philosophie
La libéralité (Plutarque, Éthique)
"Le propre de la libéralité, c'est plutôt de donner quand il faut, que de recevoir quand il le faut et de ne pas recevoir quand il ne le faut pas.
La vertu consiste beaucoup plus à faire du bien qu'à en recevoir soi-même, beaucoup plus à faire de belles choses qu'à ne pas en faire de honteuses."
Aristote, Éthique, IV, 6.
"La libéralité est peut-être de toutes les vertus celle qui se fait le plus aimer, parce que ceux qui la possèdent sont utiles à leurs semblables, et qu'on l'est surtout en donnant."
Aristote, Éthique, IV, 11.
Saint Thomas d'Aquin: Gouvernement juste et gouvernement injuste (DU ROYAUME, Écrit au Roi de Chypre - De regno ad regem Cypri)
Triomphe de saint Thomas d'Aquin, Doctor Communis, entre Platon et Aristote, Benozzo Gozzoli, 1471. Louvre, Paris.
DU ROYAUME
Écrit au Roi de Chypre
De regno ad regem Cypri
PAR SAINT THOMAS d’AQUIN, Docteur de l'Eglise
(1265-1266)
Fin de l'opuscule par Ptolémée de Lucques
Traduction Père Marie Martin-Cottier op, 1946
Édition numérique, http://docteurangelique.free.fr, 2008
Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin
Gouvernement juste et gouvernement injuste
Mais il arrive qu’en certaines choses qui sont ordonnées à une fin, on procède avec rectitude ou sans rectitude. C’est pourquoi l’on trouve aussi dans le gouvernement de la multitude ce qui est droit et ce qui ne l’est pas. Un être, quel qu’il soit, est dirigé avec rectitude quand il est conduit vers la fin qui lui convient; il est dirigé sans rectitude quand il est conduit vers une fin qui ne lui convient pas.
Mais autre est la fin qui convient à une multitude d’hommes libres, autre à une multitude d’esclaves. En effet, l’homme libre est celui qui est maître de lui-même (sui causa), tandis que l’esclave est celui qui, en ce qu’il est, appartient à un autre. Si donc une multitude d’hommes libres est ordonnée, par celui qui la gouverne, au bien commun de la multitude, nous aurons un gouvernement droit et juste, tel qu’il convient à des hommes libres. Mais si un gouverne ment est ordonné, non au bien commun de la multitude, mais au bien privé de celui qui gouverne, ce gouvernement sera injuste et pervers; c’est pourquoi le Seigneur menace de tels chefs par la bouche d’Ezéchiel (XXXIV, 2), disant : "Malheur aux pasteurs qui se paissent eux-mêmes" — c’est-à-dire qui cherchent leur propre avantage. — "Est-ce que ce ne sont pas les troupeaux que les pasteurs doivent paître ?" Car les pasteurs doivent rechercher le bien du troupeau, et tout chef (rectores) le bien de la multitude qui lui est soumise.
Les gouvernements injustes
Si donc un gouvernement injuste est exercé par un seul homme, qui recherche, dans l’exercice du pouvoir, ses propres avantages et non le bien commun de la multitude qui lui est soumise, un tel chef est appelé tyran, nom dérivé de celui de force parce que le tyran opprime par la puissance, il ne gouverne pas par la justice. D’où, chez les anciens, tous ceux qui détenaient le pouvoir étaient appelés tyrans.
Mais si un gouvernement injuste est exercé, non par un seul homme, mais par plusieurs, si, du moins, ils sont en petit nombre, ce régime est appelé oligarchie, c’est-à-dire gouvernement (principatus) d’un petit nombre, comme quand un petit groupe d’hommes opprime le peuple, par la puissance de leurs richesses, différant du tyran par le seul fait qu’ils sont plusieurs.
Si un gouvernement inique est exercé par un grand nombre, il est appelé démocratie, c’est-à-dire domination du peuple, comme quand le peuple des plébéiens, s’appuyant sur la puissance de sa multitude, opprime les riches. Car ainsi le peuple entier sera comme un seul tyran.
Les gouvernements justes
Il faut établir des distinctions semblables entre les formes de gouvernements justes.
En effet si le gouvernement est exercé par quelque multitude, il est généralement appelé république (politia), comme quand la multitude des combattants exerce le pouvoir dans une cité ou une province.
S’il est exercé par un petit nombre d’hommes, mais qui soient vertueux, le gouvernement de ce genre s’appelle aristocratie, c’est-à-dire pouvoir le meilleur ou des meilleurs, qui pour cette raison se nomment optimates.
Mais si le gouvernement juste appartient à un seul homme, celui-ci est appelé roi; c’est pourquoi le Seigneur dit par Ezéchiel (XXXVII, 24) : "Mon serviteur David sera roi au-dessus de tous et il y aura un seul pasteur pour eux tous."
