pierre dortiguier
Pierre Dortiguier: 11 novembre 1933 : en Allemagne, l’appel de Martin Heidegger à sortir de la Société des Nations
Né le 26 septembre 1889 et décédé le 26 mai 1976, Martin Heidegger était le fils aîné d’un artisan tonnelier souabe (pays de Bade)*, Friedrich et de sa femme Johanna, et qui faisait aussi fonction de sacristain de sa paroisse de Messkirch en appartenant au courant, nombreux en Allemagne, des Vieux-Catholiques** qui refusent de tenir les parents de la Vierge, Anne et Zacharie, exempts du péché originel et contestent le dogme de l’infaillibilité pontificale du Premier Concile du Vatican, de 1870***.
Martin Heidegger entra au noviciat des Jésuites en 1909 et le quitta bientôt pour raison de santé ; tout comme, bien que réformé en 1914, volontaire et placé dans le service de météorologie à Verdun, il dut abandonner le service.
Professeurs, étudiants, artistes et clercs, aînés de famille à la campagne n’étaient pas, en Allemagne impériale, y compris sous le national-socialisme sauf aux derniers temps de l’inondation bolchevique lorsque les digues européennes furent rompues, astreints aux armes, car l’on estimait leur survie précieuse au peuple. C’est pourquoi ils devaient se porter volontaires.
Sa femme, épousée en 1917, Elfride Petri (1892-1993), protestante et patriote, partageait son dégoût des ennemis de la culture et de la société et le détacha de la tutelle politique catholique, s’engageant elle-même dans le national-socialisme. Il estimait, par ailleurs, que la vraie philosophie allemande avait toujours été inséparable du Christianisme.
Il soutint électoralement, en 1932, avant l’accession au pouvoir, le mouvement qui avait pris l’étiquette de parti et s’y inscrit, le 3 mai 1933, résolu à prendre justement parti, sans compromis, contre le Traité ignominieux de Versailles (1919) qui visait à l’anéantissement du peuple allemand et de sa culture.
Ses deux fils emmenés en captivité en Russie, ne revinrent qu’en 1947.
Son frère cadet, Fritz, qui avait aussi abandonné pour des raisons d’élocution impropre à la chaire, la vocation religieuse, pour devenir banquier dans leur ville natale, reçut de lui en cadeau de Noël « Mein Kampf », vivement recommandé par son aîné en ces termes dans ce billet du 18 Novembre 1931, daté de Fribourg où Heidegger avait sa chaire d’université :
« Je désire extrêmement que tu te mesures avec le livre d’Hitler qui est faible dans les chapitres du début autobiographiques. Que cet homme ait et même déjà eu un instinct politique inhabituel et sûr, là où nous étions tous encore embrouillés [benebelbt, être dans le brouillard] c’est ce qu’aucun observateur ne peut plus contester. Encore de toutes autres forces augmenteront à l’avenir le mouvement national-socialiste. Il ne s’agit plus d’un petit parti politique – mais du sauvetage ou du déclin de l’Europe et de la culture occidentale. Qui n’a pas aussi maintenant encore compris cela mérite d’être broyé dans le chaos. La réflexion sur ces choses ne trouble pas la paix de Noël, mais ramène à l’essence et à la tâche des Allemands, c’est-à-dire là où la forme de cette fête merveilleuse a son origine. »
Dans une réponse datée du 20 janvier 1948 à son ancien auditeur Herbert Marcuse qui le sommait, en agent de la C.I.A. qu’il était, de publier son sentiment de culpabilité allemande et d’exprimer les remords que l’on devine, le professeur répondit qu’il trouvait inconvenant et absurde d’exiger de lui qu’il exprimât du repentir pour des crimes qu’il était supposé, par ailleurs, avoir ignoré en temps de guerre, alors qu’aujourd’hui, sur les routes, « au vu et au su du monde », des colonnes de civils allemands réfugiés de l’Est, femmes, enfant vieillards, en temps de paix, se font massacrer et frapper, déposséder par millions sans que la dite « opinion publique » s’en émeuve. Jamais après guerre, Martin Heidegger ne prononça, en privé ou en public, une parole de critique directe ou voilée contre le créateur et chef du Troisième Reich. Une journaliste italienne eut l’audace heureuse de l’interroger gracieusement sur ce point : il y avait, répondit-il, en substance, plus de cent partis ou organisations qui prétendaient gouverner. Est-ce une situation tenable, en temps de crise ? Un chef était nécessaire.
