poesie
Mono no Aware
Le Paradis était l’endroit où l’on savait tout mais où l’on n’expliquait rien...
Natural selections: "Birds and Flowers of Spring and Summer," one of a pair of six-fold screens by Kano Eino with various symbols of nature (Edo Period, 1603-1867) | SUNTORY MUSEUM OF ART; © KEIZO KIOKU PHOTO
[...] Au-delà du mot adopté et de l’ironie finale, il n’y a pas de doute que l’expérience rappelle une expression clé de l’esthétique japonaise, ce mono no aware qui désigne un certain « pathos (aware) des choses (mono) », c’est-à-dire le sentiment ressenti par l’observateur face à la beauté éphémère des phénomènes, lorsque il est pénétré par la brève durée d’une telle splendeur, destinée à s’évanouir de même que celui qui la contemple est voué à disparaître. Ce n’est pas par hasard que, entre les sens du mot aware, on peut trouver celui de compassion, dans le sens étymologique de cum-patire, de souffrir ensemble, qui rapproche l’homme du reste de la nature, liés par un même destin fugace. En reprenant dans les Cahiers l’épisode de la châtaigne, Cioran souligne justement cette vérité métaphorique [...]
“Cioran, la naissance et le Zen” par Massimo Carloni
Motoori Norinaga, autoportrait. Le terme mono no Aware a été utilisé pour la première fois par Motoori Norinaga (1730-1801) pour décrire la littérature de la période Heian (794 AD - 1185 AD), en particulier Le Dit du Genji.
La caverne du Tigre, au printemps, avec à l'extérieur, les merisiers en fleur La caverne, depuis des millénaires, c'est la permanence. La végétation, dehors, avec le chant des oiseaux et la musique de la nature, seconde après seconde, heure après heure, journée après journée, saison après saison, c'est l'impermanence, car "la seule chose qui ne change jamais, c'est que tout change toujours". Moi-même, assis en tailleur dans cette caverne, sur un lit de fougères sèches et odorantes, en contemplation, je ne suis jamais le même. Hier, quand je suis venu, j'étais un autre et demain, quand je reviendrai, je serai encore un autre, et pourtant toujours moi-même, comme l'eau de la rivière qui change toujours mais reste la même rivière.
Texte et photographie par Pierre-Olivier Combelles.
Muhammad Iqbal: "Parinday ki Faryad" (The Bird's Complaint)
Sir Muhammad Iqbal (Urdu: محمد اقبال; 9 November 1877 – 21 April 1938) was a South Asian Muslim writer, philosopher, scholar and politician, whose poetry in the Urdu language is considered among the greatest of the twentieth century, and whose vision of a cultural and political ideal for the Muslims of British Raj was to animate the impulse for Pakistan. He is commonly referred to by the honorific Allama (from Persian: علامہ, romanized: ʿallāma, lit. 'very knowing, most learned').
Born and raised in Sialkot, Punjab, Iqbal completed his B.A. and M.A. at the Government College Lahore. He taught Arabic at the Oriental College, Lahore from 1899 until 1903. During this time, he wrote prolifically. Among the Urdu poems from this time that remain popular are Parinde ki faryad (A bird's prayer), an early meditation on animal rights, and Tarana-e-Hindi (The Song of Hindustan) a patriotic poem—both poems composed for children. In 1905, he left for further studies in Europe, first to England, where he completed a second B.A. at Trinity College, Cambridge and was subsequently called to the bar at Lincoln's Inn, and then to Germany, where he received a Ph.D. in philosophy at the University of Munich. After returning to Lahore in 1908, he established a law practice but concentrated on writing scholarly works on politics, economics, history, philosophy, and religion. He is best known for his poetic works, including Asrar-e-Khudi – after whose publication he was awarded a knighthood, Rumuz-e-Bekhudi, and the Bang-e-Dara. In Iran, where he is known as Iqbāl-e Lāhorī (Iqbal of Lahore), he is highly regarded for his Persian works.
Iqbal regarded Rumi as his Guide and Ashraf Ali Thanwi* as the greatest living authority on the matter of Rumi's teachings. He was a strong proponent of the political and spiritual revival of Islamic civilisation across the world, but in particular in South Asia; a series of lectures he delivered to this effect were published as The Reconstruction of Religious Thought in Islam. Iqbal was elected to the Punjab Legislative Council in 1927 and held a number of positions in the All India Muslim League. In his 1930 presidential address at the League's annual meeting in Allahabad, he formulated a political framework for Muslims in British-ruled India. Iqbal died in 1938. After the creation of Pakistan in 1947, he was named the national poet there. He is also known as the "Hakeem-ul-Ummat" ("The Sage of the Ummah") and the "Mufakkir-e-Pakistan" ("The Thinker of Pakistan"). The anniversary of his birth (Yom-e Welādat-e Muḥammad Iqbāl), 9 November, used to be a public holiday in Pakistan until 2018 Abul Hasan Ali Hasani Nadwi wrote Glory of Iqbal to introduce him to the Arab world.