Intellligence et sagesse de Marguerite Yourcenar (1975)
On ne détruit pas la beauté du monde sans détruire aussi la santé du monde... Oui, et même l'équilibre du monde.
Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux et entretien (1975) avec Françoise Faucher.
Les hommes tueront l'homme.
Zénon, cité par Marguerite Yourcenar.
On est autant de fois homme qu'on parle de langues.
Charles-Quint, cité par Marguerite Yourcenar.
Marguerite Yourcenar se promenait en 1975 dans le Jardin Thuya (Maine, USA) en compagnie de Françoise Faucher.
Visionnez leur entretien sur Radio-Canada Archives:
Vous pouvez visionner cet entretien avec Marguerite Yourcenar dans son île du Maine Mount Desert ici:
Elle y raconte la passionnante histoire des Jésuites qui y débarquèrent un jour, y vécurent avec les Indiens et s'échappèrent avec eux en canot après les canonnades d'un corsaire anglais.
La loi, la tyrannie, la Terreur (Bonald, Bernanos)
"Dans une société en révolution, le défaut, ou, pour parler plus exactement, l'absence de pouvoir légitime, constitue tout homme qui en reconnaît l'autorité Ministre du pouvoir pour combattre l'erreur par ses écrits, et même la tyrannie par ses armes, dès qu'il peut le faire avec probabilité de succès. C'était à tous de conserver la société, c'est à chacun à la rétablir. D'ailleurs, l'homme qui combat pour la vérité est défendu par elle, et il a pour lui ce qu'il y a de plus fort au monde. les partisans des bonnes et vieilles maximes remplissent donc le plus saint des devoirs en restant en insurrection permanente, au moins de pensées et d'actions privées, contre ce que les tyrans et leurs esclaves appellent la loi, et qui n'est autre chose que des opinions absurdes, ou atroces, qu'un petit nombre d'hommes pervers a imposées à un grand nombre d'hommes faibles."
Louis-Gabriel-Ambroise, vicomte de Bonald (1754-1840), Du pouvoir et du devoir dans la société.
Etymologie et réalité vivante [de l'ascèse et de l'autarcie], par Julius Evola
Etymologie et réalité vivante par Julius Evola
extrait de « La Stampa », 1943
Source : rigenerazionevola.it / Traduction : Pierre-Antoine Plaquevent pour Strategika
https://strategika.fr/2022/02/05/pour-un-style-de-vie-ascetique-et-autarcique-julius-evola/
Voici un article important de l’écrivain Julius Evola (Giulio Cesare Andrea Evola 1898-1974) publié en Italie dans le journal La Stampa en 1943. De nos jours La Stampa est un organe subventionné du type Le Monde ou Le Figaro d’orientation libérale-centriste-globaliste, organe de référence de la bourgeoisie vaccinale italienne. Dans cet article, paru avec le titre original d’Étymologie et réalité vivante, Julius Evola, dans une période extrêmement particulière, au cœur de la seconde guerre mondiale, rappelle l’étymologie du terme « ascèse » et, corrélativement, du terme « autarcie ». Ici dans son sens classique et non plus strictement économique comme celui qui, dans ces années-là, s’était imposé aussi bien en Italie qu’en Allemagne. Evola propose dans ce texte écrit pour la grande presse de l’époque, une orientation fondamentale de vie et de comportement : discipline intérieure, fortification de la personnalité, calme et clarté d’esprit, contrôle de soi et de ses instincts, de son côté irrationnel et passionnel, refus de s’abandonner à l’impatience, à l’agitation, aux réactions déséquilibrées. Les événements de la vie ne sont pas importants en eux-mêmes, car « ce qui est essentiel, c’est l’attitude qu’on adopte à leur égard, le sens, donc, qu’on leur attribue ». L’approche de la vie et de ses événements doit être active, et pas seulement passive : c’est la conduite de celui qui ne se laisse pas dominer par les événements, mais sait se dresser face à eux comme un homme vraiment « libre », ayant « son propre principe en lui-même, et non dans les autres ou dans l’autre ».
On voit dans ce texte, comment Julius Evola part d’un exemple banal et très concret pour essayer d’élever le grand public à une conception plus haute d’une citoyenneté basée sur la personnalité et l’intériorité. Il a ainsi existé une séquence de temps dans la modernité où de telles considérations purent être portées à la connaissance du grand public, des masses.
A méditer et faire sien en cette période de confusion globale entretenue et de « tout à l’ego » généralisé. Julius Evola nous rappelle qu’il faut toujours chercher à se hisser au-dessus de soi-même et ne pas se laisser aller à subir passivement le cours et le courant des choses. Y compris et surtout en période de guerre. De guerre déclarée comme en 1943 ou de guerre occulte comme aujourd’hui.
