliné ».[1]

On peut toutefois se demander pourquoi nous parlons de ces questions dans un journal. C’est que par la force même des choses, pour plus d’un, elles pourraient avoir une valeur actuelle. Aujourd’hui plus que jamais, nous devrions faire nôtre cette maxime de sagesse : les choses et les événements en eux-mêmes ne signifient pas grand-chose, l’essentiel étant l’attitude que nous adoptons à leur égard, le sens que nous leur attribuons. Il existe des cas – plus nombreux qu’on ne le pense – où la force des choses et même de ce qu’on appelle habituellement le destin agit comme ce dompteur qui, bien qu’ayant un cheval qui lui était cher, se trouvait obligé de le fouetter à plusieurs reprises parce que ce dernier ne savait pas encore le comprendre : il exécutait avec diligence toutes les parties d’un exercice, mais s’arrêtait toujours avant la dernière. Ceci alors qu’avec un minimum d’effort, s’il avait compris le langage du dompteur, il aurait pu facilement réaliser la fin de l’exercice. C’est ce qui se passe dans la vie, tant au niveau individuel que collectif : nous recevons des « coups » de toutes parts, sans parvenir finalement à comprendre, à saisir ce sens, qui nous permettrait de surmonter l’épreuve et de la dominer positivement.
Avec cette image, cependant, nous avons peut-être un peu dépassé le domaine que nous entendons traiter. Même la vie quotidienne la plus élémentaire, surtout lorsque les temps ne sont pas faciles, offre de nombreuses opportunités pour une discipline génériquement « ascétique », une fois que l’on a décidé d’être actif, c’est-à-dire de ne pas réagir comme réagissent les choses inanimées, qui dans leur réaction sont en tout point déterminées par les chocs qu’elles reçoivent. Il suffit d’y prêter attention, de se rendre compte du rôle inconcevable et absurde que ces inordinatae affectiones ont dans la vie de chacun, aujourd’hui plus que jamais, au travers des mouvements de l’esprit qui ne servent à rien, qui ne valent que pour user les nerfs et altérer le calme intérieur. C’est par une étrange perversion que l’homme occidental en est venu à considérer ces agitations inutiles comme naturelles et normales, de sorte qu’il ne pense pas le moins du monde à réagir et à les contrer. D’autre part, même à des niveaux plus élevés, en termes de vision du monde, ce qui est exalté par lui comme « action » n’est presque toujours en réalité qu’une agitation désordonnée.
Considérons un cas très banal, mais de nos jours plus fréquent que jamais : le cas de l’impatience. C’est un sentiment aussi « naturel » que vain et irrationnel. En devenant impatients et nerveux, en modifiant notre humeur par de l’irritation et toutes sortes d’imaginations, est-ce que nous faisons en sorte qu’un tram ou un train arrive plus tôt, ou que le nombre de personnes qui attendent avant nous diminue ? Voilà un cas concret pour l’application d’une ascèse simple et quotidienne, pour un dépassement de soi qui doit devenir une habitude. Il faut savoir distinguer clairement les sentiments qui, s’ils sont acceptés, peuvent avoir un effet réel et objectif, des sentiments inutiles qui ne sont que des perturbations irrationnelles, signes d’une âme incapable de résistance intérieure et esclave de ses propres nerfs. Il est certain que si, par une ferme résolution, nous ne nourrissions plus ces impulsions irrationnelles, un certain nombre d’événements fâcheux de la vie d’aujourd’hui changeraient absolument d’aspect et vaudraient pour nous comme autant d’épreuves positives à surmonter. Ces épreuves quotidiennes passeraient non seulement sans avoir empoisonné nos âmes mais bien après lui avoir donné plus de calme et de force.
En Allemagne, une campagne de politesse – Kampf um die Höflichkeit – a récemment été lancée en raison des nombreuses causes d’irritation que présente la vie durant la guerre. Dans les tramways, dans les chemins de fer, dans les magasins, on peut voir des dessins ou des écrits exhortant les gens à être courtois malgré tout. Il s’agit d’un nouveau domaine pour une ascèse simple, pour un subtil dépassement intérieur, dans lequel, on le sait, l’Extrême-Orient est déjà passé maître, parfois jusqu’au paradoxe : le sourire même face à la tragédie extrême et au sacrifice suprême. Cette référence ne doit cependant pas laisser penser que nous n’incitions par-là personne à « s’orientaliser ». Bien au contraire, il suffirait de se référer à l’origine même du terme « courtoisie », qui nous ramène aux cours médiévales et surtout à la chevalerie ; la courtoisie est une vertu du chevalier, de l’homme viril qui, de même qu’il sait se lancer irrésistiblement contre l’adversaire et l’injustice, sait aussi dominer son propre esprit, façonner son propre comportement, réprimer immédiatement tout mouvement désordonné et instinctif.