Source: https://en.wikipedia.org/wiki/Muhammad_Iqbal
* Ashraf Ali Thanwi (often referred as Hakimul Ummat and Mujaddidul Millat (19 August 1863 – 20 July 1943) was a late-nineteenth and twentieth-century Sunni scholar, jurist, thinker, reformist and the revival of classical Sufi thought from Indian subcontinent during the British Raj, one of the chief proponents of Pakistan Movement. He was a central figure of Islamic spiritual, intellectual and religious life in South Asia and continues to be highly influential today. As a prolific author, he completed over a thousand works including Bayan Ul Quran and Bahishti Zewar. He graduated from Darul Uloom Deoband in 1883 and moved to Kanpur, then Thana Bhawan to direct the Khanqah-i-Imdadiyah, where he resided until the end of his life. His training in Quran, Hadith, Fiqh studies and Sufism qualified him to become a leading Sunni authority among the scholars of Deoband. His teaching mixes Sunni orthodoxy, Islamic elements of belief and the patriarchal structure of the society. He offered a sketch of a Muslim community that is collective, patriarchal, hierarchical and compassion-based.
Souvenir d'un printemps passé, qui reviendra
Platanthera chlorantha (Orchidaceae), entre St Benoît et la D 906. Photo: Pierre-Olivier Combelles, mai 2016.
Comme Linné l'avait compris et démontré*, la botanique est une science amoureuse. À un certain degré, elle devient poésie.
Pierre-Olivier Combelles
* Carl von Linné: Voyage en Laponie https://www.ladifference.fr/media/feuilleteuse/extrait-978-2-7291-1412-1.pdf
Cet article est une republication. Source: http://pocombelles.over-blog.com/2016/06/les-belles-de-mai-la-platanthere-platanthera-chlorantha-orchidaceae.html
Soliman le Magnifique: poème à Roxelane
Soliman Ier (turc ottoman : سلطان سليمان اول (Sultān Suleimān-i evvel) ; turc : I. Süleyman) est probablement né le 6 novembre 1494 à Trébizonde (Trabzon) dans l'actuelle Turquie et mort le 6 septembre 1566 à Szigetvár dans l'actuelle Hongrie. Fils de Sélim Ier Yavuz, il fut le dixième sultan de la dynastie ottomane et le soixante-quatorzième calife de l’islam de 1520 à sa mort en 1566. On le nomme Soliman le Magnifique en Occident et Le Législateur en Orient (turc : Kanuni ; arabe : القانوني, al‐Qānūnī) en raison de sa reconstruction complète du système juridique ottoman.
(Source: Wikipedia)
"Throne of my lonely niche, my wealth, my love, my moonlight.
My most sincere friend, my confidant, my very existence, my Sultan
The most beautiful among the beautiful...
My springtime, my merry faced love, my daytime, my sweetheart, laughing leaf...
My plants, my sweet, my rose, the one only who does not distress me in this world...
My Istanbul, my Caraman, the earth of my Anatolia
My Badakhshanmy Baghdad, my Khorasan
My woman of the beautiful hair, my love of the slanted brow, my love of eyes full of mischief...
I'll sing your praises always
I, lover of the tormented heart, Muhibbi* of the eyes full of tears, I am happy."
http://www.womeninworldhistory.com/sample-10.html
* Soliman a signé ce poème sous le nom de Muhibbi.
Soliman le Magnifique était brièvement évoqué par le l'écrivain, cavalier et patriote syrien Adnan Hazzam dans son captivant entretien avec François Asselineau:
https://www.upr.fr/actualite/lamitie-multi-seculaire-franco-syrienne-pourra-t-elle-renaitre/
Attar: La Conférence des oiseaux
HUPPE : La rose ne sourit pas. A chaque nouveau printemps, la rose se rit du Rossignol. Choisis un amour qui ne meure pas.
***
MOINEAU : Moi aussi j’abandonne. Je sens que j’abandonne.
HUPPE : Mais pourquoi?
MOINEAU : Pourquoi? Tu me demandes pourquoi? Je ne t’ai pas dit: Je suis de caractère efféminé et inconstant. Je ne fais que sauter d’une branche à l’autre. Un jour libertin, un jour abstinent. Tu sais, je ne suis pas sincère.
HUPPE : Cela arrive à tout le monde. Vole, et nettoie la rouille de ton cœur.
***
HUPPE : Allons oiseaux aux ailes rapides. Rassemblez votre cœur et partons, car le vent du bonheur se lève. Allons oiseaux pleins de paresse et de curiosité!
***
HÉRON : Mon enfant, le jeu de l’amour est nécessaire à la sagesse. L’amour te tue. Mais à chaque instant il te prête sa force. Ne te regarde pas avec mépris, car rien n’est au-dessus de toi. Quelque chose qu’aient faite les anges, ils l’ont faite pour toi.
***
HUPPE : Allons, Colombe! En avant! COLOMBE : Juste un instant! Tu as vu la beauté de ces pierres? HUPPE : Viens. Que rien ne t’arrête. Si une chose t’arrête, elle devient ton idole.