P.-A. P.
Le mot « ascétisme » vient du verbe grec askeo, qui signifie « pratiquer », « s’exercer ». Un « ascète », dans son sens étymologique originel, est donc simplement celui qui s’exerce, qui se soumet à une certaine discipline. Sur cette base, on peut concevoir un ascétisme qui n’a pas nécessairement un but religieux ou mystique et qui implique encore moins un renoncement ou un détachement de la vie (NDT : J.Evola était stoïcien et platonicien pas chrétien). L’ascèse peut être toute discipline visant à renforcer la force intérieure de la personnalité, à créer en soi le calme et la clarté, à élaguer autant que possible notre existence de la végétation parasite des réactions erronées, des agitations inutiles, des mouvements irrationnels, de ce qu’Ignace de Loyola appelait inordinatae affectiones. Et la désignation du but du livre principal du créateur de l’Ordre des Jésuites peut aussi se référer à l’ascétisme dans le sens générique maintenant mentionné : « des exercices, afin que l’homme apprenne à se conquérir et à ordonner sa vie, sans se laisser dominer par aucun penchant indiscipliné ».[1]
On peut toutefois se demander pourquoi nous parlons de ces questions dans un journal. C’est que par la force même des choses, pour plus d’un, elles pourraient avoir une valeur actuelle. Aujourd’hui plus que jamais, nous devrions faire nôtre cette maxime de sagesse : les choses et les événements en eux-mêmes ne signifient pas grand-chose, l’essentiel étant l’attitude que nous adoptons à leur égard, le sens que nous leur attribuons. Il existe des cas – plus nombreux qu’on ne le pense – où la force des choses et même de ce qu’on appelle habituellement le destin agit comme ce dompteur qui, bien qu’ayant un cheval qui lui était cher, se trouvait obligé de le fouetter à plusieurs reprises parce que ce dernier ne savait pas encore le comprendre : il exécutait avec diligence toutes les parties d’un exercice, mais s’arrêtait toujours avant la dernière. Ceci alors qu’avec un minimum d’effort, s’il avait compris le langage du dompteur, il aurait pu facilement réaliser la fin de l’exercice. C’est ce qui se passe dans la vie, tant au niveau individuel que collectif : nous recevons des « coups » de toutes parts, sans parvenir finalement à comprendre, à saisir ce sens, qui nous permettrait de surmonter l’épreuve et de la dominer positivement.
Avec cette image, cependant, nous avons peut-être un peu dépassé le domaine que nous entendons traiter. Même la vie quotidienne la plus élémentaire, surtout lorsque les temps ne sont pas faciles, offre de nombreuses opportunités pour une discipline génériquement « ascétique », une fois que l’on a décidé d’être actif, c’est-à-dire de ne pas réagir comme réagissent les choses inanimées, qui dans leur réaction sont en tout point déterminées par les chocs qu’elles reçoivent. Il suffit d’y prêter attention, de se rendre compte du rôle inconcevable et absurde que ces inordinatae affectiones ont dans la vie de chacun, aujourd’hui plus que jamais, au travers des mouvements de l’esprit qui ne servent à rien, qui ne valent que pour user les nerfs et altérer le calme intérieur. C’est par une étrange perversion que l’homme occidental en est venu à considérer ces agitations inutiles comme naturelles et normales, de sorte qu’il ne pense pas le moins du monde à réagir et à les contrer. D’autre part, même à des niveaux plus élevés, en termes de vision du monde, ce qui est exalté par lui comme « action » n’est presque toujours en réalité qu’une agitation désordonnée.
Considérons un cas très banal, mais de nos jours plus fréquent que jamais : le cas de l’impatience. C’est un sentiment aussi « naturel » que vain et irrationnel. En devenant impatients et nerveux, en modifiant notre humeur par de l’irritation et toutes sortes d’imaginations, est-ce que nous faisons en sorte qu’un tram ou un train arrive plus tôt, ou que le nombre de personnes qui attendent avant nous diminue ? Voilà un cas concret pour l’application d’une ascèse simple et quotidienne, pour un dépassement de soi qui doit devenir une habitude. Il faut savoir distinguer clairement les sentiments qui, s’ils sont acceptés, peuvent avoir un effet réel et objectif, des sentiments inutiles qui ne sont que des perturbations irrationnelles, signes d’une âme incapable de résistance intérieure et esclave de ses propres nerfs. Il est certain que si, par une ferme résolution, nous ne nourrissions plus ces impulsions irrationnelles, un certain nombre d’événements fâcheux de la vie d’aujourd’hui changeraient absolument d’aspect et vaudraient pour nous comme autant d’épreuves positives à surmonter. Ces épreuves quotidiennes passeraient non seulement sans avoir empoisonné nos âmes mais bien après lui avoir donné plus de calme et de force.