Après la dernière guerre, il resta interdit d’enseignement pendant onze ans par les autorités françaises d’occupation après avis de leur expert politique germaniste, F. Bertaux du Quai d’Orsay. Ce dernier avait jugé, sur la dénonciation de son collègue réfugié en Suisse Karl Jaspers (marié à une brandebourgeoise israélite), sa réponse au Questionnaire de dénazification (sic) insuffisante, et lui imposèrent par tracasserie mesquine, des locataires civils étrangers, puis la bruyante famille d’un sergent français, pour lui ôter toute tranquillité et entraver ainsi ses profondes et incessantes recherches. Un émigré juif hongrois occupa sa chaire à l’université de Fribourg-en-Brisgau qui avait été avant lui celle de Edmund Husserl, ex-israélite, de confession protestante, d’abord professeur de mathématiques, en fait un sans-Dieu, parrainé au début de sa nomination à l’Université de Vienne par le futur Président tchèque Masaryk, de mère ouvrière allemande de Moravie et de père industriel juif catholique, qui deviendra avant 1914 agent des services d’espionnage du Tsar, puis, exilé à Londres, de l’Intelligence Service et laissera massacrer une partie de la population civile allemande de Bohème.
Joseph Goebbels avec la délégation allemande en marge de la Conférence du désarmement de Genève en septembre 1933
Ce 11 novembre 1933, avec plusieurs grands noms des universités et écoles allemandes, Heidegger soutint publiquement l’appel lancé par le Guide d’approuver de quitter la Société des Nations de Genève, dont l’œuvre maçonnique était de diviser et, si elle ne les pouvait durablement asservir, de détruire les peuples, comme l’ONU l’a fait pour la Libye et l’aurait laissé faire pour la Grande Syrie, sans l’intervention russo-iranienne et la force politique du guide baasiste, unifiant Chrétiens et Musulmans, laïques et clercs, Bachar El-Assad.
Dans une confession ou « Profession de foi des Professeurs des Universités et Ecoles Supérieures allemandes à Adolf Hitler et à l’État national-socialiste » (Bekenntnis der Professoren zu dem deutschen Universitäten and Hochschulen zu Adolf Hitler und den nationalsozialistischen Staat), le philosophe allemand lance cet appel :
« Enseignants et Camarades ! Compagnons et compagnonnes allemandes du peuple ! [le terme allemand camarade est d’usage militaire, non militant]
I
Vouloir être responsable de soi
Le peuple allemand est appelé au vote par le Führer [guide, celui qui donne l’exemple et marche devant comme le guide de montagne (Bergführer), par opposition au Leiter ou leader qui dirige simplement] « à la votation ; mais le Führer ne le prie en rien, il donne bien plutôt l’immédiate possibilité de la suprême libre décision de savoir si le peuple entier veut sa propre existence [sein eigenes Dasein] ou s’il ne le veut pas. Le peuple allemand ne choisit demain rien moins que son avenir. »
Ce vote semble simplement incomparable avec tous les processus de votation jusqu’ici. Le caractère unique de ce vote est la grandeur simple de la décision à accomplir en lui. L’inflexibilité du simple et du dernier ne tolère aucun chancellement, et aucune tergiversation. Cette décision dernière s’étend à la frontière extérieure de l’existence de notre peuple. Et quelle est cette frontière ? Elle consiste en cette exigence originelle de tout être, qu’il conserve et sauve son propre peuple. C’est pourquoi une borne est dressée entre ce qui peut être exigé d’un peuple et ce qui ne le doit pas. La force de cette loi fondamentale de l’honneur garantit au peuple allemand la dignité et la décision de sa vie. La volonté d’auto-responsabilité n’est cependant pas seulement la loi fondamentale de l’existence de notre peuple, mais en même temps le fait fondamental de l’action de son État national-socialiste. De cette volonté d’auto-responsabilité chaque travail de chaque condition, en petit et en grand, se range à l’endroit et au rang de sa détermination également nécessaire. Le travail des conditions [conditions sociales ou états, ce que le jargon des marxistes qualifie de classes pour les opposer et les ruiner] porte et affermit la structure vivante de l’État ; le travail reconquiert au peuple son terroir, le travail transfère cet État entendu comme la réalité du peuple en champ d’action de toutes les puissances de l’être humain.
Ce n’est pas l’ambition, pas la hardiesse, pas l’égoïsme aveugle et pas l’impulsion à la violence, mais le clair vouloir d’une auto-responsabilité inconditionnelle dans la charge et la maîtrise du destin de notre peuple qui a exigé du Führer la sortie de la « Société des Nations ». C’est non pas l’éloignement de la communauté des peuples, au contraire : notre peuple se place de ce pas sous la loi essentielle de l’être humain, pour laquelle tout peuple doit en premier lieu former une suite, s’il veut encore être un peuple.
Se prendre mutuellement au sérieux
C’est précisément à partir de cette suite également orientée face à l’exigence de l’auto-responsabilité que croît seulement la possibilité de se prendre mutuellement au sérieux, pour avec cela aussi affirmer déjà une communauté. La volonté d’une vraie communauté populaire se tient tout aussi bien éloignée d’une fraternité mondiale inconsistante qui n’engage à rien, que d’une tyrannie aveugle. Cette volonté œuvre au-delà de cette opposition, elle créée le se tenir-debout et le se tenir l’un l’autre [Auf-sich- und Zueinanderstehen] des peuples et des États.
