philosophie
L'idéal du chef pour Xénophon, par Pierre Chambry (La Cyropédie de Xénophon)
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A l’Apologie de Socrate et au Banquet s’opposent l’Apologie et le Banquet de Xénophon, au communisme de la République, la vie familiale de l’Économique, à la peinture du tyran dans la République, l’opuscule d’Hiéron, et en général aux dialogues de Platon les Mémorables et beaucoup de passages disséminés dans les œuvres de Xénophon. Mais il n'y a pas d’ouvrage où cette opposition soit plus marquée que dans la Cyropédie. Xénophon et Platon, tous les deux disciples de Socrate, sont comme leur maître, des contempteurs de la démocratie athénienne, qui s’en remet à la fève du choix des magistrats ; mais leur idéal, assez semblable sur certains points, diffère considérablement sur d’autres. Xénophon, attaché à la famille, ne pouvait considérer le communisme de la République que comme une divagation puérile ou perverse, et le gouvernement des philosophes devait d’autant moins lui plaire que cette idée du Bien sur laquelle ils doivent avoir constamment les yeux, Platon ne la définissait point et que, bien qu’il la comparât au soleil, elle restait à l’état de nébuleuse pour ses auditeurs. Cet idéal lui parut certainement trop haut et trop vague, et il essaya d’en proposer un autre qu’il incarna dans la personne du conquérant le plus célèbre qu’on eût vu jusque-là. Il le prend à sa naissance et le conduit jusqu’à sa mort. Nous le voyons agir et l’entendons parler ; sa vie tout entière est un modèle et sa mort même un enseignement. Dès l’enfance il annonce ce qu’il sera plus tard. Les dieux lui ont donné de grandes qualités, la beauté du corps, la bonté de l’âme et l’amour de l’étude et de la gloire au point d’endurer toutes les fatigues et d’affronter tous les dangers pour être loué.
Que ne peut-on attendre d’un enfant ainsi doué ? Il suffit de lui donner une éducation appropriée pour en faire un héros. Xénophon, tout comme Platon, attache à l’éducation une importance capitale. C’est elle, qui, à leurs yeux, décide du destin des individus et des peuples. Or l’éducation qui a paru la meilleure aux yeux de Xénophon est l’éducation spartiate. Cyrus apprend à l’école de ses maîtres à vivre de pain et d’eau et d’une botte de cresson. Il pratique tous les jeux et tous les exercices qui peuvent développer son corps, et il s’applique à devenir, parmi ses camarades, le meilleur coureur, le meilleur cavalier, le meilleur acontiste. Quand il est en âge de commander, convaincu qu’on n’obtient une obéissance volontaire de ses subordonnés qu’en se montrant supérieur à eux, il donne l’exemple de l’endurance, du sang-froid, de la bravoure, il fait voir qu’il connaît à fond la tactique et que, sans commettre lui-même aucune faute, il sait profiter de celles des ennemis. Il est audacieux, mais à bon escient ; il est ménager de ses hommes et ne les expose que lorsqu’il est sûr d’avoir l’avantage. Enfin, et ceci est un trait tout à fait grec, il sait parler et il ne tente aucune opération qu’il n’en ait prouvé l’utilité et montré les chances de succès dans un discours à ses officiers. La victoire gagnée, il traite les vaincus avec humanité, et, s’il a reconnu en eux des hommes de courage, il sait leur témoigner son admiration et les gagner à son parti. C’est ainsi qu’il s’attache l’armée des Égyptiens, qui seuls s’étaient bravement comportés dans la débâcle de l’armée de Crésus. Admirable dans le commandement, il l’est encore dans toutes les circonstances de la vie par sa tempérance, sa chasteté, sa modération. Il est d’une telle générosité qu’il ne garde rien pour lui ; il aime rendre service et faire plaisir, car il aime être aimé, et il ne néglige rien pour gagner l’affection de ses sujets. Enfin, et ceci prime tout le reste aux yeux de Xénophon, il est pieux, il ne fait rien sans consulter les dieux. Il n’oublie jamais de les prier et de les remercier, persuadé que sans leur aide l’homme est incapable de se conduire et de réussir dans ses entreprises.