En Allemagne, une campagne de politesse – Kampf um die Höflichkeit – a récemment été lancée en raison des nombreuses causes d’irritation que présente la vie durant la guerre. Dans les tramways, dans les chemins de fer, dans les magasins, on peut voir des dessins ou des écrits exhortant les gens à être courtois malgré tout. Il s’agit d’un nouveau domaine pour une ascèse simple, pour un subtil dépassement intérieur, dans lequel, on le sait, l’Extrême-Orient est déjà passé maître, parfois jusqu’au paradoxe : le sourire même face à la tragédie extrême et au sacrifice suprême. Cette référence ne doit cependant pas laisser penser que nous n’incitions par-là personne à « s’orientaliser ». Bien au contraire, il suffirait de se référer à l’origine même du terme « courtoisie », qui nous ramène aux cours médiévales et surtout à la chevalerie ; la courtoisie est une vertu du chevalier, de l’homme viril qui, de même qu’il sait se lancer irrésistiblement contre l’adversaire et l’injustice, sait aussi dominer son propre esprit, façonner son propre comportement, réprimer immédiatement tout mouvement désordonné et instinctif.
Être dur avec soi-même, être courtois avec les autres, telle a toujours été la maxime de l’esprit aristocratique, le style de celui qui n’est pas « vulgaire ». Le point important ici serait donc de comprendre qu’il s’agit moins d’une question de considération pour les autres, pour le « prochain », que d’un besoin « ascétique », un besoin de liberté intérieure. L' «autre » pourrait bien être la cause de ma réaction abrupte, mais je ne lui permettrai pas de la provoquer et de me mettre ainsi à sa merci – je serai « courtois » malgré tout. On peut donc pressentir quelle force peut naître d’une telle discipline.
Autarcie : c’est aujourd’hui un mot à la mode et, malheureusement, quelque chose qui naît moins de la vertu que de la nécessité. Ce n’était pas le cas dans le monde antique. Autarcie (autarkeia) signifie étymologiquement : « avoir son propre principe en soi » et ceci, dans l’éthique antique, classique, était une valeur positive. Seul est libre – disaient les anciens – celui qui a son propre principe en lui-même, et non dans les autres ou dans un autre. Au-delà du « Sage », le concept-limite de l’autosuffisance s’incarnait, ainsi, dans la Divinité, comme un « acte pur ». Si l’autarcie aujourd’hui est différente et, comme nous l’avons dit, est avant tout une conséquence de la nécessité, une importante tâche « ascétique » serait précisément celle de transformer cette « nécessité » en « vertu », précisément par un changement d’attitude intérieure. Nous faisons ici référence à l’individu, non aux collectivités et aux États, et surtout au régime des restrictions et des privations en temps de guerre. Un principe très important est le suivant : le poids d’une privation disparaît presque quand elle peut être conçue comme voulue, et non comme imposée.
On pourrait répondre : voulez-vous revenir à la fable du renard qui dit que les raisins qu’il ne peut atteindre ne sont pas mûrs ? Cela dépend. Il faut distinguer entre la jouissance passive des animaux (et de ceux qui se sont réduits à l’état d’animaux) et la jouissance active de ceux qui se maintiennent maîtres d’eux-mêmes. Mais la jouissance active a une clause précise : jouissez de ces choses, dont vous vous êtes prouvé que vous pouvez aussi vous en passer. Tout se réduirait alors à voir dans quelle mesure on a la force de considérer des limitations et des privations survenues dans des circonstances exceptionnelles, et qui ne dureront certainement pas indéfiniment, précisément comme des épreuves : comme des occasions de montrer à soi-même que l’on peut aussi s’en passer. De confirmer, donc, une liberté fondamentale. Une liberté qui se réaffirmera demain dans des limites plus larges encore.
Pour certaines choses – pour certaines conceptions artificielles qui sont devenues les habitudes d’êtres à moitié névrosés – cela devrait être facile. Que l’homme d’aujourd’hui souffre, par exemple, du manque de café ou de tabac, c’est-à-dire de choses que l’humanité entière ignorait jusqu’à il y a quelques siècles, est, si l’on y réfléchit bien, ridicule. Dans d’autres cas, l’épreuve sera plus difficile. Mais la force dont on disposera pour la surmonter sera d’autant plus précieuse. Dans un article précédent, nous avons parlé des traditions selon lesquelles l’expérience même de la guerre peut se transformer en une ascèse au sens supérieur et transfigurant, dès lors qu’une certaine attitude intérieure est présente[2]. Bien que beaucoup plus modestes, des transformations similaires sont également possibles sur le front domestique. Il s’agit de se « mobiliser » intérieurement, de rejeter une habitude de passivité et d’irrationalité. Alors, ce qui apparaîtra à certains comme de l’ennui, des privations et de l’angoisse, sera pour d’autres – les meilleurs – une incitation à se secouer et à se relever.
