philosophie
Werner Sombart: le marchand et le héros
« Le marchand et le héros : ils constituent les deux grandes oppositions, les deux pôles de toute l’orientation humaine. Le marchand entre dans la vie en lui disant : que peux-tu me donner ? Il veut prendre, il veut, en échange du moindre effort, avoir le plus possible, il veut conclure avec la vie une affaire avantageuse. Bref : il est pauvre. Le héros entre dans la vie en lui demandant : que puis-je te donner ? Il veut faire des cadeaux, il veut se dépenser sans contrepartie. Bref : il est riche. Le marchand ne parle que de ses “droits”, le héros ne parle que de ses “devoirs” […] Nous pouvons dire encore que la mentalité mercantile tourne autour de l’intérêt, la mentalité héroïque autour de l’idée ; l’essence de celle-là est de réclamer, l’essence de celle-ci est de se sacrifier. »
Werner Sombart
Händler und Helden, 1915, cité par Alain de Benoist dans Quatre figures de la Révolution Conservatrice allemande, Les Amis d’Alain de Benoist, 2014.
Thésée et le Minotaure
Les héros sont les fruits des circonstances. Il n'y a pas de monstres sans héros ni de héros sans monstres.
Nécessairement, notre époque hantée de monstres et de démons engendrera aussi ses héros,
et les siècles futurs chanteront leur gloire.
Ainsi le veulent les dieux, qui entendent les prières des hommes.
Pierre-Olivier Combelles
Août 2020.
Détail: Ayant déroulé le fil d'Ariane, Thésée a pénétré dans le Labyrinthe et réussit à tuer le Minotaure.
Thésée et le Minotaure. Maître des Cassoni Campana, entre 1500 et 1525 (Collection du Musée du Petit Palais, Paris)
"Les anciens Musulmans - aussi bien Sunnites que Chî'ites - ont été unanimes sur la vérité d'al-Mahdî, sur le fait qu'il est de la Famille du Prophète, qu'il est le descendant d'al-Hussayn, que Dieu le réformera en un jour ou en une nuit, qu'il fera régner la justice et l'équité sur la terre à un moment où celle-ci aura été remplie d' injustice et d'iniquité, qu'il gouvernera sur la terre pendant sept ou neuf ans - selon les différents hadîths - qu'il conduira l'humanité au bonheur alors qu'elle aura sombré dans la misère, qu'il accueillera Jésus, fils de Marie, à sa "descente", que ce dernier priera derrière lui..."
Mohammad Bâqer al-Sadr: Le Mahdi (Le Messie) ou la fin du temps
Traduit et édité par Abbas Ahmad al-Bostani.
Rentré en Crète, le roi Minos fait enfermer dans un labyrinthe construit par Dédale le Minotaure, monstre hybride né de l'adultère infamant de la reine Pasiphaé et d'un taureau. (8, 152-169)
Le Minotaure, qui tous les neuf ans dévorait des jeunes Athéniens formant le tribut dû par Athènes à Minos, fut enfin mis à mort par Thésée, qui put sortir du labyrinthe grâce au fil d'Ariane, la fille de Minos : éprise de Thésée, elle lui avait donné un fil à dévider à l'aller et à enrouler au retour. Thésée, qui avait promis à Ariane de l'emmener avec lui, l'abandonna sur le rivage de l'île de Dia. C'est là que le dieu Liber la recueillit et la consola, perpétuant son souvenir en transformant en une constellation sa couronne princière. (8, 170-182)
8, 152 | Vota Ioui Minos taurorum corpora centum soluit, ut egressus ratibus Curetida terram contigit, et spoliis decorata est regia fixis. |
Minos s'acquitta de son voeu à Jupiter par un sacrifice de cent taureaux, |
8, 155 | Creuerat opprobrium generis foedumque patebat matris adulterium monstri nouitate biformis. Destinat hunc Minos thalamo remouere pudorem multiplicique domo caecisque includere tectis. Daedalus ingenio fabrae celeberrimus artis |
L'opprobre de la famille avait grandi, et un monstre étrange, à double forme, rendait évident l'adultère honteux de sa mère. Minos décide d'écarter de sa demeure cet être infamant et de l'enfermer dans un lieu aux recoins multiples, sous un toit aveugle. Dédale, très célèbre par son génie dans l'art de construire, |
8, 160 | ponit opus turbatque notas et lumina flexu ducit in errorem uariarum ambage uiarum. Non secus ac liquidus Phrygius Maeandrus in aruis ludit et ambiguo lapsu refluitque fluitque occurrensque sibi uenturas aspicit undas |
réalise l'ouvrage, brouille les repères, et par les courbes, les sinuosités des différents chemins, il induit en erreur les regards. Comme dans les champs joue le limpide Méandre de Phrygie, qui reflue et dévale en cascades indécises, se rencontrant lui-même, voyant les ondes venir à lui, |
8, 165 | et nunc ad fontes, nunc ad mare uersus apertum incertas exercet aquas, ita Daedalus implet innumeras errore uias ; uixque ipse reuerti ad limen potuit ; tanta est fallacia tecti. Quo postquam geminam tauri iuuenisque figuram |
tourné tantôt vers sa source, tantôt vers la mer et le large, et agitant ses eaux hésitantes, ainsi Dédale emplit de risques d'erreur des routes innombrables. À peine put-il lui-même retrouver le seuil de son ouvrage, tant il était truffé de pièges. On y enferma l'être à double figure, taurine et humaine. |
8, 170 | clausit, et Actaeo bis pastum sanguine monstrum tertia sors annis domuit repetita nouenis, utque ope uirginea nullis iterata priorum ianua difficilis filo est inuenta relecto, protinus Aegides rapta Minoide Diam |
Et après que le monstre se fut repu à deux reprises de sang d'Acté, il fut vaincu lors du troisième tirage au sort, répété tous les neuf ans. Avec l'aide d'une jeune fille, grâce au fil qu'il enroula à nouveau, le fils d'Égée retrouva difficilement la porte que nul avant lui n'avait refranchie. Aussitôt il enleva la fille de Minos, fit voile vers Dia, |
8, 175 | uela dedit comitemque suam crudelis in illo litore destituit. Desertae et multa querenti amplexus et opem Liber tulit, utque perenni sidere clara foret, sumptam de fronte coronam inmisit caelo. Tenues uolat illa per auras |
et, cruel, abandonna sa compagne sur le rivage de l'île. Tandis que, laissée seule, elle se répandait en plaintes infinies, Liber la prit dans ses bras et lui porta secours ; et, pour la célébrer par un astre éternel, il prit la couronne posée sur son front et la lança dans le ciel. La couronne s'envole dans l'air léger |
8, 180 | dumque uolat, gemmae nitidos uertuntur in ignes consistuntque loco, specie remanente coronae, qui medius Nixique genu est Anguemque tenentis. |
et, durant le vol, les pierres précieuses deviennent des feux éclatants et s'arrêtent à leur place, en conservant l'aspect d'une couronne, placée entre l'Homme agenouillé et celui qui tient le Serpent. |
OVIDE, MÉTAMORPHOSES, LIVRE VIII
[Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2007]
Source: http://bcs.fltr.ucl.ac.be/METAM/Met08/M-08-152-259.htm
Valery Korovin : Derrière les appels à la démolition de monuments en Russie se cache la logique du BLM. (Club d'Izborsk, 4 août 2020)
Valery Korovin : Derrière les appels à la démolition de monuments en Russie se cache la logique du BLM.
4 août 2020.
Les appels à la démolition de monuments des personnages historiques des siècles passés, devenus célèbres dans le domaine de l'expansion des frontières de l'État russe, non seulement dans le Caucase du Nord, mais aussi, par exemple, en Sibérie, sont de plus en plus fréquentes dans notre pays. Bien sûr, ces revendications ne sont pas dictées par l'oppression des peuples il y a deux cents, trois cents ou cinq cents ans, mais par leur politisation actuelle.
Bien sûr, tous les peuples qui ont cofondé l'État russe ont des droits égaux à son égard. Cependant, la politisation de telle ou telle nation, non seulement dans notre pays, mais aussi dans d'autres parties du monde, en lui accrochant les attributs d'une "nation politique", en la transformant en un "épouvantail" politique du monde moderne, est une menace pour l'intégrité de tout État. Et plus cet État est grand, plus la menace est forte.
Il est clair que la création de tout État, surtout si elle a eu lieu au cours des époques précédentes, la poursuite de sa création et l'obtention du pouvoir ont toujours été fondées sur la violence, le sang, l'oppression. Mais à l'ère de l'"humanisme minimal", dans laquelle nous ne sommes entrés que récemment, toute violence est diabolisée, en tant que telle. Ce type de diabolisation s'inscrit dans le cadre d'une idéologie libérale, dans laquelle l'institution de l'État est, en principe, dégoûtée et doit "s'effacer" - avec toutes ses fonctions et manifestations.
D'où le cri bien-aimé des libéraux et des "humanistes minimaux" qui disent que l'État est "trop", qu'il s'immisce trop dans nos affaires, oubliant sa fonction de "veilleur de nuit", qu'il est trop rigide et se laisse constamment contraindre.
Le mouvement "Black Lives Matter" aux États-Unis est un exemple frappant du rejet libéral de l'État et de la lutte contre celui-ci. Elle tente de détruire les restes de l'Amérique telle que nous la connaissons, dans le cadre d'un effort libéral pour "libérer l'homme". Cette dernière implique non seulement la libération de la violence d'État, mais aussi l'élimination de tout le paradigme de la civilisation occidentale, qui inclut naturellement l'histoire de l'Ancien et du Nouveau Monde. C'est ce mouvement, avec la pleine approbation des structures libérales mondialistes traditionnellement anti-étatiques, qui démolit aujourd'hui des monuments dans les États.
Exactement les mêmes tendances se manifestent aujourd'hui dans certaines régions russes, où l'État actuel doit être "réduit", avec ses postulats d'ordre et de discipline, et en même temps condamner ses diverses manifestations dans l'histoire.
En fait, le désir de démolir des monuments est une manifestation d'"humanisme minimal", que toute violence, même une bagarre de cour ou un incident dans un tramway où quelqu'un a marché sur le pied de quelqu'un, est considérée comme traumatisante et criminelle. Devant nous se trouve la "logique féminine" du féminisme libéral victorieux, qui ne s'arrêtera pas tant qu'il n'aura pas nettoyé les derniers symboles associés à la violence, y compris les monuments des bâtisseurs russes de l'État "entre les trois océans". Ce féminisme, dans son essence, est conçu pour minimiser toute manifestation de masculinité, de volonté.
Permettez-moi de vous rappeler que la fonction des hommes dans la société traditionnelle est de servir Dieu ou de mourir pour la patrie. Le reste, c'est-à-dire toute la sphère de la vie matérielle, est une voie féminine. En fait, ceux qui demandent la démolition de monuments et qui crient à l'oppression de l'État sont des gens qui ont pris le chemin de la "logique féminine". Pour l'essentiel, ce ne sont plus des hommes, mais des femmes, même si elles portent une barbe et des vêtements d'homme.
Dans ce sens, il s'agit d'un trouble mental, d'une maladie collective dont le danger public est d'affaiblir les piliers de l'État et de politiser artificiellement les peuples, totalement destructeur et désespérément postmoderne.
Valery Korovin
http://korovin.org
Valery M. Korovin (né en 1977) - politologue russe, journaliste, personnalité publique. Directeur du Centre d'expertise géopolitique, chef adjoint du Centre d'études conservatrices de la Faculté de sociologie de l'Université d'État de Moscou, membre du Comité eurasien, chef adjoint du Mouvement eurasien international, rédacteur en chef du portail d'information et d'analyse "Eurasia" (http://evrazia.org). Membre permanent du Club d’Izborsk.
Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc.
Carl Schmitt: Mais que veut donc la bourgeoisie libérale ?
Carl Schmitt (à droite) et Ernst Jünger en barque sur l'étang, devant le château de Rambouillet (octobre 1941).