Être dur avec soi-même, être courtois avec les autres, telle a toujours été la maxime de l’esprit aristocratique, le style de celui qui n’est pas « vulgaire ». Le point important ici serait donc de comprendre qu’il s’agit moins d’une question de considération pour les autres, pour le « prochain », que d’un besoin « ascétique », un besoin de liberté intérieure. L' «autre » pourrait bien être la cause de ma réaction abrupte, mais je ne lui permettrai pas de la provoquer et de me mettre ainsi à sa merci – je serai « courtois » malgré tout. On peut donc pressentir quelle force peut naître d’une telle discipline.
Autarcie : c’est aujourd’hui un mot à la mode et, malheureusement, quelque chose qui naît moins de la vertu que de la nécessité. Ce n’était pas le cas dans le monde antique. Autarcie (autarkeia) signifie étymologiquement : « avoir son propre principe en soi » et ceci, dans l’éthique antique, classique, était une valeur positive. Seul est libre – disaient les anciens – celui qui a son propre principe en lui-même, et non dans les autres ou dans un autre. Au-delà du « Sage », le concept-limite de l’autosuffisance s’incarnait, ainsi, dans la Divinité, comme un « acte pur ». Si l’autarcie aujourd’hui est différente et, comme nous l’avons dit, est avant tout une conséquence de la nécessité, une importante tâche « ascétique » serait précisément celle de transformer cette « nécessité » en « vertu », précisément par un changement d’attitude intérieure. Nous faisons ici référence à l’individu, non aux collectivités et aux États, et surtout au régime des restrictions et des privations en temps de guerre. Un principe très important est le suivant : le poids d’une privation disparaît presque quand elle peut être conçue comme voulue, et non comme imposée.
On pourrait répondre : voulez-vous revenir à la fable du renard qui dit que les raisins qu’il ne peut atteindre ne sont pas mûrs ? Cela dépend. Il faut distinguer entre la jouissance passive des animaux (et de ceux qui se sont réduits à l’état d’animaux) et la jouissance active de ceux qui se maintiennent maîtres d’eux-mêmes. Mais la jouissance active a une clause précise : jouissez de ces choses, dont vous vous êtes prouvé que vous pouvez aussi vous en passer. Tout se réduirait alors à voir dans quelle mesure on a la force de considérer des limitations et des privations survenues dans des circonstances exceptionnelles, et qui ne dureront certainement pas indéfiniment, précisément comme des épreuves : comme des occasions de montrer à soi-même que l’on peut aussi s’en passer. De confirmer, donc, une liberté fondamentale. Une liberté qui se réaffirmera demain dans des limites plus larges encore.
Pour certaines choses – pour certaines conceptions artificielles qui sont devenues les habitudes d’êtres à moitié névrosés – cela devrait être facile. Que l’homme d’aujourd’hui souffre, par exemple, du manque de café ou de tabac, c’est-à-dire de choses que l’humanité entière ignorait jusqu’à il y a quelques siècles, est, si l’on y réfléchit bien, ridicule. Dans d’autres cas, l’épreuve sera plus difficile. Mais la force dont on disposera pour la surmonter sera d’autant plus précieuse. Dans un article précédent, nous avons parlé des traditions selon lesquelles l’expérience même de la guerre peut se transformer en une ascèse au sens supérieur et transfigurant, dès lors qu’une certaine attitude intérieure est présente[2]. Bien que beaucoup plus modestes, des transformations similaires sont également possibles sur le front domestique. Il s’agit de se « mobiliser » intérieurement, de rejeter une habitude de passivité et d’irrationalité. Alors, ce qui apparaîtra à certains comme de l’ennui, des privations et de l’angoisse, sera pour d’autres – les meilleurs – une incitation à se secouer et à se relever.