Qu’est-ce qui se manifeste dans un pareil vouloir ? Est-ce le retour à la barbarie ? Non ! C’est l’abandon de tout comportement vide et affairisme dissimulé, par la simple grande exigence de l’action responsable d’elle-même. Est-ce l’irruption de l’absence de loi ? Non ! C’est la claire confession de la propriété intouchable de tout peuple. Est-ce le refus de la créativité d’un peuple spirituel et la mise en pièces de sa tradition historique ? Non ! C’est le départ [der Aufbruch] d’une jeunesse épurée et qui s’accroît dans ses racines. Sa volonté d’État rendra ce peuple dur envers lui-même et respectueux devant toute œuvre authentique.
II
Le courage de questionner
En quoi est ce donc un événement? Le peuple regagne la vérité de sa volonté d’existence. Car vérité est la manifestation de ce qu’un peuple dans son action et son savoir rend sûr, clair et fort. De pareille vérité surgit la volonté authentique de savoir. Et cette volonté de savoir circonscrit l’exigence de savoir. Et à partir de là que se mesureront les frontières à l’intérieur desquelles un questionnement et une recherche authentique doivent se fonder et conserver. C’est d’une telle origine que naît pour nous la science. Elle est liée à la nécessité de l’existence populaire consciente de soi. La science est par conséquent la passion éducative maîtrisée dans une telle nécessité. Mais être savant veut dire pour nous: être maître des choses et résolu à l’action.
Nous nous sommes dégagés de l’idolâtrie d’une pensée sans sol et sans force. Nous sommes certains de ce que la claire dureté et, orientée vers l’œuvre, la sûreté du questionnement simple, intransigeant, portant sur l’essence de l’Être reviendra. Le courage originel dans le débat avec l’étant sur ceci de l’accroître ou briser, est le motif le plus intime du questionnement d’une science populaire. Car le courage tire vers l’avant, le courage se sépare de tout ce qu’il y a eu jusqu’à présent, ose l’inhabituel et l’incalculable. Le questionnement n’est pas pour nous le jeu délié de la curiosité. Le questionnement n’est pas aussi pour nous le maintien obstiné dans le doute à tout prix. Questionner signifie pour nous : s’exposer à la sublimité des choses et de leurs lois, signifie pour nous: ne pas se fermer à la terreur de ce qui est déchaîné et au trouble de l’obscur. Pour ce questionnement en effet nous interrogeons et nous ne tenons pas au service des découragés et de leur recherche aisée de réponses commodes. Nous le savons, le courage interrogateur, d’expérimenter les abîmes de l’existence et d’endurer, est déjà en soi une réponse plus haute que tout renseignement extrêmement bon marché de systèmes de pensée artificiellement bâtis.
Conserver la volonté de savoir de notre peuple.
Et ainsi sommes-nous ceux auxquels la conservation de la volonté de savoir de notre peuple va être à l’avenir confiée. La Révolution nationale socialiste n’est pas simplement l’acceptation d’un puissance présente dans l’État grâce à un parti suffisamment augmenté pour cela, mais au contraire (de souligner la suite) cette révolution amène le plein bouleversement de notre existence nationale.
A partir de maintenant toute chose exige décision et toute action responsabilité… Nous en sommes certains : si la volonté d’autodétermination devient la loi d’ être-les-uns-avec-les-autres [Miteinanderseins], alors chaque peuple peut et doit être pour tout autre peuple un maître d’enseignement [Lehrmeister] de la richesse et de la force de toutes les grandes actions et œuvres de l’être humain.
Le vote que maintenant le peuple allemand a à effectuer, est déjà, à lui seul comme événement, encore tout-à-fait indépendamment du résultat, la plus forte manifestation de la nouvelle réalité allemande de l’État national-socialiste. Notre volonté de responsabilité populaire veut que tout peuple trouve et conserve la grandeur et la vérité de sa destination. Cette volonté est la plus grande garantie de la paix des peuples, car elle se rattache elle-même à la loi fondamentale de l’attention humaine et de l’honneur inconditionnel. C’est cette volonté que le Führer a amenée dans le peuple entier à la pleine croissance et soudée à une décision unique. Aucun ne peut se tenir éloigner au jour de l’expression de cette volonté.
Heil Hitler »
Le référendum eut lieu le lendemain avec 95,1% de oui, et l’Allemagne quitta la S.D.N. le 24 Janvier de l’année suivante.
Pierre Dortiguier †
NDLR
* Le père de Martin Heidegger était du Jura Souabe, comme la Maison de Hohenstaufen. Entre les démêlés de l'Empereur Frédéric II de Hohenstaufen, et plus tard des Vieux-Croyants, avec la Papauté, il y a sans doute beaucoup de points communs. La philosophie allemande et celle de Martin Heidegger, dans leur recherche de la vérité et de la sagesse, ne peuvent pas y être étrangères non plus. Un sujet à explorer.
** https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_vieille-catholique
*** "L′infaillibilité pontificale est un dogme proclamé par l'Église catholique en 1870 et complété en 1964, selon lequel le pape ne peut se tromper dans son pouvoir ordinaire et extraordinaire lorsqu'il entend définir une doctrine révélée en matière de foi ou de mœurs, qu'il exprime ex cathedra.