Julius Evola
[1] Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Traduction du texte espagnol par le Père Pierre Jennesseaux de la Compagnie de Jésus. Numérisation de l’édition de 1913 par le Frère Jérôme, novice de la même Compagnie.
Namur, 2005. http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Exercices_Ignace/exercices.html
[2] Métaphysique de la Guerre, Julius EVOLA https://theatrum-belli.com/metaphysique-de-la-guerre-par-julius-evola/
L’admiration du vice, une richesse sans morale (Libanews)
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https://libnanews.com/ladmiration-du-vice-une-richesse-sans-morale/
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Anaxagore
Anaxagore
Il était célèbre par sa race et sa richesse, plus encore par sa grandeur d'âme. La preuve en est qu'il fit don de son héritage aux siens. ils lui reprochaient de négliger ses biens; il leur répliqua: "Occupez-vous en donc vous-mêmes." Et il s'en détacha finalement pour s'adonner seulement à l'étude de la nature, sans aucun souci de la politique. Un jour on lui disait: "Tu ne t'intéresses-donc pas à ta patrie ?" Il répondit en montrant le ciel: "Ne blasphème pas, j'ai le plus grand souci de ma patrie."
Diogène Laërce
Anaxagore (/ˌænækˈsæɡərəs/ ; grec : Ἀναξαγόρας, Anaxagóras, « seigneur de l'assemblée » ; vers 500 - vers 428 av. J.-C.) était un philosophe grec présocratique. Né à Clazomènes à une époque où l'Asie mineure était sous le contrôle de l'Empire perse, Anaxagore vint à Athènes. Plus tard, il fut accusé d'impiété et s'exila à Lampsacus.
Ali Shariati: Norouz ; Déclaration de la vie et de l'éternité des Iraniens - Un bref discours sur le Nouvel An persan
Norouz ; Déclaration de la vie et de l'éternité des Iraniens
Un bref discours sur le Nouvel An persan
Ali Shariati
Il est difficile de dire quelque chose de nouveau sur Norouz. Norouz est une fête nationale et tout le monde sait ce qu'est une fête nationale. Norouz est célébré chaque année, et on en reparle chaque année. Beaucoup de choses ont été dites à ce sujet, et vous avez entendu beaucoup de choses à ce sujet. Alors, n'y a-t-il pas lieu d'en parler une fois de plus ?
Bien sûr que si ! Ne renouvelons-nous pas Norouz chaque année ? Alors entendons nous aussi en parler à plusieurs reprises. Il est ennuyeux et même absurde de répéter un texte scientifique ou littéraire. La sagesse rejette la répétition, mais les sensations l'accueillent. La nature aussi aime la répétition, et les sociétés en ont besoin.
La nature est essentiellement faite de répétition. Norouz est une belle histoire répétitive dans laquelle la nature, les sensations et la société sont toutes engagées, sans jamais se lasser ni s'ennuyer.
Norouz, qui a été pendant de longs siècles le maître et le plus gracieux de toutes les cérémonies nationales dans le monde, conserve son existence jeune, forte et vivante, parce que ce n'est pas une cérémonie imposée, artificielle ou politique.
C'est la cérémonie de l'univers, le jour du bonheur de la terre et l'anniversaire du soleil et des cieux. Le jour glorieux où chaque phénomène naturel évolue, fleurit et se résout, rempli de la douce anxiété de nombreux « départs ».
Les cérémonies nationales des autres cultures encouragent souvent les hommes et les femmes à quitter leurs ateliers, leurs fermes, leurs déserts, leurs ruelles et leurs rues, leurs jardins et leurs pâturages, et à se rassembler dans des salles sous les plafonds, derrière des portes fermées.
Ils se réunissent dans des lieux tels que les bars, les dancings, les caves, les saloons et les maisons... dans des endroits chauffés au gaz, éclairés par des ampoules, remplis de fumée, embellis par des couleurs artificielles, décorés de fleurs et d'ornements en papier ou en plastique, parfumés avec des parfums ou des herbes à brûler... Norouz, au contraire, saisit gentiment la main des gens et les entraîne joyeusement avec lui hors de leur petit environnement dans les chambres, derrière les portes fermées, sous les plafonds, parmi les grands bâtiments et les pavés de ciment dans et autour des villes, dans les vastes pâturages glorieux, les zones vertes et la large et aimable étreinte de la nature, où tout le monde se sent libre et en liesse.