Julius Evola

[1] Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Traduction du texte espagnol par le Père Pierre Jennesseaux de la Compagnie de Jésus. Numérisation de l’édition de 1913 par le Frère Jérôme, novice de la même Compagnie.
Namur, 2005. http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Exercices_Ignace/exercices.html
[2] Métaphysique de la Guerre, Julius EVOLA https://theatrum-belli.com/metaphysique-de-la-guerre-par-julius-evola/

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L’admiration du vice, une richesse sans morale (Libanews)

26 Septembre 2024 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Liban, #Philosophie, #Morale

L’admiration du vice, une richesse sans morale (Libanews)

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https://libnanews.com/ladmiration-du-vice-une-richesse-sans-morale/

Au Liban, une autre facette troublante de cette culture de l’impunité est la manière dont la richesse est perçue et respectée, indépendamment de ses origines. Une dichotomie frappante s’installe entre la figure du « riche respecté » et la réalité de ceux qui, souvent, accumulent leur fortune par des moyens douteux, voire illégaux. Ce phénomène n’est pas propre au Liban, mais il y prend une ampleur singulière, amplifiée par la crise économique et l’effondrement des institutions. Ce respect quasi-aveugle envers les riches, même lorsqu’ils sont connus pour avoir pillé les ressources du pays, soulève des questions philosophiques fondamentales sur les valeurs, l’admiration et le vice. La richesse comme nouveau critère de vertu Dans la philosophie classique, notamment chez Aristote, la vertu est l’un des piliers de la vie éthique. L’homme vertueux n’est pas celui qui accumule des biens matériels, mais celui qui agit avec justice, courage et tempérance. Pourtant, au Liban, la richesse semble avoir remplacé ces vertus. Dans un pays où l’État s’effondre et où les institutions de justice et d’ordre sont minées par la corruption, le riche devient celui qui réussit à échapper aux lois, celui qui sait naviguer dans un système défaillant. La richesse, peu importe comment elle a été obtenue, devient un symbole de pouvoir et d’ingéniosité, faisant fi de toute considération morale. Cette inversion des valeurs rappelle les réflexions du philosophe Nietzsche, qui dénonçait dans “La généalogie de la morale” la manière dont les sociétés pouvaient récompenser le vice, le camouflant sous des apparences de force et de grandeur. Selon Nietzsche, l’homme “fort”, celui qui impose sa volonté, est souvent celui qui transgresse les règles morales, et la société finit par l’admirer pour cela. Au Liban, la richesse devient l’ultime manifestation de cette volonté de puissance, et les notions traditionnelles de bien et de mal s’effondrent devant le triomphe de la fortune. Une culture de l’apparence : l’hypocrisie des élites L’admiration du riche, même corrompu, est aussi le symptôme d’une société où l’apparence a pris le pas sur l’éthique. Cette admiration est entretenue par les élites politiques et économiques, qui construisent soigneusement une image publique de succès, de philanthropie et d’engagement social. Ces figures, souvent au cœur des scandales de corruption, parviennent à détourner l’attention de leurs actions répréhensibles en sponsorisant des œuvres de charité, en participant à des événements culturels, ou en construisant des monuments ostentatoires. Dans cette logique, le vol des biens publics est excusé dès lors qu’une partie de la richesse volée est restituée sous forme de dons, créant ainsi un paradoxe moral : les voleurs deviennent des bienfaiteurs, et la société oublie les origines de leur fortune. Platon, dans “La République”, avertissait déjà des dangers d’une société où les valeurs morales sont subordonnées aux apparences. La mystification du riche, même corrupteur, est un piège philosophique où l’admiration du vice devient un moyen de survie psychologique pour une population en détresse. La vénalité comme forme d’idolâtrie Cette idolâtrie de la richesse, même lorsque celle-ci est bâtie sur la corruption, rappelle l’analyse de Kant