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Le Fil d'Ariane d'un voyageur naturaliste

syrie

Les tombeaux de Damas, par Yahya Michot

21 Mars 2023 , Rédigé par Sudarshan Publié dans #Damas, #Soufisme, #Islam, #Syrie, #Religion

Les tombeaux de Damas, par Yahya Michot
Tombeau de saint Jean-Baptiste (le prophète Yahyâ) dans la Grande Mosquée de Damas

Tombeau de saint Jean-Baptiste (le prophète Yahyâ) dans la Grande Mosquée de Damas

Capitale de la Syrie, Damas abrite les tombes de nombreux saints, parmi lesquelles celles de saint Jean-Baptiste (le prophète Yahyâ), du petit-fils du Prophète – sur lui la paix ! –, al-Husayn, du martyr de Kerbela, Muhyî l-Dîn Ibn ‘Arabî, et du Shaykh de l’Islam, Taqî l-Dîn Abû l-‘Abbâs Ahmad […] Ibn Taymiyya. Cette dernière fut sauvée de la scandaleuse destruction (maçonnique ?) par les Français:

Durant les années du mandat que la Société Des Nations leur avait confié sur la Syrie (1920-1946), les Français rasèrent le cimetière des Soufis de Damas pour y construire un hôpital. Seule la tombe d’Ibn Taymiyya fut épargnée, les ouvriers syriens du pouvoir colonial, raconte-t-on, s’étant opposés avec véhémence à sa destruction.

C'est ce que raconte Yahya Michot dans un reportage très intéressant que je vous invite à découvrir:

https://www.saphirnews.com/Pour-une-tombe-a-Damas_a4483.html

Tombe d'Ibn Arabi à Damas

Tombe d'Ibn Arabi à Damas

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La Syrie, pays martyr. Adnan Azzam lance un appel aux Français. Entretien avec Xavier Azalbert (France Soir)

25 Février 2023 , Rédigé par Sudarshan Publié dans #Guerre, #Syrie

Adnan Azzam. L’auteur du livre « Damas-Moscou à cheval » (ed. Dualpha), paru en septembre 2022, revient sur la guerre qui se déroule sur le sol syrien, qu’il décrit comme « 9 années de cauchemars ».

Adnan Azzam. L’auteur du livre « Damas-Moscou à cheval » (ed. Dualpha), paru en septembre 2022, revient sur la guerre qui se déroule sur le sol syrien, qu’il décrit comme « 9 années de cauchemars ».

ENTRETIEN - « Mes mots ne seront jamais capables de décrire ce que la population syrienne a vécu pendant cette guerre. Ça n’a pas été une guerre classique. » Dans cet Entretien essentiel, l’écrivain et essayiste syrien, Adnan Azzam, revient sur « l’aspect humain de la souffrance » de la population de son pays d’origine, la Syrie.

Guerre civile, guerre, État islamique, sanctions contre le régime (embargo pétrolier, restriction sur les investissements et les exportations d'équipements et de technologies), la tragédie du peuple syrien est sans fin.

Aujourd'hui, tandis que la population fait face aux séismes dévastateurs* qui ont frappé le pays, le 6 février dernier puis de nouveau le 20 février, les mesures de contraintes économiques qui pèsent sur la Syrie depuis 2011 sont ressenties encore plus cruellement alors que le déploiement de l'aide d'urgence essentielle pour les survivants peine à être acheminée. 

Visionnez l'entretien ici: https://www.francesoir.fr/videos-l-entretien-essentiel/seisme-en-syrie-ca-ete-le-coup-de-grace-adnan-Azzam

* NDLR:

Mise au point de l'Agence spatiale turque sur le tremblement de terre

https://www.voltairenet.org/article218892.html

Question sur le tremblement de terre en Turquie et en Syrie

https://www.voltairenet.org/article218884.html

 

La Syrie, pays martyr. Adnan Azzam lance un appel aux Français.  Entretien avec Xavier Azalbert (France Soir)
Tombeau de Saint Jean-Baptiste à la Grande Mosquée de Damas. Source: Wikipedia.