Le soleil printanier les réchauffe et illumine leur journée, la gloire d'assister au renouvellement de la création et d'eux-mêmes les enthousiasme, le vent et la pluie printanière dessinent magnifiquement de nouvelles scènes qui sont déjà ornées de bourgeons fleuris de différentes couleurs et parfumées de l'odeur de la pluie :
« L'odeur de la pluie, l'odeur de la menthe verte, l'odeur de la terre. Et l'odeur des branches qui sont mouillées par la douce pluie de printemps et qui brillent de propreté »...
Norouz est l'occasion de se remémorer de nombreux souvenirs. Des souvenirs de la relation entre l'homme et la nature, qui se renouvelle chaque année. Cet enfant oublieux de la nature qui s'est tellement engagé dans des affaires artificielles et des engagements préprogrammés, qu'il a même totalement oublié sa propre mère adorable.
Il est maintenant rappelé dans les bras de sa mère aimante par le charme magique de Norouz. Là, ils célèbreront ensemble ces heureuses retrouvailles.
L'enfant insouciant découvrira sa propre origine dans les bras bienveillants de sa mère, et le visage de la mère s'épanouira en retrouvant son enfant perdu, versera des larmes de bonheur pour cette heureuse occasion, pleurera de joie dans les tonnerres du printemps, redeviendra jeune et beau une autre fois, et brièvement, comme le prophète Jacob (AS), qui retrouva la vue après avoir senti l'odeur de la chemise de Joseph (AS), se verra accorder une vue perçante pour voir son cher enfant une fois de plus.
Plus notre civilisation artificielle et technique deviendra complexe ou lourde, plus le besoin de retrouvailles et de retour à l'étreinte de la nature se fera sentir.
Ainsi, contrairement aux traditions qui vieillissent et deviennent incompétentes, voire inutiles avec le temps, Norouz rajeunit, s'embellit et se renforce avec le temps, et ce parce que Norouz est une troisième voie pour réconcilier les deux côtés de la longue conscience culturelle qui dure depuis l'ère de Lao-Tso et Confucius jusqu'aux jours récents de Roseau et Walter.
Norouz n'est pas seulement une bonne occasion de se détendre et d'être heureux, c'est un besoin vital de la société et une nourriture spirituelle vitale pour une nation.
Qu'est-ce qui peut égayer les cœurs froids, dans un monde sombre, basé sur des changements constants, des révolutions, des séparations et des pertes, des désintégrations et des dissolutions, où la seule chose qui soit stable et jamais sujette au changement est le renouvellement constant et l'instabilité ?
Qu'est-ce qui peut rendre une nation invulnérable sur le chemin cruel du chariot du temps, qui détruit tout sur son passage, brise et écrase tout pilier et démolit toute base ?
Aucune nation ne se forme en l'espace d'une nuit, d'une génération ou même de deux. Une nation peut être décrite comme la chaîne continue de nombreuses générations que le temps, cette épée impitoyable et irréfléchie de la nature, sépare de leurs liens physiques au cours de leur histoire.
Malheureusement, nous ne pouvons pas avoir une correspondance bilatérale avec nos ancêtres, ceux qui ont formé le sol de notre nation.
L'horrible et profonde vallée de l'histoire est creusée. Les longs siècles creux ont creusé un fossé infranchissable entre eux et nous. Seules nos traditions, qui s'expriment à l'abri du regard acéré du cruel bourreau du temps, peuvent gentiment nous prendre par la main et nous transporter spirituellement de l'autre côté de cette terrifiante vallée, nous réconciliant ainsi avec notre glorieux passé, nos ancêtres.
C'est dans la sainteté de ces traditions que nous pouvons sentir leur présence à nos côtés aujourd'hui, et les célébrations de Norouz comptent parmi les plus stables et les plus gracieuses de ces traditions.
Chaque fois que nous célébrons Norouz, c'est comme si nous participions à toutes les célébrations de Norouz observées sur cette terre depuis le début de cette cérémonie. C'est le moment où toutes les pages noires et blanches de l'histoire de notre ancienne nation se tournent l'une après l'autre devant nos yeux curieux, et nous assistons avec impatience à leurs événements.
Croire que notre nation a toujours célébré Norouz dans notre patrie éveille dans nos esprits ces idées excitantes que... « Bien sûr, chaque année, même la triste année où Alexandre a peint la façade de ce pays en rouge avec le noble sang de notre nation, par les longues flammes qui brûlaient le beau palais de Persépolis, là, la même année, nos ancêtres opprimés ont dû célébrer Norouz plus sérieusement et plus pieusement, au milieu de leurs chagrins.