"La bourgeoisie libérale veut donc un Dieu, mais il ne faut pas qu'il devienne actif ; elle veut un monarque, mais il faut qu'il soit impuissant ; elle réclame liberté et égalité, et néanmoins restriction du droit de vote aux classes possédantes, pour garantir à la culture et à la propriété l'influence nécessaire sur la législation, comme si la culture et la propriété donnaient un droit à opprimer les gens pauvres et incultes ; elle abolit l'aristocratie du sang et de la famille, mais elle permet le règne impudent de l'aristocratie financière, la forme d'aristocratie la plus stupide et la plus vulgaire ; elle ne veut ni la souveraineté du roi ni celle du peuple. Que veut-elle alors au juste ?"
Carl Schmitt
Alexandre Douguine: Un commerçant est un dégénéré qui n'a pas sa place dans la société traditionnelle ("Métaphysique du statut de guerrier")
(...)
Travailleurs libres, paysans libres, ils sont la base d'une société traditionnelle. Au-dessus d'eux se trouvent des soldats, et au-dessus d'eux des philosophes. Mais, encore une fois, il y a toujours des choses différentes "au-dessus". Comme dans le corps : au-dessus du foie, de la rate et de l'estomac se trouvent le cœur et les poumons, et au-dessus d'eux, la tête. C'est le modèle somatique de l'homme et il se trouve au cœur d'une société sacrée à trois fonctions.
Une telle structure de la société comme base a été détruite, bouleversée et renversée dans le processus des révolutions bourgeoises, quand un marchand européen a pris pour la première fois tout le pouvoir. Nous devrions parler séparément des commerçants, car un commerçant n'est catégoriquement pas un paysan, mais un dégénéré, n'ayant pas sa place dans la société traditionnelle. C'est une chose d'échanger à la foire certains objets contre d'autres. Mais c’est autre chose de se déplacer professionnellement pour acheter quelque chose à certaines personnes et le vendre à d'autres professionnellement. Seul un cochon peut le faire : c'est le "business" le plus ingrat et le plus dégoûtant. Un commerçant ne peut aider un travailleur que dans la bonne société. Aidez l'agriculteur à changer les biens qu'il a créés, emmenez-le avec les marchandises à la foire. Et le fermier remerciera un tel homme avec quelque chose qu'il a. Un biscuit, par exemple. Vous voilà - "marchand" - mangeant le pain d'épices pour votre travail - aide. Comme c'est bon : voici votre charrette, du haut du ciel, du bas de la terre, les oiseaux chantent... Ici, il est encore acceptable pour une société correctement organisée, et ici tout le reste - aller acheter aux uns et vendre aux autres - et même tromper les uns et les autres au prix, dans le seul but du profit... c'est évidemment terrible. Comme l'Institut de commerce, le département du marketing, l'Institut de la publicité... Tout cela est sciemment humiliant pour un être humain. Qui, parmi les personnes décentes, peut le faire ? Seules les "personnes" au corps malade et stupide peuvent être attirées par l'économie, exister et la dominer. Par conséquent, notre société moderne ne tolère ni un guerrier ni un philosophe.
(...)
Alexandre Douguine
Extrait de son texte: "Métaphysique du statut de guerrier" publié le 1er août sur le site du Club d'Izborsk (Russie).
Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc.
Alexander Dugin
http://dugin.ru
Alexander Gelievich Dugin (né en 1962) - éminent philosophe, écrivain, éditeur, personnalité publique et politique russe. Docteur en sciences politiques. Professeur de l'Université d'État de Moscou. Leader du Mouvement international eurasien. Membre permanent du Club d’Izborsk.
Alexandre Douguine: Le cheval blanc, le cheval noir et l'homme intelligent
(...)
En conséquence, si nous abordons la somatologie platonique de cette manière, alors un homme intelligent n'est pas seulement pas stupide, mais, ce qui est important, il n'est pas rusé, il n'est pas louche (qui sait comment percer, percer, voler quelque chose qui ment mal). Ces qualités, selon Platon, ne sont pas incluses dans le concept d'"esprit". Selon Platon, "l'homme intelligent" fait référence au principe φρόνησις (fronense) - il s'agit principalement de la capacité à se concentrer sur les idées, les pensées, la contemplation de l'éternel, ainsi que le désir de se détacher du monde extérieur. En d'autres termes, c'est une personne qui ne veut pas réussir dans le monde extérieur parce qu'elle ne se soucie tout simplement pas du monde. Selon la logique du monde, une telle personne est aujourd'hui méprisée comme "botaniste", "incapable", "inadaptée" et "marginale". Mais c'est l'homme que Platon appelle intelligent et il a un corps intelligent. Ainsi, le corps intelligent d'un homme intelligent est d'abord la tête et si la tête est activée, alors tout le reste est une structure somatique, la structure du corps est subordonnée aux impulsions venant de la tête. Et c'est une sorte de corps. Mais si un homme est retardé - alors il commence à se réveiller et à prendre le pouvoir sur la partie inférieure du corps, les organes qui se trouvent sous le diaphragme. Mais c'est un corps différent, qui a une activité différente : il y a un deuxième cerveau. Le cheval noir est un être humain à part entière, doté d'un cerveau spécial, mais vivant sous le diaphragme. C'est un homme assez complet et capable, mais il a changé qualitativement la structure du corps, toute l'activité corporelle par rapport au cheval blanc. Il respire différemment, fait circuler le sang dans ses veines différemment d'un corps intelligent.
Par conséquent, le corps d'un homme intelligent et le corps d'un homme stupide sont deux corps différents. Et cela peut être mesuré de manière qualitative. Lorsque la médecine traite du rythme cardiaque, de la pression, elle traite des paramètres de l'objet, qui se réfère à quelque chose qui n'est pas vivant. Elle traite une personne comme l'un de ses sujets scientifiques parmi ses autres sujets scientifiques. Mais si nous traitons l'étude du corps de l'intérieur, dans sa relation avec les centres qui le font revivre - ce sera une image très différente, plus complexe et d'autres mesures et paramètres.
Ce qui est important pour nous dans ce sujet, c'est que le corps d'une personne stupide n'est pas exactement stupide : il peut être intelligent à sa manière. Il est, par exemple, plus rapide pour sentir où se trouve quelque chose de mauvais (frit, appétissant, séduisant l'autre sexe) - c'est dans ce sens particulier que l'on parle de quelque chose de plus intelligent que tout. Alors que la conscience "botanique" du cheval blanc rate régulièrement une telle occasion et "ne comprend pas" qu'il lui serait avantageux de s'approprier quelque chose de pratique - de s'approprier, de faire carrière, etc. A l'heure actuelle, le cheval botaniste continue à assister à des séminaires philosophiques, à y réfléchir et en général à réfléchir à quelque chose de primordial...
(...)
Alexandre Douguine
Extrait de: "Métaphysique du statut de guerrier"
Publié le 1er août sur le site du Club d'Izborsk (Russie)
Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc
Alexander Dugin
http://dugin.ru
Alexander Gelievich Dugin (né en 1962) - éminent philosophe, écrivain, éditeur, personnalité publique et politique russe. Docteur en sciences politiques. Professeur de l'Université d'État de Moscou. Leader du Mouvement international eurasien. Membre permanent du Club d’Izborsk.
Valery Korovin : La puissance douce doit être aussi intelligente. (Club d'Izborsk, 31 juillet 2020)
Valery Korovin : La puissance douce doit être aussi intelligente.
31 juillet 2020.
La nomination d'Evgeny Primakov Jr. à la tête de Rossotrudnichestvo a commencé, comme prévu, par un audit anti-corruption. Et c'est bien, sauf pour commencer à travailler dans l'agence, qui absorbe des fonds publics en grande quantité depuis des années sans résultats visibles.
Et cela, évidemment, aurait dû être l'augmentation de l'influence de la Russie sur la scène internationale, le renforcement du niveau d'influence idéologique et de la présence culturelle. L'élargissement de la sphère d'influence politique de la Russie devrait également entraîner cela. En général, pendant toutes ces années, Rossotrudnichestvo était censé renforcer ce que l'on appelle communément le soft power.
Il est vrai que ce qui se cache sous cette formulation ne semble pas clair pour tout le monde et pas toujours compréhensible, y compris, apparemment, pour les anciens dirigeants de cette structure. En fin de compte, le nouveau dirigeant a une tâche non négligeable : préparer une stratégie pour le développement et le renforcement de cette force la plus douce - et commencer, en fait, tout depuis le début.
À mon avis, il faut commencer par le sens, c'est-à-dire que le soft power est l'une des méthodes de guerre. Sinon, pourquoi parler de pouvoir tout court. Mais la guerre, comme son nom l'indique, est douce. Cependant, nous avons déjà cette traduction de toute façon, une sorte de caillou du Soft Power américain - une méthode favorite pour influencer l'ennemi, qui est utilisée par le département militaire américain pour établir la domination mondiale américaine. Et le pouvoir, dans ce cas, n'est pas notre humble - pouvoir, mais l'arrogant américain - pouvoir, pouvoir. Que puis-je dire, les frais de traduction.
Dans tous les cas, la puissance douce est une méthode de guerre. Mais ces guerres ne sont pas classiques, dures (Hard) - et, si je puis dire, des guerres de l'esprit. Par conséquent, un autre analogue conceptuel de cette approche est le Smart Power. Dans de telles guerres, les partis opèrent non pas avec des armées et du matériel, mais avec des sens, des idées, des idéologies et même des codes culturels. Eh bien, l'une des parties fonctionne avec des sens, et l'autre se prépare encore à la guerre passée à l'ancienne. Cependant, cela ne ferait pas de mal non plus. Enfin, au moins ça.
Dans les guerres à venir, pour réussir à pénétrer profondément dans le territoire de l'ennemi et à établir son contrôle stratégique sur celui-ci, on utilise... non pas l'armée, mais un système de codes sémantiques. Le philosophe et théoricien culturel français moderne Michel Foucault l'a défini par la notion d’épistémè*. C'est lorsque la population du territoire que vous voulez contrôler vous parle dans le même langage sémantique, tout comme vous comprenez le contenu des concepts de base, des termes et partagez des valeurs communes avec vous.
En d'autres termes, si, par exemple, les États-Unis veulent établir un contrôle stratégique sur, disons, le territoire de la Russie, eh bien, hypothétiquement, alors, dans votre esprit, vous devriez commencer par imposer - d'abord aux élites, puis aux masses - votre épistémè. En règle générale, cela se fait par le biais d'un impact sur la culture. Et ici, l'art le plus important, comme le disait le classique, pour nous, c'est le cinéma. Et l'éducation, bien sûr.
L'ennemi cesse d'être un tel adversaire lorsque vous parlez la même langue - vous avez vu les mêmes films, vous aimez les mêmes acteurs, vous écoutez la même musique, vous lisez les mêmes livres. Vous avez les mêmes livres, les mêmes manuels scolaires et les mêmes interprétations des événements historiques qui y sont décrits. Le même système d'éducation - Bologne, par exemple. Mêmes significations - c'est beau de vivre, et les objectifs sont d'avoir un foyer à, disons, Miami.
Vous allez dans les supermarchés, oui, chacun à sa manière, la vente de Noël, celle d'avant le 25 décembre, bien sûr, et vous entendez le familier et proche de vous "Jingle bells, jingle bells, Jingle all the way" - et vous vous sentez chaud et confortable dans l'âme. Même si vous êtes sur des continents différents. Vous achetez les mêmes marques, enfin, les mêmes si près de chez vous. Et même vos comptes sont auprès des mêmes banques. La seule différence est que l'un de vous est l'agresseur et l'autre la victime. Et la victime, ne considérant pas l'agresseur comme un ennemi, mais au contraire comme un ami, parce que vous avez tant de choses en commun. OK ?
Pour que la victime soit souple et prête à être massacrée, pour qu'elle ne résiste pas mais soit chaleureuse et prête à se détendre et à profiter de l'acte de violence dont elle est victime, elle doit être avec l'agresseur dans un seul épistémè des sémantiques, dans un seul système de coordonnées culturelles, idéologiques et politiques. Et si on lui dit "démocratie", elle devrait comprendre que nous parlons de la démocratie américaine. Si on lui dit "culture" - il ne doit pas hésiter à entendre : la grande culture américaine. Avec l'expression "bonne vie", la conscience de la victime devrait se compléter - "aux États-Unis".