Tombeau de Saint Jean-Baptiste à la Grande Mosquée de Damas. Source: Wikipedia.

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Discours du Président de Syrie Bachar Al-Assad: "Le néo-libéralisme cible notre humanité"

23 Janvier 2023 , Rédigé par Rouge et Blanc Publié dans #Syrie, #wokisme, #religion, #Société, #Président Bachar Al-Assad

Discours du Président de Syrie Bachar Al-Assad: "Le néo-libéralisme cible notre humanité"

"Le néo-libéralisme cible notre humanité."

Président de la Syrie Bachar Al-Assad

Extrait de son discours:

https://twitter.com/i/status/1617118879586856960

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Le peuple syrien pris en otage par un embargo criminel. Lettre ouverte aux hommes de bonne volonté.

29 Décembre 2021 , Rédigé par Pierre-Olivier Combelles Publié dans #Syrie, #Politique

Le peuple syrien pris en otage par un embargo criminel

Publié le 24/12/2021

 


Lettre ouverte aux hommes de bonne volonté.


Au cours d’un voyage d’étude, les signataires de ce texte ont pu constater les conséquences désastreuses de l’embargo imposé à la République Arabe Syrienne par les Etats-Unis et l’Union européenne.
Pour avoir visité les villes principales de Syrie, nous pouvons témoigner que l’embargo a pour effet de poursuivre la guerre sur le plan économique. C’est pourquoi nous appelons à la levée immédiate de la loi “César” qui n’a d’autre but que d’asphyxier financièrement le gouvernement syrien. Ceci afin d’empêcher toute reconstruction en détruisant la société civile syrienne dans le but d’imposer un changement de régime. L’inefficacité de ces sanctions, destinées à séparer le président du peuple qui l’aime, est assurée !
La Syrie, pourtant détentrice d’importantes ressources pétrolières, voit celle-ci confisquées par les forces américaines occupant les zones de production. Il en résulte une pénurie énergétique permanente, qui se traduit par des fournitures d’électricité intermittentes. La vie quotidienne des Syriens en est gravement perturbée.
Si officiellement, ces sanctions américaines et européennes ne concernent pas les aides humanitaires, leurs conséquences sont néanmoins dramatiques, car aucune banque ou entreprise n’ose exporter des équipements pour les hôpitaux ou des  vers la  par crainte de sanctions des États-Unis. Ceux-ci pratiquent en effet l’extraterritorialité juridique qui pénalise lourdement toutes relations avec les états sous embargo. Enfin, cette situation comporte aussi le risque – connu et calculé par les promoteurs de l’embargo – de créer à terme des troubles civils plus ou moins graves.
Le démantèlement de la Syrie, qui n’a pu être obtenu par les moyens militaires et les actions terroristes, pourrait l’être ainsi en réactivant des antagonismes communautaires qui ressurgiraient à l’occasion de pénuries économiques graves.
Aujourd’hui, l’État syrien est parvenu au miracle de réaliser l’unité nationale autour d’un idéal de vie commun sous couvert d’une stricte laïcité.
Cette réussite exceptionnelle,  et sociétale, doit être préservée. En premier lieu par la levée en urgence d’un blocus légalement injustifié et moralement condamnable.
Notre diagnostic a été établi par la visite des villes suivantes :
– Damas, la ville du jasmin. Peu d’éclairage public fonctionnel. Les lumières existantes sont produites par les commerçants, grâce à des groupes électrogènes. Les banlieues Nord et Sud ont été totalement détruites, après d’âpres combats entre l’armée arabe syrienne loyale, épaulée par la  et l’Iran, qui a légitimement défendu l’intégrité du territoire de la Syrie, contre des terroristes d’al-Qaïda, de Daesh, des djihadistes proches des frères musulmans et des rebelles de l’armée syrienne libre soutenus par la coalition extérieure internationale, déterminés à provoquer un changement de régime. De nombreux réfugiés couchent dans des tentes au milieu des décombres.