Tel est l’idéal du chef tel que le conçoit Xénophon. Cet idéal n’est point fondé, comme celui de Platon, sur les principes d’une métaphysique profonde. Il s’est formé de ses propres expériences dans la Retraite des Dix-Mille et dans la guerre d’Asie où il accompagna Agésilas. Agésilas lui- même lui a fourni beaucoup de traits ; d’autres sont empruntés à Cyrus le Jeune, et d’autres à l’enseignement de Socrate. Quand Cyrus parle et moralise, il n’est que l’interprète des idées morales que Xénophon tient de son maître. Mais les qualités qui ressortent le plus dans l’idéal du chef selon Xénophon sont les qualités du grand capitaine. Le chef de l’État est avant tout un chef d’armée. Dans les cités grecques toujours en guerre, le premier soin de l’homme d’État est d’organiser la défense contre l’ennemi et d’agrandir son propre territoire. C’est à la classe des guerriers que va aussi l’attention de Platon : il consacre à leur formation presque toute la première moitié de son ouvrage. Ce qui distingue ses vues de celles de Xénophon, c’est d’abord qu’il associe les femmes à la guerre, ce que Xénophon se gardera bien de proposer, et c’est ensuite qu’il ne laisse pas le gouvernement entre les mains des guerriers, mais le remet uniquement à ceux d’entre eux qui, véritables philosophes, sont capables d’atteindre par la dialectique jusqu’à l’dée du Bien. Xénophon, homme de guerre plutôt que philosophe, confie au contraire le gouvernement au chef de l’armée qui a la force pour se faire obéir. Le défaut capital de la cité grecque, c’est qu’elle est toujours divisée en deux partis, celui des pauvres et celui des riches. Platon cherche à y ramener l’unité par le communisme des biens, des femmes et des enfants, qui, imposé aux guerriers, doit supprimer toute jalousie à leur égard. Le moyen de Xénophon est plus simple et plus pratique, bien qu’il soit d’une application rare et difficile. C’est la volonté du chef suprême qui établira l’unité. L’État est conçu comme une armée, et tout le talent politique de Cyrus consiste à donner à l’État l’organisation en usage dans l’armée. Quand il voulait mettre ses troupes en mouvement, il faisait connaître ses ordres aux myriarques, qui les faisaient passer aux chiliarques, qui à leur tour les transmettaient aux lochages, qui les faisaient parvenir par les officiers inférieurs dans les rangs des soldats. C’est sur ce modèle que Cyrus, une fois vainqueur des peuples de l’Asie, organise son empire. Les grands de sa cour sont chargés de faire connaître ses volontés ou de gouverner les provinces en son nom. Leur cour est établie sur le modèle de la sienne, et ils se font obéir comme lui, par l’intermédiaire de leurs officiers, des peuples qu’ils ont à gouverner. Pour que ses ordres parviennent plus vite jusqu’aux extrémités de son immense empire, Cyrus institue un service des postes qui fonctionne jour et nuit, et pour s’assurer de l’obéissance exacte des gouverneurs de province, il a des espions de confiance, qu’on appelle les yeux du roi. On le voit, l’idéal de Xénophon, c’est un roi aussi absolu que possible, mais un roi intelligent et bon, supérieur en tout à ceux qu’il commande, et qui ne gouverne que pour le bien de ses sujets. Si élevé que soit cet idéal, il semble plus facile à atteindre que celui de Platon ; il sera même bientôt réalisé en partie par Alexandre, et plus tard par César et par Auguste ; mais la réalisation dure ce que dure le grand homme et périt avec lui.
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Pierre Chambry. La Cyropédie de Xénophon. Notice sur la Cyropédie.
Vie de Xénophon par Diogène Laërce
Alexandre Douguine : Le pouvoir est trop grossier et ignorant. (Club d'Izborsk, 20 novembre 2020)
Alexandre Douguine : Le pouvoir est trop grossier et ignorant.
20 novembre 2020
Le président russe Vladimir Poutine, lors d'une rencontre avec le chef du service fiscal fédéral Daniil Yegorov, a mentionné que la population avait de nombreuses revendications envers les autorités. Selon lui, ces affirmations sont tout à fait justifiées.
Le philosophe et figure du Mouvement eurasien international Alexandre Douguine a fait part de ses revendications aux autorités - aux fonctionnaires en général et à Poutine en particulier.
« A mon avis, il est correct d'avoir des revendications auprès des autorités. Et plus les autorités sont attentives à ces revendications, plus elles sont stables et efficaces. Le pouvoir a toute la résonance nécessaire pour écouter les plaintes de la population. Vous n'êtes pas obligé de répondre, vous n'êtes pas obligé d'aller sur le sujet - c'est impossible. Mais il est nécessaire d'y prêter attention », a-t-il déclaré.
M. Douguine a souligné que chaque personne façonne ses revendications auprès des autorités en fonction de sa sphère d'activité. En tant que philosophe, il a des revendications au sujet du niveau de développement culturel des fonctionnaires.
« J'affirme aux autorités qu'elles sont extrêmement stupides, à quelques exceptions près, et qu'elles ne font pas du tout attention à la sphère de l'esprit, de la philosophie et de la science. Qu’elles sont faibles, sous-développées, mentalement incompétentes, grossières, ignorantes. Les représentants des cercles dirigeants ont le devoir, devant les masses, d'être plus instruits, plus compétents et plus informés », a déclaré le philosophe.
L'interlocuteur de l'Assemblée nationale a souligné que les fonctionnaires se montrent des gestionnaires et des managers forts, mais « du point de vue culturel, ce sont des racailles, pas le pouvoir ».