L'infaillibilité pontificale s'inscrit dans la tradition de l'infaillibilité de l'Église, dont le pape est l'interprète souverain1. Défini solennellement lors du concile Vatican I dans la constitution dogmatique Pastor æternus (18 juillet 1870), ce dogme a été complété lors du concile Vatican II par la constitution dogmatique Lumen gentium (21 novembre 1964) qui le replace dans un cadre ecclésiologique plus général et le situe dans la collégialité épiscopale.
L'infaillibilité pontificale ne signifie pas que le pape soit exempt de péché ou d'erreur quand il s'exprime en tant que personne privée.
Si l'Église catholique lui attribue des origines scripturaires anciennes, cette doctrine est contestée par les autres confessions chrétiennes." https://fr.wikipedia.org/wiki/Infaillibilit%C3%A9_pontificale
Pierre Dortiguier: L’idée de Rivarol dans Jünger
L’idée de Rivarol dans Jünger
mercredi 1er juin 2011, par Pierre Dortiguier
In memoriam Alfred Mader
Frédéric tu vois vers quelle honteuse nuit
Précipite ses pas le siècle qui s’enfuit.
Rivarol, 1783
L’intérêt porté par un prince des lettres d’humeur –selon son mot- catilinaire (par allusion au complot attribué dans l’antiquité romaine à Catilina contre le sénat et le peuple romain), à l’œuvre de Rivarol ne saurait délaisser les points de vue par lesquels le lauréat, d’ascendance piémontaise, de l’académie de Berlin de 1783, a touché aux limites de l’esprit européen : « On s’abandonne à une raison purement spéculative, à une raison qui conclut, sans jamais parvenir à la raison qui veut ». [1]
Le premier, ontologique, est le constat de l’universalité (non pas la duplication paresseuse de l’Un indéfinissable qui absorbe la pluralité des formes ou l’universalisme ; ce qui, au contraire, est tourné vers Un, comme un tourbillon de l’unité, pense en Un, Universitas…von diesseits und realistisch, d’ici-bas et réaliste !) d’où le nihilisme puise sa réalité ; mais c’est le second point de vue, polémique, lequel servit, le rappelle Jünger, de modèle à Burke dans sa défense de la fille des Césars, que la postérité retient, quand la Muse brise la table des nouveaux Apôtres, « préface criminelle d’un livre impossible ». [2] Ceci fait place au dernier effort, et le plus patient, du comte de Rivarol, acclimaté par Jünger dans les Sylves allemandes, et qui repose sur l’aperception d’une fixité des choses. Or cette fixité, attachée à la clarté, dans l’homme, est le cœur : « Il n’y a donc rien dans l’homme de plus clair que le sentiment, parce qu’il n’y a rien de plus certain. Son nom seul confond idéalistes, matérialistes et pyrrhoniens ; les nuages qui couvrent l’esprit et la nature n’arrivent pas jusqu’à lui… ». [3]
Jünger en voit, à parler géologie, l’équivalence dans le phénomène de sédimentation, après qu’il a cultivé, comme on sait, le mot tenu par Goethe naturaliste pour un trésor de la langue allemande, de Gestalt [4] ; antithèse, à certains égards, de la forme qui ne dit que le contour extérieur et non pas la vie de la totalité (« kosmos »), avec sa hauteur et sa profondeur. Ces termes corrélatifs de fixité et de clarté du discours de Rivarol, se rapproche de celui de Haltung, chez Heidegger, et dont la simplicité est qualifiée par lui « feu d’avertissement » (befeuernde).
Ce n’est point l’endroit de relever la dissonance – pour reprendre une juste critique- entre ces deux gloires du talent et de l’esprit alémanique, comme demeure vain de séparer, dans l’atticisme, Platon et Isocrate sur la définition de la philosophie ou la force des paroles, quand bien même chacun sent qu’être familier des lieux n’est point exactement y habiter. L’Evangile ne précise-t-il pas aussi la meilleure part ?
Im Gewitter spricht der Gott
Dans l’orage parle le Dieu
(Hölderlin)
Junger apprécie chez Rivarol dont il souligne la culture augustinienne, la beauté organique de la forme, d’autant plus éloigné de la phraséologie qu’elle se concentre, comme une analyse non feinte, sur le pouvoir du mot attaché à la vérité. Dans l’allocution prononcée devant les entomologistes de Bavière, Jünger avoue : « Je ne crois guère que, sans mon long dressage acquis dans l’étude des objets de la nature, je me serais risqué à traduire un auteur aussi difficile que le français Rivarol ». [5]
Il est donc peu de soutenir que Rivarol soit le double, au sens faustien, de Jünger, car ce serait bien davantage un secours que dans sa léthargie celui-ci reçoit de l’idée formée autour de la sublimité de son style. La Vérité peut bien rougir de se laisser entraîner à débiter des compliments qui ne sont point dans le ton jamais indulgent de Rivarol. Il ne faut point, en effet, chercher dans Jünger, un entêtement socratique qui fasse obstacle au tribunal de l’opinion disposant, à l’athénienne, des règles de l’impiété.