– Alep, ville martyre, détruite à 70 %. Les souks séculaires du 14e siècle entièrement rasés ainsi que la grande mosquée. Pourquoi dynamiter des bâtiments historiques ? Les terroristes obéissent à une seule devise : faire table rase de la  actuelle, tout à la fois société laïque moderne et mémoire des civilisations, afin d’imposer un islam radical.
– Lattaquié, grande ville portuaire qui commence à se remettre de l’agression des rebelles et des terroristes. L’électricité est aussi intermittente.
– Soueïda, grande ville du sud syrien. Électricité défaillante et de facto pas de chauffage. Il faut préciser que les États-Unis ont créé dans la région de la localité syrienne d’al-Tanf (frontalière avec la province de Soueïda), une base sur l’axe stratégique Bagdad – Damas pour soutenir les rebelles de l’armée syrienne libre (ASL) composée de terroristes islamistes.
– Daraa. Dernière étape de notre visite. Comme Alep, c’est une ville martyre. Un accord récent – moins de deux mois – pour déposer les armes a été négocié entre le gouvernement syrien légitime – avec l’aide des Russes – et les chefs des groupes rebelles.
80 % des Syriens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les prix des produits alimentaires ont grimpé de 133 %. Ce qui se passe sur le sol syrien est un crime contre l’humanité. Mais, malgré le fait que le gouvernement est obligé de donner des cartes de rationnement pour les produits de base afin de lutter contre la spéculation et malgré le fait d’une grande quantité d’immeubles dont la construction est paralysée depuis des années, les échoppes revivent. Des légumes, des fruits et des produits de première nécessité se vendent à tous les coins de rue. La ténacité, le courage et le patriotisme du peuple syrien forcent le respect.
Un fait récent permet de vérifier que cet embargo constitue en soi un acte de guerre déguisé. En effet, sous couvert d’aide humanitaire, des semences de blé contaminantes ont été livrées fin novembre 2021 au peuple syrien. Les effets auraient été dévastateurs : pourriture des épis et baisse de la germination de plus de 80 % par stérilisation des sols. (1)
Ce mépris intolérable de la vie humaine doit s’arrêter sans délai. La France, patrie des droits de l’homme, doit manifester sa vocation et affirmer ses valeurs humanistes.
Nous demandons solennellement l’arrêt immédiat de l’embargo affamant le peuple syrien. Les morts inutiles et les souffrances des nourrissons et des enfants doivent cesser immédiatement et impérativement.
Nous remercions M. Adnan Azzam, écrivain syrien, humaniste et homme de cœur, pour avoir parfaitement organisé ce périple. Nous remercions chaleureusement M. Mahdi Dakhlalah, membre du commandement central du parti Baas pour son aide précieuse et nous remercions vivement M. Mohammed al Hourani, président de l’Association des Écrivains Arabes Syriens et ses membres de nous avoir invités.


Signataires de la délégation française :

Jean-Michel Vernochet. Journaliste et écrivain.
Emmanuel Leroy. Politologue et président de l’Institut 1717
Pierre-Emmanuel Thomann. Géopolitologue, président d’Eurocontinent
Maria Poumier. Universitaire émérite et Maître de Conférences Paris VIII.
Yves Béraud. Général (2S) en retraite de l’armée de terre.
Claude Janvier. Ecrivain et essayiste.

Contact : clojea@gmail.com
 

Notes :


(1) https://parstoday.com/fr/news/world-i104350-syrie_l%27adm_am%C3%A9ricaine_frappe_!