« À mon avis, le pouvoir est excessivement grossier et ignorant, car il est cruel, corrompu, superficiel, cupide, égoïste et anti-populaire. Et j'en vois ici la racine - non pas qu'elle prélève trop d'impôts ou qu'elle ne prête pas attention aux demandes des citoyens. Toutes les réactions quotidiennes des autorités, qui irritent notre peuple, sont associées à son faible niveau culturel », a déclaré M. Douguine.
Le philosophe a également beaucoup de revendications personnelles à l'égard de Poutine, mais les aspects positifs du président, selon lui, sont couverts par les aspects négatifs.
« La principale affirmation est qu'il ne termine pas ces magnifiques entreprises, qu'il proclame lui-même. Il fait beaucoup, tout est presque parfait, mais pas jusqu'à la fin. Ce n'est pas une revendication, c'est une profonde douleur pour le fait qu'il a commencé de grandes réformes, mais n'a pratiquement rien fait de définitif. Peut-être que les gens autour de lui ne sont pas les mêmes, mais je vois sa solitude et je vois qu'elle peut devenir fatale pour la Russie. L'entourage de Vladimir Vladimirovitch est tout simplement fou », a conclu le philosophe.
Alexandre Douguine
Alexander Gelievich Dugin (né en 1962) - éminent philosophe, écrivain, éditeur, personnalité publique et politique russe. Docteur en sciences politiques. Professeur de l'Université d'État de Moscou. Leader du Mouvement international eurasien. Membre permanent du Club d'Izborsk.
Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc.
Le totalitarisme (Hannah Arendt)
Pour s’implanter, le Totalitarisme a besoin d’individus isolés et déculturés, déracinés des rapports sociaux organiques, atomisés socialement et poussés à un égoïsme extrême.
Hannah Arendt
Gilad Atzmon: Being in Time, a post-political manifesto
The events of 2016 - Brexit and Trump - broke the mould which shaped ideas of democracy, politics and social identity. In this book Gilad Atzmon argues that Left and Right have become indistinguishable and meaningless in the post-political universe in which we now live, and much of humanity has been reduced to serving the interests of big money and oligarchies. The freedom to think openly is now just a distant memory. Our Western liberal 'utopia' has turned into an Orwellian catastrophe, and the people are left bewildered and impoverished, and out in the cold. Being in Time is a courageous attempt to grasp the intellectual developments that led towards the current dystopia. The book delves into the bankruptcy of the ideological grand narratives. It explores the colossal failure of the media, academia and politics to detect and address the events that led us towards destitution. It identifies the ideologies that have planted Identitarian politics and the tyranny of political correctness in our midst. We, the people, have been demoted into mere audience in a Greek tragedy that happens to be the story of our own destruction. The time is ripe to understand it all.
Alexandre Douguine : Bernard-Henri Lévy - sophiste au service de la mondialisation (Club d'Izborsk, 29 octobre 2020)
Alexandre Douguine : Bernard-Henri Lévy - sophiste au service de la mondialisation
29 octobre 2020
- Bernard-Henri Lévy est devenu un symbole de la révolution des couleurs à notre époque. Parlez-nous de lui.
- Bernard-Henri Lévy est un intellectuel dévoué. Il s'est engagé de manière désintéressée en faveur du libéralisme et du mondialisme. Il est un sophiste au service de la mondialisation et se positionne comme un cosmopolite. C'est un Juif qui ne croit pas en Dieu, un Français pour qui le patriotisme n'a aucune valeur. Il se considère comme le représentant du futur ordre mondial auquel aspire le monde occidental moderne. En conséquence, sa mission est de rapprocher le monde entier de cet avenir. Pour cette raison, il a participé au renversement de Kadhafi, Assad, Ianoukovitch, a soulevé les Kurdes contre Erdogan, et soutient maintenant Tihanovskaya.
- Quel est cet ordre mondial du futur ?
- C'est un monde sans États, sans espaces souverains, sans identités nationales, sans religions. C'est un monde d'individus libres ayant le droit absolu à l'autodétermination. L'essentiel dans ce monde du futur est qu'il n'y a pas de frontières. Pas de frontières politiques ou culturelles. C'est un monde global d'égalité et de liberté universelles.
- Bernard-Henri Lévy travaille avec Soros ?
- Bien sûr, il coopère étroitement avec la Fondation Soros et, en général, avec de nombreuses structures étatiques et semi-étatiques américaines.
- L'année dernière, vous avez eu un débat avec lui. Racontez-moi.
- Oui, l'année dernière, nous avons débattu avec lui à l'Opéra d'Amsterdam. Nous avons défendu des positions opposées. Il a défendu le gouvernement mondial et le libéralisme comme étant le seul système de valeurs correct et moi la diversité des États-nations et des civilisations. Ce débat a été appelé « le débat du siècle ». Malheureusement, c'était sans importance. Mon adversaire, pour des raisons que je ne connais pas, n'a pas essayé de défendre sa position à un niveau philosophique élevé - il s'est placé sur le plan du "bon - mauvais", "blanc - noir". Il a commencé à blâmer la Russie pour tous ses péchés. En fin de compte, nous n'avons jamais réussi à établir un dialogue constructif.