sur l’inclination naturelle de l’homme à admirer ce qui est visible et tangible, au détriment de ce qui est moralement juste. Kant, dans sa réflexion sur la moralité, soulignait que la richesse ne pouvait jamais être un but en soi si elle n’était pas acquise par des moyens honnêtes et si elle ne contribuait pas au bien commun. Mais au Liban, la distinction entre richesse méritée et richesse volée est brouillée. L’important n’est pas comment l’argent est gagné, mais simplement qu’il est visible, qu’il confère du prestige et qu’il permet d’acheter l’illusion du pouvoir. Cela reflète un rapport presque venal à la morale, où l’argent devient l’outil principal pour modeler l’opinion publique et dicter les valeurs sociales. Plus grave encore, cette vénération de la richesse alimente un cycle d’émulation négative : les jeunes générations, en particulier, sont tentées d’imiter ceux qui s’enrichissent par des moyens détournés, car ils représentent un modèle de succès, renforçant ainsi une culture du vice. L’éloge du voleur : une admiration du pouvoir plus que de la moralité L’admiration que suscitent certains riches voleurs dans la société libanaise peut être interprétée comme une forme d’éloge tacite du pouvoir brut. Derrière cette apparente adulation de la richesse se cache en réalité une soumission à la force, à la capacité de dominer les autres et de contourner les lois. Les philosophes politiques comme Thomas Hobbes ont souvent décrit le pouvoir comme le fondement de l’ordre social, mais aussi comme une force destructrice si elle n’est pas tempérée par des lois justes. Au Liban, cette admiration pour les riches voleurs ne repose pas sur une reconnaissance de leurs qualités morales, mais sur une fascination pour leur capacité à manipuler le système à leur avantage. C’est un pouvoir qui inspire à la fois le respect et la peur, et qui empêche toute remise en question collective de l’impunité. Cette réalité soulève une question cruciale : peut-on réellement parler d’une société morale lorsque la richesse mal acquise est non seulement tolérée, mais encouragée ? La transgression comme valeur sociale Dans son œuvre, Sartre proposait l’idée que chaque individu devait assumer la responsabilité totale de ses actes, sous peine de sombrer dans la mauvaise foi. Pourtant, au Liban, la transgression des lois et des normes sociales n’est pas vue comme une faute morale, mais comme une forme de ruse et de résilience face à un système défaillant. L’individu qui vole l’État ou les citoyens est perçu comme celui qui a su déjouer un système corrompu, et non comme un criminel. Cette inversion des valeurs transforme la transgression en une qualité valorisée, et l’impunité devient le privilège ultime. Mais cette valorisation de la transgression pose un problème éthique profond : comment peut-on espérer reconstruire un État de droit lorsque ceux qui violent les lois sont érigés en modèles de réussite ? Ce paradoxe est au cœur de la crise morale que traverse le Liban. La richesse, lorsqu’elle est obtenue par la tricherie, le vol ou la corruption, devrait être source de honte, et non de fierté. Pourtant, dans un contexte où les institutions sont faibles et les lois inappliquées, la transgression devient la norme, et la morale est reléguée au second plan. Vers une refondation des valeurs ? Face à cette admiration du vice, il devient crucial de s’interroger sur les moyens de refonder un ordre moral au Liban. Il ne s’agit pas seulement de réformer les institutions ou d’appliquer des lois. Ce combat doit également être culturel et philosophique. Il implique de redéfinir les notions de succès et de respect, non plus en fonction de la richesse matérielle, mais en fonction de la contribution au bien commun, de l’intégrité morale, et de la justice. L’impunité ne pourra être combattue que si la société libanaise accepte de se détacher de cette fascination pour le pouvoir brut et la richesse mal acquise, et redécouvre les vertus d’une éthique collective. C’est un défi philosophique autant que politique, car il touche au cœur des valeurs qui définissent ce qu’est une société juste et équitable.