Que les harmonies de Rivarol et avec leur intérêt métaphysique, pénétré des pensées flottantes et nourri les non-dits que Heidegger accueille comme une suite de ses propres efforts : « Ce qui y reste informulé atteint le cœur même de mes efforts dans le domaine de la pensée » [6] ne tourne cependant pas en apologie. Il faut trouver la raison de cette abstention dans l’idée amenuisante de Rivarol propre à notre modernité. Idées, types, Gestalt(en), pour reprendre la lettre célèbre adressée à Jünger par son ami Heidegger, dans les Mélanges de 1955, ombrent le dire, comme une monnaie usée, subrepticement introduite dans le commerce et les changes, rognée et ôtée de son poids réel.
Jünger aura donc rehaussé par son style délié une finalité discrète de l’œuvre entière de Rivarol, plus large que celle que peut recevoir la domination apparente (Scheinherrschaft) ou la semi-anarchie absolutiste de la société libérale enfermant le bon sens et la raison dans une vérité déserte. « La raison est un composé de l’utile et du vrai ; ce qui la distingue de la vérité pure ; la raison n’exclue pas les bons préjugés, ce qui lui donne le droit de parler haut ; la vérité les exclut, ce qui la condamne à la réserve, au mystère et au silence. » [7] Ne serait-ce pas la fin à laquelle tend une réelle aristocratie illustrée par le prince de Ligne, « cette figure de beauté vive et d’esprit rapide » Mars esthète, et non pas à La Fayette tribunicien, par un Choderlos de Laclos, près d’une Vénus intellectuelle, non pas triviale. C’est alors qu’il nous faut, comme son compagnon de marche y invite Jünger, nous arrêter sur le chemin forestier, mais ne pas hésiter à prendre la voie à peine ouverte que n’obstruent que les coupes nettes des bûcherons. Là serait bien posée – mieux que l’idée - l’ouvrage léger d’une plume active.
Contribution aux Dossiers H conçu et dirigé par un connaisseur et interlocuteur de Jünger, Philippe Barthelet, aux éditions l’Age de l’homme, 2000, Lausanne, 591p., p .454-456.
Notes
[1] « De l’homme, de ses facultés intellectuelles et de ses idées premières et fondamentales » par A.C.Rivarol aîné, in Discours préliminaire de la langue française, Paris, An V (1797)
[2] Conclusion du pamphlet : De la Philosophie moderne, 1797
[3] Discours préliminaire. op.cit, p.15
[4] Cf. sa dissertation de morphologie, (Jéna 1807) : « Die Absicht eingeleitet (« Le dessein introduit ») : « L’Allemand a pour le complexe de l’existence d’une essence réelle le mot de Gestalt, il fait dans cette expression abstraction du mouvement, il suppose qu’une connexion est établie, isolée et fixée dans son caractère »
[5] Rivarol et autres essais, trad. Jeanne Naujac et Louis Eze, Paris Grasset, 1974, p.249
[6] Lettre de Martin Heidegger, datée de Fribourg-en-Brisgau, 7 novembre 1969, in Rivarol, op.cit.p.161
[7] Rivarol, Discours préliminaire op.cit. p.97
Source: http://www.dortiguier.fr/L-idee-de-Rivarol-dans-Junger.html
[...]
Le plus souvent, les recueils de correspondance regorgent d'éléments quotidiens et banals, mais ces lettres sont riches en discours philosophiques, les deux hommes contemplant d'un œil critique le monde qui les entoure. Heidegger et Jünger discutent souvent d'autres philosophes et de leurs travaux. Ainsi, en décembre 1955 et janvier 1956, Jünger mentionne dans un post-scriptum : "J'ai maintenant terminé un travail sur [Antoine de] Rivarol. Ses maximes sont en général d'une clarté limpide, bien que par endroits un peu orphiques" (18). A la fin du post-scriptum, il demande à Heidegger son avis. Heidegger répond par une exégèse de plusieurs pages. Il écrit : "La considération du tisserand, le va-et-vient de la navette du tisserand, montre que Rivarol voit le mouvement non pas comme un vide de l'avenir dans le passé ("le temps passe"), mais comme la transition qui va et vient entre deux choses au repos" (20). Les deux hommes ont échangé des opinions et des idées comme celles-ci à de nombreuses reprises au cours des années. Ces brèves discussions sont extrêmement utiles au lecteur ou à l'érudit qui s'intéresse au fonctionnement interne de l'esprit d'un philosophe.
[...]
https://reviews.ophen.org/2017/07/05/martin-heidegger-ernst-junger-correspondence-1949-1975-2/
De qui Poutine est-il surtout le Président ? réponses implicites de Shamil Sultanov et de Leonid Ivashov
(Extrait)
Au cours des quatre dernières années, la Fédération de Russie est devenue un leader mondial en matière d'inégalité socio-économique ou d'injustice sociale, dépassant avec assurance l'Amérique, l'Allemagne et la Chine. La Russie, dont l'économie est engluée dans la stagnation depuis plusieurs années et dont le niveau de vie de la majorité de la population n'a cessé de baisser, compte nettement plus de milliardaires en dollars en 2019 qu'en 2018. Pendant ce temps, 10 % des Russes contrôlent 83 % de la richesse nationale, tandis que les 1 % de super-riches contrôlent près de 60 % de tous les actifs matériels et financiers. Cela n'existe dans aucune des grandes économies du monde. Aux États-Unis, par exemple, les 1% de super-riches ne possèdent que 35% de la richesse nationale.