Ces débats ont été suivis par des politiciens de haut niveau de Chine, de Serbie, de Turquie et d'Iran. Ils m'ont dit ceci : j'ai gagné du point de vue intellectuel, il a gagné du point de vue de l'arrogance et de l'émotivité.
- Comment caractériseriez-vous son travail ?
- Là où il se présentera, il y aura un désastre. S'il se présente en Biélorussie - attendez la catastrophe, s'il se présente en Géorgie - attendez la catastrophe, s'il se présente en Turquie - attendez la catastrophe. Il est l'incarnation de l'agressivité de l'hégémonie occidentale qui résiste à la perte de sa position dans le monde.
Alexandre Douguine
http://dugin.ru
Alexandre Gelievich Douguine (né en 1962) - éminent philosophe, écrivain, éditeur, personnalité publique et politique russe. Docteur en sciences politiques. Professeur de l'Université d'État de Moscou. Leader du Mouvement international eurasien. Membre permanent du Club d’Izborsk.
Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc.
Vidéo du débat entre le philosophe Alexandre Douguine et le sophiste BHL (Nexus Institute, Amsterdam, 21 septembre 2019):
Valery Korovin : La puissance industrielle de l'armée est un facteur secondaire dans le monde post-industriel actuel. (Club d'Izborsk, 26 octobre 2020)
Valery Korovin : La puissance industrielle de l'armée est un facteur secondaire dans le monde post-industriel actuel.
26 octobre 2020
Dans le différend sur l'extension ou le non-renouvellement de START-3, n'oubliez pas que c'est seulement pour nous aujourd'hui que la frappe de représailles nucléaires est la dernière mesure, et les Américains, par exemple, ont d'autres mesures pour établir leur domination stratégique. Par exemple, la technologie de guerre en réseau (à ne pas confondre avec la cyberguerre ou les batailles en ligne, bien que cela soit également inclus dans le concept général de guerre en réseau).
La guerre en réseau, c'est quand vous pouvez mettre l'État ou toute la région sous contrôle, en ayant formulé quelques codes sémantiques, en ayant imposé ces codes aux masses et, en fait, en y allant déjà sur le terrain préparé, quand vous êtes perçu non pas comme un agresseur, mais comme porteur de la même matrice culturelle, des mêmes codes sémantiques, culturels, qui sur cet espace sont partagés par la majorité, tant les masses que les élites.
Quand les gens de tel ou tel État, toute une génération est élevée dans les films américains - ils consomment de la nourriture américaine, de la culture de masse américaine, portent des marques occidentales américaines - dans ces films ils voient que la personne avec l'écusson du drapeau américain, l'OTAN est le sauveur du monde, c'est lui qui libère, qui élimine le danger. C'est ainsi qu'ils le voient. Ce sont des gens qui l'ont vu depuis l'enfance, qui ont été élevés dans ce sens.
Par conséquent, la puissance industrielle de l'armée est un facteur secondaire dans le monde post-industriel actuel. Bien qu'il importe toujours et joue son rôle lorsqu'il s'agit de conflits locaux et régionaux. Et si vous avez une armée puissante, et même des armes nucléaires, mais que vous êtes sous l'occupation culturelle d'un ennemi potentiel - vous avez déjà perdu. Et aucun traité START 3, 4, 10 ne vous aidera ici. Au mieux, cela retardera l'inévitable.
Valery Korovin
http://korovin.org
Valery M. Korovin (né en 1977) - politologue russe, journaliste, personnalité publique. Directeur du Centre d'expertise géopolitique, chef adjoint du Centre d'études conservatrices de la Faculté de sociologie de l'Université d'État de Moscou, membre du Comité eurasien, chef adjoint du Mouvement eurasien international, rédacteur en chef du portail d'information et d'analyse "Eurasia" (http://evrazia.org). Membre permanent du Club d'Izborsk. Pour plus d’informations...
Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc.
Tyranny (Thomas Jefferson)
"Single acts of tyranny may be ascribed to the accidental opinion of a day. But a series of oppressions, pursued unalterably through every change of ministers, too plainly proves a deliberate systematic plan of reducing us to slavery."
Thomas Jefferson
Alexandre Douguine: Le combat pour la liberté et la justice (Gazeta Kultura, 10 octobre 2014)
Quels sont les dangers qui guettent la Russie dans sa lutte pour conquérir une réelle indépendance et la souveraineté ? Alexandre Douguine, le philosophe renommé, nous en parle.
– Le monde a la fièvre. La Russie ne veut plus vivre sous les oukazes de l’Occident et ressemble à une colonie en révolte. Vous êtes d’accord avec cette évaluation ?