***
ASTROLOGUE : Écoute. Si tu voyais un monde entier brûlé jusqu’au cœur par le feu, tu n’aurais encore qu’un songe. Même si tout tombait dans le néant, depuis le poisson jusqu’à la lune, on trouverait encore au fond d’un puits la patte d’une fourmi boiteuse. Et tout pourrait recommencer. Quand même les deux mondes seraient tout-à-coup anéantis, il ne faudrait pas nier l’existence d’un seul grain de sable de la terre. S’il ne restait aucune trace, ni d’hommes, ni de génies, fais attention au secret de la goutte de pluie.
***
FAUCON : Regardez!
Ils se remettent en marche.
Sur une planche, apparaissent divers objets en cire, un palmier, un scorpion et un homme que l’un des astrologues vient de disposer. Les oiseaux s’approchent.
FAUCON : Un palmier, un scorpion et un homme.
L’astrologue les désigne un après l’autre, comme pour leur poser une question. Ils essayent de deviner.
MOINEAU : Quelle différence y a-t-il entre ces trois choses?
L’astrologue approuve, désigne d’autres oiseaux.
PREMIER OISEAU EXOTIQUE : Je ne sais pas. DEUXIÈME OISEAU EXOTIQUE : Moi non plus. HÉRON : Moi je vois. C’est tout le contraire.
Il commence à pétrir les objets en cire, qui ne forment à la fin qu’une boule.
HÉRON : Regarde le secret de la cire. Quoique tu voies beaucoup d’individus, il n’y a en réalité qu’un petit nombre. Il n’y en a qu’un seul. C’est la vallée de l’unité.
FAUCON : Et le scorpion a disparu.
HUPPE : Le scorpion? Il est en toi, très bien caché. On dirait qu’il est endormi. Mais Si tu le touches tant soit peu, il aura la force de cent dragons. Et il te mordra violemment, sous la poussière même du tombeau.
***
HÉRON : Je suis glacé de peur. Est-ce la vallée de la Mort?
HUPPE Oiseaux tourmentés, écoutez-moi. Ce dernier pas est le plus difficile. Un être est nourri au milieu des soins. Il grandit. Puis la mort vient tout effacer. Il devient la poussière du chemin. Mais à cet instant, il apprend mille secrets qu’il ignorait.
***
La Conférence des oiseaux (en persan : منطق الطیر, Mantiq at-Tayr) est un grand poème en persan écrit par le poète soufi Farid al-Din Attar en 1177. Cette allégorie masnavi d'un maître soufi conduisant ses élèves à l'illumination est constituée d'environ 4 500 distiques, et son auteur déclare: « Chercheur de vérité, ne prends pas cet ouvrage pour le songe éthéré d’un imaginatif. Seul le souci d’amour a conduit ma main droite […]. »
Shams de Tabriz: Les Quarante Règles de l'Amour. Règle 1
Le sheykh Shams ud-Din Tabrizi joue aux échecs avec un jeune chrétien au grand scandale de ses disciples (manuscrit de 1581).
Rule 1
How we see God is a direct reflection of how we see ourselves. If God brings to mind mostly fear and blame, it means there is too much fear and blame welled inside us. If we see God as full of love and compassion, so are we.
Règle 1
La façon dont nous voyons Dieu est le reflet direct de la façon dont nous nous voyons nous-mêmes. Si Dieu nous évoque surtout la peur et le blâme, cela signifie qu'il y a trop de peur et de blâme en nous. Si nous voyons Dieu plein d'amour et de compassion, nous le sommes aussi.
Shams de Tabriz: Les Quarante Règles de l'Amour
Shams-ed-Dīn Tabrīzī ou Shams-e Tabrîzî (nom complet : محمد بن علی بن ملکداد تبریزی (Šams ad-Dīn Muḥammad ibn ‘Alī ibn Malik Dād-i Tabrīzī), dit شمس الدين تبریزی / شمس تبریزی — « Shams de Tabriz ») est un mystique iranien soufi né à Tabriz vers 1185 et mort en 1247. Il fut le maître spirituel de Jalâlu-d-Dîn Rûmî, qu'il initia à la mystique musulmane.
Pour en savoir plus sur Shams de Tabriz:
Shams ed-Din Mohammad Tabrizi Le rêveur muet*, par Saeed Sadeghian
* « Moi, rêveur muet, et le monde, sourd/Incapable, moi, de le dire, le monde, de l’entendre » Ce vers est attribué à Shams.
Le Revue de Téhéran: http://www.teheran.ir/spip.php?article1536#gsc.tab=0
La fleur pour l'âme
Tubéreuses (Polyanthes tuberosa), omixochitl (fleur d'os) en nahuatl. Ce sont les Aztèques qui découvrirent et cultivèrent les premiers cette plante aux fleurs parfumées.
Si tu as un pain dans chaque main, échanges-en un contre une fleur. Car le pain, c'est pour le corps et la fleur, c'est pour l'âme.
Parole de l'Imam Hussein (La paix soit sur lui).