Et cette inégalité socio-économique ne fait que s'accroître. Par exemple, après l'effondrement de l'URSS, la part des revenus des 1% les plus élevés de la société russe est passée de moins de 6% de tous les revenus en 1989 à 22% en 1995. En outre, la part de ce même 1% dans la richesse totale de tous les ménages russes est passée de 22% en 1995 à 43% en 2015. Ce chiffre est plus élevé qu'aux États-Unis, en Chine, en France et au Royaume-Uni.
Le nombre de citoyens russes possédant une fortune d'un milliard de dollars ou plus figurant dans le classement mondial en 2020 était de 103 personnes. La richesse combinée des milliardaires russes a fortement augmenté dans les années 2000, couvrant environ 30 à 35 % de la richesse nationale. C'est nettement plus que dans les pays occidentaux : aux États-Unis, en Allemagne, en France, entre 2005 et 2015, ce chiffre se situait entre 5 et 15 %.
Les oligarques russes et autres nouveaux riches conservent près de 1 500 milliards de dollars à l’étranger.
La croissance de la richesse des couches supérieures de la bourgeoisie russe, de la bureaucratie, des généraux et des colonels des structures de pouvoir se produit invariablement sur fond d'appauvrissement permanent de la majorité de la nation russe.
(...)
Shamil Sultanov
Lisez ici, sur ce blog, la suite de l'important article de Shamil Sultanov, très documenté, suivi d'un article du général-colonel Leonid Ivashov qui vous montreront la situation RÉELLE en Russie, dont vous n'entendrez parler ni dans les médias russophobes ni dans les médias russophiles. Vous comprendrez ensuite de qui Vladimir Poutine est surtout le Président.
Shamil Zagitovich Sultanov (1952-2022), géopoliticien russe musulman, directeur du Centre des Études stratégiques "La Russie et le monde islamique", avait été aussi député de la Douma de 2003 à 2007. Le philosophe français Pierre Dortiguier l'a évoqué à plusieurs reprises dans ses entretiens, mais seulement pour souligner son origine tatare, sans jamais expliquer qui il était ni ce qu'il faisait, ce qui est très regrettable. Vous trouverez sur ce blog plusieurs articles de ce remarquable penseur, trop tôt disparu, traduits en français par nos soins.
Tags: Shamil Sultanov, Club d'Izborsk.
https://pocombelles.over-blog.com/tag/club%20d%27izborsk%20%28russie%29/
Shamil Sultanov était membre du Club Izborsk.
P.O.C.
Hyperborée, Orient, Allemagne: un entretien de Pierre Dortiguier avec Oleg de Normandie
1:13:15 et suivantes : le point de rencontre
1: 17:03: le député russe, Tatar, est Shamil Sultanov, géopoliticien, membre du Club Izborsk: voir ses articles et interviews sur ce blog (en cherchant un peu): https://pocombelles.over-blog.com/tag/club%20d%27izborsk%20%28russie%29/
Pierre Dortiguier fait l'éloge des Suédois mais il ne parle pas du Maréchal Mannerheim, un Finlandais d'origine aristocratique suédoise, devenu Président de Finlande, dont la devise était: "Droit dans les causes droites" et dont nous avons parlé plusieurs fois sur ce blog (nous rappelons que les articles de ce blog sont désindexés par Google depuis de nombreuses années, mais pas les images, il faut donc essayer de les retrouver par les images car une partie seulement est référencée par mots-clefs):
1:22:01 : sur le premier drapeau yougoslave blanc et rouge et son symbolisme
1:27:00 : les Pygmées d'Afrique associent leur origine aux Pléiades. Voir sur ce blog les nombreux articles consacrés aux Pléiades
https://pocombelles.over-blog.com/article-matariki-le-nouvel-an-maori-104902643.html
1:33:46 : la constellation des princes-électeurs allemands autrefois, la politique réaliste X l'utopie "uniformiste" qui a suivi.
Pierre Dortiguier: La décrépitude du moi dans les sciences humaines
"Il y a deux choses qui ravissent continuellement mon esprit: le ciel étoilé au-dessus de ma tête et la loi morale en moi."
Emmanuel Kant, cité par P. Dortiguier au début de sa conférence à distance à l'Académie islamique de Bruxelles le vendredi 25 février 2022 sur "La décrépitude du moi dans les sciences humaines".
Au cours de sa très intéressante conférence, le Pr. Dortiguier a parlé à plusieurs reprise de la métaphore platonicienne du Moi: le cocher et ses chevaux qu'il doit maîtriser.