C'est ainsi que Norouz a été chèrement célébré au cours de ces tristes années, et de toutes les années similaires. Une raison de se réjouir malgré toutes les misères ».
Il n'a jamais été une excuse pour être « négligent, bon marché et oublieux », mais un prétexte pour annoncer la vive détermination de notre nation à être et à continuer à être et à maintenir des liens forts avec un passé glorieux, que le facteur temps et les envahisseurs de différentes races ont toujours essayé, en vain, d'effacer de la scène de l'existence.
Norouz a toujours été si cher. Pour les religieux zoroastriens, pour les vieillards sagaces de l'histoire ancienne, pour les musulmans, pour les musulmans chiites et pour les personnes parlant le persan dans le monde entier.
Tout le monde a considéré Norouz comme une fête bien-aimée et en a parlé avec sympathie.
Même les philosophes et les scientifiques considèrent Norouz comme « le premier jour de la création, lorsque Ahoura-Mazda (Dieu, dans la mythologie des anciens Perses) a créé l'univers en six jours, et a été occupé jusqu'au sixième jour lorsque cette tâche a été accomplie, et c'est pourquoi le premier jour de Farwardin (le premier mois iranien de l'année) est appelé Hourmazd et le sixième jour, “le jour saint”.
Quelle belle histoire ! Plus belle encore que la réalité elle-même ! Chaque être humain ne ressent-il pas honnêtement que le premier jour du printemps est le premier jour de la création, répété une nouvelle fois ?
Si Dieu a fixé un début à la vie sur terre, ce jour devait sans doute être le jour de Norouz. Le printemps a toujours été la première saison de l'année. Dieu n'a jamais dû faire de l'été, de l'hiver ou de l'automne la première saison de l'année.
La première herbe sur terre a certainement commencé à pousser le premier jour du printemps, les rivières ont dû commencer à couler à ce moment-là, et les bourgeons à fleurir, ce qui signifie que Norouz a toujours été le premier jour du printemps, en même temps que le renouvellement de la création.
L'« âme » a certainement été créée en cette saison. Le premier arc de l'amour a dû frapper un cœur le premier jour, et le soleil s'est levé pour la première fois le même jour, marquant le début de l'horloge de l'univers.
L'Islam, qui a effacé toutes les discriminations et les couleurs du racisme et du tribalisme, et qui a changé la forme de nombreuses traditions, a au contraire poli la belle façade de Norouz. Il a approuvé cette glorieuse tradition, permettant à cette jeune pousse de continuer à grandir et à se renforcer, maintenant avec un soutien fort et doux, à l'abri de l'extinction dans les premiers jours de l'introduction de l'Islam aux Iraniens.
Les deux grands événements que sont la désignation de l'imam Ali (AS) comme héritier spirituel du prophète, le jour d'Al Qadir, et son élection comme calife des musulmans et émir de tous les croyants (Amir-ol Mu'menin) ont tous deux eu lieu le jour de Norouz, ce qui constitue une excellente coïncidence !
Ainsi, l'amour, la piété et la croyance des musulmans iraniens dans le droit et la sainteté de l'imam Ali (AS) sont devenus le point d'appui de Norouz. Cette célébration glorieuse, qui avait commencé sa vie avec l'âme et l'amour anciens d'une nation, était maintenant doublement fortifiée par l'esprit saint d'une grande religion, l'Islam.
Une tradition nationale se mêlait ainsi à la piété religieuse et au nouvel amour fort qui avait germé dans le cœur de ce peuple, devenant plus saint. À l'époque de la dynastie des Saffavides, cette tradition est même devenue une tradition chiite établie, pleine de piété et de croyances pures, désormais complétée par des prières spéciales.
Comme le révèlent les livres d'histoire, « une année, lorsque Norouz et Ashoura (le dixième jour du mois lunaire de Moharram, lorsque l'imam Hussein (AS) et ses disciples ont été martyrisés à Karbala, l'un des événements les plus tristes de l'histoire des chiites ; une fête de deuil) ont coïncidé, le shah des Saffavides a passé ce jour à pleurer l'imam Hussein (AS) et a célébré le jour suivant comme Norouz ! ».
Norouz, qui est vieux et sur lequel la poussière de nombreux siècles s'est déposée, a vu les hymnes des moqan (clercs des adorateurs du soleil) l'appeler et l'aimer, les psaumes sacrés des zoroastriens dans leurs temples du feu lui être adressés, les murmures de l'Avesta lui donner des noms sacrés, et les rimes célestes d'Ahourmazd, le louer personnellement et secrètement à ses oreilles.