L'Amérique est un paradis. L'OTAN est un rempart de la liberté et de la démocratie. Education - Harvard, Yale. En dernier recours, l'Oxford britannique. Travailler et vivre - seulement à l'Ouest. Le sciage et le roulage en tant que fonctionnaire en service se fait en Russie. Une victime bien préparée doit réagir aux ordres, fêter Halloween et la Saint-Valentin, chanter "Happy birthday to you" à ses enfants dès leur naissance, les donner à une école anglaise dès qu'ils apprennent à marcher, et déjà de la crèche se préparer pour l'Ouest.
Une telle population ne verra pas en un soldat de l'OTAN un agresseur, et les Marines américains pour lui depuis l'enfance - le sauveur de l'humanité, porteur de démocratie et de sécurité. L'homme avec le drapeau américain sur son chevron est le sien. Parce que dans son film préféré, il est exactement le même. Et c'est tout l’épistémè occidental, américain - un système sémantique de coordonnées imposées à l'ennemi afin de le transformer en une victime docile.
Cette transformation est l'apanage du pouvoir doux et intelligent. Vous êtes maître d'une position n'importe où dans le monde lorsque vous vous appuyez sur votre épistémè - un code sémantique sur lequel est construit tout le système de valeurs où se trouvent vos intérêts stratégiques : des jouets des enfants et de l'éducation scolaire aux étapes et objectifs de la vie dérivés de la même racine des sens en croissance.
Mais pour imposer votre épistémologie à quelqu'un, vous devez avoir une pensée paradigmatique, avec tout ce qui est alternatif à celui opéré par vos adversaires. Ce n'est qu'alors que vous pourrez imposer votre système de valeurs, votre vision du monde et vos points de vue comme une alternative, en créant sur leur base une source de domination idéologique et sémantique. Ou du moins d'influencer. C'est ce qu'est le soft power. Toutefois, cela ne signifie pas qu'une armée ordinaire et classique pour une guerre intelligente ne sera pas du tout nécessaire. Oui, mais à la toute fin, comme facteur de finition, pour le balayage final. Mais d'abord, l'esprit et les codes culturels.
Est-ce que quelque chose comme cela a un rapport avec Rossotrudnichestvo ? Il serait souhaitable qu'avec la nouvelle direction, l'activité de cette structure devienne au moins un peu intelligente, sinon tout serait difficile.
Entendez-vous le son des cloches du Jingle dans votre tête ? Regardez votre Apple, c'est peut-être Google qui a activé la diffusion de la matrice culturelle américaine, imposant un paradigme sémantique d'agresseur à sa victime, et vous ne l'avez même pas remarqué ? Parce que c'est si doux, si familier, et si agréable...
Valery Korovin
http://korovin.org
Valery M. Korovin (né en 1977) - politologue russe, journaliste, personnalité publique. Directeur du Centre d'expertise géopolitique, chef adjoint du Centre d'études conservatrices de la Faculté de sociologie de l'Université d'État de Moscou, membre du Comité eurasien, chef adjoint du Mouvement eurasien international, rédacteur en chef du portail d'information et d'analyse "Eurasia" (http://evrazia.org). Membre permanent du Club d’Izborsk.
Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc.
* Ndt: Épistémè: « M. Foucault appelle épistémè le socle sur lequel s'articulent les connaissances, autrement dit les cadres généraux de la pensée propres à une époque (à ce titre cette notion est proche de celle de « paradigme » introduite par le philosophe des sciences Thomas S. Kuhn). Dans Les Mots et les Choses, M. Foucault soutient que l'histoire du savoir dans la pensée occidentale après le Moyen Age n'est pas linéaire et connaît deux grandes discontinuités : l'une vers le milieu du XVIIe siècle, qui donne naissance à l'âge classique, et l'autre au début du XIXe siècle, qui inaugure notre modernité. Depuis le Moyen Age, on peut donc distinguer trois épistémès. Jusqu'à la fin du XVIe siècle, l'étude du monde repose sur la ressemblance et l'interprétation. Un renversement se produit au milieu du XVIIe siècle : la ressemblance n'est plus la base du savoir car elle peut être cause d'erreur. Une nouvelle épistémè apparaît, reposant sur la représentation et l'ordre, où le langage occupe une place privilégiée. Il s'agit désormais de trouver un ordre dans le monde et de répartir les objets selon des classifications formelles, tel le système de Carl von Linné qui s'attache à classer les espèces animales et végétales. Mais cet ordre va lui-même être balayé au début du XIXe siècle par une autre épistémè, placée sous le signe de l'histoire. La philologie succède ainsi à la grammaire générale tandis que la notion d'évolution prend une place centrale, notamment dans l'étude des êtres vivants... L'historicité s'est immiscée dans tous les savoirs. Or cette épistémè de la modernité voit apparaître pour la première fois la figure de l'homme dans le champ du savoir avec les sciences humaines. »
Alexandre Douguine : Bienvenue à la Gestapo libérale. (Club d'Izborsk, 29 juillet 2020)
Alexandre Douguine : Bienvenue à la Gestapo libérale.
29 juillet 2020.
YouTube et Google ont bloqué ma chaîne de conférences philosophiques et mon compte de messagerie. Pas d'explications, pas de raisons. Comme beaucoup le savent, il y a eu presque exclusivement des conférences philosophiques sur le platonisme, Aristote, la phénoménologie et la psychologie. Tout cela sera désormais diffusé sur paideuma.tv.
Nous préparons un congrès en ligne en langue anglaise sur la quatrième théorie politique le 1er août à 20 heures à Moscou. Peut-être que mon discours de bienvenue est devenu une raison formelle de fermer la chaîne. Mais il était fermé, j'avais prévu de l'ouvrir plus tard. Mais même un visionnage nul peut effrayer les chiens enragés du libéralisme. Ils sont vulnérables, lâches et peureux. Et en même temps, vous pouvez comprendre à quel point les idées sont cruciales. La lutte pour l'avenir est avant tout la lutte des idées. Telle est la conclusion qu'il convient de tirer.
Tous les autres canaux YouTube qui me sont connectés - Geopolitika, Paideuma, etc. - sont également fermés. Purges totales, la Gestapo libérale. Bienvenue.
Ce discours est probablement le déclencheur de la répression.
Quelles sont les conclusions ? Le libéralisme est une idéologie totalitaire extrémiste et intolérante, et ses outils techniques, qui semblent "neutres", sont des instruments de terreur idéologique. Aujourd'hui, Soros et les activistes de YouTube/Google, ainsi que BLM, les anti-fascistes et les LGBT+, mènent une guerre civile aux États-Unis contre le plus conservateur Trump. Tout se passe donc comme prévu. Dans cette optique, le libéralisme devrait être interdit en tant que secte totalitaire agressive utilisant des méthodes terroristes. La lutte contre le libéralisme est le devoir de toute personne décente.
Tous les cours et conférences se poursuivront sur paideuma.tv. Si vous avez des idées pour nous aider à développer notre portail éducatif paideuma.tv, nous vous en serions reconnaissants.
Alexandre Douguine
http://dugin.ru
Alexander Gelievich Dugin (né en 1962) - éminent philosophe, écrivain, éditeur, personnalité publique et politique russe. Docteur en sciences politiques. Professeur de l'Université d'État de Moscou. Leader du Mouvement international eurasien. Membre permanent du Club d’Izborsk.
Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc
PAIDEUMA.TV : http://paideuma.tv
Alexandre Douguine: Thoughts during the Plague № 1. Black vengence of light god. Fourth political theory.
Ndt: Notice Wikipedia (en allemand) sur Paideuma:
Paideuma (du grec παίδευμα, dérivé de pais, "enfant" ou "garçon") fait référence à l'éducation, y compris l'auto-éducation.
Dans l'étude Paideuma. Dans les grandes lignes d'une théorie de l'âme et de la culture (1921), l'anthropologue culturel Leo Frobenius part du principe que toute culture humaine est une sorte d'organisme et que cela conduit à la conclusion qu'une culture n'est pas une simple collection de phénomènes (par exemple des œuvres d'art, des techniques), mais la manifestation d'un sentiment de vie formé et façonné par son environnement et par son (auto-) éducation. Chacun a donc un style culturel unique. Celle-ci se caractérise par une certaine mentalité (situation de l'âme), ce que son terme Paideuma dénote.
Chaque phénomène culturel individuel est à l'origine toujours une expression de ce Paideuma.
Cf. également Oswald Spengler.
Sébastien Renault: COVID-isme, sécuritarisme et racialisme : armes d’auto-aliénation
COVID-isme, sécuritarisme et racialisme : armes d’auto-aliénation
Publié le 20/07/2020
par Sébastien Renault
https://plumenclume.org/blog/583-covid-isme-securitarisme-et-racialisme-armes-dauto-alienation
Et milites plectentes coronam de spinis imposuerunt capiti ejus. (In 19:2) [1]
Les nombreuses contrevérités qui s’immiscent et gouvernent nos façons quotidiennes de voir et de penser ne sont que rarement transmises et enseignées à la lumière du grand jour de la saine raison. Car, comme disait Gödel :
« Chaque erreur résulte de facteurs étrangers (tels que l’émotion et l’éducation) ; la raison elle-même ne s’égare pas. »
Armés de la raison sans entraves, nous aurions tôt fait de nous affranchir des mensonges largement répandus et consommés comme du petit lait par l’esprit contemporain, épris de tolérance et de multiculturalisme, mais finalement rivé sur lui-même à travers les effets réflecteurs des médias sociaux et incessamment pris au piège des fausses « nouvelles » du moment.
La destruction délibérée de l’économie par l’exécution d’une crise pandémique soigneusement orchestrée ; l’embrassement contre-immunitaire d’une nouvelle religion sécuritaire incarnée par le port universel du masque facial de la peur collective ; et enfin, la mise en acte d’une représentation raciale du monde (oppressé-oppresseur) visant à la censure d’autrui (l’oppresseur suprémaciste) par consensus victimaire (l’oppressé minoritaire) comme moyen de renversement de l’ordre socio-épistémique en place. Ces trois grandes lignes de subversion civilisationnelle se rencontrent et s’entrelacent au cœur du programme de refonte accélérée du monde en 2020. COVID-isme, sécuritarisme et identitarisme, ou les trois faces d’un même virus intellectuel auto-aliénateur infestant l’humanité au moment où son système d’immunité rationnelle est au plus bas.
Nouvelles vagues en Amérique ? La ritournelle alarmiste
Traitons donc du cas américain, transposable ailleurs. Le tout tient dans le simple rapport de proportionnalité suivant : si l’on augmente de manière significative le nombre de personnes testées, on augmente par-là aussi le nombre de cas dits « positifs » (quelle que soit d’ailleurs la raison réelle ou la souche virale derrière ces nouveaux cas officiellement déclarés « positifs », puisqu’il y a en réalité plusieurs souches et donc divers coronavirus affectant, comme chaque année, un certain nombre de patients, pour la plupart asymptomatiques). Sans compter qu’aucune des statistiques présentées au jour le jour par la presse officielle, statistiques se rapportant au nombre de cas infectés par quelques formes de coronavirus, ne peut être considérée comme fiable—faute de précision attestée pour ce qui est de détecter spécifiquement COVID-19.
Avec l’émergence des « nouvelles vagues » dans quelques États américains, les questions clés suivantes ne sont curieusement pas soulevées par les principales instances médiatiques :
- Le nombre de décès augmente-t-il en fonction du nombre de cas d’infections liés à COVID-19 ?
- Le taux de mortalité en 2020 est-il plus élevé que les années précédentes ?
- Les décès respiratoires sont-ils en hausse ?
Il est utile de rappeler quelques informations statistiques de base relatives à l’évolution de l’épidémie aux États-Unis. Par exemple, les données actuelles montrent que le taux de mortalité jusqu’à présent pour 1 000 individus (10^n = 10^3), si l’on accepte le nombre total de décès fournis par le CDC (dont beaucoup ne sont pas, en réalité, causés par COVID-19) avoisine les 0.42 %. Utile, par ailleurs, de se rappeler que les statistiques fournies par le NCHS [2], qui incluent tous les décès survenus au cours d’une période donnée (par mois, par semaine, par jour), ne font pas la différence entre la pneumonie, la grippe et COVID-19. Pour le reste, à l’échelle globale, contrairement à la grippe saisonnière, la mortalité infantile est proche de zéro, ce qui fait bien sûr baisser la proportion mondiale de décès chez tous les individus infectés, tous âges confondus (dont beaucoup ne sont pas, en réalité, infectés par COVID-19).
Il est également important de garder à l’esprit que l’épidémie COVID-ique, en 2020, semble suivre les tendances générales observées lors des pandémies précédentes. Particulièrement notable est le fait que la proportion de décès liés à COVID-19 par rapport au nombre total de cas infectés est d’abord relativement élevée, puis tend rapidement à la baisse.
En outre, l’incertitude considérable quant au nombre de personnes ayant effectivement contracté la maladie COVID-ique, nombre qui doit bien entendu inclure les cas asymptomatiques (une donnée indéterminée), signifie que la proportion officielle de décès parmi toutes les personnes infectées se traduit toujours par un nombre surestimé. Ce qui fait bien sûr l’affaire du catastrophisme médiatique habituel.
Finalement, le taux de survie au COVID-19 outre-Atlantique pour les individus en bonne santé et de moins de 65 ans est supérieur à… 99,8 %. On approche donc de l’immunité collective. Dans le cadre américain, le fait est que les politiciens de tous bords, assistés des forces armées du mensonge médiatique à tout crin, ont mis près de 45 millions de personnes au chômage, sans autre justification que l’alarmisme dérivé de modèles épidémiologiques informatiques sans valeur. Ce sont ces élites incompétentes et sans la moindre stature morale qu’il faut tenir pour les véritables responsables d’un tel désastre économico-humain, non pas le virus.
Pour s’en convaincre, il suffit de remarquer que l’épidémie de grippe de 2018 a entraîné des taux de mortalité plus élevés qu’en 2020, malgré l’influence (politique) catastrophisée de COVID-19… Résultat, le taux de mortalité lié à COVID-19 s’avère considérablement inférieur à ce qui avait été anticipé par les experts de l’alarmisme politico-médiatique. Il s’agit simplement d’un fait d’observation statistique curieusement ignoré dans les reportages quotidiens traitant de l’étendue de l’épidémie outre-Atlantique... En fin de compte, la seule façon d’approcher un semblant de détermination précise quant aux effets réelsde COVID-19, est de bien différencier et comprendre les données proprement relatives aux décès de celles proprement relatives aux causes de décès.
Il y a beaucoup d’intox médiatique dans les nouvelles françaises quant à la gravité réelle des « nouvelles vagues » d’infections en Amérique. Ce que les médias se gardent bien de rappeler à ceux qui s’imposent encore la torture de les écouter, c’est qu’un nombre croissant de cas rapportés d’infections (comme on le voit actuellement dans certains États américains, particulièrement en Floride, au Texas et dans l’Arizona) et un nombre en baisse de décès par jour sont la double indication d’un amoindrissement graduel de l’influence et de la gravité du virus. Recrudescence des cas d’infections et diminution des décès signifie un taux de mortalité plus faible et signifie aussi que nous nous dirigeons dès lors vers l’immunité collective. Il suffit d’ailleurs, pour s’en convaincre sur une base statistique encore plus facilement mesurable, de vérifier le taux de mortalité par jour, simplement obtenu en divisant le nombre de décès quotidiens par celui des nouveaux cas d’infections.
Si nous adoptions un point de vue véritablement rationnel, fondé sur les données mesurables stricto sensu, nous nous concentrerions sur l’acquisition de l’immunité collective plutôt que de chercher à tous prix à ralentir la propagation de l’infection, notamment à coup de port de masques, nuisibles à la santé immunitaire, mais désormais obligatoires (en France).
Le fait que la plupart des gens ne soient pas conscients de ces considérations statistiques élémentaires montre à quel point la propagande règne à plein, véritable virus intellectuel et d’emprise des esprits par le contrôle et par la peur collective inoculée.
Signe des temps : sécuritarisme et contradiction masquée
En 2020, les masques agissent comme un insigne de responsabilité sociale et d’attestation de protection mutuelle pratiquement indiscutable. Et pourtant, il n’existe aucune démonstration de nature scientifique sur laquelle nous appuyer pour établir l’efficacité protective des différents types de masques faciaux contre la propagation des virus respiratoires épidémiques. L’utilité réelle de ces masques fait donc problème, méritant une réflexion à tête reposée.
Si, plutôt que de céder à la panique et à la peur médiatiques, nous appliquions la méthode scientifique à la question importante de l’efficacité de ces masques, il faudrait également prendre en considération leurs effets potentiellement, voire manifestement délétères (voir quelques exemples ci-dessous). Conformément à ladite méthode, les scientifiques effectueraient par suite des essais un peu partout à travers le monde pour tester et mesurer les effets tant du port que de l’absence de masques, puis comparer enfin les résultats. Cependant, la méthode scientifique n’est plus à l’ordre du jour de l’analyse et de la résolution des grands problèmes ou des apparences de grands problèmes contemporains. Les pandémies virales, comme tous les alarmismes promulgués par le système politico-médiatique de contrôle mondialiste, sont en premier lieu des phénomènes de traumatisme manipulatoire des peuples. Le cas 2020 l’atteste au grand jour.
Revenons quelques instants sur l’emblème, aujourd’hui universel, du sécuritarisme dogmatique, à savoir le port du masque facial. Nous nous limitons ici à quelques brèves remarques de nature pragmatique, pour mettre en lumière quelques-uns des problèmes rarement soulevés dans les sermons journalistiques quotidiens axés sur la propagande d’imposition salutaire du masque.
Comme chacun peut en faire l’expérience, il est plus difficile de respirer normalement lorsqu’on se couvre le visage, ne serait-ce que d’un masque chirurgical, plus fin. On peut encore attirer l’attention sur les complications et dangers éventuels associés à la nouvelle mode masquée :
1) Le port du masque tend à amplifier les problèmes de santé chez les personnes atteintes de troubles respiratoires ou autres.
2) Il ne devrait pas non plus être porté par les personnes en bonne santé.
3) Car les masques peuvent avoir un impact négatif sur les mécanismes respiratoires et épidermiques de la thermorégulation humaine (en raison, notamment, de la thermo-sensibilité du visage), ce qui les rend difficiles à porter en permanence.
4) L’accumulation rétentive du CO2 expiré à l’intérieur des masques faciaux, comme les climato-alarmismes se devront d’en convenir, présente certains dangers potentiels pour la santé tant respiratoire que psychosomatique des porteurs de masques.
5) etc.
D’un point de vue strictement physique d’analyse de l’efficacité de filtration par les masques, le problème va porter sur la différence d’acabit entre agents pathogènes bactériques aéroportés (bioaérosols) et agents infectieux proprement viraux (les virions). La taille du diamètre des particules hébergeant les noyaux infectieux du virus COVID-19 varient entre 50 nm et 150 nm, c’est-à-dire entre 5 × 10^-8 m et 1,5 × 10^-7 m, ce qu’aucun morceau de textile ne peut efficacement arrêter. Pour retraduire la chose à une échelle de grandeur plus en lien avec notre expérience consciente des objets palpables du monde, considérons que le rapport d’un virion de COVID-19 à la structure d’un morceau de textile placé sur la bouche et le nez d’un porteur de masque est proportionnellement celui d’un petit insecte volant (de l’ordre de grandeur d’un moustique) à la structure en mailles d’acier d’un grillage de jardin.
En 2020, la nouvelle religion mondiale est, pour le dire en Latin, la Corona-hysteria. Le rite central de cette fausse religion consiste à porter un masque politique de contrôle mental imposé par peur collective, lequel port de masque induit la satisfaction d’un sentiment vertueux de responsabilité publique hautement méritoire chez les sujets ainsi accoutrés du Nouvel Ordre Mondial Coronal. Dans cet esprit, les masques entretiennent encore, par contraste, la paranoïa et la stigmatisation des dissidents « irresponsables » et « criminels » (une minorité en passe de se voir sérieusement victimiser, si la « nouvelle normalité » venait à s’instaurer pour de bon).
Le mouton contemporain masqué est ainsi conforté dans la perception cultivée qu’il « sauve des vies » par le port de son signe d’esclavage. Contradiction masquée en acte ! Car il ne sauve rien du tout, sinon bien sûr les seules apparences d’une vertu sans liberté réelle, car mise au service de l’aliénation intellectuelle d’une majorité de sujets étatisés par le jeu de règles essentiellement arbitraires. Derrière l’utilisation universelle « vertueuse » des masques faciaux comme pratique hygiénique « sotériologique» se dissimule donc l’imposition drastique d’une mise au pas des peuples, traités comme du bétail étiqueté, traqué et confiné au gré des caprices et des directives despotiques des maîtres du spectacle du monde.
Théorie raciale : piège à cons du pouvoir dystopique
Le projet de démantèlement de l’ordre établi et de réforme de la société ambiante passe enfin par l’utilisation omniprésente de certaine outils linguistiques pour traiter des relations raciales aujourd’hui antagonisées, à dessein et à outrance, à travers le monde entier. La neutralisation et le piratage de la raison individuelle au profit de l’induction collective du raisonnement émotionnel sont des étapes nécessaires à la mise en place d’un tel renversement. Dans le cadre du racialisme, terme que nous utilisons ici pour désigner spécifiquement la théorie conflictuelle de la race qu’il est désormais d’usage d’imposer à tous, il est interdit de penser et de s’exprimer sur la base de catégories objectives susceptibles d’ « offenser » les sensibilités identitaires des « minorités » dites « opprimées » (gens de couleurs, homosexuels, etc.).
Le racialisme, en réalité, ne cherche ni l’égalité, ni la justice. Au lieu de cela, au même titre que l’antiracisme spectaculaire (ou racialisme en acte de lutte ouverte contre le « racisme systémique » et le « privilège blanc »), il classe les gens en fonction de la couleur de leur peau. De même, plus généralement, l’identitarisme va faire de la race ou de l’ « orientation sexuelle » d’une personne le point de départ d’une classification de la société entre opprimé ou oppresseur—et pousser l’antagonisme jusqu’à l’inversion de ces deux catégories, en faisant passer les victimes de son terrorisme antiracisme (e.g. BLM) pour des agresseurs systématiquement racistes…
Remarquons, en amont de l’exécution pratique et aujourd’hui contagieuse du racialisme hystérique ravageant l’Amérique, que l’entièreté de son système éducatif public, de l’élémentaire au supérieur, est aujourd’hui transformée en un dispositif politico-administratif d’endoctrinement effréné au service de la déstabilisation sociale. Les élèves y apprennent la victimisation, le sectarisme « libéral », le fanatisme de la tolérance intolérante, la haine raciale blanche (antiracisme raciste oblige), la fluidité genrée, etc.
De leur côté, les universitaires ont depuis longtemps conçu et promulgué les identités (raciales et sexuelles) comme des constructions sociales œuvrant à la préservation des systèmes d’oppression, par quoi il faut principalement comprendre, selon eux : la race blanche, la religion et la morale chrétienne, la différenciation sexuelle...
C’est dans ce double cadre éducationnel et philosophique qu’il faut comprendre le phénomène ritualisé d’agenouillement devant le terrorisme antiraciste, signe servile de consentement politicard au pillage, à la violence anti-policière, au renversant néo-iconoclasme des statues, au chaos de l’immoralité libérale libertaire poussée dans les derniers retranchements de son hypocrisie institutionnelle. Les grandes faussetés de notre temps inspirent donc les factions politiques et les mouvements révolutionnaires qui font rage aujourd’hui à ne plus faire qu’une seule chair. On y voit donc beaucoup plus clair. Inutile de préciser que ce genre d’ « union sacrée » ne se contracte pas au paradis, mais bien plutôt en enfer. D’où les fruits putrescents aujourd’hui récoltés.
La subversion à laquelle nous assistons au grand jour sous le régime de la Corona-hysteria et de l’explosion des émeutes racialistes à travers l’Amérique révèle ainsi quelque chose de l’étendue réelle du travail de fondation de ce contrôle mondialiste extralégal, s’exerçant par la peur, l’inversion manipulatoire et la désactivation dystopique de la raison : destruction de la figure du père, de la famille traditionnelle, de la filiation, dès lors de la civilisation elle-même et de ses principaux piliers d’édification culturelle, à commencer par celui de l’ordre moral dérivant de la loi naturelle. Il fallait d’abord avoir soumis et aliéné les peuples contemporains par l’inhibition volontaire de leur capacité de résistance pour parvenir à une telle prostration de l’appareil civilisationnel en Occident, aujourd’hui bel et bien postchrétien.
Nous parvenons donc à cet état d’inversion généralisée, de terroristes domestiques avançant sous les voiles de l’antiracisme et traitant d’ « agresseurs » et de « fachos » ceux qui osent résister, au moyen du droit et de la raison, à leur fureur dévastatrice rémunérée. L’esprit du contemporain, fixé sur le flot incessant des nouvelles façonnées et relayées par les médias sociaux, ne résiste bientôt plus au tour prestidigitateur de renversement de la réalité qui s’opère devant ses yeux, stupéfié qu'il est par l’évènementiel immédiat et l’autorité présumée des « storytellers » dominants. À la déstabilisation et à la violence physique sponsorisées par l’appareil de pouvoir d’État, s’ajoute ainsi le matraquage psychologique de la désinformation médiatique, les deux pouvoirs s’unissant dans un même effort de justification des forces de la brutalité anti-civilisationnelle contre la défense rationnelle de la civilisation… Le satanisme, ou la pratique de l’inversion systématisée !
Remarquons en outre que, selon la direction et l’ampleur de tels ou tels intérêts du système global de manipulation et de contrôle des peuples (la « matrice » dont nous éprouvons aujourd’hui, plus que jamais, le pouvoir mondialisé), il s’agira davantage d’éluder les effets d’une prise de conscience publique portée sur ses aspirations et méthodes entièrement malthuso-mammoniques. C’est ce qu’on peut constater derrière le spectacle organisé du pillage sauvage des commerces et des quartiers de grandes villes américaines par les manifestants et émeutiers pyromanes au service de BLM [3] et d’autres organisations décentralisées de type ANTIFA [4]. En réalité, ce déploiement littéral de violence terroriste antiraciste fait partie intégrante d’un processus de manipulation traumatique visant à l’induction d’une amnésie plus profonde. On fait par-là oublier à la psyché collective l’étendue et la réalité (d’abord invisible) d’un autre pillage, ô combien plus crapuleux. On se souviendra, pour donner un exemple, que les banquiers rapaces de Wall Street pillèrent l’Amérique il y a une dizaine d’années, par l’imposition de conditions frauduleuses d’emprunt et d’intérêt, pour amasser finalement des milliards supplémentaires sous forme d’argent du contribuable... Le mammonisme, dans toute sa splendeur pillarde sans scrupule !
Aujourd’hui, ce pillage corporatif et bancaire continue. Dans le système actuel, le fondement de la structure économique mondiale n’est autre que l’argent de la dette. Contrairement à l’argent réel, cet « argent » consiste en fausse monnaie virtuelle. La Réserve fédérale imprime des milliards de dollars en monnaie fiduciaire, volant ainsi la valeur de l’argent réel gagné et économisé par le peuple. La chose relève ni plus ni moins de la déprédation fiscale silencieuse.
Les peuples sont ainsi spoliés par le système bancaire mondial et par les gouvernements complices de cette grande escroquerie usurière. L’économie actuelle, fondée sur la dette, nous asservit par-là aux banques, avec le concours consciencieux de nos gouvernements. Rappelons au passage que cette usure institutionnelle, vrai ressort de l’ordre économique mondial actuel, fonctionne sur le modèle sodomique-contraceptif de l’infertilité institutionnelle. Dans les deux cas, la révolte porte sur l’existence même d’une loi naturelle, parce qu’un tel ordre immanent à l’organisation sociale et financière des échanges humains sous-entend encore la primauté d’une régulation divine de ses choses, moyennant la lumière d’une révélation religieuse. Il est clair qu’à cette lumière, l’usure et l’infertilité se rejoignent comme deux abominations similairement contrenature [5].
En fin de compte, subjugué par la vision libéraliste du monde, par ses catégories de conflits binaires et de résolution par la violence révolutionnaire, impossible de se soustraire jamais de la manipulation polarisée en laquelle nous contraint le bipartisme de l’appareil de pouvoir démocratique dominant [6]. Ce pourquoi la solution anarchique et communiste, que prônent de nouveau en 2020 les « minorités opprimées » à l’encontre de l’économie de finance corporative et bancaire favorisée par la minorité des ultras riches (de gauche comme de droite), n’est autre qu’une stratégie d’auto-aliénation à l’intérieur du mirage dystopique décrété par l’oligarchie mondialiste. Autrement dit, un vrai piège à cons ! C’est d’ailleurs ce que l’histoire nous enseigne. Le révolutionnarisme libertaire racialiste n’est en réalité qu’un attrape-couillon ne profitant qu’à ceux qui possèdent déjà le pouvoir et les moyens de le conserver.
Moralité…
Polarisation politique accrue, montée de l’autoritarisme libéraliste global, influence gargantuesque des médias sociaux (diffusion et publication répétées de mensonges et de canulars), piège à cons de la politique identitaire (sexuelle et raciale),... La lumière de la raison disparaît donc des sociétés contemporaines. La violence va s’aggraver en conséquence, en fonction directe de la domination du raisonnement émotionnel et de l’ignorance des masses protégée par les médias de la contrevérité organisée. Leurs maîtres dystopiques savent exactement ce qu’ils font.
Une des très rares belles chansons des années 80 avait, quelque part, capturé quelque chose de cette grande vérité universelle (qu’on ne peut certes bien comprendre et proprement actualiser qu’à la lumière du saint l’Évangile) que saint Paul appelle « la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Romains 8, 21). Composée par un artiste tant atypique qu’inspiré [NDLR: Hervé Cristiani], (paix à son âme), cette chanson bien connue s’intitule simplement : « Il est libre Max ». Un vrai programme, en ces temps de contrevérités informationnelles omniprésentes, d’ingénierie cognitive-comportementale, d’identité politico-raciale et d’aliénation volontaire, ou de confinement.
Comme le disait encore l’observateur toujours subtil et pénétrant, Israël Shamir, dans un article récent traduit et relayé sur ce site : « Bas les masques, et vive la liberté » [7].
Notes
[1] « Et les soldats, ayant tressé une couronne d’épines, la lui posèrent sur la tête. » (Jn 19, 2)
[2] Le National Center for Health Statistics, une division du CDC : https://www.cdc.gov/nchs/covid19/index.htm
[3] Mouvement politico-séditieux voué au recrutement et à la « formation » de militants Noirs au sein et au-delà de la communauté afro-américaine, en vue de les transformer en agitateurs-saccageurs professionnels (donc rémunérés), aujourd’hui avec le soutien financier d’organisations et d’entreprises parmi les plus affluentes au monde, y compris les fédérations sportives (notamment la Formule 1, centrée sur sa figure marketing « noire » vedette, Lewis Hamilton, fer-de-lance propagandiste parmi les nombreuses célébrités œuvrant à la solde de BLM).
[4] La machine de destruction sociétale portant les couleurs « ANTIFA et BLM » dérive son identité primordiale du schéma révolutionnaire mis en avant par Saul Alinsky (1909-1972), s’inspirant lui-même des principes énoncés par l’école de théorie critique et d’ingénierie sociale de Francfort au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
[5] Voir https://plumenclume.org/blog/40-interet-usuraire-bougrerie-et-avortement
[6] De son temps déjà, Alexander Hamilton (1755-1804) l’avait bien compris, qui appelait les partis politiques « la maladie la plus mortelle ».
[7] https://plumenclume.org/blog/580-bas-les-masques-et-vive-la-liberte (du titre original, en anglais : Unmasking Freedom).
SOURCE: https://plumenclume.org/blog/583-covid-isme-securitarisme-et-racialisme-armes-dauto-alienation
IL EST LIBRE MAX
Hervé Cristiani
Il met de la magie, mine de rien, dans tout ce qu´il fait
Il a le sourire facile, même pour les imbéciles
Il s´amuse bien, il n´tombe jamais dans les pièges
Il n´se laisse pas étourdir par les néons des manèges
Il vit sa vie sans s´occuper des grimaces
Que font autour de lui les poissons dans la nasse
Il est libre Max, il est libre Max!
Y´en a même qui disent qu´ils l´ont vu voler
Il travaille un p´tit peu quand son corps est d´accord
Pour lui faut pas s´en faire, il sait doser son effort
Dans l´panier de crabes, il n´joue pas les homards
Il n´cherche pas à tout prix à faire des bulles dans la mare
Il est libre Max, il est libre Max!
Y´en a même qui disent qu´ils l´ont vu voler
Il r´garde autour de lui avec les yeux de l´amour
Avant qu´t´aies rien pu dire, il t´aime déjà au départ
Il n´fait pas de bruit, il n´joue pas du tambour
Mais la statue de marbre lui sourit dans la cour
Il est libre Max, il est libre Max!
Y´en a même qui disent qu´ils l´ont vu voler
Et bien sûr toutes les filles lui font leurs yeux de velours
Lui, pour leur faire plaisir, il raconte des histoires
Il les emmène par-delà les labours
Chevaucher des licornes à la tombée du soir
Il est libre Max, il est libre Max!
Y´en a même qui disent qu´ils l´ont vu voler
Comme il n´a pas d´argent pour faire le grand voyageur
Il va parler souvent aux habitants de son cœur
Qu´est-ce qu´ils s´racontent, c´est ça qu´il faudrait savoir
Pour avoir comme lui autant d´amour dans le regard
Il est libre Max, il est libre Max!
Y´en a même qui disent qu´ils l´ont vu voler
Lyrics © Warner/Chappell Music, Inc.
HERVE CRISTIANI
Andrey Fursov : L'agonie de l'ancien monde (Club d'Izborsk, 17 juillet 2020)
"- La Russie a-t-elle une chance de sortir du piège mondial ?
- Elle a une chance. La Russie a beaucoup d'expérience pour sortir du piège lorsqu'il y a une crise dans le monde entier. Mais cela ne veut pas dire que ce sera toujours comme ça. Espérons et travaillons pour cela. Il y a une merveilleuse formule d'Antonio Gramsci : "Pessimisme de la raison et optimisme de la volonté". L'optimisme de la volonté est une disposition à se battre à mort pour son pays, pour les valeurs traditionnelles afin que l'adversaire comprenne bien : même si nous, Russes, ne gagnons pas, nous le mettrons sous la hache !"
L'essentiel est d'être un homme - défenseur de sa famille, et un citoyen - défenseur de sa patrie, essayant de vivre une vie digne et intéressante en toutes circonstances.
Pour surmonter la crise avec un minimum de pertes, notre sommet doit commencer à s'identifier avec la population générale. Les gens doivent sentir que leur société est socialement juste. Pourquoi l'irritation s'est-elle accumulée en Union soviétique au cours des vingt dernières années ? Pas seulement pour des raisons économiques. Les gens ont vu que le sommet ne croit pas aux grands principes qu'il proclame, la société devient de moins en moins juste.
Leskov - un écrivain d'un niveau non moins élevé que Tolstoï ou Dostoïevski. Son idée principale était que le principal ennemi de l'homme n'était pas un propriétaire terrien, ni un "bourgeois", mais l'homme même qui est parti de la boue pour devenir un prince.
Andrey Fursov : L'agonie de l'ancien monde
17 juillet 2020.
- Andriy Ilyich, essayons de regarder la modernité à travers le prisme de l'histoire. Comment voyez-vous la modernité ?
- Je le vois comme un historien. Fernand Braudel a dit un jour: "L'événement est de la poussière". Il est impossible de comprendre les événements individuels en dehors du contexte historique à moyen et long terme. La situation de crise dans laquelle le monde se trouve aujourd'hui est beaucoup plus grave que la Grande Dépression de 1929-1933 ou la longue récession de 1873-1896. Nous vivons la crise systémique du capitalisme, sa phase terminale. En outre, il y a le chevauchement et l'interpénétration de plusieurs vagues de crise de nature et de durée différentes.
Faisons une petite excursion dans l'histoire du système de plafonnement. Si nous prenons la période de la genèse du capitalisme, c'est-à-dire le milieu du XVe - milieu du XVIIe siècle, alors ce n'est pas le capitalisme en tant que tel. Comme l'a dit Hegel, "quand une chose commence, elle n'est pas encore là". La première phase pré-industrielle du système capitaliste commence au milieu du XVIIe siècle. Elle se termine dans les années 1780 par trois révolutions : industrielle en Angleterre, politique en France et spirituelle en Allemagne. En réponse à cette puissante explosion, trois grandes idéologies sont apparues au XIXe siècle : le conservatisme, le libéralisme et le marxisme. Puis vint la deuxième phase, celle de la maturité du système capitaliste - la période allant de la Révolution française à la Première Guerre mondiale. Le capitalisme n'avait alors pas encore écrasé la civilisation européenne, bien qu'il en ait été l'une des premières victimes.
- En général, on dit que le capitalisme a déformé seulement le développement des civilisations indiennes, musulmanes et chinoises.
- L'histoire a montré que ces trois civilisations non européennes ont un potentiel de résistance plus élevé au capitalisme, un phénomène ayant des racines européennes, et que l'immunité des civilisations est plus forte. Le capitalisme a frappé la civilisation européenne plus tôt, plus durement et plus profondément - à la fin du XIXe siècle, on a commencé à parler du déclin de l'Europe.
D'ailleurs, nous appelons la Première Guerre mondiale "la première" dans notre confiance en soi - en tant que peuple des XX-XXI siècles. En fait, le phénomène des guerres mondiales est un phénomène du système capitaliste, le monde dans son essence, et donc les guerres d'hégémonie qui s'y déroulent sont de nature mondiale. La première guerre est la guerre de Trente Ans, 1618-1648. Puis la guerre anglo-française, qui s'est déroulée en deux rounds et qui s'est avérée durer trente ans au total : la guerre de Sept Ans 1756-1763 plus les guerres révolutionnaire et napoléonienne de 1792-1815. Et enfin, la guerre de Trente Ans du XXe siècle - la période de 1914 à 1945. Bien qu'il y ait eu un écart temporaire de paix relative, riche en guerres locales, mais la tension générale était constante, et tout, en fait, s'est transformé en une seule guerre.
- A partir de la première guerre mondiale, une nouvelle phase du capitalisme commence-t-elle ?
- Oui, la phase du capitalisme tardif, qui diffère à bien des égards de ce qu'elle était avant, tout d'abord la relation entre les facteurs militaires et pacifiques (économiques). Au XXe siècle, la guerre a commencé à jouer un rôle fondamentalement nouveau. Le fait est que le capitalisme est un système étendu. À cet égard, il est similaire à l'esclavage ancien, il doit constamment s'étendre - contrairement, par exemple, au féodalisme. Le système capitaliste, comme l'ancien système (d'esclavage), a besoin d'une périphérie. Le mécanisme de fonctionnement du système de plafonnement est le suivant : dès que la norme mondiale de profit est tombée, le capitalisme a arraché une pièce de la zone non capitaliste, la transformant en sa périphérie - une zone de main-d'œuvre et de matières premières bon marché. La norme de profit s'est accrue. Et ainsi jusqu'à la prochaine fois, l'expansion coloniale du système de plafonnement n'a pas été constante, mais une poussée.
- Mais à la fin du XIXe siècle, le monde était divisé.
- La poursuite du développement supposait donc que les guerres des puissances européennes ne se fassent plus avec un ennemi faible : les Rajas indiens, chinois ou zoulous, mais entre les complexes militaro-industriels (MIC) des puissances européennes elles-mêmes, plus, bien sûr, les États-Unis.
L'algorithme du développement du système de plafonnement jusqu'au milieu des années 1960 est clair. La guerre mondiale détruisait le potentiel militaro-industriel de certaines puissances, et la poursuite du développement de l'économie mondiale pendant 20-25 ans était principalement due à la restauration de ces économies. C'était le cas en 1920-1930, lorsque les économies de l'Allemagne et de l'Union soviétique étaient en cours de restauration. Il est clair que les facteurs économiques n'étaient pas les seuls présents à l'époque. Les Britanniques préparaient Hitler à se jeter sur l'Union soviétique. Et les Américains l'ont poussé contre la Grande-Bretagne, puis, selon leurs plans, Staline devait porter un coup au Troisième Reich et devenir un partenaire junior des États-Unis, dont ils dicteraient la volonté.
Les choses ont tourné différemment, mais dans ce contexte, il est important que depuis 20 ans, l'économie mondiale se développe au détriment de la reconstruction de ce qui a été détruit pendant la première guerre mondiale. La même chose s'est produite après la Seconde Guerre mondiale. Les économies soviétique, allemande, italienne et japonaise se redressaient - quatre miracles économiques !
Au milieu des années 1960, les miracles étaient terminés. Le ralentissement du progrès socio-économique et du progrès scientifique et technologique (S&T) a commencé. Et cela a commencé simultanément dans notre pays et à l'Ouest. Ici, les intérêts de la nomenklatura soviétique et de l'oligarchie occidentale coïncident de façon étrange. À l'Ouest, la raison en était évidente : le développement du secteur industriel a également renforcé les positions politiques et économiques de la classe ouvrière et de la classe moyenne. Il était nécessaire d'affaiblir le fondement de ces positions. Pour ce faire, il était nécessaire de transférer une partie de l'industrie vers le tiers monde. Cela a également permis d'augmenter les profits en raison du faible coût de la main-d'œuvre locale et de sa désorganisation politique. Cependant, un tel transfert présupposait une "justification scientifique", et il "sortait" comme un atout de la manche du tricheur - idéologie écologique, alarmisme écologique avec son orientation anti-industrielle. Dans les années 1960, un mouvement environnemental a été créé avec l'argent de la Fondation Rockefeller. Puis vint le Club de Rome avec son concept néo-malthusien infidèle de "croissance zéro". Le résultat : une partie de la sphère industrielle a commencé à être transférée vers les pays du Tiers-Monde, les profits ont augmenté et, plus important encore, la base économique a été brisée sous les positions politiques de la classe ouvrière occidentale : disons que vous allez parler - nous allons transférer toute l'industrie en Asie, les Coréens ou les Taïwanais sont plus obéissants et moins chers que vous.
- Mais un autre type de situation est apparu en Union soviétique ?
- Nous étions un anticapitalisme systémique, une négation du capitalisme, mais une négation des relations industrielles. Mais nos forces productives appartenaient au même type historique que le capitalisme industriel nié au niveau des relations productives. Pour transformer l'anticapitalisme en post-capitalisme, il nous fallait un système de production qualitativement nouveau, une productivité plus élevée et une énergie moins chère. Cela pourrait permettre une percée dans l'avenir, et l'Ouest capitaliste resterait dans le hors-jeu historique. Au milieu des années 1960, l'URSS avait toutes les conditions pour une telle percée. Tout d'abord, c'était le système de l'OGAS (Système national automatisé de comptabilité et de traitement de l'information), les développements révolutionnaires de I.S. Filimonenko dans le domaine de la fusion thermonucléaire froide et une direction telle que l'énergie nucléaire sous-critique avec des boosters. Et il était nécessaire de protéger tout cela avec un "bouclier et une épée" contre d'éventuels empiétements des impérialistes, en premier lieu des États-Unis, qui étaient très tendus et effrayants. Ce "bouclier et cette épée" étaient le brillant concepteur de développements militaires et spatiaux VN Chelomei.
- On peut maintenant entendre des voix qui disent que les OGAS n'ont existé qu'au niveau d'une idée.
- Et d'autres voix : qu'il était impossible de réaliser, soi-disant à cause du coût élevé des OGAS, qu'il s'agissait d'un fardeau insupportable pour l'économie et autres. Dans certains cas, il s'agissait de la ruse de ceux qui, pour des raisons de concurrence, cherchaient à discréditer les idées de l'OGAS et de l'équipe qui dirigeait ce programme. Dans d'autres cas, il s'agissait simplement d'un malentendu stupide sur le fonctionnement de l'économie soviétique. L'OSAS, un système plus "cool" qu'Internet, avec son principe hiérarchique basé sur des algorithmes cohérents, était effectivement une "chose", mais sa mise en œuvre, qui a rendu la circulation des documents transparente et a rendu l'enregistrement extrêmement difficile, a permis de dégager des fonds importants pour la mise en œuvre de ce projet avancé qui a changé la vie de l'URSS.
Le fait est qu'en URSS, l'excédent de devises sur le déficit a conduit au fait que, par exemple, en 1984, la production était officiellement de 1,3 trillion de roubles, et la production réelle était de 0,5 trillion de roubles. (c'est-à-dire de 40 %) de moins. Et tout cela, comme l'a correctement noté A. Afanasiev, était payé, c'est-à-dire, tout simplement, était dilapidé. L'OSAS a mis un frein à ce pillage, et les fonds épargnés pourraient être utilisés pour des percées. Lorsqu'ils parlent du coût élevé de l'OSAS, j'ai une question : la course dans le domaine des armes conventionnelles, que nos généraux et nos gens comme D.F. Ustinov, ne coûte-t-elle pas cher ? L'introduction des plans de Chelomeyev, ainsi que de ceux de Filimonenko, aurait permis d'économiser beaucoup d'argent. Et cette économie a plus que résolu le problème du "coût élevé". Non pas dans ce sens, mais dans l'intérêt du système et de la quasi classe de la nomenclature : ils ressentaient le progrès scientifique et technique comme une menace pour leurs positions et leurs privilèges.
Le ralentissement des principales orientations du progrès scientifique et technique en URSS est également favorable à l'Occident. Ce n'est pas une coïncidence si, sous le président américain Lyndon Johnson, un groupe appelé To Stop Glushkov ("Arrêtez Glushkov") a été créé en 1964. Et une campagne dans la presse occidentale a commencé. Par exemple, le Guardian a publié un montage où le cybernétique Viktor Glushkov se penche sur le Kremlin et l'enveloppe comme un serpent avec une carte perforée. A l'Ouest, ils ont vraiment peur. OGAS supposait un long processus de lancement, mais la mise en place de ce système signifierait la création d'une véritable société de l'information dans notre pays.
Quant à notre brillant concepteur Chelomey, je recommande vivement à tous le livre de Nikolaï Bodrikhin "Chelomey", qui a été publié dans la série "ZHZL".
- Ce livre note que son plus grand succès est survenu dans les années Khrouchtchev. Il mentionne également que le fils de Khrouchtchev a travaillé au Bureau de design de Chelomey. Et il y a une photo de 1982, dans laquelle l'académicien a été photographié avec ses petits-enfants dans sa maison d'été à Joukovka sur le fond de la voiture dans laquelle ils étaient arrivés. La voiture est une "Mercedes".
- Et alors ?
- L'homme qui fabriquait des fusées exceptionnelles trouvait donc normal que l'Union soviétique vende du pétrole à l'Allemagne pour lui acheter une Mercedes ?
- Vous pouvez prendre des photos de tout ce qui se trouve en arrière-plan. Quant aux véhicules personnels, les gens qui les connaissent disent que même la "Seagull" n'était pas censée être une voiture de conception générale - seulement la "Volga". Donc "Mercedes", c'est à peine. Mais même si la Mercedes appartenait à Chelomei - doit-elle être baptisée "Zaporozhye" ?
Le refus de faire une percée dans l'avenir post-capitaliste, même une tentative, s'est accompagné d'un retournement vers la convergence avec l'Ouest, bien que la pointe soviétique du mot "convergence" ne l'ait pas utilisé. D'autre part, il a été activement utilisé par le "service" intellectuel.
Il y a eu un rapprochement avec l'Occident par le biais du Club de Rome, la Commission trilatérale. Le sommet soviétique a commencé à être attiré dans un certain nombre de projets internationaux. Au début, ces groupes occidentaux, qui l'impliquaient, pensaient qu'il était tactiquement possible de jouer à "l'égalité" avec l'Union soviétique pendant 10 à 15 ans, mais au milieu des années 70, ils ont été vaincus par les financiers et la corporatisme, et l'Union soviétique elle-même a perdu son initiative stratégique. À l'Ouest, ils ont ressenti la faiblesse de l'Union soviétique, sa transformation en un quasi-empire traditionnel, qui peut être supprimé. Ils ont compris que l'URSS aurait les bons "associés" pour une telle fausse intégration.
- Vous abordez le sujet de la conspiration ?
- Il ne s'agit pas d'une conspiration. Il s'agit d'un projet politique et économique (géohistorique) à long terme.
- Si Andropov n'était pas devenu secrétaire général, mais que Chchelokov (qui, selon certains rapports, était le plan de Brejnev), l'Union soviétique aurait-elle survécu jusqu'à ce jour, à votre avis ?
- Je ne pense pas. Je ne considère pas Andropov comme une figure indépendante : un habile adaptateur de parti, qui a d'abord été déplacé par O.V. Kuusinen, puis, jusqu'à un certain temps, par M.A. Suslov. C'est plutôt par la volonté des circonstances qu'il est devenu l'un des chefs de file du groupe Chekist, qui faisait partie de l'équipe dans les années quarante et cinquante. Une fois dans les chefs de la GB, Andropov a essayé de créer sa propre intelligence personnelle dirigée par Evgeny Pitovranov - la soi-disant "firme". Dans cette ligne, il a cherché à construire l'URSS sur un pied d'égalité avec l'Occident, croyant naïvement que c'était possible. Avec lui, le KGB a tellement grossi qu'il est difficile de parler d'une quelconque efficacité du "Bureau".
Dans les années 70, un groupe social s'est formé en URSS, qui a misé sur le remplacement du système socio-économique. Ces gens n'allaient pas briser l'Union soviétique, ils voulaient seulement éloigner le PCUS du pouvoir. Ce groupe était composé de représentants de la sécurité de l'État, de la nomenklatura des partis et du capital fantôme, qui a commencé à se développer activement après l'arrivée imprévue de 170-180 milliards de dollars dans le pays en 1974-1975, après la crise pétrolière mondiale.
L'économie souterraine était supervisée par la partie "restructurée" du KGB, qui cherchait à l'implanter dans le monde, en utilisant des canaux illégaux. Sinon, elle ne pourrait pas fonctionner et faire son "travail d'ombre". Au milieu des années 80, ces personnes s'étaient donné pour tâche de légaliser le capital et d'assurer un accès complet au pouvoir. Dès le milieu des années 70, on a commencé à former des "brigades" qui devaient briser le système.
- Qui devait y être sélectionné et selon quels principes ?
- Ils ont sélectionné des personnes vaniteuses, avides et myopes qui pouvaient être manipulées. Et en cas de problème, il est facile d'abandonner... Eh bien, Gorbatchev, Chevardnadze, bien sûr. Et l'équipe junior - ceux qui ont étudié au MIPSA (International Institute for Applied Systems Analysis) - Chubaiso-gaydars et autres. Il s'est formé un système échelonné de prise de pouvoir rampante avec un calcul brutal selon lequel l'Occident leur permettra de s'asseoir à une table sur un pied d'égalité. Déjà en 1987-1988, le processus a commencé à devenir incontrôlable, il s'agissait de démanteler non seulement le système, mais aussi l'URSS. Le processus a été intercepté, et Albright a dit à juste titre que la principale réalisation de Bush père est son leadership dans le processus d'effondrement de l'empire soviétique.
Mais revenons au milieu des années 60, lorsque le PNT a commencé à ralentir et que la dynamique de dégradation a commencé à fonctionner. Deux années, 1967 et 1968, sont symboliquement importantes pour moi à cet égard. 1967 est le plénum de juin du Comité central du PCUS, qui a en fait enterré les dernières tentatives de percée dans l'avenir et l'évolution de la dégradation du système soviétique a commencé. 1968 marque le début d'un processus similaire en Occident, qui se manifeste de façon éclatante dans la "révolution étudiante". Outre l'aspect politique, elle avait un aspect psychohistorique. En fait, c'était l'arrivée des triplés au premier plan de la société occidentale. Oui, le système éducatif occidental avait besoin de changements, d'améliorations, mais le résultat de 1968 a été la détérioration de cette sphère, qui est tombée en déclin. La génération de 1968 a préparé la génération suivante, encore plus pauvre, de politiciens, d'économistes, de scientifiques : "les leaders aveugles des aveugles". Et après 1991, les fruits de ces défauts sociaux nous sont parvenus.
Au début des années 80, trois groupes de spécialistes américains mandatés par Reagan ont donné une prévision du développement mondial. Les trois groupes, travaillant indépendamment l'un de l'autre, sont arrivés à des conclusions similaires : la crise arrive, la première vague - 1987-1988, la seconde - 1992-1993. Dans le même temps, dans le segment capitaliste du système mondial, la production diminuera de 20 à 25 %, dans le segment socialiste - de 10 à 12 %.
- Et en termes politiques, qu'ont-ils prévu ?
- En France et en Italie, les communistes étaient susceptibles d'arriver au pouvoir, soit en alliance avec d'autres forces, soit seuls ; en Grande-Bretagne, la gauche travailliste. Les États-Unis attendaient des émeutes noires dans les grandes villes. Depuis l'avènement des prédictions, l'affaiblissement de l'Union soviétique s'est déplacé des tâches politiques des hauts dirigeants occidentaux vers des tâches fatidiques. Bien que ce ne soit pas pour tout le monde : Reagan, par exemple, n'était pas un partisan de la destruction de l'Union soviétique, il voulait l'affaiblir autant que possible. Dans une bien plus large mesure, les Britanniques étaient intéressés par la destruction de l'Union soviétique. Et les Allemands, bien sûr, après que Gorbatchev ait permis à la RFA d'annexer la RDA.
La destruction de l'Union soviétique a longtemps retardé la crise mondiale. Mais en 2008, elle a "flippé". Aujourd'hui, nous vivons une crise permanente qui est remplie d'argent. Les années 2018 et 2019 ont montré que le système mondial (non pas l'économie, mais le système mondial dans son ensemble) est en surchauffe. Habituellement, dans de tels cas, il y aurait eu une guerre mondiale, mais au XXIe siècle, alors que tout est couvert d'armes nucléaires et que même l'Amérique latine est une économie industrielle, l'Afrique reste le seul continent où l'on peut faire la guerre. Bien que cela ne résolve aucun problème.
- Et puis le coronavirus est apparu...
- Ce qui, d'une manière ersatz, a résolu beaucoup de problèmes que la guerre résolvait habituellement. Ou ils pourraient annoncer une deuxième vague, comme nous l'avons entendu. Il y a deux mois, j'ai dit que la deuxième vague ne serait pas une vague de virus, mais l'émergence d'un mouvement sérieux. À l'époque, je pensais que ce serait un mouvement environnemental dirigé par une certaine Thunberg ou quelque chose comme ça. Mais il n'y a pas eu de mouvement de ce genre. Le pauvre Thunberg a été étonnamment presque silencieuse, alors qu'elle venait de dire que "la pandémie" est bonne pour l'environnement. Selon cette logique, si tous les gens mouraient, ce serait probablement encore mieux pour ces "écologistes".
- Mais elle a éclaté aux États-Unis !
- Oui, il y a eu une épidémie mentale aux États-Unis, car la "floydomania" est sans aucun doute une épidémie mentale "induite", et elle s'est étendue à l'Europe. Le mouvement s'est avéré ne pas être écologique, mais - dans sa forme - nègre-nazi, qui est cependant soutenu par une partie des Blancs, et plus encore par les Blancs du Parti démocrate plus le clan Obama. Les États-Unis sont au bord de la guerre civile. Je peux comprendre pourquoi c'est là qu'il a explosé. Une autre bataille pour la domination mondiale dépend largement du fait que Trump reste président ou non. Il ne s'agit pas tant de lui personnellement, bien sûr, que des forces qui, derrière lui, ont brisé le paradigme ultra-mondialiste de ces trente dernières années. Si Trump reste, le point de non-retour sera dépassé, et vous pouvez sans risque mettre une grosse croix sur le processus d'ultra-globalisation.
En général, la mondialisation est souvent confondue avec deux autres processus - l'internationalisation et l'intégration. Si la mondialisation est définie comme une simple extension de la zone d'interaction des différents systèmes économiques, il faut compter sur la révolution néolithique. En fait, la mondialisation est un processus récent. Au départ, le capitalisme est l'internationalisation des économies par le biais du commerce. Ensuite, à l'ère industrielle, il y a l'intégration. Techniquement, la mondialisation est liée à la révolution scientifique et technologique, c'est-à-dire à des facteurs non matériels, informationnels. L'aspect social et politique de la mondialisation est la destruction de l'Union soviétique et la transformation des États-Unis en seule superpuissance. Tant que l'URSS existait, la mondialisation sous sa forme actuelle ne pouvait pas exister, car il y avait deux systèmes mondiaux alternatifs. Bien que le système socialiste mondial se soit érodé depuis la fin des années 60 et qu'il soit devenu évident au début des années 80, alors que l'URSS existait, la mondialisation telle qu'elle s'était "déchirée" après 1991 était impossible. Ce n'est pas un hasard si Kissinger a déclaré que la "mondialisation" est une nouvelle forme de domination américaine dans le monde.
Il est vrai que le monde unipolaire a pris fin rapidement grâce aux actions des États-Unis eux-mêmes. De plus, il s'est avéré que le capitalisme avait épuisé toutes les zones non capitalistes du monde. La planète a fixé une limite au développement extensif du capitalisme, tandis que des institutions telles que l'État, la politique, la société civile et l'éducation de masse font obstacle à son intensification interne. Tout cela a été démantelé par les maîtres du système de plafonnement depuis le milieu des années 1970. L'"intensification" du capitalisme signifie que l'objet de la privation devrait être les groupes qui vivaient bien grâce à l'exploitation du monde extérieur. Ils devraient maintenant consommer moins et avoir moins de protection sociale. C'est ce que le coronavirus et la Floydmania préconisent objectivement. Cette dernière, en particulier, est utilisée pour démanteler l'institution de la société moderne telle que la police.
Nous rencontrons ici une chose intéressante. J'ai dit un jour que nous ne devrions pas mettre tous les mondialistes dans la même pile. Il y a des modérés qui partent de ce qui devrait être un État, mais sous le contrôle du FMI, de la Banque mondiale, etc. Il y a des ultra-mondialistes qui pensent qu'il ne devrait pas y avoir d'État, mais seulement de grandes entreprises : les compagnies des Indes orientales, la "grande Venise" et autres. À l'époque pré-numérique, les ultralégalistes étaient contraints par ce qui suit : ils avaient besoin d'une main de fer de l'État, qui avec ses bases militaires et ses porte-avions garantissait la protection "bourgeoise". C'était les États-Unis. Dans une telle situation, tant que la Russie et la Chine existent, il est impossible de démanteler les États-Unis. Cependant, j'ai maintenant le sentiment inquiétant que la numérisation mondiale pourrait permettre de réinitialiser presque simultanément les principaux États : Un "État numérique" est introduit dans chacun des États ordinaires, et ceux-ci deviennent des avatars du réseau mondial "État profond". Les véritables dirigeants de ces États sont laissés sans fonctions, et les digitalistes du monde entier s'unissent rapidement. Il n'est donc pas nécessaire de détruire d'abord la Russie, puis la Chine, puis les États-Unis. Cela se fait instantanément sur le principe des dominos. La "maison" du monde peut tomber ; il restera un réseau numérique qui contrôle à la fois les porte-avions et les réseaux sociaux. Un État "matériellement institutionnel" ne peut pas être brisé dans une telle situation ; c'est une coquille vide, sur laquelle tous les échecs et les défaillances sont passés par pertes et profits.
- Dans quelle mesure cette prévision est-elle réaliste ?
- Je ne dis pas que cela va fonctionner de cette façon. Mais pensez à Huntington, qui est surtout connu pour son livre plutôt faible sur le choc des civilisations. En fait, cette "faiblesse" est issue de la série "so conceived". Huntington est un homme sérieux qui a des liens directs avec la communauté des services de renseignement américains. Le "choc des civilisations" est un virus conceptuel qui a été spécifiquement lancé pour détourner l'attention des problèmes réels. Dans les années 1970, Huntington a préparé un rapport interne, qui montrait que déjà à cette époque, il y avait une réorientation importante des services de renseignements occidentaux, qui passaient de l'État aux sociétés transnationales et à la démocratie d'entreprise. Avec cette réorientation, les agences de renseignement sont devenues un acteur autonome du système mondial, ayant réglé sa composante criminelle. Ces processus liés aux services de renseignement (réorientation, autonomie, criminalisation) semblent avoir fait partie intégrante de la formation des "États profonds" dans les plus grands États du monde, dont l'URSS. Dans ces conditions, objectivement, on aurait dû avoir tendance à coordonner les actions de ces structures et à former, sinon une méga-structure, le Net, qui est devenu le principal bénéficiaire de la mondialisation en général et de sa composante criminelle en particulier. Comme les services de renseignement avaient besoin de leur propre base économique, ils ont mis le trafic de drogue sous contrôle. La fin du XXe siècle et le début du XXIe démontrent l'interpénétration des services de sécurité : les tzareushniki et les "groupes cibles" travaillent pour les "réformateurs de mlador" (bien qu'ils travaillent plutôt pour eux) et siègent aux conseils d'administration de sociétés officiellement russes, et les anciens pegaushniki sont présents dans les conseils d'administration des banques rockefeller. La numérisation peut donner à cette "fusion d'ecstasy" une forme complète.
Si la "mise à zéro" de l'État à l'aide du digital de la matrice de la netocratie mondiale se produit, ce sera un peu comme la réorientation-autonomie des services de renseignement qui a eu lieu dans les années 1970 et plus tard.
Sous ces conditions, un État numérique est créé dans le pays N, tandis que le régime réel est "réinitialisé". Il peut même survivre formellement, mais - comme une porte peinte sur une toile dans un célèbre conte de fées pour enfants. Pinocchio, Pierrot, Malvinas et d'autres joueront leur jeu avec les mêmes Pinocchio, Pierrot et Malvinas dans d'autres États numériques, et les dirigeants des États "ordinaires" exposeront des carabas-barabas et des duremars comme dans la campagne anti-trafic.
- Seulement, pourquoi les porte-avions sont-ils dans cette image numérique du monde ? Le système d'un camp de concentration numérique mondial permettrait déjà à chacun d'être aux commandes.
- Les porte-avions peuvent remplir une autre fonction dans un scénario aussi pessimiste. Mais l'essentiel est que, de manière sociosystémique, le numérique n'est plus le capitalisme...
- ...et l'esclavage !
- Non. L'esclavage est l'aliénation du corps humain, et ici la conscience, le subconscient et le comportement sont aliénés. C'est le monde post-capitaliste, où l'objet de l'aliénation est la sphère spirituelle. Avant de l'enlever, ils doivent détruire l'éducation de masse, la science à l'échelle mondiale, mettre sous contrôle le système génétique humain (pour introduire le passeport du génome). Une autre chose est que ce n'est pas un processus simple, il peut y avoir des échecs en cours de route. Et d'une manière générale, tout peut devenir cendre.
- Mais les gens qui aspirent à la transfiguration du monde ne peuvent pas vivre sans développement, sans mouvement spirituel, et le contrôle numérique est un système qui simplifie tout le système du comportement humain. Il est transformé en un biorobot avec les critères établis d'un bon citoyen, avec attribution de points pour la performance. La personne créative n'aura pas sa place dans ce système.
- Dans les systèmes fermés, l'entropie se développe, et ils dégénèrent relativement rapidement. Tout système fermé a des possibilités de développement très limitées. Je suis sûr que le système numérique ne couvrira pas l'ensemble du globe, il y aura d'énormes parties de l'Afrique, de l'Asie, de l'Amérique latine et du monde musulman en dehors de celui-ci. Comme le nouveau système comporte un mécanisme de fermeture intégré, il est fort probable qu'une variante similaire à celle de l'effondrement de l'Empire romain soit mise en œuvre. Je n'exclus pas la possibilité d'un schéma qu'Ibn Khaldoun a donné au XIVe siècle pour l'Orient arabe : une tribu de bédouins vient et découpe le sommet qui a été brûlé. La première génération ne se contente pas de capter le pouvoir mais le renforce, la deuxième génération en repousse les limites, la troisième investit dans l'art et la science, et la quatrième génération ... se dégrade. Une nouvelle vague de bédouins arrive, et un nouveau cycle commence. Un système fermé peut, à un moment donné, devenir une proie facile pour les Néovarvars.
- Mais les personnes créatives lutteront toujours contre un tel système. Ils ne se contenteront pas d'un cadre numérique rigide.
- Et ce serait la principale contradiction. D'une part, le système est basé sur un contrôle strict de la conscience et du comportement, et d'autre part, pour un fonctionnement normal, sans parler du développement, il faut un certain pourcentage de personnes ayant une pensée et, par conséquent, un comportement non standard.
Bien sûr, les analogies historiques sont de nature superficielle, mais le XVe siècle européen est très instructif. Après que la "peste noire" au milieu du XIVe siècle ait dévasté l'Europe (vingt millions de personnes sur soixante millions), il y a eu un manque de main d'œuvre, et bien qu'à cette époque le servage ait pratiquement disparu, les messieurs ont décidé de rétablir un contrôle strict sur les paysans. Deux générations plus tard, trois soulèvements ont éclaté en Europe en même temps : les chompy (ramasseurs de laine) en Italie, les "chapeaux blancs" en France et les paysans dirigés par Wat Tyler en Angleterre. Ces trois soulèvements en 1378-1382 ont brisé l'épine dorsale de la féodalité.
Par conséquent, dans la première moitié du XVe siècle, les nobles ont dû faire face à une situation : soit ils perdent leurs privilèges sociaux et deviennent de simples riches, comme les riches paysans ou les citadins (en d'autres termes, ils donnent des privilèges "en bas"), soit ils nouent des privilèges "en haut" et "bloqués" avec les rois et les ducs, avec lesquels ils ont toujours été ennemis. Il est clair qu'ils seront également soumis à des pressions, mais les personnes âgées conserveront leur statut social, même s'il est limité.
La plupart des aristocrates ont choisi la deuxième option. En conséquence, des monarchies très violentes sont apparues - Henri VII en Angleterre et Louis XI en France. Les contemporains les appelaient "nouvelles monarchies" parce qu'elles pressaient à la fois le bas et le haut. Un État extrêmement répressif, qui n'existait pas au Moyen Âge traditionnel, a émergé. En réponse à cette nouveauté répressive, Machiavel a inventé le nouveau terme lo stato ("le stato" - état), dans le sens même où nous l'utilisons aujourd'hui. Le choix de ces messieurs était simple et rigide : soit des régimes répressifs qui presseraient non seulement les bas mais aussi les hauts, soit une "démocratisation". Je pense que, dans une situation similaire, les "hauts" actuels du monde entier feront le choix en faveur d'un régime numérique répressif qui contrôlera à la fois la population et eux-mêmes, mais qui leur donnera encore soixante à soixante-dix ans, voire un siècle de grâce historique.
Dans les 10 à 15 prochaines années, il y aura donc une lutte pour la transition vers un nouveau système. Et il y aura plusieurs variantes de transition vers celle-ci ; permettez-moi de vous rappeler qu'il y a eu trois variantes de transition du Moyen-Âge à la modernité : le français, l'allemand et l'anglais. Les formes et les résultats spécifiques de la transition vers le monde post-capitaliste seront déterminés dans la lutte sociale darwiniste brutale pour l'avenir, pour qui sera coupé de celui-ci. Il semble que dans deux régions du système mondial, l'avenir soit déjà arrivé : l'Afrique et la Chine, qui se plongent dans le néo-archaïsme, avec leur système de notation sociale. Mais en Russie, en Amérique latine, aux États-Unis, en Europe, dans le monde musulman, le vrai combat est à venir.
- Et que devrions-nous faire dans cette situation ?
- Je ne donne pas ce genre de conseils. Je suis un scientifique, pas un politicien. L'essentiel est d'être un homme - défenseur de sa famille, et un citoyen - défenseur de sa patrie, essayant de vivre une vie digne et intéressante en toutes circonstances.
- Valentin Katasonov, sur la chaîne "Day TV" il n'y a pas si longtemps, a parlé de la crise de 2020 sur des tons très apocalyptiques. Partagez-vous ce point de vue ?
- Je ne suis pas partisan de telles prédictions. "L'Apocalypse" n'est pas ma langue. Mon langage est la phase terminale de la crise systémique du capitalisme. En ce qui concerne la Russie, la situation ici ressemble au début du XXe siècle. Quand récemment on m'a demandé : "En quelle année avons-nous fini ? J'ai répondu : en 1904. Ensuite, c'était soit 1903, soit 1905.
- Est-ce théoriquement possible ?
- Théoriquement, tout est possible ! Pour surmonter la crise avec un minimum de pertes, notre sommet doit commencer à s'identifier avec la population générale. Les gens doivent sentir que leur société est socialement juste. Pourquoi l'irritation s'est-elle accumulée en Union soviétique au cours des vingt dernières années ? Pas seulement pour des raisons économiques. Les gens ont vu que le sommet ne croit pas aux grands principes qu'il proclame, la société devient de moins en moins juste.
Cela fait écho à ce qu'a écrit Leskov - un écrivain d'un niveau non moins élevé que Tolstoï ou Dostoïevski. Son idée principale était que le principal ennemi de l'homme n'était pas un propriétaire terrien, ni un "bourgeois", mais l'homme même qui est parti de la boue pour devenir un prince. Elle est très actuelle, car ceux qui sont sortis de la saleté des princes maintenant principalement et pressent la population : certains semi-prostitués de "Maison-2" osent dire quelque chose sur les "pauvres", qu'ils n'ont pas besoin d'aider.
- Et ils sont eux-mêmes "l'aristocratie" !
- "L'aristocratie est un dépotoir." Le principal problème de ce public est que même la "décharge" est rapidement "mangée".
- Et que pensez-vous de la Chine aujourd'hui ?
- Plus la Chine connaîtra de succès économiques, plus elle sera confrontée à des problèmes sociaux. Je ne serais pas surpris si, dans quinze ou vingt ans, ce pays se divisait en deux parties, le Nord et le Sud. La Chine se dit prête à assumer un fardeau mondial, mais ce n'est pas une puissance mondiale, c'est un pays "autocentré".
- ...qui n'offre au monde aucune idéologie !
- Absolument pas. De plus, les Chinois sont de brillants imitateurs. Je pense que la Chine va avoir tellement de problèmes dans les prochaines décennies qu'elle ne sera plus le reste du monde. J'ai toujours été opposé à l'idée que la Chine soit le leader du XXIe siècle. Les mêmes conversations ont eu lieu au sujet du Japon dans les années 1970, et elles se sont terminées de façon heureuse à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Et bien que la Chine soit un pays beaucoup plus puissant que le Japon, je pense qu'il y aura quelque chose comme ça. En outre, il faut se rappeler quand et où la Chine a sauté. Elle a "sauté" lorsque l'URSS s'est effondrée, et cela explique beaucoup de choses.
- La Russie a-t-elle une chance de sortir du piège mondial ?
- Elle a une chance. La Russie a beaucoup d'expérience pour sortir du piège lorsqu'il y a une crise dans le monde entier. Mais cela ne veut pas dire que ce sera toujours comme ça. Espérons et travaillons pour cela. Il y a une merveilleuse formule d'Antonio Gramsci : "Pessimisme de la raison et optimisme de la volonté". L'optimisme de la volonté est une disposition à se battre à mort pour son pays, pour les valeurs traditionnelles afin que l'adversaire comprenne bien : même si nous, Russes, ne gagnons pas, nous le mettrons sous la hache !
Andrey Fursov
http://andreyfursov.ru
Fursov Andrey Ilyich (né en 1951) - historien, sociologue et publiciste russe bien connu. À l'Institut du conservatisme dynamique, il dirige le Centre de méthodologie et d'information. Directeur du Centre d'études russes de l'Institut d'études fondamentales et appliquées de l'Université des sciences humaines de Moscou. Il est membre de l'Académie internationale des sciences (Innsbruck, Autriche). Membre permanent du Club d’Izborsk
Traduit du russe par Le Rouge et le Blanc.