La métaphore me plaît. Dans un certain sens, la situation est bien celle-là. Dans les conditions du monde unipolaire dans lesquelles nous vivons ces derniers temps, la multipolarité se défend ; il s’agit d’une révolte. L’Amérique s’efforce de préserver son hégémonie qui s’exprime sous la forme de la mondialisation ; un système unique de droits et de valeurs est imposé à tous les peuples. La Russie lance un défi à cette hégémonie. Je fais référence au concept d’épistémologie, la science de la connaissance. L’idée est que celui qui maîtrise la connaissance maîtrise tout. Les gens se trouvent sous le contrôle complet de cette force qui établit les paramètres de perception de la réalité. Aujourd’hui la Russie vit sous l’occupation épistémologique. Voici de quoi il s’agit. Les signes de l’occupation sont visibles : orientations décidées à l’extérieur, absence de souveraineté, administration coloniale, absence de forces armées. L’occupation épistémologique survient lorsque l’une ou l’autre société, l’un ou l’autre pays se trouve sous la dépendance conceptuelle ou intellectuelle de l’hégémonie. La Russie vit sous une constitution libérale, copiée sur les modèles occidentaux. Ce sont les principes de l’économie libérale qui la dirigent, imposés par l’Occident. Par conséquent, la culture et l’enseignement sont construits selon le modèle libéral. Nous vivons sous la dictature libérale. Si une personne n’accepte pas les normes et dogmes du libéralisme, il est étiqueté comme un rebelle. Et on peut dire qu’aujourd’hui on a affaire à une révolte dans la colonie épistémologique. La Russie insiste sur sa souveraineté, sur sa liberté, elle répond aux défis qui lui sont lancés, par exemple en Ukraine. Elle essaie d’intégrer l’espace postsoviétique, insiste sur ses intérêts nationaux en Novorossie, ce qui suscite une tempête de protestations en Occident, elle se rapproche des pays amis du BRICS. Elle bâtit des alliances asymétriques. Mais le problème réside en ce que le modèle libéral a déjà poussé des racines en notre pays. Et celles-ci conditionnent la conscience des élites économiques, politiques et administratives.
– Les élites. Le maillon faible de la Russie ?
La plus grande partie d’entre elles est loyale au Président. Mais il s’agit d’une loyauté superficielle. En profondeur, elles sont coulées dans la matrice libérale, elles portent le virus libéral qui prédétermine leur conscience et qui retransmet ce contour à toute la société russe. La société s’y oppose. Elle soutient Poutine, elle tente de résister à leurs attaques. C’est une guerre sérieuse qui est menée. Notre combat pour un monde multipolaire rappelle le soulèvement de Spartacus. C’est le soulèvement de la colonie épistémologique contre l’oligarchie mondiale qui nous maintient sous son contrôle par une série de paramètres. Et Poutine est à la tête du soulèvement. Mais le drame, c’est que nous ne sommes pas encore convaincus de posséder la force nécessaire, la fermeté de notre résolution. Nous ne comprenons pas la mesure profonde dans laquelle le totalitarisme libéral a affecté nos centres nerveux et fait irruption dans la conscience des gens, ni ne comprenons combien sérieuse et dangereuse est cette occupation. C’est uniquement le segment le plus radical, marginal, de ce réseau libéral d’occupation qui intervient ouvertement contre Poutine. Ce segment prend alors la forme de la « cinquième colonne » dans la marche des traîtres. Sa base se trouve en partie à l’intérieur du pays. Et le réseau est également établi sur le système de l’administration gouvernementale des années 90’, et peut-être même d’années antérieures. Je l’appelle alors la « sixième colonne ». Nous devons combattre la cinquième et la sixième colonne.
– On parle aujourd’hui de la « Grande Russie », de la grande mission qui attend le peuple russe. N’est-ce pas « jouer avec le feu messianique » ? Dans quelle embrasure veut-on nous pousser ?
Je considère qu’une grande idée constitue le noyau de l’identité russienne. Nous nous sommes toujours considérés comme un peuple auquel une mission historique est dévolue. N’importe quelle allusion à ce thème provoque une large résonance dans l’âme des gens. Il est possible que tous n’y consacrent pas une grande réflexion, mais cela prédestine notre culture. Tout ce qui pour nous comporte de la valeur est pénétré de ce sentiment messianique : et l’Église, et la littérature du XIXe siècle, et la philosophie religieuse russe, et le Siècle d’Argent. Nous sommes un peuple messianique. Et chaque fois que l’État ou la politique aborde ce principe, un retentissement positif lui fait écho.
L’élite libérale redoute ce thème par-dessus tout. Chaque fois qu’il surgit dans le discours politique, les libéraux tentent de l’en expulser et d’étouffer l’élan. A mon sens, le feu messianique est notre essence, une chose grande, haute et profonde. Le « Printemps russe » fut également un mouvement messianique de notre peuple. Et, oh combien les représentants de l’élite libérale ne se sont-ils pas insurgés contre lui ! Toute intervention de Poutine sur ce thème fut impitoyablement dénigrée.