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Michel Raimbaud: «Nous ne savions pas… qu’il y a un droit international» (RT - 22 mars 2021)

22 Mars 2021 , Rédigé par Le Rouge et le Blanc Publié dans #France, #Guerre, #Politique, #Syrie

«Nous ne savions pas… qu’il y a un droit international»

 

par Michel Raimbaud

 

22 mars 2021

 

Comme l'Irak avant elle, la Syrie est la cible de l'hystérie médiatique mainstream à l'occasion des 10 ans de la guerre. Ancien diplomate, Michel Raimbaud s'interroge : faudra-t-il 30 ans pour reconnaître les crimes commis contre ce pays ?

 

 

En mars 1991, l’Irak de Saddam Hussein, qui venait d’imploser face à une coalition conduite par Washington, entamait sa descente aux enfers. Il était désormais, pour longtemps, sous étroite surveillance et embargo. Entre un mirage de «glasnost» et une vague de «perestroïka», l’URSS de Gorbachev, noyée dans un rêve d’Occident, allait bientôt sombrer et se disloquer. L’Amérique se voyait déjà comme «le plus puissant Empire que la terre ait porté» et s’apprêtait à le faire payer très cher à qui ne l’aurait pas compris. Après avoir fait semblant de chercher une issue pacifique évitant à l’Irak l’humiliation, la France de Mitterrand avait rejoint l’assaut anti-Saddam, mesurant peu à peu combien sa marge de manœuvre vis-à-vis de Bagdad était étroite. Après un retour de flamme gaulliste sous Chirac, elle jetterait ses derniers feux en mars 2003 avec le discours flamboyant mais sans conséquence de Villepin au Conseil de Sécurité, abandonnant l’Irak et poursuivant sa glissade vers l’atlantisme.