Mais cette métaphore vient de beaucoup plus loin, dans l'espace et dans le temps: de l'Inde et de l'hindouisme. Dans la Bhagavad-Gita, le Moi est comparé au char de guerre d'Arjuna conduit par Krishna. Les chevaux, ce sont les sens. Les rênes, ce sont les pensées. Le cocher, c'est l'esprit. Le passager du char; seigneur, prince ou roi, armé de l'arc et des flèches, c'est l'âme.
Pierre Dortiguier: L'esprit colonial allemand (Bismarck, Guillaume II)
L'Empereur Guillaume II vint à Jérusalem (où il refusa, sur le conseil du Sultan et Calife, de recevoir le fondateur du sionisme Theodor Hertzel) donner aux Franciscains un terrain appartenant à l'Eglise protestante. Il prononça un discours fameux à Damas, une ville électrifiée, avant Istanbul, par les ingénieurs allemands, où il se présentait comme le protecteur de tous les musulmans du monde obéissant au Calife.
(...)
Le chancelier Bismarck (1815-1898) expliqua, le 26 août 1884, ce qu'il entendait mettre en œuvre dans les colonies: « Je répète que je suis entièrement opposé à la création de colonies sur un plan qui a prévalu dans le siècle passé qu'on pourrait appeler le système français qui consiste à acquérir un territoire, à y placer des fonctionnaires et une garnison, puis à inviter les gens à y venir et à y vivre. Je n'annexerai pas à l'Empire des provinces d'Outre-Mer. Je suivrai l'exemple de l'Angleterre en accordant à des négociants quelque chose comme des chartes confiées à la Compagnie des Indes occidentales. Je nommerai seulement un consul ou un résident pour représenter l'autorité impériale ».
Pierre Dortiguier
Source: http://terreetpeuple.com/histoire/4062-la-colonisation-allemande-en-palestine.html
Voir également: https://www.youtube.com/watch?v=MkC78oHN8OA
« Mon cher Nikki, Damas , le 9 novembre 1898.Ton aimable télégramme envoyé à Jérusalem prouve que tu suis avec intérêt mon voyage, ce qui m’incite, en le terminant, à t’envoyer quelques lignes pour te donner mes impressions. Elles sont si diverses, qu’il est difficile de les mettre en ordre.Jérusalem a naturellement fixé notre attention tout d’abord à cause des multiples endroits où se retrouve le souvenir de notre Sauveur. La pensée que son regard se posait sur ces mêmes collines, que son pied foulait cette même terre, émeut le cœur et l’oblige à battre plus fort et plus ardemment. Mais je dois avouer sincèrement que parmi les choses vues ici et se rapportant à la foi chrétienne, toutes sont loin de faire naître ces sentiments. Un grand nombre de confessions et de sectes diverses de notre commune religion chrétienne ont construit ici beaucoup trop d’églises, de monastères, de chapelles, etc., sur les « lieux saints traditionnels » comme on les appelle. Une certaine rivalité s’est créée, une lutte à qui édifiera les clochers les plus hauts, les églises les plus belles, qui ne conviennent pas du tout aux lieux où ces monuments sont élevés. En vérité, on peut croire à une exposition de modèles d’églises ! Le fait a influencé aussi le clergé des différents temples. Les prêtres se plaisent à intriguer et à ourdir des combinaisons politiques, excitant à la haine au lieu de l’amour, et provoquant dans les églises des querelles et des conflits qui remplacent le chant des psaumes et la bonne entente de naguère. Mais ce qui est pis encore, ils ont favorisé l’adoration des pierres et des arbres qui est défendue par le second des dix commandements et qui, chez eux, remplace l’adoration de la Divinité. Un Français m’a dit : « Il s’agit de l’adoration de la pierre dans les lieux prétendus saints mais dont il est impossible (souligne l’Empereur et Roi) de garantir la Sainteté. Quant à la Divinité, elle n’y est pour rien ». Ces paroles sont absolument vraies, bien que fort pénibles pour nos sentiments chrétiens. Il est naturel que cette idolâtrie — excuse cette expression — provoque chez les Musulmans le mépris le plus grand à l’égard des Chrétiens. Lorsque je quittais les lieux saints, j’éprouvais une honte profonde devant les Musulmans et vivais dans la conscience que si je n’avais appartenu à aucune religion en arrivant à Jérusalem, je me serais certainement fait mahométan ! La religion, telle qu’on la comprend à Jérusalem, ne contribuera à convertir aucun musulman, n’aidera à pousser aucun arbre ni à creuser un seul nouveau puits. Je crains que, souvent, le clergé, à Jérusalem, ne se serve de la religion pour voiler les intrigues et les machinations politiques. Certes, pareil état de choses est peu compatible avec nos désirs et fait beaucoup de mal au christianisme, car les Musulmans l’ont depuis longtemps remarqué, et leurs rapports avec nous se sont établis d’après les impressions qu’ils ont ressenties. Je reviens chez moi avec un sentiment de déception intense et la conviction profonde que le tombeau de notre Sauveur ne se trouve certainement pas sous l’église de la tombe du Seigneur (Guillaume désigne ce que nous traduisons par l’église du Saint Sépulcre). Celle-ci, par son extérieur et son ornementation, perd beaucoup quand on la compare à la mosquée d’Omar qui,dans sa grandeur simple, inspire la vénération. Hélas ! Damas est la ville qui, au point de vue du coloris oriental, se trouve être incontestablement la plus belle et la plus intéressante. Beyrouth, avec ses merveilleuses villas, ses beaux jardins, ses allées, rappelle plus les villes de l’Italie du Sud et de la Sicile. La terre sainte épouvante presque par sa sécheresse stérile, l’absolue pénurie d’arbres et d’eau. Ici tout change comme par enchantement ! La grande rivière Barader donne la vie et la fraîcheur et assure le développement d’une flore enchanteresse… L’accueil qu’on nous a réservé est absolument étonnant. Aucun monarque chrétien — giaour — n’a été aussi honoré et reçu avec cet enthousiasme débordant. C’est justement parce que je suis l’ami de leur sultan et calife et que j’ai toujours eu une politique ouverte et honnête à leur égard, ce que je t’ai si souvent conseillé. La haine contre les Anglais est forte et même ne va qu’en augmentant… »(Correspondance entre Guillaume II et Nicolas II, 1894-1914, publiée par le gouvernement des Soviets d’après les archives centrales etc. Paris, Plon, 1924, 296 pp, lettre 25, pp. 50-52).