Mais, inévitablement, le feu messianique s’enflammera à nouveau. Au cours de l’histoire, nous avons forgé de bien des façons notre sentiment messianique : dans les contextes orthodoxe, séculier et communiste. Jamais nous n’avons oublié notre essence. Et seule l’idéologie totalitaire libérale a tenté d’extirper toute forme de messianisme russe, fut-il blanc, rouge, religieux ou communiste. Mais elle n’y est pas parvenue. L’argument messianiste, c’est la clé, ce qu’il y a de plus important. Lorsque les cercles politiques de Russie interviennent en adoptant cette instance, leur intervention est toujours juste. Ils nous réveillent et nous ramènent à notre essence.
– Notre problème n’est-il pas que nous n’avons pas d’image de notre avenir. Ou la Novorossie peut-elle prétendre jouer le rôle de « rêve russe » ? Qu’en pensez-vous ?
Nous n’avons pas d’image de notre avenir sous forme conceptuelle. Toutefois, cette image, nous la portons dans notre âme. Elle n’est tout simplement pas encore venue au monde. Nous la portons en notre sein. C’est l’image de la spiritualité et de la justice. Deux éléments déterminent l’identité du peuple russe. C’est sa propension à dire des paroles spirituelles et importantes, des paroles de salut, de vérité et de bien, sur le chemin historique de la Russie. Il nous paraît important que le dernier mot dans l’histoire du monde, ce soit nous qui l’ayons. Pour que ce soit un mot empreint d’esprit et de beauté, non de laideur et de matière, de pragmatisme. Voilà le premier élément. Le deuxième consiste en ce que nous estimons importante la justice sociale.
La société russe ne peut se penser dans les conditions du capitalisme, de l’individualisme, qui désintègrent le « socium » en atomes. Et la liberté, nous ne la comprenons pas à la manière des peuples d’Occident. Pour nous, le sujet est collectif. C’est donc notre peuple qui doit être libre. Et c’est précisément pour cela que nous sommes prêts à nous sacrifier au nom du bien commun. Pour nous, la liberté sans la justice est dépourvue de sens, incompréhensible.
La Novorossie est devenue le symbole de cette image du futur. Lorsque nous disons que la Novorossie est notre utopie, ce n’est pas juste. Cette image est suffisamment intelligible. Elle est déjà présente dans les premières ébauches de Constitution de Novorossie, dans le soutien de la famille traditionnelle, dans l’Orthodoxie en tant que religion d’État, dans les essais de nationalisation de portions du grand capital. Évidemment, les représentants les plus invétérés de la « sixième colonne » se sont jetés sur la Novorossie, le segment des managers libéraux le plus efficace en termes de destruction. Mais la lutte est loin d’être terminée. L’image de l’avenir de la Novorossie, c’est l’image de l’avenir russe. La victoire de l’esprit sur la matière, la transfiguration de la matière au nom d’un objectif lumineux et sacré. Et la justice sociale. L’image de l’avenir de la Russie est constituée de ces deux aspects, et elle est apparue en Novorossie. Mais le réseau libéral mondial ne sommeille pas. La guerre est en route. Il ne s’agit pas de notre guerre ; on nous l’a imposée. Mais nous en avons fait notre guerre sacrée. Nous nous sommes levés en défense du monde russe.
Aujourd’hui, le sang russe qui se répand là chaque jour, et particulièrement le sang d’enfants innocents, de femmes, éveille en nous une antique volonté, une voix ancienne, du fond de notre histoire, de notre essence. C’est là un rite terrible. Si nous regardons l’ennemi exterminer notre peuple, sans pouvoir fournir un support suffisant pour le repousser, nous ne pourrons survivre. Le combat pour le monde russe va se poursuivre.
– Igor Strelkov, commandant en chef des forces armées de Novorossie, lorsqu’il revint en Russie, a prévenu de la possibilité d’une révolte contre Poutine. Ce danger existe-t-il ?
Le renversement de Poutine peut se dérouler selon un scénario lâche et cynique. On exerce une pression sur lui de différents côtés. Malgré tout leur activisme et leurs capacités financières, les libéraux ne peuvent rien faire seuls ; ils sont trop peu nombreux. Il leur est nécessaire de pousser les patriotes dans l’opposition. La « sixième colonne » s’y emploie, insistant sur la nécessité de lâcher la Novorossie. Cela indigne les patriotes, qui se retournent contre Poutine. Voila en quoi consiste leur calcul. Un scenario terrible. Pour l’empêcher de se réaliser, nous devons naviguer entre Charybde et Scylla. Igor Strelkov l’a très bien compris, de même tous les vrais patriotes.
– On a l’habitude de dire que la Russie a deux alliés, l’armée et la flotte. Quoi qu’il en soit, quels pays pouvons-nous espérer compter parmi nos partenaires ?
De nombreux alliés peuvent se déclarer tels. Nous sommes soutenus par les gens qui aspirent à un monde multipolaire. Il ne s’agit pas de partis ou de pays déterminés, mais de continents entiers. L’Amérique Latine ne se conçoit elle-même qu’en tant que membre d’un monde multipolaire. L’Inde et la Chine sont des pôles évidents. Et même les peuples d’Europe, loin d’approuver en tout l’hégémonie américaine, sont à nos côtés.