Depuis lors, elle est louée par les versets sacrés du Coran et les paroles d'Allah lui-même. Des salats spéciales (prières islamiques, similaires aux prières quotidiennes à cinq temps) ont été conçues pour Norouz, ainsi que des prières spéciales à réciter le jour de Norouz et au moment du passage à l'année suivante.
Tout cela était associé à l'amour de l'imam Ali (AS) et de son gouvernement juste dans le chiisme. Cette approche a injecté du sang frais dans les veines de cette vieille tradition, qui a vécu une longue vie avec tous nos ancêtres depuis les temps anciens, et a égayé les moments de chacun d'entre nous, avec un amour tendre et profond, toujours très sincère.
La principale prophétie de Norouz est de nettoyer les taches de tristesse et de désespoir sur les cœurs de cette nation, qui a souvent été trahie et même poignardée par derrière, et d'insuffler l'âme de la jubilation dans le cadavre de cette terre et de son peuple.
Mais ce n'est pas tout. Norouz est chargé de renforcer les liens entre la génération actuelle et tous nos sages ancêtres du passé d'une part, et de renforcer les liens de ces derniers avec mère nature d'autre part.
Par-dessus tout, Norouz renforce les liens d'unité entre les Iraniens d'aujourd'hui, qui gardent le souvenir amer des invasions de toutes sortes, des cruautés des ennemis intérieurs et extérieurs, des bourreaux qui ont fait de leurs têtes des minarets et qui ont massacré de nombreuses générations.
Il fait fondre la glace épaisse des murs qui nous séparent des étrangers de notre nation et sème les graines d'un lien de parenté, de chair et de sang. Il comble ainsi les profonds fossés de l'oubli qui séparent souvent les cœurs des différents groupes de la nation s'ils n'avaient pas été remplis de la gentillesse de Norouz.
Et nous, dans ces moments heureux, nous allumons à nouveau le feu sacré Ahouraian de Norouz, et au plus profond de notre conscience, nous foulons les déserts frappés par la mort noire des siècles passés, et nous nous préparons à célébrer Norouz avec tous les hommes et les femmes qui ont célébré autrefois cette glorieuse cérémonie nationale sur cette terre. Leur noble sang coule dans nos veines, nos cœurs battent joyeusement avec lui et leurs âmes reprennent vie dans nos corps sous le ciel clair de l'Iran.
Ainsi, nous proclamons fièrement notre existence vivante en tant que nation sage et heureuse, debout au milieu des vents violents des incidents horribles qui sont capables de déraciner n'importe quel arbre solide, mais pas celui de notre nation.
Nous annonçons que nous sommes vivants et que nous poursuivrons notre fière existence sur cette terre jusqu'à la fin des temps, même en ce siècle sombre où nos ennemis, et en particulier l'Occident usurpateur, sont farouchement déterminés à nous rendre étrangers à notre propre culture, afin que nous soyons leurs esclaves obéissants, sans aucune personnalité propre sur laquelle compter.
Renouvelons donc notre alliance avec tous nos ancêtres et avec toutes les différentes races de notre nation, ainsi qu'avec notre mythologie dans cette intersection historique du temps, des croyances et des traditions.
Empruntons-leur le précieux héritage de l'amour et promettons d'en être les fidèles héritiers. Promettons, en tant que nation, de ne jamais mourir, ni d'obéir à d'autres cultures, parce que nos racines sont profondément ancrées dans la riche culture de l'humanité, la piété des religions et la noblesse d'une ancienne nation qui se dresse sur le grand passage de l'histoire et sur la scène de l'univers tout entier.
Traduit de l'anglais par Rouge et Blanc.
Représentation artistique d'une célébration de Norouz dans l'Empire moghol sous le règne de Jahangir, reproduite dans l'Album de Saint-Pétersbourg de l'Académie des sciences de Russie.
Dans son Shahnameh, le poète du Xe siècle Ferdowsi raconte un récit fictif de la mort de Darius III, où Darius blessé, la tête bercée sur la cuisse d'Alexandre le Grand, demande à Alexandre d'épouser Roxane, afin que leurs enfants puissent défendre Nowruz et maintenir la flamme de Zoroastre allumée :
Sa mère l'appela Roxana la belle ; le monde trouva joie et réconfort auprès d'elle. ... D'elle, peut-être, naîtra un être glorieux qui renouvellera le nom de l'audacieux Esfandiyār, le sage. Cette flamme sacrée de Zoroastre, il l'ornera ; Les écritures du Zend et de l'Avesta, il les portera dans ses mains. La fête de Sadeh, ce rite auspicieux qu'il gardera ; La splendeur de Nowruz et les temples de feu profonds.
- Ferdowsi
Ali Shariati: Le mot "culture" a en français deux sens...
Source des illustrations: http://shariati.com/photogallery.html