La défaite et la chute de l’Empereur Guillaume ne pouvait être que celle d’un défenseur des Musulmans de Palestine ! C’est de l’Histoire et pas du roman !"
Pierre Dortiguier
Source: https://www.lelibrepenseur.org/guillaume-ii-admire-les-musulmans-de-jerusalem-par-pierre-dortiguier/
Pierre Dortiguier: Entretien avec Mezy sur le communisme et le libéralisme
Source: chaîne de Mezy sur youtube présentant ses passionnants entretiens avec le professeur de philosophie Pierre Dortiguier:
https://www.youtube.com/c/Mezy72/videos
Pierre Dortiguier: (élections iraniennes 2021) "Les grands peuples sont ceux qui ont affronté le destin"
Page du Shâhnâmeh (Livre des Rois) de Firdousi. "La poésie épique est la véritable religion de l'Iran" (Pierre Dortiguier)
"Les grands peuples, ceux qui ont pu marquer l’histoire et se conserver à travers l’histoire, sont ceux qui ont affronté le destin et lutté contre les forces de désagrégation, c’est ce qui se passe aujourd'hui en Iran..."
Pierre Dortiguier, extrait de son entretien à propos des élections présidentielles en Iran:
Tout ce que l'Europe doit à l'Orient et à l'Asie
"Toutes les fois qu'ils allumeront le feu de la guerre, Dieu l'éteindra " !
(Sourate 5)
"La poésie épique est la véritable religion de l'Iran".
Pierre Dortiguier
"Nahor: repas, en persan
Nehren: nourrir, en allemand
Nourrir, en français
On parle la même langue, donc on appartient au même peuple".
Pierre Dortiguier
Alphonse de Lamartine , Voyage en Orient
« L’islamisme, terme noble défiguré en cet âge de fer », par le Pr Pierre Dortiguier
(...) Lamartine a composé un ouvrage en six tomes sur l’Histoire de la Turquie, publié à Paris en 1854, dans lequel il prend parti pour la civilisation musulmane contre ce qu’il désigne franchement comme le despotisme russe. Ouvrons la préface : « Réveillés en sursaut de leur long sommeil par le péril de leur race et de leur nom, attaqués en pleine paix par l’envahissement de leurs mers et de leur territoire, insultés dans leurs foyers, outragés dans leur indépendance, submergés de toutes parts par des armées de ces Moscovites qui prennent leur nombre pour droit et le fer pour titre, les Turcs, debout sur ce qui leur reste de frontières, les armes du désespoir à la main, combattent sans regarder devant eux ni derrière eux pour savoir si la Turquie ressuscitera dans son sang ou pour mourir avant le dernier jour de leur patrie. »
« ../.. Avant de raconter l’histoire de cet empire qui remplaça un moment l’empire romain dans cet Orient, berceau des peuples et théâtre des plus merveilleuses transfigurations des races humaines, il est nécessaire », et nous conclurons ainsi avec notre compatriote aristocrate qui s’éleva à la Chambre des Pairs (équivalent de notre Sénat) contre les enfumades, dans les grottes, ordonnées par le général Bugeaud (mort en 1849) » de raconter la naissance et le progrès de l’islamisme et de la religion de Mahomet » (op. cit. chapitre I) » (...)
Découvrez les articles de Pierre Dortiguier sur le site du Libre Penseur:
Pierre Dortiguier: Le roi et l'Ancien Régime
De la monarchie absolutiste de Louis XIV à l'absolutisme de la Révolution: l'exemple de l'Alsace, par Pierre Dortiguier:
https://www.lelibrepenseur.org/la-decadence-de-la-france-nest-pas-recente-par-pierre-dortiguier/