Nos opposants, ce sont les élites libérales. Elles dirigent, et en même temps, elles sont les ennemies de leurs propres peuples, en ce qu’elles n’interviennent pas dans l’intérêt de ces derniers, mais dans l’intérêt de l’oligarchie financière mondiale. Voilà pourquoi, les gens simples de nombreux pays sont nos alliés naturels. Pour disposer d’une bonne armée et d’une bonne flotte, de fiables diplomates, il faudrait porter un coup écrasant à la colonne précitée, qui sévit à l’intérieur de la société russe et sabote de nombreux processus positifs.
– Comment évaluez-vous les perspectives de l’intégration eurasienne ?
Nous ne pourrons pas devenir un des pôles du monde multipolaire si la Russie n’unit pas autour d’elle des peuples de l’espace postsoviétique. Seul le relèvement de la Grande Russie, c’est-à-dire l’Union eurasienne, nous permettra de devenir un acteur mondial à part entière. Aujourd’hui ce processus est fortement ralenti. Le maïdan ukrainien fut la réponse de l’Occident au mouvement d’intégration de la Russie. Aujourd’hui, après l’union retrouvée avec la Crimée et avec l’existence d’une situation non-aboutie en Novorossie, il sera beaucoup plus difficile à la Russie de promouvoir ce processus. Cela n’en demeure pas moins notre but, notre horizon. Nous devons travailler sans relâche dans cette direction.
Entretien paru dans Gazeta Kultura du 10 octobre 2014 sous le titre: « Alexandre Douguine: Il faut lutter contre la sixième colonne. »
Source de cette traduction française: Réseauinternational.net
https://reseauinternational.net/douguine-russie-vit-occupation/
Alrxandre Douguine est membre du Club d'Izborsk
Leonid Ivashov : Aujourd'hui, la tâche consiste à comprendre la signification des fonctions cosmo-planétaires de la Russie. (Club d'Izborsk, 23 octobre 2020)
Leonid Ivashov : Aujourd'hui, la tâche consiste à comprendre la signification des fonctions cosmo-planétaires de la Russie.
23 octobre 2020
En s'engageant dans l'étude de l'histoire et de la géopolitique en tant que science interdisciplinaire qui considère tous les aspects de la vie humaine, et même pas seulement l'humanité (nous regardons dans l'espace), nous essayons de créer un modèle de compréhension du monde. Nous voyons aujourd'hui deux problèmes au niveau mondial, voire cosmosplanétaire : le problème de la vision du monde et le problème intellectuel. Et tout le reste est une conséquence.
Un problème de vision du monde. Comment imaginer l'histoire de notre planète, sa fonction en tant que particules de l'univers global ? Comme un système vivant : l'homme, la terre, l'univers ? Croyons-nous toujours qu'il y a eu une explosion accidentelle et que tout dans le monde s'est envolé par accident ? Aucun physicien ou mathématicien ne peut calculer, sur la base de la théorie des probabilités, comment tout cela a pu arriver par hasard.
Deuxième point : qu'est-ce qui est donné à l'homme, quel est son sens ? Regardons la nature : tout vit comme une espèce, et chaque espèce a une tâche utile commune, chaque espèce a son propre programme biologique. Quelqu'un l'a mis en place. Y compris pour l'homme, mais lui seul vit à la dure selon ses lois. Contrairement à tout ce qui est vivant, il a reçu un esprit individuel, collectif et rationnel. Mais l'homme ne comprend pas pourquoi il vit. L'incompréhension de la signification et du but cosmo-planétaire de l'humanité a mis en avant l'idée que nous vivons tous pour le bien de l'économie. Je ne nie pas l'économie, mais cette idée est fausse.
Qui construit un modèle financier et économique mondial ? Aujourd'hui, c'est le profit financier qui prévaut, et à l'exception du profit, les dirigeants du monde n'ont rien derrière leur âme, car les personnes les plus stupides et les plus avides ont fixé ce vecteur.
Il y a le Club de Rome. On nous a appris qu'il est hostile à la fois au socialisme et à l'humanité. Son propriétaire est Rockefeller. Quoi que ce club ait offert, tout impliquait le génocide de l'humanité : la théorie du milliard d'or, le contrôle des naissances, etc. Tout ce que le Club de Rome proposait était mis en œuvre. Et la DCI, et la conférence de Rio 92...
En 2017, Rockefeller meurt. Et maintenant, voyons le rapport du Club de Rome pour son 50e anniversaire : "Le vieux monde est condamné. "Le nouveau monde est inévitable. Les contours du monde futur". Cette année, le vice-président du Club, Anders Wijkman, a fait une déclaration : "2020 est la fin de l'ancien ordre mondial et le début d'un nouvel ordre mondial".
Il propose des contours. Le capitalisme est exclu parce qu'il est dans une impasse. 98% de toutes les transactions financières sont des spéculations et des fraudes. Viennent ensuite les propositions sur ce que sera le monde. Il propose une structure socio-naturelle pour le monde. L'idéologie est scientifique et védique. L'ONU, l'UNESCO et toutes les structures internationales sont complétées par des organisations sociales mondiales. La grande question est de savoir lesquels. Cinq principes de base sont formulés, comment le monde devrait être construit, ce que l'économie devrait être, etc. La conclusion qui est faite est que l'humanité est au bord de la mort. C'est ici que nous sommes venus !