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Au Liban, une autre facette troublante de cette culture de l’impunité est la manière dont la richesse est perçue et respectée, indépendamment de ses origines. Une dichotomie frappante s’installe entre la figure du « riche respecté » et la réalité de ceux qui, souvent, accumulent leur fortune par des moyens douteux, voire illégaux. Ce phénomène n’est pas propre au Liban, mais il y prend une ampleur singulière, amplifiée par la crise économique et l’effondrement des institutions. Ce respect quasi-aveugle envers les riches, même lorsqu’ils sont connus pour avoir pillé les ressources du pays, soulève des questions philosophiques fondamentales sur les valeurs, l’admiration et le vice. La richesse comme nouveau critère de vertu Dans la philosophie classique, notamment chez Aristote, la vertu est l’un des piliers de la vie éthique. L’homme vertueux n’est pas celui qui accumule des biens matériels, mais celui qui agit avec justice, courage et tempérance. Pourtant, au Liban, la richesse semble avoir remplacé ces vertus. Dans un pays où l’État s’effondre et où les institutions de justice et d’ordre sont minées par la corruption, le riche devient celui qui réussit à échapper aux lois, celui qui sait naviguer dans un système défaillant. La richesse, peu importe comment elle a été obtenue, devient un symbole de pouvoir et d’ingéniosité, faisant fi de toute considération morale. Cette inversion des valeurs rappelle les réflexions du philosophe Nietzsche, qui dénonçait dans “La généalogie de la morale” la manière dont les sociétés pouvaient récompenser le vice, le camouflant sous des apparences de force et de grandeur. Selon Nietzsche, l’homme “fort”, celui qui impose sa volonté, est souvent celui qui transgresse les règles morales, et la société finit par l’admirer pour cela. Au Liban, la richesse devient l’ultime manifestation de cette volonté de puissance, et les notions traditionnelles de bien et de mal s’effondrent devant le triomphe de la fortune. Une culture de l’apparence : l’hypocrisie des élites L’admiration du riche, même corrompu, est aussi le symptôme d’une société où l’apparence a pris le pas sur l’éthique. Cette admiration est entretenue par les élites politiques et économiques, qui construisent soigneusement une image publique de succès, de philanthropie et d’engagement social. Ces figures, souvent au cœur des scandales de corruption, parviennent à détourner l’attention de leurs actions répréhensibles en sponsorisant des œuvres de charité, en participant à des événements culturels, ou en construisant des monuments ostentatoires. Dans cette logique, le vol des biens publics est excusé dès lors qu’une partie de la richesse volée est restituée sous forme de dons, créant ainsi un paradoxe moral : les voleurs deviennent des bienfaiteurs, et la société oublie les origines de leur fortune. Platon, dans “La République”, avertissait déjà des dangers d’une société où les valeurs morales sont subordonnées aux apparences. La mystification du riche, même corrupteur, est un piège philosophique où l’admiration du vice devient un moyen de survie psychologique pour une population en détresse. La vénalité comme forme d’idolâtrie Cette idolâtrie de la richesse, même lorsque celle-ci est bâtie sur la corruption, rappelle l’analyse de Kant sur l’inclination naturelle de l’homme à admirer ce qui est visible et tangible, au détriment de ce qui est moralement juste. Kant, dans sa réflexion sur la moralité, soulignait que la richesse ne pouvait jamais être un but en soi si elle n’était pas acquise par des moyens honnêtes et si elle ne contribuait pas au bien commun. Mais au Liban, la distinction entre richesse méritée et richesse volée est brouillée. L’important n’est pas comment l’argent est gagné, mais simplement qu’il est visible, qu’il confère du prestige et qu’il permet d’acheter l’illusion du pouvoir. Cela reflète un rapport presque venal à la morale, où l’argent devient l’outil principal pour modeler l’opinion publique et dicter les valeurs sociales. Plus grave encore, cette vénération de la richesse alimente un cycle d’émulation négative : les jeunes générations, en particulier, sont tentées d’imiter ceux qui s’enrichissent par des moyens détournés, car ils représentent un modèle de succès, renforçant ainsi une culture du vice. L’éloge du voleur : une admiration du pouvoir plus que de la moralité L’admiration que suscitent certains riches voleurs dans la société libanaise peut être interprétée comme une forme d’éloge tacite du pouvoir brut. Derrière cette apparente adulation de la richesse se cache en réalité une soumission à la force, à la capacité de dominer les autres et de contourner les lois. Les philosophes politiques comme Thomas Hobbes ont souvent décrit le pouvoir comme le fondement de l’ordre social, mais aussi comme une force destructrice si elle n’est pas tempérée par des lois justes. Au Liban, cette admiration pour les riches voleurs ne repose pas sur une reconnaissance de leurs qualités morales, mais sur une fascination pour leur capacité à manipuler le système à leur avantage. C’est un pouvoir qui inspire à la fois le respect et la peur, et qui empêche toute remise en question collective de l’impunité. Cette réalité soulève une question cruciale : peut-on réellement parler d’une société morale lorsque la richesse mal acquise est non seulement tolérée, mais encouragée ? La transgression comme valeur sociale Dans son œuvre, Sartre proposait l’idée que chaque individu devait assumer la responsabilité totale de ses actes, sous peine de sombrer dans la mauvaise foi. Pourtant, au Liban, la transgression des lois et des normes sociales n’est pas vue comme une faute morale, mais comme une forme de ruse et de résilience face à un système défaillant. L’individu qui vole l’État ou les citoyens est perçu comme celui qui a su déjouer un système corrompu, et non comme un criminel. Cette inversion des valeurs transforme la transgression en une qualité valorisée, et l’impunité devient le privilège ultime. Mais cette valorisation de la transgression pose un problème éthique profond : comment peut-on espérer reconstruire un État de droit lorsque ceux qui violent les lois sont érigés en modèles de réussite ? Ce paradoxe est au cœur de la crise morale que traverse le Liban. La richesse, lorsqu’elle est obtenue par la tricherie, le vol ou la corruption, devrait être source de honte, et non de fierté. Pourtant, dans un contexte où les institutions sont faibles et les lois inappliquées, la transgression devient la norme, et la morale est reléguée au second plan. Vers une refondation des valeurs ? Face à cette admiration du vice, il devient crucial de s’interroger sur les moyens de refonder un ordre moral au Liban. Il ne s’agit pas seulement de réformer les institutions ou d’appliquer des lois. Ce combat doit également être culturel et philosophique. Il implique de redéfinir les notions de succès et de respect, non plus en fonction de la richesse matérielle, mais en fonction de la contribution au bien commun, de l’intégrité morale, et de la justice. L’impunité ne pourra être combattue que si la société libanaise accepte de se détacher de cette fascination pour le pouvoir brut et la richesse mal acquise, et redécouvre les vertus d’une éthique collective. C’est un défi philosophique autant que politique, car il touche au cœur des valeurs qui définissent ce qu’est une société juste et équitable.

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Au Liban, une autre facette troublante de cette culture de l’impunité est la manière dont la richesse est perçue et respectée, indépendamment de ses origines. Une dichotomie frappante s’installe entre la figure du « riche respecté » et la réalité de ceux qui, souvent, accumulent leur fortune par des moyens douteux, voire illégaux. Ce phénomène n’est pas propre au Liban, mais il y prend une ampleur singulière, amplifiée par la crise économique et l’effondrement des institutions. Ce respect quasi-aveugle envers les riches, même lorsqu’ils sont connus pour avoir pillé les ressources du pays, soulève des questions philosophiques fondamentales sur les valeurs, l’admiration et le vice. La richesse comme nouveau critère de vertu Dans la philosophie classique, notamment chez Aristote, la vertu est l’un des piliers de la vie éthique. L’homme vertueux n’est pas celui qui accumule des biens matériels, mais celui qui agit avec justice, courage et tempérance. Pourtant, au Liban, la richesse semble avoir remplacé ces vertus. Dans un pays où l’État s’effondre et où les institutions de justice et d’ordre sont minées par la corruption, le riche devient celui qui réussit à échapper aux lois, celui qui sait naviguer dans un système défaillant. La richesse, peu importe comment elle a été obtenue, devient un symbole de pouvoir et d’ingéniosité, faisant fi de toute considération morale. Cette inversion des valeurs rappelle les réflexions du philosophe Nietzsche, qui dénonçait dans “La généalogie de la morale” la manière dont les sociétés pouvaient récompenser le vice, le camouflant sous des apparences de force et de grandeur. Selon Nietzsche, l’homme “fort”, celui qui impose sa volonté, est souvent celui qui transgresse les règles morales, et la société finit par l’admirer pour cela. Au Liban, la richesse devient l’ultime manifestation de cette volonté de puissance, et les notions traditionnelles de bien et de mal s’effondrent devant le triomphe de la fortune. Une culture de l’apparence : l’hypocrisie des élites L’admiration du riche, même corrompu, est aussi le symptôme d’une société où l’apparence a pris le pas sur l’éthique. Cette admiration est entretenue par les élites politiques et économiques, qui construisent soigneusement une image publique de succès, de philanthropie et d’engagement social. Ces figures, souvent au cœur des scandales de corruption, parviennent à détourner l’attention de leurs actions répréhensibles en sponsorisant des œuvres de charité, en participant à des événements culturels, ou en construisant des monuments ostentatoires. Dans cette logique, le vol des biens publics est excusé dès lors qu’une partie de la richesse volée est restituée sous forme de dons, créant ainsi un paradoxe moral : les voleurs deviennent des bienfaiteurs, et la société oublie les origines de leur fortune. Platon, dans “La République”, avertissait déjà des dangers d’une société où les valeurs morales sont subordonnées aux apparences. La mystification du riche, même corrupteur, est un piège philosophique où l’admiration du vice devient un moyen de survie psychologique pour une population en détresse. La vénalité comme forme d’idolâtrie Cette idolâtrie de la richesse, même lorsque celle-ci est bâtie sur la corruption, rappelle l’analyse de Kant sur l’inclination naturelle de l’homme à admirer ce qui est visible et tangible, au détriment de ce qui est moralement juste. Kant, dans sa réflexion sur la moralité, soulignait que la richesse ne pouvait jamais être un but en soi si elle n’était pas acquise par des moyens honnêtes et si elle ne contribuait pas au bien commun. Mais au Liban, la distinction entre richesse méritée et richesse volée est brouillée. L’important n’est pas comment l’argent est gagné, mais simplement qu’il est visible, qu’il confère du prestige et qu’il permet d’acheter l’illusion du pouvoir. Cela reflète un rapport presque venal à la morale, où l’argent devient l’outil principal pour modeler l’opinion publique et dicter les valeurs sociales. Plus grave encore, cette vénération de la richesse alimente un cycle d’émulation négative : les jeunes générations, en particulier, sont tentées d’imiter ceux qui s’enrichissent par des moyens détournés, car ils représentent un modèle de succès, renforçant ainsi une culture du vice. L’éloge du voleur : une admiration du pouvoir plus que de la moralité L’admiration que suscitent certains riches voleurs dans la société libanaise peut être interprétée comme une forme d’éloge tacite du pouvoir brut. Derrière cette apparente adulation de la richesse se cache en réalité une soumission à la force, à la capacité de dominer les autres et de contourner les lois. Les philosophes politiques comme Thomas Hobbes ont souvent décrit le pouvoir comme le fondement de l’ordre social, mais aussi comme une force destructrice si elle n’est pas tempérée par des lois justes. Au Liban, cette admiration pour les riches voleurs ne repose pas sur une reconnaissance de leurs qualités morales, mais sur une fascination pour leur capacité à manipuler le système à leur avantage. C’est un pouvoir qui inspire à la fois le respect et la peur, et qui empêche toute remise en question collective de l’impunité. Cette réalité soulève une question cruciale : peut-on réellement parler d’une société morale lorsque la richesse mal acquise est non seulement tolérée, mais encouragée ? La transgression comme valeur sociale Dans son œuvre, Sartre proposait l’idée que chaque individu devait assumer la responsabilité totale de ses actes, sous peine de sombrer dans la mauvaise foi. Pourtant, au Liban, la transgression des lois et des normes sociales n’est pas vue comme une faute morale, mais comme une forme de ruse et de résilience face à un système défaillant. L’individu qui vole l’État ou les citoyens est perçu comme celui qui a su déjouer un système corrompu, et non comme un criminel. Cette inversion des valeurs transforme la transgression en une qualité valorisée, et l’impunité devient le privilège ultime. Mais cette valorisation de la transgression pose un problème éthique profond : comment peut-on espérer reconstruire un État de droit lorsque ceux qui violent les lois sont érigés en modèles de réussite ? Ce paradoxe est au cœur de la crise morale que traverse le Liban. La richesse, lorsqu’elle est obtenue par la tricherie, le vol ou la corruption, devrait être source de honte, et non de fierté. Pourtant, dans un contexte où les institutions sont faibles et les lois inappliquées, la transgression devient la norme, et la morale est reléguée au second plan. Vers une refondation des valeurs ? Face à cette admiration du vice, il devient crucial de s’interroger sur les moyens de refonder un ordre moral au Liban. Il ne s’agit pas seulement de réformer les institutions ou d’appliquer des lois. Ce combat doit également être culturel et philosophique. Il implique de redéfinir les notions de succès et de respect, non plus en fonction de la richesse matérielle, mais en fonction de la contribution au bien commun, de l’intégrité morale, et de la justice. L’impunité ne pourra être combattue que si la société libanaise accepte de se détacher de cette fascination pour le pouvoir brut et la richesse mal acquise, et redécouvre les vertus d’une éthique collective. C’est un défi philosophique autant que politique, car il touche au cœur des valeurs qui définissent ce qu’est une société juste et équitable.

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