Il a fallu trente ans pour que le mainstream du pays de la raison et des droits de l’Homme daigne découvrir le gigantesque mensonge qui avait occulté la destruction de l’Irak et l’atroce supplice infligé à son peuple. Le triste Colin Powell, célèbre pour avoir entubé le Conseil de Sécurité avec sa sinistre fiole, attendrait une éternité pour s’excuser vaguement au prétexte qu’il avait été mal informé (sic). Quelques-uns l’imiteraient plus tard, beaucoup d’autres jamais. Devant le scandale, nombreux sont ceux qui maintenant brandissent une excuse facile : «Nous ne savions pas», disent-ils, escamotant ainsi leur responsabilité. Avouer qu’ils savaient serait reconnaître qu’ils ont été coupables ou complices. Selon le long documentaire consacré à l’Irak récemment sur France 2, Chevènement avouait savoir depuis le 4 août 1990 que la France avait donné son accord à Washington pour être à ses côtés contre Saddam : la saga diplomatique dont les Français étaient fiers n’était donc qu’un leurre. Lire aussi Fichez la paix à la Syrie ! par Bruno Guigue L’accablant bilan de la tragédie irakienne a été passé sous silence, malgré un certain nombre de voix et d’initiatives courageuses qui ont tenté de démasquer l’entreprise américaine inspirée par le sionisme judéo-protestant : l’Etat démantelé et détruit, son armée et sa police dissoutes, l’un des pays les plus modernes du monde arabe ramené cinquante ans en arrière par les raids et l’usage d’armes prohibées, humilié par un «pétrole contre nourriture» inique. Sans compter les exactions et tortures, les prisons, le pillage du patrimoine archéologique. Au bas mot deux millions de morts dont 500 000 enfants, «le prix de la démocratie» selon la vieille Albright… Et l’inénarrable George W. Bush posant la question historique : Pourquoi nous haïssent-ils tant ? La bêtise de cet accès de folie furieuse témoigne de la dégénérescence morale du pays de Descartes et des droits de l’homme, une sorte de Covid de l’intelligence Le même scénario est en train de se reproduire assez exactement pour la Syrie, entrée en cette mi-mars dans sa onzième année de guerre. Sauf que l’Etat syrien, fort de sa résilience et de ses alliances (Russie et Iran), n’a pas été détruit, même si le pays est ravagé, son économie ruinée et son peuple asphyxié et affamé par l’embargo et les sanctions, sans voir le bout de son calvaire. Refusant de reconnaître son «impensable défaite» et «l’impensable victoire de Bachar el-Assad», l’Amérique a préféré, comme le prédisait benoîtement en 2016 le conseiller d’Obama Robert Malley, passer à un second stade de l’agression, la guerre militaire proprement dite bel et bien perdue laissant la place à une guerre économique sans fin, une guerre «proxy» avec l’appui du ban et de l’arrière-ban de la «communauté internationale» à l’occidentale. Comme il était prévisible, la mi-mars, dixième « anniversaire » du début des évènements en Syrie, a déclenché une hystérie sans précédent et à première vue incompréhensible dans la morne plaine – marécageuse à souhait – du mainstream, qui unit dans son lit les politiques, les médias et ceux dont le métier est de penser. La bêtise de cet accès de folie furieuse témoigne de la dégénérescence morale du pays de Descartes et des droits de l’homme, une sorte de Covid de l’intelligence. Ce sont simplement les intellectuels néoconservateurs à la française qui se mobilisent, égrenant leur chapelet de pieux mensonges et d’insanités, où se bousculent de jolis mots comme démocratie, droit international, droits de l’homme, justice, pluralisme, solution politique. Furieux de leur défaite, et n’ayant rien de présentable à revendiquer ou à proposer, à l’image des terroristes modérés et des révolutionnaires embusqués qu’ils soutiennent, ils stigmatisent sur l’air de la vertu outragée «l’Etat voyou» en Syrie, le «régime de Bachar», le gang «génocidaire», le «tyran massacreur», illustrant à merveille ce «degré zéro de la pensée politique» (et de l’intelligence) qu’est le néoconservatisme, et cette «dame bêtise» dont ils sont les amants et fiancés. On voit même avancer l’idée que, pour défaire durablement l’Etat islamique en Syrie, il convient de «stabiliser» les rebelles, qui ont détruit leur pays et se pourlèchent du martyre de leurs compatriotes. Lire aussi Dix ans de guerre en Syrie : une défaite pour l'interventionnisme occidental ? Ce qu’a subi l’Irak depuis trente ans, la Syrie le vit pour la onzième année consécutive (plus que les deux guerres mondiales réunies), un silence sidéral et un déni total raffinant le calvaire d’un peuple martyrisé. Si elle continue de mourir à petit feu, ce n’est pas pour «payer le prix d’une nécessaire démocratisation», ce n’est ni un «printemps raté» ni une guerre civile comme on s’évertue à le dire dans les pays de l’Axe du Bien. Parmi les «experts» qui pérorent, j’ose espérer qu’il n’y a pas de professeurs de droit international, car ils sauraient sûrement qu’à l’instar de l’Irak en son temps, la Syrie a été et est toujours la victime d’une agression internationale. Lors des procès de Nuremberg (et de Tokyo) de 1946, ce crime d’agression, fondé sur la volonté libre et consciente de menacer ou de rompre la paix, est assimilé au «crime contre la paix» et qualifié de «crime international par excellence», l’une des violations majeures du droit international aux côtés du génocide, du crime de guerre et du crime contre l’humanité. Il est inscrit par le Tribunal de Nuremberg en tête de liste, assorti de la formule suivante : «Lancer une guerre d’agression n’est pas seulement un crime international ; c’est le crime international suprême», la seule différence avec les autres crimes de guerre étant qu’il recèle en lui-même tout le Mal accumulé de tous les autres. C’est «le crime par excellence». Codifié par l’Assemblée générale des Nations unies, résolution 95/1946, il appartient au Droit pénal international et relève de la Cour de Justice internationale de La Haye (en ce qui concerne la responsabilité et l’incrimination des Etats). Repris par le Traité de Rome de juillet 1998, portant création de la CPI, il relève également de la juridiction de la Cour pénale internationale (pour la responsabilité personnelle des responsables des Etats). Faudra-t-il se donner rendez-vous dans trente ans pour «découvrir» le bilan des guerres de Syrie, qu’elles soient militaires et visibles ou économiques et invisibles ? Pour agrémenter sa paisible retraite, Debeliou Bush avait choisi, parait-il, de peindre de ridicules petits moutons, sans être jamais effleuré par l’idée qu’il devrait avoir sur la conscience des millions de morts Lorsqu’aura sonné l’heure de faire les comptes et de rendre justice, il conviendra en tout cas de rappeler sans trêve aux cent gouvernements qui participent jusqu’à aujourd’hui à cette agression caractérisée, la gravité de leur entreprise criminelle. Et l’on dénoncera en premier lieu les trois Occidentaux, membres permanents du Conseil de Sécurité, qui prétendent dire le Droit international et en être les gardiens, alors qu’ils en sont les premiers violateurs. Pour agrémenter sa paisible retraite, Debeliou Bush avait choisi, parait-il, de peindre de ridicules petits moutons, sans être jamais effleuré par l’idée qu’il devrait avoir sur la conscience des millions de morts, de blessés, d’estropiés, d’enfants handicapés, sans même compter la destruction de plusieurs pays. D’autres, comme Blair ou Obama, tirent même un revenu enviable du récit de leurs exploits, en donnant des conférences grassement payées, où leurs ravages et crimes sont considérés implicitement comme les effets collatéraux d’une œuvre pie : aucune référence aux morts, aux destructions dont ils sont responsables, au sort des États ruinés ou dépecés... Ils sont bien habillés, bien coiffés, bien nourris, bardés de diplômes, ils se posent en «maîtres du monde» : ils disent le droit, font la loi, décident de la guerre, écrivent le récit de leurs exploits vus par une lorgnette détraquée. En résumé, Occidentaux ou partisans de l’Occident, les occidentalistes sont les élites du «monde civilisé», l’essence de la seule humanité qui compte à leurs yeux d’aveugles. Ils se croient invulnérables et intouchables. Ils n’ont ni remords ni vergogne. Ils sont même fiers de leurs actes, de leurs bilans, de leur appui à ces terroristes recyclés ou non qui «font du bon boulot». Leur péché mignon, dont ils ne peuvent se défaire puisqu’ils y voient la nouvelle mouture de l’exécrable «fardeau de l’homme blanc», c’est la manie de délivrer des leçons de morale et de décider à leur place ce que doivent faire les pays «qui n’appartiennent pas à notre monde», même si personne ne les a sonnés. Évidemment, s’il y avait encore un soupçon de sagesse en Occident, on se demanderait comment des gens dont le sens de la gouvernance et du droit international est aussi erratique à domicile peuvent décider du sort de leurs voisins plus ou moins lointains. Raison de plus pour que les responsables politiques ou militaires, les intellectuels, les médias qui ont décidé, organisé, soutenu ou justifié un crime d’agression internationale (ou plusieurs), sachent qu’ils sont et resteront, quoi qu’ils fassent ou ne fassent pas, responsables pour le crime d’agression internationale, ou pour leur appui ou leur complicité, et qu’ils devront rendre des comptes, sans qu’il puisse y avoir prescription. La justice a certes de nombreux défauts, mais elle est tenace.

 

Michel Raimbaud

 

 

Ancien diplomate et essayiste, Michel Raimbaud a publié plusieurs ouvrages, notamment Tempête sur le Grand Moyen-Orient (2e édition 2017) et Les guerres de Syrie (2019)

 

Source: RT France : https://francais.rt.com/opinions/84954-syrie-nous-ne-savions-pas-qu-il-y-a-droit-international-michel-raimbaud

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