Dans notre Académie des sciences géopolitiques, en invitant les Chinois, les Hindous à coopérer, nous essayons tous de comprendre quel genre de monde il faut construire. Nous voyons que soit nous réagissons, soit l'univers le fait, mais la transition quantique est terminée. La fréquence des vibrations qui en proviennent a changé, y compris dans le corps humain. Le monde animal est en train de changer. Aujourd'hui, il y a une tâche à accomplir pour changer notre conscience, pour comprendre le sens des fonctions cosmoplanétaires de la Russie. Ce qui se passe aujourd'hui est inévitable. Le monde des sociétés transnationales a supprimé l'indépendance, même la pensée même dans des États et des peuples entiers.
Aujourd'hui, il y a un conflit arménien-azerbaïdjanais - c'est la formation d'organisations ethnoculturelles mondiales avec leur religion, avec leur modèle d'économie. Nous voyons de telles organisations ethno-culturelles mondiales : la Chine (elle le fait depuis longtemps), l'Inde, l'Amérique latine, l'Occident (Amérique du Nord et Europe). La Russie est sortie de la cohorte des civilisations mondiales. Chacun forme ses propres civilisations. Erdogan rassemble la civilisation islamique, elle se définit : monde turc, monde sunnite, puis s'accorde avec les Iraniens. Nous nous dirigeons vers un endroit incompréhensible : nous avons couru vers l'Occident puis vers la Chine. Nous faisons tout pour détruire les fondements de notre civilisation : pour voler quelque chose, pour voler, pour s'installer quelque part. Dans cette situation et dans cet état d'esprit, nous n'avons pas d'avenir.
Le deuxième problème est l'intellect. Nous assistons aujourd'hui à une dégradation générale de l'intellect de l'humanité. Et le potentiel intellectuel est le principal potentiel de tout pays. Sans créativité, il ne peut y avoir de développement en quoi que ce soit. Et que faisons-nous de l'éducation et de la science ?
Aujourd'hui, le monde est en pause. Mais où sont dirigés les restes de notre intellect ? Non pas pour comprendre le cosmos, mais pour créer de nouvelles armes. Beaucoup est fait en Russie pour gagner une guerre qui ne sera plus jamais la même. Aujourd'hui, la principale arme de destruction massive est le psychotrope. Des milliards de cerveaux se tournent vers des décisions erronées, mauvaises et anti-humaines. Ces décisions sont prises pour créer des armes encore plus puissantes - climatiques et autres. La tâche principale est donc de changer la vision du monde selon laquelle l'homme n'est pas le maître de tout sur terre. C'est là qu'il a été créé avec toutes les conditions et qu'il s'est attaché à la définition de fonctions complètement différentes. Le bonheur n'est pas dans le fait que le bateau de quelqu'un soit plus cool, ni dans la création d'armes, ni dans la conquête du monde. L'intellect et la spiritualité sont les principaux éléments. Vous devez comprendre les patrons de TAM. Et tout le monde là-bas voit et entend tout.
J'ai fait un reportage au Centre nucléaire de Sarov : "Qu'est-ce que Dieu ? » Le Seigneur m'a corrigé : « Qui est Dieu ? » De là vient le contrôle de l'homme et de l'humanité, par le biais de notre cellule. Nous n'avons même pas compris la cellule, nous n'avons pas compris le corps humain. Le corps est un complément de l'homme en tant que créature cosmique, lui, l'homme, est temporaire.
Et bien sûr, il est très important de comprendre la Russie. Si les oiseaux, les moucherons, tous les animaux reçoivent un programme biologique et qu'ils l'exécutent jour et nuit, alors l'humanité ne peut pas vivre d'une manière différente, mais seulement en tant qu'espèce. Et ces espèces sont des civilisations ethnoculturelles mondiales. Pour la première fois, le Club de Rome propose de dissoudre les organisations publiques (ce qui est très dangereux), de commencer la dénationalisation et la création d'une religion commune - scientifico-védique. Cela ne peut être autorisé. Et alors que la Russie a encore les restes de l'intellect (pas seulement dans l'industrie des missiles), il est nécessaire de proposer un nouveau projet de l'univers. Il existe, mais il n'est pas organisé. Sinon, nous obtiendrons de bons slogans du même Club de Rome, mais l'essence du "maître du monde" restera la même. Nous devons y réfléchir.
Leonid Ivashov
Leonid Ivashov (né en 1943) - personnalité militaire, publique et politique russe. Colonel-général. 1996-2001 - Chef de la Direction principale de la coopération militaire internationale du ministère de la défense. Docteur en sciences historiques, professeur. Président de l'Académie des problèmes géopolitiques. Membre permanent du Club d'Izborsk.
Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc.